Zéro faute d’orthographe mais… Mille fautes de pensée

Critique à contre-courant (phonéticienne) envers François de Closets

par kristof malkor mênyé, 04-09/01/2010, cmeunier@infonie.fr
(l ortograf de patrisya)

   J’ai lu avec immense intérêt, et (presque) constante révolte, le livre « Zéro faute ! L’orthographe, une passion française » de François DeClosets. En me révoltant COMME l’auteur contre la dictature de l’orthographe MAIS en me révoltant aussi CONTRE l’auteur… Il est magnifique de voir listées des aberrations ridiculisant les prétendus puristes, mais DeClosets s’allie à eux partiellement, peut-être stratégiquement, et c’est aussi choquant de mon point de vue.
   Cela fait en tout cas beaucoup réfléchir.

Mon introduction
   Je vais citer tout ce que je conteste (208 points), mais en ne voulant surtout pas épuiser le contenu du livre, qu’il convient d’acheter et lire en entier pour se faire une opinion personnelle, en plus de goûter le délice des anomalies orthographiques requises à l’école depuis Jules Ferry. La mention (non exhaustive) d’actuelles horreurs anti-logiques/anti-étymologiques justifie à elle seule cette lecture, même si je suis en profond désaccord, argumenté, sur le fond et sur la méthode. Je vais jusqu’à donner les liens pour se procurer cet ouvrage (liste de possibilités par ordre alphabétique) : Alapage, Amazon, Chapitre, Fnac, Gallimard de Montréal.
   Si je vais citer, en relisant, c’est pour ne pas trop déformer (en étant ensuite attaquable par « ce n’est pas ce qui est écrit »), aucunement pour m’attribuer le « mérite d’une œuvre léguée à l’Humanité, moyennant juste rétribution »… Si l’auteur est honnête, il veut débattre, connaître les objections à ses affirmations, non dénaturées.
   Ce que je vais dire ne prétend à rien d’autre qu’à exprimer mon avis sincère de lecteur, un parmi peut-être cent mille. Mes propos ne constituent en rien La Vérité, La Sagesse, La Justice, simplement mon sentiment personnel, étayé selon mes valeurs.
   Je précise que je ne fais nullement autorité, je suis même sous traitement psychiatrique (Solian/Amisulpride, antipsychotique). Je n’ai pas fait Science Po comme DeClosets mais j’ai eu un Bac C mention Très Bien en 1981 (avec 18/20 en Maths, 17/20 en Philosophie, sans avoir vraiment révisé, étant suicidaire et sous traitement psychiatrique déjà). Si ma lucidité s’était éveillée à 5 ans plutôt qu’à 8-15-37 ans, je n’aurais pas été admis au CE1, mais dirigé en Centre de Handicapés Mentaux comme Patricia ma copine imaginaire.
   Je vais essayer de montrer que, indirectement, le sujet de l’orthographe française archaïque concerne plus ou moins la domination judaïque (en tout cas : tel est mon délire à moi), et ce sera à tort traité d’antisémite, donc passible d’interdiction sans discussion. Alors je signale que je suis circoncis et que mon arrière grand-père était juif, même s’il a totalement exclu d’épouser mon arrière grand-mère, non-juive « donc impure ».

LE FRANÇAIS D’HIER ET DE DEMAIN
•  « Tous les peuples ont une langue. »
--> Cette notion de peuples avec leurs langues diverses vient de la tradition tribale antique, prétendue constituer une volonté divine. C’est – dans La Genèse – la légende de la Tour de Babel, Dieu jaloux s’étant senti offensé par une Humanité unie et harmonieuse, devenant presque divinement efficace. Ceci est en tout cas le principe dominant toute la civilisation « monothéiste » (je veux dire : judéo-christiano-islamique, puisque les Incas étaient peut-être monothéistes différemment et les anges hébreux surnaturels évoquent le polythéisme). Je ne suis pas d’accord avec ce cadre de pensée : en 1945, il aurait à mon avis fallu au contraire dire « stop : le racisme juif biblique a entraîné le racisme anti-juif et ses horreurs, le temps est venu d’unifier l’humanité, l’ONU à nations privilégiées va étudier son propre remplacement par un monde uni : en conciliant Bouddha Jésus et Marx, toutes les frontières seront abolies et tous les enfants apprendront l’espéranto (ou autre candidat à ce poste, davantage plaisant, à débattre). Notre génération d’adultes fera l’effort de s’y mettre pour éviter les horreurs futures. D’accord pour laisser tranquilles les tribus autarciques en forêt vierge, mais ceux qui se gavent de pétrole et café importés, qui ont imposé leurs lois outre-mer, doivent partager, cesser d’écraser et rejeter ». La suite du livre montrera que les premiers mots De Closets n’étaient nullement innocents : sa base est de prendre pour fait acquit et incontestable les barrières entre humains se marchant dessus, qui font les haines et injustices entre groupes. Cela correspond à un refus d’effort pratique, et/ou un refus de partager la misère du monde. L’intelligence et la moralité (altruiste) sont ailleurs. J’ai continué quand même, mais c’était clairement très très mal parti. La logique humaniste est d’emblée mise hors sujet, sans argument, et 320 pages plus loin (à la fin du livre), on n’aura pas rattrapé ce très contestable parti pris.
•  En français, il y a deux langues, l’orale et l’écrite. L’enfant doit péniblement apprendre la seconde, sans jamais pouvoir devenir infaillible.
--> Le dire sans jugement de valeur aurait pu constituer un aperçu avant discussion, certes, mais moi j’ai réagi instantanément à cet énoncé, que je vois comme une calamité. J’aurais abordé la question tout à fait inversement, et cela change tout : la pensée verbale, avec l’intégralité des idées et des contes, s’avère énonçable oralement (jusqu’à preuve du contraire). L’intérêt de l’écriture consiste a priori exclusivement à transmettre matériellement cette expression à autrui, ou à soi-même ultérieurement pour redécouverte ou amélioration, c’est très majeur, génial. La générosité altruiste consiste à fournir cet outil merveilleux avec le plus de facilité possible au plus grand nombre possible (sans rebuter ou exclure des génies potentiels). Que des passionnés de cryptographie préfèrent une écriture codée ultra-complexe, truffée de règles et exceptions à apprendre par cœur et réciter (en méprisant ceux qui s’y refusent), c’est possible, mais cela devrait être facultatif, au même titre que la peinture à l’huile oméga sur soie triple-croisée ou la pratique du bobsleigh quadriplace asymétrique.
•  « Une orthographe élitiste à vocation populaire, voilà le grand défi du français »
--> Je conteste totalement le terme d’élite (répété peut-être cinquante fois dans le livre). Des intolérants entendant dominer par leur maîtrise de pièges artificiels ne font qu’exercer la loi du plus fort, aucunement faire preuve d’intelligence supérieure. Pour de prétendus chrétiens (devant préférer la faible victime au fort écraseur), ce n’est même pas cohérent, c’est cautionner l’Antechrist de Nietzsche (certes comme la civilisation étasunienne, prétendant menteusement le contraire). Ne pas l’avoir compris (ou avoué) prouve qu’il s’agit de handicapés mentaux ou menteurs immoraux, aucunement d’une élite. Cela cadre tout à fait avec le spectacle de cette « intelligentsia » se réservant la parole et la publication, en n’ayant pas signalé que l’humanisme de Jésus tombe maintenant sous leur accusation d’antisémitisme, et que les « incompréhensibles terroristes » sont en révolution contre la colonisation raciste de Palestine 1948, approuvée par nos dirigeants (qui ont béni les massacres de civils à Dresde et Hiroshima) en donnant maintenant leurs électeurs à tuer…
•  « Le système a bien fonctionné pendant deux siècles »
--> Pas d’accord : les esprits logiques, rebelles à l’endoctrinement, ont été exclus et chassés vers le travail de peine, laissant les idiots suivistes dominer socialement. Cela a peut-être couronné de succès le but recherché, mais celui-ci est stupide et/ou immoral.
•  Avec les correcteurs informatiques d’orthographe, il sera maintenant possible de faire zéro faute.
--> Cela réserverait la légitimité aux possesseurs de machines, consommant de l’électricité, mais pourquoi donc sachant que tout cela est artificiel et inutile ? Sans dogme sacré interdisant la remise en cause, ce discours ne tient pas debout. Si les Français abolissent enfin leurs frontières xénophobes (ou celles de l’Europe, fondée sur le même principe de ne pas partager avec les pauvres majoritaires sur Terre), ils vivront la misère du monde surpeuplé, et il n’y aura peut-être plus d’électricité/ plastique/ métaux à gaspiller (six milliards d’humains ne peuvent pas consommer comme le demi milliard d’Occidentaux, ce serait l’épuisement immédiat en ressources naturelles). Placer l’opulence consumériste en acquit de droit éternel paraît aveugle et immoral encore une fois. Cette langue française, complexe pour rien, devrait disparaître avec l’aristocratique domination occidentale, il est triste qu’un français simplifié ne soit même pas envisageable localement, ou proposable à l’Humanité unie. Espérons que les Chinois préféreront l’espéranto (enfin : une version inspirée du parler mandarin plutôt que des racines indo-européennes) à leur très difficile système sans relation oral-écrit. Le français électronique à la DeClosets, comme le français manuscrit type Académie Française de l’an 2000, ont en tout cas une attractivité totalement nulle (vis à vis d’un esprit vierge d’endoctrinement autoritaire).
•  « Amoureux du français, je souhaite qu’il ne soit pas seulement un merveilleux monument historique, mais une langue vivante, une langue d’avenir ».
--> L’introduction finit sur ce cri de soumission aux pseudo-valeurs culturelles nous dominant actuellement, je trouve ça partisan, sans une once de caractère plaisant. A priori, l’amour personnel ne se discute pas, mais ne se communique nullement. Malgré 12 ans de gavage en cours de Français, je ne trouve absolument rien de merveilleux à cette langue, l’intégralité des choses vraiment plaisantes étant traduisibles en une autre langue comme l’anglais. Les rimes sont à mon avis un artifice sans intérêt, simplement une source d’inspiration artificielle pour susciter des associations incongrues – même dans certains vers d’Eluard qui m’ont ému aux larmes, à 14 ans, après une décennie à détester la récitation de vers affirmés splendides sans aucun argument ni pouvoir de conviction.
--> Plus grave : un monument historique est en visite libre, alors que cette orthographe est obligatoire sous peine de se voir interdit l’accès à l’écrit, c’est un abus de pouvoir gravissime, à pouvoir de séduction négatif. Par ailleurs, les monuments grecs et latins venaient de sociétés esclavagistes, les monuments médiévaux venaient de sociétés semi-esclavagistes, balayées quand la loi du plus fort a basculé vers les masses injustement méprisées (certes doublées par l’oligarchie bourgeoise), ça ne mérite aucun respect à mes yeux.

I – L’INTERROGATIF PERDU
•  « J’ai toujours tenu pour acquis que le bon français, même truffé d’anglicismes, même massacré par les jeunes générations, sauvegardait son intégrité grâce à la vigilance de ses protecteurs ».
--> DeClosets se pose là en ennemi insultant, pour moi. Je n’ai rien à foutre d’utiliser cette langue ou une autre, l’important ce sont les idées et les argumentaires. S’il ne tolère comme « bon » qu’un intouchable socle figé avec tous ses artifices et aberrations, qu’il le vénère dans son coin sans emmerder les enfants (sans les punir et les insulter comme « mauvais »), en ne faisant que leur proposer à titre d’option cette complexité artificielle – dont il se délecte, au lieu de réfléchir aux questions graves qui se posent à l’Humanité. Et pourquoi le Français plutôt que le Latin, plutôt que le Grec, plutôt que le langage de Cro-Magnon ? Quel est l’argument figeant sur une perfection prétendue ? L’orthographe française est si monstrueuse, rébarbative, qu’il faudra très sérieusement argumenter. Parachutées ainsi, ces insultes sont irrecevables, méritant qu’on crache à la gueule de l’auteur en retour.
•  « Comment ne pas être agressé par les ’’on part quand ? ’’, ’’Il a fait comment ?’’, ’’vous dites quoi ? ’’, ’’Ça coûte combien ? ’’ qui s’imposent désormais à l’écrit comme à l’oral ».
--> Je ne comprends pas : cette forme m’est naturelle, la forme inversée me paraissant pédante, scolaire, dissociée de la langue orale. Si un usage se généralise, au nom de quoi des traditionalistes dominateurs l’interdiraient(-ils) à la majorité des électeurs ? En régime aristocratique, ce serait très compréhensible, et abject. En régime prétendument démocratique, ça révèle la pourriture du système, en fait oligarchique méprisant la vile populace. Moi je suis plutôt gêné par l’écriture « Combien cela coûte-t-il ? », mais je l’admets chez autrui s’il la préfère, lui.
•  « La progression de l’affirmatif-interrogatif est si rapide, l’opposition, si faible, que la nouvelle forme aura bientôt chassé l’ancienne. L’inversion sujet-verbe sera réservée à une élite cultivée »
--> Le drame est là exprimé clairement : les snobs traditionalistes, à pensée vide et creuse, toute superficielle, décrètent qu’ils constituent l’élite détentrice de la vraie Culture estimable. Pourtant, qu’ils aient lu des tonnes de vieux livres ne garantit en rien leur lucidité, leur inventivité, leur honnêteté, leur cohérence. Par la logique pure, j’ai cassé menu Le Discours de la Méthode, fondement de l’esprit cartésien, mais non, chut : il faut vénérer (et insulter ceux qui n’ont pas lu), surtout pas réfléchir, sacrilège ! Par ailleurs, la culture c’est aussi bien un chanteur moderne (je n’aime pas le viril interprète Johny Hallyday mais suis ému par le triste compositeur Mickey Newbury) qu’un auteur de symphonie à l’ancienne, décréter que les traditionalistes ont le monopole de la culture est une nouvelle insulte. Les divertissements d’autrefois, les verbiages d’autrefois, sont très nuls (à mon avis), souvent, mais admirés par ceux qui tirent (à tort) gloire de cette adoration rare.
•  « Elle ajoute l’enlaidissement à l’appauvrissement »
--> Jugement esthétiques subjectifs, de pédant considérant indéniable sa supériorité. Sur ce sujet de l’interrogation semi-affirmative ou non, demandons à un Japonais de nous départager : dans sa langue, tout est affirmatif même le ton, la particule ka signifiant que c’est une question. Sera-t-il subjugué par la « beauté » de la forme inversée, trouvera-t-il plaisant les particules « t » qui s’ajoutent sans rien vouloir dire ? Je n’y crois pas. Ici, « c’est laid » semble signifier « diantre, ce n’est point ce que j’avais fini par trouver beau, après seulement quelques années de rabâchage, punitions et récompenses ». Ne pas le percevoir est très nul.
•  « Les Français n’ont pas le goût de la contrition, et, lorsqu’ils s’y résignent, préfèrent l’affreux ’’Je m’excuse’’ au subtil ’’au temps pour moi’’. »
--> J’ai cherché dans le dictionnaire « contrition », terme rare que je n’ai jamais employé. C’est apparemment synonyme de repentir. Eh bien : si, monsieur, moi j’ai le goût du repentir, mais sur des sujets beaucoup plus graves que les détails d’expression verbale : repentir pour la colonisation, l’esclavage, l’extermination des Amérindiens, les paroles immondes de la Marseillaise xénophobe tueuse, le martyre raciste des Palestiniens 1948, l’expulsion des non-Européens plus travailleurs que nous. Par contre, je n’ai rien à foutre que les pédants préfèrent « je vous prie de m’excuser » à « je présente mes excuses », abrégé en « je m’excuse ». Je serais même d’avis de changer la définition de « excuser », en le rendant seulement pronominal, car « daigner accorder le pardon à quelqu’un » relève des conventions bourgeoises d’un autre siècle (1850-1950 ?). Dire ce qu’on a à dire avec une simplicité interdite, ça paraît un milliard de fois moins grave que les crimes de sang que nos dominants approuvent en notre nom et qui nous font prendre en retour la haine terroriste, persuadée (non sans raison) que nous incarnons le Mal. On n’a rien à foutre de ta langue et tes intrigues de salons en haute-société méprisant la majorité des gens et les étrangers. Tu te trompes de combat, de colère. A mon avis, la langue intellectuelle est faite pour réfléchir, chercher la cohérence et noter les contradictions, pas pour se gargariser de particularismes artificiels.
•  « Je note que cette nouvelle forme ne gêne en rien la compréhension, fonction première de la parole. »
--> Ben alors ? Seuls ceux n’ayant rien à dire se focalisent sur la forme au lieu du fond. C’est un instrument de supériorité, élisant ceux qui sont champions en respect d’un catalogue de normes, au lieu de ceux pointant les incohérences graves quant au contenu, aux actes, aux réflexions. Les réciteurs triomphent et écrasent de mépris ceux qui posent des questions plus graves mais sans respecter les codes vestimentaires. Dans un débat d’idées, faut-il interdire les gens sans cravate et boutons de manchette ? Oh, ces gens définissant le bien vont sans doute à la messe, en chantant à la perfection tous les cantiques (de mémoire, quel talent !), mais ils auraient crucifié Jésus en son temps, s’il avait l’indécence d’employer le langage populaire. Affligeant.
•  « Je ne regrette pas le ’’est-ce que’’ qui pose la question avec la pesanteur d’un président d’assises et je demande pour demander la salière ’’Pourriez-vous me passer le sel ?’’ plutôt que : ’’est-ce que vous pourriez me passer le sel ?’’ »
--> Intéressante remarque, mais que je lis complètement à l’envers. Enfin, plusieurs remarques :
– Le conditionnel de convenance me paraît pédant, je dirais plutôt ’’vous pouvez me passer le sel ? ’’.
– Effectivement, le ’’est-ce que’’ est un apport intéressant pour la compréhension, annonçant dès le début de phrase que ce sera une question, c’est excellent en terme de clarté.
– Effectivement, l’écriture ’’est-ce que’’ est beaucoup trop lourde, renvoyant à une sorte de protocolaire ’’ceci est-il possible (ou vrai) que’’, c’est ronflant, mais l’usage emploie simplement la particule ’’èsk’’ équivalent du ’’ka’’ japonais, et ça n’a rien de lourd, enfin : ça n’aurait rien de lourd sans cette orthographe pourrie. ’’èsk vû pûvé me pasé le sèl ? ’’ demande simplement Patricia.
•  « des horreurs (…) expression dégénérée qui impose un parler lourd, simpliste et sans saveur. »
--> Retourne au latin, dans ta chambre ou tes salons, et ne nous emmerde pas. Oui, il y a des évolutions, et pourquoi ta norme figée il y a 150 ans serait-elle une splendeur intouchable ? Explique au lieu d’insulter. De toute façon, c’est totalement artificiel, ton « élite » occulte tous les débats majeurs qui s’exprimeraient aussi bien en n’importe quelle langue. Se délecter de broutilles spéciales peut être un hobby inoffensif, comme la langue latine, mais ça devrait être optionnel, secondaire.
•  « Lorsque l’on dit ’’C’est quoi ?’’ plutôt que ’’Qu’est-ce que c’est ?’’, on bascule d’une langue sophistiquée et nuancée dans un parler simpliste qui a pour seul souci la communication. (…) Par malheur, ce changement traduit simplement le désir de réduire la langue a sa seule fonction de communication. »
--> Il présente ça comme une insulte ! Incroyable ! Bien sûr que le but très majeur de la langue est la communication, les plaisirs de minuscules nuances ampoulées devraient être facultatifs, réservés aux pédants se gargarisant de ces ’’bons mots’’ convenus dans leur milieu. Les plus poignants poèmes (d’Eluard ou Newbury) ou romans (de Brown, Steinbeck) sont traduisibles en langue ’’vulgaire’’ ou étrangère, les thèses philosophiques logiques : pareil. Quant au concept de langue nuancée, il est égoïste : les Français ont peut-être 20 mots différents pour désigner le pain, un seul pour le riz, alors qu’en Chine c’est le contraire, nous affirmer supérieurs est logiquement nul. Pour des sujets extrêmement importants, la langue française fait l’amalgame, elle est nulle, et les auto-satisfaits se cantonnant aux frivolités sont lamentables.
•  « ’’La Grammaire en s’amusant’’ de Patrick Rambaud. Voilà, pour le coup, un maître de la langue française. Avec un égal bonheur (…) dans la meilleure tradition (…) il joue du français en virtuose »
--> Je suis en total désaccord. Ce livre (à mon avis, bien plus argumenté – sur un site entier) est une merde prétentieuse et insultante, venant d’un traditionaliste dominateur totalement dénué d’esprit autocritique. Si De Closets l’admire et en fait sa référence, ça mériterait presque d’arrêter là ce livre et le jeter aux ordures.
•  « C’est ainsi que l’imparfait du subjonctif est tombé en désuétude. (…) J’eusse préféré que vous vous en allassiez (…) cette manière de s’exprimer ne fait plus partie du français contemporain. (…) Pour ma part, je n’en porte pas le deuil et je ne crois pas que ma langue s’en trouve grandement amputée. »
--> OK, c’est mieux, comme état d’esprit, mais pourquoi insulter d’autres simplifications similaires ? C’est incohérent, ou égoïste (« OK pour enlever ce que je n’aime pas, interdit de toucher à ce que j’aime »).
•  « Piège classique du français, le raisonnement grammatical impose d’utiliser le subjonctif avec ’’avant que’’ et l’indicatif avec ’’après que’’. C’est fort logique, mais un peu compliqué. »
--> Aucunement d’accord. J’ai entendu dire que les Bretons parlaient Français sans employer le subjonctif, en se comprenant parfaitement, et je regrette donc de ne pas avoir été élevé en Bretagne. L’apport de ce mode est très exactement nul en sens. Depuis que je suis marié à une étrangère, je m’efforce de dire « il faut que je vais » (ou même « il faut je vais », aussi clair que le « I must go » anglais) plutôt que le déroutant « il faut que j’aille » que m’a inculqué le rabâchage scolaire, mais pour quel apport en signification ? Zéro, absolu. Zéro en logique si le but est l’intérêt pur, sans l’axiome de devoir décliner un particularisme arbitraire.
– pourquoi parler comme ça ?
– Parce que c’est comme ça !
– pourquoi ?
– Parce que les autorités en ont décidé ainsi !
– et si on votait pas pour elles ?
– Tout le monde est d’accord : ça vient du passé, c’est intouchable !
– pourquoi ?
– On vient de te l’expliquer !
– moi aussi, je pourrais dire « j’abandonne le subjonctif, et j’ai raison puisque j’ai raison »…
– Imbécile ! Tu seras puni !
  Il n’y a pas l’ombre d’un argument. Ajouter des artifices inutiles et les baptiser riches nuances devrait être réservé aux passionnés du cryptage, ça n’a aucune légitimité dans le langage quotidien, ou dans les livres à contenu (idées traduisibles dans toute langue). Là encore, c’est un langage de haute-société méprisant à tort les petites gens, quand bien même ceux-ci seraient plus logiques et plus inventifs qu’eux. Non, le principe occidental est le culte de la tradition. Je n’adhère pas, non. Et la traditionnelle domination sur le reste du monde est totalement imméritée, loi du plus fort militaire, avec la plus totale incohérence pour un pays se prétendant chrétien (en oubliant que Jésus non violent a totalement contredit l’Ancien Testament guerrier). Le passé n’est pas admirable mais traduit un écrasement de la cohérence par une oligarchie interdisant de réfléchir librement, facilement.
•  « le triste sort du passé simple m’afflige (…) il semble voué à une irréversible régression. Il s’utilise encore dans la langue écrite, mais bien des récits se font désormais au présent de narration. »
--> Là, le divorce avec ma pensée est consommé. Personnellement, je suis choqué par chaque passé simple dans un livre. Rares sont les livres francophones intéressants, mais les traducteurs (de livres étrangers) emploient atrocement cette forme n’ayant rien à voir avec ma pensée. Moi j’écris comme je pense et je souhaite lire comme je pense. Les artifices ampoulés me rebutent. Cela me rappelle le cinéaste Godard, abominable à mes yeux, qui commandait à ses acteurs de « mal jouer », de « surjouer », pour que le spectateur n’oublie pas une seconde qu’il est devant une représentation artificielle, un spectacle fier de lui-même. Désolé, je n’irai jamais voir ses films – je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout de la cassette avec son film joué par la jolie Chantal Goya jeune, malgré trois essais. Et je n’aime pas du tout le théâtre. Je préfère infiniment un film américain (ou autre) dont les personnages parlent doucement, souffrent en silence (il n’y a pas à Hollywood que des films où les voitures explosent), là je peux m’identifier, être pris par l’émotion. Les Américains veulent (certes pour faire du fric, pas par générosité) donner ce qui plaît, pas imposer ce que les auteurs auto-satisfaits (notre fameuse Elite) jugent seul estimable. Les vociférants extravertis se donnant en représentation ne m’inspirent que rejet et dégoût. Les livres de l’Américain Fredric Brown, à histoires si poignantes pour l’ado que j’étais, s’avéraient hélas « mal » traduits (selon ma sensibilité) : avec plein de passés simples partout. Du coup, je les ai préférés en Anglais (malgré la difficulté de maîtriser une langue étrangère où beaucoup de mots échappent à l’intuition, mais) sans l’agression de ses répétés « éh, c’est un livre, ne l’oublie pas ! as-tu noté – jeune imbécile – à quel point j’écris bien ? ». Désolé, non. C’est du théâtre grandiloquent, nul à mes yeux, l’émotion est ailleurs. La beauté de découvrir une histoire est ailleurs.
--> Avec un peu de recul, puisque j’écris ça en seconde lecture, il faut émettre une réserve. Si j’ai tenu à lire ce livre DeClosets, ce n’est pas pour recevoir les gifles d’un puriste affreux, le propos du livre est presque inverse, contre les traditionalistes cramponnés sur une orthographe intouchable. C’est pour ça que j’ai continué à lire, sans refermer le livre avec colère, n’allant pas plus loin. Au vu du parcours entier du livre, il faut presque recadrer cette introduction « tactique », ce que ne fait pas l’auteur, plutôt lamentable. Apparemment, il voulait dire dans cette introduction : « moi aussi, je suis tatillon, cramponné à une langue que je veux belle et stable, je vous comprends et vous approuve… mais, je vais y venir, mon approbation est partielle, je ne suis pas d’accord sur l’orthographe. » J’en déduis que c’est un exercice rhétorique, s’alliant à des méchants pour obtenir des concessions. Vu avec recul, c’est nul. L’alliance avec ces puissants est criminelle, idiote, et rend inaudible la suite du livre. Le principe même, de requis creux et artificiel, qui est illustré par cette introduction pourra être utilisé contre toute réforme de l’orthographe actuelle. Erreur stratégique, à mon avis il ne fallait pas dire : « oui, vous avez raison, quoique… », mais « non, (je pense que) vous avez tort, parce que… ». Ce n’est pas bénin, c’est immoral : je rappelle que dans le rejet de l’étranger, dans les lois contre l’immigration illégale, dans le culte sarkozyen ou lepeniste de l’identité nationale (et Ségolène Royale à gauche chantait pareillement La Marseillaise), la non-maîtrise du français est un des points majeurs. Avoir une langue super-compliquée sans aucune raison constitue ainsi une justification commode à la xénophobie, pour un pays se prétendant chrétien en disant discrètement merde à l’humanisme de Jésus-Christ, avec missiles atomiques et privilège ONU à l’appui. C’est très exactement la logique aristocratique. Je ne vais pas faire de procès à De Closets pour son patronyme « noble », on n’est pas responsable de son nom de famille (quoique ce ne soit pas forcément qu’un détail : il dit plus loin avoir fait une scolarité privée, ce que je lis comme « sans que mes parents veuillent me mélanger à la vile populace du public »). Enfin, quelque soit l’éducation subie, seuls les actes adultes comptent, mais – justement – la position prise ici est immonde de fausse supériorité. Oh, je sais que – « la France s’est embourgeoisée » disait Dumont et – ce sera populaire, ici : le principe de la France moderne est que les révolutionnaires se sont appropriés la prétention de supériorité, leur conférant le droit à l’esclavage, la colonisation avec statut inférieur pour les indigènes, etc. Aujourd’hui, le coût du travail est moins cher dans les pays étrangers, pour l’assistance téléphonique par exemple, mais notre langue est si compliquée qu’un étranger n’ayant pas eu les 10 ans d’endoctrinement scolaire nécessaire à sa maîtrise (ou presque) se fait repérer, taxer de « parlant mal », et c’est bon pour que les Français gardent leur emploi privilégié, même s’ils sont moins travailleurs et plus exigeants en rétribution (c’est à dire beaucoup plus mauvais en rapport qualité/prix). La montagne de complexité du Français protège de la concurrence loyale avec les humains plus gentils ou plus convainquants ou plus travailleurs. C’est refuser la rétribution au mérite individuel : le privilège de la nationalité écrase l’autre, le sale étranger. Désolé, je trouve ça immonde, comme approche. Le pape Benoît XVI est complice, mais je pense que Jésus aurait objecté.
--> Sur le plan « moralité de la stratégie d’alliance temporaire aux méchants », je ne suis pas d’accord, par ailleurs. Si le Christianisme a débouché sur des horreurs (dictature, privilège de sang, extermination des infidèles, esclavage), ce n’est nullement lié au message de Jésus-Christ, mais une conséquence de la sacralité maintenue à l’Ancien Testament – que Jésus avait voulu faire dévier sans le casser de front. Non, à ne pas dénoncer les atrocités logiques, elles se retournent contre soi, fatalement. Selon moi, la logique est intelligente, cohérente (quoique nulle en efficacité politique), l’alliance est stupide, immorale indirectement. La guerre à la dictature de l’orthographe ultra-complexe est une application de ce choix.
•  « Dans la série des temps menacés, il faut aussi compter le futur »
-->Si cette langue de merde s’améliore, les archaïsmes menacés ne méritent aucune pitié. Quand on souffre à l’école primaire (CE2 ?) pour apprendre la monstrueuse montagne des conjugaisons, avec toutes les exceptions discordantes du troisième groupe, on peut être émerveillé de découvrir la langue anglaise, où la même information est donnée (presque) sans aucune conjugaison. Au lieu de « tu feras », distinct de « je ferai » et de « tu fais », et de « faire », les anglo-saxons disent en quelque sorte « tu futur faire » (you will do). Tout est dit, en terme de sens. Si des cryptologues veulent inventer des milliers de variantes, à dizaines de milliers d’exceptions, qu’ils s’amusent comme ils veulent, mais pourquoi nous les imposent-ils ? Pourquoi se réservent-ils le monopole de la pensée écrite, et de la télévision célébrant les « personnalités » ? alors qu’ils cachent les questions très majeures qui secoueraient le monde, guériraient le terrorisme (anti « racisme pro juif ») et préviendraient la prochaine guerre avec l’Asie…
--> Pour ce qui est du temps de conjugaison futur, l’amélioration moderne consiste à remplacer « tu feras » par « tu vas faire », c’est un premier petit pas dans la bonne direction. Si ça choque les pédants, tant mieux, leurs ouvrages seront peut-être illisibles dans trois générations, et comme leur contenu est nul (à mon avis), ce ne sera pas une grosse perte. Enfin, comment De Closets peut-il croire « bien » écrire parce qu’il emploie des temps inusités alors qu’il oublie de prendre en compte les objections à ses prétendues vérités ? C’est une pensée creuse mais à emballage doré, c’est très nul. « Bien » parler pour ne rien dire, en passant à côté des questions, c’est le mécanisme qui a conduit à 1789 en France, 1917 en Russie : on méprise les humbles qui ne maîtrisent pas les subtilités conventionnelles du langage ampoulé, affaire de rang et déconnecté de l’utilité, et on oublie d’envisager que c’est immoral et mérite punition – punition qui sera d’autant plus sévère que le mépris aura été intense et prolongé. Peut-être que toute la population française fait maintenant partie de cette aristocratie, méprisant l’étranger, ça nous conduit simplement à la guillotine, méritée. Ne faudrait-il pas réfléchir et ouvrir les yeux ? Réserver le mérite aux idées ? Enfin : je veux dire : pour ce qui fait la pensée principale, en laissant libres des passionnés souhaitant comme loisir personnel adorer telle langue morte ampoulée – qu’ils le fassent dans leur coin, leur association, sans faire de mal à autrui. Au nom du « bien parler », comme du « bien écrire », certains de mes camarades de classe ont été sacqués, se sont vus interdire de faire le métier de leur rêve, ingénieur ou écrivain, dans lequel ils auraient pu être brillants, inventifs. Non, c’est le règne des moutons vénérant la tradition, écrasant les pensées logiques ou novatrices, ou simplificatrices pour limiter l’expression aux idées, qui peuvent être admirables, intellectuellement comme moralement, sans aucun besoin de sésame des traditionalistes conservateurs se prétendant « l’élite ». Elite en récitation, archi-nulle en pertinence. DeClosets le dira d’ailleurs (à moitié) plus loin pour l’orthographe, mais ici pour la grammaire : il choisit l’autre camp.
•  « Ainsi le français abandonne-t-il les subtilités de sa conjugaison, qui font sa richesse »
--> Je ne suis pas d’accord. Le grand drame du Français, peut-être irréparable, est double : ses conjugaisons et ses genres, pour rien. L’information « Tu » étant déjà dans le sujet, à quoi cela sert-il de la dupliquer dans une forme spéciale du verbe ? Est-ce qu’une langue où le Je est subdivisé en Je adulte, Je adolescent, Je enfant (ou Nous masculin, Nous féminin, Nous mixte), avec triplement des différences de conjugaison, serait plus « riche » ? Riche en fautes, en pièges, en condamnation pour non-maîtrise des artifices inutiles, oui, j’appelle cela de la richesse indue, méprisant à tort la pauvreté qui est plus honnête, et va droit aux vraies questions, dérangeant cette « élite » usurpant son titre. De même, à quoi cela sert-il de dire qu’une souris mâle est féminin et un rat femelle est masculin ? Si chaque mot avait 12 zod-genres possibles associés aux signes du zodiaque, serait-ce plus « riche » ? Les Japonais jugent ainsi avoir la langue la plus riche du monde car chaque nom existe en deux variantes : poétique d’une part, utilitaire de l’autre (nous qui ne sommes qu’utilitaires, quelle pauvreté !)… Pourquoi ne pas revenir aux déclinaisons (comme en Latin, Allemand, Russe), changeant les mots selon leur fonction grammaticale ? La réponse me paraît d’une simplicité totale : pas besoin. Les complications inutiles gênent sans embellir objectivement. Que les cryptologues s’amusent comme ils veulent, mais qu’ils aient imposé à tous leurs artifices (et condamnation en cas de non-respect) est une honte. Hélas, quand on a été embrigadé des années, quand la pensée s’est construite avec ces bases, c’est devenu trop automatique pour y changer quelque chose. Quoique… il faudrait peut-être essayer, non pas pour notre confort à nous d’adultes endoctrinés, gênés par toute remise en cause de notre train-train devenu automatisme, mais pour simplifier la vie des futures générations, limitant le mérite aux idées et inventions plaisantes. De Closets est dans le mauvais camp, là, et ça discrédite totalement tout ce qu’il va dire par la suite, puisque les traditionalistes pourront lui rétorquer les mêmes condamnations arbitraires qu’il adresse à ceux qu’il méprise lui-même.
•  « Peu à peu, le français se trouve ainsi usé par l’usage. La parole rabote impitoyablement toutes les subtilités, les complications, les ornements dont notre langue est riche ».
--> Ça enfonce le clou. Oui, il s’agit d’ornement, peu importe que le contenu soit creux ou vide, tout est dans le paraître. Langue de superficialité, de cour (sans percevoir que le mérite est ailleurs, et que le mépris indu entraîne la haine voire la violence). Cette langue mérite de s’éteindre, devenir une langue morte relevant du jeu théâtral à l’usage des snobs méprisant à tort autrui. Tout en prétendant servir Jésus (pour les aristos et bourgeois de droite) ou Marx (pour les Bourgeois Bohème), sans cohérence aucune. L’intelligence et la cohérence valent mieux que la richesse, c’était pourtant la leçon de ses deux grands esprits, certes plus utopistes que clairvoyants.
•  « Il est probable qu’à terme tout le monde finira par écrire comme il parle. Comment ne pas être agressé par »
--> Tu te sens agressé par l’écrit exprimant la pensée sans artifice, moi je suis agressé par tes artifices gênant l’accès à la pensée, ou réservant l’expression écrite admissible à une oligarchie de pensée nulle. Que ton agression soit plus inadmissible que la mienne est une affaire de loi du plus fort. Tu domines, sans raison objective. Au lieu de réfléchir, et de percevoir que tu prendras le même mécanisme dans les dents pour l’intouchabilité des aberrations orthographiques.
•  « Parler ’’populaire’’ d’hier, il se retrouve aujourd’hui dans la bouche des experts, des écrivains, des journalistes, des ministres »
--> Est-ce un scandale si les métiers ayant accès à la parole publique ne sont plus réservés à la caste des traditionalistes mais sont ouverts au peuple ? Un expert en chromatographie gazeuse capillaire devrait-il n’accéder à ce statut que s’il a prouvé son respect de la langue des « beaux » quartiers ? C’est tellement idiot (méprisant à tort) que ça semble une caricature. Mais non, ça semble une sincère offense.
--> Je précise que je ne suis pas communiste. Même si le concept de classe pourrie dirigeante m’apparaît clairement à la lecture de ce chapitre, je ne suis pas partisan du salaire fonctionnaire automatique sans effort ni performance, je n’aime pas le fonctionnariat à la française (avec haut salaire pour le commandement plutôt que pour la pénibilité), je suis pour un strict respect de la propriété privée – mais, pas sur le modèle capitaliste : pas avec transmission à des enfants gâtés. Non, avec remise à zéro des compteurs à chaque génération, sans générer de groupes riches ou privilégiés, remplaçant le mérite personnel par le luxe héréditaire. Je suis individualiste-mondialiste (si ça n’existe pas, je l’ai inventé), trouvant indécentes les frontières armées chassant le travailleur étranger. L’arme de la langue me paraît aussi affreuse. Si, deux générations avant moi, les adultes avaient daigné faire l’effort de se mettre à l’espéranto ultra-simple et mondial, j’aurais eu la chance de développer ainsi ma pensée. Hélas ça n’a pas été le cas, et si une génération doit sacrifier son aisance verbale, ce pourra être la mienne –si le but devenait le mieux-vivre des générations futures, plutôt que la domination de mon sous-groupe méprisant autrui… Voilà le contexte. De Closets (se montrant ici franchouillard aristocrate) a-t-il une logique morale altruiste guidant sa pensée ? Je ne le crois pas, du tout (au vu du livre entier, et c’est particulièrement criant dans ce premier chapitre).
•  Le français est menacé par l’anglais. « Partout dans le monde, notre langue recule face à cet espéranto des Temps modernes. En France même, nous nous laissons gagner par des termes anglais et aimons les adopter. (…) Sombre perspective pour une nation qui communie dans le culte de la plus belle langue du monde. »
--> C’est affligeant de lire ça, c’est dénué de pensée, de sens critique. C’est religieux, au mauvais sens du terme.
– Pourquoi est-ce que notre langue a gagné une grande partie du monde ? Parce qu’elle était plaisante, admirable ? Non, parce que nous maîtrisions l’artillerie lourde, et avions l’indécence d’écraser les faibles au nom de Jésus, qui préférait pourtant au contraire la faible victime au fort écraseur. La victoire sur la langue occitane a ainsi été « grandiose » : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens »… C’était un triomphe du plus fort, aucunement du plus intéressant ou du plus cohérent, c’était une insulte à l’intelligence (et à la liberté de choix).
– L’invention de l’espéranto semble avoir été une très belle approche, humaniste, je ne connais pas le détail, mais son remplacement par l’anglais n’est pas du tout « au mérite ». C’est la puissance militaire et navale britannique qui a écrasé le monde, « mieux » que le Français, l’Espagnol, le Portugais, le Néerlandais… puis il y a eu la puissance atomique américaine, le triomphe financier du capitalisme/gaspillage à l’américaine, broyant les faibles travailleurs et pillant les ressources naturelles (tant pis pour les générations suivantes). Triomphe matériel de l’immoralité.
– Oui, l’Anglais parlé est bien plus plaisant que le Français parlé (pour un Japonais ou Amazonien), puisque il ne compte qu’un nombre faible de conjugaisons simples (do/does, will, would, -ed), seulement quelques verbes et pluriels irréguliers, pas de genre, pas d’accord d’adjectif, mais l’écriture anglaise est une calamité comme le Français, ça n’a je pense rien à voir avec l’Espéranto.
– Un mélange des langues me semble un pas dans la bonne direction (une humanité unie). Seuls les tribalistes, racistes ou apparentés, veulent le triomphe de leur langue restée « pure ». Au lieu de dire ces horreurs, il vaudrait mieux questionner la compatibilité entre parole de Jésus (parabole du Bon Samaritain, ou de Marx qui a sans doute énoncé un principe comparable sans Dieu) et l’atroce chant national « qu’un sang impur abreuve nos sillons », qu’il faut déclamer avec conviction, tout en faisant preuve d’une bonne maîtrise de la langue française, pour avoir droit à postuler durablement à un emploi dans notre zone du monde, pays bouclé ferme.
– Si la Nation française communie dans le culte de la langue française, je suis apatride ou hérétique ou expulsable (ou brûlable, crucifiable). Les expulseurs n’iront pas au Paradis, si Jésus avait raison. Les rites superficiels, avec acharnement, ne les sauveront pas. La religion ne dispense pas de réfléchir, d’être cohérent. Enfin : selon les mots de Jésus puisque, en pratique, il est clair que l’Eglise se disant chrétienne a préféré la logique judaïque du Salut par les rites et le gros salaire versé aux religieux professionnels…
– Le mot de « culte » me gêne, renvoyant à un sens grandiose, protocolaire. Jésus parle, dans n’importe quelle langue, à notre intelligence et notre cœur, l’Eglise dominant la France a fait tout le contraire, bénissant la domination aristocratique, la torture des coupables d’objection, le génocide des Amérindiens, l’esclavage des Noirs… « Culte » appelle au respect, au sens traditionnel (liberté de culte, sacralité des cultes) mais c’est un facteur de discrédit intellectuel et moral, total, selon moi.
– La notion de « plus belle langue du monde », par elle-même, n’est pas totalement stupide, mais ne me fait pas du tout élire le Français. Comme beaucoup de Français, traités de racistes pour cela, je n’aime pas les sons rh de la langue arabe (comme dans Arhmed) qu’on retrouve en Russe (x transcrit kh), Espagnol (j), Ecossais (ch), MAIS je n’aime pas non plus les r roulés (du Russe et Polonais, du Français chanté d’autrefois et tant admiré par les vénérateurs de « la Culture »), je n’aime pas les r frappés (du japonais, t ou tt de l’Américain dans water et butter), je n’aime pas les r français. Les plus jolis parlers du monde, à mon avis, sont les langues sans r, comme le Chinois et le Viet-Namien, me semble-t-il. Si l’Espéranto emploie la lettre r, autrement que pour le discret r britannique, c’est très laid. Patricia, française d’origine polonaise, a refusé de prononcer les r, disant menteusement qu’elle n’y arrivait pas, pour éviter les coups anti-caprices. Elle écrit r mais prononce cela comme le h anglo-saxon. Quand j ‘écris ses paroles hélas, je suis coincé par le Français, langue de merde, qui m’autorise véha pour verra, mais m’interdit presque les écritures ph, sh, th, ch, kh, interprétés autrement sans me permettre d’exprimer ce que j’entends Patricia dire.
•  « Aujourd’hui, nous réussissons à marier le laxisme d’un usage qui dénature la syntaxe et l’intégrisme d’une dictature orthographique qui fait de la graphie un sarcophage pour langue défunte. »
--> C’est le niveau zéro de la pensée et de l’analyse. Au nom de l’amour pour l’inutile pédant qui lui plaît, De Closets voudrait imposer la dictature de la syntaxe qu’il maîtrise, mais là où il a des difficultés (en mémoire photographique – il l’expliquera plus loin) il estime que c’est ridicule et scandaleux. Eh bien non, la dictature est scandaleuse partout. On devrait viser le plus simple nécessaire, alors le partager (certes unifié) serait gage de communication optimale, sans aucun rapport avec une dictature de l’arbitraire.

II – LA LOGOCRATIE FRANÇAISE
•  « Qu’on se le dise, notre langue n’est pas un idiome comme les autres, c’est une merveille du monde ».
--> Non, il ne convient pas de le répéter religieusement, il convient de le prouver. A priori, je le conteste totalement, les merveilles du monde me semblant être la langue des clics bush-men, accessible aux muets et aux singes, et les langues transparentes (à orthographe phonétique) comme le finnois – et peut-être l’Italien et l’Espagnol dont parle ce livre plus loin, encore que j’ai entendu dire que les conjugaisons en Italien étaient atrocement complexes, mieux valant sur ce thème la simplicité de l’Anglais, ou Anglais simplifié imaginaire. Quelles phrases de Français, absolument et indéniablement merveilleuses, sont intraduisibles en étranger ? Effectivement, les jeux de mots, comme ceux de Raymond Devos (« Le train pour Caen, quelle heure ? ») sont intraduisibles et font délicieusement sourire, mais c’est une imperfection qui rend la langue ridicule. Peut-être qu’au Botswana, des salles entières sont écroulées de rire, à pleurer (ou même uriner d’incontinence), quand un humoriste local joue sur l’ambiguïté entre baha = emploi et bahaa = orgasme, et ils en concluent que leur Zoulou est la plus merveilleuse langue du monde, totalement intraduisible. C’est le niveau zéro de la pensée, de l’ouverture d’esprit, du sens critique. C’est le cri de la Marseillaise selon laquelle il faut égorger les bébés étrangers, puisque ils ont forcément le sang « impur », puisque différent du nôtre. Zéro pour cent Morale, cent pour cent Égoïsme, en variante groupiste. Nul.
•  « Les Français lui vouent un véritable culte, un attachement orgueilleux et patriotique. Cette passion »
--> Donc on n’était pas encore au niveau zéro de la pensée, ou bien on passe là en négatif :
– Les Soviétiques soigneusement endoctrinés vouaient à Staline un véritable culte, ça prouve quoi ?
– L’orgueil est vécu comme une fierté dominatrice mais c’est aussi une surestimation de ses qualités (péché d’orgueil), c’est une tare et non un signe d’intelligence critique, lucide.
– Le patriotisme a fait des dizaines de millions de morts innocents au vingtième siècle, c’est un crime moral grave selon moi, mais tu es trop occupé à surveiller ta syntaxe interrogative pour poser les questions qui dérangent… Et il aurait dit quoi, Jésus, de ton expulsion d’étrangers parlant « mal » ? Non, chut, ouh-là-là, il faut vénérer Hugo et Chateaubriand, Ronsard le grand homme, c’est à ça que sert la langue écrite, répondras-tu. Ne t’étonne pas si un kamikaze nous fait exploser – ce ne sera pas un ange, mais il aura eu raison de croire s’attaquer au Mal moral.
•  « la maltraiter tous les jours (…) on ne soutient plus son équipe de foot favorite, on la supporte, etc. (…) mélange d’arrogance et de laisser-aller »
--> C’est sans doute un hasard, cet exemple, mais il est révélateur. Ce qui te choque, chez les supporters, c’est le nom qu’ils se donnent sans te demander ton avis que tu juges supérieur. Par contre, qu’ils jouissent par procuration de l’écrasement du faible, qu’ils veuillent écraser les humains venus d’ailleurs, ça ne te pose pas le moindre problème. Tu ressembles aux pédants de la cour de Louis XVI, très irrités par telle impropriété langagière ne respectant pas leurs beaux usages, et ne voyant pas l’injustice ambiante qui allait aboutir à leur décapitation... Le sport pourrait être un défouloir au tribalisme, à l’esprit de meute, mais il peut aussi l’exciter, et surtout le générer chez les jeunes soumis à la chauvine pression médiatique. Retourne à tes artifices de vocabulaire, la pensée est ailleurs, opprimée par ta caste faussement supérieure.
•  « nous nous approprions notre langue en nous targuant de sa gloire comme d’un droit acquis »
--> Ça illustre, par l’exemple, que le français est une langue pourrie, pas claire du tout. Dans ce « nous », je crois lire « moi auteur et toi lecteur », je réponds que c’est totalement faux en ce qui me concerne, et il rétorquerait « je voulais dire : moi auteur et les patriotes dans mon camp ». Je réponds : ta langue n’est pas glorieuse, mais pourrie, facteur de malentendu, de contresens, d’accusation à tort. Comment on dit « vas chier » dans ton bon français glorieux ?
•  « et nous la parlons d’autant plus que nous la parlons mal »
--> Nous n’avons pas la même définition du mal, et je dénie toute objectivité à la tienne. Sous Staline, « mal acclamer », c’est faire preuve de trop faible enthousiasme à la vue du héros universel. Avant de décréter quel est le bien et quel est le mal, l’honnêteté intellectuelle et morale voudrait que l’on prenne en considération les diverses possibilités offertes ou exprimables, ne serait-ce qu’en théorie même si la loi du plus fort (ou la diabolisation oratoire par amalgame, façon occidentale) restreint le choix pratique. Décréter que le mal est par principe la résistance aux autorités, c’est de la dictature. Est-ce ce que tu veux prouver ? Pourquoi ne pas le dire directement, sans prendre la place du bourreau avec totale absence d’objection ? Si le texte précédent avait condamné les dites autorités, j’aurais compris le sourire, le ridicule absurde, mais dans le développement présenté, il y a jusqu’ici plein et entier soutien à ces oppresseurs. Au lieu d’enfoncer encore le clou, pourquoi ne pas commencer à objecter dans ce nouveau chapitre ? (A mon avis, il aurait même fallu objecter dès le départ, sans s’allier tactiquement aux méchants).
•  Tandis qu’une élite cultivée entretient avec ferveur cet héritage, la majorité de la population n’est guère gênée de le voir dépérir. »
--> C’est odieux. Les gens de la Haute Société, qui se croient seuls détenteurs de la culture estimable, se prétendent l’élite. Sans comprendre qu’à ce jeu injuste, les aristocrates français se sont faits couper la tête, les bourgeois russes se sont fait égorger. Le mépris indu, ça se paye, ou – tout au moins – il est compréhensible qu’il génère la haine, puis la violence, même si je ne prendrai pas les armes, laissant avec dégoût les imbéciles heureux se pavaner en se croyant supérieurs.
•  « le français n’est peut-être pas la plus belle langue du monde »
--> Un peu de sagesse est salutaire, mais pourquoi ne pas avoir commencé par là ? Le concept de plus « belle » langue du monde me paraît idiot, présupposant une objectivité de la beauté en écartant toute sagesse relativiste. Quelle est la plus belle monnaie du monde ? La question parait stupide. La monnaie, la langue, est un moyen, un outil, pas une œuvre en soi. Une monnaie pourrie est un système hyper compliqué où un penny est la moitié de deux pence, douze pence faisant un schilling, moitié du schillyong, et sept schillyong faisant une livre, quatre livres valant une livrotte sauf dans le cas où il s’agit d’un prêt antérieur à la loi du 14 Mars, amendement 9, relatif aux transactions en partance de… » (« l’Elite » maîtrise cela parfaitement, même si la vile populace a des difficultés). Oui, la langue française est une langue pourrie, a priori, il faudra démontrer le contraire. Je signale que j’ai été présenté (comme tête de classe) au Concours Général de Français à 16 ans, ne manquant pas de logique argumentaire, j’ai eu sans doute une note minable, contestant le sens de la question posée au lieu de cirer les bottes des autorités (ce qu’a fait le vainqueur, puant d’autosatisfaction).
•  « Le français ? Un effort de chaque instant. Bien des Français préfèrent s’en dispenser et ajoutent au privilège de le posséder celui de le maltraiter. »
--> C’est un grave manque de rigueur intellectuelle que de dire ça. A ce stade, il n’a nullement été démontré que la langue française est une chance, pas l’ombre du moindre argument face à la concurrence. Quant à l’expression « maltraiter », elle sous-entend que c’est faire acte de violence que de ne pas maîtriser les millions de pièges inutiles imposés par les autorités. Pas d’accord : la violence source est de l’autre côté. Mao aurait pu dire la même chose : les Chinois ont non seulement le privilège d’être élevé dans l’adoration du Petit Livre Rouge, et ils s’accordent qui plus est le privilège d’en maltraiter la récitation. C’est simplement idiot, aveugle, presque fanatique (tyrannique adouci de clémence critique) de dire ça. Il n’y a pas l’ombre d’un argument.
•  « Dans toute société, la langue est un instrument de pouvoir autant qu’un outil de communication, un marqueur social autant qu’un identifiant national. »
--> Je ne vois pas de fatalité à cela. Avec une langue ultra-simple, transparente et régulière, cette dépravation n’a pas lieu d’être (même si la malhonnêteté de la tromperie oratoire reste possible pour les parasites entendant se dispenser du travail de peine : amalgames, etc.). Effectivement, la langue française semble spécialement conçue comme un instrument de mépris social, c’est une très grande faute, à laquelle on pourrait remédier si l’on associe « autorisation de la critique » (sans sacralité déplacée) et innovation (élaboration de diverses versions candidates à enseignement commun). Ne même pas l’envisager est de l’imbécillité ou de la malhonnêteté. Faut-il continuer à lire ? (Je passe sur l’odieux patriotisme xénophobe, anti-humaniste, j’en ai déjà parlé, l’auteur continue à se dispenser de réfléchir).
•  « il suffit d’entendre à la radio un énarque et un jeune de banlieue pour situer chacun dans l’échelle sociale. Aujourd’hui autant qu’hier, tenir son rang, c’est d’abord parler et écrire comme les gens de sa condition. »
--> Présenter cela comme un constat normal me paraît odieux. Cette échelle sociale n’est fondée ni sur l’intelligence ni sur la morale, mais sur le mépris des familles dominantes envers les familles dominées, si ceci s’appuie sur une langue artificiellement complexe, celle-ci est un outil criminel. J’ai entendu des jeunes de banlieue tenir des propos sensés et honnêtes sur la question palestinienne, quand les énarques s’avèrent des manœuvriers menteurs alliés aux puissants dominants (tous israélophiles). J’imagine que le jeune de banlieue aurait pu dire : « Hé, Sarko, tu nous dis tous ’’grands amis d’Israël’’, et super-anti-racistes, éh, pourquoi qu’on soutient l’expulsion des Palestiniens de 48 avant qu’exiger l’expulsion des Ricains pareil ?! Eh : quand les Youpins dominaient Israël avant Mohammed, c’était les Indiens qui dominaient l’Amérique ! Et z’ont été exterminés pareil ! Vas-y réponds, au lieu d’interdire aux Iraniens la bombe que t ‘as toi ! Putain merde quoi ! ». Oh bien sûr, ça ne passerait pas à la télé : puisque « il y a des enfants qui regardent : ’’pourquoi que’’, ’’avant que’’suivi d’un infinitif, mon dieu, quelle horreur ! On montrera plutôt la phrase où il parle de la prière 5 fois par jour, suivie de la réponse astucieuse de Judith, notre journaliste vedette, parodiant son phrasé ridicule : ’’Ah-ouais-ouais, Arrhmed, pieds-nus les fesses en l’air : pile dans la tradition française ! comme disait Victor Hug… (ah non, tu l’as pas lu, c’est vrai). Putain, l’est super-cool, ton islamo-fascisme antisémite ! J’adore, yes ! Ah-ah-ah !’’ »… Préférer les dominants immondes aux dominés honnêtes me paraît abject, et je ne suis pas étonné que cela débouche sur la haine et la violence. Ou comment générer une guerre civile pour rien, pour écraser plus méritoire que soi. L’utopie des prêtres ouvriers semble morte, la bourgeoisie semble fière de son parasitisme écraseur, c’est lamentable. L’intelligence pousserait à l’autocritique et à faire cesser cela, non à trouver cela normal. Avant la révolution de rue. S’il n’y a pas cette dérive violente, c’est tant mieux, mais avec Jésus je dirais que la victime sans haine vaut mille fois plus que l’écraseur injuste, moralement sale et intellectuellement aveugle. Je le vis de l’intérieur, n’étant pas prêtre mais ayant choisi de m’enterrer au bas de l’échelle sociale par esprit suicidaire. Les « supérieurs » dans l’entreprise sont des nuls menteurs, tous ou presque tous. Ils sont diplômés comme brillants en récitation de dogme, jonglage avec les Vérités décrétées indiscutables, sans aucun esprit critique ou inventif. Cette langue française est en partie l’arme du crime social. J’espère que Dieu existe et que les coupables seront châtiés dans l’au-delà, comme les aristocrates et esclavagistes d’autrefois, se disant pareillement « supérieurs ». Cracher sur Hitler et LePen est facile, mais notre quotidien « normal » n’est pas mieux. La situation ressemble à un pays musulman où la récitation du Coran serait le critère de perfection, le talent à répéter les mots exacts (à raison de un sur trois, ou un sur sept) élisant « l’élite » à grands revenus (sans aucun travail de peine, car symbolisant le brio « intellectuel ») et seule habilitée à la parole publique. Affligeant.
•  « S’agit-il de créer un instrument de communication qui unifie la société ? S’agit-il de faire d’un langage littéraire la norme qui entretienne les clivages en dépit de l’alphabétisation ? Le débat n’est pas nouveau, il dure depuis trois siècles. Il oppose les puristes, soucieux de préserver en l’état un savoir qui les distingue, à des progressistes qui voudraient étendre le bien écrire à l’ensemble de la population. »
--> C’est mieux, quoique le choix des noms soit clairement auto-référent : il y a ceux qui disent combattre pour la pureté et ceux qui disent combattre pour le progrès, chacun déniant à l’autre le droit de s’appeler ainsi. Plus grave : je ne suis pas d’accord avec le principe, et c’est le cœur du problème. Décréter que l’inutilement compliqué constitue le bien et s’efforcer de l’imposer (« en faire profiter ») le plus grand nombre, c’est rien moins qu’oublier la question initiale : est-ce bien ou mal d’avoir ces complexités inutiles ? Erreur de débat, manque d’intelligence qui devrait relativiser l’axiome source. Au passage, le terme « langage littéraire » paraît absurde : si les livres de Rabelais avaient une valeur littéraire éventuelle, ça n’avait strictement rien à voir avec les formes archaïques de ses tournures de phrase en vieux français. DeClosets n’est pas audible, presque chaque mot qu’il emploie étant un manifeste récitant des conventions très contestables. Bien sûr, moi aussi j’emploie des mots qui peuvent heurter un lecteur éventuel, mais DeClosets édité entend « appeler la société à réfléchir », ce n’est pas comme moi qui crache mon sentiment personnel en le reconnaissant ultra-minoritaire, pathologique.
•  « les règles grammaticales et orthographiques ont valeur de lois républicaines. Le français est ce qu’il est, aux Français de s’y adapter ! »
--> C’est presque la définition de l’oligarchie à la française, se prétendant démocratique en crachant sur le populisme. Il ne s’agit nullement de respecter chacun, mais quelques « élus » se chargent d’endoctriner le peuple à l’approuver, en choisissant parmi quelques candidats à la domination méprisante. Tout est bétonné depuis que les candidats à élections doivent être approuvés par les élus. Grâce au Sénat élu par les élus, les copains refusés par le peuple sont aussi grassement payés. Et bien sûr est totalement exclu le référendum d’initiative populaire qui obligerait les élus à obéir au peuple, non : si on n’est pas content, il faudra choisir la prochaine fois les copains d’en face, etc. C’est l’alternance, en France comme Grande-Bretagne ou Amérique, certes. C’est tout l’Occident qui est pourri, la France n’étant qu’un exemple parmi d’autres – avec une position aristocratique à l’ONU, un Français comptant davantage que 20 Indiens… Or immoralité écraseuse et incohérence victorieuse engendrent la haine. De Closets n’en dit bien sûr pas un mot, il est dans ce camp là, il n’a qu’un petit problème d’orthographe, du fait d’une déficience personnelle en mémoire photographique.
•  Tous les Français connaissent la règle ’’Montre-moi comment tu écris et je te donnerai ta place dans la société’’.
--> Absolument pas. Les prêtres ouvriers ou moi-même pouvons écrire des livres mille fois plus intelligents et argumentés que les « intellectuels », nous ne serons pas publiés-diffusés. Cette société n’est nullement méritocratique. Des circuits inavouables censurent certains, élisent d’autres. Un auteur de ma région, riche d’expériences arabophiles variées, cherchait en vain un éditeur. Il a été édité le jour où il a écrit un texte sur les pauvres victimes juives des Français en 1943. Chut, soupçonner que ce n’est pas une coïncidence est classé antisémite… Aucun rapport avec la qualité d’écriture, aucun. Le manuscrit du premier livre que j’ai écrit, cassant la pensée cartésienne et la psychiatrie, n’a reçu aucune réponse des éditeurs français, seul un éditeur monégasque ayant répondu, pour dire que c’était terriblement logique, effrayant, que ça ne pouvait s’insérer dans aucune de leurs collections. Il ne s’agit pas de penser et contester, il s’agit de vénérer l’ordre en place. Un philosophe, dans cette Elite, est exclusivement un individu sachant citer plein d’auteurs (publiés) antiques et classiques…
•  « Hélas ! ce système (…) à une seule discipline : l’orthographe. (…) On condamne sur la forme avant d’évaluer le fond. (…) l’orthographe (…) est la seule de nos institutions qui ne soit jamais contestée, jamais ridiculisée. »
--> D’où sors ce « jamais » ? Du débat public, censuré si on sort du moule ? Oui, c’est le principe d’une dictature, il n’y a pas de contestataire audible puisqu’on les fait taire – prison ou crachats.
•  « les ’’gens de lettre’’, dont l’avis paraît inattaquable tandis que celui des érudits est tenu pour négligeable. »
--> C’est une querelle entre candidats à la domination, aussi nuls les uns que les autres (au vu de la suite du livre). J’ai repris la définition du dictionnaire, disant que les érudits sont ceux ayant une grande connaissance dans un domaine du savoir. La prétention au savoir me hérisse, dans ce domaine comme les autres. Il s’agit généralement de généralisations outrancières de la part de prétendus experts dominants. C’est très nul, quand une approche élémentaire résout le problème de l’orthographe française, avec un avis accessible aussi valablement pour chaque utilisateur, devant simplement faire l’effort de viser le bien des apprenants et non la préservation tranquille de ses automatismes fruits de l’endoctrinement. Quant aux « gens de lettres », ceux qui sont traductibles avec des idées ou histoires intéressantes sont excessivement rares, surtout en France où il faut pisser dans le sens du vent pour être édité. Il s’agit de pistonnés le plus souvent. Que ces gens de lettres soient cramponnés à l’orthographe n’est pas étonnant : leur seul mérite est souvent de vénérer la tradition et maîtriser les tournures désuètes, leur enlever ces artifices les ramènerait au rang de quelconques qui est le leur. J’écris les livres que je souhaite lire, ne trouvant absolument pas l’équivalent dans ce qui est publié. Et ce que j’écris n’a rien de meilleur objectivement, tout est subjectif. Que des journalistes ou leurs commanditaires décident d’idolâtrer quelques-uns de ces auteurs ne les rend en rien objectivement inattaquables, il s’agit d’une distribution de rôles dans les arcanes du pouvoir, en disant crotte au public et à l’intelligence individuelle.
•  « La question de l’autorité en matière d’orthographe oppose deux professionnalismes. »
--> Poser la question en terme d’autorité n’est pas honnête : pourquoi une prétendue autorité parachuterait-elle le Bien ? Si le débat était honnête, les idées seraient présentables au public, qui pourrait trancher par vote démocratique, définissant la règle commune retenue. Certes, je ne suis pas vraiment démocrate, je crains que les endoctrinés imposeront majoritairement leurs dogmes sans réfléchir au bien pour autrui, mais notre société oligarchique est mensongère quand elle prétend tirer sa légitimité morale du principe démocratique, et fait la guerre en ce nom (contre les dictateurs ayant du pétrole, contre les communistes menaçant de partage, contre ceux qui menacent le triomphe du racisme sioniste). Par ailleurs, je déteste les professionnalismes ici mentionnés. Avec le plus grand mépris pour les gens effectuant un travail pénible, ces personnes manœuvrent pour avoir de grands revenus sans mérite individuel. Des milliers d’auteurs amateurs sont disposés à donner gratuitement à lire ce qu’ils écrivent – c’était étouffé mais c’est maintenant révélé par Internet – comme dans le domaine de la musique. Que la promotion et le star-system mettent certains seulement sur le devant de la scène n’a rien à voir avec leur légitimité. Ce livre en est une preuve supplémentaire, s’il en était besoin. Le travail pénible mérite rétribution, l’invention évitant le travail pénible : de même ; mais que certains soient riches à professionnaliser leur hobby, en cassant malhonnêtement la concurrence et en dressant les enfants à les adorer, c’est affligeant.
•  « Le français (…) est accessible à nos interrogations à travers la parole de chercheurs tout disposés à partager leur savoir. »
--> C’est simplement oublier qu’une pensée élémentaire peut inventer mieux que ces professionnels décortiquant les origines et conséquences des particularismes. DeClosets nous invite à nous soumettre à telle autorité, je dénie totalement cette autorité. Au vu des pages qui vont suivre, elle est nulle, comme je l’envisageais en lisant cet appel (sans argument) à la soumission. Il veut une « réforme » de l’orthographe française, aménageant le cours historique. Ce n’est pas mon avis, je voudrais une « révolution » de l’orthographe, nous gênant un peu mais accueillant mieux les futurs enfants et les étrangers : on m’a imposé l’apprentissage néfaste de l’orthographe actuelle, à la place de l’espéranto, je suis d’avis de tout mettre à plat, remettre à zéro et inventer un français régulier et transparent, apprenable à l’âge de 4 ans sans plus jamais faire de faute, ou en cinq-quinze minutes pour une adulte, « français à l’ancienne » ou étranger. Ce n’est même pas envisagé par cet auteur lamentable, à pouvoir de conviction très exactement nul. Il ne semble même pas imaginer qu’une solution simple et gratuite soit disponible. La logique n’appartient pas à son univers, entièrement fondé sur les hiérarchies sociales et convenances en milieu se disant supérieur (à tort).
•  « L’orthographe n’est pas cet immuable chef-d’œuvre donné aux Français comme les Tables de la Loi au peuple hébreu. »
--> Voilà, c’est clair, voilà ce qu’il faut dire pour être publié en France : se prosterner devant le judaïsme. Personnellement, je considère ces Tables comme criminelles, constituant un faux d’après les valeurs que Jésus prête à Dieu (les Marsionistes ayant été persécutés pour avoir noté ce point logique interdit). La parabole du Bon Samaritain explique, elle, que peu importe la religion et les rites, au contraire total de ces tables, ce sont les actes envers autrui qui sont récompensés. Plus grave : « je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent. » signifie une condamnation de type hitlérien des bébés innocents, c’est purement et simplement criminel, insultant Dieu (s’Il existe). L’altruisme actif et désintéressé de polythéistes (ou athées) est condamné alors que la guerre de religion écrasant les infidèles ne l’est pas. Presque tous les malheurs du monde sont dus à l’horreur de ces commandements décrétant la culpabilité héréditaire (d’où esclavage, racisme, xénophobie, génocide amérindien, intolérance religieuse, etc. tout le contraire de l’humanisme respectant l’individu). Au lieu de consacrer un quart de ces tables à l’obligation riltuelle de repos hebdomadaire, en condamnant les chasseurs-cueilleurs amazoniens pour qui cette notion n’a pas de sens, il aurait fallu interdire l’esclavage, le viol (de célibataires ou enfants ou étrangères), et détailler ce que voulait dire l’interdiction d’assassinat. Pourquoi l’assassin Dieu (Déluge, Gomorrhe, mise à mort par vieillesse des humains dits au départ éternels) interdit de faire ce qu’il fait lui-même ? (interdit-Il, pour parler comme l'exige De Closets, menaçant de faire taire la question) Et il aurait fallu ajouter « tu ne tueras aucun humain, infidèle comme fidèle », évitant les monstruosités à venir : croisades sanglantes et Der Yassin l’Oradour israélien. Il aurait fallu dire si l’avortement (autrefois artisanal) était ou non un assassinat et comment gérer l’ordre a priori infini « multipliez » sur une planète finie ? Quant à l’interdiction de convoiter la femme du voisin, elle implique que Dieu ne parle qu’aux hommes, les femmes étant quantités négligeables (et protégées du viol exclusivement par le mariage religieux, selon la bonne religion bien sûr), c’est odieux, ça explique l’atroce marche du Monde qui a été gouverné par ces Tables, nullement admirables, imposées par la force militaire aux peuples innocents (ou mauvais d’une autre façon). De Closets n’ayant apparemment pas d’esprit critique (sauf là où il est personnellement dérangé), il ne lui vient pas à l’esprit d’avoir une lecture innocente et critique d’un texte décrété sacré. Il démontre là qu’il n’est pas l’analyste adéquat pour discourir de la sacralité indue de l’orthographe française. Le dogme occidental et français est certes la liberté religieuse, mais la religion nazie est interdite (« ariens germanophones : race élue du Dieu universel »), rien ne paraît indiscutable, sauf loi du plus fort – s’allier à celle-ci retire la pertinence à un auteur prétendant bousculer le dogme.

III – DICTATURE DE L’ORTHOGRAPHE
•  « J’étais pourtant un fidèle du culte, un fidèle qui se prosternait devant les Règles orthographiques, doublé d’un pécheur qui battait sa coulpe. (…) Un jeune délinquant orthographique ne pouvait certainement pas prétendre à »
--> Pas d’accord avec l’auteur : ce culte obligatoire est une honte, et pour en juger ainsi, nul besoin que les historiens-chercheurs détaillent l’aberration des retouches et des choix orthographiques, c’est sur le principe qu’est le problème. Toutes ces règles sont inutiles, artificielles, contestables en utilité et en logique, en efficacité et en cohérence. Que cette dictature soit facteur d’exclusion sociale est une atrocité, une pure injustice. Quand bien même toutes les bizarreries se seraient expliquées par l’étymologie (ce qui n’est pas le cas, la suite va l’illustrer). A dresser les enfants à l’obéissance militaire, on crée des imbéciles, et les meilleurs à ce jeu ne sont ni les logiciens ni les inventeurs, ni ceux qui respectent la richesse de chacun, qui respectent autrui tout simplement. Moi, j’ai honte d’avoir été le meilleur de l’école en orthographe, position exactement contraire de DeClosets. Je ne méritais pas l’aura que me conféraient les instituteurs, et si j’avais eu à cet âge-là le recul que j’ai aujourd’hui, j’aurais refusé l’apprentissage dès le CP en démontrant sa stupidité à l’instituteur.
•  « Rien de tel avec les mathématiques : chacun peut reconnaître sans nulle gêne en avoir souffert tout au long de sa scolarité. »
--> Nouvel exemple de pourriture de la langue française, cette phrase peut avoir deux sens contradictoires, et l’un de ces sens est faux, mais l’auteur peut répondre qu’il sous-entendait l’autre. Au lieu de martyriser des générations avec une orthographe inutilement compliquée, les responsables de la langue, donneurs de leçons, auraient mieux fait de rendre cette langue claire. 1er sens : « comme chacun (= tous) peut reconnaître respirer de manière souvent automatique, chacun peut reconnaître avoir souffert des mathématiques tout au long de sa scolarité », c’est faux, j’en suis le contre-exemple et je n’étais pas le seul ; 2e sens : « comme chacun (= quelques uns, n’importe qui) peut reconnaître sa foi religieuse éventuelle, chacun peut éventuellement reconnaître avoir souffert des mathématiques tout au long de sa scolarité. » OK. Mais cette langue ambiguë n’est pas claire, ce qui est un défaut grave pour un instrument de communication (ou d’évocation poétique ou autre).
•  « Je n’oublie jamais (…) si mon texte n’est pas relu, il peut lui arriver de comporter d’impardonnables pataquès. »
--> Ce qui me paraît impardonnable, c’est ce dogme abrutissant, non les enfreintes à ce dogme.
•  « un incapable, un inculte ou un arriéré mental »
--> Ces expressions sont aussi criminelles que quand elles s’adressent en Chine à un mauvais réciteur du livre maoïste ou en Arabie à un mauvais réciteur du Coran. La capacité logique me paraît mille fois plus valorisante intellectuellement que la récitation servile. Le mot “inculte” est un autre scandale, venant de pédants parachutant que la culture populaire ne vaut pas le titre de culture.
•  « je suis arrivé à un âge avancé de ma vie sans remettre en cause cette évidence orthographique qui s’imposait comme un ordre nécessaire, logique, immuable et légitime auquel je devais une stricte observance. Je ne doutais pas que l’on perdait la face pour un accent de travers, j’étais un bon Fançais. »
--> Non, tu étais un “bon soldat” décérébré (“oui-chef, chef !”), victime de stupides ou criminels. En ce qui me concerne, j’ai au CM1, à l’âge de 8 ans, tenu tête à l’instituteur qui affirmait logique l’écriture de “accueillir”: je tolérais le acc différentiant du ac privatif (on s’en fout mais pourquoi pas), je comprenais le cu pour éviter le son s (je n’imaginais effectivement pas encore contester cette lettre c idiote, oubliant le k clair) mais j’affirmais que le “ei” devrait se lire “è” comme dans “peine” et pas “eu” qui aurait justifié l’écriture “accueuillir”, j’étais solide et je n’ai pas lâché prise, refusant de me soumettre à l’illogisme imposé au nom de l’autorité. Je n’avais aucun mépris ou sentiment de supériorité sur ceux qui faisaient vingt fautes par dictée là où j’en faisais zéro (en appliquant les stupidités que je savais requises). J’ai été sincèrement peiné quand, en fin de 5e, deux de mes camarades ont été exclus de la scolarité à 12-13 ans (vers la “vie active” d’apprentissage jusqu’à 16 ans) pour orthographe insuffisante – je ne voyais pas le rapport avec le mérite individuel, et envisageais qu’ils puissent devenir ingénieurs comme moi par exemple. Je sais que mon approche misérabiliste, jésuesque athée, était en totale contradiction avec les valeurs de mon milieu, fondées sur l’ambition de dépasser autrui par tous les moyens, pour faire fonctionner au maximum l’ascenseur social. La catastrophe ultérieure couvait (j’allais tomber amoureux de la dernière de la classe à 15 ans, et mourir du rejet subi). Ceux qui tiraient fierté, “supériorité”, de leur performance orthographique me semblaient les méchants, ceux qui souffraient de leur performance mal notée (et faisaient un complexe d’infériorité) me semblaient les victimes d’un système foncièrement injuste. Je ne parlerais pas de système “élitiste”, car les meilleurs à ce jeu artificiel ne sont en rien les meilleurs en intelligence et en cohérence morale. En rien. De Closets, avec sa réformette de l’orthographe n’a aucunement basculé dans le camp des gentils respectueux, il reste un fanatique intolérant, écraseur, en ce qui concerne la grammaire, tout en méprisant les débats d’idées, fussent-ils gravissimes, tueurs, comme la légitimité ou illégitimité moderne des Tables de la Loi.
•  « Je ne revendique pas (…) la liberté de l’orthographe (…) Le n’importe comment scriptural en style SMS amélioré me fait horreur ; les fautes, et les miennes en particulier, me semblent détestables. »
--> Moi non plus, je ne souhaite pas le n’importe comment : pour être lu, il faut une convention commune, pour savoir déchiffrer de manière univoque les lettres. C’est le drame de l’écriture SMS, des milliers de conventions diverses rendant illisible un message reçu. Mais tant que l’écriture est foncièrement illogique, ce qui me semble détestable est le dogme, non ce que celui-ci condamne comme faute d’irrespect. Le respect, ça se mérite.
•  « Je partirai des trois postulats qui fondent la graphocratie française : » 1/ « le postulat d’essence : l’orthographe traduit l’essence même de la langue. Elle n’est pas l’habillage, autant dire l’accessoire, mais la nature profonde. On ne saurait donc y toucher sans altérer l’esprit du français. »
--> Ce qui sera dit plus loin, que l’orthographe a évolué n’importe comment avant d’être figée par décret, constitue une critique mais pas la seule. Sans me prosterner devant les historiens, que De Closets classe en scientifiques, pourquoi ne pas se placer en position d’enfant ou étranger ? On nous impose cette langue, au départ à l’oral. En quoi est-elle dépourvue de nature tant qu’elle n’est pas écrite ? Un génial handicapé sans main et aveugle est-il inapte à employer la langue française ? Le seul point clé sur le sujet, et qui n’est pas traité dans ce livre, est l’anomalie des liaisons, lettres muettes devenant sonores dans certains cas. La plupart des liaisons relèvent du pédantisme, comme dans « les beautés-exceptionnelles », ou le phrasé snob de Mittérand (malhonnête président si fier de lui, qui n’a jamais réduit le service militaire comme il l’avait promis pour avoir les voix de mes camarades de classe juste majeurs, qui se prétendait champion d’esprit démocrate mais a aboli la peine de mort contre l’avis populaire, en continuant à interdire le référendum d’initiative populaire cassant sa dictature temporaire). Reste le cas de vas-y, allez-y, je vous-aime, qui pourrait avoir une forme archaïque avec un -z- le temps de quelques générations. Bref, il est difficile de gérer les particularismes stupides qui ont été tellement entendus qu’ils ont été intégrés, mais cela n’a rien à voir avec l’emploi possible et utile de cette langue. Les amoureux de particularismes, qui se dispensent d’employer cette langue pour réfléchir aux problèmes énormes qui font la violence, vivent dans une bulle. Cela relève de la passion optionnelle, personnelle, comme le pain au four à bois de chêne centenaire ventilé par soufflet triple-corps, sans justifier d’interdire par la force les machines à pain bon marché pour tous – du moins s’il s’agit d’éviter la famine et la mort qui rode, libre aux aristocrates dans leur nuage aveugle de préférer le goût spécial de leur truc très cher à l’ancienne.
•  2/ « le postulat de cohérence : l’orthographe forme un ensemble logique »
--> C’est idiot, j’avais déjà démontré que c’est faux à l’âge de 8 ans, avec l’affaire « accueillir ». En étant écrasé par de très fiers imbéciles, n’ayant pas l’honnêteté de comprendre ce que logique veut dire. J’ai découvert depuis la langue anglaise, où les monstruosités vont parfois en sens inverse avec la même prétention logique : on dit « enveloPPe de maRiage » en Français et « enveloPe of maRRiage” en Anglais, punissant comme faute (de logique ???) quiconque utilise la convention de l’autre langue, non : toutes deux sont très clairement arbitraires, stupides. L’orthographe que j’ai inventée est, elle, transparente, logique, et c’est si simple la vraie logique qu’elle est compréhensible et intégrable à 4 ans sans plus jamais faire de faute. Les échafaudages de complexité artificielle sont injustifiables autrement que par la loi du plus fort, imposant des milliers d’axiomes inutiles, pour ne pas déranger les « lettrés » dictateurs du moment. Le livre donnera quelques exemples d’aberration croustillante plus loin, mais sans comprendre que sa réformette souhaitée ne résout pas le problème qu’apporterait la révolution d’une langue effectivement logique. De Closets ne veut clairement pas d’une langue ultra-simple le mettant à égalité avec un enfant de 5 ans, non il veut que les gens de son milieu, scientifiques et diplômés de Science-Po continuent à dominer, à écraser, à mépriser, quitte à attirer la haine d’individus violents. Ce n’est pas logique ni moral.
•  3/ « le postulat de perfection (…) relative (…) se présente comme une œuvre achevée que tout changement ultérieur ne pourrait qu’altérer (…) parfaite harmonie »
--> La suite du livre ne le dira pas non plus : cela dirige tout droit vers le statut de langue morte, comme le vieux Français de Rabelais ou de Clovis. Que des passionnés fondent une association de culte à cet instantané compliqué et pour eux délicieux, pas de problème, mais cela ne devrait avoir aucun rapport avec la fourniture d’un outil optimal pour aider à la consolidation de l’intelligence enfantine, à l’intégration des étrangers, etc.
•  « Ces trois postulats imposent un conservatisme absolu »
--> Il s’agit d’imposer par la force, aucunement par la démonstration. C’est intellectuellement nul et immoral.
•  « orthographe comme indépassable chef d’œuvre, une Joconde artistique (Qui donc songerait à prendre le pinceau pour retoucher le portrait de Léonard) »
--> Il est clair que c’est là aussi, comme depuis les postulats, une caricature avec laquelle DeClosets n’est pas d’accord, mais il n’emploiera pas les bons arguments pour la démolir. L’orthographe n’est pas objectivement belle car elle n’est pas plaisante avant endoctrinement par la force. La Joconde n’est pas objectivement belle car elle est mille fois moins jolie qu’une photo de telle actrice au joli minois (Spacek, Kensit, Carré, nombreuses actrices philippines, etc.) – seuls des passéistes vénérant leur maîtrise des racontars historiques peuvent se prosterner, en disant que c’est le premier sourire peint de l’Histoire (d’Occident, en disant merde au reste du monde). S’ils adorent La Joconde, libre à eux, qu’ils la mettent au Musée, avec entrée libre, mais quel rapport avec l’interdiction de dessiner quoi que soit d’autre que La Joconde, de l’Ecole Maternelle à la vie professionnelle ? C’est simplement idiot. Pas besoin de scientifiques de renom pour le percevoir. Je conteste ce souhait de dresser l’Histoire de la dictature pour en infléchir légèrement les modalités, là où un examen honnête ficherait tout par terre, pour essayer de reconstruire au mieux. Non, il s’agit de stratégie, il faut perpétuer les supériorités sociales en place, quasi héréditaires, il faut que des puissants continuent à dominer des petites gens méprisées, en effaçant simplement les plus grossières aberrations, brimant certains des leurs. Je ne suis pas d’accord, enfin… d’accord pour pointer les aberrations, ce sera croustillant, mais le but visé et les moyens employés me paraissent contestables. Le premier de la classe pourrait donner raison au lucide dernier de la classe ayant refusé l’endoctrinement, au lieu de continuer à mépriser plus logique que lui. Je l’ai imaginé en roman, mais c’est très possible en vrai (si « le vrai », « le Réel » est une notion non artificielle, mais ce n’est pas du tout le sujet ici).
•  « Tout écart est perçu comme une offense à notre langue, toute modification, comme une agression »
--> Cela rejoint le principe de malhonnêteté oratoire. La dictature machiavélique prétend souvent à la liberté. Il n’y a certes pas liberté de tuer son prochain, donc la liberté (partielle) va toujours avec l’interdiction de violence, et la dictature naît en disant que toute rébellion est un acte de violence blessant. L’athéisme aurait pu être interdit en disant que cela torturait Dieu, tuait une seconde fois Jésus, blessait ses fidèles. Le protestantisme aurait pu être interdit en clamant que c’était une agression contre le pape et le clergé. Le bouddhisme indien est interdit dans la « France Libre » de l’an 2000 car le scepticisme blesse la communauté des supporters d’Israël, ayant vu bénir la Nakba en réparation de la Shoah. L’anti-stalinisme était interdit en URSS car blessant profondément les innocents admirateurs du héros universel. Bien sûr, chaque fois, on dit que c’est une intolérable insulte aux morts tombés pour la cause en question. Si l’objection intelligente est assimilée à un acte de violence, toutes les dictatures deviennent permises, ce qui tient lieu (à mes yeux) d’auto-réfutation. DeClosets n’a pas assez de sens logique pour le percevoir, il va invoquer l’aura scientifique pour se donner raison. C’est idiot, et la démarche scientifique serait invalidée par la logique sans les amalgames diabolisateurs usuels (c’est ce qui effrayait tant l’éditeur monégasque et ne méritait même pas réponse des éditeurs français : la pensée, en général, ce n’est pas du tout fait pour réfléchir mais pour dominer…). La science n’est qu’une dictature comme les autres. L’intelligence est ailleurs, la morale (altruiste) aussi.
•  « La sténographie seule est parfaitement phonétique, c’est pourquoi elle constitue une notation et pas une langue »
--> C’est très intéressant mais pas clair du tout. Une écriture qui serait la notation de la langue orale me paraît absolument parfaite, qu’y a-t-il à lui reprocher ? Là est le cœur du débat. C’est comme quand on dit que tel mouvement est une secte, pas une religion digne de ce nom, en oubliant que les religions d’aujourd’hui sont les sectes d’hier. Une étiquette n’est pas un argument. Je suis intéressé de savoir que la sténo est phonétique, et (après avoir lu cela) je suis allé voir sur Internet de quoi il s’agit. A priori, je crois que le gros défaut est de ne pas utiliser les lettres standard, apprises au CP et seules présentes sur les claviers. Second point après une visite Internet de quelques minutes : la sténo (celle de Prévost-Delaunay que j’ai trouvée) semble ignorer les voyelles, ce qui rend pas univoque la lecture (comme en Arabe : Mohamed = Mahomed = Mihmud), et multiplie les homographes. Enfin, elle semble ignorer (comme le latin ancien ?) les espaces entre les mots, multipliant les confusions (« leçon » et « le son », différents en phonétique avec espaces, deviennent confondus en sténo). Mais, effectivement, la sténo pourrait être candidate au statut de nouveau français amélioré, au même titre que la « phonétique en lettres standard » que j’ai inventé (ortograf de patrisya). Il faut reprendre le débat à zéro, si on s’affranchit de la sacralité. Ça, pas question pour DeClosets. Sans l’ombre d’un argument. Son texte est du bla-bla stupide, ne percevant pas les alternatives entre lesquelles choisir, qui appelleraient simplement à peser les avantages et inconvénients de chacune.
•  « adopter une écriture qui soit ignore la prononciation, soit ne sert qu’à la représenter, ce serait assurément remettre en cause notre langue chérie »
--> Ce n’est pas une boutade ridiculisant la position dogmatique mais la réfutation DeClosets de l’écriture phonétique ! Comme « douter du génie de Josef Staline, ce serait remettre en question notre guide chéri ». Ce n’est pas un argument honnête mais un appel à la soumission à l’arbitraire, en profitant du suivisme des endoctrinés. Je ne chéris nullement la langue française, qui m’a été inculquée au nom de l’autorité, avec bâton et carotte. Le « notre », encore une fois, n’est pas crédiblement « moi auteur et toi lecteur », mais « moi et les puissants que j’approuve ». Nul. DeClosets ne voit-il pas que ce faux argument va se retourner contre lui ? « Enlever le second p à enveloppe, c’est violer notre écriture chérie de ce mot », etc. C’est idiot, ce n’est plus de l’analyse ou du débat, ce n’est pas une recherche d’optimal, c’est un parti pris dans la lutte pour changer de dictateur imposant ses desiderata. C’est nul, logiquement et moralement, encore une fois.
•  « L’orthographe a une fonction grammaticale. (…) il ne s’agit pas de l’accessoire mais de l’essentiel ».
--> Faux. Quelle idée, quel récit, n’est pas énonçable à l’oral sans incompréhension ? Et si c’est incompris à l’oral, c’est que la langue est mal construite, appelant une correction utile, clarifiante. S’il faut passer par l’écrit pour départager les double-sens, je préfère une autre langue, claire. De Closets oublie-t-il de penser ? Qu’est-ce que m’ont appris cinq ans de torture grammaticale à l’école ? Rien en terme de logique, d’idée, seulement l’application de règles inutiles (l’accord du complément d’objet direct placé à tel endroit), et la compréhension des principes utiles pour apprendre des langues encore plus compliquées sans raison aucune (déclinaisons latines et russes). Moi, je serais parti strictement en sens inverse, du langage petit nègre : en quoi « moi proposer futur échanger cent patate vert à toi contre deux cheval à moi » manque-t-il de clarté ? Tout ce qui ne sert à rien et se voit imposé par la tradition mérite la poubelle. Je me suis trouvé logiquement sans voix quand cette évidence a gagné le monde de l’entreprise au début des années 1990 : pour réduire les coûts au minimum (version utopiste : pour vendre au plus bas prix, version capitaliste : pour maximiser la marge bénéficiaire), il fallait se limiter au strict nécessaire prouvé utile. C’était imparable. Les traditionalistes imposant les imbécilités qu’ils ont réussi à inculquer aux gens, ne se posant plus de questions, méritent d’être déboulonnés, pour demander simplement : qu’est-ce qui est utile, à la compréhension ? Nos « intellectuels », jouissant du plaisir des mots en passant totalement à côté des problèmes du monde, ne sont pas crédibles. C’est le triomphe militaire de l’idiotie suiviste, jouissant luxueusement de titiller des broutilles, au lieu de réfléchir et aller droit aux problèmes très majeurs. Lamentable. Jésus pourrait casser notre nationalisme, notre militarisme, notre snobisme, notre ritualisme, notre consumérisme jaloux, notre sionisme expulseur, dans n’importe quelle langue claire, fut-elle le méprisé Boshiman ou le Français petit nègre. Je pense que si Jésus est Dieu humain et qu’il est né Juif, ce n’est pas parce que la tribu Juive était supérieure, mais parce que c’était la plus raciste du monde, justifiant de mettre là ce qui serait la remise en cause du dogme tribal ; je suis peut-être Jésus2 (ou Jésus999, les autres ayant été éliminés plus discrètement que le premier), né en France pour énoncer le problème philosophique (intellectuel et moral) dans la pire des langues, de l’intérieur. (Oui, on peut ajouter la mégalomanie à la schizophrénie et la paranoïa, sur mon compte). En tout cas, de mon point de vue, adorer les artifices qui concourent à l’injustice, pour ne pas réfléchir avec l’outil ultra complexe développé, c’est un scandale, intellectuel et moral encore une fois. Le contenu du livre de DeClosets vaut un zéro pointé, même si c’est 20/20 en orthographe. CQFD. Certes, cette si nulle langue française pourrait s’éteindre en paix, et les vraies questions pourraient être posées dans un autre système moins cadenassé par des usurpateurs, mais le drame est que l’on écrase des générations entières d’individus nés innocents, dressés militairement à l’obéissance et au rejet de l’étranger, au lieu de les éveiller à l’intelligence, à la cohérence (même si celle-ci serait douloureuse pour les Occidentaux, comme elle l’aurait été pour les aristocrates 1788, les bourgeois 1916). C’est un drame, pas perçu par DeClosets, nul, mais édité, bien sûr, car ne dérangeant pas trop le pouvoir en place, dirigeant seulement une bouffée de défoulement des gens hostiles à notre orthographe : « Vous avez hurlé, ça va mieux ? Allez, rentrez dans le rang ».
•  « notre socle orthographique : il est incontestable et incontesté. Une telle révolution n’est ni souhaitable ni possible. »
--> Pas d’accord. Notre socle orthographique et grammairien est contestable, et je le conteste (maladroitement, sans solution de remplacement parfaite près à l’emploi, mais c’est de cette reconstruction qu’il faudrait débattre, avec ouverture). Cette révolution est souhaitable, sur le plan de l’honnêteté intellectuelle et morale (version altruiste). L’obstacle majeur est la fainéantise d’adultes refusant l’effort de réapprendre en vingt minutes ce qu’ils ont mis quinze ans à mal apprendre, en tirant une conception injuste du Bien et du Mal (DeClosets note je ne sais plus où qu’on dit « faute » d’orthographe et pas « erreur »). La résistance est égoïste, torturant les enfants (« puisque je suis passé par là sans en mourir, il peut le faire, ça m’aide à faire respecter l’autorité parentale ») et rejetant les étrangers (menaçant mon privilège matériel de naissance). Cette situation horrible n’est pas désespérée : passer du Franc à l’Euro a été possible, plaçant temporairement toute la population en situation inconfortable d’étranger peinant à trouver ses bases. Au lieu d’enterrer la question, en s’alliant partiellement aux puristes idiots, il fallait oser. C’est raté, sans argument.
•  « Faut-il reconnaître cette même valeur constitutionnelle à l‘entassement de singularités, de bizarreries, d’anomalies qui constitue l’ordinaire de notre orthographe ? (…) l’exception des hiboux, choux, »
--> Erreur de méthode, absence de logique. Comme tu as refusé sans argument l’orthographe phonétique et la grammaire minimum, toutes tes simplifications seront refusées sans argument, au nom de la sacralité, de la beauté prétendue, etc. Logique intellectuelle et morale altruiste se rejoignent : « si je ne traite pas autrui comme je voudrais être traité, il est vraisemblable que je ne serai pas traité comme je le voudrais ». Zéro pointé, là encore.
•  Exemples d’exceptions bizarres et incohérences, pages 61-62. « Ecrire sans faute, c’est se mettre en tête les milliers de cas particuliers qui ne découlent d’aucune règle grammaticale. »
--> OK. Mais je casserais pareillement les aberrantes écritures an-on-in-ou-eu-ch-qu, etc, antiphonétiques, antilogiques et truffées d’exception. Oui, il faudrait tout casser, logiquement. Une règle grammaticale très générale peut aussi être un arbitraire stupide : on apprend que le g de ge-gi-gy (pas go-ga-gu) se prononce comme j, OK, mais pourquoi ne pas employer j dans ces cas, simplifiant l’écriture des artificiels et antiphonétiques gue-gui ? Idem pour la lettre c qui se lit soit s soit k, et qu’on pourrait remplacer par ces lettres, par s qui se lit ss ou z, par x qui se lit ks ou gz, etc. Une règle peut être générale et inutile, complexifiant de manière idiote. Les exceptions sont certes (logiquement) scandaleuses mais les règles le sont souvent aussi. En logique axiomatique, des axiomes idiots sont suivables, et par ailleurs contestables.
•  « La langue écrite ne se défend que dans l’immobilisme. Toute concession peut lui être fatale »
--> Une analogie pourrait être citée avec la dictature soviétique : Gorbachev a voulu faire évoluer, assouplissant la dictature, et le système, rendu instable, s’est écroulé. Ça ne prouve en rien que la dictature soviétique était (intellectuellement et moralement) justifiée – inversement, le capitalisme qui a triomphé est une horreur d’exploitation des faibles travailleurs par les riches oisifs, c’est immonde, mais la guerre froide ne s’est jamais basée sur les idées, seulement sur un rapport de forces, de mensonges. C’est le B-A-BA du machiavélisme, si je me souviens bien : mentir pour écraser et rester au pouvoir. Hélas, ça marche. Un vrai « intellectuel » démonterait le mécanisme en ôtant la légitimité de principe, sans faire pareil pour sa chapelle. Il n’y a pas (à ma connaissance) d’intellectuel (publié) en Occident, j’ai été classé « dangereux », impubliable, sauf pour des frivolités aéronautiques, avions en papier – partiellement censurées quand j’osais un commentaire philosophique (certes pas au nom de l’autorité, mais « il ne faut pas choquer, il faut plaire, il faut satisfaire le client acheteur normal »).
•  « Puristes et réformateurs peuvent se renvoyer les arguments pendant des heures (…) ennuyeuse (…) et qui n’a pas grand sens (…) La réponse appartient à l’histoire »
--> Pas d’accord, du tout. Quand bien même les puristes auraient raison sur l’origine étymologique de chaque aberration apparente (la suite du livre démontrera bien que c’est faux), il devrait être permis de contester la soumission à la tradition. Au nom de la tradition, de l’Histoire, on aurait pu faire perdurer l’aristocratie, le droit de cuissage, l’esclavage, c’est très idiot et très immoral. Pourquoi ne pas réfléchir honnêtement en remettant tout à zéro ? (si ce n’est par fainéantise et facilité égoïste, genre refus de l’Euro). On pourrait écrire fotografi, le dictionnaire précisant aux passionnés : venant du vieux français photographie. Et notre génération aurait le choix entre les deux écritures, et les jeunes enfants et étrangers apprendraient fotografi, journalistes et imprimeurs écriraient fotografi pour aider à l’évolution. Décréter que le choix entre photographie et fotografi appartient aux Historiens, qui entre experts décréteront si certaines époques ou certains « grands auteurs » ont employé le sacrilège fotografi, c’est un parti-pris sans argument, de soumission à l’autorité, en disant merde à la logique. Sans l’ombre d’un argument (autre que la sacralité). Pas d’accord.
•  « les graphies ont varié au cours des siècles (…) la diffusion massive d’éditions modernes, a contribué à répandre cette idée dogmatique et stérilisante d’une orthographe éternelle et par conséquent immuable ».
--> Il est intéressant de savoir que c’est un malentendu (pour les naïfs) et un mensonge (pour les historiens) mais je répète qu’une débilité n’a aucunement lieu de rester éternelle, son historicité n’y change rien (sauf à sacraliser illogiquement).
•  « et ne pouvons accepter que l’on remette en cause une orthographe qui a produit de tels chefs d’œuvre ».
--> D’accord, c’est une phrase que De Closets conteste, puisque l’orthographe a varié, mais j’irais dix fois plus loin : ce qui s’appelle chef d’œuvre est inculqué comme tel avec autorité, avec un pouvoir de persuasion nul. La seule fois de ma vie où j’ai été exclu de la classe, c’est quand j’ai répondu à la prof de français que « Les fourberies de Scapin », c’était « le genre Tartes-à-la-crème-coup-de-pied-au-cul »… Sacrilège ! Après 15 ans de lavage de cerveau, avec carotte et bâton, notre jugement est-il objectif ? Par contre, je dirais que cette langue pourrie a produit des horreurs, comme ces voisines occidentales, manquant de clarté sur des points excessivement graves. Confondre sous le mot juif trois concepts (juif d’origine, juif prosélyte, juif raciste) a produit la Shoah, six millions de morts paraît-il, dont des bébés n’ayant absolument rien fait de répréhensible. Confondre sous le mot moi deux concepts (moi qui rêve peut-être, personnage moi) empêche de comprendre la sagesse du scepticisme égocentrique, envisagé en Inde (et interdit en France, sous diktat israélophile). Les vrais chefs d’œuvre de la pensée humaine ne sont pas français, en partie à cause de la langue (enfin, avec mégalomanie, je pourrais dire que c’est moi qui ai écrit les 10 principaux livres de l’Humanité de tous les temps – non publiés bien sûr pour cause de veto éditorial – mais c’est avec difficulté dans cette langue pourrie, pas claire – hum, je rigole, à moitié).
•  pages 64-65, exemples croustillants d’évolutions méconnues avant immobilisation sacrée. « Orthographe et prononciation ne sont jamais que l’habillage des mots (…) L’orthographe qui est en débat n’est assurément pas la langue, elle n’en est que l’expression graphique »
--> D’accord, mais je prendrais le recul d’un cran supplémentaire : la langue n’est qu’un habillage conventionnel de la pensée. Je n’admire en rien le Français, je regrette que Bouddha, Jésus et Marx n’aient pas parlé la même langue, même si c’est le très simple Finnois ou le Boshiman ne requérant pas de cordes vocales. L’espéranto, ou un concurrent, pourraient suffire comme habillage de la pensée, des idées, des histoires, des expressions de sentiments, malheureusement nos ancêtres sont restés cramponnés à une tradition locale, très contestable. Si on ose contester ce dogme et cette facilité égoïste, je crois qu’on devrait se mettre à la langue mondiale – et le candidat français n’a aucune chance avec ses genres et conjugaisons inutiles, facteurs d’erreurs sans répondre à un besoin de sens.
•  pages 66-74 : casse du postulat de cohérence, avec multiples exemples anti-étymologiques et anti-raisonneur.
--> J’ajouterais un point quant aux règles d’accord. L’exemple de l’anglais, très clair sans accord d’adjectif et article, m’avait déjà amené à contester la spécificité française de l’accord en genre (même s’il est clair qu’il ne serait pas facile de basculer vers « le beau garçon et le beau fille », comme « the beautiful boy and the beautiful girl »), mais je suis davantage gêné quand il s’agit des pluriels : aucun problème pour moi avec « les chevals » plutôt que « les chevaux », mais les français devraient-ils prononcer les pluriels comme les anglais sans plus basculer cette clarification orale sur les articles (éventuels) ? Qu’est-ce qui est le mieux, pour la pensée enfantine en construction ? Ce serait à débattre. J’espère que les créateurs de l’espéranto ont été convainquants. Je crains que non, j’ai entendu dire qu’il généraient les nouveaux mots en cherchant la racine commune des langues latines, germaines, slaves, arabes (en oubliant les africaines, chinoises, amérindiennes…), au lieu de partir d’une table rase : il est déroutant pour l’enfant que le vocable « laso » ait un sens sans rapport avec « la » et avec « so » – il conviendrait je crois de générer un langage de base avec toutes la combinatoire des syllabes associées à des sens (pas besoin d’inventer le mot « académique » si le son « ca » était libre), puis de voir comment gérer le besoin supplémentaire de significations, les associations de syllabes (genre « laso ») étant envisageables mais l’espace inter-mot (différenciant « la so »), spécifiquement écrit n’est pas forcément la solution (un claquement de langue à la Boshiman pouvant être préféré par exemple : « la/so »), etc. En tout cas, à la place de De Closets, je contesterais les s finaux muets, puisqu’ils sont absents à l’oral : s’il y a besoin de marquer le pluriel des noms ailleurs que sur les articles, il faudrait les prononcer. C’est aussi « haut » que cela, qu’il faut faire remonter la logique, si le dogme de langue écrite différente de l’oral est contesté.
•  « Cette incohérence n’est plus à démontrer (…) Cela prouve tout simplement que l’écriture du français n’est pas logique, mais historique »
--> Il y a une ambiguïté dans le terme « logique » : si l’on pose cinquante mille axiomes, peut-être que l’orthographe française est logiquement valide, le seul problème est que ça ne respecte pas la règle scientifique et pédagogique de la plus grande simplicité possible aboutissant au résultat voulu. C’est une usine à gaz inutile, mais tant qu’on n’énonce pas de loi générale il n’y a pas contradiction, seulement un appel démesuré à la mémoire, inutilement puisque l'on pouvait faire autrement. Toutefois, appliquer cette logique de contestation détruit la langue française usuelle : pas besoin des accords d’adjectifs et articles, pas besoin des conjugaisons, etc. pour nous conduire au petit nègre effectivement optimal (avec bien sûr adaptation à toutes les ambiguïtés recensées). Il est clair que ce serait refusé, à tort en ce qui concerne la réponse au besoin d’encadrer la pensée de la manière la plus simple possible. Si on perturbe la formulation verbale de la pensée, la gêne des adultes formés peut s’avérer insupportable. Finalement, la résistance au changement d’orthographe est du même ordre. La solution de compromis serait à mon avis d’autoriser ancienne et nouvelle orthographe, les jeunes apprenant la logique simple et les vieux étant autorisés à écrire « illogiquement » (enfin : avec leurs axiomes inutiles).
•  « Cette incohérence ne paraît pas choquante aux Français. Une langue maternelle s’impose avec la force de l’évidence, la légitimité de l’existence. Il peut sembler curieux que les voyelles e, a, u, servent à écrire un mot dont la prononciation se résume à une autre voyelle, le o, qui n’y figure pas. »
--> Si, je suis choqué. Et si seulement, au lieu de m’éveiller à 8 ans, j’avais eu le sens logique à 5 ans, j’aurais refusé de écrire « eau », je l’aurais écrit « o », ou « ô » puisque je n’étais pas à Toulouse. J’aurais été saqué et classé inapte à la scolarité, injustement. Peut-être que des camarades parfaitement logiques (« dans ’’eau ’’ on n’entend ni ’’e ’’ ni ’’a ’’ ni ’’u ’’, dans ’’an ’’ on n’entend ni ’’a ’’ ni ’’n ’’, d’accord avec ’’b-a-ba’’, mais là, non, stop, scandale) ont été brisé injustement pendant que je me concentrais sur la course aux bonnes notes. Avec le recul, j’aurais dû contester l’apprentissage dès le CP, et mieux : les enseignants auraient dû m’apporter un autre enseignement, sans piège inutile, quitte à déranger les endoctrinés de l’ancien système, en leur imposant l’effort de réapprendre cette simplicité enfantine. C’est cela l’ortograf de patrisya, mais DeClosets s’en va sans avoir tiré les leçons de cette anecdote. Je ne suis pas d’accord. Le constructeur d’usine à gaz n’a pas moralement le droit de casser l’esprit logique allant au plus simple, si la seule justification est la fainéantise d’apprendre le système ultra-simple après un enseignement monstrueusement compliqué pour rien. Non, l’expression « s’impose avec la force de l’évidence » n’est pas juste du tout, il s’agit de lavage de cerveau avec bâton et carotte, répétés au point de paraître des évidences naturelles. A tort.
•  pages 77-78 : exemples d’évolutions diverses, pour la majesté, puis un jour figées. « Notre ordre orthographique se fonde sur une argumentation théorique d’une incroyable faiblesse. Qu’à cela ne tienne, il a pris dans notre société une dimension quasi religieuse qui, comme toute idéologie, le rend invulnérable aux critiques de la raison. »
--> Cette double-phrase me plaît, mais au vu de la suite, elle semble avoir été oubliée en cours de route. Après cela, j’aurais trouvé logique de dire : « donc cassons tout et reconstruisons, partant de b-a-ba, refusant eau-an-on-in etc. Mais non, DeClosets va partir tout à fait ailleurs, confirmant l’écrasement des jeunes logiciens.

IV – PHILOGRAPHES ET GRAPHOPHOBES
•  Il y a les passionnés de dictée, mots croisés, scrabble. « L’orthographe est une passion française. L’intégrisme orthographique ne se trouve-t-il pas légitimé par un tel plébiscite ? »
--> Nullement : que les endoctrinés finissent par prendre goût aux diktats reçus, aux récompenses d’obéissance, n’implique en rien la justice de leur contenu. Honnêtement, la complexité devrait être un jeu facultatif, non un parcours obligatoire. Ce ne sera nullement la réponse De Closets.
•  « L’orthographe divise la France en deux : philographes qui n’aiment rien tant que se frotter aux difficultés de la langue française, graphophobes qui fuient l’écriture, car vivant dans la crainte de la faute »
--> Pas d’accord : la majorité silencieuse est entre les deux, sachant écrire de manière acceptée mais trouvant complètement idiotes toutes ces exceptions dans tous les sens. C’est en tout cas l’immense majorité des technicien(ne)s de mon entourage, souriant en voyant l’orthographe très « fautive » d’une ex-ouvrière ayant un problème orthographique chronique, mais concluant « c’est pas grave, c’est idiot ce qu’on nous oblige à écrire ». Nous donnons tort aux instituteurs tortionnaires, bien que nous ayons réussi à éviter l’exclusion injuste en nous pliant temporairement à la dictature. Ce public là paraît près à envisager l’ortograf de patrisya, avec débat, ce qui n’est même pas imaginé ni discuté par De Closets, refusant de partir de l’opinion des petites gens pour se limiter aux avis prétendus savants. Globalement, il n’y a pas 50% d’amoureux de l’orthographe et 50% de victimes, mais peut-être 15% d’amoureux, 30% de victimes, 55% de gênés, alors que les 15% imposent leur loi serait scandaleux.
•  « Ne pourrait-on pas concevoir un système plus souple qui tolérerait des graphies multiples ? Les Français imaginent mal une telle coexistence paisible. »
--> Faux. L’immense majorité des gens, autour de moi, pestant pour savoir s’il faut à tel mot une consonne redoublée ou non (enveloppe ou envelope, etc), seraient enchantés que les deux formes soient acceptées. Je ne connais pas une seule personne qui se dit gênée par ce genre de tolérance. Au lieu de balancer des vérités prétendues, fais une enquête, un sondage. Tolérer la suppression des doubles consonnes n’influant pas la prononciation rencontrerait je crois un immense succès. Mais la population n’a certes pas accès aux micros et au monde de l’édition – en démocratie indirecte, les dominants monopolisent la parole et la loi.
•  « Peut-on imaginer qu’une réforme ambitieuse nous donne une orthographe simple ? Certainement pas. »
--> Non seulement on le peut, mais je l’ai imaginée et détaillée. Ce qu’il y a c’est que l’endoctrinement dictatorial a eu un impact tel qu’il y a une résistance spontanée à considérer « mieux » ce qu’il nous a été inculqué à juger « très très mal ». J’ai l’utopie de croire que la lucidité pourra gagner la population, sans plus endoctriner les enfants et en acceptant d’être la génération sacrifiée qui subira l’inconfort du changement, comme pour la monnaie Euro.
•  Vingt vient de viginti, trente vient de triginta. « Ces mots sont trop courants pour changer (…) notre orthographe comporte et comportera toujours des lettres muettes qui ne correspondent pas à la prononciation, qui se retrouvent ou non dans les mots dérivés, qui correspondent ou non à l’étymologie. Pis, la plupart des mots continueront à être variables selon des accords grammaticaux qui ne se prononcent pas. L’histoire a ainsi formé le français et nous n’allons pas tout réécrire. »
--> Où est l’argument ? Bien sûr que si : on peut tout changer, à condition que l’on se libère de la dictature d’une minorité criminelle. Il suffit d’autoriser les deux écritures et de n’enseigner aux jeunes que la nouvelle. En 50 ans, les archaïsmes auront disparu. Le seul problème est que le pouvoir appartient aux traditionalistes fanatiques, intolérants et égoïstes, entendant continuer à dominer sans laisser les humbles poser les questions qui cassent cet ordre hiérarchique injuste. Le fatalisme est peut-être réaliste, d’accord, mais en terme de possibilités, ce que dit De Crosets est faux. Je préfère personnellement le « J’ai un rêve » humaniste et utopique du pasteur Martin Luther King, au « de toute façon, rien ne changera l’écrasement des sales nègres » chez son assassin et les puissants autour. On peut au moins espérer, proposer.
•  « Autre objection souvent entendue : la simplification de l’orthographe reviendrait à uniformiser des graphies différentes, au risque de la confusion et de l’ambiguïté. » amende-amande, ton-thon.
--> Je ne suis pas d’accord : si la langue orale n’est pas claire, il faut la corriger, il n’y a aucune raison de réserver à l’écrit la clarification, via une avalanche de conventions imprévisibles. Ayons l’humilité d’emprunter aux langues étrangères les mots qui manquent pour rendre claire notre parole. Par exemple amende-almond, ton-tuna. C’est mieux pour que les enfants accèdent aisément à une pensée claire, c’est mieux pour éviter les malentendus, il n’y a que les humoristes centrés sur les mots franco-français qui devront changer de sujet (ou les mauvais poètes, peut-être, friands de jeux de mots). Et, certes, les adultes mal formés, devront faire l’effort de perdre leurs automatismes déplorables. La résistance égoïste a toutes chances de l’emporter, hélas, se cachant derrière de faux arguments.
•  temps = durée et météo, bière = boisson et cercueil. « Oui, le français écrit regorge de mots à double ou triple sens qui n’entraînent aucune confusion. »
--> De Closets méprise totalement les difficultés des enfants et étrangers vis à vis de cette langue pourrie. Je ne suis pas d’accord. Chaque homonymie est une offense à l’expression claire, qui limiterait le mérite aux idées, sans artifice ni confusion. Puisqu’il s’allie aux abus usités contre les partisans d’un langage simple et clair, il perd sa légitimité dans la critique de l’orthographe compliquée pour rien. Erreur stratégique. On ne sait pas où il va ni pourquoi, apparemment il veut simplement qu’on ne le méprise plus lui pour ses fautes d’orthographe, peu lui important le caractère objectivement plaisant de cette langue (en situation de concurrence loyale avec d’autres). C’est cohérent avec son amour aveugle envers cette langue, mais ça ne donne nulle envie de le suivre.
•  « les tenants de l’immuabilité orthographique ne rendraient pas les armes (…) La difficulté de l’orthographe aurait même un pouvoir formateur sans égal (…) un défi pour l’intelligence et un exercice salutaire pour l’esprit (…) Les Français dans leur ensemble se rendent à ces raisons (…) mauvais prétextes (…) l’attachement patrimonial a des racines beaucoup plus profondes. »
--> La fin du paragraphe conteste ce discours lamentable, mais je ne suis pas d’accord du tout avec la direction que va prendre DeClosets. Je contesterais de manière totalement différente. Ce qui est utile à l’esprit, c’est de manipuler les idées (contester les contradictions, inventer des solutions, découvrir ou faire partager des histoires générant des sentiments), la récitation servile de pseudo-vérités très contestables est totalement contre-productive pour l’intelligence. Que les racines du mal soient la domination d’aberrations sacralisées au nom de l’Histoire n’y changera rien. Les idiots ritualistes oppressent les esprits logiques et inventifs, c’est un pur scandale. Le problème, ce ne sont nullement les racines, mais le refus de tout débat sans a priori.
•  « ’’Le Français tient justement à ses anomalies comme à des droits acquis. L’anomalie, c’est le pied de nez à la règle, une manière de dire merde à la règle. Un espace de liberté’’ (…) Je comprends cet attachement aux aspects anarchisants de notre héritage culturel, j’imagine qu’il puisse conduire au refus d’une langue rationalisée, d’un langage fonctionnel, d’une transcription phonétique structurée par d’inexorables lois grammaticales. »
--> Je ne suis pas du tout d’accord. L’exception obligatoire sous peine de sanction sévère n’est en rien un espace de liberté, mais jette le discrédit sur l’oppression, arbitraire et contraire à un objectif généreux de faciliter l’accès au langage pour se limiter aux idées, aux recherches de cohérence. Ceci dit, il est tout à fait utile et plaisant d’explorer – à titre facultatif – l’emploi d’un système différent, par jeu ou pour voir où cela mène. J’ai adoré découvrir, adolescent, l’algèbre de Boole et les nombres imaginaires à carré négatif. Mais cela n’a rien à voir avec la formation de base fournissant un socle optimal à la pensée. Bien sûr que des fantaisistes peuvent jouir du fait que b-a ne ferait pas ba si le a est suivi par un i (sauf telle exception) ou un u ou un n (sauf si lui-même suivi par un autre n), mais ce château de cartes rigolo perd tout charme s’il devient obligatoire et décrété indiscutable.
•  « Le véritable amoureux des timbres (…) ne s’intéresse qu’aux bizarreries, aux exceptions, aux anomalies. Il s’enflamme pour l’émission unique, aberrante (…) Si le monde du timbre se réduisait aux impressions standardisées que tout le monde connaît, il n’y aurait plus un seul philatéliste ».
--> Le parallèle est faux dans son caractère affirmatif, ou bien il recourt à l’arbitraire que De Closets s’accorde de décider lui-même qui est « véritable » philatéliste ou pas. J’ai été philatéliste (fervent) pour trois raisons qui n’ont rien à voir avec la rareté non partagée :
– le dessin joli sur un minuscule format à apprécier dans le calme immobile (un timbre laid ne m’a jamais intéressé, même si les prétendus-experts affirmaient qu’il valait une fortune)
– l’emploi d’écritures dépaysantes (timbres en arabe, cyrillique, chinois et autres) et d’images très inhabituelles pour nous (tableaux chinois, photos d’avions arabes) ; ce sont les timbres soviétiques qui m’ont fait choisir le russe comme seconde langue étrangère à 12 ans
– l’esprit de collection, la joie de rapprocher les images en ensembles, enrichis autant que possible, exemple : les timbres Europa 1972, avec un joli tableau de losanges coloriés différemment par chaque pays européen et selon des formats variés (mon préféré étant le plus joli, pas le plus difficile à obtenir)
  J’ai cessé d’être philatéliste quand j’ai acquis les outils personnels de dessin pour créer moi-même mes collections d’images, sans les attendre avec incertitude du monde extérieur, et quand j’ai découvert le monde des livres, bien plus riche pour la compréhension des langues étrangères (parenté du grec pour le russe, origine réaliste des dessins ayant donné les idéogrammes chinois). Aucun rapport avec la vénération d’étrangetés rares et spécifiquement françaises, aucun. Je remercie mon père pour m’avoir encouragé sur la voie philatéliste, à titre de loisir facultatif temporaire, mais cela ne me pousse nullement à approuver le caractère obligatoire des anomalies de la langue française, orale ou écrite (anomalies à apprendre par cœur sous peine de sanction). De même que j’aurai trouvé scandaleux que le dessin personnel soit réservé aux experts en gravure tridimensionnelle sur planche philatélique : l’idéal est d’ouvrir à tous, le plus simplement possible, l’emploi des outils. Peut-être que ceux qui sont restés philatélistes à l’âge adulte ont une toute autre approche, effectivement jalouse (visant à s’approprier des raretés à valeur pécuniaire élevée dans leur milieu), mais qu’ils décrètent cette approche « objectivement supérieure » ne me convint nullement.
•  « Quand le bonheur est dans la complexité, la simplification devient une stupidité »
--> Je sais que DeClosets explique là la position puriste, pas la sienne, mais il va mal la contester. La simplicité donne l’outil à tous, pour le bien de tous ; ensuite seulement, si certains veulent choisir comme option la complexité (artificielle et sacrée) de forme plutôt que le contradictoire débat d’idées sur sujets graves, libre à eux de s’inventer (ou adopter) une usine à gaz. Le drame est que la soumission aux complexités (inutiles en principe) soit devenue le critère de domination sociale, dispensant du travail de peine et réservant l’accès à la parole publique. Les fiers réciteurs écrasent les humbles penseurs, c’est lamentable, là est la stupidité.
•  « Cette ’’beauté’’ n’a rien à voir avec le jugement esthétique, elle traduit l’imprégnation mémorielle. (…) chacun d’entre nous trouve beau le visage de sa mère… »
--> Non, ça c’est du délire freudien. A mon avis, c’est l’endoctrinement avec bâton et carotte qui donne le réflexe de juger « ceci est bien, cela est mal ». Les adultes lucides, que ne sont apparemment nullement nos « lettrés » et « instituteurs » (mais sont tous mes collègues, socialement méprisés par les « cadres » fiers), ont pris du recul et conclu que c’était un abus de pouvoir. Abus certes bénin, ne méritant pas révolte, même pour éviter la torture à ses propres enfants scolarisés, rien que de gros gros soupirs (en faisant répéter les idioties à la maison, pour que les petits ne soient pas sacqués scolairement et dirigés vers la misère du chômage). La beauté (esthétique, intellectuelle, morale – le beau, le vrai, le bon) est ailleurs.
•  « La complexité est le plus souvent rebutante pour les ignorants, mais fascinante et même ludique pour les initiés. On le constate dans toutes les disciplines scientifiques »
--> Faux. Les Occidentaux sont-ils de méprisables ignorants parce qu’ils ne savent réciter ni le Coran, ni le Petit livre Rouge ? Que des groupuscules sectaires jouissent de vénérer des complexités rebutantes au premier abord, c’est leur problème, mais ça n’a rien à voir avec l’idée d’imposer à tous ces complexités, prétendre que c’est pour que « tout le monde en profite » révèle un profond manque de sens auto-critique, manque d’intelligence (tout en se croyant supérieurement intelligents, là est le drame de la langue française). La Science est obnubilée par la recherche d’expression la plus simple possible, universelle, sans complexe cascade d’ajouts ad hoc pour intégrer toutes les contradictions expérimentales. De Closets, qui était je crois journaliste scientifique professionnel, semble ne pas avoir compris la relative logique des sciences. Enfin, il est peut-être devenu auteur professionnel, mais ce livre me prouve que ce n’est pas mieux.
•  « Si la commodité, la simplicité, la fonctionnalité, guidaient l’amour des langues, nous aurions tous adopté l’espéranto. Mais non, une langue maternelle retient par ses bizarreries, ses curiosités, ses difficultés, tout ce qui la rend si difficile à apprendre, si agréable à pratiquer. »
--> Je ne suis pas du tout d’accord, et DeClosets joue sur les mots pour générer la confusion, le choix impropre d’un mot le conduisant à l’inverse de ce qu’il conviendrait de conclure logiquement. Il ne fallait absolument pas employer ci-dessus « l’amour des langues » mais « le choix d’une langue », alors la première conclusion était la même : l’espéranto, mais l’objection s’éteignait. Je reprends, « si la commodité, la simplicité, la fonctionnalité, guidaient le choix d’une langue, il n’y aurait pas spontanément amour des langues, nous aurions tous adopté l’espéranto. Indépendamment de cela, il se trouve que certains cherchent la supériorité non dans le sport ou le jeu de cartes mais dans la manipulation de langue ultra complexe pour rien, ça devrait être facultatif, pas obligatoire, et ça ne devrait surtout pas entraver l’accès à la langue simple. » Je suis logique, De Closets ne l’est pas. Si on m’avait formé au CP en espéranto, j’aurais abandonné le français pourri et ses complexités, avec joie. J’ai été émerveillé en découvrant à 11 ans la conjugaison anglaise simplissime, pestant pour la torture subie en français auparavant. J’ai été effrayé par l’horreur des déclinaisons latines, en me disant « ouf, heureusement que le français les a perdues ». Ce n’est absolument pas un goût pour la complexité qui s’avère spontané. L’éducation scolaire est en France une calamité, verrouillant sur une langue difficile et faisant de nous les plus mauvais du monde (paraît-il) en langue étrangère. Mon épouse avait pour langue maternelle le très simple dialecte ilongo, puis elle a appris à lire dans la langue officielle, l’assez simple tagalog, avant que la formation secondaire se fasse en anglais avec son écriture hélas difficile, elle n’a aucune raison de croire l’affirmation « une langue maternelle retient par ses bizarreries, ses curiosités ». Il ne s’agit là nullement d’une vérité universelle, c’est une erreur de raisonnement, ou plus exactement : une généralisation abusive avec absence de raisonnement. Ce qui semble certain, c’est que la langue maternelle, avec laquelle la pensée immature s’est construite, est plus facile au sens de plus automatique, spontanée, et les condamnations arbitraires sont intégrées sans trop grande difficulté si elles ont été rabâchées par l’autorité parentale avant émergence de l’esprit de contradiction. A quatre ans, je m’en souviens, j’étais scandalisé par la prononciation « un-avion, des-avions », je clamais logiquement que c’était soit « un-avion, des-navions », soit « un-z-avions, des-avions ». Avec autorité et/ou tendresse, on m’a fait digérer ce « un-avion, des-avions » qui ne me choque plus, mais je ne l’aime pas du tout, je trouve ça aberrant et voudrais la suppression des lettres muettes, pour ne pas emmerder mon futur enfant comme j’ai été emmerdé (par la complexité inutile). En ortograf de patrisya, on dit « un avion, dé avion » (î avyö, dé avyö) et la pensée se développe beaucoup plus facilement, plus efficacement, sans soumission à l’autorité arbitraire.
•  De Closets reconnaît ensuite que l’amour de l’orthographe devrait être un hobby sans incidence sociale.
--> OK, mais c’est un peu tard de le dire en page 95, alors que ça semblait l’idée majeure répondant instantanément au problème, exprimant le scandale. Avant d’y arriver, De Closets s’est rangé dans les rangs des oppresseurs quant à la grammaire et aux conjugaisons désuètes, aux subjonctifs inutiles, il a tout pris à l’envers, se privant des armes logiques de contestation reprenant tout à zéro pour le bien d’autrui.

V – LE POIDS DE LA FAUTE
•  Intéressant pointage sur l’emploi pour l’orthographe du mot faute = délit => réprimande plutôt que erreur = méprise => conseil. « clivage quasi religieux entre le bien et le mal »
--> Erreur ou malhonnêteté, que ce jugement. Ne pas mettre un subjonctif avec « avant que », règle non-orthographique chère à De Closets il l’a répété, est pareillement classé « faute » par le système scolaire. En s’alliant à des oppresseurs injustes, il a perdu sa crédibilité. Certes, il emploie peut-être le mot d’erreur là où les instituteurs disent faute, mais le problème d'endoctrinement « faussement moral » des enfants n’a rien de spécifique à l’orthographe. Et si DeClosets se lançait honnêtement là-dedans, il ne serait pas édité, la logique dérange : il pourrait dire que c’est aussi abject que de déclarer faute en Arabie le sourire envers un juif, mais il n’aurait pas le droit de dire que c’est aussi abject que de déclarer faute en Israël le sourire envers un arabe (dire cela étant immédiatement classé antisémite et interdit). Les abus de pouvoir religieux ou para-religieux sont le principe qui gouverne la France, voire l’Occident, voire le Monde, l’altruisme ou la logique ne sont que des drapeaux menteurs dont se parent les puissants.
•  Ironie sur les hésitations qui ont fait hésiter entre « un enzyme » et « une enzyme ». « la base de tout vie sur terre (…) Que vous en ignoriez jusqu’au principe même, nul ne vous en fera reproche. Le savoir-vivre exige simplement que vous mettiez le mot au féminin. »
-->Oui, c’est ridicule, d’accord, mais il faudrait conclure je crois : « c’est une langue pourrie, artificielle, avec plus de règles inutiles (en compréhension) qu’il y a de noms dans le dictionnaire ; hélas, c’est cette langue qui m’a été imposée, enfant à la naissance de la logique, adolescent à la naissance du sentiment, et je vais voir si on peut rendre ça moins exécrable sans l’abandonner complètement ». Non, De Closets se dit amoureux de cette langue. Pas moi, du tout. Qu’il soit indulgent envers cette langue, d’accord, mais qu’il sacque des enfants peinant à adhérer à ses commandements arbitraires : pas d’accord.
•  « équipe socio-linguistique de l’Université de Grenoble (…) « échantillon regroupant des enseignants et différents professionnels de l’écriture », il y a une vingtaine d’années, où personne ne remet en cause l’orthographe « ordre sur lequel se greffent toutes sortes de valeurs : le français, la culture, l’effort, l’éducation, le patriotisme. (…) renforcement de la discipline orthographique »
--> Stop. Je sais que De Closets n’est pas d’accord avec ces mots, mais il ne dira pas ce que j’aurais dit aussitôt : ces enseignants et professionnels de l’écriture ont été sélectionnés comme les meilleurs réciteurs, il est donc naturel qu’ils fassent perdurer l’ordre les valorisant (quand bien même c’est une dictature injuste, principe d’égoïsme en variante groupiste). Interviewer les policiers politiques d’URSS sur la grandeur du communisme aurait aussi été absent de sens auto-critique, traduisant le caractère partisan (dénué d’autocritique logicienne) chez les acteurs de l’endoctrinement. Je noterais simplement, sur la liste des valeurs quelques points :
– L’endoctrinement patriotique que j’ai reçu était ignoble, faisant chanter la marseillaise égorgeuse de bébés étrangers « pour faute de sang » (principe nazi), approuver les conquêtes militaires de la France pillant les richesses (culturelles ou naturelles) étrangères. C’est immoral comme éducation (au sens de morale altruiste, en incluant l’étranger dans autrui), il faudrait que De Closets ait l’audace de le dire – quoique il ne serait plus édité, c’est vrai. La liberté d’expression est une farce rhétorique, mensongère, en contexte de dictature discrète – mais justement, c’est en plein dans le sujet, comment tourner autour sans mettre le doigt où ça fait mal ?
– L’effort est une notion difficile. Oui, nous ne sommes pas au Paradis, et l’effort est méritoire, surtout au service d’autrui. Le communisme s’est effondré dans la pauvreté, malgré la dictature policière et militaire, parce que l’effort avait disparu, l’égalitarisme des salaires élisant la paresse (meilleur ratio réconfort/effort). Mais si on impose aux enfants l’effort d’apprendre cette langue pourrie, c’est pour nous dispenser nous-mêmes de faire l’effort de nous mettre à l’espéranto. Enseigner l’effort, dans ces conditions, c’est le pas joli : « fais ce que je dis, pas ce que je fais », principe d’égoïsme dominateur, injuste.
– La culture me paraît une notion invoquée à tort, cachant le favoritisme chauvin. En ne prenant pas pour base l’Anglais, les petits français n’auront pas l’amour de Shakespeare mot-à-mot, pareil avec l’Allemand de Goethe, etc. Sous-entendre que la culture française est la plus estimable du monde, sans débat contradictoire, relève de l’endoctrinement xénophobe, méprisant l’étranger indépendamment de ses idées ou actions.
– Je suis gêné, au sujet de la discipline. Je n’ai pas encore d’enfant et suis peut-être angéliste à tort, je l’admets. La série télévisée Super-Nanny montre aussi des familles ingérables où les parents ont voulu traiter leurs enfants en copains, sans sévérité, et se trouvent désemparés que cela ait généré des monstres accaparant tout et tyrannisant leurs parents par caprices incessants. A l’opposé, mon épouse éduquée avec franche sévérité, est d’une grande douceur, tolérance et humilité, elle envisage de reproduire ce schéma pour notre enfant. C’est compréhensible. D’un autre côté, la tradition de discipline allemande, contrastant avec la tradition de rébellion méditerranéenne, a généré les opérateurs de fours crématoires massacrant efficacement des innocents conformément aux ordres. L’équilibre est extrêmement difficile, il n’y a pas de valeur claire et univoque en la matière, je crois. Oui à l’obéissance, je crois, mais il faut que les ordres soient justes, énoncés pour le bien équitable. L’école militaire n’a du bon que si l’armée ne se bat pas pour une cause affreuse. Et je ne suis pas d’accord avec l’idée « avec quoi va-t-on bien pouvoir inculquer la discipline aux enfants ? oh, il n’y a vraiment rien d’autre que l’orthographe complexe » – non, les alternatives (sport, axiomes et théorèmes, interprétation musicale) ont-elles été envisagées, discutées ? Je serais personnellement d’avis de centrer cet apprentissage de l’obéissance sur quelque chose de totalement anodin, comme les gestes répétitifs (parade), sans aucunement entraver le développement de la pensée verbale, logique.
– Autre élément qu’aurait pu mettre en exergue les formateurs, sur le même thème : l’exercice de mémoire. Là encore, il y a une foule d’autres candidats possibles pour cet exercice, et je ne vois aucune raison de priver d’accès à l’écrit ceux qui ne réussiraient pas l’exercice de mémoire. Dans ma scolarité, j’ai connu ainsi les récitations de poèmes (et ailleurs, ce peut être des versets de la Bible, du Coran, du Petit Livre Rouge), mais cet exercice difficile a failli me dégoûter de la poésie, affirmée belle et que je trouvais très affreuse jusqu’à 14 ans, c’est contre-productif. Par ailleurs, le monde moderne est à tort fondé sur le culte de la récitation (via les sciences) sans mettre en valeur le sens critique, l’attention à l’expérience tout autant qu’à l’autorité, la perception de problèmes, l’invention de solutions. Elire les réciteurs est à mon avis une injustice en terme d’intelligence et d’efficacité. La démarche de Georges Charpak pour un nouvel enseignement des sciences m’intéresse (mais casse l’ancien système) : éduquer à observer/bâtir/douter me paraît plus estimable qu’éduquer à croire sur parole.
•  Une enfant de douze ans est peinée que ses parents ne voient pas la beauté de ce qu’elle a écrit mais ne voient que les fautes d’orthographe. « La faute empêche la lecture. »
--> Je sais que DeClosets ne fait que citer cette injustice horrible, pas exprimer là son opinion, mais à sa place j’aurais insisté mille fois davantage sur cette erreur grave en terme de respect et valorisation de l’enfant. Au CM1 avec méthode Freinet, notre instituteur avait (admirablement) presque réconcilié le dernier de la classe avec les études : il nous faisait écrire librement des textes libres, que les candidats lisaient à la classe, les élèves élisant chaque semaine leur histoire préférée, et le plus « nul en notes » (dictée notamment), un jour élu, a eu un sourire immense et s’est mis à écrire avec passion (il est peut-être romancier amateur aujourd’hui, ou philosophe amateur ayant inventé la géniale conciliation entre Marx et Jésus, en étant éboueur professionnellement, au milieu d’immigrés semi-refoulés car « écrivant mal » aussi). La dictature de l’orthographe ultra-complexe est un scandale en terme de respect des individus créatifs. Oui, des cracks en orthographe et récitation peuvent faire barrage pour rester en tête de classe (plus tard : à la tête de la société, de la parole publique), mais c’est une injustice scandaleuse, de mépris à tort. Comme l’aristocratie 1788 avec ces très fiers érudits aveugles, ce système mérite de s’écrouler – enfin… il renaîtrait sans doute pourri d’une autre manière, je ne suis ni Staliniste ni Islamiste.
•  « Pendant des siècles, le langage a séparé le peuple confiné dans l’oral d’une élite qui maîtrise l’écrit. »
--> Non, enfin ! « Elite » (source Larousse) : ce qu’il y a de meilleur. Je ne suis pas du tout d’accord. Il s’agissait de criminels stupides, prétendant s’appuyer sur Jésus-Christ pour faire tout le contraire (oppression des faibles, privilège de sang quels que soient les actes). Avec un système crypté d’écriture, ils empêchaient les humbles de noter la contradiction outrancière, et il ne leur était lu oralement que les lignes expliquant que leur non-révolte ici-bas serait récompensée post mortem. C’est odieux, c’est comme qualifier d’élite les esclavagistes (sachant lire) qui ont régné plusieurs siècles – en ayant moins de mérite que leurs esclaves (ne sachant pas lire), au plan moral, et intellectuel du fait de la contradiction non perçue par les bourreaux (grillant aujourd’hui en Enfer si leur Bible dit vrai). Si Benoît XVI était un homme d’élite, il dirait aux Français, dans n’importe quelle langue : « vous n’irez pas au Paradis si vous chassez les travailleurs étrangers et chantez que leurs enfants ont un sang impur qu’il faut faire couler »… Il n’y a plus esclavage mais aristocratie anti-chrétienne, anti-humaniste, et les coupables ont tout intérêt à ce que les humbles n’aient pas accès aux textes énonçant la contradiction, annonçant l’enfer pour les Occidentaux, et Français en particulier, « l’Elite » du Monde… dominée par l’Elite de l’Elite des belles lettres, très lamentable, je dirais plutôt. Mais la contradiction remonte loin : l’Ancien Testament judaïque était anti-humaniste, ce qu’oublie encore d’avouer l’Eglise (pour ne pas se faire traiter d’antisémite). Ça De Closets ne va pas le dire, c’est interdit de publication, celle-ci étant réservée aux « grands auteurs », au phrasé précieux et à la grammaire sophistiquée (avec orthographe parfaite selon eux, orthographe simplifiable selon DeClosets, se dispensant de tout casser au système, d’aujourd’hui comme d’hier).
•  « une orthographe compliquée s’offre comme l’un des meilleurs critères discriminants en ce qu’il marie élitisme et démocratie ».
--> C’est une demi évidence et un demi oubli de réfléchir. Oui, si en 1788 avait été décidée cette écriture compliquée pour tous, quelques manants auraient pu s’élever et quelques nobles auraient pu dégringoler, c’est vrai, mais ouvrir les portes du privilège à quelques réciteurs serviles de la tradition est tout le contraire d’une récompense du mérite individuel, en situation d’égalité des chances avec une langue transparente limitant la valeur aux idées, aux perceptions d’incohérences, aux recherches de solutions morales. En chine populaire, ouvrir les portes du Parti Dominant aux non-membres qui récitent à la perfection le petit livre rouge (avec totale interdiction d‘en discuter le contenu) est-il l’alliance de l’élitisme et de la démocratie ? C’est le contraire de faire table rase du dogme pour aller au plus simple, et récompenser l’alliance de logique et morale, l’intelligence cohérente et altruiste.
•  « faisant encadrer la population par une caste de fonctionnaires qui fonde l’autorité publique sur la parfaite écriture »
--> Il suffit de remplacer ce dogme par le Coran ou Le Capital, et c’est ce que les mêmes qualifient d’intolérable dictature. Autorité sans cohérence = autorité usurpée, selon moi. DeClosets ne le dit bien sûr pas, puisqu’il se veut membre de la classe dominante d’un système comparable, avec vénération du subjonctif et passé simple par l’Elite au-dessus de la populace méprisable…
•  « J’entendais récemment un intellectuel d’un certain renom me confier que Nicolas Sarkozy, mais oui, fais des fautes d’orthographe ! »
--> Je crois lire une horreur « alors que ce n’est pas l’important, l’orthographe, Sarkozy est l’Elite de l’Elite sans que son orthographe n’ait aucune importance ». Pas d’accord, un banlieusard qu’il traite de racaille pourra s’étonner que Sarkozy dise la France grande amie d’Israël (bénissant donc les massacres racistes de 1948 qui ont fait fuit la population Palestinienne, en plus des expulsions racistes proprement dites, avec éternelle interdiction de retour) tout en prétendant lutter de toutes ses forces contre le racisme (et l’incompréhensible terrorisme palestino-islamique, diabolique)… Il pourra s’étonner de l’expression favorite de Sarkozy en la matière : « lutter contre le racisme et l’antisémitisme » c’est à dire tout racisme sauf le totalement intouchable racisme judaïque. Mais non, pas du tout, Sarkozy n’est contestable que sur la forme orthographique (selon les « intellectuels » classés brillants) ou pas contestable du tout (selon De Closets semble-t-il). Eh, personne ne réfléchit dans ce pays ? Sarkozy fonde son autoritarisme sur le respect de l’autorité, et il n’est nulle question de dire que l’autorité injuste ou incohérente (ou raciste, immorale) ne mérite pas le respect. L’école primaire est une école de servilité, visant à l’abolition de toute espèce d’esprit critique. Orthographe ou grammaire, même combat, dictatorial, abrutissant.
•  « L’adhésion populaire fut garante du succès »
--> Niveau zéro de la légitimité. Sinon, acceptez de vous soumettre à la dictature islamique (ou scientologue ou autre) : le Coran dit qu’il est vrai puisqu’il a du succès, ce serait imparable – si ça ne marchait pas aussi pour les autres dictatures laveuses de cerveau. Les journalistes sont effarés de voir des Musulmanes exiger de porter le voile, etc. Le mécanisme est universel, ne prouvant évidemment rien, que l’efficacité sociale du broyage vis à vis de l’esprit autocritique (que l’on interdit à autrui et s’accorde soi-même, usuellement). Cela va très loin : la Déclaration des Droits de l’Homme réserve la liberté d’opinion à ceux qui se soumettent à son premier article interdisant le scepticisme, la Science échappe à la contestation par hypothèse du rêve en se présupposant dans le réel pour le « prouver ». L’auto-référence est une calamité, une infirmité intellectuelle, actuellement (et peut-être depuis toujours) dominante. Ça, il ne faut pas le dire, ça bousculerait l’ordre en place.
•  page 107-108 : intéressante étude recensant les fautes en dictée des Suisses trilingues (chacun dans leur langue maternelle) – bons en Italien, médiocres en Allemand, nuls en Français pourtant étudiés beaucoup plus longtemps. « Les tenants de notre ordre orthographique ne manqueront pas d’objecter que l’apprentissage de l’orthographe est une discipline très formatrice pour l’esprit. Est-ce assuré (…) cet enseignement est essentiellement normatif et passif. Il développe peu l’imagination, la créativité, le sens critique. »
--> C’est même pire : cet enseignement broie les esprits logiques, les esprits créateurs, les esprits critiques argumentés. C’est une école d’imbécillité suiviste protocolaire. Si j’avais durablement refusé (comme la très logique Patricia) la leçon idiote selon laquelle dans le son s’écrivant an, on n’entend ni a ni n (sauf dans tel et tel cas particuliers, contredits par d’autres sous-cas, « parce que l’autorité l’affirme »), j’aurais été classé handicapé mental. C’est monstrueux. L’altruisme consiste à éviter cette injustice qui aurait pu m’arriver, par opposition à l’égoïsme : « tant pis, moi je m’en suis sorti, alors tout va bien ».
•  « Autre point d’interrogation : l’illettrisme. 12% des Français ont la plus grande difficulté avec la langue française »
--> Dire cela illustre parfaitement l’absence de sens critique. Il est très clair qu’il y a un gradient continu de facilité à difficulté, et donner précisément le chiffre 12% en coupant en un point arbitraire la courbe n’a pas de sens. C’est une caricature de science, balançant des chiffres présentés comme incontestables, objectifs, alors qu’on peut aisément les contredire, pour peu qu’on demande à l’autorité de justifier ses arbitraires autrement que par la loi du plus fort.
--> Pour ce qui est de l’illetrisme, je pense que c’est un drame. Je ne prétends pas que l’ortograf de patrisya est accessible à 100% des enfants (y compris microcéphales, aveugles, dyslexiques mélangeant gauche et droite), mais tous ceux comprenant b-a-ba et apprenant la trentaine de lettres de l’alphabet sauraient lire et écrire parfaitement. 4 ans d’âge mental. Et l’Elite serait constituée des champions de logique, de cohérence intellectuelle et morale. Ce serait un autre monde. Ton comptage de 12% tomberait peut-être à 1% et certains des exclus te dépasseraient, tu serais médiocre ou mauvais, es-tu prêt à l’envisager ou préfères-tu ta dictature du passé simple ?
•  « L’apprentissage de cette orthographe représente un handicap pour les enfants et dresse une barrière pour les étrangers. »
--> C’est bien de le reconnaître, mais avoir refusé la simplicité phonétique te rend complice. L’école remplace l’éveil de l’intelligence par la servilité devant l’arbitraire, à apprendre par cœur sans réfléchir, sous peine de sanction. Ce n’est pas du tout un choix innocent, fruit d’aléas historiques, ou bien, en tout cas, les dits aléas arrangent bien certains dans leur posture aristocratique, oligarchique, indue.
•  « Depuis deux siècles, les francophones qui vivent en état de concurrence linguistique ne cessent de plaider pour une simplification de notre orthographe. Peine perdue ! (…) leurs confrères étrangers renoncent à écrire cette langue trop difficile. (…) les Français en ont pourtant toujours porté le poids sans rechigner. »
--> Ce n’est pas la difficulté qui est le problème, c’est la difficulté totalement inutile, absurde, par fait du prince, vide de sens. Si c’était difficile pour objectivement mieux faire, plus clair, cela pourrait plaire aux courageux, mais là c’est totalement artificiel, avec zéro en valeur ajoutée. Quant à la soumission de la majorité des Français, c’est comme la soumission à l’aristocratie médiévale, la soumission des esclaves : avec bâton et carotte, ça peut tenir, même si c’est idiot et injuste.
•  Les forts et faibles en orthographe se trouveraient dans toutes les catégories socio-professionnelles, ce qui expliquerait l’acceptation populaire et politique de cette situation.
--> C’est faux : en 1976, deux de mes camarades ont été exclus de la scolarité pour faute d’orthographe insuffisante, avant d’avoir la chance de découvrir les enthousiasmantes trigonométrie, probabilités, philosophie. C’est un facteur d’exclusion sociale franc et clair, et totalement injuste. Le problème est que la majorité des politiciens, et des gens en général, est en position de candidat à la domination : tant pis pour les exclus, si c’est à mon avantage. L’égoïsme règne, est même majoritaire, oui. Jésus et Marx étaient de gros naïfs, comme moi, OK, il n’empêche que les prétentions à l’intelligence et à la moralité sont généralement usurpées.
•  « Cette inégalité (…) ne suscite aucun sentiment de réprobation ou d’indignaion. »
--> Eh aveugle : j’existe. Ajoute « du moins aucun parmi les gens ayant droit à la parole » (hors d’Internet), ça change tout, démontre l’oppression verrouillée, inavouable. Bon nombre de réfractaires ont exprimé leur désaccord, mais se sont vus rembarrer comme comptant pour quantité négligeable, inapte à réfléchir (alors que c’est l’exact contraire). Pour les dissidents soviétiques, classés idiots et interdits de parole, par le pouvoir central, l’Occident hurlait à l’injustice criante, alors que c’est exactement comparable chez nous. Pour le dire, ici, il faut être comme moi de tempérament suicidaire, ou avoir une vocation de martyr (peut-être liée à mon ADN juif, assorti d’une éducation non-judaïque donc exempte de domination raciste sacrée).
•  une trentaine de phonèmes, au moins cent trente graphèmes (…) « S’ils appliquaient le principe un son égale une lettre, les élèves écriraient un abominable français phonétique, dans le genre des SMS. »
--> Eh, espèce d’abominable, toi-même, ça t’amuse d’insulter les gens plus logiques que toi ? Le drame des SMS est qu’il y a mille variantes rendant le texte illisible, une écriture phonétique commune serait infiniment claire, et n’aurait absolument rien d’abominable, sauf pour les intolérants fanatiques interdisant tout changement au nom de l’hérésie ridicule ou criminelle. Quels sont tes arguments logiques ? Je n’en vois aucun, tu n’abordes pas la difficulté des liaisons ni l’inconfort de remplacer les homonymes par des mots clarifiants. La sacralité (et l’approbation des endoctrinés) te donne la victoire pratique, tu écrases victorieusement, mais tu prendras la même gifle injuste quand tu voudras changer quoi que ce soit.
•  L’espagnol a 29 graphèmes pour 25 phonèmes. En Français, « il faut avoir emmagasiné l’essentiel du vocabulaire ; on ne s’en sort pas en se contentant de mettre au fur et à mesure des lettres sur les sons. »
--> Nous avons donc rejoint le Chinois, et l’écriture n’est plus du tout phonétique, d’où la lecture globale, apprenant des catalogues de n’importe quoi. Dans une dictée, ma petite sœur avait écrit tournevis à la place d’écureuil… OK, c’est une possibilité, à la chinoise ce qui n’a rien d’insultant, et il y a l’avantage que des prononciations régionales différentes partagent le même écrit, mais c’est sacrifier sans aucune raison valable l’outil merveilleusement simple qu’était l’alphabet, comparé aux idéogrammes (l’écolier Chinois en apprend dix mille en primaire, vingt mille en secondaire, trente mille en universitaire, tirant de là sa capacité à s’exprimer au lieu que l’écrit coule de source avec un maximum de facilité). C’est clair, en concurrence loyale, le Français serait autant rejeté que le Chinois, tout le monde préférant l’espéranto (ou équivalent).
•  « le français possède de nombreux homophones (…) sot, seau, sceau, saut (…) il faut toujours associer le sens à la prononciation pour trouver la bonne graphie. Une écriture simplement phonétique aurait donc entretenu la confusion »
--> Je conteste que ce soit une explication, à mon sens c’est un aveu : la langue française orale est pourrie, prêtant à malentendus sans aucune valeur ajoutée. Pourquoi ne pas corriger oralement ces aberrations au lieu de ne le faire qu’à l’écrit en perdant la logique phonétique ? Ce serait inconfortable pour les gens mal formés ? Oui, comme le passage à l’Euro, il faut savoir si on veut améliorer la situation pour les générations qui suivent ou garder son train-train pépère, même s’il pose plein de difficultés inutiles. (Je ne prétends pas que l’Euro est exempt de problèmes, méritant discussion – le fait de poser en loi que le salaire minimum français est trois plus élevé que celui de l’Irlande, etc. – mais je veux dire qu’un inconfort peut être admis pour faire mieux objectivement, vu d’un point de vue vierge, enfantin ou étranger.)
•  « Notre langue sera toujours facile à lire et difficile à écrire ».
--> Absolument pas : chaque graphème ou presque est interprétable de plein de manières différentes. C’est pourri jusqu’à l’os. C’est une barrière franche à la pensée claire et simple, allant droit aux problèmes, très graves, qu’il y a partout. Certes, je n’ai pas entendu les Espagnols poser davantage que nous les questions qui fâchent (qu’aurait dit Jésus de nos armes atomiques, de nos nationalismes, de nos racismes inavoués ? etc.), quoi qu’il en soit je constate en France que les très fiers lettrés (filtrés par le verrou éditorial bloquant tout ce qui fâche) ont la pensée vide, se délectant de frivolités sans rien bousculer, et en insultant les esprits contestant cela, avec l’appui des endoctrinés (par scolarité orthographiste et TV patriotico-sioniste). C’est peut-être l’espèce humaine qui est pourrie, je suis simplement utopiste, naïf, comme Bouddha, Jésus, Marx, et plein de miséreux écrasés sans révolte. Avec Internet, ça se voit, et ce n’est pas brûlable, c’est tout. Semi lueur d’espoir : quelques célébrités du « spectacle comique » osent braver le dogme, sous les insultes unanimes (liste antisioniste de Dieudonné, jugement de complot WTC9/11 de Bigard). Je crois que c’était autrefois le principe « fou du roi », diversion-défouloir ou espoir ? Deux autres lueurs d’espoir : il s’est su, sans être totalement étouffé, qu’une Prix Goncourt francophone étrangère (Marie N'Diaye) a traité les lois sarkozystes contre l’immigration de monstrueuses, avant d’être appelée au devoir de réserve : la langue n’est nullement faite pour contester la dictature en place mais pour s’y plier en discourant des petits oiseaux ou des couleurs florales… S’il avait été su que cette auteure utiliserait sa notoriété pour être sacrilège, elle n’aurait pas été choisie, ni même publiée, mais c’est passé, ouf. Dans le même genre, un haut fonctionnaire (Bruno Guigue) qui avait publiquement critiqué Israël sur Internet, hors du cadre de sa fonction, a été démissionné : les serviteurs de l’état doivent relayer les dogmes et non les mettre en cause, ce n’est pas parce qu’on est promu grand serviteur que l’on est autorisé à l’intelligence critique. Cela s’est su, miraculeusement, avant que journalistes et « intelligentsia » enterrent tout cela, avec discipline, sous les crachats pour antisémitisme, jeu de mot aussi malhonnête que classique.
•  « Ces facultés de mémorisation jouent un rôle clé dans l’apprentissage de l’orthographe (…) mémoire photographique »
--> Mais pourquoi est-il exigé d’avoir la mémoire photographique pour ne pas être exclu socialement ? Il y a bien d’autres qualités personnelles. Les réciteurs géniaux s’avèrent souvent nuls en esprit critique et en inventivité, qu’ils se placent tout en haut de l’échelle intellectuelle est une injustice absolue. Qu’ils osent mépriser (et faire mépriser) autrui est une honte.

VI – LE ROMAN DU FRANÇAIS
•  « L’enfant de chœur que je fus en mon temps ne savait trop ce que voulait dire ’’Tantum ergo’’ ou ’’Tuba mirum’’… Mais la langue sacrée doit-elle être totalement intelligible ? »
--> Cette position incroyable de De Closets explique le malentendu atroce qui a fait des millions de morts, en Espagne et Russie. Les églises récitaient des paroles magiques, en appelant les masses crédules à la soumission aux puissants, sans percevoir que Jésus et Marx n’étaient pas ennemis mais défendaient la même logique de dénoncer les rares forts écrasant les nombreux faibles, avec la complicité des religieux. Heureusement, le malentendu n’a généré que la Guerre Froide sans déflagration atomique généralisée, mais c’est (intellectuellement et moralement) très dramatique. Utiliser la parole pour ne surtout pas réfléchir est une dépravation religieuse, devenue laïque en France.
•  « il ne fait guère de doute que les premières écritures françaises s’efforçaient de coller à la prononciation, qu’elles étaient au service de la parole. L’écriture latine suit cette logique phonétique. Pas de complications, elle s’écrit comme elle se prononce. »
--> Il est effarant que partant de source simple optimale on ait bâti une usine à gaz prétendant respecter la source. Ceci dit, les déclinaisons latines étaient des difficultés inutiles, jusqu’à l’oral, et l’espéranto semble bien mieux en concurrence loyale sans force armée d’oppression ni force sociale de contrainte.
•  « sons nouveaux (…) Il faut donc jouer avec ces lettres de base pour leur faire dire des sons nouveaux (…) quinze diphtongues (au, ue, ui, eu, ou, etc.) Et les prononciations varient d’une région à l’autre, d’une époque à l’autre »
--> Stop. Là on est passé d’une langue plaisante à une usine à gaz, genre Chinois. Il aurait été si simple de créer un nouveau caractère, ou une nouvelle accentuation, pour les sons nouveaux, et l’écriture serait restée transparente, accessible à tous sans aucune difficulté. b-a-ba. D’accord, cette erreur a été commise autrefois, maintenant il suffit de la réparer et on repartirait sur une base saine. Et bien non, De Closets l’a interdit, sans l’ombre d’un argument convaincant, autre que (sans le dire ainsi) le refus d’inconfort passager pour mieux accueillir autrui.
•  « groupements de lettres (ch, an, ou…). Ils recourent aussi à des consonnes ’’muettes ’’ (…) l’altération germanique (…) multiplient les homophones comme les homographes (…) solutions (…) l’inconvénient de rendre l’écriture pesante (…) introduisent souvent des consonnes muettes, non pour changer la prononciation de tel ou tel mot, mais pour rendre le mot français visuellement plus proche du mot latin dont il venait, donnant aux mots une étymologie visuelle (…) ’’mettre du gras’’ dans ce langage trop pauvre en lettres. »
-->La tragédie se joue là. Au lieu de minimiser la complication de l’écrit, pour aller droit au fait, comprendre la logique lumineuse de Jésus, humaniste altruiste, il s’agit de rendre somptueux les dominants en cachant presque la logique de Jésus derrière les habits compliqués. Bon, à titre d’horreur passée, OK, mais ça ne justifie pas une seconde de refuser le retour à la pure logique phonétique. On a tué le roi, le droit de cuissage féodal, pourquoi accorder le moindre mérite à cette tradition orthographique faisant obstacle à l’intelligence ?
•  page 133, exemple de mots polyphones homographes actuels. « Nous ne remarquons plus ces anomalies ».
--> Si je remarque, je conteste, je corrige tant j’en ai marre. Le plus atroce, non cité ici, est le mot ’’plus’’ qui peut vouloir dire un sens et son contraire : « Plus de budget » peut se lire pluss (davantage, « more » anglais) ou plu’ (zéro, « no more » anglais). Le français est une langue pourrie, je confirme. Et qui serait corrigeable, au moins pour ces petites anomalies – renoncer au genre (certes inutile) serait davantage paralysant, tant les automatismes sont hélas enracinés. Mais on pourrait tolérer que les enfants disent « le fenêtre » (ou plutôt « la mur », le féminin ayant démocratiquement l’avantage démographique), même s’ils nous trouvent un peu ridicules avec nos archaïques nuances inutiles partant dans n’importe quel sens.
•  « Les consonnes b, d, p, s, avec les hampes et les queues (…) viennent enjoliver des graphismes sans relief. »
--> Le réquisitoire De Closets est ici excellent, presque une mise à mort (qui ne suffira pas à faire broncher le dogme, on verra plus loin), mais il est peu crédible puisqu’il a pris la défense pareillement du subjonctif inutile, pour aucune raison convaincante (ou avouable, s’il s’agit de stratégie d’alliance).
•  « La logique qui préside à la naissance de notre orthographe est éminemment respectable (…) C’est une orthographe d’érudits appelée à devenir une orthographe populaire. Mais cela on ne le sait pas encore. »
--> Là, je ne comprends pas, désolé. Il s’agit d’une usine à gaz artificielle, totalement inutile, réservée à d’obscurs membres de secte cryptographique, ça ne mérite pas plus le terme d’érudits que les satanistes (ou autres) modernes inventant un codage illisible qui est leur secret, demandant initiation. Pour ne pas avoir perçu la contradiction entre Ancien Testament et Nouveau Testament, Nouveau Testament et Aristocratie, frugalité de Jésus et luxe de l’Eglise, il fallait être totalement abruti, saoulé de superficiel en n’accédant même pas au sens des mots. C’est extrêmement nul, et méprisant à tort le travail de peine méritoire qui les nourrissait. Donc immoral en plus d’idiot. Bon, c’est révolu, pourquoi ne pas simplifier maintenant ?
•  « La grammaire française, qui, par la suite, servira de justification à cette orthographe, se construit ». Les imprimeurs inventent l’accentuation. 1680. « incessantes querelles entre les puristes, dénonçant les ’’corrupteurs’’ de la langue, et les novateurs, fustigeant le pédantisme des scribes. » Louis Meigret vers 1550 « reconstruit le français sur le principe : un son, une graphie. Puis Honorat Rambaud. « Une tentative sans lendemain, car le français ne peut plus faire machine arrière et devenir une langue purement phonétique. » car la prononciation varie d’une région à l’autre, et la lecture est surtout silencieuse.
--> Je ne comprends pas l’argument de la lecture silencieuse. Personnellement, sans rien prononcer, quand je vois écrit « lapin », ces caractères ne m’évoquent pas spontanément des grandes oreilles, mais génèrent les sons mentaux qui ensuite font venir l’image. Pour ce qui est des accents régionaux, c’est un vrai problème, qui disparaîtrait en deux générations si les enfants apprenaient la formulation commune à l’école et la retrouvaient à la télévision. Le mystère du refus actuel de l’écriture phonétique reste entier, dénué d’argument valide. Pourtant DeClosets a déjà tranché à ce sujet.
•  « La simplification de notre écriture n’impose pas le pur phonétisme, qui, en tout état de cause, n’est ni possible ni souhaitable si l’on respecte l’écriture française »
--> Et le respect du roi, du droit de cuissage, de l’esclavage, tu les as mis où ? Au nom du respect, la dictature peut imposer tout et n’importe quoi, ce n’était même pas la peine d’écrire ce livre si tu considères que c’est un argument valide. Et bien non, c’est un artifice rhétorique pour se parer du bon droit moral en imposant n’importe quoi, c’est logiquement nul (intellectuellement et moralement nul). « Pour passer tel pont sur la Loire, l’usage était de le faire à dos de brebis gravide, la simplification du passage n’est ni possible ni souhaitable si l’on respecte ce pont », ça ressemble à un sketch comique, absurde, ridicule. Mais non, De Closets est fier de sa conclusion, d’homme cultivé, membre de l’Elite. Oui, allez, mieux vaut en rire, mais si un « prétendu handicapé » te crache au visage, je ne lui botterai pas les fesses, non.
•  Le latin n’étant enseigné qu’aux hommes, les consonnes superflues vaguement liées à l’étymologie expriment le triomphe du machisme sur l’orthographe simplifiée féminine. « La compagnie déclare qu’elle désire suivre l’ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d’avec les ignorants et les simples femmes… »
--> Le drame se répète, et il n’a pas changé, avec le plein assentiment de DeClosets (subjonctif). Au lieu de réfléchir à l’horreur des guerres, du colonialisme, de l’esclavage, ces « lettrés » se gargarisaient de forme artificielle, en méprisant comme ignorants ceux qui ne jouaient pas à ce jeu, même s’ils étaient lucides, mille fois plus logiques et altruistes qu'eux. Mais non, DeClosets raconte là un roman, sans se sentir concerné, et il ne comprendra pas quand un kamikaze se fera exploser dans sa ville, quand un sans-papier expulsé dira « je reviendrai moins gentiment », quand la guerre éclatera. C’est le microcosme au pouvoir, dont le seul but est le confort matériel familial à court-terme, et la victoire du sionisme (version « douce » : acceptez l’expulsion tueuse de 1948 et on renonce au complément 1967). La pensée honnête est simplement ailleurs, sur Internet, pleine de fautes d’orthographe, et fautes de subjonctif, peut-être, mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ?
•  1740. « L’air du temps, curieux, impertinent, raisonneur et progressiste »
--> C’est une blague ? Oui, ça va renverser l’aristocratie en bousculant le dogme et une part du mensonge, mais pour faire pareil à la place. Apartheid, indigénat, toujours en se référant à Jésus ou à l’humanisme, c’était simplement incohérent, débile. Je n’ai aucun respect pour ces archaïques menteurs, plus ou moins obtus, et je ne ressens nul besoin de me prosterner devant leur orthographe ou leur grammaire. Peu importe la langue, l’intelligence ce sont les idées, la cohérence. La raison et le progrès sont revendiqués plus souvent qu’ils ne sont effectifs.
•  « Qu’en est-il aujourd’hui ? Les jeunes n’apprennent plus guère le latin et ne comprennent rien à ces consonnes muettes qui tombent sans raison dans les mots ou à ces accents qui prétendent entretenir un souvenir dont ils se fichent éperdument. (…) L’orthographe peut évoluer sans imposer à tous ceux qui la maîtrisent de retourner à l’école. »
-->Il est tellement simple d’écrire en ortograf de patrisya qu’il n’y a nul besoin d’école. Un petit carton mémoire avec les sept nouvelles correspondances suffit (nouveaux c, â, ê, î, ô, û, ö). C’est enfantin niveau maternelle grande section… Rien à voir avec les 5 à 10 ans de souffrance quotidienne du système actuel, agiter la menace « retourner à l’école » tient de la mauvaise foi éhontée.
•  « Pour cela, elle ne doit pas s’offrir dans les musées à la vénération des fidèles, mais se mettre dans les laboratoires à la disposition des experts ».
--> Nouvelle faute multiple de pensée. L’orthographe actuelle n’a rien à voir avec un musée basé sur le principe d’entrée libre des gens intéressés, cela ressemble plutôt à la visite obligatoire de la maison natale du guide suprême Mao. Ou au système nord-coréen : 24 heures = 8 de travail, 8 de sommeil, 8 d’étude de la biographie du Héros National. J’appelle ça dictature immonde, non plaisant musée plein de jolies choses. Quant à réserver aux scientifiques accrédités par les autorités l’énoncé d’une solution, c’est une insulte à l’intelligence individuelle. Bien sûr qu’un débat est nécessaire, avec examen de multiples propositions, mais je ne vois pas le rapport avec l’obtention de diplômes et de chaires universitaires. Patricia était classée handicapée mentale, même si elle n’existe pas (à ma connaissance), elle a comme moi cassé le principe scientifique par la logique pure. Pourquoi redonner le pouvoir à des imbéciles dominants ?
•  « Notons que le comportement des écrivains compte beaucoup dans cette dynamique. (…) les plus illustres auteurs »
--> Sachant qu’en France, vraisemblablement hier comme aujourd’hui, ne sont publiés et diffusés que les célébrités et les pistonnés, sans aucun rapport avec l’intérêt des textes, cela reste des illégitimes membres de la caste dominante.

VII – L’ORTHOGRAPHE DE LA RÉPUBLIQUE
•  En 1782, l’Académie de Berlin lance un concours sur le thème ’’Qu’est-ce qui a rendu la langue française la langue universelle de l’Europe ? ’’ et attribue le premier prix au Français Rivarol qui dit que c’est la langue humaine de génie : ’’Ce qui n’est pas clair n’est pas français’’. Le premier ex æquo, Allemand, dit que le poids de cette langue pleine de bizarreries vient plutôt de la puissance militaire. « Le français apparaît donc comme une langue difficile autant que prestigieuse. »
--> De Closets n’a pas un mot critique à ce sujet et je trouve cela fautif. La langue française, avec ces homophones, homographes, doubles sens, est pleine de malentendus graves, tueurs ou inhibant la réflexion. C’est un outil d’amalgame injuste (juif, dangerosité, antisémitisme, …), de prétention usurpée à la moralité (démocratie, humanisme, …) et à l’intelligence (preuve, démonstration, …), c’est une langue complètement pourrie. Elle brime les esprits logiques n’ayant besoin que d’un outil verbal simple pour exprimer les scandales et incohérences étouffés – côté intellectuel, la réfutation de la Science est interdite par sacralisation du réalisme et psychiatrisation de la réfutation ; côté moral, la domination écrasant le peuple se fait au nom de Jésus en crachant sur son message pour préférer l’Ancien Testament judaïque, à contenu contraire, anti-humaniste. Que la crème des intellectuels internationaux aient applaudi le discours Rivarol les prouve crédules et stupides, ou menteurs, cela ressemble au monde actuel. Le prestige conféré par le succès dans ce milieu est totalement usurpé.
•  Les hommes de la Révolution veulent que le français soit le ciment de la nation, remplaçant les divers patois des provinces féodales (pour 80% de la population). Il devient une obligation pour les fonctionnaires, l’autorité publique devenant maître de cette langue. En 1882, l’école devient obligatoire avec Jules Ferry, avec l’orthographe pour base. « Les instituteurs sont avant tout des maîtres-orthographieurs. (…) Comment transformer une orthographe de lecture en une orthographe d’écriture ? La grammaire s’impose comme point de passage obligé. »
--> C’est une nouvelle illustration de langage pourri. « S’impose » est une expression ayant deux sens contraires en légitimité : « s’impose par la force en interdisant toute objection » (c’est une honte) et « s’impose par la force de persuasion intrinsèque convainquant les opposants initiaux » (ce serait magnifique). Ici, le deuxième sens est faux, mais le premier n’est pas avoué. C’est un instrument de rhétorique, jouant des double-sens embrumant la pensée et cachant les fautes de raisonnement. Langue nulle.
•  « L’orthographe se voit conférer un destin patriotique et participe de l’identité nationale tout comme le drapeau, La Marseillaise ou nos cathédrales. Ses difficultés bien connues en font le charme »
--> Nouvel endoctrinement aveugle et menteur. Les cathédrales font référence à Jésus qui était un humaniste anti-nationaliste (anti-xénophobe) et non-violent (donc doublement anti-Marseillaise), mais non, il ne faut surtout pas faire preuve d’esprit critique, d’intelligence. Les nouveaux dominants sont idiots ou menteurs comme les anciens. Et c’est au nom de cet héritage-là qu’on torture les enfants ? Quelle honte.
•  Le ministre Buisson échoue à assouplir l’enseignement de l’orthographe, les enseignants refusant les simplifications. L’académicien Gréard tente une simplification mais échoue la presse le ridiculisant en écrivant un article brandissant l’épouvantail phonétique : ’’noré pa du étr prise par un ossi petit nombr’’. « Effet garanti. (…) Les bons bourgeois (…) s’indignent »
--> C’est simplement malhonnête : on apprend aux gens à dire que c’est mal, après on le leur balance comme nouvelle obligation, évidemment que ça choque. Cela ne veut absolument pas dire que c’est objectivement mal pour un esprit vierge, cela peut être mieux. Mais, très stupidement ou par calcul trompeur, le texte n’est nullement phonétique, il commet exprès plein de fautes dites inadmissibles sans aucunement adopter la logique concurrente : il emploie quand même des lettres muettes (e de prise, t de petit) et des règles idiotes (s lu z si entre deux voyelles), des incohérences (e muet à prise mais pas à nombre), et emploie des choix contestables comme accoler des mots sans espace (n’aurait). C’est comme si, dans le débat sur l’autorisation de l’athéisme, on avait présenté un athée pissant sur la croix de Jésus. Cela peut faire sourire, mais le débat est ailleurs. Hurler sans chercher à comprendre, sans laisser s’exprimer l’avis contraire, est une démonstration de stupidité éclatante, et d’immoralité (triompher par loi du plus fort en prétendant à la supériorité intellectuelle). Pourquoi DeClosets ne l’analyse-t-il pas ? Pourquoi évacue-t-il pareillement la voie phonétique sans examen ?
•  Le linguiste Brunot dit de l’orthographe « Tout y est illogique, contradictoire, à peu près seule la mémoire visuelle s'y exerce. Elle oblitère la faculté de raisonnement, pour tout dire, elle abêtit." » Le rapport de 1904 propose une réforme d’inspiration phonétique (ni, neu, doit, pois, gèpe, il gérit, démocracie, parcial, nasion, accion, chaize, blouze. « Le monde littéraire fut horrifié »
--> Si le monde littéraire écrivait des choses intéressantes, elles seraient traduisibles dans n’importe quelle langue. Ce n’est pas le cas, effectivement, il conviendrait d’en prendre acte. Ceci dit, cette réforme n’est pas correctement phonétique : le mot accion prouve que la lettre c garde son ambiguïté de prononciation k ou s, obligeant à des règles inutiles, de même les lettres muettes à pois, il gérit, démocracie égarent la lecture, l’écriture, en obligeant à des règles ou des catalogues d’exceptions, c’est complètement raté, les diphtongues à chaize, blouze, accion sont aussi incohérentes (on lit on différemment dans nasion et nasional). C’est mal conçu, tellement mal que ça ressemble à une caricature pour discréditer la voie phonétique. A tort. De Closets n’en dit pas un mot, puisqu’il approuve la condamnation sans chercher à comprendre.
•  Le français doit « évoluer pour que l’écriture savante devienne celle de tous. »
--> Non, il ne convient pas de dire cela. Les anciens détenteurs n’étaient pas des savants mais des cryptographes oubliant (et/ou interdisant) de réfléchir pour se focaliser sur un habillage ultra complexe inutile. C’est très nul, aucunement supérieur. Priver la population de l’accès à l’écrit pour garantir les privilèges était honteux, ajoutant l’immoralité à la stupidité. Il aurait fallu inventer mieux, et c'était facile.
•  « La simplification aurait dû précéder la généralisation. »
--> Absolument, comme cela a été fait en Russie/URSS, mais cela s’applique autant à tes pédants subjonctif et passé simple, inutiles. Eh oui, effleurer une sagesse incite à être cohérent. En s’alliant à moitié aux méchants, on perd toute crédibilité.

VIII – LE BAROUD DES INSTITS
•  « La France s’accroche à son immobilisme linguistique, indifférente aux experts de la francophonie, réunis en 1953 sous l’égide de l’Unesco, qui réclament une simplification de notre orthographe. »
--> Eh, un mot de commentaire serait bienvenu : c’est tout à fait cohérent avec la sacralisation de l’orthographe comme symbole patriote, c’est-à-dire xénophobe, méprisant les étrangers, même plus logiques et argumentés que soi. C’est presque la négation de la morale altruiste, tant chrétienne que laïque. Ça ne tient debout que par la dictature de très stupides incohérents laveurs de cerveau, avec foule de relais exécutants, fanatisés.
•  Au projet ministériel de réforme simplificatrice en 1965, les communistes rejoignent la presse de droite : « Quel intérêt y aurait-il à simplifier l’orthographe sous prétexte que de jeunes crétins sont rebelles à cet enseignement ? »
--> De Closets cite sans répondre, alors je réponds : l’intérêt est de ne plus confondre intelligence et soumission au dogme stupide de la bourgeoisie vivant du verbe en reléguant les logiciens et humanistes au travail de peine. Se laisser endoctriner par cet instrument de confusion mentale est dramatique. La logique marxiste voudrait un monde uni, intelligent, parlant aussi simplement que possible sans privilège prenant prétexte de complexités artificielles. L’espéranto pour tous paraît communiste, ou humaniste spirituel à la Jésus (et Abbé Pierre, Mère Thérésa, rien à voir avec le dictateur papal et les pasteurs bénissant le génocide amérindien), la langue emberlificotée ne vient que de dominants injustes, aristocrates ou bourgeois ou cléricaux. Vouloir partager cette domination injuste (avec leur « ascenseur social » pour les meilleurs serviteurs), c’est vouloir s’embourgeoiser, c’est certes une tendance franche et claire des électeurs (et des camarades, jouant hélas presque tous au loto en cachette), mais l’utopie marxiste (imaginant comme Jésus l’humain naturellement bon) consiste à y voir l’œuvre d’un lavage de cerveau, un appel aux plus bas instincts égoïstes.
•  L’arrêté Haby 1976 pour la tolérance de nombreuses « anciennes fautes » n’est pas appliqué, les professeurs choisissant de l’ignorer.
--> C’est presque une auto-contradiction de la vocation enseignante, qui devrait être la joie d’éveiller à l’intelligence, en ne dissuadant que les tendances objectivement mauvaises envers autrui. Sur le plan de la langue, la logique altruiste paraît extrêmement claire : quand on doit apprendre une langue étrangère (pour parler avec facilité à l’étranger ou découvrir avec bonheur de géniaux auteurs non-francophones), on déteste les complications artificielles « pour rien » : pourquoi ces (quelques) verbes et pluriels irréguliers en anglais imposant l ‘apprentissage de listes stupides, pourquoi ces déclinaisons en allemand gênant jusqu’à la formation de la pensée ? (C’est différent pour les autres alphabets, le nôtre n’étant qu’un choix, pas meilleur ni pire que le cyrillique ou le grec) Alors… pourquoi imposer à autrui ce que l’on n’aime pas subir ? C’est simplement le contraire de la morale altruiste : c’est mon outil de domination, alors je vous écrase avec, même si je vous autorise à venir me rejoindre dans le camp des oppresseurs. C’est simplement immonde, stupide et immoral. Et les instituteurs se considéraient autrefois comme les « intellectuels » des villages (voulant remplacer en cela les prêtres usurpant ce titre)… C’est une farce. Je ne pense pas que nos ancêtres étaient stupides, aveugles, je pense simplement qu’ils soupiraient avec fatalisme, laissant ces connards se croyant supérieurs se déjuger à outrance. Quoique… en voyant partout le succès phénoménal du patriotisme sportif, j’ai l’impression que la pourriture est majoritaire, seuls quelques utopistes anormaux étant naïfs, et finalement dans l’erreur (l’humain n’est pas naturellement bon), OK. Mais c’est infiniment triste.
•  Les instituteurs changent de camp dans les années 1980. « notre orthographe peut convenir à un enseignement élitiste, elle n’est pas adaptée à un enseignement réellement populaire et crée un handicap pour les enfants du peuple. »
--> De Closets paraît très content de cette opinion, mais je pense que c’est une bonne direction pour une mauvaise raison. Les meilleurs moutons ne sont nullement une élite en intelligence et imagination (perception de problèmes et incohérences, invention de solutions). Les bourgeois ne sont pas à leur place par mérite objectif, mais par l’injustice d’un système fondé sur l’héritage plutôt que sur l’effective égalité des chances. Vouloir embourgeoiser les masses locales, en crachant sur les foules étrangères, est monstrueux. Pourquoi ne pas fournir l’outil génial de l’écriture sous la forme la plus simple possible, accessible à tous loyalement ? Si on construit un pont, c’est pour que tous franchissent la rivière, il est totalement idiot d’exiger (pour avoir droit de passer sans huées ni crachats) que soient récités au mot près les cent premiers versets du Coran, en clamant qu’historiquement les ouvriers bâtisseurs ont vénéré ce livre. Non : rien à foutre. Un pont est une bonne chose, les gardiens du pont “sélectifs” sont des criminels. La situation est très exactement la même pour l’écriture de la langue. Ce n’est pas en donnant des cours de récitation à tous qu’on résout le problème de base. Il suffit de dire: laissons réciter les puants se déclarant les seuls bons, mais n’exigeons plus de récitation, simplifions au maximum le passage, même s’il faut se mettre d’accord entre nous pour éviter les collisions.
•  En 1988, l’instituteur Jacques Leconte écrit : « Offrons à nos enfants une orthographe plus claire, plus cohérente, plus facile à apprendre et à retenir ».
--> Le concept de « offrir la simplicité » me paraît admirable, totalement, mais « à apprendre et à retenir » me hérisse. En ortograf de patrisya, il n’y a rien à apprendre et retenir « comme orthographe », il n’y a à intégrer que les graphèmes correspondant aux phonèmes, et c’est tout : on apprend le principe alphabétique et la discipline « orthographe » n’existe simplement pas. Il n’y a nullement à apprendre et retenir comment s’écrit tel mot : quand on parle de tel mot, on le prononce, donc il est écrit comme ça se prononce, point barre. Ça ne veut nullement dire que les instituteurs seraient mis au chômage, mais ils apprendraient à réfléchir et pas à obéir. Ce ne serait plus une usine à faire des moutons imbéciles et fiers à tort (ou coupables à tort), ce serait donner leur chance aux enfants, de comprendre et résoudre les atrocités du monde, si injustement ordonné. Ce n’est certes pas en faveur de la « suprématie française » mais si cela évite la « révolution anti-française » (ou anti-occidentale plus largement), c’est intelligent et moral. Comme l’aurait été l’abandon volontaire des privilèges en 1788. Offrir la justice est beau même si c’est douloureux pour les dominants injustes (et même si les rescapés de l’écrasement risquent de ne pas être des anges, construisant un autre mode d’écrasement… Robespierre a remplacé Louis XVI, Staline a remplacé le tsar…). La religion chrétienne a ceci d’admirable que des naïfs, faisant le bien, sont heureux de la certitude d’être récompensés post mortem, quand bien même tout foire sur Terre… Même si Dieu n’existait pas, même si ça ne faisait guère avancer le shmilblick, ce qu’ils font est beau.
•  Philippe de Villiers : « Un peuple qui perd son orthographe perd sa mémoire et son intelligence ! » (…) « conservatisme des gens de lettres »
--> Le drame est là clairement exprimé, presque. Au nom des plus hautes valeurs, la scolarité constitue un embrigadement anti-humaniste, pour que l’enfant devienne membre de la tribu rejetant/écrasant les autres tribus. Il ne s’agit nullement d’éveiller intelligence et sensibilité individuelles, pour devenir un membre estimable d’une humanité unie. Non, il faut inculquer que l’on fait partie de tel peuple bien différent des autres, en admirant ses lettrés bien spécifiques. Le mot de « mémoire » est encore un piège de la langue française : il ne s’agit ici nullement de la mémoire personnelle, mais des racontars au sujet du passé présentés comme vérités incontestables (jusqu’à l’âge adulte, la loi Gayssot punissant maintenant de ruine et prison toute objection, même argumentée, même logiquement imparable). Je ne prétends pas qu’il n’y a aucune leçon à tirer du « passé raconté », mais je verrais ça très différemment. Cette « mémoire » serait tout le contraire de ce qu’elle est actuellement : une explication anonyme de mécanismes effectivement possibles (sans nullement en tirer de « familles victimes » éternelles et « familles coupables » éternelles). Les auteurs de science-fiction ont imaginé des milliers d’horreurs, quelques unes semblent avoir été hélas expérimentées. Parler de sang impur fait tuer des innocents, le racisme est condamnable (sans exemption aucune), les victimes innocentes ne sont pas autorisées en réparation à devenir bourreaux d’innocents, etc. Envisager de faire comprendre cela est totalement impensable pour les sionistes qui nous gouvernent. Pourtant, comprendre cela est pour l’enfant devenir simplement cohérent, intelligent et moral (détournant l’égoïsme enfantin vers l’altruisme souhaitable). Et à l’âge de trente ans, à titre de loisir, on pourrait rechercher de quel détail historique vient la leçon de principe. Ce serait un autre monde, sans l’opulente « grandeur de La France » chère à De Villiers et autres expulseurs de mal-nés, hélas majoritaires en France à l’issue de l’éducation subie – qu’il s’agisse d’endoctrinement imposé aux êtres bons ou bien d’encouragement aux plus bas instincts. L’intelligence prévenant la guerre, par la cohérence évitant la colère en retour, fait un tout autre usage de la mémoire, un tout autre usage des lettres, elle a besoin d’orthographe simple, dirigeant la pensée vers la logique.
--> Je reprends cette idée autrement, avec une autre « mémoire », non censurée. Cela me paraît un sujet très majeur. 1/ Les bébés ne sont pas des anges innocents mais de petits monstres animaux : leur logique spontanée est d’accaparer, exiger, hurler jusqu’à obtenir satisfaction. Il faut dompter leur égoïsme sauvage. 2/ La tradition judaïque de l’Ancien Testament (et peut-être la tradition amérindienne) suggère une certaine idée de l’harmonie, de l’amitié : on dit que le chien est le meilleur ami de l’homme, or le chien est soumis à l’humain comme à un chien dominant, paisiblement, espérant manger les miettes de son repas – en aboyant férocement si un étranger passe la porte. Ainsi, l’humain devrait être soumis devant Dieu, le craignant sans protester. La femme devrait être soumise au mâle. L’enfant devrait être soumis à l’adulte. L’esclave devrait être soumis au maître. Le sujet devrait être soumis au roi. Le producteur devrait être soumis au marchand, au banquier, à l’héritier propriétaire. C’est la logique tribale, soumise au chef de tribu, tout en écrasant plus faible que soi : écraser l’étranger, asservir l’étranger, rejeter l’étranger pauvre voulant partager les miettes du gâteau. 3/ Jésus a contesté cela, traçant une autre voie, pour une humanité devenant adulte. Oui, un père doit écraser les caprices du jeune enfant, mais à terme il veut que l’enfant devienne comme lui, pleinement respectable. Avec l’âge, il peut comprendre la logique altruiste, de simple réciprocité : « ne me hurle pas après et je ne te hurlerai pas après ». Ainsi, entre adultes, il ne faut plus dominer ni rejeter l’étranger, il ne faut plus dominer le producteur, il ne faut plus d’esclavage ni royauté. Le faible est moralement beau tandis que l’écraseur est moralement laid. Le partageur sera récompensé, l’accapareur sera puni. Il convient de traiter autrui comme on voudrait être traité : si tous appliquent cela, ce sera le Paradis sur Terre ; sinon, on écrase avec jubilation avant de se faire écraser de même, évidemment. 4/ Jésus (qu’il ait existé ou non) a été tué pour avoir osé énoncer cette logique sacrilège, qu’est l’humanisme. En son nom, en cachant sa parole (seulement écrite, en réservant la lecture aux initiés), la logique judaïque a triomphé. Royauté, colonialisme, servage, extermination, dictature, racisme, patriotisme… Anti-humanisme. 5/ Avec le recul (de l’Histoire, imaginaire ou non, peu importe), on peut faire renaître le bon sens humaniste : les Amérindiens qui rejetaient les étrangers ont été exterminés, les Nobles qui écrasaient les manants ont été massacrés, les Israélites anti-prosélytes qui rejetaient et exploitaient les non-Juifs ont été massacrés, les Nazis qui écrasaient les non-Aryens et voulaient exterminer les Juifs ont été massacrés, les Palestiniens qui rejetaient les migrants ont été expulsés. Mauvais calcul, et les violents sont en un sens justiciers, cassant un Mal effectif. Maintenant, les Occidentaux (Français, Etasuniens et autres) écrasent les étrangers, les expulsent (ou refusent leur retour, pour le cas d’Israël), ça devrait déboucher pareillement sur un massacre en retour. Il a commencé, à cause du refus de retour des Palestiniens (expulsés pour cause de « sale race » ou ayant fui les massacres racistes). 6/ L’humanisme reste possible. Les Européens ont aboli l’esclavage avant que la révolte fasse un massacre, les Etasuniens ont aboli la ségrégation raciale avant une révolution, les Africains du Sud ont aboli l’apartheid. Les Occidentaux peuvent abolir les frontières, sans être exterminés, en perdant seulement leur confort privilégié. C’est une utile leçon de la « mémoire » collective. 7/ Sur le parcours, il existe toutefois une utilisation inverse de « la mémoire », non comme incitation au partage avec l’étranger mais comme pseudo-justification du refus de partage. « Le privilège que je revendique, c’est pas de ma faute : il me vient du passé ». Les aristocrates l’ont clamé avant la guillotine. Les israélites l’ont clamé avant la chambre à gaz. Les divers Yougoslaves l’ont crié avant les massacres. Les Occidentaux sionistes l’ont clamé avant le « terrorisme ». Tel est le point de vue DeVilliers, Sarkozy, et des « lettrés » voulant une langue aussi difficile que possible pour l’étranger. Je ne suis pas d’accord.
•  « visent directement les instituteurs. Les voilà accusés de vouloir réduire la langue à un sabir utilitaire, de céder à l’idéologie égalitaire, au laxisme et à la médiocrité (…) aveu d’incompétence ».
--> De Closets, ici encore, enregistre les attaques injustes qu’il ne soutient clairement pas, mais sur l’orthographe seulement. Pour le subjonctif et le passé simple, il est dans le camp des anti-simplificateurs. Je répète qu’il ne s’agit pas d’égalitarisme et de médiocrité, mais de virer la complexité inutile qui exclut les esprits logiciens, cassant ce système cryptographique stupide. Les lettrés élus par le système ne posant aucune des questions qui fâchent, terriblement évidentes autant que graves, le système est malade, à l’évidence. Se battre pour le sacraliser, intouchable, c’est refuser de réfléchir, c’est exploser sur une bombe sans avoir vue venir son extrême logique. L’autocritique est l’intelligence. Les simplificateurs peuvent s’excuser d’abîmer la langue chérie des puristes, en créant une option « vieux français » avec plein de médailles, mais pour les volontaires exclusivement.
--> Ceci me rappelle la question du Latin. J’ai étudié 7 ans la langue latine, parce que mes parents souhaitaient que je sois « dans une bonne classe », puis pour avoir des points au Bac (j’ai eu 17/20). Peut-être que les familles feraient ainsi pression sur leurs enfants pour qu’ils étudient le vieux français. Ce n’est pas grave, tant que c’est optionnel. Je ne retire strictement rien de ces 7 ans de latin, rien, jeu de déchiffrage sans intérêt. (Quant à l’origine des mots français, ce n’était pas le sujet du cours, et un dictionnaire étymologique donne cet information sur demande, sans déranger quiconque). Je ne demanderai pas à mon fils d’étudier cette langue – en deux générations, la dictature (au nom de la grandeur, de la qualité) débouche sur l’abandon. J’espère que mon fils aura l’esprit logique, lucide, résistant à l’endoctrinement, répétant sans y croire ce qu’il faut dire pour avoir les diplômes, c’est en cela qu’il serait intelligent. Quant à sa richesse narrative ou créatrice, elle s’exprimera aussi bien en philippin qu’en français simplifié (ou qu’en français archi-ampoulé, surchargé de millions de fioritures inutiles).
•  « ’’en matière de langage il n’y a que deux catégories de gens qui ont le droit d’exprimer leur avis, les écrivains et le peuple’’. Il avait oublié de nouveaux intervenants : les scientifiques. »
--> Je suis effaré : il y a des gens qui ont la liberté d’expression et d’autres pas ? (Certes, la loi Gayssot l’a officialisé, mais je pensais que c’était une odieuse exception). Enfin, je pense que le peuple approuverait que les consonnes doubles non prononcées soient autorisées en consonne simple, je n’ai jamais entendu que des gens pester après cette complexité, jamais personne l’approuver. Mais en démocratie indirecte, ce n’est pas le peuple qui décide, mais l’oligarchie se prétendant représentante, qui peut faire une fixation obsessionnelle sur l’ordre en place et la stricte discipline sans se poser de questions (légitimité du Sénat ? interdiction du référendum d’initiative populaire ?). Enfin, il faudrait un sondage honnête pour se faire une opinion. Je n’exclus certes pas que son résultat ne soit pas en faveur d’une autorisation de simplification : sonder des endoctrinés est clairement biaisé. L’objet de cet enseignement d’orthographe indiscutable est précisément de faire admettre sans autoriser la critique, la vénération définissant le Bien. Alors, automatiquement, la pensée s’étant construite sur ces bases, cela aboutit à l’appliquer. Sauf esprit anormalement autocritique, les victimes du lavage de cerveau ne sont pas du les personnes habilitées à décider de son bien-fondé. Je préfère un avis extérieur, indépendant. Un étranger apprenant l’ortograf de patrisya et l’orthographe de Jules Ferry pourrait nous dire laquelle est préférable, objectivement. C’est d’une telle évidence que cela justifie les hurlements en retour, l’accusation d’hérésie et de blasphème interdisant de réfléchir en débat contradictoire. Mais je ne vois absolument pas pourquoi les scientifiques français auraient une quelconque légitimité. L’intelligence critique est accessible à tous, dans tous les milieux, et – précisément – pour être diplômé en sciences ‘expérimentales, il faut manquer d’esprit critique, il faut réciter sans oser douter du dogme, en ne faisant que jongler avec les prétendus lois incontestables (que fait sauter la logique sceptique, sans a priori). A 15 ans, j’étais considéré génial en Sciences Physiques, parce que j’étais nul en logique : en écrivant la loi d’Ohm U = RI, je la manipulais savamment, oubliant seulement de poser la question qui tue :
– pourquoi croirais-je que R=U/I est une constante ?
– Cela a été démontré, et tu peux le vérifier !
– observer une fois, sur un montage particulier, sur une étroite gamme de U, ça prouve pas que c’est une loi générale.
– La communauté internationale l’a vérifié depuis des siècles !
– qu’est-ce qui prouve que ça restera vrai demain ?
– Cela est vrai depuis un million de jours, la probabilité que ça change est inférieure à un million !
– non, vous êtes en aval de l’axiome que demain est un jour quelconque comme le passé.
– Bien sûr !
– c’est arbitraire, je suis pas d’accord.
– A l’interrogation écrite, tu vas prendre zéro !
– à vos ordres, chef : U=RI…
  Les plus brillants en science (expérimentale) sont des nuls en logique, oui.
•  Le sondage de 1989. « Les réformistes constituent donc une majorité, mais avec une nette domination des ‘’’modérés’’ ».
--> Un sondage sans préparation paraît biaisé. Si les sondés doivent répondre par automatisme, il est clair que c’est la définition du bien et du mal rabâchée à l’école qui tendra à s’exprimer, docilement. Dans un sondage politique avant élection, des débats préparatoires ont au contraire permis à chaque camp d’exprimer ses avantages et les inconvénients de la concurrence, les réponses aux attaques diabolisantes de la concurrence aussi. Pour un sujet aussi iconoclaste que l’orthographe rabâchée 10 à 15 ans, il faut une remise en question personnelle de chacun, un temps de réflexion. J’imagine que les perles d’aberration rassemblées par De Closets sont méconnues (je les ai personnellement découvertes avec plaisir, et partielle surprise notamment pour les complexités anti-étymologiques). Il faudrait que chaque votant ait lu ce livre de DeClosets, ma critique de celui-ci, la réponse des traditionalistes. Le sentiment spontané n’est pas du tout un avis réfléchi à l’issue de débat contradictoire.

IX – L’ULTIME BATAILLE
•  « des lexicographes, des grammairiens, des philologues, des pédagogues, des universitaires, gens de vaste culture, de fortes convictions, qui poursuivent des démarches individuelles et érudites. »
--> Les mots « vaste culture » et « érudites » me semblent discréditer ces gens, qui sont des pompeux notables profitant du système de domination par les verbeux à idées nulles. Alors qu’il suffit d’une humble pensée logique, cohérente, ferme et innocente, pour casser le dogme, et inventer la solution. Bien sûr qu’une discussion est souhaitable, avec proposition de solutions alternatives, sans parachuter un autre dogme, mais réserver le débat aux notables me paraît malhonnête. J’ai connu autrefois De Closets à la télévision comme vulgarisateur scientifique, il est clair que c’est son milieu de prédilection, mais pourquoi – vu de l’extérieur – croirait-on ces gens ? Ce qui compte, ce sont les idées, pas le statut social des personnes les ayant formulées. (Enfin, en théorie, en débat honnête, même s’il est clair qu’en pratique, tout n’est qu’affaire de pouvoir, le plus « fort » socio-médiatiquement imposant sa loi).
•  « Il n’est pas indispensable de marquer le pluriel sur l’article, le nom, le pronom, l’adjectif et le verbe. (…) Ces marques grammaticales, généralement muettes, disparaissent à l’oral sans gêner en rien la compréhension. (…) Toute volonté de mettre plus d’ordre et de logique pourrait nous entraîner dans une fuite en avant au terme de laquelle les Français devraient réapprendre à écrire une langue qui aurait perdu sa difficulté, mais aussi ses subtilités, sa beauté, son charme. Il devient alors naturel de préférer notre ordre orthographique à cette logique dévastatrice. »
--> Non, ce n’est pas naturel, ce n’est pas convaincant du tout. C’est une totale absence d’argument qui apparaît là. Quelle est la beauté objective des accords de pluriels d’adjectifs non prononcés, si ce n’est l’obéissance à des années de rabâchage « là est le seul bien » ? Au nom de la beauté, les bâtisseurs romans refusaient le gothique, les peintres classiques refusaient l’impressionnisme, ce n’est pas un argument, c’est une intolérance au nom du seul dogme, de l’habitude ancrée. L’intérêt des enfants apprenants est totalement occulté. Idem pour les possibles utilisateurs vierges d’a priori : l’accessibilité aux étrangers (en réciprocité de nos sentiments en apprenant une langue étrangère) est foulée aux pieds. Et si réapprendre prend cinq minutes, au lieu de 10 ans par le passé, où est le problème ? La thèse De Closets (et des scientifiques qu’il vénère) est donc nulle, totalement.
•  « on remplacerait la graphie alambiquée oiseau par wazo. Mais existe-t-il un seul Français que dérange cet oiseau-là ? Probablement pas. »
--> Faux. Je suis dérangé, même si je me suis plié sous la loi du plus fort (enfin, pas sous le bâton, mais pour la carotte des « bons points et images »). Des dizaines de milliers d’enfants actuels sont dérangés par les diphtongues anti-logiques, pleines d’exceptions imprévisibles. Avec les années cumulées, des millions ont été dérangés, et plus grave : ont été exclus les logiciens refusant l’arbitraire idiot. Cautionner ce système sans argument objectif, c’est le niveau zéro de l’analyse. Autrefois, chaque repas commençait par une prière à haute voix, et à ceux qui contestaient, étaient adressés les mêmes arguments : ça ne dérange personne, c’est beau et bon et vrai, etc. C’est nul, oui. La tradition inutile devrait être facultative, non objet d’endoctrinement et punition (« si tu refuses de réciter l’Evangile, tu iras manger dans l’écuelle du chien ! ou avec les cochons si on en avait ! »). De Closets se présente là comme malhonnête, gardien du temple, aussi aberrant que ceux qu’il condamne. Personnellement, je crois me souvenir que j’ai gobé le « oi », le « au », le « s » lu z (de oiseau) au CP en étant trompé par une présentation menteuse, malhonnête : « oi se lit toujours wa, au se lit toujours ô, s entre voyelles se lit toujours z, c’est assez simple », et puis… deux ou cinq ans plus tard, on apprend (on doit apprendre par cœur) les exceptions : oignon/coin, caudillo, carrousel, etc. Et implicitement était asséné le mensonge « il n’y a pas moyen de faire plus simplement ». La personne qui, parmi nous, en silence sous la menace, inventait plus simple, était automatiquement cassée, devant « obéir » à l’autorité. Et ça ne dérange pas DeClosets ? J’ai entendu dire que des Français avaient été impressionnés par l’immense popularité de Jozef Staline dans les années 1950, subjugués par les (dizaines de) minutes d’applaudissements à chacune de ses apparitions – on a appris plus tard que le premier individu à arrêter d’applaudir était automatiquement repéré par la police politique et tué le lendemain, ça n’aurait pas dérangé DeClosets, apparemment. Même sans tuer, pour l’orthographe, c’est la condamnation à l’exclusion sociale, ou au travail de peine (que je trouve plus méritant que le verbiage de col blanc mais c’est un autre débat).
•  « La même absurdité logique nous ferait passer de l’eau gazeuse à l’o gazeuse, ou de il est sage à il é sage, etc. »
--> Mais pas du tout ! D’une part la logique phonétique n’a rien d’absurde, d’autre part, tu n’y as rien compris ! Le o n’est pas adapté car il correspond plutôt au o de folle, différent du ô ici correct (comme, il faut différencier le jeune – sauf à Lyon – et le jeûne, avec e et ê selon Patricia, qui écrit « ô gazêz, il é saj »). Le se à la fin de gazeuse renvoie à la règle idiote de s lu s ou z. Les e muets à la fin de gazeuse et sage sont à supprimer. La diphtongue eu est contestable, inutile, remplaçable. Le ge à la fin de sage renvoie à la double lecture (inutile) de g comme j et g. Bref, DeClosets n’a absolument rien compris au principe, lumineux, et il se permet de critiquer, de croire ridiculiser… gonflé ! ou malhonnête, sciemment trompeur, abject.
•  « De telles rectifications, justifiées dans une logique phonétique, créeraient une énorme perturbation sans réduire le moins du monde les difficultés pour les scripteurs incertains qui ne buttent pas sur les mots les plus courants. Elles n’auraient donc aucun sens. »
--> Faute grave de raisonnement. A priori, le but est de faciliter l’acquisition de l’écrit pour les enfants et étrangers, et cette acquisition serait possible à 4 ans pour les premiers, sans plus jamais faire de faute, et en cinq minutes pour les étrangers (connaissant déjà l’alphabet latin, peut-être une semaine pour les autres) sans jamais faire de fautes là non plus. En quoi est-ce dénué de sens ?? Et si c’est d’une simplicité très élémentaire, les adultes peuvent s’y mettre aussi facilement que les étrangers, même si la tendance à garder les vieux automatismes produira une gêne, comme avec la monnaie Euro. Ce n’est pas facile pour nous, c’est seulement dicté par l’altruisme, notion qui semble échapper à DeClosets. Quant à dire qu’aucun adulte ne fait de faute à oiseau, je n’ai pas gardé trace de la preuve mais ma collègue employée ex-ouvrière CatRab (faisant une douzaine de « fautes » par phrase, ce qui n’est pas grave à mon sens) contredit je pense le propos ici affirmé, apparemment égoïste (implicitement : « moi, ce n’est pas ce qui me dérange, alors ça ne dérange personne, alors le corriger serait insensé »). Niveau double-zéro de l’analyse. Ce livre est un scandale, et les « scientifiques » qui inspirent ce chapitre ne sont nullement crédibles.
•  « les bévues de scripteurs (…). Mais comment choisir celles qui devraient donner matière à rectifications ? »
--> Ça y est, le hold up est commis. Puisque la pure logique a été malhonnêtement écartée, on tombe dans l’arbitraire, et il faudra de longues et coûteuses études, de la part d’experts (décrétés incontestables), pour tracer les limites du nouvel arbitraire. Eh bien non, la simple logique casse ce prétendu argumentaire. Il y a eu faute de raisonnement plus haut, ce n’est même pas la peine de lire la suite (à moins qu’un réveil de lucidité émerge dans la conclusion… ce ne sera pas le cas, du tout, au contraire).
•  « Et surtout, est-il assuré que la modification envisagée aurait plus d’avantages que d’inconvénients ? (…) Le rapport coût/bénéfice, bien connu des économistes ».
--> Voilà : là où le penser vulgaire, méprisé, dit lamentablement « peser le pour et le contre », les fiers économistes, bardés de diplômes et sous les applaudissements, emploient un autre mot, quelle grandeur ! Je ne dis pas que l’ortograf de patrisya est dénuée de difficultés, pour les gens mal formés à l’ancien système pourri : les homophones et double sens devraient être remplacés pour rendre clair l’oral (donc l’écrit patricien avec), les liaisons aberrantes devraient être des archaïsmes signalés (mais non imposés) aux nouveaux apprenants : vas-y, allons-y, allez-y pour vas, allons, allez, je vous-aime pour je vou aime, etc. L’avantage est tel en simplicité que cela mérite l’effort pour les anciens (toujours autorisés à dire « je vous-aime », mais devant être informé que « en djeun’s », ça se dit « je vou aime »). Ce n’est pas plus traumatisant que de prendre note du verlan, un peu déroutant mais compréhensible – quoique la grosse différence serait que l ortograf de patrisya serait purement logique, là où le verlan change un mot sur cinq ou sur vingt, de manière imprévisible, difficile à décoder pour un étranger ou autre.
•  « Il n’empêche que le changement est désagréable. Les ’’bons’’ élèves payent pour les ’’mauvais’’. Il existe donc un seuil de tolérance au-delà duquel le lecteur refuse le changement. »
--> Même avec les guillemets à bons et méchants, c’est dramatique ou criminel de dire cela. Oui, j’avais les meilleures notes de la classe, chaque année, mais moi je présente mes excuses pour avoir cautionné ce système pourri qui a exclu les (éventuels) esprits logiques parmi nous. Si j’avais eu à 5 ans la pertinence logique qui est la mienne aujourd’hui, j’aurais été classé très mauvais, nul, inapte à la scolarité. C’est atroce. La solution logique étant pure et simplissime, il y aurait pour les faux « bons élèves » le choc du changement et puis c’est tout. En se mettant très facilement au nouveau système. Si DeClosets est empêtré, ce n’est que par erreur stratégique : puisque « changer seulement ici ou là » relève de l’arbitraire (ou de montagnes de chiffres d’enquête pour spécialistes), c’est un nouveau règne de l’incompréhensible, qui irrite – enfin, pour ce qui est des changements qui seraient vraiment perturbants (je doute fort que l’autorisation de simple consonne là où il y a une double non prononcée suscite un choc populaire). Mon grand-père renvoyait nos lettres de vœux, avec les fautes d’orthographe corrigées en rouge… croyant nous aider, socialement, ce n’était pas méchant, mais je préfère la logique de Jésus : accueillir le faible (et j’ajouterais à mon grand-père mathématicien : ne pas opprimer la logique élémentaire).
•  « Les véritables bénéficiaires sont donc les enfants et les étrangers, qui n’ont pas droit à la parole. (…) les adultes n’ont pas intérêt à court terme à ce que le système soit modifié (…)’’stratégie de vente’’ »
--> Oui mais ! Si tu avais pris en compte cette évidence un peu plus tôt, tu n’aurais pas rejeté l’écriture phonétique ! C’est le principe de la malhonnêteté oratoire, totalement distincte de la logique mathématique : au lieu de poser les principes et critères, voyant où cela mène automatiquement, on décide où l’on veut aller, et on occulte ou fait apparaître les arguments, selon qu’ils gênent ou arrangent pour conduire au but. C’est du bagou commercial, non de la pensée honnête. Peut-être que c’est efficace (avec des auditeurs dénués de sens critique), c’est simplement dégueulasse, intellectuellement, et moralement – puisque l’on interdit évidemment à autrui d’utiliser le même procédé pour un but différent. Cette malhonnêteté oratoire règne actuellement, avec éclat, comme l’illustre l’accusation de racisme à tous, israélites exceptés, et le sacré principe de précaution, que l’on oublie d’appliquer à la voiture, la baignade, chien domestique, etc. Implicitement : « Tel argument est majeur, imparable, mais puisqu’il me gêne ailleurs, c’est à moi de décider où je l’applique, ou pas ». C'est de l'égoïsme, l’intelligence et l’honnêteté sont mises à la poubelle.
•  « Par chance, le linguiste Pierre Encrevé est un proche du (…) Michel Rocard (…) Premier ministre »
--> Et voilà : au lieu que le débat se place sur le thème de la cohérence, intellectuelle et morale, tout n’est qu’affaire de manœuvres et favoritismes secrets via les puissants se prétendant malhonnêtement démocrates, humanistes. Michel Rocard a certes brillé par son honnêteté, avouant l’égoïsme groupiste de la majorité française, y compris le « généreux » côté gauche (« La France n’a pas vocation à partager la misère du monde »). Mais ce qui se joue là est quand même d’imposer par un « représentant » du peuple une loi impopulaire – comme l’anti-populiste Mittérand avait aboli la peine de mort contre l’avis populaire, un avis franc-maçon comptant plus qu’un million d’avis méprisables... C’est affligeant, sachant que chacun paraît à même de comprendre que la logique et l’altruisme poussent objectivement dans une direction, que les résistances perçues comme intuitives ou spontanées viennent d’un conditionnement injuste et criminel. Non, il ne faut surtout pas réfléchir et offrir, il faut continuer à imposer et tromper. C’est très lamentable. Quoique peut-être efficace, certes. L’aristocratie « chrétienne » s’est maintenue au pouvoir des siècles, l’esclavage par des « chrétiens » a duré des siècles aussi, la cohérence importe peu – mais inutile de lire un livre (prétendument d’analyse) alors, il n’y a qu’à se soumettre et prendre sur la figure ce qui nous tombera dessus. Et exploser sur une bombe un jour ou l’autre, sans avoir rien compris, rien vu venir – « de toute façon, ça aurait changé quoi ? ». Si je vais être opéré, à quoi bon me morfondre d’inquiétude en imaginant la logique des choses, non : ce qui arrivera… arrivera, je n’y peux rien. Sagesse, en un sens. L’intelligence et la cohérence morale sont simplement écartées sans argument (autre que l’implicite « Le système est de toute façon pourri »), pour cette histoire d’orthographe, c’est très triste.
•  « Les Français changeront leurs habitudes au fil des ans, sans même s’en rendre compte dès lors que les rectifications restent mineures et sont proposées et non pas imposées. (…) la ’’réforme’’ se fera en douceur ou ne se fera pas. (…) » Le président Mittérand approuve sans enthousiasme la loi de 1990 voulue par Rocard qu’il déteste. « quasi-approbation ».
--> Une autre interprétation est que le machiavélique Mittérand se félicite que Rocard se lance dans une réforme impopulaire (pas spontanément impopulaire mais allant le devenir assurément sous les caricatures des ’’lettrés ’’ outrés), ce qui le discréditera, via les médias unanimes, avant la prochaine présidentielle. J’avais été effaré en 1980-81 (quand le pré-candidat Rocard avait davantage de popularité que le pré-candidat Mittérand,) : les journalistes avaient admiré la « leçon politique » donnée par Mittérand, cuisante gifle à Rocard, le chef de parti Mittérand décrétant « le candidat : ce sera moi »… Ô, quel « grand homme » ! Et « Le coup d’Etat permanent », ouvrage de Mittérand fustigeant la 5e République, avant qu’il soit lui même élu, et illustre le principe « maintenant, c’est notre tour » (d’écraser et empocher le magot)… Lamentable, abject.
•  Jacques Cellard : « Chacun s’accorde à dire que notre orthographe est aberrante, que son apprentissage impose à toute la population scolaire une perte de temps dramatique ; que sa pratique difficile paralyse des millions de parlant-français, leur interdit de s’exprimer à leur gré ; que c’est un instrument de sélection sociale néfaste et injuste… »
--> Bravo et merci Monsieur Cellard (et Monsieur De Closets qui le rapporte), mais… deux problèmes :
– Le « chacun s’accorde » initial est une insulte, tenant pour totalement négligeables les points de vue adverses, qui sont ici les puristes, lesquels vont naturellement tirer à boulets rouges, haineusement… et De Closets a commis la même faute, utilisant pareillement cette idée (d’unanimité prétendue) pour balayer les phonéticiens.
– Ce n’est pas très spécifiquement l’orthographe qui constitue le problème : les subjonctifs obligatoires sont aussi contestables, par exemple, voire la persistance d’homophones sources de malentendus (ou homographes, ce qui rejoindrait le même problème, en écriture phonétique).
•  « Le Figaro (…) à combattre toute réforme de l’orthographe la même pugnacité que L’Humanité à combattre toute réglementation du droit de grève (…) François Bayrou qui mène la charge. »
--> Je l’ignorais et donc jamais je ne voterai pour Bayrou. Mais l’exemple anecdotique de l’Humanité m’amène à une autre objection : comme la croisade du Figaro pour l’orthographe me paraît détestable, malhonnête, la croisade de l’Humanité pour la grève me paraît détestable, malhonnête. Dans le secteur privé, d’accord, la grève est une menace de suicide commun, les employés disant aux dirigeants exploiteurs « si vous ne partagez pas un peu plus, nous nous suicidons, laissant la concurrence tuer l’entreprise, vous et nous », ce qui est un contre-pouvoir courageux, en cas d’atrocité extrême. Mais dans le secteur public, où ont lieu l’immense majorité des grèves françaises, la direction ne vise pas le profit mais la satisfaction des usagers et contribuables (populaires), le monopole exclut toute concurrence (et interdit les alternatives de secours pour les usagers victimes), le recours infini à l’impôt exclut toute banqueroute, la grève n’est donc qu’un moyen d’exercer la loi du plus fort, à la moindre contrariété, les corporations pouvant écraser les politiciens d’une part, le public d’autre part. Je trouve ça abject. Mais pas un mot de cela à la télévision ou dans la bouche des intellectuels. C’est sur Internet que j’ai découvert avec stupeur qu’en Allemagne, les fonctionnaires n’ont pas le droit de grève, ce qui est tellement logique. Et bien sûr, ces grèves publiques sont généralement payées : pour daigner reprendre le travail, la première exigence est le paiement de la grève, dont la faute est attribuée entièrement à la direction et non aux grévistes. Et mon frère a été scandalisé un jour, le non-paiement (partiel) des jours de grève lui faisant pousser ce grondement : « si j’avais su que ce serait pas payé, j’aurais pas fait grève ! ». Oui, c’est un parallèle intéressant avec l’honnêteté du débat sur l’orthographe, agitant des grands principes prétendus généreux, pour imposer discrètement la loi du plus fort. Il aurait été judicieux de le dire – mais ce ne serait pas publiable, sans doute, les livres en France ne sont pas faits pour réfléchir. On me répondra évidemment : « salaud, tu t’accordes le droit de grève que tu condamnes chez autrui. » Non. Je n’ai fait qu’une heure de grève en vingt cinq ans de carrière, et je suis allé dire au représentant syndical : « cet appel à la grève c’est pas juste : si on vous suit pas, on se fait insulter par les collègues, vous créez la menace de la haine, on n’a pas la liberté de choix ». Le syndicaliste, intelligent et honnête, (CFDT mais je ne veux pas généraliser) a reconnu : « Oui, pardon, c’est pour ça qu’on ne lance d’appel à la grève que le moins souvent possible, en cas de problème extrêmement grave. » D’accord, mais la grève annuelle traditionnelle à la Mairie de Toulouse ? Les grèves pluri-annuelles des enseignants, transporteurs publics ? Je ne suis pas syndiqué, non. Même si je préfère les ouvriers aux cadres, et pense que la rémunération est aberrante, récompensant le commandement au lieu de la pénibilité. (Pas besoin de grand salaire, il y a pléthore de candidats à la position dominante, « j’aime les responsabilités » ne cache pas toujours « j’aime le fric »). Bref, sacralité du droit de grève publique, sacralité de l’orthographe, ça se ressemble : surtout ne pas réfléchir, c’est sacré !
•  « une imposante brochette d’écrivains (…) Bernard-Henri Levy »
--> Là, voilà un « grand homme » ! C’est ce « philosophe » qui a craché sur mon oncle cette pensée grandiose : « Si t’es pas maoïste, t’es un con ! », avant de tourner sa veste et de devenir anticommuniste, ayant accès à la publication avant et après, quand ce privilège était refusé aux gens lucides d’emblée – mais ayant certes l’impureté de s’appeler Dupont ou Mohammed, pas Levy ni Golstain… Cherchez l’erreur. Non, ce n’est pas imposant, non.
•  « Sauvegarde de la langue française (…) embarquant sur son char cinq Prix Nobel (…) François Jacob (…) Léon Schwartzenberg ».
--> On tourne en rond, ne faisant qu’illustrer le drame social : les Prix Nobel sont notoirement attribués au piston, comme en Littérature où les votants ne lisent pas le texte source (et où les textes traduits s’avèrent souvent sans aucun intérêt), comme pour la Paix où l’on couvre d’or la défense des dogmes occidentaux même par la guerre éventuellement, comme en Science où les chefs d’équipe ambitieux tirent les lauriers à la place des petits inventeurs. Oui, cette caste est jalouse de ses privilèges indus, férocement. J’ai lu sur Internet qu’il y avait « 70 Prix Nobel Israélites contre 1 seul Musulman, cela ne prouve-t-il pas le décalage entre une religion supérieurement intelligente et une religion abrutissante ? », eh bien non, ce n’est pas une preuve mais une des explications possibles – les autres étant le favoritisme raciste, l’éducation à l’ambition écraseuse, l’eugénisme raciste parmi une sous-population à bosse des Maths (dont je fais partie), etc. Bien sûr pas un mot à ce sujet à la télévision, n’appelant qu’à vénérer les « indubitables grands-hommes » (se trouvant être tous sionistes, « prouvant bien » que là est la sagesse…). A vomir, oui.
•  « Supprimer le i de oignon, c’est envoyer les bulldozers contre une église gothique ».
--> De Closets, une fois de plus, ne répond pas, je le fais à ça place : non, ce n’est pas envoyer les bulldozers contre la cathédrale, c’est désarmer la police religieuse qui forçait chacun à s’y rendre dès l’âge de 5-6 ans, sans tolérer la moindre grimace, sévèrement punie ».
•  « la réforme n’est pas populaire. Elle ne ’’répond pas à une demande sociale’’, fulmine François Bayrou. Remarque parfaitement exacte. (…) le front du refus a reçu dès le premier jour le renfort de la Société des agrégés et du syndicat CGT des correcteurs »
--> Là, De Closets devrait objecter, ce qu’il ne fait pas. Quand Krouchtchev a fait déboulonner les statues de Staline, cela ne répondait pas à une demande populaire, idem pour Mittérand abolissant la peine de mort, idem pour l’abolition de l’esclavage. L’honnêteté humaniste voudrait que la voie soit médiane : sans écraser d’en haut, pour ou contre, mais en faisant réfléchir tout le monde, percevoir le pour et le contre, expliquer la logique égoïste et la logique altruiste, en espérant que la majorité choisisse l’altruisme (c’est peut-être une utopie, certes – mais la démocratie y perdrait sa légitimité morale).
•  « C’est notre mémoire collective (…) c’est notre passé que nous contemplons quand on écrit »
--> A cette profonde sottise, j’aurais répondu plusieurs choses :
– Il est dégueulasse d’interdire l’écriture aux esprits non-contemplateurs passéistes
– Le passé est une horreur, faites de mépris injuste envers les manants, les indigènes, les étrangers (avec violence horrible en retour), il n’y a pas lieu de décréter que c’est un sujet de fierté obligatoire
– Les horreurs du passé devraient être rectifiables, sauf à rétablir le droit de cuissage et l’esclavage
– Il est égoïste d’écraser l’Occitan et le Breton, qui ont leurs passés pareillement, en déclarant sacré notre propre passé uniquement
•  Jean d’Ormesson : « C’est la prime aux cancres ! » (…) « Des arguments faciles à réfuter »
--> J’aurais détaillé la réfutation : ce n’est plus la prime aux moutons mais la prime aux esprits logiques, clairs. Ce serait une révolution, effectivement. Les chefs-moutons à dents de loups (chiens de berger ?) sont très mécontents, évidemment.
•  « Chercheurs et universitaires, ils vivent dans un monde où la raison se suffit à elle-même »
--> C’est puant d’orgueil immérité. Où est la réfutation par la raison de l’écriture phonétique ? Où est la réponse à ma démolition logique de la science ? Non, il s’agit d’autres moutons, d’autres dominants par la loi du plus fort (au sens de « fort en violence », pas de « fort en Maths » ni en logique).
•  « Un scientifique (…) publie, un débat s’instaure, et la communauté accepte ou rejette selon que le jugement des pairs est favorable ou non. »
--> L’expérience professionnelle, la pertinence technique, m’ont prouvé que les publications scientifiques, approuvées par les pairs des auteurs, sont souvent imbéciles, ponctuées de contresens mathématiques interprétés illogiquement. Mais comme les pairs sont aussi nuls, ça passe… Puisqu’ils ont été diplômés et promus selon les mêmes valeurs, leur examen n’est nullement contradictoire, nullement logique au sens critique du terme. De Closets est au mieux un de ces pairs, au pire un littéraire observateur « faisant confiance », avec crédulité.
•  « Aux yeux des Français (…) ces ’’rectifications’’ (…) Comment pourraient-elles résister aux arguments d’autorité assenés par les gens de lettres médiatisés ? »
--> Le drame est que la télévision et la presse travaillent assidûment à renforcer le principe oligarchique. Le public n’a pas à réfléchir mais à adorer, choisir ses personnalités favorites. En sport, en culture, en politique, en science, il ne s’agit nullement de participer mais d’acclamer ou injurier. Le célèbre De Closets est une des vedettes de ce lavage de cerveau – ou de cette flatterie systématique de mauvais instincts. Certes, il y a des magazines de vulgarisation scientifique prétendant faire comprendre (E=M6 ?), mais il s’agit d’un étalage de prétendues vérités dépourvu de débat contradictoire sur la crédibilité des généralisations scientifiques. L‘usine à crétins produit des crétins, c’est triste (dommage pour les endoctrinés) mais assez normal, ce qui est choquant c’est quand ils se prétendent l’élite du monde, avec leur langue pourrie et leurs expulsions de travailleurs étrangers.
•  « une intelligentsia tranchant sur toutes les questions d’actualité »
--> S’il s’agissait de personnes ayant une grande force de persuasion, en débat contradictoire honnête, ce serait admirable et mériterait le titre d’intelligentsia, mais pour asséner des mensonges et actes d’autorité, il faut avoir usurpé le titre d’intellectuel. DeClosets ne le dit pas puisqu’il en fait partie, ou soutient ce principe anti-populiste. Quant à l’intérêt des jeunes enfants, c’est totalement oublié, il s’agit d’une lutte pour le pouvoir, pour préserver l’école endoctrinant à adorer les « grands hommes » et obéir servilement.
•  « la France est contre, et la francophonie, pour. »
--> Sauvés ! ai-je pensé… avant de déchanter au paragraphe suivant. De Closets ne pointe pas l’aberration. Moi je l’aurais dit en clair : la France définit comme base de ses valeurs le principe démocratique. Donc il faut un grand référendum pour toute la francophonie, la France étant le pays comptant le plus grand nombre de votants mais pas la majorité du total… donc l’avis majoritaire sera celui de la francophonie non-française. Et un référendum s’effectue après débats contradictoires, présentation de chaque avis, la solution allait peut-être automatiquement déboucher sur la simplification logique, altruiste, au bénéfice des jeunes enfants (et générations futures), et des étrangers. Mais non ! Et De Closets ne pointe pas cette incohérence, ce qui est normal puisqu’il est allié au principe de domination. Mais c’est très moche.

X – CROISIÈRE EN ORTHOGRAPHE ÉTRANGÈRE
--> Ce chapitre sera très intéressant, mais sous le même thème j’aurais soulevé une autre question, qui ne sera pas traitée : l’incorporation des mots étrangers en Français. Certes De Closets a plus haut condamné la reprise des mots anglais inclus dans notre langue en « abîmant » sa « pureté », mais ça n’épuise pas du tout le sujet. Erreur lourde. J’ai été choqué à 8 ans d’apprendre que le « vrai » nom de Turin était Torino (« pourquoi on dit Turin alors ? »), et à 10 ans : Londres pour London. Quel inconvénient y avait-il à utiliser le mot étranger pour la chose étrangère ? La réponse parentale « parce que c’est comme ça » peut faire taire l’enfant, mais à l’âge adulte se repose la question. A mon fils franco-philippin qui me demandera pourquoi Manila se dit Manille en Français, je répondrai honnêtement je crois, sans diktat aberrant : « parce que le Français est une langue pourrie ». Pour Torino, je ne vois clairement pas la raison objective, cela semble issu de la dictature des usages royaux d’autrefois. Pour London, c’est vrai qu’on risquerait de prononcer ça comme tonton, avec nos diphtongues pourries (là où Patricia écrit london mais prononce comme les Anglais), mais on aurait pu écrire Lonndonn, sans divorce oral entre les prononciations française et anglaise. « La Nouvelle-Orléans » pour New Orleans est un cas à part, préférant le nom acadien local au nom anglophone local, mais pour New York : puisque là nous prononçons comme les locaux, il aurait été légitime que nous écrivions Niou-Yorc ou Nyou-York (nyûyork en ortograf de patrisya). L’inclusion « tels quels » de mots étrangers dans le Français peut être vantée pour l’admirable respect de l’étranger (en oubliant Torino etc.) mais c’est monstrueusement compliqué pour les enfants devant déchiffrer, lire, écrire, les anomalies orthographiques anglaises (et autres) s’ajoutant aux nôtres. Cela va jusqu’à l’ajout de lettres « pour rien » au Français : le mot brésilien sertão est maintenant français (absent du Larousse de poche mais présent dans le Maxi-Dico), presque tout le monde se demandant comment peut bien se prononcer ce ã inutile, qui était transcriptible pour ne pas rendre la prononciation réservée aux lusophones et Français « initiés » (ou l’écriture « correcte », en sens inverse, en n’ayant qu’entendu le mot en reportage télé). La logique phonétique évite totalement cela, offrant la simplicité à tous pour concentrer le mérite sur les idées (création d’histoire, logique argumentaire, etc). Même si les étrangers peuvent sourire de nous voir écrire Niou York (comme nous sourions de voir les Espagnols dire Nueva York), nous pourrions expliquer très simplement que c’est une transcription facile pour nos enfants (et nous-mêmes, finalement) – mais on dirait Torino, et plus Turin. Tout serait à revoir. En l’état, le Français est une langue pourrie (comme calculée pour générer artificiellement la fausse-supériorité de réciteurs à tête bien pleine), je confirme mon opinion.
•  pages 239-240, aperçu excellent des aberrations anglaises anti-phonétiques, « avec 560 graphèmes pour une quarantaines de phonèmes » (…) Au royaume uni, « L’écriture étant seconde dans le jugement social, l’incorrection orthographique n’est jamais qu’une lacune parmi d’autres. »
--> J’ajouterais un commentaire : c’est peut-être parce que leurs auteurs ont là-bas des choses intéressantes à dire (traduisibles dans n’importe quelle langue), au lieu de fonder (comme chez nous) leur supériorité sur la forme archaïque sophistiquée, la récitation de phrases antiques méconnues, sans pensée proprement dite.
•  « Allemagne (…) la question orthographique est liée à celle de l’unité politique »
--> C’est là un vrai point sérieux, oublié par De Closets quant à la critique moderne de l’écriture phonétique : le problème des accents régionaux. La fleur roz des Toulousains se dit rôz à Paris et Lyon, et les chansons du poète méridional Cabrel sont disponibles dans les deux versions… Oui, avec l’ortograf de patrisya, ce serait rôz (partout si les Toulousains gardent la même langue), mais l’évolution pourrait être tolérée à Toulouse au titre du parler « djeun’s » attirant les soupirs des anciens. Le système actuel du Français, partageant l’écriture mais pas la prononciation, évoque les horreurs du Chinois, où le même caractère peut se prononcer Tchong à Pekin et Wuat à Canton… Le drame de la lecture globale en France, ayant empêché l’accès à la lecture facile pour des générations, suggère je crois d’en revenir au b-a-ba phonétique, tellement simple et puissant : avec pleine capacité à écrire un mot seulement entendu, à prononcer un mot découvert par écrit. Cette problématique enfantine majeure n’est même pas évoquée par De Closets, passant complètement à côté du sujet principal. Obnubilé par son subjonctif et son passé simple, il n’a simplement pas le recul nécessaire à une pensée neutre.
•  « notamment la majuscule initiale des noms communs »
--> Oui, mais c’est valable aussi pour la critique de l’orthographe française (ce qu’a oublié De Closets, là encore) : on pourrait dispenser les enfants du double apprentissage minuscules-majuscules. En ortograf de patrisya, il n’y a pas de majuscules, et aux traditionalistes franchouillards outrés, évoquant l’indispensable « respect » des noms propres, on peut rétorquer : et pourquoi pas une majuscule au début de chaque mot comme en Allemand ? On n’est plus dans la communication, là, mais dans les convenances. De Closets tient très fort à ses convenances, alors il oublie de les mettre en cause.
•  « La question refait surface au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une Allemagne divisée qui craint de voir sa langue diverger »
--> Discutant avec un correspondant Internet allemand, j’ai découvert que la diplomatie allemande actuelle était fondée sur la peur : en 1945-48, les Allemands tremblaient de trouille qu’en réparation de la Shoah, ils soient expulsés pour créer en Allemagne l’Etat Juif du Monde ; cela explique leur sionisme fervent, préférant que les Palestiniens soient expulsés à leur place… Evidemment jamais un mot sur ce sujet à la télévision ou dans le milieu social de De Closets, la remarque ne peut émerger que des vils quartiers basanés « parlant mal » le Français (ou d’un renégat comme moi).
•  « L’éventuel abandon des majuscules initiales est considéré par certains experts de la RDA comme une manœuvre anticommuniste pour rendre plus difficile la lecture des œuvres de Karl Marx. »
--> C’est dramatiquement idiot mais comparable à chez nous : les livres de Marx sont traduisibles dans n’importe quelle langue, comme la parole de Jésus est des auteurs intéressants, mais l’idolâtrie verrouille tout, en se focalisant sur la forme, oubliant le contenu, ou le cachant… (Le léninisme à élite du Parti écrasant le peuple, et le stalinisme patriotique, sont en un sens des contraires du marxisme).
•  « les gens, c’est un fait, n’aiment pas modifier leur façon d’écrire et les inconvénients immédiats de la réforme paraissent toujours supérieurs aux avantages escomptés. »
--> J’ajouterais un commentaire partisan, que ne peut pas se permettre De Closets avide de succès commercial, sans gifler (certains de) ses acheteurs : les inconvénients de la réforme me concernent moi égoïstement (et mon groupe), alors que les avantages concernent les enfants et étrangers. L’égoïsme est contre la réforme, l’altruisme est pour. On me rétorquera que la majorité des votants étant dérangée, démocratiquement, éh ben, paf… Je répondrai que les enfants et étrangers sont écrasés sans droit de vote (alors qu’ils sont majoritaires sur Terre), ce qui n’est pas humaniste contrairement à ce que le principe démocratique prétend être.
•  « l’Italie, à la différence de la France et du Royaume-Uni, jouit d’une orthographe simple et cohérente. (…) Au XVIe siècle, les traditionalistes à l’écriture compliquée s’opposent aux modernistes à l’écriture simplifiée (…) Par chance (…) fait le choix de l’orthographe moderne, la plus phonétique, la plus simple. »
--> Et toi, De Closets, tu leur aurais donné tort puisque tu es contre l’orthographe phonétique ! Explique ta cohérence, s’il y en a une…
•  « L’orthographe n’était pas un enjeu politique, pas un identifiant social ou national (…) c’est ainsi qu’elle est devenue adulte sans multiplier ces crises d’une interminable adolescence que connaît le français. »
--> La langue française est tellement peu claire que je suis tout embrouillé par cette phrase, croyant voir là une auto-contradiction, à moitié. Ou double contradiction. De Closets, si l’écriture phonétique est assurément l’idéal adulte, pourquoi t’y es-tu opposé ? Et comment comprendre que l’idéal que tu qualifies d’adulte est clairement l’idéal enfantin d’apprenant logique, alors que c’est parti complètement ailleurs au moment de l’adolescence ? Que l’adolescence soit une période de crise, d’accord, mais je ne vois pas ta logique enfance-adolescence-adulte… Quoi qu’il en soit, je ne donnerais pas tort aux puristes en leur crachant qu’ils ne sont que des ados boutonneux, moi incarnant la sagesse adulte, non. Ils traitent Patricia de « sub-débile n’ayant même pas 7 ans d’âge mental », et les insultes vociférées ne font pas avancer les choses. Pourquoi ne pas poser le problème en se centrant sur l’intérêt des enfants, des étrangers : traiter autrui comme on voudrait être traité si on était à sa place. Garder jalousement des privilèges, des facilités dans un système ultra compliqué inutile, ce n’est pas un problème d’adolescent à mon avis, mais d’adulte ayant troqué son idéalisme adolescent contre un égoïsme réfléchi (mon confort avant tout, tant pis pour le reste du monde). Devenir parent pourrait renverser la tendance, mais ça ne suffit apparemment pas.
•  « en Espagnol, tout ce qui s’écrit se prononce (…) les érudits ont voulu, comme il se doit, enrichir l’écriture d’ajouts épistémologiques »
--> J’ai l’impression que cet « épistémologiques » est un lapsus pour « étymologiques ». L’épistémologie est la philosophie des sciences, réfléchissant à ce qui est scientifique et ce qui ne l’est pas (comme Popper démolissant la crédibilité de Freud, comme Feyerabend démolissant l’objectivité des évolutions théoriques, etc.). Ceci dit, je trouve contestable de dire que les compliqueurs voulant imposer à tous leurs pièges (à référent historique méconnu) méritent le titre d’érudits, à moins que ce soit une insulte – là d’accord, ce serait comme dire « la France dite intellectuelle est exclusivement celle des érudits, c’est à dire des usurpateurs récitant et vénérant sans réfléchir ».
•  « chacun veut continuer à écrire ainsi qu’il l’a appris dans son enfance. (…) Ce n’est pas un hasard si les grandes transformations ont accompagné des bouleversements politiques (…) ou ont été imposées par des régimes autoritaires. »
--> Oui, c’est le principe égoïste de refus spontané de l’effort. Les altruistes effectifs sont une espèce rare, et l’égoïsme est normalement majoritaire. Même en URSS sous endoctrinement untra-sévère à servir le bien commun, prospérait le loto secret (interdit), le marché noir (pour le profit personnel ou familial), et le fonctionnariat généralisé entraînait un quasi-refus du travail, seulement effectué à contrecœur sous menace policière. Marx et Jésus étaient de grands naïfs, utopistes. Ceci dit, je suis utopiste aussi, et j’espère que si la population était incitée à réfléchir, plutôt qu’à se fier à d’abjects dominants, la logique altruiste pourrait l’emporter, pour accueillir l’étranger avant qu’il se fâche vraiment. Je n’y crois pas vraiment, mais je me dis – comme à mon boulot – qu’il est relativement satisfaisant de détecter les catastrophes logiques (même si on me fait taire) avant qu’elles éclatent. C’est ma forme anormale d’égoïsme.
•  « L’écrit n’a pas la spontanéité de la parole. Il suppose des ’’calculs mentaux’’ alors que l’oral repose sur des routines. L’idéal serait d’acquérir les mêmes routines dans un cas comme dans l’autre. »
--> Avec l’orthographe phonétique, il n’y a strictement aucun calcul spécifique à l’écrit. Il faut certes apprendre le signe alphabétique correspondant à chaque son (c’est assez facile à l’âge de 4-5 ans), c’est tout. C’est tellement idéal que je ne comprends pas comment cela a pu être refusé par De Closets.
•  « la difficulté d’y parvenir en fait tout le prix. Chacun s’y attache en proportion des efforts qu’il a consentis. »
--> Non, là il faudrait objecter. Tracer des parallèles. Mon cousin le plus proche a appris à faire la pâte feuilletée à la main, entreprise extrêmement longue, compliquée, minutieuse, avec un résultat au goût divin c’est vrai. Il préfère ainsi, évidemment, et sourit quand il nous voit acheter de la pâte feuilletée industrielle, bon marché et faite à la machine ; d’accord, mais cela n’a aucun rapport avec une interdiction de « la pâte feuilletée facile pour tous » ! Que ceux préférant la pâte manuelle, et étant fiers de savoir la réaliser, fassent ce qu’ils veulent dans leur coin, à titre facultatif. Mais ceux d’entre eux qui basculent vers une dictature, insultant (et brisant socialement) ceux qui n’aiment pas leur hobby, paraissent immoraux (au sens Jésus-Marx du terme, je veux dire, pas au sens judaïque ni « chrétien » ni communiste).
•  « La France se singularise par l’extrême difficulté de son orthographe. (…) On ne retrouve pas dans les autres pays cette survalorisation qui fait de l’erreur une faute, qui transforme un manque de savoir en manque de savoir-vivre. (…) société bloquée (…) en passe de céder aux bouleversements sociaux et techniques de notre temps. »
--> Mais enfin, comment se satisfaire que la sagesse du monde soit impossible à comprendre en France ? N’est-ce pas clairement le signe que ceux qui prétendent détenir l’intelligence ici usurpent leur place ? Ce n’est certes pas une surprise. Sinon, les voix autorisées signaleraient les dangereuses incohérences entre notre société et la morale humaniste qu’elle prétend incarner. Mais DeClosets joue profil bas, sur ce sujet, puisque, si on lui autorise ses erreurs de doubles consonnes (ou l’emploi de l’ordinateur pour « bien » faire en automatique), il va accepter tout le reste.

XI – FRANCE, TON ORTHOGRAPHE FOUT LE CAMP !
•  « La faute dans l’entreprise (…) Le curriculum vitae mal orthographié risque fort de finir à la poubelle. (…) Une faute (…) fait planer le doute sur la culture générale et le sérieux de son auteur. (…) je-m’en-foutisme »
--> Il aurait fallu ajouter un mot à ce sujet de la culture générale, qui est aussi une injustice grave. Les cours scolaires enseignent quels savoirs sont estimables (et passent sous silence les savoirs jugés sans intérêt), et toute la société française décline servilement ces prétendues valeurs : être cultivé, être inculte. Il importe de connaître par cœur tous les personnages judaïques de l’Ancien Testament (jeux télévisés à l’appui, couvrant d’or le « champion », devenant « fort justement » millionnaire – sans travail au service d’autrui…), mais par contre les personnages des légendes africaines ou eskimo ou aborigènes (ou les détails techniques des avions construits autrefois) ne font pas partie de la Culture générale, sous entendu : Culture dominante, imposée par l’école. Ce n’est pas le triomphe de l’intelligence mais de la soumission au dogme, il faut avoir la tête bien pleine des convenances propres aux dominants (aristocratie ou bourgeoisie ou leaders – communistes ou fascistes, islamistes ou lamaïstes). Désolé, une autre voie est possible, celle de Bouddha ou Jésus, réservant le mérite à la sagesse frugale, à la recherche de cohérence personnelle. Ce qui est extrêmement majeur puisque cela peut éviter les guerres et leurs atrocités.
--> Autre sujet, il serait judicieux de prendre conscience que la majorité des entreprises sont privées, et que leur logique n’est nullement humaniste : il s’agit de générer un maximum de fric pour les actionnaires ou patrons, en trompant les clients quant aux coûts, générant chez eux de faux besoins (tant pis si c'est du gaspillage et frustre ceux n'ayant pas les moyens d'acheter), sous-payant les petits employés et fournisseurs, poussant à la ruine les concurrents. C’est un monde d’une extrême violence, nullement fondé sur le principe d’équité. Même si, en interne (dans l’entreprise), il peut y avoir une certaine dose de solidarité ou aumône. En un sens, cela ressemble à la logique nationaliste : écraser les étrangers au profit surtout des dominants locaux, mais les humbles locaux y gagnent aussi. Donc : que la loi du plus fort règne dans l’entreprise, cela n’a rien de surprenant – même si un critère d’efficacité serait plus pertinent qu’un critère arbitraire, d’accord.
--> Quant au je-m’en-foutisme, il s’agit d’une tragique erreur. S’il y avait orthographe phonétique, ne pas faire d’erreur serait certes garant de minutie, d’application, de cohérence, de logique, mais avec l’orthographe imposant d’apprendre le dictionnaire par cœur, cela n’a aucun rapport avec ces qualités, mais avec le degré de gavage. Oui, s’il faut connaître dix mille références par cœur, dans un secteur sans informatique, cette qualité de mémoire est utile, mais c’est extrêmement particulier, en avoir fait un dogme général constitue un abus de pouvoir (pour les professeurs), un drame de l’endoctrinement (pour les éduqués).
•  « il n’était de recette que répéter, rabâcher, ressasser jusqu’à créer ce fameux dictionnaire mental (…) la dictée. Un exercice totalement passif, artificiel – dans la vie, on écrit ses propres textes, pas ceux que l’on vous dicte »
--> Les secrétaires d’autrefois, ou les secrétaires de tribunal dans les films, tapent ce qu’elles entendent. Ce n’est pas inexistant mais très particulier, très mineur, ne concernant qu’une portion infime de la population. Ce qui est dramatique, c’est d’avoir construit un système élisant ces serviteurs de « grands hommes », plutôt que les créateurs de choses plaisantes, les analystes honnêtes pesant le pour et le contre. Certes, le discours que l’on écrit soi-même en phonétique n’est pas forcément « pur » : écrire (comme parler) peut être manœuvrer pour tromper (principes commercial et rhétorique). Mais si l’on joint créativité et cohérence logique, je pense qu’on définit l’intelligence, utile pour soi comme pour autrui – ça n’a rien à voir avec l’école française depuis Jules Ferry.
•  « Au XIXe siècle (…) l’instruction publique (…) n’avait pas à éveiller la curiosité, stimuler l’imagination, soutenir l’intérêt. (…) imposer l’effort et l’obéissance. Cet ordre ancien a fait son temps. »
--> Ce qui conduit droit à la logique phonétique ! Pas du tout aux difficiles subjonctifs et passés simples anti-naturels, aux interrogations en « -t-il ? » et autres… De Closets dit de belles choses, mais qui devraient se retourner contre lui-même, je crois, ce qu’il s’abstient évidemment de noter. Incohérent ou aveugle ?
•  « Nous n’avons rien voulu changer à notre orthographe ’’bête et méchante’’ ; pouvons-nous aujourd’hui la domestiquer de façon ’’douce et intelligente’’ ? »
--> Je conteste deux points, tout en remerciant l’auteur pour l’expression délicieuse « orthographe bête et méchante » (« usine à gaz produisant des crétins suivistes », dans mon langage à moi) :
– Ce n’est pas que nous n’avons pas « voulu », c’est que nous n’avons pas été « autorisés » par le système dominant. Quand à 8 ans, j’ai voulu remplacer accueillir par accueuillir, très solides arguments à l’appui, la réponse a été la version souriante de « ferme ta gueule et obéis », assorti de l’implicite « tu seras alors récompensé ».
– L’idée d’associer « douce et intelligente » me paraît relever de la manipulation rhétorique par confusion anti-logique : « Bien = douce et intelligente, donc Non douce = Non Bien et Non intelligente ». Tromperie… S’il y a un million de règles à l’orthographe actuelle, atténuer à cent mille est doux, passer à trente (oui trente, pas trente mille) est simple, pourquoi la très légère simplification serait-elle la meilleure ? En fait, il s’agit de continuer à emmerder les enfants pour éviter que les adultes fassent un effort désagréable. C’est un choix politique, pas une question d’intelligence. Certes, ce choix politique contestable étant fait, alors on peut chercher des modalités relativement intelligentes, mais ce cheminement est beaucoup plus étagé qu’un « et » genre « le ballon gros et rose ».
•  « bourrage de crânes »
--> OK, mais cela s’applique tout autant aux mille passés simples et subjonctifs irréguliers. Tu t’es ôté le droit de condamner l’atroce inutile imposé.
•  « Mais est-il judicieux, dans le monde moderne, de surinvestir le champ de l’orthographe au détriment d’autres savoirs ? »
--> On retrouve là le farouche partisan des autorités scientifiques, entendant prendre le pas sur les autorités littéraires. Je ne suis pas d’accord, épistémologiquement : le contenu de l’enseignement scientifique (en physique-chimie, biologie, sciences humaines) n’est pas une somme de savoirs mais de théories temporairement admises, par consensus après batailles d’experts et en présupposant l’axiome réaliste ; philosophiquement, c’est nul, ou ça s’apparente au « savoir » des experts en légendes laponnes… Le cours magistral est une plaisante information sur des théories qui ont semblé marcher jusqu’à présent (en interdisant l’hypothèse du rêve actuel), ce n’est pas la transmission de vérités indubitables. C’est dur à avaler, pour un scientiste, ni plus ni moins que l’agnosticisme paraissait stupide aux inquisiteurs. Mais logiquement, c’est imparable, jusqu’à preuve du contraire. Et il n’y a pas débat, la question n’étant pas plus publiable, dans ton cher système à blouses blanches, De Closets, que dans l’ancien régime sous la botte des Académiciens verbeux.
•  « L’école laisserait couler les faibles, ceux qui quitteront le navire avant le bac, et elle s’efforcerait de remettre à niveau les autres. »
--> C’est une citation, pas DeClosets qui parle, mais il ne contredira pas le mot « faibles » qui me paraît injustement insultant. La France a un système social pourri : les dizaines de milliers d’étudiants en psychologie, avec presque zéro débouché faute de besoin, méprisent les apprentis plombiers non bacheliers, répondant à un grave manque pratique… Non, ces études prétendant classer en forts et faibles ne sont pas justes. Mes camarades exclus à 13 ans, devenus éboueurs ou changeurs de couche-culotte en hospice, étaient peut-être de délicieux poètes, mais « être fort en lettres » c’est avoir zéro faute à la dictée… ou bien employer le passé simple et le subjonctif, selon De Closets. C’est plus grave qu’un problème d’orthographe, c’est un mensonge, une injustice.

XII – L’ORTHOGRAPHE DU XXIe SIÈCLE
•  « révolutions techniques (…) Les Texto (…) n’ont pas vocation à être archivés. L’écriture rejoint la parole comme outil de communication immédiate et non plus différée. »
--> Où est l’argument, là ? En quoi le fait d’être archivé justifiait-il la langue pédante et les artifices inutiles ? La nouvelle situation rend simplement criant l’abus de pouvoir antérieur, qui était déjà clair et injustifié (ou plutôt : seulement justifié par de mauvaises raisons tenant du snobisme).
•  « Texto, fais-moi peur ! (…) ’’koi 2 9’’, ’’TpakLR’’, « D100mnt’’, ’’A12C4’’ ’’tummank’’, qu’ils épellent à haute voix pour traduire ’’Quoi de neuf ? ’’, ’’T’es pas clair’’, ’’Descends maintenant’’, ’’A un de ces quatre’’, ’’Tu me manques’’ (…) une caricature phonétique du français. »
--> Non ! Erreur grave d’analyse. Ce n’est certes pas conforme à l’orthographe dominante, qui est anti-phonétique, mais c’est également anti-phonétique ! Eh, De Closets, à 7 ans je ne faisais plus cette confusion… Je l’ai appris sous forme formelle plus tard à 14 ans : « non (A et B) = non A ou non B » (ou au sens et/ou, pas au sens ou-bien), pas du tout « non (A et N) = non A et non B ». S’il n’est pas vrai que ce ballon est « gros et rose », c’est peut-être qu’il est rose mais pas gros.
--> Dans quoi devenu koi, il est excellent d’avoir remplacé qu par k, mais oi reste anti-phonétique : dans ce oi on n’entend ni o ni i, Patricia écrit logiquement kwa. Dans mnt, il manque comme en Arabe toutes les voyelles phonétiques, et ça peut se lire minute, menotte, manette, etc. Patricia écrit minut. Dans 2 9 pour de neuf, comme dans © pour Copyright (hors des SMS), ce n’est pas du tout la logique phonétique « un son une lettre » mais on contraire la logique de l’idéogramme chinois : des signes se prononçant sans aucun rapport avec leur détail d’écriture. Patricia écrit dê nêf, kopirayt. Bref, il n’y a là nulle logique phonétique simple à l’œuvre partout dans les SMS mais des raccourcis personnels prêtant à confusion, pour qui ignore quelle convention s’applique où. Ce n’est certes pas seulement une écriture à usage solitaire, ça marche en communication inter-individuelle, mais uniquement parce que les jeunes se bâtissent un « dictionnaire mental » d’abréviations usitées dans leur milieu – ce qui est autant facteur d’exclusion que l’orthographe académique. Les jeunes ados n’ont aucunement perçu la logique phonétique mais bâti une usine à gaz, simplement distincte de celle de leurs parents – mécontents de ce rejet (qui, en un sens, les domine alors qu’ils entendaient eux dominer). Rien à voir avec l’altruiste accueil de tous, que permet l’ultra simple phonétique à logique enfantine.
•  « 160 caractères » maximum dans un SMS, et temps d’écriture facturé cher, « désir de resserrer l’écriture »
--> L’écriture phonétique est beaucoup plus resserrée que l’écriture académique, mais il est clair que ce n’est pas l’optimum en raccourci. Supprimer les voyelles est moins clair mais plus court, de même que l’emploi des lettres pour leur nom scolaire « épelé »(Wlo pour double-vélos que Patricia écrit dûble vélo, mais qui se mélange avec la prononciation wlo qui peut désigner le patronyme d’un camarade d’origine africaine). Bref, (je crois que) on ne peut pas être à la fois clair au maximum et raccourci au maximum, moi je préfère clair au maximum et c’est un peu raccourci.
•  « Le télégramme puis les petites annonces ont mis le français au pain sec en abrégeant certains mots, en en supprimant d’autres »
--> Attention, on se dirige là, non pas vers un langage accessible au plus grand nombre, mais vers des langages pour initiés. Par exemple un pilote lisant une revue d’aviation saura que trDF veut dire trim Double Flux, mais ce sera inaccessible aux gens ordinaires. D’accord à titre d’argot technique raccourci (et dans mon travail, j’emploie quantité de mots très courants chez nous et pourtant n’existant pas au dictionnaire, actuel en tout cas : capabilité, traçabilité, micronisé, œse, …) mais ça n’a rien à voir avec le langage à fournir aux enfants pour exprimer leurs sentiments, leurs raisonnements. C’est presque hors-sujet.
•  « Pour économiser des caractères, les jeunes utilisent tous les moyens possibles et imaginables ». Détail page 282 des apocopes, aphérèses, réductions consonantiques, phonétique, rébus, lettre épelée, jeux graphiques. « Ainsi rédigé, le message, à peu près incompréhensible pour les non-initiés, tend à devenir le code d’une génération. »
--> De Closets ne conclut pas, je le fais : l’orthographe académique, anti-phonétique, à difficultés inutiles imposées, était aussi le code d’une génération, celle des professeurs et parents brimant l’enfant que j’étais. Il en a résulté un retour de bâton : les enfants se sont créés aussi un langage difficile tendant à exclure autrui au lieu de l’accueillir. C’est comme le racisme juif, méprisant et écrasant le goy (non-juif), qui a débouché sur l’horreur quand d’autres ont adopté la même attitude (racisme aryen des Nazis, déclinant toutes les aberrations judaïques : culpabilité dès avant la naissance, extermination « juste » type Déluge et Gomorrhe, etc.). Non, pourquoi ne pas faire simple, honnête, non pas en excluant (pour dégager une prétendue Elite) mais en accueillant, sur des bases saines, élémentaires ? Cela porte un nom : c’est l’humanisme, certes totalement à l’opposé de la France actuelle (expulseuse de sans-papiers, consumériste exploiteuse des Chinois sous-payés, vénérant les personnalités)… L’orthographe est un révélateur de problèmes socio-géo-politiques très majeurs, même si cet auteur ne veut surtout pas remettre cet ordre injuste en question.
•  « les jeunes distinguent le langage SMS qu’ils utilisent entre eux et le français qui est de rigueur dans les échanges avec les adultes. »
--> C’est dramatique. C’est l’alliance de soumission à l’arbitraire (pour obtenir les diplômes évitant la misère) et de communautarisme rejetant l’autre. Alors qu’il aurait été tellement plus beau de convaincre les adultes que leur système était injuste, simplifiable infiniment, demandant un petit effort commun aux parents et adolescents dans l’intérêt des jeunes enfants et générations futures. Eh bien non, l’égoïsme règne, version groupiste. C’est très moche, avec la totale complicité de De Closets refusant la simplification phonétique au titre du respect et de sa conception de la beauté (artificielle et xénophobe).
•  Vincent Cespedes : « nos ’’illettrés’’ renouent avec l’acte d’écrire, perçu non comme une fin en soi mais comme ce qu'il aurait toujours dû être : d’abord un moyen pour échanger avec autrui. »
--> Oui et non :
– Oui, la dictature des ampoulés excluant ceux qui résistent à leurs codes arbitraires était clairement injustifiable, mais pourquoi DeClosets continue-t-il à agresser en imposant ses subjonctifs et passés simples ?
– Non, l’intérêt de l’écrit dépasse très largement la communication avec autrui. Selon certains sages d’Inde et moi-même, il n’est pas certain qu’autrui existe, au-delà du rôle de personnage onirique, cela n’empêche pas que l’écriture est suprêmement utile pour que je me relise et corrige, et que je communique éventuellement avec les personnages autrui, certes, mais c’est peut-être secondaire. On me dira que c’est atrocement égoïste, et je ne suis pas d’accord. Même si autrui est un personnage onirique, j’essaye dans le rêve présent d’être un gentil, empathique, altruiste : je ne veux pas punir Mickey Mouse s’il a inventé une écriture plus logique que la mienne, je suis même prêt à faire l’effort de le rejoindre pour éviter la torture scolaire à ses enfants. Les égoïstes, ce sont, à mon avis, les (personnages de) dominants immobilistes fiers de leur fausse supériorité écraseuse.
•  « A l’époque classique (…) Il existait, en fait, deux orthographes, l’une publique et l’autre privée (…) l’une contraignante et l’autre accommodante. Mais au XIXe siècle, le culte orthographique imposa brutalement la première à tous les Français et en toutes circonstances. (…) Le nouvel usage de l’écriture fera tout naturellement baisser cette pression sociale. (…) les erreurs se multiplieront, passant du statut de faute à celui de tolérance, puis de variante. »
--> C’est un moindre mal, mais ce n’est pas l’idéal : les professeurs continueront à enseigner l’arbitraire anti-logique : « oi se prononce wa même si on n’y entend ni o ni i, parce que c’est comme ça, fermez votre gueule et obéissez ! » (et vous découvrirez plus tard les exceptions comme coin même si oignon n’est plus exigé)… Et les fiers scripteurs d’autrefois continueront à se sentir supérieurs, constituant l’Elite – alors que c’est faux, totalement. Elite au sens politique de minorité écraseuse (comme les banquiers Israélites, les évêques Catholiques, les moines bouddhistes), pas Elite au sens de méritant objectivement l’admiration (comme Bouddha, Jésus, Abbé Pierre, Mère Thérésa).
•  « lorsque la providentielle secrétaire fait défaut. (…) L’insécurité orthographique, nouvelle hantise des cadres ! (…) formation continue (…) correcteur automatique »
-->Au lieu de remettre en cause la dictature idiote de l’orthographe, il s’agirait donc de s’y plier, les déficients en mémoire photographiques entendant continuer à dominer quand même – De Closets est dans ce cas. Eh bien non, l’intelligence consiste à foutre par terre ce système injuste. Quitte à devoir faire un effort. Ou à renoncer à cet effort trop grand en reconnaissant qu’il serait altruistement souhaitable (j’écris ceci en Français académique, pas en ortograf de patricia, mais je me sens victime d’éducation criminelle, aucunement supérieur à Patricia, si injustement classée débile pour son génie).
•  L’écriture manuscrite tend à disparaître, sauf à l’école, l’écriture sur clavier la remplaçant presque partout ailleurs.
--> Pas d’accord : l’écriture rapide au stylo est très nécessaire. Ecrire une liste d’aliments à acheter au supermarché se fait au stylo. Les familles modestes ou étrangères sans ordinateur ne connaissent pas le clavier. Les familles de 8 enfants avec un seul ordinateur n’offrent pas le clavier constamment à chacun. Les entreprises emploient les Post it notes détachables par milliers (milliards à grande échelle). Par ailleurs, les claviers sont pourris avec cette bizarrerie de l’ordre AZERTY (QWERTY sur les claviers anglophones, rendant fastidieuse ou fautive la frappe en société vendant des machines-outils dans le Monde entier). Comme pour l’orthographe, il faudrait envisager un clacier d’ordre ABCDEF marchant comme le dictionnaire, donc effectivement appris à l’école pour indéniable utilité. Mais, exactement comme pour l’orthographe, ça dérangerait ceux qui se sont habitués au clavier Azerty (et se contrefichent des difficultés pour les étrangers habitués au clavier Qwerty), et ça casserait la supériorité des secrétaires ayant acquis la compétence de taper sans regarder leurs doigts… Les résistances seraient énormes, et l’intérêt des jeunes apprenants a peu de chances d’être le facteur de choix final. A ce sujet, j’ai entendu deux variantes contradictoires justifiant l’Azerty : 1/ c’est pour taper le plus vite possible, en mettant les caractères courants de manière astucieuse ; 2/ c’est pour ne pas taper trop vite, les anciennes machines à écrire mécaniques se bloquant quand deux touches étaient appuyées sans intervalle de temps suffisant (l’avancée du 2e marteau empêchant le retour du 1er). En tout cas, ces claviers sont un problème, pas le paradis. Il faudrait aussi remettre en question la quadruple écriture des caractères : cursive et imprimerie, minuscules et majuscules. Patricia écrit intégralement en minuscules d’imprimerie – les instituteurs disaient que j’écrivais “en script”, que c’était mal, il faut les boucles et attachements de lettres ; j’ai obéi, mais je n’étais pas d’accord, j’avais raison, je crois : pourquoi dupliquer la codification ? Si les lettres suivies enchainées s’avèrent mieux adaptées à l’écriture rapide, ce n’est pas un problème: ce pourrait être elles qui gagnent la “bataille” de l’unification. Sur écran, c’est très faisable, j’ai ainsi la police Bradley Hand mais il y en a d’autres. Je préfère habituellement la police Arial sans les empattements ampoulés de Times, mais il y a un problème avec il en début de phrase, pas clair, lu comme caractère peut-être redoublé. Avec l’ortograf de patrisya, dépourvue de majuscules, tout est clair, même si les artificiels verbeux trouvent pénible le manque de majesté, irrespectueux…
•  « L’école et le savoir scolaire paraissent donc académiques, coupés de la réalité. A l’opposé, l’apprentissage de la dactylographie se révélerait très précieux (…) L’adolescent tirerait un bénéfice immédiat et pratique de l’enseignement. »
--> Oui mais… Le bénéfice des enfants n’entre pratiquement pas en ligne de compte dans les choix des programmes scolaires. Sinon, il me paraît clair que l’orthographe serait phonétique, intégrée facilement à 4 ans, en devenant un simple outil facile, principe que tu refuses De Closets, avec ta chasse aux subjonctifs oubliés et ton refus de remplacer oi par wa au nom du respect.
•  « Ces programmes sont incapables de redresser un texte écrit en complète anarchie orthographique qui ne respecte pas la coupure des mots, la ponctuation des phrases, qui utilise des graphies aberrantes au point de n’être plus reconnaissables, qui mêle les accords au point d’affoler le surveillant électronique. »
--> Cela signifie que les logiciens refusant d’intégrer la première montagne de règles inutiles continueront à être rejetés, c’est très dommage, quand la solution honnête était si simple. Par contre, je prends note du point intéressant que constitue la coupure des mots : il est vrai qu’à l’oral, les mots ne sont pas séparés, en ce sens l’ortograf de patrisya est déjà un éclaircissement de la parole – le son (le sö) étant différencié de leçon (lesö). Idéalement, ces pièges et malentendus oraux seraient évités, mais ce ne serait plus la langue française, peut-être la moitié des mots prononcés devant changer. Autant apprendre l’Espéranto (en espérant qu’il évite ce problème) ou repartir à zéro en affectant un sens à chaque syllabe etc.
•  « Quant au correcteur pour analphabète, qui, à la limite, recueillerait une parole informe pour la transformer en un texte présentable (…) au coût faramineux, au résultat très incertain et à l’utilité bien discutable. (…) C’est à l’école et pas aux fabricants de logiciels qu’il appartient de gagner la bataille contre l’illettrisme. »
--> En Français parlé actuel, ça paraît infaisable (différencier le son et leçon par exemple), MAIS :
– Ce serait possible dans une autre langue (avec par exemple un clic entre chaque mot), et cette clarté absolue en ferait la plus belle langue du monde, objectivement, sans esprit partisan xénophobe. Quant à supprimer les homophones (saut sot sceau seau, etc.), cela me paraît un vrai besoin de la langue française, pour sa clarté orale : privilégier les jeux de mots en refusant la clarté me paraît détestable, et je n’ai rien à foutre de l’étymologie qui glorifie le temps des aristocrates et des esclavagistes.
– En orthographe phonétique, le mécanisme de transcription est simple. Ce serait utile (d’avoir un outil aussi simple que possible) si le mérite allait aux idées seulement, au lieu des enluminures requises par des dominants injustes.
– Tant que l’école basera son enseignement sur des règles inutiles (et des exceptions encore plus inutiles), elle ne rend pas service aux enfants eux-mêmes mais aux enrôleurs d’enfants voulant les soumettre à un ordre en place. Le refus de wazo pour oiseau a là clairement tracé la frontière. Ce n’est certes pas aux programmeurs de résoudre l’aberration (en réservant le résultat correct aux personnes ayant accès à un ordinateur, quand la machine est disponible). L’école n’est pas honorable si elle interdit la logique b-a-ba pour un hybride semi-chinois de lecture non-phonétique, compliquée pour rien.
•  « Pour écrire en toute sécurité orthographique, il faudra nouer un véritable partenariat avec l’ordinateur. »
--> Là, on est dans la manipulation et flatterie de type politicienne : DeClosets dit en quelques sortes « ces programmeurs sont géniaux, résolvent mon problème d’orthographe, mais nous avons encore un immense besoin des instituteurs, nullement dévalorisés par cette aide. » Donc : exit la réforme de l’orthographe… Les instituteurs pourront continuer à marteler leurs aberrations, et les déficients en mémoire photographique seront aidés par les machines. Eh bien non : les aberrations sont abrogeables, en autorisant les simples consonnes là où elles sont doubles pour rien, oi est remplaçable par wa, on peut laisser tomber l’accord au complément d’objet direct, le subjonctif et le passé simple (tolérés comme archaïsmes de vieux Français, ayons pitié des anciens)… Non, De Closets veut que les puissants le rejoignent, l’injustice envers la logique enfantine n’est pas son problème.
•  Parallèle avec les calculatrices électroniques, qui n’ont pas retiré l’utilité de l’arithmétique.
--> Ce parallèle tient peut-être de la tromperie. L’aide électronique ou mécanique est précieuse pour automatiser les tâches fastidieuses, d’accord tout à fait, mais le problème est que l’orthographe française – très spécifiquement – est compliquée pour rien, ou pour aucune bonne raison. Prenons le cas d’un handicapé physique ayant grande difficulté à s’asseoir dans une voiture, tâche lui demandant des efforts surhumains et l’assistance de trois fortes personnes : c’est très bien si une petite machine portable aide à le faire sans effort ni autre assistance, d’accord, mais si la portière de voiture ordinaire (pour tous) était conçue pour nécessiter l’aide de trois colosses freinant les ressorts, la personne voulant s’asseoir devant se hisser de toutes ces forces et dans la douleur… pour quoi ne pas dire : « éh, une portière pourrait être toute simple, facile pour tous, sans aide, ni humaine très forte ni machine, pourquoi ne pas choisir ce système-là ? ». Non, De Closets a résolu son problème à lui, conforté le haut salaire de ses amis programmeurs, en préservant l’aura imméritée des menaçants instituteurs, la complication inutile le satisfait pleinement, finalement. Il pense avoir gagné la partie. Et si Patricia est à l’asile injustement, il s’en fout éperdument. L’injustice vaut mieux que l’effort. C’est d’ailleurs la loi française, repoussant les immigrés pauvres : l’injustice à leur égard vaut mieux que l’effort de partager (ou de devoir conquérir le confort au mérite, en situation de concurrence loyale – je ne suis pas partisan aveugle de l’assistanat). Au passage, même si ce n’est pas complètement le sujet, je note la perversité des lois françaises sur l’accueil des étrangers : les réfugiés politiques sont admis, c’est à dire les quelques copains notables de l’étranger (nos dirigeants pourraient être à leur place, donc ces étrangers-là sont pour eux « autrui »), les réfugiés économiques sont chassés, c’est à dire les nombreux travailleurs méprisés. Jamais la télévision ne questionne ce dogme, prétendant menteusement à la générosité, comme le nationalisme (restreignant l’assistance aux bien-nés). L’Abbé Pierre était choqué, il a donc été traité d’antisémite… On n’a pas le droit de contester l’ordre en place.
•  « A quoi bon apprendre ce que les machines savent ? »
--> Attention, une calculette dont la pile est sur le point de lâcher peut répondre de manière aberrante, de même si on a par mégarde fait une erreur de frappe, il est utile de savoir grosso modo le résultat sans faire une confiance aveugle à la machine. J’ai entendu dire qu’au concours d’infirmière, une candidate avait répondu quelque chose comme 993 mètres pour la hauteur à laquelle placer une perfusion au-dessus du malade ; elle avait peut-être une calculette, ça aide, mais ça ne dispense pas de réfléchir, de savoir vérifier posément en cas de besoin. C’est très différent pour l’orthographe, où le besoin est artificiel, injustifiable sans loi du plus fort. Oui, il faut un enseignement unifié (apprendre b, apprendre a, apprendre b-a-ba), non au n’importe quoi : s’il faut rouler à droite, ce n’est pas une entrave à la liberté individuelle mais une sage mesure arbitraire que chacun peut reconnaître pertinente (même si d’autres pays roulent à gauche, ont d’autres alphabets), mais les doubles consonnes pour rien et les subjonctifs, j’en dénie totalement la pertinence.
•  « l’école doit-elle enseigner l’art de l’orthographe assistée ? Bien sûr ! (…) comment le saurait-il sans l’apprendre ? »
--> Cela relève du mensonge ou de l’incompétence. Autrefois, les logiciels étaient des usines à gaz réservées aux initiés, demandant effectivement un long apprentissage. Aujourd’hui, la première qualité (d’utilisation) d’un logiciel est d’être « user friendly » : très facile d’accès. Quand, à mon travail, j’ai découvert les correcteurs d’orthographe, il m’a fallu à peu près quinze secondes pour le maîtriser, non par formation professorale mais par simple information : « quand c’est souligné en rouge c’est un mot qu’est pas dans le dico, quand c’est souligné en vert ça paraît bizarre en accord ou conjugaison, tu fais clic droit d’ssus et y t’fait d’autres propositions ou y t’dit s’qui l’gêne. » Point barre. Oui, à 7 ans, il aurait peut-être fallu me le répéter trois fois, mais ça n’a rien à voir avec les milliers d’heures de l’apprentissage orthographique compliqué « pour rien ».
•  « tout au long du secondaire afin que l’étudiant acquière une véritable maîtrise des outils les plus complexes (…) formation spécifique des maîtres »
--> Si c’est pour une usine à gaz orthographique inutile, c’est simplement idiot. De Closets milite là pour une nouvelle Elite, un nouveau savoir, sans réaliser que tout ça est totalement inutile si on avait le courage d’accepter la simplicité. S’il en a conscience et le cache, c’est encore pire, menteur.
•  « Le correcticiel peut devenir un excellent répétiteur qui propose des travaux pratiques comportant une dimension ludique bienvenue dans une discipline aussi austère. »
--> De Closets oublie encore la question initiale. Oui, l’orthographe ultra complexe peut être un jeu pour certains, mais en quoi cela justifie-t-il de l’imposer à tous ? Cela pourrait être une discipline optionnelle « vieux français », attirant certains seulement (sans doute poussés par leurs famille considérant cela comme partie de la Culture estimable – comme on m’a fait faire du latin, pour rien, et sans m’amuser, personnellement).
•  « Mais nos outils peuvent être utiles en soutien, comme supports pédagogiques ou pour établir des diagnostics de fautes d’élèves qui seraient utiles dans le cadre de soutien scolaire. »
--> On retrouve la notion de faiblesse (de celui qui n’obéit pas) mais là avec un terme encore plus pervers : le soutien, c’est à dire l’aide généreuse, alors qu’il s’agit de faire obéir à des règles idiotes en cassant la pure logique, rebelle argumentée. Abject.
•  « la technique (…) peut (…) inciter les jeunes à mieux apprendre le français » ou bien au contraire « les détourner d’une matière prise en charge par les machines. Bref, selon l’usage que l’on en fera, l’assistance orthographique améliorera ou réduira les compétences des Français. »
--> (Là, choqué, j’ai pris le dictionnaire. Compétence = aptitude = disposition naturelle. C’est idiot, mes compétences en chromatographie préparative ionique ne sont certes pas naturelles. Langue de merde. Compétent = capable. OK) Qui a dit que l’obéissance aux règles orthographiques rendait quelqu’un capable ? capable de quoi ? De bien obéir ? De ne pas être rejeté par des dominants ayant usurpé leur statut de supérieur ? Eh, il faudrait prendre du recul, au lieu de tenir pour acquis la nécessaire maîtrise des règles inutiles.
•  « tous les enseignants (…) se sont montrés ouverts à de telles évolutions dès lors, bien sûr, qu’elles ne remettent pas en cause l’autorité du professeur ni la nécessité d’un apprentissage solide de la grammaire et des principes orthographiques. »
--> Tout est dit : l’ordinateur peut aider, mais l’important reste que le professeur impose par acte d’autorité. Comme c’est idiot d’écrire le phonème wa avec le graphème oi, il n’y a certes que l’autorité qui peut le faire passer, faute d’argument… Fiers de ce pouvoir légal, les enseignants sont totalement hostiles à la logique, et De Closets applaudit, puisqu’il a casé ses chers logiciels. Abject.
•  « A l’université de Caen, une équipe de recherche linguistique qui conduisait un programme sur l’utilisation des correcticiels à des fins pédagogiques s’est récemment vu couper ses crédits. »
--> On touche du doigt le scandale, là. L’usine à gaz orthographique, et les usines à gaz annexes pour ses timides ébauches d’amélioration progressive, dispensent de hauts salaires à des universitaires et autres chercheurs fonctionnaires, payés par l’impôt pris sous la menace policière et carcérale, au nom du bien commun, et… la petite naine Patricia, traitée de crevure, aurait inventé la solution gratuite et ultra-simple ?? Eh, on en a crucifié pour moins que ça !
•  « Ne pouvant imaginer une telle myopie de ceux qui ont en charge l’instruction publique, j’ai voulu savoir ce qu’ »
--> Ne me reproche pas de t’insulter, De Closets, je le faits en termes crus peut-être, spontanés, mais ta position (vis à vis de la lumineuse simplicité phonétique) correspond exactement à ce que tu appelles myopie : difficulté à voir à grande distance. Les officiels vieillissant ont toujours l’excuse « ces machines de jeunes, ce n’est pas de notre génération », toi tu n’as pas d’excuse contre l’ortograf de patrisya, qui requiert 4 ans d’âge mental et se découvre en une minute, s’apprend en cinq minutes grand maximum (pour un adulte Français à l’ancienne).
•  « Face à la crise de l’orthographe et à l’apparition des nouvelles techniques, une grande réflexion doit s’ouvrir entre enseignants, pédagogues, linguistes, écrivains, pouvoirs publics, etc. »
--> Youpi ! une nouvelle usine à gaz entre notables « loin au dessus de la vile populace » ? « Un prolétaire risquerait de ne pas comprendre que wa doit impérativement s’écrire oi, l’imbécile ! » Désolé, je trouve ça odieux. De Closets a volé le débat, discutable par chaque citoyen honnête.

L’ORTHOGRAPHE DE RAISON
•  « l’orthographe (…) Le système social trouvait dans son bon fonctionnement sa propre justification. A qui bon faire simple si l’on s’accommode du compliqué ? »
--> Moi je dirais qu’un système social injuste s’est à tort justifié sur une orthographe idiote, broyant les esprits logiques, honnêtes. Quant à s’accommoder, c’est un non-argument : les dominés ou esclaves ne se révoltent pas toujours, pas tout de suite, ça n’empêche pas qu’un esprit lucide puisse percevoir que la situation est scandaleuse, triomphe absolu de l’égoïsme.
•  « Les Français du XXIe siècle (…) tiennent à cette écriture qu’ils maltraitent, et n’entendent pas en apprendre une autre pour la seule raison qu’ils ne la connaissent plus. »
--> Eh quoi, je ne suis pas Français ? mon passeport dit le contraire. Ce qu’il y a, c’est que l’endoctrinement quotidien pendant quinze ans broie le sens critique et l’inventivité de la plupart, les rendant frileux à toute perturbation du relatif confort péniblement acquis. Si le critère principal était l’intérêt des enfants, on passerait à l’orthographe phonétique, en considérant comme pauvres victimes ces quelques générations déjà formées (si mal) et pas encore mortes. Je fais partie de ces victimes, mais l’altruisme me pousse à dire : essayons, pour voir, c’est peut-être juste une nouvelle habitude à prendre, comme l’Euro remplaçant le Franc. Peut-être qu’après avoir lu et écrit mille pages, ça deviendra presque naturel. Ça devrait au moins être expérimenté ponctuellement avant de conclure. Toutefois, l’expérimentation est peut-être impossible côté enfantin, comme en test pharmaceutique d’antidote : on ne peut pas administrer du curare à un cobaye humain puisque l’antidote en test risque d’être inefficace ; de même, si on fait apprendre à un jeune enfant l’ortograf de patisya, il refusera qu’on lui dise ensuite « ça y est l’expérience est terminée, maintenant tu apprends que wa s’écrit oi sauf coin et oignon, et… ». Il sourira et dira : « Pourquoi ? ça va pas la tête ? ». Il sera perdu pour notre système en place, il sera trop logique pour accepter notre orthographe de merde, bénie par De Closets (avec assistance électronique)…
•  « dans la précision comme dans l’ambiguïté (…) nous pourrons enfin aimer notre langue comme il convient. »
--> Que tu adores tes convenances serait bénin si tu n’en faisais pas un critère obligatoire d’écrasement social et xénophobe. J’étais déjà dégoûté de cette langue de merde, ce livre confirme pleinement ce jugement. La calamité est que ma langue spontanée est celle-là. L’altruisme voudrait que je l’épargne à mon futur enfant – mais non, le poids des dominants est trop fort, éveiller à l’intelligence serait conduire l’enfant au massacre. Alors l’Académie (avec ou sans De Closets) a gagné. Immoralement. L’ambiguïté est reine pour interdire les débats d’idées, condamner par amalgame – l’amalgame était un atroce scandale quand il martyrisait les juifs (prétendus « tous riches menteurs ») mais il est jugé délicieux quand il martyrise les non-juifs et métis (« tous antisémites, sauf soutien actif à Israël »). Notre « intelligentsia » a gagné, l’intelligence a perdu.

Précision (18/02/2014): J'ai écrit ce site avant d'avoir lu les 4 Evangiles dans leur intégralité, et je dois corriger ce que je dis de Jésus-Christ. Selon l'Evangile de Saint-Matthieu notamment, Jésus n'était nullement un humaniste : il était un Israélite pratiquant, traitant les non-Juifs de chiens parce que non-Juifs, admirant les esclavagistes croyants, etc. Jésus a approuvé l'Ancien Testament, approuvé donc le génocide d'enfants par le Déluge, il a appelé à assassiner les parents éloignant leurs enfants de Dieu : c'était un dictateur féroce selon mes valeurs, mais j'étais trompé par la propagande chrétienne citant des propos immensément partiels. Ma copine Patricia ne serait pas chrétienne si elle avait lu les Evangiles. Hélas, la barrière orthographique masque à jamais le texte brut à ses yeux naïfs, comme autrefois la messe en latin. D'ailleurs, la forme de cette messe en latin était aussi (comme l'orthographe de l'Académie Française) prétendue "élitiste", gênant ou empêchant la détection des énormes aberrations morales dans le texte prétendu sacré. C'est affligeant.