Non « les » garçons ne sont pas inférieurs scolairement
Multiples erreurs sociologiques
le 09-10 SEP 2016, par Fè Dézakor

    J’ai lu avec effarement, dans le magazine Science et Vie n° 1188 de Septembre 2016 le gros titre « Échec scolaire : l’injustice faite aux garçons ». En Avant-propos le tire est « Faiblesse du "sexe fort" » par Elsa Abdoun, dit « constat sans appel ». Le résumé dit « Après avoir interrogé les sciences sociales et la biologie, il apparait clairement que la faute en revient, pour beaucoup, à l’éducation différenciée des filles et des garçons ». Cela m’étonnait très fort, moi garçon ne m'étant nullement senti défavorisé (avec "faute" morale en ce sens) à l'école, et – après avoir lu les 7 pages (p32-38) de l’article, je conteste fermement cela (et je vois confirmé mon avis que les "sciences sociales" ne sont pas des sciences mais plutôt du bla-bla affirmant n’importe quoi).

    Sur le principe, avoir confié la rédaction de cet article à une femme plutôt qu’à un homme s’explique par l’avant-propos disant presque en clair, en première phrase, « l’injustice en général concerne essentiellement les femmes, mais… » (mot à mot : « Le sujet est aussi sensible que la liste des injustices faites aux femmes est longue » et dans l’article « Salaire, tâches ménagères, présence à l’Assemblée nationale ou à la tête des grandes entreprises, violences domestiques... Aujourd’hui encore, inégalité des sexes est presque toujours synonyme d’injustice faite aux femmes. Presque. Car » ). Il est effectivement évident que si l’article avait été écrit par un homme, beaucoup de lectrices auraient hurlé « mais non, pas du tout : l’injustice en ce monde est au profit des hommes et pas le contraire ». Peu importe le genre de la personne ayant rédigé l’article, à mon avis, l’important était de raisonner juste.
    Le texte d’introduction exprime l’erreur majeure (des sciences sociales) dès le début : « Les chiffres sont imparables : les garçons échouent davantage que les filles à l’école. (…) L’enquête (…) ». Pour moi, garçon ayant été « premier de la classe » au CP-CE1 et au Bac le plus huppé (matheux), je flaire une erreur de principe. Et celle-ci est dans la confusion entre « LES garçons sont moins bons » et « DES garçons sont moins bons, faisant chuter la moyenne ». En économie, j’ai ainsi démoli des affirmations insensées, mathématiquement fausses, prétendant démontrer une tendance générale alors que le même phénomène était explicable par une proportion de cas, les autres étant totalement « non concernés » par l’affirmation générale (prétendue démontrée « par corrélation » – partielle, au-dessus du hasard complet, ce qui ne départage en rien les hypothèses « phénomène général » et « phénomène touchant certains »).
    Les mots sont explicites dans l’article : +33% pour l’entrée en 6e avec une année de retard, +100% pour l’arrêt d’études sans diplôme, etc. « quels que soient les indicateurs qu’on regarde, les filles sont meilleures que les garçons » (Florence R. directrice générale ESMEN). Erreur de lecture et d’analyse, il fallait ajouter « en moyenne », ce qui change tout : ce n’est pas forcément en chaque individu mâle ou femelle qu’il y a des facteurs tirant vers le haut ou le bas, car ce tableau serait le même exactement si une partie seulement des garçons avait un problème d’adéquation aux valeurs scolaires. Et il serait donc idiot et faux de donner des points en plus à tous les garçons, par discrimination positive, pour compenser leur prétendu handicap sociobiologique. Certes, ç’aurait pu être une aubaine pour moi à l’examen (si j’avais visé le sommet du sommet, au lieu d’être en dépression), mais j’y vois surtout une injustice, mal pensée.
    « De nombreuses études démontrent les causes sociales de cette injustice (voir ci-contre ». Etonnant que la sociologie démontre quelque chose… elle blablate certes éperdument, mais avec un pouvoir prédictif nul, donc une valeur scientifique très contestable (en explication a posteriori, la science n’est pas la seule candidate, le mérite se limite à la prédiction risquée qui s’avère couronnée de succès). En quoi consistent les démonstrations en question ? 3 comptages, 76% des punis sont des garçons (une tendance à l’indiscipline), presque 3 fois plus d’adolescents que d’adolescentes jouant plus de 4 jeux vidéo dans la semaine, davantage de garçons réussissent mieux quand on fait croire à un jeu plutôt qu’un test (au contraire des filles). Eh bien non : cela ne démontre en rien une cause inhérente à la masculinité, ces chiffres peuvent être rigoureusement identiques si une mineure proportion de garçons a un problème avec les études, quand cela ne toucherait en rien les autres garçons. Ainsi, je me souviens des personnages de « déconneurs » au collège, un garçon dans ma classe, un garçon aussi dans la classe de mon grand frère, et peut-être dans 76% des classes, et alors ? Il s’agissait de 1 élève sur 35 (1 garçon sur 15 ou 20, sans que son comportement n’implique en rien une tendance majoritaire chez les non-déconneurs). Erreur lourde. Mais les sociologues s’en fichent, ils veulent publier en claironnant avoir découvert des facteurs causals, et c’est publié puisque leurs pairs sont aussi nuls/malhonnêtes qu’eux.
    Le texte précise : « les assistantes maternelles coupent moins souvent la parole aux garçons qu’aux filles, et ont moins tendance à les inciter à s’adonner à des activités calmes. Au point que ces derniers finiraient par intégrer l’idée d’une nature masculine agitée (…) thèse de doctorat (…) les garçons provoquent parfois volontairement la punition pour prouver leur virilité. » L’erreur continue : en se centrant sur les beaux-parleurs on ignore les silencieux, en se focalisant sur les provocateurs on ignore les calmes, sans pour autant cesser de prétendre à la loi générale touchant « les » garçons.
    « L’école semble relever du registre du féminin » / « Les filles moins bonnes en maths ? ». Il faudrait conclure que l’école « actuelle ici » a telle ou telle propriété, pas l’école en général. « qui s’explique par la prépondérance des femmes dans le personnel scolaire et le fait que ce sont principalement les mères qui s’occupent de la scolarité. » C’est une nouvelle erreur d’analyse et de démarche. Il faudrait comparer les chiffres avec enseignants hommes ou bien femmes, avec suivi scolaire par pères ou bien mères, au lieu de balancer des idées tenant du n’importe quoi explicatif a posteriori (hypothèses sans valeur de vérité).
    « Les adolescents français 50% plus nombreux que les adolescentes à ne pas valoriser les résultats scolaires. » Sur le sujet, je dirais que la scolarité habituelle est surtout une usine à crétins, faisant réciter des dogmes, jongler avec, admirer des prétendus grands auteurs (en fait pistonnés, vu comment marche le monde de l’édition, hermétiquement fermé aux thèses logiques et révolutionnaires), et briller dans cette scolarité n’est clairement en rien un indice de valeur personnelle. Il n’y a guère qu’en maths que la logique est honnêtement axiomatique, conventionnelle relativiste, sans prétendre à la vérité absolue. Personnellement, bien que garçon, je valorisais énormément les résultats scolaires (par amour du travail bien fait, que les enseignants soient hommes ou femmes, et à la maison je bûchais en solitaire sans requérir assistance paternelle ni maternelle), jusqu’à ce qu’à 15 ans je tombe amoureux de la dernière de la classe, m’amenant à saborder mes études, à utiliser mon sens critique pour détruire la scolarité au lieu d’y briller benoitement. Mais les sociologues stupides diraient que j’étais comme-fille jusqu’à 14 ans, et que j’ai fait ensuite une crise de parodie de virilité, ce qui n’a rigoureusement rien à voir avec les ressorts de la question. Ils se trompent de causes totalement. Il est possible que la soumission aux dogmes (religieux, scolaires, etc.) soit plus facile chez beaucoup de filles que chez beaucoup de garçons, et ce qui conviendrait honnêtement (à mon sens, en matière d’intelligence et d’honnêteté intellectuelle) serait une école moins dogmatique, valorisant l’esprit critique et l’argumentation logique (éventuellement destructrice) – mais je rêve, là, car cette société pourrie s’écroulerait, c’est donc hors de question pour les décideurs privilégiés sans raison et pour les masses frileuses usuellement conservatrices…
    « Exprimer des émotions, comme l’implique l’écriture, est jugé contraire à la notion de virilité, analyse Marie D (…) spécialiste (…) qui ajoute qu’à la maison, c’est la maman qui raconte les histoires. ». Erreur : chez moi, c’est le père que je suis qui raconte les histoires, et ça n’a rien d’efféminé, c’est un partage des tâches, les sociologues racontent très exactement n’importe quoi, prétendu Vérité Générale. Quant aux émotions, il y en a un milliard de fois davantage dans les livres que j’écris que dans les romans para-sexuels mondains que publie l’ex-dernière de la classe sus-mentionnée, ayant voulu me faire enfermer pour anormalité. Ça n’a rigoureusement aucun rapport, général, avec la scission simpliste (stéréotypée) entre masculin-football et féminin-sentiments. Peut-être que plusieurs ados machos préfèrent shooter dans un ballon et mépriser la lecture silencieuse mais ça n’a rien d’une généralité.
    « Les enfants sont exposés très tôt aux stéréotypes, et ces derniers peuvent remonter à la surface pendant les tests, même de manière inconsciente, au point d’entraver la concentration et diminuer la mémoire de travail. » Voilà, le hold-up est accompli : si le vécu contredit totalement ce qu’affirme les sociologues, c’est parce qu’ils ont raison dans le domaine de l’inconscient, « prouvé » majeur par le docteur Freud. Sans envisager que cet obsédé sexuel a déliré en affirmant Vérités générales incontestables ses élucubrations (certes indéniables au sens d’anti-faillibilistes, prétendant expliquer tout et son contraire, a posteriori bien sûr)… Sur le principe général, attention : les testés ne sont pas forcément « victimes inconscientes des stéréotypes », ce pourrait être les testeurs qui le sont, en commettant des erreurs d’analyse des résultats par confusion mentale dictée par les stéréotypes !
    « Le mode d’éducation des garçons, et les attitudes différenciées que développent les adultes face à eux, constitue un obstacle à leur réussite scolaire. » Là encore, cette affirmation me parait fausse. J’ai vu un film britannique où le père voulait que son fils devienne boxeur et s’offusquait qu’il choisisse la danse classique, « pas virile », mais ça n’a rien à voir avec un obstacle à l’école, et surtout : ce genre de pression machiste ne concerne je pense qu’une minorité de familles, pas du tout la généralité.
    « Beaucoup de sociologues refusent l’idée d’une influence biologique (…) ces différences sont très variables d’un pays à l’autre (…) depuis le XVIIIe siècle ! (…) une supériorité des filles (…) par exemple en orthographe. » Je vois là une foule de choses contestables. S’il y a des différences entre pays, ça ne prouve pas que la différence (éventuelle) ne puisse pas venir du cerveau, cela pourrait être qu’on parle d’autre chose, avec une scolarité centrée sur d’autres critères dans d’autres pays. Théoriquement, sans le tabou anti-raciste, il serait aussi possible d’envisager que les différences biologiques homme/femme soient différentes dans des ethnies particulières. J’ai lu par ailleurs dans un ouvrage de De Closets que l’orthographe simplifiée, sans les fioritures de l’usine à gaz officielle absurde, était « insultée » comme étant « l’écriture des femmes » par les machos dominateurs, ce qui va totalement à l’encontre de ce qui est dit ici. Il semble donc confirmé que la sociologie consiste à balancer des affirmations n’importe comment sans peser le pour et le contre.
    « différences dans l’anatomie, mais aussi dans le fonctionnement du cerveau (…) certaines zones du cerveau des adolescents ne "murissent" pas à la même vitesse chez les filles et les garçons ». J’aborderais la question très différemment, avec d’autres indicateurs. Le dogme de l’égalité homme-femme me parait aberrant, et par expérience, je devine qu’il y a un différentiel colossal entre jeunes filles de 15 ans mûres (mariables dit la tradition argentine, et effectivement comparables aux bergères pubères des fables) et les garçonnets de 15 ans, aucunement en position d’hommes (sans salaire ni possessions, infiniment loin des princes charmants des fables) Pour comparer garçons et filles honnêtement, il faudrait peut-être que les filles de 15 ans soient en classe avec les garçons de 20 ans, mais le dogme l’interdit, au nom d’une égalité parachutée dogmatiquement. Ce n’est pas matière à sourire mais cette erreur tue (je suis ici post-mortem, tué à 15 ans par un chagrin d’amour impossible, dont se contrefout le législateur se bombardant expert es-parité, avec bienveillance des sociologues incompétents – pléonasme peut-être). Certes, on pourrait dire que la différence garçons-filles vient sociologiquement des histoires « prince charmant-bergère » racontées par les parents, mais je suis réservé à ce sujet, suite à un précédent : la philosophe (d’inspiration sociologique) Simone De Beauvoir a dit « on ne naît pas femme, on le devient », mais… les primatologues ont constaté que quand ils donnaient des jouets à des enfants singes, les filles-singes choisissaient les poupées bébés-singes et les garçons-singes choisissaient les voitures-tracteurs ; donc le blabla affirmatif peut affirmer (à tort) ses hypothèses passant de « possible » à « certain » sans preuve. De même plein de filles chimpanzés kidnappent des bébés, au risque de les faire mourir puisque n’ayant pas de lait pour les nourrir, et les sociologues n’en affirmeront pas moins que les parents humains transforment leurs enfants asexués en leur imposant poupées ou voitures : éh, peut-être que les parents humains offrent ce que les enfants désirent ou demandent, plus ou moins passivement sans les diriger activement de manière volontariste ou stéréotypée. La sociologie est éminemment suspecte en ce sens. Attention au blabla « explicatif » affirmé certitude prouvée.
    « la testostérone pouvait être impliquée dans certaines formes d’hyperactivité qui touchent quatre fois plus les garçons. » Toujours la même erreur : si 4% des garçons (et 1% des filles) sont hyperactifs avec taux de testostérone fort, il faudrait dire que ça ne concerne en rien 96% des garçons (et 99% des filles), plutôt que de dire qu’il y a là un facteur causal sexué (donc touchant 100% des garçons, au-dessus de 100% des filles).
    Pour illustrer cette erreur confondant généralité et portion particulière, je prends un exemple de distribution fictive, de notes scolaires pour garçons et filles :

Oui, la moyenne des garçons et inférieure à la moyenne des filles, et le taux de difficulté ou d’exclusion est bien plus fort chez les garçons, mais cela ne signifie en rien que les filles sont systématiquement avantagées, puisque des garçons sont aussi plus nombreux (que des filles) en tête. C’est un chiffrage approximatif basé sur un souvenir : au Bac C Fermat 1981, les 3 seules mentions Très Bien sur environ 5 classes de 35 élèves étions des garçons.
    « tests (…) si les garçons les réussissent presque toujours moins bien que les filles ». Même erreur encore : si 18% des garçons échouent et 3% des filles, il n’y a aucun facteur démontré pour les 82% de garçons qui réussissent. Ou peut-être que 32% sont « limites », mais 50% peuvent être parfaits sans aucune enfreinte, portant prétendue démontrée (à tort).
    « ce sont justement ceux venant de milieux pauvres et de populations issues de l’immigration qui pâtissent le plus, à l’école, d’être nés avec un chromosome Y (…) Les garçons qui se sentent en échec s’accrochent à des stéréotypes archaïques ; ils compensent avec une domination par la force. » Et… faute de droit aux statistiques ethniques, on aurait affirmé « prouvé » un problème général pour ce qui n’est qu’un problème spécifique aux beurs ? Encore une fois, une analyse logique évitant de prétendre abusivement au général aurait évité cet écueil. Sinon, preuve par l’absurde, on pourrait aussi corréler la délinquance à la couleur noire des cheveux, ou autre fadaise prétendue causale alors qu’il s’agit d’une vision déformée trop partielle, objectivement fausse.
    « inégalités dont sont victimes les hommes : (…) 60% des illettrés (…) 96% des détenus (…) trois quarts des décès par suicide (…) espérance de vie inférieure de 6 ans (…) troubles mentaux ». Par expérience ou déformation personnelle, je suis d’accord que les suicides masculins me semblent liés au malaise des garçonnets à 15 ans côtoyant les jeunes filles superbes de 15 ans séduisant tous les hommes et piochant les plus mûrs (ou triomphants) à leur goût, mais ça n’a aucun rapport avec la réussite scolaire, au contraire… et ça ne relève pas de la science (prédictive, démonstratrice) mais du bon sens, ou du bla-bla.
    Je ne commettrai pas l’erreur totale de dire que cet article est nul car écrit par une femme, non : un homme diplômé en sociologie aurait parfaitement pu faire aussi nul. C’est plus la sociologie dans son ensemble qui me semble fautive, et que 80% des étudiants en sociologie soient des femmes me semble hors sujet, fortuit.

Bilan
    En résumé, je dirais que c’est une grosse erreur d’avoir prétendu prouver « il y a incompatibilité de l’école avec les garçons (non avec les filles) », il aurait fallu dire « il y a un plus grand nombre de garçons (que de filles) vivant une incompatibilité avec l’école » – un garçon n’ayant aucune incompatibilité avec l’école n’étant ni un anormal ni une femmelette… Certes, les sociologues sont jaloux des physiciens édictant des grandes lois universelles et font semblant de trouver des facteurs semblables, mais c’est une erreur totale. Qu’ils prétendent prouvés leurs blablas ajoute à la faute.
    Sur le principe général, et puisqu'il s'agit sur le sujet de simples opinions personnelles (même quand elles prétendent à la vérité scientifique), je suis d'accord qu'il y a hélas une injustice à l'école, mais pas du tout pour une question d'enfreinte au dogme "fille = garçon". L'injustice me paraît double, et contrairement aux sociologues, je ne préconise pas du tout davantage d'hommes dans le personnel enseignant et des études de livres football/guerre plutôt que romans, non, mais :
- l'école ne devrait pas élire les moutons/brebis (rares moutons dociles, nombreuses brebis dociles) mais les créatifs et logiques.
- au lieu d'imposer la parité et tuer les nombreux garçonnets romantiques méprisés, mettre en incubateur "hors scolarité mixte" les garçons de 14 à 18 ans, en grave danger de suicide, hélas logique.