Achats déments

Service achats bottés ou achat buté ?
Microdrame du quotidien professionnel
(par Bal Ète, 19/10/2018)

  Je suis en arrêt maladie « psychiatrique » de 3 mois, et je ne me sens pas « malade ». Les médicaments me fatiguent, tendent à me vider la tête, mais pour ne pas replonger, j’imagine qu’il faut que je digère les graves contrariétés professionnelles. J’ai déjà longuement débattu de diverses erreurs où mon entreprise est en position d’escroc, malgré mes alertes en interne, mais je voudrais ici ajouter un autre point qui m’est reproché, à tort selon moi. Je m’explique.
  Ma chef m’a demandé de commander cinq produits au Japon, parmi une vingtaine de produits dans le monde entier, il y a peut-être six mois en arrière. Ces produits, rarissimes, n’étaient nullement disponibles ailleurs : source unique. Selon les nouvelles procédures en interne, c’est maintenant aux demandeurs d’exiger un devis, sinon le service achats ne traite pas la demande. J’ai donc requis un fichier du format requis avec le montant que ça coûte port compris, et je l’ai reçu. J’ai passé la commande. Mais nous n’avons rien reçu comme marchandises. Demandant (en anglais international) explication à ce fournisseur, il nous a répondu n’avoir pas reçu le paiement, son site Internet marquant en instruction n°1 qu’aucun envoi ne serait effectué avant prépaiement. J’ai transmis au service Achats, qui a répondu aux Japonais (avec moi en copie) que notre société ne payait qu’à 45 jours fin de mois après la date de facture. Les Japonais ont répondu que non, ils n’envoyaient rien avant paiement. Notre service Achats a re-répondu que si, nous ne payions qu’à 45 jours fin de mois, et qu’eux fournisseur avait signé pour accord le document l’acceptant (joint). C’était un document en Français, signé par un nom à consonnance japonaise, d’accord. Mais nos interlocuteurs ont répété qu’ils n’envoyaient pas avant paiement. Notre service Achats a re-répondu que si : ils avaient signé (re-joint en copie) donc ils devaient le faire. Ils ont re-répondu que non. Et là, je me suis permis d’intervenir auprès de notre service Achats, pour expliquer le malentendu, et cela m’est reproché maintenant.

Quel est le malentendu ?
  Selon notre service Achats, la date de facture est (sans qu’ils l’explicitent en rien) la date à laquelle nous enregistrons que nous avons bien reçu la marchandise. On paye 45 jours plus tard,fin de mois, donc 45 à 75 jours plus tard, soit 60 à 90 jours après l’envoi si celui-ci met une quinzaine de jours à venir du Japon. Ça fait 60 à 90 jours où l’argent est chez nous, rapporte des intérêts à nous-mêmes et pas à notre fournisseur. On peut parler de gestion financière optimale (de notre point de vue).
  Selon notre fournisseur Japonais, la date de facture est (c’est implicite à leur refus explicite d’envoi sans prépaiement) la date à laquelle ils nous disent combien cela coûte. Si, pour des raisons internes, nous ne voulons payer que 45 à 75 jours plus tard, ils n’ont rien contre et ils peuvent signer leur accord, mais ils n’envoient rien avant paiement comme ils l’ont dit en clair. Un client potentiel qui refuse ce prépaiement n’est pas servi, ne devient pas client, c’est aussi simple que ça. C’est un fournisseur étatique sans but lucratif et il n’est pas en chasse au moindre client mais cherche seulement l’équilibre en annulant les risques d’impayés, avérés autrefois (avec certains).

Suite
  Bref : je comprenais entièrement le fournisseur et je donnais 100% tort à notre service achats : si on exige mode de paiement à notre avantage, la vente n’a pas lieu, le fournisseur refusant. Notre service Achats répète inlassablement que ce fournisseur a signé l’accord, mais sans comprendre qu’il y a un malentendu total sur la notion « date de facture ». En leur expliquant, je pense qu’ils vont comprendre, mais Non ! Il m’est reproché de donner tort à des collègues « experts » connaissant leur métier mille fois mieux que moi et soumis à leurs propres contraintes que je ne peux même pas imaginer !
  Quand on commande à titre domestique chez Amazon ou autre, bien sûr qu’on paie avant de recevoir. Ou, sinon, on paie bien plus cher en choisissant (si c’est proposé) « envoi contre remboursement » (et à l’instant de réception du colis, pas 75 jours après ouverture, vérification et saisie informatique). Si des fournisseurs, pour nous avoir comme clients, sont prêts à accepter notre paiement super-retardé, tant mieux pour nous, mais nous ne sommes nullement en position de l’exiger, quand il y a source unique sans concurrence.
  Si nous exigeons de manière super-butée le paiement à notre avantage, certains fournisseurs ne nous fournissent pas, simplement, et s’ils l’ont annoncé en clair sur leur catalogue, il n’y a là nul scandale, seulement une façon de faire comme une autre.
  Que faire quand nos prétendus experts se montrent des ânes, en tort totalement ? Moi, choqué, je leur ai expliqué le malentendu, en interne sans mettre les Japonais en copie, et cela m’est reproché ! Comme agressif ou manque de respect ou quoi ! J’en tombe sur les fesses.
  Non, ça je ne peux pas le digérer. Le reste, on verra, mais pas ça. Malgré les médicaments débilitants.