Autrui = illusion ?

Autrui repensé, cassé…
Jouet marionnette ou non ?
par I.Taire, 30/06/2019-27/07/2019

Livre 1
Livre 2
Livre 3
Livre 4
Conclusion
  En cours d’écriture de mon premier livre (de philosophie), il y a 27 ans, j’avais lu un livre sur « l’existence d’autrui » et un petit livre scolaire sur « autrui », sans rien en tirer de notable, répondant à ma question : « est-ce que le caractère pensant d’autrui est prouvé ? davantage que chez les marionnettes de mes rêves ? ». Je n’avais pas trouvé la réponse, mais je me souvenais qu’un ouvrage à titre intéressant avait été cité en bibliographie mais était épuisé, indisponible. Aujourd’hui, avec les listes d’occasion sur Internet, il était potentiellement trouvable. Hélas j’avais oublié le titre, et même la source où j’avais aperçu ce titre. J’ai donc commandé d’occasion des livres sur « autrui », et comme c’était très peu cher, j’en ai commandé 4 différents. Je vais ici en faire une lecture critique (avec illumination si je trouve la réponse ?), dans un ordre aléatoire.

I/ Livre « 1 » : « Autrui. Textes expliqués, sujets analysés » par Frédéric Gros, éditions Hatier, 1994

  [Cet exemplaire d’occasion comporte à chaque page des phrases (imprimées) qui sont surlignées en jaune, orange, bleu, comme à retenir pour les citer savamment.]
Introduction
  Le début est décevant, parlant d’autrui allié ou ennemi – aucun rapport avec mon sujet, bien plus essentiel – mais ensuite est exposé le doute cartésien, qui conduit à l’idéalisme subjectif et au solipsisme (autrui est une illusion mienne). Pour en sortir, il est cité du bla-bla affirmatif de Sartre, Heidegger, nul (sans réfuter l’idée qu’autrui soit une illusion). Puis vient un délire freudien sur l’amour premier pour la mère donc pour l’autre, et affirmant qu’il n’y a pas d’amour sans jalousie donc l’autre est obligatoire (ce n’est pas vrai pour moi mais c’est affirmé doctement comme universalité).
  Puis viennent les idées de Kant sur la morale et d’Alain sur l’échange marchand, mais passant à côté du sujet qu’est le caractère illusoire possible des personnages dits autrui. Note : je dis bien « possible » et pas « certain », mon point de vue est un scepticisme solide, pas un solipsisme clamé sans preuve.
Chapitre 1 : La rencontre d’autrui
  Il est dit une ânerie : le dialogue prouve l’existence d’autrui selon Descartes. C’est faux : en rêve (nocturne et rêverie somnolente), le moi-vécu dialogue avec un faux autrui qui est une marionnette activée par le moi-rêveur.
  Puis Husserl, avec « le corps d’autrui », affirme à tort « doit » pour « peut », il s’agir de fausse certitude, de croyance bête dénuée d’intelligence critique.
  Puis vient un bla-bla de Sartre affirmant à tort que je n’existe que par le regard de l’autre. Je répondrai que si j'étais Robinson Crusoë je continuerais à exister, sur île déserte, et pareil si j'étais enfant sauvage élevé sans humain autour.
  Puis Merleau-Ponty parle de fonds communs à autrui et à moi, sans du tout envisager le cas d’autrui apparent dans un rêve à moi. C’est oublier qu’autrui fictif peut impacter comme autrui vrai (s’il existe). Exemple : en rêve, je peux avoir honte d’être tout nu, le regard de l’autre fictif est aussi gênant, avec empathie considérant vraies les illusions, sans prendre le recul d’un doute intelligent.
Chapitre 2 : La compréhension d’autrui
  Il est affirmé, avec Leibniz, que « chaque conscience constitue une unité spirituelle solitaire qui réalise un point de vue sur le monde différent de tous les autres. » Sous forme affirmative, c’est abusif, je le dis, moi : rien ne prouve qu’il y a multiplicité effective d’êtres pensants comme moi. Autrui ici autour peut être une invention à moi, comme dans mes rêves passés. Autrui pensant par lui-même peut être une erreur d’interprétation mienne, au sein de rêves successifs sans aucun Réel partagé, peut-être, « en vrai ».
  Le solipsisme est affirmé illogique, sans le moindre argument. C’est archinul. On peut dire en sens inverse la même chose du réalisme, et la sagesse semble au-dessus, dans le scepticisme dubitatif, incapable de trancher, tout étant possible et aucune expérience départageante ne semblant concevable (les deux systèmes pouvant interpréter absolument tout).
  Du bla-bla sur Proust, Socrate, l’art, Rousseau, passe ensuite totalement à côté du sujet.
  Pour Berkeley, on pense autrui par analogie avec soi-même, son propre corps. Mais je dis non : cette pensée spontanée peut être erronée, comme en rêve. C’était le point de départ et on n’a avancé en rien de rien, malgré des montagnes de bla-bla prétentieux.
  Avec Malebranche, autrui devient prouvé par Dieu (et par les anges et les démons), c’est seulement oublier que ce Dieu (etc.) constitue une croyance facultative en principe, ou une croyance sciemment aveugle interdisant le doute, l’intelligence critique. Ce n’est pas de la pensée mais de l’affirmation bla-bla.
  Un texte de Scheler sert de prétexte à un jugement étrange : « mon intention de compatir : je comprends sa douleur ou sa joie et je veux les partager. Mais il faut bien alors que l’autre soit différent, et qu’il ne soit pas moi : mon intention de partager est précisément ce qui suppose une distance. » C’est là une confusion totale oubliant qu’il y a deux moi : le moi rêvé et le moi rêveur. Un personnage différent du moi-rêvé peut être interne au moi-rêveur (marionnette créée par le moi-rêveur). Même en rêverie semi-consciente existe ainsi l’empathie fictive : le personnage-moi (« héros » de l’histoire) compatit avec tel personnage-autre, les deux étant clairement inventés par le rêvasseur.
Chapitre 3 : Autrui dans la vie affective
  Il est mentionné la « vanité : désir passionné de paraître aux yeux d’autrui ». C’est peu convaincant, ça peut être se mentir à soi-même en même temps, « flatter son ego » dit-on, ou se valoriser à ses propres yeux.
  Un texte de Blaise Pascal dissocie deux moi : le Moi véritable caché et le Moi social affiché avec orgueil. A mon avis, c’est une spécificité d’extraverti sociable et ça n’a aucun intérêt pour un introverti solitaire (même s’il peut pleurer chez lui un amour perdu et paraitre presque normal à son travail). C’est très secondaire à la question essentielle se posant à tous : le moi vécu est-il le seul moi de ce monde ou bien autrui apparent et autrui souvenir sont-ils des marionnettes du moi-rêveur ? autrement dit : est-ce que je suis en train de rêver sans le percevoir depuis où je suis ?
  Un texte de Sénèque cite un mot étrange : « je ne me réjouis d’apprendre une chose que pour l’enseigner. » Là encore, c’est une spécificité de certains caractères, dominateurs. Moi qui suis sceptique, au contraire, je conteste ce mécanisme : ce qu’on prétend m’apprendre, je le classe en ouï-dire douteux, et je ne l’affirmerai pas indubitable à autrui. Il n’y a qu’en mathématique que me frappe le sentiment d’incontestable (si démontré imparablement), mais ça se situe honnêtement en aval d’axiomes récusables, il s’agit de vérités relatives, douteuses un cran en amont. Et percevoir la logique d’un théorème me satisfait isolément, sans que je ne ressente en rien le besoin de le partager avec autrui (généralement hostile aux maths).
  Le commentaire du texte de Sénèque prétend développer un argument grand et fort, auquel je ne comprends rien en première lecture : « Ce que j’apprends de bien, je le transmets à l’autre qui, en le faisant sien, m’en offre un modèle qui à son tour me fait me perfectionner ; j’apprends à mieux connaître l’autre, et par là-même à mieux me connaître moi-même, et à mieux comprendre enfin la relation qui nous unit. Ce cercle de la sagesse (…) ». En seconde lecture, j’affirme que c’est faux, donc tout le contraire de la sagesse lucide. Personnellement, j’ai déjà rêvé être professeur (de mathématiques) et dans ce rêve où j’étais immergé, je me trompais totalement en croyant comprendre l’autre, qui n’était en fait qu’une marionnette guidée par le moi-qui-rêve. Contraire de la sagesse.
Chapitre 4 : Autrui dans la vie morale
  « L’amour chrétien sera l’amour des ennemis ». C’est faux, enfin Jésus-Christ a professé ceci mais en faisant l’exact contraire ailleurs : il appelle à tuer humainement les parents éloignant leurs enfants de Dieu, ce qui traduit une réprobation massacreuse à l’égard des gens différents de lui. C’est à ce titre-là, horrible, qu’est intervenue l’extension du christianisme au monde, non par la force de conviction argumentaire ou incitatrice mais par la conquête massacreuse (de l’Amérique, de l’Afrique, des Philippines, de l’Australie, etc.).
  « La morale kantienne : la personne (…) Poser autrui comme objet d’amour (…) c’est sortir de la relation morale (…) autrui ne doit pas être en effet cet objet que me livre l’expérience et qui m’inspire des sentiments donnés, il est une exigence de ma raison, une valeur posée par ma volonté. (…) Il s’agit bien de refuser les morales utilitaristes qui justifient l’altruisme par l’argument d’un intérêt bien entendu. » Cela est tout faux. Jusqu’à preuve du contraire (preuve apparemment impossible à obtenir un jour), autrui peut être une marionnette fictive, le personnifier en alter ego est possible ou agréable mais ce serait le contraire de la raison lucide. Ceci dit, une logique très compréhensible dirige vers l’altruisme (être gentil suscite la gentillesse en retour, être méchant suscite la méchanceté en retour), même avec des marionnettes, obéissant à une tendance normale de réciprocité – c’est assez logique, quoique non absolu, et le refuser n’est pas de la raison non plu’.
  « La critique nietzschéenne (…) l’altruisme (…) soupçonner son désintéressement proclamé (…) parce qu’on craint l’affrontement direct, parce qu’on voudrait faire perdre à l’autre son agressivité et s’assurer ainsi de sa faiblesse. » Il est faux (ou menteur) d’affirmer que l’altruisme chrétien est désintéressé : la parabole du Bon Samaritain qui le symbolise intervient en réponse à « comment gagner la vie éternelle ? », autrement dit le chrétien vise l’altruisme pour la carotte égoïste du Paradis, ce n’est absolument pas désintéressé. Par ailleurs, peut-être que le désintéressement de l’altruisme était partout proclamé (faussement) à l’époque, mais moi je ne le proclame nullement : l'altruisme est seulement logique (relativement). Il s’agit d’avoir l’utopie qu’en étant gentil on sera traité gentiment (même si hélas c’est parfois déçu en pratique – pratique apparente si le dit Réel est un cauchemar). Autre chose : je n’aime pas Nietzsche qui préfère l’agressivité naturelle à la paix se contrôlant. Il n’émet pas une critique objective contre la morale dite chrétienne mais il n’expose qu’un point de vue que je classe en méchant immoral (sans que je sois chrétien). J’ai lu son livre « L’Antéchrist » et sa thèse est que le bien est le triomphe écraseur des plus forts, à la façon de mon grand frère écraseur que je haïssais étant enfant. Ou façon animale plus ou moins (meute de loups ou groupe de gorilles), et à mon avis la morale humaine est le contraire : contrôler cette pulsion bestiale pour un vœu de gentillesse réciproque.
  Vient ensuite un texte d’Aristote définissant l’amitié comme lien entre personnes de grande vertu. Je ne suis pas d’accord, car il s’agissait à l’époque d’esclavagistes, dont je dénie la vertu totalement, par principe (altruiste – même si autrui était une marionnette rêvée, que je l’écrabouille serait moche moralement, et mériterait révolte m’écrabouillant en retour).
  La citation de Saint-Luc sur l’amour des ennemis est entièrement démentie par l’Inquisition moyenâgeuse, par la condamnation papale du communisme athée, puis de la Théologie de la Libération (d’inspiration partiellement marxiste). Gober les mots théoriques démentis par les mots pratiques ne m’intéresse pas beaucoup – leur trahison systématique implique qu’ils n’étaient pas crédibles, il s’agissait de vertus mensongères, d’un affichage non crédible. Oui la contradiction de l’Eglise prend modèle sur la contradiction de Jésus affirmant tout et son contraire, mais je préfère désapprouver cela, ne pas le classer en Très Haute Pensée.
  Un texte de Rousseau dit ensuite « comment nous laissons-nous émouvoir à la pitié, si ce n’est en nous transportant hors de nous et nous identifiant avec l’animal souffrant, en quittant pour ainsi dire notre être pour prendre le sien ? » C’est mal pensé, ou spécifique au moi-vécu, sans réfuter en rien le solipsisme (tout serait moi, sans « autre ») : dans un rêve, on peut ressentir de la pitié, envers un personnage marionnette considéré avec empathie imaginative ou spontanée sans réfléchir. Pareil pour une rêverie ou un dessin animé clairement imaginaire. Ça ne démontre en rien « l’existence d’autrui » (objective).
  Un texte de Kant parachute ensuite « Or je dis : l’homme, et en général tout être raisonnable, EXISTE comme fin en soi, et non pas SEULEMENT COMME MOYEN dont telle ou telle volonté puisse user à son gré. » C’est le niveau zéro-moins de la pensée : Kant affirme cette existence sans aucunement envisager le doute, l’hypothèse du rêve, c’est de valeur lamentable, applaudie par des idiots profonds, adorateurs de célébrités sur commande scolaire/universitaire (faussement prétendue supérieure).
  Enfin, un texte de Lévi-Strauss condamne le rejet des cultures très différentes en « barbares » (antiques) puis « sauvages » modernes. Mais ça n’a aucun rapport avec la scission moi/autrui. Hors sujet total ici.
  Ensuite, un texte de Levinas me parait aberrant : « il y a dans le visage une pauvreté essentielle. La preuve en est qu’on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance. (…) En même temps le visage est ce qui nous interdit de tuer. » L’histoire parlant de se donner des poses est, non une généralité universelle mais une spécificité d’extraverti hyper-sociable, escomptant être classé de telle ou telle façon. Un solitaire ne sortant que pour travailler, pour acheter sa nourriture et payer son loyer, n’est en rien concerné – la preuve prétendue est donc irrecevable. Quant à la question de tuer, je n’y comprends rien et je doute qu’il y ait une pensée contradictoire derrière, plutôt qu’une affirmation n’importe comment. Le meurtrier n’est pas spécialement un aveugle n’ayant pas vu le visage de sa victime (qui peut être un conjoint autrefois aimé – la télé actuellement martèle la fréquence honteuse des « féminicides », par hommes tuant leur conjointe). Et comment s’expliquerait le fait de tuer sans remords les futurs bébés de moins de 12 semaines (en France : loi Veil confortant l’avortement en grande routine, 22% des grossesses en 2017 d’après Internet) et l’interdiction totale de le faire pour les futurs bébés de 16 semaines (à visage pas davantage apparu au monde extérieur) ? Non, c’est du bla-bla, presque insupportable.
  Vient ensuite un mot de Nietzsche rappelant son livre « L’Antéchrist » : « Pour l’espèce il est nécessaire que le mal-venu, le faible, le dégénéré périssent (…) Qu’est ʺla vertuʺ et la ʺcharitéʺ dans le christianisme, si ce n’est (…) cette entrave de la sélection ? Qu’est l’altruisme chrétien, sinon l’égoïsme collectif des faibles (…) ? ». Cela n’a à peu près aucun rapport avec la question « autrui existe-t-il ? », mais c’est un pan de réflexion morale, avec lequel je suis en désaccord absolu. Enfin, tout d’abord, c’est illogique sur un plan d’évolution darwinienne : il n’y a aucun besoin pour fortifier l’espèce que les faibles périssent, il faut et suffit qu’ils n’aient pas de descendance si (et seulement si) leur tare est transmissible. Ensuite, il convient de penser au sourd Beethoven, loin d’être une crevure à euthanasier d’urgence : il s’est avéré un musicien créateur fabuleux ; de même le fait que les Khmers Rouges tuaient les porteurs de lunettes, suspectés pour cela d’être « intellectuels », traduit ce principe usuel de compensation : les humains qui sont déficients d’un côté tendent à compenser en surinvestissant d’autres domaines, au profit éventuel de la collectivité. Les bestiaux parfaits ne sont pas du tout les meilleurs humains, en « intelligence » ou inventivité utile par exemple. Par ailleurs, la définition de l’amour selon moi est qu’un grand « prince charmant » intelligent préfère l’humble petite bergère faible souffreteuse à la grande princesse prétentieuse donc moins féminine en ce sens. Et c’est encore mieux si la petite (mauvaise élève insultée comme débile par les profs dominants, d’origine étrangère insultée comme bougnoule par les xénophobes majoritaires) est naine boiteuse stérile myope bègue quasi muette : si je suis le seul à l’aimer, elle aura tendance à m’aimer en retour, même si je ne suis pas beau, pas sportif, pas danseur. C’est une question de sentiment romantique (en rien chrétien), et sans aucune volonté de faire des enfants à la Darwin, ou de jouir sexuellement façon bestiale. Enfin, ça se rapproche un peu de l’idée chrétienne « le faible vaut mieux que le fort, la victime vaut mieux que le bourreau ».
Chapitre 5 : Autrui dans la vie sociale et politique
  Ce chapitre me semble hors sujet a priori : la moitié environ de la philosophie est constituée par la philosophie politique (l’autre moitié étant : théorie de la connaissance), mais il parait incorrect d’en faire un sous-sujet de la question existentielle (connaissance) au sujet d’autrui : le problème politique implique des groupes à intérêts divergents (négligeant l’individu isolé), ça n’a guère à voir avec la scission du monde humain en moi et autrui.
  A propos d’Aristote : « on trouve d’abord, dans la cellule familiale, la réunion des sexes en vue de la conservation de l’espèce ». C’est totalement hors du sujet « autrui » mais je note mon franc désaccord : l’union de deux personnes à mon avis ne vise nullement à enfanter, sinon il n’y aurait pas d’homosexuels, c’est plutôt un mélange de recherche du plaisir, de conservation de l’être aimé, de prise en charge (± à regret) des enfants éventuellement générés (ou par calcul égoïste « pour que quelqu’un s’occupe de moi quand je serai vieux » – source des meurtres par les parents de bébés filles en Chine à enfant unique obligatoire, la tradition y étant que la fille s’occupera de ses enfants et le garçon de ses parents). Peut-être que quelques individus escomptent éviter l’extinction humaine (sans être informé que la tendance « sans eux » est déjà la surpopulation croissante) mais à mon avis c’est un cas très particulier, rare, pas du tout une généralité universelle.
  « Autrui dès lors peut vite devenir un objet de haine, d’envie, la victime de violences. C’est pourquoi la société devra s’attacher à développer en son sein des vertus telles l’altruisme ou le respect du bien d’autrui. » Effectivement, cela explique la présence de politique dans ce livre : il y a un besoin franc d’opposer quelque chose à l’égoïsme brut, accapareur violent. Mais à mon sens c’est davantage l’objet de la réflexion morale que de la réflexion politique. Ce qui est dit ici est déjà biaisé : il est affirmé qu’il faut respecter la propriété d’autrui, éventuellement jalouse, en n’envisageant pas le partage – ce qui constitue un a priori antimarxiste, possible mais facultatif, partisan et pas objectif.
  « un artifice : l’invention de l’Etat, comme appareil supérieur de contraintes garantissant la sécurité et la paix parmi les hommes ». Même remarque : ça me semble hors-sujet mais je ne suis pas d’accord. En effet, il semble que ce soit un écrit de propagande nationaliste, oubliant que l’Etat se définit comme rejet des étrangers, facteur de guerre, d’insécurité. Et puis de nombreuses tribus amazoniennes ou africaines vivaient en paix sans Etat. Enfin l’Etat antique et moyenâgeux semblait une oppression de la population pour couvrir de richesse les dominants, ça n’a rien de sage ni idyllique.
  « La logique propre de marché exige des vertus spécifiques : confiance, honnêteté, respect de la parole donnée, un peu comme si (…) l’altruisme se développait donc dans le sillage même de la poursuite de l’intérêt particulier. Telle est au moins l’utopie libérale (…) contestations théoriques (…) concurrence (…) affrontement systématique (…) rapport exploitant-exploité. Dès lors le rapport à autrui est systématiquement perverti en tant qu’il devient un rapport de classe. Marx (…) » Ça me semble mal pensé, de A à Z. La logique du marché est le contraire de la confiance et honnêteté : il s’agit très souvent de copier secrètement le concurrent sans lui payer de droit, minimiser les revenus de fournisseurs et producteurs par enchères décroissantes. Et certes, c’est organisé sur un mode hiérarchique dans l’entreprise mais les antagonismes me semblent inter-individuels sans qu’une logique de classes intervienne forcément : le chef de l’entreprise A, normalement, souhaite faire fortune, en partager un petit peu avec ses subalternes l’adorant pour cela, tandis qu’il souhaite la ruine de l’entreprise B, y compris son chef. Principe vertical et pas horizontal. Certes en pratique, il s’avère parfois efficace d’avoir des syndicats de patrons et des syndicats d’employés, mais ça ne me semble nullement un moteur premier. (J’ai aussi entendu dire que les rémunérations colossales des chefs d’entreprise étaient décidées par des conseils d’administration où siègent d’autres grands patrons expérimentés, avant retour d’ascenseur par invitation croisée, mais ça me semble un système pourri particulier, pas une nécessité de principe).
  Puis vient un texte de Cicéron vantant l’altruisme. Ce n’est pas crédible venant d’un esclavagiste, anti-altruiste donc à l’extrême.
  Un texte de Hobbes vient après. « Quand deux désirs portent sur un même objet, seul le combat départage celui qui en jouira. Les occasions de conflit sont donc multiples et créent un état d’insécurité permanente. » C’est peu convaincant : les ventes aux enchères ne sont pas un combat, de même que les embauches aux enchères décroissantes. Côté « ʺobjetʺ de passion amoureuse », c’est même faux : tandis que chez les lions et les loups, la femelle choisit le vainqueur des combats entre mâles prétendants, chez les humains ce n’est pas ainsi et c’est la femelle qui choisit son préféré, qui peut être le plus riche ou le plus beau ou le plus sympathique (à son goût à elle, pas en victoire au combat inter-mâles).
  Un texte de Marx conduit aux mots suivants : « L’histoire d’un individu ne se laisse donc jamais comprendre à partir de lui-même, mais apparait comme le produit de l’histoire de l’ensemble d’une société. » Ce n’est pas convainquant, sauf cas particuliers hyper-investis dans leur travail, les gens sont à la fois eux-mêmes et des pions au sein d’une société, minimiser un côté pour ne considérer que l’autre exclusivement est peu convaincant. Durant deux décennies (de 17 ans à 37 ans), je ne sortais pas et considérais le travail comme purement alimentaire, en voie de me suicider par fidélité triste à un amour personnel sans retour, les conflits sociétaux ne m’intéressaient en rien, ne me concernaient pas. Je démentais donc totalement les affirmations de Marx, fausses sur le plan prétendu universel.
Bilan de ce livre-ci
  La philosophie pose les bonnes questions, mais s’avère totalement inapte à les résoudre, donc se noie dans le bla-bla affirmatif et le hors-sujet, avec fierté, c’est très lamentable. Sans se laisser égarer par les digressions prétendues très savantes, la question demeure entière : « est-ce qu’autrui est une marionnette mue par le moi-qui-rêve peut-être ce monde ? ». Zéro réponse valide, zéro (en x milliers d’années et de pages).
  Le Président Emmanuel Macron, réputé très intelligent et en pratique menteur blablateur outrancier se posant comme supérieur, a été étudiant en Philosophie, jusqu’à la Maitrise, ça parait compréhensible : il s’agit d’une école de rhétorique creuse, focalisée sur le paraître au lieu de réfléchir et oser douter jusqu’au bout.

II/ Livre « 2 » : « Autrui. Textes choisis & présentés » par Milfred Szymkowiak, éditions Flammarion, 1999

Introduction :
  « Nous dépendons les uns des autres pour la réalisation du moindre de nos besoins (…) ce lien étroit qui fait de nous, que nous le voulions ou non, les membres d’un organisme gigantesque dont la survie est conditionnée par l’activité de chacun des membres (…) chacun ne survit que grâce à l’action de tous les autres. » C’est faux. Dans le rêve que je faisais la nuit passée, les aliments que je mangeais, les habits que je portais, l’habitation où je logeais, rien de cela n’était fabriqué par autrui (contrairement à ce que le je-vécu croyait au sein du rêve). Tout intégralement était imaginé par le moi-qui-rêve. Et comme j’ignore si je rêve actuellement, il est totalement abusif, faux, d’affirmer que cela vient assurément d’autrui.
  « Le solipsisme (…) est sans doute davantage un reproche toujours à l’horizon des philosophes (…) qu’une doctrine effectivement soutenue comme telle (…) En effet, l’expérience d’autrui nous est donnée comme une réalité, mais une réalité qui n’est pas immédiatement explicable, une réalité qui, dans son évidence même, résiste à l’intelligibilité. » C’est malhonnête de pseudo-raisonner ainsi : bien sûr que les beaux-parleurs bataillant pour qu’autrui se range à leurs idées sont tous non-solipsistes, mais le solipsisme pourrait être la sagesse, éteignant le discours, comme théoriquement le nirvana bouddhiste (sans dérive/trahison en parlotte mendiante). Par ailleurs, l’expérience d’autrui pourrait être une réalité apparente en fait fictive, comme en rêve, ça n’a aucune raison d’être cru probant.
  « QU’IL Y AIT autrui, que nous rencontrions réellement d’autres êtres pourvus d’une conscience, cela est d’abord évident pour chacun (…) MAIS CE QU’EST autrui pour nous, ou COMMENT il peut y avoir pour moi un autre moi, telle est la question. » Apparemment, celui (ou celle) qui écrit cela n’a jamais rêvé, ignore que l’esprit mien peut inventer ce qui est ici déclaré impossible. Si le mot « d’abord » était vraiment pris au sérieux, j’en reviendrais à mes souvenirs de petite enfance : tout est vrai, même si c’est contradictoire (dragons absents d’ici, renaissance de prétendus morts, culpabilité avérée de prétendus innocents, etc.) mais le discours parental explique que le moi-rêveur a inventé la partie rêve, et ses personnages d’autrui fictif ; effectivement ce n’est pas spontané mais cette lecture est la conséquence de l’explication « rêve » ; le troisième temps est alors la question « est-ce que je rêve actuellement ? » (avec de faux autruis) et aucune évidence ne répond, que la croyance éventuelle chez les crédules dénués d’intelligence critique, comme l’auteur(e) de ce livre. Puisque l’introduction a été écrite après le projet de livre rassemblant des textes, ceux-ci ne seront donc probants en rien pour comprendre la question (pas comprise par l’expert prétendu), j’hésite donc à fermer/jeter ce livre, nullissime, n’ayant rien compris à ce qu’est la question (essentielle, sur le sujet d’autrui).
  « comme nous l’apprend Descartes (…) Comment expliquer que j’aie pourtant quotidiennement l’assurance d’être en contact avec des êtres qui possèdent, comme moi, la faculté de pensée ? ». C’est très mal dit et semble mal pensé. Avant de douter, avant qu’on me raconte parentalement l’erreur du rêve cru, j’avais cette assurance mais le principe des rêves, très compréhensible, indique que c’était une assurance souvent (ou toujours ?) erronée. Je n’ai donc plu’ cette assurance (crédule idiote, 1 an d’âge mental) et ne vois nul moyen de la retrouver. Ici, l’auteure en est restée à la bêtise crédule et n’est donc nullement en position d’écrire sur le sujet – et les textes qu’elle a choisis, rassemblés, ne lui ont rien fait comprendre.
  « Merleau-Ponty (…) qui me conduit à penser, devant tel objet, qu’il est l’œuvre d’un autre homme, non de la nature ou du hasard (…) Fichte (…) Kant (…) » En plus de l’homme, la nature, le hasard, il manque au moins une quatrième voie, qui gouverne le rêve nocturne : l’œuvre du moi-qui-rêve. C’était 100% le sujet, 100% oublié ici, nul…
  « Sartre (…) Baudelaire (…) l’art (…) Descartes (…) le langage (…) la matérialité du signe annonce d’ores et déjà la présence de la pensée. Le langage est ainsi condition nécessaire et suffisante pour que nous puissions être assurés de la présence d’une autre conscience. » Faux. En rêve ou rêverie, les marionnettes humaines emploient le langage du moi qui rêve sans avoir de pensée autonome. Descartes a oublié en cours de route son principe de doute, l’hypothèse du rêve, sortant de l’impasse à tort, en reniant son intelligence, son honnêteté intellectuelle. L’auteure de ce livret n’y a vu que du feu, aveugle nullissime, fausse penseuse, blablateuse adoratrice de célébrités à tête vide.
  « De Kant ou de Descartes (…) Fichte et Hegel (…) langage (…) n’est pas le signe extérieur d’une intériorité, mais bien le MILIEU dans lequel nos deux consciences se reconnaissent de façon immédiate. » Ça semble confirmé : ceux qui écrivent ces bêtises n’ont ni l’expérience du rêve, ni de la rêverie, ignorent la puissance créatrice du moi rêveur, ou rêvasseur, ou créateur imaginatif. Ils passent donc complètement à côté du sujet, auquel ils n’ont rien compris.
  « Scheler (…) réflexion husserlienne (…) Gabriel Marcel (…) Stendhal (…) les sociologues (…) l’ont assez montré (…) le Robinson de Tournier (…) comprend ainsi qu’il est incapable, en l’absence d’autrui, de distinguer par lui-même la différence entre une hallucination et une perception réelle. » C’est mal pensé : le personnage d’autrui dans un rêve peut « confirmer la réalité » de ce qui est en fait une création onirique, hallucinatoire (inventrice oublieuse de l’invention, non ressentie telle).
  « Husserl (…) le corps d’autrui (…) je sais en effet qu’il appartient aussi bien à l’expérience d’autrui qu’à la mienne ». C’est là confondre savoir et croyance, en écartant bêtement l’hypothèse du rêve.
  « Leibniz (...) Smith (…) Deleuze (…) Qu’il y ait autrui pour moi n’est pas un accident (…) mais la coexistence avec des êtres auxquels, du fait de ma finitude, je suis lié intérieurement et essentiellement. » Certes, le moi-ici, comme autrui-ici, pourrait être une création finie du moi-qui-rêve (à finitude inconnue, vue d’ici), mais ça n’évacue en rien l’idée que moi-ici et autrui-ici sommes des illusions. C’est beaucoup de bla-bla pour n’avancer en rien (qu’en camouflage du problème).
  « Comment montrer que l’expérience d’autrui est comprise dans l’essence même de ma propre conscience ? Comment montrer que le support à ce que j’appelle moi-même, loin de devancer ma relation avec d’autres humains, doit nécessairement passer par cette relation ? Une telle démonstration, on le voit, réfuterait le solipsisme (…) Une première solution consiste à redéfinir l’unité de la conscience de soi (…) La solution fichtéenne consiste dans la déduction A PRIORI de la nécessité du rapport avec une autre conscience de soi (…) ce qui représente la réfutation la plus radicale possible du solipsisme (…) ». Non, je ne vois en rien en quoi définir quelque chose d’une certaine façon rend impossible que le contexte soit tel ou tel (si ici est un rêve, le monde du « moi qui rêve » qui est le « vrai monde » parait totalement inconnu, avec un autrui vrai ou non. Fausse solution, blablateuse en s’égarant, s’auto-admirant à tort.
  « Hegel (…) La conscience de soi ne peut s’affirmer comme telle qu’en entrant en relation avec une autre conscience de soi. La nécessité de la rencontre avec un autre sujet résulte donc de la nature même de l’auto-affirmation de la conscience de soi. L’interaction entre les consciences est donc immédiate, c’est une donnée et non un fait à prouver. » C’est faux, intégralement. Le moi-ici qui affirme « j’existe » se trompe sur le « je » en question : en effet le personnage je-ici est fictif si un « je-qui-rêve » est au-dessus, et il semble impossible de le savoir. D’où vient le mot « je » est un autre sujet, potentiellement inconnu si je rêve (et toutes mes conclusions pourraient être fautives, imaginaires). Enfin, un souvenir me semble utile au sujet : mon grand frère taquin a appris à ma petite sœur le concept « moi » de manière cruelle – il prenait tout ce qu’elle voulait, en s’y cramponnant jalousement et criant « non, à moi ! », ce à quoi la petite fille répondait sur le même ton « non, à moi ! », avec imitation intuitive, confortée par approbation du grand frère (sous-entendu « oui, tu as compris ce que veux dire Moi, réflexif soi-même et pas quelqu’un »). Or cette expérience, la petite fille aurait pu la créer en cauchemar nocturne, simple idée de frustration imaginaire. Qu’elle ait été victime d’un autre existant vraiment n’aurait été qu’une hypothèse pour elle, si elle avait été lucide, pensant correctement. Bref, le mot « je » s’oppose à « tu/il/elle », d’accord, mais tout ce que je connais en ce monde pourrait être un rêve erroné, artificiel, et le « moi qui rêve » pourrait être la seule conscience au monde. Qu’on l’appelle Dieu selon un certain vocabulaire, ou solipsisme niant tout autre créateur. Mais comme je ne sais rien de rien du monde amont éventuel (si ici est un rêve), il semble impossible d’en juger, la réflexion dite de Hegel est donc fausse.
  « Une deuxième solution (…) consiste (…) à définir la conscience par son ouverture à l’extériorité (…) conscience DE quelque chose, et non conscience tout court (…) Sartre (…) Mon Je n’est pas plus certain pour la conscience que le Je des autres hommes. » Oui, mais c’est interprété à l’envers : au lieu de dire qu’autrui-ici est aussi douteux que moi-ici (ce qui est le cas dans un rêve), il est affirmé à tort que autrui-ci est aussi certain que je-ici. Cela revient à oublier le doute, mettre à la poubelle l’intelligence critique, nier le souvenir du rêve (tel qu’interprété par les parents, de manière convaincante car effectivement possible). C’est affligeant, nul, au contraire de grandiose preuve.
  « Levinas (…) Seule, en effet, la relation éthique avec autrui, le face-à-face où autrui se révèle comme l’infiniment autre, permet au moi de sortir d’un solipsisme qui caractérise essentiellement l’activité de la conscience et de la raison. » C’est mal pensé, ça mériterait note de zéro sur vingt en copie de philo en Terminale pour débutants sur le sujet : l’hypothèse solipsiste n’est en rien que le moi-ici soit le seul personnage mais que le moi-qui-rêve serait le seul créateur. La raison du moi-ici consiste à comprendre cette éventualité sans être immergé dans la croyance réaliste, à tort si ici est un rêve. Le reste est du bla-bla, se regardant écrire et manipulant des mots savants célèbres, au lieu de réfléchir simplement avec pertinence, lucidité, intelligence critique.
  « Derrida (…) Aristote (…) Heidegger (…) nous n’éprouvons jamais de passions qu’à l’égard des autres hommes (voir Kant (…) sympathie telle qu’elle apparait chez Hume (…) Rousseau (…) Spinoza (…) ». Le mot de Kant est faux : plein d’humains aiment profondément leur chien fidèle, plein d’enfants aiment le personnage dessiné de Mickey Mouse tellement « sympathique » (et illusoire, virtuel, non existant « en vrai » au sens du conte parental différenciant Réel vrai et rêves imaginaires ou constructions fictives)
  « Rilke (…) la philosophie contemporaine. Autrui semble, en effet, y porter un poids autrefois dévolu à Dieu, c’est-à-dire au Tout Autre. » C’est mal pensé : si je rêve, peut-être que le moi-qui-rêve est Dieu, le moi-ici n’en sait rien. Le moi-qui-rêve serait créateur de ce monde-ci, et que lui vive un autre monde, avec peut-être d’autres créateurs pensants, est totalement inconnu, hypothétique – sauf croyance réaliste ou croyance solipsiste, toutes deux possiblement justes, moi-ici n’en sachant rien.
Bilan de ce livre-ci :
  Le probable professeur de philosophie ayant écrit ce livret (agrégée chercheuse en philosophie au CNRS d'après Google) n'a rien compris au sujet, au doute sur la pensée effective d'autrui. Je ne lirai donc pas les textes (cités après l'introduction de 35 pages) puisque qu'ils n'ont en rien fait comprendre le sujet à la rédactrice.

III/ Livre « 3 » : « Autrui. (Philo-notions) » par Bernadette Delamarre, éditions Ellipses, 1996

- L’existence d’autrui
  « Si évident et indubitable que me soit alors l’être d’autrui, c’est la NATURE de cette évidence qui ne cesse de faire problème. En effet, il ne s’agit pas de prouver qu’autrui existe ». faux : ce n’est ni évident ni indubitable, une fois entendue l’explication parentale du rêve : autrui peut être fictif, et n’est-il pas toujours fictif ? il est là le problème amont, essentiel.
  « Il y a deux figures du solipsisme : dans la première, mon être m’apparait comme le seul vrai, le monde étant irréel ou douteux ; dans la seconde, je suis bien certain du monde, mais il me semble alors que tout être autre que le mien propre est chose ou objet, et que je suis le seul de mon espèce. » Le doute conduit au premier, rien ne justifie le second, tant qu’aucun critère ne signe le rêve.
  « la réfutation de l’idéalisme s’effectuerait toujours sous la forme d’une matérialisation du monde au profit de la seule nature matérielle, et donc d’une occultation du monde des hommes. » Faux : l’idéalisme (hypothèse du rêve, universalisée) n’est pas réfuté mais demeure une possibilité face au réalisme.
  « la finitude saisie dans le doute ne se peut concevoir que par une affirmation d’infini ». C’est faux : le fait qu’il y ait doute n’implique en rien qu’il y ait non-doute ailleurs (autre qu'imaginaire). Après un rêve, dit douteux, je me réveille dans un monde lui-même douteux (j’ai l’expérience des rêves imbriqués, et même si mes souvenirs étaient présentement erronés, la possibilité n’en demeurerait pas moins).
  « les phénomènes matériels (rougeur, froncement de sourcils) que je vois sur le visage d’autrui sont autant de réalités ». Faux : il peut s’agir d’un rêve.
  « il en va de même avec le langage (…) je saisis les mots que m’adresse autrui en retour comme la présence vivante d’une pensée qui s’exprime. » C’est faux dans un rêve, ou du moins : ce n’est pas une pensée autre mais un caprice du moi-qui-rêve.
  « Autrui est là, présent, dans ce monde où je suis, et son existence, sa réalité, n’ont aucunement à être conclues, inférées. » Faux : en cas de rêve, c’est une affirmation erronée.
  « il n’est présent que parce que j’ai la capacité de vivre l’extériorité comme la présence réelle de l’intériorité, le corps comme l’être-là de l’esprit, le signe comme l’évidence de sa signification. » Bla-bla, oubliant l’hypothèse du rêve, c’est nul et n’est probant en rien.
Distance et irréductibilité
  « la jalousie se fonde alors paradoxalement sur la réalité de ce qui, chez Descartes, me découvrait autrui comme tel, l’universalité et l’infinité d’un être qui déborde toujours tour ce en quoi je voudrais le saisir et le fixer. » Faux : la jalousie est présente aussi en rêve, cauchemar, elle n’implique aucune réalité obligatoire.
Le rapport à autrui
  « Alors que la prévision des phénomènes matériels repose sur une application de lois (mathématiques) à un être qui m’est hétérogène (la matière), l’anticipation des actions d’autrui implique toujours comme une assimilation d’autrui à moi-même. » Ça semble des affirmations totalement contestables. 1/ Seuls les scientistes fanatiques affirment (sans preuve aucune) que les mathématiques de science physique constituent La Vérité Parfaite ; épistémologiquement au contraire, ces prétendues lois ne sont que des modèles incertains pas encore mis en défaut (compte tenu des marges d’incertitude sur les mesures jusqu’ici) mais pouvant être invalidées dans le futur, ne serait-ce que via un abaissement des incertitudes de mesure. 2/ Le projet des sciences humaines, auquel je ne crois pas, était de prédire les actes ou pensées des humains par des lois aussi fiables qu’en physique. Il s’avère à mon avis que c’est un échec absolu, tout de bla-bla pseudo-explicatif a posteriori sans force prédictive, mais ce n’était pas certain a priori. Et plein de « scientifiques » continuent à être payés par les impôts pour leurs prétentions devenues dominantes (universités de psychologie, de sociologie, etc.).
  « Rousseau (…) chacun (…) ne peut vivre que si l’amour de soi fait d’abord de sa propre vie un but ou une fin. » Je ne suis pas d’accord. En tant qu’ancien suicidaire (ayant songé au suicide presque chaque jour, de 1979 à 2000, je perçois au contraire la vie comme un automatisme regrettable, une habitude semi-endormie, une peur de la douleur (de la mise à mort, sans barbituriques en vente libre), une culpabilité (pas le droit de mettre ma mort sur la conscience de l’aimée abandonnante). Par exemple, si on me demande pourquoi il y a tant de suicides dans la police française, ma réponse diffère des propos usuels : je pense que c’est parce qu’ils ont une arme, ce qui facilite grandement le passage à l’acte, de fuir face à ce monde méchant.
  « il faut qu’autrui puisse aussi être lésé et affecté dans son être sensible, pour que le respect vise un être existant et pas seulement un être pensé ». Ça semble un faux problème : même en rêve, je souhaite être un personnage gentil, pas un personnage salaud, c’est pour ça qu’une morale (et cohabitation pacifique) est possible dans le monde actuel, qu’il s’agisse d’un rêve ou non (ce qui reste totalement indéterminé).
Bilan de ce livre-ci
  C’est très mauvais, prétendant invalider l’hypothèse du rêve par des affirmations contraires parachutées en oubliant ladite hypothèse. Je ne vais donc pas lire les textes de célébrités joints, puisqu’ils n’ont rien fait comprendre à l’auteure (avoir lu ces trucs dans le premier livre suffit à avoir montré que ce n’était pas convaincant). Le fait que le même éditeur ait ressorti 3 ans plus tard un autre livre sur le même sujet semblerait d’ailleurs indiquer que le premier était incorrect, ça laisse espoir pour le second…

IV/ Livre « 4 » : « La question d’autrui. (Philo) » par Philippe Fontaine, éditions Ellipses, 1999

Le paradoxe inaugural de l’expérience d’autrui
  « les choses naturelles sont des autres en général pour ma conscience ; elles constituent déjà pour moi une forme de transcendance, en tant qu’elles sont ʺdehorsʺ, qu’elles existent à l’extérieur de mon être propre, transcendance qui me confronte d’emblée à la figure de l’altérité. » Ça commence très mal, avec des grands mots prétentieux pour une réflexion de 1 an d’âge mental : avant d’avoir entendu parler du rêve (fausses existences et fausses choses inventées par le moi-qui-rêve même si le moi-vécu ne le percevait pas, les ayant crues extérieures indubitables, à tort).
  « le fait même de la présence d’autrui dans le monde s’impose à nous avec la force d’une évidence irrésistible ». Faux : je résiste, arguments à l’appui – arguments pas même envisagés par l’auteur, comme stupidissime mais fièrement « agrégé de philosophie, maître de conférences à l’Université » (ne pas oublier la Majuscule à Université, tant c’est grandiose, prétendu, et nullissime si on ose réfléchir en face, au lieu de réciter/jongler comme requis).
  « Le sujet se découvre plongé dans une révélation originaire avec un monde qui le précède. » C’est faux, selon ce que m’ont dit mes parents (au moins plausible, envisageable) : le monde de mon rêve la nuit passée ne me précédait pas mais était une pure création extemporanée, inventant au fur et à mesure un faux passé ; mais selon eux, une fois réveillé, je suis dans un autre monde qui me précède ; mais ils ne disent pas comment savoir si ce n’est pas un rêve de moi ici aussi, auquel cas l’existence d’un monde qui me précède ne serait en rien avérée (possible mais douteuse).
  « si l’existence d’autrui, nous l’avons vu, constitue un fait d’évidence irrécusable au sein de mon expérience, cette évidence perceptive et pratique prend pourtant la figure d’une énigme au regard de la pensée. » Non, le mot « vu » semble signifier « démontré » alors qu’il vaut « affirmé aveuglément en oubliant/interdisant l’hypothèse du rêve). Et la prétendue « évidence » est une autre affirmation mensongère. Enfin, si la question portait sur le personnage imaginaire d’autrui dans mes rêves, ce serait audible, mais il s’agit de moi déguisé, pas d’autrui proprement dit.
  « le caractère ʺsolipsisteʺ de l’expérience semble irréductible (…) le paradoxe constitutif de l’existence d’autrui tient à ce que, A LA FOIS, le sujet constate le caractère absolument égoïque de son expérience, et, d’autre part, se découvre comme toujours déjà confronté à l’existence d’autrui, dans la vie sociale et politique. Comment comprendre l’articulation de ces deux déterminations apparemment contradictoires ? » Je verrai plus loin comment le texte répondra mais j’ai instantanément la solution : dans un rêve, le moi-qui-rêve crée tout, y compris le personnage fictif d’autrui, il n’y a aucune contradiction. Le problème, colossal, consisterait à démontrer qu’ici n’est pas pareil, dans un rêve de moi (moi-qui-rêve) non perçu par moi-même (moi vécu).
  « Le paradoxe est ici que ce qui fait énigme pour la pensée se trouve spontanément résolu par la pratique quotidienne de l’intersubjectivité, au sein de l’existence sociale et culturelle. Ainsi, toute référence à l’idée de solitude implique ce qu’elle prétend récuser, puisqu’il n’y a de solitude que par rapport à l’ensemble des autres hommes. » Cette démonstration est fausse, du moins elle n’évacue en rien l’ « hypothèse » solipsiste (différente de la prétendue « vérité » solipsiste). Rien de rien n’exclut que l’Univers soit un passage de rêve en rêve du moi qui rêve (créatif en étant capable d’inventer un autre être pensant aussi), et à l’intérieur du rêve présent, il y aurait des faux personnages d’autrui pensant ainsi par lui-même, et capable de rêve créatif aussi. Cela pourrait être vrai si ici n’était pas mon rêve. Il y a donc deux scénarios envisageables, expliquant tout (avec besoin de Dieu ou Bib Bang pour la voie réaliste), et la question honnête serait de les départager, ce qui n’est nullement abordé dans ce livre, prétendu démonstratif totalement à tort. Et si on me dit (je ne sais pas si c’est implicitement l’argument sous-entendu) « d’où viendrait le personnage d’autrui s’il n’existait pas en vrai ? » je dirais que c’est éventuellement une création imaginative, comme les histoires de science-fiction avec extra-terrestres ne prouvent en rien « l’existence indéniable » des extra-terrestres.
  « Les consciences, note Merleau-Ponty, se donnent le ridicule d’un solipsisme à plusieurs ». Erreur totale : il n’y a absurdité qu’en cas de solipsisme erroné et prétendu prouvé, mais ce pourrait être la sagesse de comprendre que, au cas où il y ait plusieurs êtres pensants vraiment, chacun serait dans l’impossibilité logique de savoir s’il rêve ou non, si autrui est pensant ou non. C’est comme ça que j’ai écrit un livre, diffusé à de possibles marionnettes/possibles êtres pensants. Dans mes rêveries, le personnage imaginaire de ma copine comprend qu’elle est comme moi-fictif dans l’impossibilité de savoir si elle/il rêve.
  « cette difficulté théorique à penser les conditions de possibilité de l’existence d’autrui, alors même que cette existence se donne à moi, comme un fait d’évidence irrécusable, au cœur de mon expérience elle-même ». C’est faux : cette expérience est fictive si ici est un rêve, et le moi qui rêve peut être seul pensant au monde, ou non, impossible apparemment de le savoir vu d’ici.
  « Dès lors, c’est à une analyse de la manière dont autrui se donne à moi dans l’expérience que nous sommes conviés, et que nous allons nous consacrer dans les pages qui suivent. » (page 27 sur 107). Erreur de sujet, oubliant que l’expérience onirique est fictive. Je ne lirai donc pas les pages suivantes, n’ayant rien compris au sujet majeur.
Bilan de ce livre-ci
  Comme les autres livres, il s’agit d’un ramassis (certes ordonné) d’affirmations blablateuses érudites en oubliant l’hypothèse du rêve, cassant tout normalement (et continuant à le faire pour un lecteur autre que mouton décérébré).

Conclusion

  Ces livres confirment que la philosophie est en total échec à résoudre la question « existence d’autrui vrai », et bla-blate des montagnes de discours, à côté du sujet, pour faire oublier sa nullité et impressionner les naïfs, voler des salaires et des places chez les éditeurs, c’est totalement lamentable.