Culpabilité aérophile sans écologie ?
(Thèse à jeter à la poubelle à refaire ? Non…)
par tof menyé, 16/09/2022

Contexte personnel (Si j'étais effectivement devenu ingénieur en aéronautique, je serais critiquable, mais...)
   Je viens d’écrire et illustrer, ce mois, un livre intitulé « Guérir mon aérophilie coupable », et j’ai hésité à mettre en sous-titre « vingtreizième thèse mienne sur le sujet » (l’appellation vingt-treize étant l’ancien trente-trois, et sans comptage précis, seulement approximation). En effet, ce n’est pas du tout la première fois que je réfléchis au sujet, je le faisais déjà en 1998 dans le premier livre d’histoire aéronautique que j’ai écrit et illustré (« Fantômes Fourchus »), même si cela m’a été reproché familalement, avant d’être censuré éditorialement (cf. mon site Annexe_out.htm). Depuis des décennies ce malaise couvait en moi, depuis qu’enfant j’avais été abonné (par des amis de ma famille) au magazine « Le Fana de l’Aviation », traitant bien d’avions méconnus, super, mais sur un fond militariste et nationaliste qui me déplaisait. Enfin, je voulais devenir ingénieur en dessin aéronautique côté civil, j’habitais Toulouse, ville d’Airbus-France, ouf. Quoique cette adhésion au modèle industriel soit questionnable. En effet, en classe de Terminale est venue une formation à la philosophie politique faisant émerger en chacun de nous la critique du capitalisme dans lequel l’argent exploite sans vergogne le travail de semi-esclaves sous-payés pour rendement financier maximal. Enfin, cassé sentimentalement, j’avais voulu être mort, puis on m’a dit que le seul moyen de reconquérir l’aimée était de devenir un grand médecin, et j’ai abandonné l’idée de ma professionnalisation aéronautique. Enfin, « la cruelle » a re-cassé cet espoir de vie, et interdit tout nouveau suicide, alors j’ai végété faisant n’importe quoi, devenu technicien biochimiste. Presque vingt ans plus tard, elle m’a re-re-cassé, voulant me faire interner comme malade mental, elle que révulsait la fidélité et qui était devenue échangiste, et je suis presque mort pour de bon cette fois. Mais après deux ans d’hôpital, le cerveau liquéfié par des tonnes de médicaments, je me suis inscrit à une agence matrimoniale et me suis retrouvé marié, sauvé. Je continuais à dessiner des avions (et construire des maquettes d’avions) à titre de loisir anodin, simplement.
   Aux informations télé, j’ai entendu que l’aviation était un grand ennemi pour les écologistes et j’ai écrit un livre mea culpa en ce sens : « Aérophile ? Ouh, la honte ! Bientôt la prison ! (sous accusation écolo, un plaidoyer rêveur pour l’aviation) ». Et cela a comme clos ce chapitre d’écologie anti-aéronautique en moi. Mais, via les sites de maquettistes irréalistes, je restais sous la pression de militaristes nationalistes, là était le malaise restant principal. C’est en ce sens que je m’estimais encore « aérophile donc coupable », sujet du nouveau livre, mais en oubliant la partie écolo. Je vais donc ici en dire un mot, en complément.

Contexte générationnel
   Il est célèbre que la leader écologiste suédoise Greta Thunberg en 2019 a refusé de prendre l’avion pour se rendre à New York au siège principal de l’ONU, préférant prendre le voilier de course d’un de ses multiples sponsors, car « l’avion, à réaction notamment, rejette plein de CO2 dans l’atmosphère, tandis que le bateau à voile : zéro ; l’avion c’est Le Mal, le bateau à voile c’est Le Bien. ».
   Et tout récemment, une polémique est survenue en France, quand des journalistes ont questionné joueurs et entraineur du club de foot professionnel PSG, allés à un match de championnat assez proche en jet privé, balayant la proposition SNCF de leur fournir un train rapide spécial, à empreinte carbone bien moindre – le joueur vedette M’Bappé pouffant de rire et l’entraineur répondant envisager dorénavant des déplacements en char à voile… D’où hurlements de la classe politique toute entière, jusqu’à la première ministre, et obligation de l’entraineur de venir présenter publiquement ses excuses (pour offense coupable au dogme climat ? façon maoïste ou inquisitoriale ?).
   Quoi qu’il en soit, moi qui ai rédigé un livret entier sur mon aérophilie coupable, pourquoi n’y ai-je pas abordé le thème écologiste ? Dois-je à mon tour venir m’en excuser publiquement en battant ma coulpe ?

Mon échappatoire personnel
   Non, je ne ferai pas de mea culpa écologiste pour mon aérophilie, car cette aérophilie mienne est totalement anormale, non-objet des foudres classiques :
– Je n’ai jamais cherché à piloter d’avion, à polluer ainsi, ça ne m’intéresse absolument pas.
– Je ne suis pas un passager enthousiaste raffolant de prendre l’avion plutôt que le train, l’autocar, le vélo (il m’arrivait de prendre l’avion pour aller aux îles Philippines de mon épouse, impossible en train ou autocar ou vélo, immensément long en bateau l’aller-retour étant pluss long que la durée totale des vacances que me laissait l’entreprise où je travaillais). Maintenant avec la sciatalgie aiguë liée à l’un de mes 4 cancers, je ne suis même plu’ transportable du tout, par train ou avion, même si un taxi automobile à courte distance parvient à gérer la douleur.
– Je ne suis pas un consommateur pressé, exigeant des livraisons urgentes du bout du monde ce qui requiert transport aérien, non.
– Je ne dessine en rien des avions très performants, à construire et utiliser en vrai, je préfère les aberrations faisant sourire en se tournant l’index contre la tempe.
   Mon aérophilie est sciemment rêveuse :
– Les avions que je dessine me plaisent au stade dessin, ou éventuellement maquette d’étagère (dite 1/144, voire 1/72, 1/48 étant trop gros). Ils n’ont pas d’autre but.
– L’état d’esprit est de compléter mes collections (façon philatéliste focalisée « collection Europa 1972 ») : j’invente plein de P-38 et P-51 périmés, de F-16 dépassés, je ne suis absolument pas à la pointe du progrès pour vendre ces avions.
– Mes dessins sont soit partagés librement sur Internet en sites html (Internet Web), soit rassemblés en petits livres mais donnés gratuitement sur Internet aussi (à regarder par quiconque intéressé chez lui, ou à imprimer-relier libre de droits), c’est un partage anodin pas une quête vorace de fric pour ma poche, non.
   Bref, ma passion pour les avions sera totalement inchangée si un jour est interdit de vol effectif tout avion, pour crime contre la planète. J’aime des avions virtuels, pas des avions vrais, donc le mal que peuvent faire les avions vrais (en guerre, en exploitation capitaliste ou propagande communiste, en écologie), ce n’est pas mon sujet, je n’en suis pas complice ni approbateur. Sauf amalgame accusateur à tort, mais ce plaidoyer de défense justifie ma position.
   C’est comme si la planète Terre en vient à manquer d’un élément rare, comme le platine (ou le pseudomonassium imaginaire). Les gaspilleurs de platine devraient être pourchassés, persécutés, mais si un auteur de science-fiction rêve de trottinettes toutes en platine, grand public en milliard d’exemplaires, ça n’appelle rien d’autre qu’un haussement d’épaules, pas d’accusation d’immoralité honteuse. Le rêve irréaliste n’est pas coupable (même s’il est techniquement expliqué mais se fracassant en pratique sur des obstacles insurmontables, financiers ou écologistes ou autres).
   Certes, ça peut ne pas suffire, vu le fanatisme en face, sciemment aveugle diabolisateur, mais telle serait la justice, théoriquement (sans rapport hélas avec la justice française, pratiquant l’abus de pouvoir en grande routine – tout comme le tribunal médiatique quoique différemment).