Contre l'amour libre

Contre « l’amour libre »
Point de vue anormal, anti-conservateur aussi
par Di Féran, 05/06/2019

   Ma génération, née en France avec la pilule contraceptive vers 1963, adolescente à partir de 1978-79, semble s’être adonnée en masse à la sexualité échangiste, sans mariage et avec avortement fréquent, remboursé par la Sécurité Sociale. Slalomant entre les maladies vénériennes et en appelant le public à participer financièrement à la maîtrise médicamenteuse du SIDA. Or je ne suis pas du tout d’accord avec cette tendance (apparemment confirmée chez les nés-plus-tard), que je trouve très horrible.
   Pourtant, je ne suis en rien un traditionaliste conservateur coincé sur des commandements religieux (à l’ancienne), pas du tout. Il y a trois voies (au moins) : c’est comme s’il y avait eu une situation ancienne dominée par les religieux (et leurs troupes décérébrées), puis une situation moderne dominée par les échangistes (comme Sylvie), et ma position serait l’invention timide d’une éventuelle post-modernité dans ce domaine de l’amour. (Enfin, je désapprouve l’amalgame du mot « amour », qui a une version sentimentale éthérée [amourent] et une version sexuelle bestiale [amourèx] ; ici il s’agit d’amourèx, même si je ne suis pas du tout un expert de ce sujet.)
   A titre de contre-attaque face à la modernité, le pape Jean-Paul 2 a émis une idée lumineuse : « contre le SIDA, j’ai la solution miracle : la fidélité ». Cela a été balayé avec infini mépris par les échangistes archi-dominants, mais il avait raison sur ce plan, selon moi, même non croyant. Toutefois, sa position ne me semble pas tenable, puisqu’en parallèle il couvrait honteusement le scandale des prêtres pédophiles ou violeurs de religieuses, pour avoir exigé dans le clergé une abstinence peu tenable à grande échelle en condamnant par-dessus tout (à tort) pour les excités la masturbation soulageante.
   Similairement, la position religieuse antique, « coincée », avait beaucoup de bon sens en condamnant la sexualité (fornication pénio-vaginale sans préservatif) avant mariage ; je me contrefous de la tradition et de la bienséance, mais le résultat était : pas de fille enceinte abandonnée, conduite à l’avortement, non, il n’y avait acte sexuel (de ce type) que s’il y avait engagement durable, parentalité incluse. Le mariage symbolisait cet engagement honnête, selon moi (sans que j’y vois le moindre rapport avec une approbation divine changeant tout).
   Pas besoin donc de massacrer des futurs bébés, qui auraient pu devenir des gens bien (des célébrités nées avant la Loi Veil, comme Vincet Lagaf et Gilbert Montagné, se disent informées être rescapées de tentatives d’avortement artisanal sans succès). Et je conteste qu’un fœtus (et même embryon) soit davantage légume qu’un grand prématuré en couveuse, à meurtre évidemment interdit mais avec le mauvais prétexte qu’il est officiellement « né ». A mon avis, les chiffres annonçant actuellement « deux cent mille avortements par an en France » représentent autant d’assassinats légaux, honteux horribles. Aucun rapport avec la religion, c’est une question se sensibilité : être du côté des innocents sans défense plutôt que du côté des tueurs pour convenance personnelle (fric, liberté de continuer à forniquer très librement, pas de souci, etc.).
   De même, la pilule contraceptive me parait très contestable. J’ai appris au collège que celle-ci fonctionnait par trois mécanismes : inhibition de la formation d’ovules, bouchage accru du col de l’utérus, nidification gênée des ovules fécondés. Ce troisième mode est à mon sens un meurtre de futur enfant, comme l’avortement : la magie de fécondation a eu lieu, générant un futur humain, et on l’élimine, poubelle, « tuant » le futur être, entièrement programmé pour vivre. (Ça n’a aucun rapport avec le principe religieux qu’en chaque fécondation, Dieu a donné la vie, tuer celle-ci relevant du blasphème – je me contrefiche de cet aspect et l’auteur du Déluge est un sacré pourri en la matière, qu’Il se taise plutôt, s’Il existe, ce qui me parait plus que douteux).
   J’étais trop jeune pour entendre les slogans 1968 (en France, et hippie aux USA) en faveur de l’amour libre, mais dans les années 1970, j’ai entendu la chanson « Une belle histoire, une romance d'aujourd'hui » (beauté que je conteste) de Michel Fugain, qui parle de sexe consentant sans lendemain. Mais… si la fille tombe enceinte, abandonnée ainsi, il y a eu usage horrible de la liberté prétendue. Je ne suis pas d’accord avec la « liberté de tuer, de violer, d’abandonner, de séduire pour rire avant rejet ». Je sais être en total désaccord avec ma génération (avec Sylvie m’ayant tué – même si c'était de l'amourent et pas de l'amourèx), mais c’est ma conviction profonde. Criminalisée débilement par la pensée unique, considérant l’amourèx « libre » (je dirais plutôt « frénétique sans assumer les conséquences ») et l’avortement comme des droits indiscutables. « Droit de tuer », je le conteste totalement. Enfin, je ne pars pas en révolution tueuse mais je soupire avec défaitisme.
   Pour éviter l’avortement tueur, les meilleures solutions me semblent l’homosexualité, la masturbation, le mariage blanc, l’impuissance spontanée ou médicalement assistée, l’abstinence (en disant merde à l’idiot « multipliez-vous » religieux conduisant à la surpopulation, aux haines et aux guerres). Et côté amourent, pareil : séduire avant rejet est un acte criminel, hautement condamnable (salope, salaud), le maquillage féminin et la musculation masculine sont suspects de ce crime organisé (tant pis si la condamnation ruinerait les vendeurs de maquillages et salles muscu, qui n'ont qu'à faire autre chose, ni plus ni moins que les fabricants d'armes et de bombes). C’est presque le contraire absolu des pseudo-évidences actuelles, partout autour ici (avec férocité prétendue défensive contre les intégristes religieux, et en écrabouillant les avis tiers comme le mien, victime collatérale négligée, « rien à foutre »). Hélas.