faux apprentissage endormi

« Apprendre » pendant le sommeil ?
(propagande abrutissante cachée)
par Pah Konvinku, 01/08/2019

  Habituellement, je suis en désaccord quand j’entends des ministres ou experts (ou journalistes) affirmer que l’école c’est le savoir, la connaissance. Telle que j’ai connu l’école (au sens large, université comprise), en filière scientifique (à partir de 14 ans), les professeurs prétendaient nous dire les lois du monde (matériel), ce qui valait Savoir du Réel Incontestable, Connaissance du Vrai. Or c’était un abus, je l’ai pensé dès l’âge de 15 ans, remettant en cause la véracité du monde sans moi (monde après moi, puisque je pensais mourir) – ce que j’ai développé en scepticisme égocentrique après (puisque ayant échoué dans ma mise à mort). En parallèle, j’ai découvert l’épistémologie, philosophie des sciences (avec notamment Karl Popper et Paul Feyerabend), déniant que les lois scientifiques soient la vérité assurée, mais seulement des théories en instance de réfutation, imposées par individus ou groupes dominants. Dès lors, il ne s’agit pas du tout de savoir solide, de connaissance indéniable, mais savoir relatif, connaissance de théories, pseudo-« connaissances objectives ».
  Maintenant, un article de Science & Vie me parle d’apprendre en dormant, et j’aurais tendance à dire que ce n’est en rien apprendre du savoir, des connaissances, mais ingurgiter du ouï-dire, récitable mais peut-être faux. Comme en URSS on pouvait « apprendre » que Staline est l’humain le plus intelligent et plus généreux du monde, comme en Chine Maoïste on pouvait « apprendre » par cœur le Petit Livre Rouge de Mao Tse Toung, comme en pays islamiste on peut « apprendre » par cœur le Coran. Le mot « apprendre » me parait inadapté, je préfèrerais sa version critique : « ingurgiter » (pour récitation éventuelle ensuite, forme de dégueulis sans intelligence critique).
  L’article (S&V n°1220, Mai 2019, pages 80-85) dit entre autres choses : « ll est possible d'apprendre en dormant ! (…) consolider ou à acquérir des connaissances (…) Et si vous vous réveilliez chaque matin plus savant que la veille (…) il s'agit d'améliorer, d’orchestrer, voire d'augmenter ce processus de mémorisation, de donner au cerveau de nouvelles données à traiter, en toute inconscience. D'apprendre mieux et plus (…) rendre des dormeurs plus savants ou modifier leurs comportements (…) quand les gens apprenaient quelque chose, c'était en fait pendant les phases de microréveil (…) Encoder de nouvelles informations (…) notre encéphale conserve la capacité à traiter des informations venant de l’extérieur. Même de façon inconsciente, ne pourrait-il pas aussi les mémoriser et donc... apprendre ? Eh bien, oui. (…) apprendre à des dormeurs une langue inventée de toutes pièces, en les exposant à des paires de mots composées d'un mot inventé et de sa traduction (…) Et cela fonctionne ! (…) cibler les moments du sommeil où notre cerveau est particulièrement réceptif à l’apprentissage. (…) apprentissage durant le sommeil. (…) créer des associations inconscientes dans le cerveau du dormeur. (…) conditionnant des fumeurs pendant leur sommeil, elle est parvenue à leur apprendre à être dégoûtés en partie (…) Être conscient l 'empêche de faire des associations un peu arbitraires (…) Le cerveau dormant, en revanche, n'est probablement pas capable de s'empêcher d'apprendre quand il est soumis à des associations arbitraires. Il est peut-être tout simplement plus facile à tromper.” (…) créer des associations très élémentaires en sommeil (…) il n'est plus question de faire entrer de nouvelles informations dans le cerveau du dormeur, mais de renforcer la mémorisation d'informations qui s'y trouvent déjà. (…) les sujets se souviennent mieux (…) pourrait influencer la plupart sinon tous les types de mémoires" (…) apprendre le piano ou une langue étrangère, voire soigner la dépression ou l'anxiété (…) améliorer les processus de mise en mémoire. (…) sommeil augmenté (…) à même d'apprendre (…) consolide les apprentissages (…) renforcer ce processus ou d’intégrer de nouvelles informations. (…) »
  --> Mes remarques : Ça parle bien de « souvenirs » à acquérir : se mettre dans la tête solidement ce que disent les enseignants, même si c’est contestable ou faux, quoique diplômé comme valeureux, à tort logiquement mais de manière gagnante socialement. La grande mémorisation de choses même fausses ne rend pas savant selon moi. Un ordinateur (stupide) fait mieux en la matière. De plus, le conditionnement associatif est un lavage de cerveau supprimant le libre arbitre. Et les nouvelles « informations » fournies sont éventuellement fausses trompeuses. Je confirme qu’il ne s’agit pas d’apprentissage mais de dressage abrutisseur cherchant à profiter d’un état de faiblesse, sans réserve critique. Et au lieu de dégoûter du tabac, en pays communiste on dégoûterait de l’individualisme, en pays fanatique religieux on dégouterait de l’athéisme, en France on dégoûterait du scepticisme (puni par la loi Gayssot), etc. Ce n’est absolument pas de l’apprentissage mais de l’endoctrinement, je ne suis pas du tout d’accord.
  Bilan. La question de l’apprentissage me semble une erreur lourde, hélas dominante. L’école (au moins française publique, université comprise) apprend à réciter du prétendu savoir (ou à jongler avec), au lieu d’apprendre à justifier les acquis ou en cerner le caractère contestable. Ainsi, j’ai appris tôt dans ma scolarité le théorème de Pythagore (a²+b²=h²), et j’ai su le réciter et l’appliquer, mais pourquoi y croire ? Parce que l’enseignant l’a dit ? Parce que le pape/prophète l’a dit ? Ce n’est pas devenir savant du tout, c’est se montrer mouton crédule, neu-neu. J’ai été émerveillé le jour où, adulte, j’ai trouvé un dessin simple me disant qu’il permettait de démontrer Pythagore, et en cherchant par quel bout trouver ça, je suis effectivement parvenu à le démontrer, tout en découvrant moi-même quels axiomes étaient employés pour cela, c’est cela devenir savant, pas du tout réciter des tonnes de théorèmes répétés sans connaître leur justification (et j’ai démontré faux un théorème appris à l’université, prouvant l’escroquerie très générale, diplômant la stupidité dans le monde faussement prétendu supérieur). L’article vulgarisateur n’a rien compris à ce sujet-là, ne faisant que répéter les mensonges habituels.