Traité d’anti-"pseudo-philosophie"
par Aristoff, 03-05/01/2016


1 – Résumé
    On m’a prêté le livre « Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations » (de Luc Ferry, que la télé disait « contestable ministre mais grand philosophe ») en me disant que c’était très intéressant, aidant à se poser des questions. J’étais dubitatif, et la lecture conforte mon opinion presque inverse : la prétendue-philosophie a pour objet de détourner l’intelligence (éventuelle) des vraies questions majeures.

2 – Parcours
    Ce livre de 302 pages compte un avant-propos, un chapitre général, puis cinq chapitres pour cinq périodes marquant l’Histoire de la Philosophie. Je vais ici lire attentivement jusqu’à la fin du chapitre général, avant de fermer le livre si l’auteur n’a pas réussi à m’intéresser, pas réussi à me convaincre de l’écouter.
• Pages 15-16. Luc Ferry, qui tutoie le lecteur, dément son prof de philo à lui en terminale, qui disait que la philosophie est « tout simplement une formation à l’esprit critique et à l’autonomie » – Ferry objectant que ceci n’est pas du tout spécifique à la philosophie, qui n’est « pas davantage un instrument politique qu’une béquille de la morale ». --> Je ne suis pas d’accord. Mon prof de philo à moi, Monsieur Urvoy (contestable sur bien des points), disait que la philosophie interroge ce qu’est « le bien » sous toutes ses formes : qu’est-ce que « le vrai » ? (théorie de la connaissance), qu’est-ce que « le bon » ? (philosophie politique) qu’est-ce que « le beau » ? (hors programme de classe Terminale C scientifique à l’époque). Et j’ai été convaincu : philosopher, c’est effectivement contester le prétendu vrai, tout en gardant à l’esprit des limites éthiques au n’importe quoi, tandis que l’Art n’est qu’une question de bla-bla ampoulé (derrière l’évidence : j’aime/j’aime pas). Donc la moitié de la philo est ce qui sous-tend la Science ou anti-Science, l’autre moitié est ce qui sous-tend la Politique ou anti-Politique, j’attends de pied ferme la contestation argumentée de ceci, les vérités balancées par l’orateur Ferry ayant un pouvoir de conviction nul.
• Pages 17-18. 1) Luc Ferry dit que le problème humain numéro 1 est la mort, la finitude de soi et des êtres chers. 2) D’où le recours d’abord à la religion, toutes les religions promettant le salut. 3) Par exemple, Jésus a humainement pleuré son ami Lazare décédé, puis avec ses pouvoirs divins il l’a ressuscité, le christianisme étant l’idée que l’amour est plus fort que la mort. --> Je ne suis pas d’accord. 1) Mon cas personnel (autrefois adolescent suicidaire) conteste totalement que le problème n°1 est le « scandale de la mort », au contraire je voyais la mort comme une délivrance contre le scandale n°1 qu’est le rejet absolu par l’aimée qui m’avait fait croire qu’elle était timide amoureuse de moi. Et cela m’a amené à philosopher « contre la Réalité », sans aucun rapport avec les religions, quasiment. 2) La religion bouddhiste ne promet pas du tout une vie prolongée sans mort effective, c’est le contraire : en Inde, le lieu commun est l’éternité de l’âme avec réincarnations incessantes, et le Bouddha a apporté à cela une solution stoppant le cycle infernal, pour trouver enfin le repos absolu (correspondant à ce que les athées appellent la mort). 3) Citer un micro-passage des Evangiles est malhonnête comme d’habitude, car Jésus a aussi prôné l’exact contraire de l’amour, dans deux directions. A) Racisme. Selon l’Israélite Jésus, les non-Juifs comme la Cananéenne sont indignes d’être aimés, ils sont des chiens (aimables seulement s’ils se reconnaissent comme chiens et sont heureux de manger les miettes éventuelles sous les tables juives). En matière d’amour, cela vaut auto-contradiction, zéro pointé. B) Terrorisme. Selon Jésus, le mieux consiste à tuer les parents éloignant leurs enfants de Dieu (le seul Dieu : le Dieu Israélite), avec long protocole de mise à mort (pas euthanasie ou action pendant le sommeil), et sans attendre que Dieu tout puissant « éteigne » ces personnes (pour cela, il faudrait que Dieu existe vraiment). Bien sûr ce sera clamé « tuer pour l’amour véritable », comme l’Inquisition a ensuite brûlé les contestataires pour les délivrer généreusement du Mal, comme les conquistadores ont exterminé les Amérindiens pour sauver leurs âmes… (Et Hitler, Staline, Ben-Gourion, Mao, Pol-Pot, ont pareillement massacré en disant faire le Bien contre le Mal, ça vaut à mon sens contradiction donc poubelle. En tout cas, ça explique politiquement, pratiquement, le succès mondial des missionnaires chrétiens accompagnant les tueurs chrétiens : carotte et bâton, ça marche, mais ne parle pas de philosophie, là, Ferry). Bref, je dirais à Ferry : « au lieu d’avoir entendu ton prof, tu n’as rien compris : éh, il n’y a pas de philo sans esprit critique ! ».
    Je verrais la philosophie expliquée aux enfants très différemment : bien avant de se concevoir comme prétendu mortel, un enfant affronte la scission entre prétendu Réel et rêves. Or, à part l’autorité parentale (abusive ?), quelles sont les justifications à ceci ? L’examen montrerait que toutes les prétendues preuves sont illogiques, fausses, et cela ruine les philosophies classiques, et post-classiques, cassant tout le fatras de verbiage monopolisant le titre de Philosophie… Et ça ouvrirait une voie inconnue en Occident, concernant l’éternité possible du Moi, dont le très mauvais auteur Ferry prétendait que c’était le sujet central de ses discours, alors qu’il passait à côté du sujet.
    Illustration. Mon fils (adoptif) a 6 ans, et j’ai entendu dire que « l’âge de raison » est situé vers 7 ans, de même il apprend la lecture et n’est donc pas du tout encore un lecteur de gros livre à la Luc Ferry, mais son exemple m’aide à situer les questions. 1/ Avec la mort d’un vieil oncle récemment, l’enfant m’a demandé si tout le monde va mourir même nous, même lui. Mais cette idée, qui le troublait, semblait toute nouvelle pour lui, et quand j’ai répondu « peut-être oui, dans très longtemps » (mon épouse aurait répondu « oui assurément »), il a simplement rejeté l’idée en « non, moi je veux pas, ça me fait peur ». Loin de voir ébranlée toute sa vie à cette idée prétendue certaine (par l’usage commun en France), il la refusait, remettant à plus tard une éventuelle prise en compte. Alors que, dès l’âge de 2 ans (quand j’ai commencé à pouvoir parler avec lui, non francophone ni anglophone, petit), il était extrêmement demandeur de mots et concepts (l’inexistence) repoussant les monstres des cauchemars, et les images de loups/sorcières/dragons/crocodiles et tyrannosaures. La philosophie le concernait donc très vivement dès le plus jeune âge, via la question du rêve (« doute sceptique », « doute cartésien » : est-ce qu’en ce moment, je suis dans un autre rêve ?), tandis que la finitude de la vie ne l’intéresse pas vraiment et cette question-là se voit repoussée à plus tard.
    Est-ce que les jeunes pré-adultes (commençant la philosophie à 17 ans au lycée) sont davantage concernés ? Je ne le crois pas, comme je le disais plus haut, de par mon expérience d’ex-« adolescent suicidaire ». Mais même pour l’humain « normal », j’ai les plus grands doutes, car il semble que sa vie consiste à se débattre scolairement à 10 ans, s’ébattre sexuellement à 20 ans, se battre professionnellement à 30 ans, puis vient la « crise de la quarantaine » : je vais où là ? pourquoi ? La philosophie serait donc une affaire de vieux, quarantaine et plus, autrement dit : une affaire de « sages » comme s’auto-désignent les « vieux » (vus par les jeunes). Je suis donc convaincu que Luc Ferry s’est trompé en présupposant que les jeunes sont terriblement angoissés par la certitude de leur mort un jour.
    Le sujet proprement philosophique-jeune me parait le suivant : enfants, étant tout petits vous étiez demandeur du concept « rêve pas vrai » pour chasser les monstres effrayants qui peuplaient vos pensées, puis vous avez été embrigadés par les réalistes professeurs prétendant dépeindre le Réel, MAIS vous pourriez comprendre qu’il s’agissait là d’un malhonnête lavage de cerveau. En ce qui me concerne, la révélation a été double : 1/ A 14 ans, j’ai découvert une nouvelle de science-fiction humoristique par Fredric Brown, présentant la vision solipsiste du monde : oui, tout est peut-être mon rêve, autrui n’étant qu’une marionnette (guidée par la partie inaccessible de moi qui rêve). Tout le bla-bla auréolant le Réel serait du bla-bla, faussement rassurant au réveil de cauchemar (dans un nouveau rêve ?), faussement inquiétant si on est menacé de mort, maladive ou auto-infligée romantiquement (il n’y aurait peut-être que « changement de rêve », « réveil »)… Comme souvent, cette idée dérangeante peut être classée humoristique ou bien interdite (hérétique) ou bien folle (psychotique), mais elle semble intellectuellement imparable. 2/ A 15 ans, la nuit précédant mon premier suicide, j’ai été ébranlé de regarder en face l’idée (athée) de ma propre mort : le monde n’allait pas continuer « après moi », mais s’éteindre universellement, absolument (pour moi, mais est-ce qu’autre chose existe ? pas sûr du tout…). Donc la philosophie ébranlant l’intellect entier (du jeune que j’étais) consistait à me demander : autrui existe-t-il autrement que comme marionnette ? le moi est-il tout ou non ? Bien sûr, cela intéresse peu les jouisseurs en chasse sexuelle frénétique de 14 à 25 ans, mais c’était immensément capital pour le jeune penseur (romantique) que j’étais. Rien à voir avec la conception ferrienne de « réussir à jouir du moment présent sans trop avoir peur de la mort (autrement que par la bêtise aveugle) ». Ferry dit aussi que philosopher c’est apprendre à être libre, mais il oublie la liberté de choisir le rêve (psychiatriquement poursuivie), préférer la rêverie au prétendu Réel (quitte à mourir d’inanition façon bouddhiste), il est dans le camp des oppresseurs réalistes, la liberté fondamentale est ailleurs, faisant appel à la vraie philosophie, pas la pseudo-philosophie classique, roucoulante d’érudition superficielle.
• Pages 18-19. Ferry dit que certains sages de l’Antiquité considéraient inutile le problème de la mort car, si on est vivant : on n’est pas mort ; si on est mort : il n’y a plu’ lieu de s’inquiéter. Mais, dit Ferry, l’homme a conscience que le temps lui est compté. --> C’est faux, ou plutôt : ce n’est vrai qu’au sein des lieux communs occidentaux. Pour un Indien croyant en la réincarnation, la vie n’est qu’un épisode d’une existence infinie de l’âme sans scandale ni terreur particulière quant aux changements d’enveloppe (les Occidentaux hurlent quand une mère indienne regarde tristement, sans agir, son fils se noyer car tel semble son destin). Pour un adolescent suicidaire, l’extinction dans la vieillesse ne fait pas partie des options, les deux voies principales étant soit de se tuer en héros romantique, soit de continuer en légume merdeux (et peut-être pour toujours si la mort du moi est une légende).
• Page 20. Ferry dit que philosophie et religion s’opposent fondamentalement : la religion exige la foi pour être sauvé par un Autre, alors que la philosophie exige la raison pour se sauver (des peurs) soi-même. --> Je ne suis pas d’accord : la religion bouddhiste n’a pas de Dieu sauveur, mais incite à cesser de vouloir pour ne plu’ souffrir de ne pas avoir, ce qui est purement personnel. Par ailleurs, les absurdités de « la philosophie » que j’ai cassées par la logique démentent qu’il s’agisse d’une voie de raison – tout au plus s’agit-il de prétentions abusives à la raison (il convient de le dénoncer, non d’applaudir).
• Page 21. Ferry jouit de citer Epicure, Lucrèce, Epictète, Montaigne, Spinoza, Kant, Nietzsche (dont il annonce que la suite du livre expose les thèses). Au lieu de réfléchir. C’est le drame de la pseudo-philosophie, non pas corrigé mais ici gobé et récité, confondant érudition faussement savante et pensée lucide abattant l’aura imméritée des célébrités.
• Page 22. Ferry écrit : « Paradoxalement, la mémoire des instants de bonheur passé peut tout aussi bien nous tirer insidieusement hors du réel. Car elle les transforme avec le temps en des "paradis perdus" qui nous attirent insensiblement vers le passé et nous interdisent de goûter le présent. » --> Je ne suis pas d’accord. Ferry ne parle pas en sage philosophe mais en partisan forcené des jouisseurs de l’instant présent. Selon moi, le passé n’est qu’un étiquetage douteux de certaines pensées, et le réel est un étiquetage douteux de certains cauchemars, et là je prends dans les dents, sans l’ombre d’un argument, la condamnation implicite dans le mot « insidieusement » (décrétant piège, tromperie, sournoise – sans envisager qu’on puisse dire la même chose du concept « réel »). C’est effectivement de la (pseudo) philosophie classique et/ou moderne, c’est-à-dire du verbiage affirmatif prétendant à la raison (pas à l’opinion), au lieu d’envisager honnêtement les objections.
• Pages 22-23. « Les philosophes grecs pensaient que le passé et le futur sont les deux maux (…) qui viennent gâter la seule et unique dimension de l’existence qui vaille d’être vécue – tout simplement parce qu’elle est la seule réelle : celle de l’instant présent. » --> Non, là encore on est dans le bla-bla à l’usage exclusif des jouisseurs épicuriens, il y a plein d’autres approches. Plus particulièrement, je classe le réel parmi les modalités du cauchemar, et je préfère infiniment la rêverie. C’est inconcevable certes pour un extraverti comme Ferry, mais son comportement me parait bestial, et la spécificité proprement humaine pourrait consister à « vivre dans sa propre tête », en se détachant du prétendu réel. Le Bouddha y a incité, mais cela ne fait pas partie de la Culture (occidentaliste) du très fier Ferry. De même, si le bouddhisme est davantage une philosophie qu’une religion, ça annihile les propos ferriens certifiant que philosophie et religions sont totalement contraires (en oubliant aussi Blaise Pascal et sa foi prétendue calculée, René Descartes et sa foi prétendue rationnelle, etc.).
• Page 24. Ferry affirme que la philosophie est dite diabolique par les théologiens dogmatiques car elle entraîne vers le doute, premier crime d’Adam et Eve. --> Cela me parait faux : 1) Les philosophes occidentaux traitent presque exclusivement des religions judaïque et dérivées (christianisme, islam) ainsi que du polythéisme athénien (et romain), mais en ignorant ou cachant les religions asiatiques (notamment la maxime du doute chez le Bouddha, « tout est illusion », ou Sri Maharaj, « je suis est la seule certitude »), africaines, amérindiennes, aborigènes, polynésiennes, scandinaves, celtes, etc. Avant de généraliser, il faut enquêter exhaustivement, pas du tout se référer aux seuls cas célèbres ici. 2) Par le doute, j’ai cassé tous les philosophes que j’ai lus, totalement inaptes à formuler un « critère de réel » ne s’appliquant pas pareillement dans certains rêves. Peut-être qu’un philosophe contestant la religion fait preuve de doute, mais ça ne suffit pas à faire de lui un champion en intelligence critique, un maître en matière de doute.
• Pages 25-26-27. Ferry affirme qu’un philosophe par principe n’a pas la foi religieuse ni la certitude athée. --> Je ne suis pas d’accord : il y a des prétendus philosophes parmi les agnostiques ni plus ni moins que parmi les croyants, les athées, les sceptiques. En quoi Ferry serait-il l’incontestable gendarme en droit de décréter qui est philosophe et qui ne l’est pas ?
• Page 27. « Les trois dimensions de la philosophie : l’intelligence de ce qui est (théorie), la soif de justice (éthique) et la quête du salut (sagesse) ». --> En première lecture, je ne comprenais pas ce titre. Pour le premier point, le doute me parait indépassable et toute prétention me parait usurpée, pas intelligente, quand elle affirme savoir ce qui est vraiment (à supposer que ça ait un sens, au-delà d’une impression ressentie). Pour le second point, la question de la justice, de l’éthique, est effectivement un élément de philosophie, mais attention aux discours piégeurs, les bonnes intentions partageuses étant ruinées par l’attente oisive du partage (mendicité, travail pépère ultra-gréviste de fonctionnaire français, etc.). Troisième point, je ne vois pas le rapport automatique entre la sagesse et le salut. Il y a mille formes de sagesse dont certaines sont contradictoires (comme je le notais avec le bouddhiste souhaitant le néant qui effraie l’athée usuel). Il faudrait dissocier vraies et fausses prétentions à la sagesse, et je dénie à Ferry la pertinence nécessaire à ce classement. Pour prendre un parallèle logico-mathématique : différents axiomes conduisent à différentes conclusions, et il n’y a pas hiérarchie des systèmes axiomatiques.
• Page 28. « nous autres mortels (…) nous sommes les seuls au monde à en avoir conscience ». --> Pas sûr du tout. Ferry parle-t-il la langue dauphin et abeille pour certifier qu’aucun animal ne se pose la question ? Non, il ne sait pas, alors il affirme savoir ! C’est immensément nul, c’est une caricature de la pseudo-philosophie verbeuse auto-satisfaite (à tort). (Il y a théoriquement aussi la question irrésolue : les anges sont-ils mortels ? en un sens oui, puisque si le rêveur meurt, ses créatures meurrent aussi, et en un sens non puisque si un monde survit au moi, n'importe qui et n'importe quoi peut potentiellement survivre, d'une certaine manière ; quant à savoir si les anges pensent et ressentent, c'est une façon de parler, l'empathie pousse à faire comme si, même si une certaine forme de réalisme le conteste).
• Page 29. Ferry écrit « aucune philosophie n’a jamais sérieusement prétendu faire l’économie des connaissances scientifiques ». --> C’est faux, c’est épistémologiquement nul. Les divers scepticismes contestent que les observations d’apparences valent connaissances (inférables au futur), et la logique pure (comme l’intuition religieuse envisageant un Tout Puissant) confirme que le futur est potentiellement n’importe quoi, ce qui dément le principe réaliste stable qui est le préalable obligatoire à la Science.
• Pages 29-30. Ferry insiste sur le fait qu’on appelle théorie la réflexion sur ce qui est, qu’on appelle pratique l’éthique = la morale, et que la sagesse n’a de sens que pour réponse à la question du salut. --> Je ne suis pas d’accord. Je ne vois pas pourquoi il serait interdit de parler de théorie communiste de l’économie marchande ou de théorie évolutionniste des rapports familiaux, parachuter un sens très spécial pour un mot courant (théorie) me paraît très contestable. Le mystérieux mot ontologie était plus approprié chez mon prof de philo. Inversement, la pratique ne se limite pas du tout à l’éthique mais peut être totalement concernée par la question de ce qui est ou non : si j’envisage être dans un rêve, pourquoi manger ? pourquoi travailler ? (et pas seulement : pourquoi ne pas frapper/violer/tuer ?). Enfin, j’estime qu’une sagesse très possible consiste à dissoudre la question du salut, en oubliant (ou contestant) la prétendue mortalité du moi – qui n’est qu’un ouï-dire, une généralisation inductive oubliant que l’induction est une faute logique risquant l’erreur complète.
• Page 31. Ferry promet au jeune lecteur qu’il va percevoir combien les réponses philosophiques sont géniales. (Fin du chapitre 1). --> Je ne suis pas d’accord, puisque l’esprit critique casse tous les systèmes philosophiques oubliant de douter. Il n’y a peut-être que le scepticisme qui échappe à cela, mais il a été prétendu « dépassé » par les philosophes. Finalement, je vais peut-être continuer à lire, mais bien plus vite sans m’arrêter contester partout. Ce n’est pas que Ferry m’a intéressé ou convaincu mais il prétend traiter des pensées qui me concernent.

3 – Suite catastrophique (22/01/2016)
    J’ai finalement lu les 302 pages du livre en question, avec révolte presque constante, et j’ai pris des notes sur les points les plus choquants :
• Chapitre 2. --> Loin d’aborder le scepticisme grec, la philosophie antique n’est ici abordée que sous l’angle stoïcien, sans les querelles stoïciens-épicuriens-sceptiques. Si j’avais su, peut-être que j’aurais renoncé à lire ce livre de 300 pages, m’intéressant finalement moins que ce que peut dire Wikipedia/Scepticisme antique en 2 pages… Sur le stoïcisme, je gardais le souvenir scolaire que c’était une école de dureté rigoriste quand les épicuriens préféraient une attitude jouissive, mais Ferry clame au contraire que le principe du stoïcisme consiste à refuser le passé et le futur pour jouir du moment présent. Je ne sais pas le nom de la doctrine en question, mais je vois une objection évidente à ce refus du futur : l’agriculteur ne garderait aucune graine pour replanter, d’où famine généralisée (certes, discourir dans les salons mondains se fait loin des évidences de ce genre, c’est juste lamentable).
• Page 54 : Ferry dit qu’il ne s’agit pas de critiquer mais de comprendre. --> Je ne suis pas d’accord, car cela fait discourir interminablement, là où quelques objections immédiates cassent immédiatement le truc. Réserver la discussion aux prétendus experts me semble une faute lourde. (Note en relecture : les seules objections lourdes qu’a immédiatement émises Ferry sont plus loin, concernant les philosophes ayant inspiré ou rejoint les nazis – c’est effectivement un point clé, pour être publié en France, sous domination israélite inavouée).
• Page 60 : Condamnation des « réalités imaginaires ». --> Je ne suis pas d’accord, Ferry balance ses opinions alors que les miennes sont exactement contraires, et son exposé-cours interdit le débat, c’est archi-nul.
• Pages 72 + 83-85 : Ferry reconnait qu’il y a une petite place pour la raison dans le christianisme. --> Il a dit le contraire plus haut, d’une manière qui paraissait absurde, puisqu’il connaissait forcément Descartes, Blaise Pascal, etc.
• Page 86 : Ferry affirme que la philosophie après la Grèce antique n’est plus que discours et non thèse du Salut. --> C’est faux selon moi, et si ces philosophes-ci n’ont rien à dire, pourquoi monopolisent-ils la place chez les éditeurs ?
• Page 87 : Selon Ferry, l’idée moderne d’égalité est chrétienne. --> Je ne suis pas du tout d’accord que le point de vue moderne soit égalitaire : le monde est gouverné aristocratiquement par des nations dominantes à population minuscule (droit de véto ONU pour France et Royaume-Uni, 21e et 23e, pas pour Inde ni Indonésie musulmane, 2e et 4e), par ailleurs le christianisme s’est construit sur la base de l’esclavage, en plein accord avec la Bible. Il s’agit d’objections énormes, mais privées de parole, le stupide prof Ferry pérorant à raconter des inepties.
• Page 93 : selon Ferry, le christianisme est anti-esclavage. --> C’est totalement faux : le christianisme ne renie nullement l’Ancien Testament judaïque esclavagiste, et Jésus approuve l’esclavage des enfants d’un adulte surendetté (sauf si celui-ci a lui-même affranchi des esclaves auparavant), c’est absolument monstrueux vu d’aujourd’hui : ce n’est pas du tout le justificatif de notre point de vue actuel, en désaccord total avec le texte « sacré ».
• Page 94 : Ferry dit que, sans invention géniale, le christianisme n’aurait pas eu le même succès. --> Ça ne me semble pas une évidence du tout : avec bâton et carotte, terrorisme et paradis promis, plein de religions ont eu du succès pareillement. Je ne connais pas les détails des religions aztèques et autres, est-ce que Ferry a investigué avant d’affirmer n’importe quoi ?
• Page 95 : selon Ferry, le Dieu chrétien est un père bienveillant envers ses enfants. --> Ce n’est pas crédible car c’est le même Dieu que celui des Israélites, massacreur caractériel. Si Jésus avait été accepté localement, le christianisme goy n’existerait pas, et il serait simplement considéré comme le Messie israélite, ce à quoi il postulait. Que son rejet, son échec total, ait été récupéré proactivement pour générer une nouvelle religion est plutôt risible, et serait anecdotique si elle n’avait pas conquis le monde par les armes (conformément au Texte, où il appelait à tuer les parents incroyants, pour qu’il n’y ait plu’ que des croyants et des morts… quelle horreur, pas géniale du tout, non).
• Page 98 : « l’amour-attachement (…) ne supporte pas la mort, ne tolère pas les ruptures et les changements, pourtant inévitables un jour ou l’autre ». --> C’est faux : l’amour envers un ange imaginaire survit à la mort, puisque l’héroïne renait dans le monde d’après.
• Page 102 : Ferry cite Saint-Augustin condamnant l’amour envers une personne mortelle comme si elle était immortelle, et Ferry ajoute que le malheur vient de la satisfaction de ce qui valorise notre ego. --> Je ne suis pas d’accord, le malentendu est complet : nul besoin de préférer adorer le dictateur divin (prétendu existant), on peut aimer un ange immortel qu’on a soi-même inventé, on peut rêver d’un autre moi mieux que le moi subi, c’est le royaume de la rêverie, qui peut remplacer la vie externe hors « service minimum » alimentaire. Mais Ferry n’a absolument pas idée des éléments du débat, côté monde introverti, il pérore sans rien comprendre à rien.
• Page 122 : selon Ferry, la révolution de 1789 pose l’égalité de tous les hommes. --> C’est faux : le nationalisme (anti-étranger), l’esclavage, l’indigénat, ont continué bien après, opprimant les prétendus « impurs » ou « inférieurs ». Les ex-manants sont simplement devenus nouveaux-dominants.
• Page 135 : « un milieu riche ou pauvre, élitiste ou populaire ». --> Je trouve ces mots affligeants, il manque une critique virulente de la prétendue Elite. Populaire s’oppose plutôt à snob qu’à élitiste (pour un triomphe des meilleurs objectivement, pas auto-désignés).
• Page 136 : « le pigeon ne peut cesser d’être granivore, ni le chat d’être carnivore ». --> Eh bien si, et l’épidémie de vache folle est venue du fait que les vaches herbivores ont accepté de manger des farines animales, et sans révolte de Mère Nature ou quoi, non, il se trouve simplement que ces farines étaient infectées (si elles avaient été désinfectées, ça aurait pu continuer). Ferry (comme Rousseau ?) raconte n’importe quoi, affirmant en oubliant de douter, de tester, de rêver. Zéro total.
• Page 136 encore : Selon Ferry, la critique du racisme, par Sartre après Rousseau, dément la nature programmée des individus humains. --> Je ne suis pas complètement d’accord, ce qu’on constate est plutôt qu’il y a des traditions familiales différentes ici et là, ce qui entraîne des hostilités entre groupes (certains pratiquant ce que d’autres interdisent), et ceci est appelé aussi racisme, l’erreur de colère faisant effectivement inclure les bébés et renégats parmi les condamnés. C’est très célèbre et très actuel avec l’antisémitisme : étymologiquement, c’est une condamnation « de naissance » des bébés juifs alors que les tribuns (malhonnêtes ou stupides, en tout cas dominants) voient de l’antisémitisme dans toute action à l’encontre d’un porteur de kippa (affichant ostentatoirement sa fierté politico-religieuse d’être au-dessus des sales races goys). Démentir le caractère supérieur des Juifs est ainsi déclaré antisémite, donc raciste, en oubliant d’envisager que la source israélite constitue le racisme premier, la réaction à son encontre étant initialement antiraciste. Ferry ne va pas démonter cette mascarade, il professe, aveugle stupide.
• Page 143 : selon Ferry, la morale moderne depuis Kant serait hostile au principe de tribu. --> Non : le nationalisme perdure, ou le continentalisme européen (anti-africain, anti-asiatique), il s’agit d’égoïsme groupiste, rejetant l’autre.
• Page 146 : L’humanisme moderne se définirait comme rejet de la tendance naturelle à l’égoïsme. --> Il faudrait ajouter que cet humanisme est ultra-minoritaire, le nationalisme ayant immensément davantage de succès avec son alibi de solidarité, en fait restreinte pour ne pas menacer le confort. L’idéal « de gauche » partageuse est ainsi « la France n’a pas vocation à partager la misère du monde » (avoué par Michel Rocard, moins menteur que la normale). L’humanisme est soit ailleurs soit nulle part impossible humainement. (Plutôt ailleurs car, loin des micros, je suis partisan d’une abolition des frontières, à nos dépens).
• Page 147 : Selon Ferry dépeignant la morale moderne, les humains seraient des fins, non des moyens utilisables. --> C’est contredit par les généraux et les industriels, traitant jusqu’à aujourd’hui les gens en pions. Et si on dénonce la jungle du monde privé, ce n’est pas mieux : la fonction publique chouchoute effectivement ses ouailles, mais en rackettant les contribuables, ponctionnés contre leur gré comme des vaches à lait.
• Page 150 : Ferry oppose aristocrates-anciens et modernes-méritocrates-républicains. --> Non, je ne vois pas du tout en quoi la république est une méritocratie. Ce n’est que le règne du menteur à succès maximum, temporaire, avant d'être haï pour ses tromperies, injustes mais tant pis, ça fonctionne ainsi.
• Page 155 : Ferry affirme que le doute cartésien est le premier de l’histoire de la pensée. --> C’est faux : le scepticisme grec antique, le scepticisme bouddhiste, sont situés avant par les historiens. Et puis Descartes est un faux sceptique, ayant fait semblant de douter, avant de parachuter ses certitudes traditionnelles, prétendues démontrées avec uniquement des raisonnements faux, que j’ai tous cassés (mais ça n’intéresse pas Ferry, bien sûr, puisque le seul but semble de pérorer, étaler sa Culture, et non affronter les questions, les problèmes vrais).
• Page 157 : Selon Ferry, Descartes ferait table rase de toutes les traditions. --> C’est faux : Descartes pose l’existence de Dieu et Ses attributs selon la Bible comme certitudes absolues. Sans cela, il n’aurait pas dépassé le stade « je suis » (ou même plutôt « quelque chose est »). Sa reconstruction est une faute totale, disqualifiant le personnage (et le prétendu « esprit cartésien », en fait illogique).
• Page 159 : selon Ferry, les modernes rejettent l’argument d’autorité… --> Il vit apparemment sur un nuage car, au quotidien, plusieurs siècles après, personne ne semble réfléchir, personne ne semble calculer en matière mathématique, toute mise en question des « grands hommes » est condamnée par les grands adorateurs diplômés en la matière.
• Page 159 encore : « Les hommes, comme on sait, sont mortels ». --> Non, c’est une croyance inductive, la mort du moi n’est en rien un savoir mais une simple croyance, éventuelle. Et la mort des personnages humains des rêveries est temporaire, réversible, effaçable par changement de monde (et si Ferry signifiait « ceux des humains qui sont mortels… sont mortels, on le sait », qu’il se taise, ce n’est pas de la réflexion mais du pléonasme…).
• Page 160 : selon Ferry, « nos sociétés nous demandent de respecter chez les autres leur égale dignité, leur droit à la liberté, notamment d’opinion, et au bien-être. » --> C’est là du bla-bla au monde des Bizounours : en vrai, la loi Gayssot punit de 2 ans de prison la liberté d’opinion, et les migrants pauvres travailleurs non acceptés sont refoulés, pour ne pas partager notre confort. Ferry oublie d’y penser, il oublie de penser, il pérore, grandiloque, c’est nul.
• Page 167 : « Si connaître et aimer ne font qu’un ». --> C’est incompréhensible, pas évident, puisque découvrir peut conduire à l’aversion. Pour moi, connaître les fromages de telle région serait les goûter et vomir… Sauf au sens biblique, certes, où vouloir « connaître un ange » signifiait le sodomiser… mais c’est ultra-particulier, comme sens, pas nécessaire du tout.
• Page 175 : Incroyablement, Ferry classe Freud dans les penseurs maîtres en art du doute. --> Non, Freud est un sale type qui a affirmé « universel prouvé » son fantasme sexuel personnel, une foule de décérébrés applaudissant et profesant cela, certes.
• Page 225 : Habituel couplet sur Auschwitz et le génocide hitlérien contre les Juifs. --> C'est classé un milliard de fois plus important que l’équivalent contre les Amérindiens. C'est du racisme caché, assurant publication et relais médiatique, quelle horreur.
• Page 230 : Ferry affirme que la sociologie prouve que nos choix ne sont pas libres mais déterminés. --> Non, je l’ai mathématiquement prouvé faux : une minuscule détermination sur quelques individus est lue comme détermination de tous. A tort, complet, mais la parole est aux verbeux nuls en Maths, ne comprenant rien à rien mais affirmant indiscutable…
• Page 231 : Ferry dit que la démocratie et les droits de l’homme seraient une préférence pour la coopération et l’harmonie plutôt que le conflit et la guerre. --> Non, les actuelles (et passées) démocraties sont nationales, pour la guerre et la domination, les Droits de l’homme déclarent incontestables les religions esclavagistes, etc.
• Page 266 : « L’expérience est incontestable. » --> Ce n’est pas vrai : toute expérience est potentiellement onirique, douteuse.
• Page 266 encore : « la vérité d’une proposition mathématique (…) la beauté de l’océan ou la légitimité des droits de l’homme ». --> Erreur dans ces prétendues évidences. Tout cela est contestable, en récusant les axiomes (maths), et par goût (océan), par logique (contre les droits de l’homme, incohérents).
• Pages 270-271 : « L’histoire, à coup sûr, devient la reine des sciences humaines (…) l’idéal démocratique de la liberté de pensée et de l’autonomie ne peut faire l’économie d’un détour par la connaissance historique. » --> Incroyable absurdité : le dogme historique (propagande des vainqueurs imposée contre toute objection) serait le garant de la liberté de pensée. Ce n’est pas de la pensée, là, c’est du bla-bla criminel prétendant justifier l’horrible loi Gayssot contre la liberté de pensée (affirmée « pour » la liberté de pensée, comme sous Staline)…
• Page 272 : L’exemple du sacrifice indiscutable selon Ferry, c’est de tenter de sauver quelqu’un torturé pour sa couleur de peau ou sa religion. « Moralement, c’est cela qu’il faudrait faire ». --> D’accord pour l’innocente couleur de peau, mais le choix religieux ne me semble en rien innocent. Une religion hitlérienne, ou apartheidienne, ou raciste anti-goy (judaïsme), ou esclavagiste (judaïsme-christianisme-Islam) sont éminemment contestables. Peut-être qu’on peut ou doit interdire la torture, même envers les coupables, mais il ne faut pas décréter l’innocence en partant de lieux communs contestables, il convient de réfléchir de manière contradictoire.
• Page 274 : « notre grande Déclaration des droits de l’homme n’est rien d’autre que du christianisme "sécularisé" ». --> Faux. « Tous les hommes naissent égaux en dignité et en droit », article premier, est totalement le contraire des propos de (l’Israélite) Jésus-Christ à la Cananéenne, où il disait que les non-Juifs sont comme des chiens.
• Page 274 encore : « la patrie elle-même a changé de sens : elle désigne moins le territoire que les hommes qui vivent en lui, moins le nationalisme que l’humanisme ». --> Pas du tout : l’humanisme s’oppose au nationalisme patriote, qui rejette les étrangers au lieu de leur ouvrir toutes les portes.
• Page 280 : « il nous faut nous arracher à l’égocentrisme ». --> Je ne suis pas d’accord du tout. Au contraire l’égocentrisme sceptique me semble la clé de la nouvelle étape philosophique, mienne. Ferry citait 1/ la Grèce stoïcienne, puis 2/ le Christianisme moyenâgeux, puis 3/ la renaissance humaniste, puis 4/ la démolition nietzschéenne, puis 5/ le bla-bla post déconstruction ; je remplacerai ça par 5/ le scepticisme égocentrique :
a) « Theoria » (ontologie, théorie de la connaissance) : possibilité de rêve en ce moment (cauchemar ?), invalidant la démarche scientifique, sans religieux mais convenant que « Dieu tout puissant, c’est peut-être l’inaccessible partie de moi qui rêverait ce monde, si je rêve ».
b) Morale : empathie envers les humains subis ou rêvés, sans plu’ de frontières ni dominations ni religions esclavagistes, arrêter de niquer (de pulluler ou de tuer les ovules fécondés avec la pilule).
c) Question du salut : doute quant à la mortalité du moi, avec garde-fous (à imaginer) contre les violeurs/voleurs qui feraient n’importe quoi « armés » de cette évidence, bénigne et sage chez les gentils seulement.
• Page 288 : « les nourrissons (…) sont adorables, bien sûr. » --> Non, les nourrissons hurleurs-chieurs ne suscitent aucune tendresse en moi. Les mères peuvent aimer ces larves pas finies, elles subissent comme une avalanche hormonale en ce sens (les truies et guenons faisant bestialement pareil), mais il ne faut pas généraliser à tous les humains capables de sentiment. Les plus gentils humains, peuplant mes rêveries, adorables, n’ont jamais été nourrissons hurleurs, non.
• Bilan : finalement, ce livre s’est avéré, et confirmé, « très nul », mais il m’a conduit à formuler autrement ma philosophie, en la situant comme inventant la 5e étape de la pensée humaine, rien de moins. Enfin, ce n’est pas sorti de nulle part, il y avait des prémices chez les Sceptiques antiques, chez le Bouddha, etc. En tout cas, l’ensemble de cette lecture a été utile, de par la critique qu’il a fallu formuler à son encontre, merci (à la personne m’ayant conseillé ce livre)..

4 – Objection qu’on me fait (27-28/01/2016)
    On me dit que ce livre s’adressait à des enfants de 15-16 ans auxquels il était envisagé d’enseigner la philosophie sans attendre l’âge de 17-18 ans. Les questions qui se posent aux jeunes pouvant être :
1- Existe-t-il une Création sans Créateur ? (astronomie, biologie, botanique)
2- Existe-t-il une morale sans Religion ?
3- Comment peut-on délimiter la Réalité ?
4- Existe-t-il des outils efficaces ou infaillibles pour trouver des réponses ? (la logique ? un code secret genre nombre d’or ?)
5- Existe-t-il des Preuves ?
    Je vais répondre à ma façon à ces questions, à demi abordées dans ce livre de Ferry.
1. Une Création sans Créateur ? La formulation est en soi un piège, affirmant que ce que je vois autour de moi a été créé, d’où les questions automatiques mais peut-être infondées : quand ? par qui ? à partir de quoi ? Les religieux Judaïques et dérivés (Chrétiens, Musulmans) affirment qu’un Créateur Dieu a Tout créé, mais qui a créé Dieu ? Qu’y avait-il avant le temps ? Qu’y a-t-il de plus grand que le plus grand infini ? Et si quelque chose ou quelqu’un peut être éternel, le Monde peut l’être tout autant, l’hypothèse de créateur ne sert à rien. Inversement, avec l’expérience du rêve-nocturne façon cauchemar, que les parents disent intérieurs au Moi, je suis créateur d’Univers aussi, avec plein de détails incroyables comme étoiles, cellules et fleurs, j’en suis capable moi-même donc (et tout le monde en est capable, dans le modèle courant, de monde partagé avec autrui). Donc… peut-être qu’il y a un Créateur ou peut-être pas, et si Oui, ça peut être Moi (endormi, pas le personnage de Moi-ici). Savoir ce qu’il y a en amont, avant la Création de ce monde-ci, ne semble pas accessible vu d’ici. On peut inventer n’importe quoi comme explication prétendue, mais y croire est facultatif en théorie, éventuellement rendu obligatoire par des méchants cachant les questions posées sans réponse certaine.
2. Une morale sans religion ? Bien sûr, la morale n’a au départ aucun rapport avec la religion, il s’agit seulement de constater que si chacun prend et accapare, c’est la violence et la guerre permanente, tandis que… si tous partagent et s’entraident, c’est la paix et l’harmonie. Il se trouve simplement que la religion a été, à un moment donné (longtemps) ce qui gouverne les sociétés, donc le cadre directeur principal, se chargeant de la question morale. Mais une morale sans religion est très possible, c’est l’altruisme : traiter autrui comme on voudrait être traité si on était à sa place. Ça donne le sentiment d’être bon, de tendre au bonheur universel, compensant la tendance bestiale/enfantine/égoïste à chercher le mieux pour soi au détriment des autres. Le problème de l’altruisme est qu’il s’agit d’une utopie, ruinée si autrui ne fait pas de même. Exiger de recevoir sans rien donner (mendicité) ou en donnant un minimum (fonctionnariat gréviste, grève larvée sous régime communiste), ça optimise le gain personnel mais ça ruine le principe partageur et ça crée des tensions, ça capote pour finir, en animosité puis menaces ou violences. C’est tout le problème de la philosophie politique. Les religieux ont tenté diverses prises de position côté morale, pour l’imposer à tous sans discussion. Avec menace (d’excommunion, d’enfer post motem), mais aussi en flattant temporairement l’égoïsme : promettre prime future invérifiable aux altruistes. Si ça rend les gens meilleurs, c’est bien, si c’est une mascarade menteuse, ça capote aussi. Avec ou sans religion, la morale est un problème, un compromis difficile.
3. Délimiter la Réalité ? Ce n’est pas évident, certains prétendent que c’est un sens inné indiscutable, n’ayant aucun besoin de justification, d’autres affrontent la question et mentent (ou choisissent d’oublier la question) pour retomber sur leurs pieds. A mon avis, la Réalité est un cauchemar particulier, subi contrairement aux rêveries, et prétendu partagé avec autrui (les autres personnages ne seraient pas des marionnettes délirantes inventées par mon Moi endormi). C’est une possibilité, qui attire la foi des croyants, pas forcément religieux, mais en toute logique, il ne s’agit pas de connaissance. Dans ce contexte (inavoué), classer malades mentaux ceux qui n’ont pas ce sens du Réel constitue un des plus grands scandales intellectuels imaginables, c’est ce qui se passe dans le monde-ci autour (dit moderne occidental, hors Inde où les rares lucides peuvent être classés « gourous » plutôt que « fous »).
4. Des outils pour réponses fiables ? La logique est surtout un très puissant (et très oublié) moyen de disqualifier les contradictions, ce n’est pas positivement un outil informatif. La mathématique pareillement est pure, pointant les fautes, mais elle ne fait que développer en aval d’axiomes arbitraires, reconnus comme facultatifs. Bref, on peut faire le ménage, en cassant le bla-bla ambiant menteur, mais il semble falloir renoncer à reconstruire à la place quelque chose de solide. Quant au nombre d’or, c’est un simple jeu, le produit d’une formule mathématique simple qui se retrouve dans beaucoup d’applications géométriques ou numériques, ça n’a rien à voir avec un guide pour bien penser. Une précision : il est possible de contester un cours de logique (j’ai osé le faire, dans l’indifférence générale), son contenu n’a rien de sacré mais s’avère discutable, secondaire au souhait de cohérence sans mentir.
5. Des preuves sont-elles possibles ? Oui et non. Oui en approche relativiste : on énonce d’abord arbitrairement les règles du jeu, et celles-ci contiennent la notion de preuve (adéquation à la logique expérimentale du monde dit Réel, à telle parole dite Sacrée, etc.). Mais la réponse semble Non dans l’absolu (jusqu’à « preuve » du contraire…) : les repères étant facultatifs (réalisme, logique, sacralité de telle ou telle parole), les preuves ne sont qu’internes et pas indéniables.
    J’espère avec ces éléments avoir répondu aux questions « adolescentes » en matière de compréhension du monde, cela n’implique nullement Platon, Rousseau, Nietzsche, n’en déplaise aux prétendus philosophes professionnels, érudits mais pas penseurs.