La douche "sportive commune nue" en question
Erreur lourde de jugement/analyse/conclusion
par Tél Éphobe, 20/09/2019

  L’autre jour à la télévision dans un débat (« L’heure des pros » sur CNews), Pascal Praud a révélé un « scandale » (selon lui) hélas méconnu : maintenant, deux de ses neveux (ou fils ? j’ai oublié) après le sport prennent leur douche avec un slip, à la demande de l’entraîneur, qui répond en cela à l’injonction des enfants (ou parents d’enfants) musulmans. (C’était à propos d’un sondage disant que 64% des Français disent « on se sent moins chez nous qu’avant » – je ferais partie des 36% restants, puisque antinationaliste je récuse le terme « chez nous », mais bref). Et il était très choqué par ce slip imposé car, de son temps à lui (presque sans arabo-musulmans, il est né en 1964 selon Wikipedia), et il a fait beaucoup de sport donc il peut vraiment en parler dit-il, tous après le sport prenaient la douche ensemble tout nus, et ça ne posait absolument aucun problème à personne, c’était un apprentissage du vivre ensemble, et puis un impératif d’hygiène. Gérard Leclerc a essayé de dire que ce n’était plu’ aujourd’hui comme avant (peut-être au sens « c’est comme ça, il faut faire avec, c’est pas grave »), mais Pascal Praud criait si fort qu’il n’y a pas eu débat sur ce point, condamnant donc sans défense le point de vue islamiste ou musulman ou arabe ou communautariste. Or Pascal Praud a là tort selon moi, totalement, pour plusieurs raisons :

1/ Mon expérience
  Il se trouve que je suis né en 1963 (pas du tout « bien après 1964 ») et ce que j’ai connu dément totalement les affirmations des journalistes. A l’école primaire, je ne faisais pas de sport en dehors des heures d’école dites « sport » (balle aux prisonniers, basket-ball, volley-ball), et après, on retournait en classe sans douche (ou chez nous sans douche si c’était la dernière heure du jour, peut-être le mardi). En 6e (à la rentrée 1974) notre classe anormalement n’avait pas de cours « de gym » (peut-être à cause d’un nombre insuffisant de professeurs dans ce collège/CES) mais je faisais du handball en « association sportive », comme mon frère mais sans brio, c’était le jeudi je crois (jour non scolaire à l’époque), et après les matches, on ne prenait pas de douche, on rentrait chez soi (ou remontait dans le car quand on allait jouer à l’extérieur contre une autre ville). En 5e (1975), j’avais cours d’éducation physique (on était, spécialement, pour cette matière-là, séparés garçons/filles dans des gymnases différents avec des profs différents) et, en début d’année après un cours de gymnastique (saut de cheval et/ou grimper de corde, crois-je me souvenir), le prof m’avait crié après, à moi, parce que je me rhabillais en vêtements civils sans prendre de douche (quelques camarades allant se doucher tout nus, effectivement, mais moi j’étais tout honteux à l’idée de faire ça, bien que nullement musulman ni arabe ni croyant religieux (j’étais athée à l’époque, ou agnostique je ne connaissais pas ce mot, je suis sceptique maintenant). Et les cris du professeur, hurlés parce que je refusais d’obéir, m’ont secoué. Presque traumatisé, j’en ai parlé à mes parents, et mon père a demandé un rendez-vous pour aller discuter avec le prof ; je ne sais pas ce qui s’est dit en détail, mais on m’a rapporté que l’affaire était close, ce n’était pas grave. Et j’ai par la suite été autorisé à continuer à ne pas prendre de douche après cours de sport (comme le faisaient une moitié des élèves garçons, je crois), douche qui aurait été tout nus car nous étions en slip normal pas en maillot de bain mouillable (quand il y avait piscine, on prenait tous une douche en maillot de bain avant de nager, et on se remettait en slip sec à la fin, pudiquement avec une grande serviette nouée autour de la taille). Enfin, pour 1 heure de gymnastique seulement, dont beaucoup de temps sans bouger à écouter les conseils ou attendre son tour pour tenter le geste appris, on n’était pas couverts de sueur puants, non, il n’y avait pas de problème de ce côté-là (ça semblait plutôt une question de principe, pour le prof). C’était vraisemblablement très différent en club de football (ce qu’a connu Pascal Praud ? et ce dont il parle pour ses neveux actuellement ?), où tout le monde courait des heures entières, donc dégoulinait de sueur. Et, pour un tel sport d’équipe de compétition, la « douche ensemble tous nus » avait peut-être vocation à générer une certaine intimité de groupe, voulant l’effacement des égos pour se donner au but commun comme combattant ensemble.
  Bref : le problème du refus de douche en commun tout nu, même dès 1975 (pas 2015 après prétendu essor explosif du communautarisme), touchait n’importe qui, sans aucun besoin de classer ça en abus social/politique du nouvel intégrisme communautariste/islamiste. Erreur lourde, donc, fausse accusation (méritant presque plainte pour dénonciation calomnieuse, stigmatisant à tort les musulmans – je lis ce jour qu’Éric Zemmour vient d’être condamné sur ce chef d’inculpation, sur un autre sujet : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/justice/eric-zemmour-définitivement-condamné-pour-des-propos-anti-musulmans/ar-AAHxvqO?ocid=spartandhp ). A mon avis, la pudeur est une affaire personnelle relevant de l’intime, et si les sportifs fans de foot voulaient avoir cette tradition de « tout nus ensemble », c’est spécifique à eux-mêmes et pour moi ç’aurait à l’époque été un motif pour refuser de m’inscrire en club (si shooter dans un ballon m’avait plu).

2/ L’égalité hommes-femmes
  La totalité des médias, et une ministre dédiée (Madame Schiappa je crois), claironnent que l’égalité hommes-femmes est maintenant très indispensable, obligatoire (et tant pis si ça heurte les Musulmans qui doivent obéir en oubliant leur Coran), mais alors… pour être cohérent, il n’y a plu’ lieu de séparer garçons et filles en cours d’éducation physique, et alors… la douche tout nus ensemble serait classée attentat à la pudeur (des garçons se montrant nus à des filles innocentes, et peut-être en érection, plus ou moins automatique si les filles sont nues aussi), agression sexuelle (des garçons regardant des filles nues avec concupiscence, et l’opposé peut-être aussi pour les musculeux ou gros-zizi), non ça ne tient absolument pas debout. La loi protège la nudité des filles, ne serait-ce que vis-à-vis des garçons (puisqu’elles prennent peut-être la douche ensemble nues en club de footballeuses). Et certes sinon, certains garçons excités pourraient commettre de vraies agressions (vouloir toucher/peloter les poitrines féminines voire violer).
  Enfin, c’est ce discours sur l’égalité prétendue qui semble idiot ou menteur. Mais en tout cas, la tendance claire, laïque, consiste à respecter l’intimité de la nudité, c’est très compréhensible, justifié. Et ce n’est absolument pas sous l’action intolérante d’intégristes religieux.

3/ Sans homophobie
  Enfant dans les années 1970, je n’avais jamais entendu parler de l’homosexualité. J’avais entendu dans les stades (où nous emmenait mon père) le cri « enculé », mais c’était une insulte dont j’ignorais le sens, et j’ignorais que le fait en question est douloureux mais plaisant pour certains. Au début des années 1980, j’ai entendu mon frère (très brillant sportif handballeur, en club de passionnés) plaisanter à propos de « faire tomber le savon dans les douches », et je ne comprenais pas trop de quoi il était question ; apparemment (à la réflexion) certains sportifs accusaient pour rire tel autre d’être homosexuel voulant que, dans les douches tout nus tous ensemble, un beau mec se mette par inadvertance en position la croupe levée, prêt à être sodomisé (et j’ai vu le film Délivrance avec un terrible viol comme ça). Quoi qu’il en soit : actuellement, les homosexuels (du moins : pas les violeurs mais ceux qui sont amoureux consentants) sont puissamment réhabilités par les gouvernants et journalistes, l’homophobie est condamnée (violences mais aussi insultes, et pas seulement envers les homosexuels actifs mais traiter un homme hétérosexuel d’enculé est considéré inadmissible insulte homophobe), jusque dans le sport et les stades de supporters. Bref, cela change tout : ce que je disais sur l’érection un peu automatique de garçons nus mis sous la douche avec des filles nues n’était qu’un point de vue hétérosexuel ; maintenant avec réhabilitation de l’homosexualité, il faut tout autant envisager comme très normal habituel que des sportifs soient homosexuels, donc dans les douches ensemble entre garçons, ceux-là pourraient se sentir sexuellement excités et se mettre à bander de désir sexuel. Oula, l’objection précédente ne faisait donc pas que dénier la prétendue égalité homme-femme : c’est le principe de nudité en commun imposée qui devient malsain, excessivement sexuel contraint.
  Ça me semble confirmer que l’obligation prétendue de « tout nus ensemble sous la douche » interdit le droit personnel à la pudeur. Ou même : ça « violente » ce droit de réserve – et c’est effectivement de cette nature, si j’étais « très bouleversé » quand le prof de 5e a exigé que je sois ainsi tout nu devant tout le monde.

4/ Dans La Genèse
  Je rappelle que dans la Bible, la première mention d’esclave (puisque la Bible/Torah est incroyablement autorisée à prôner l’esclavage, comme les Evangiles et le Coran, hum) est la condamnation à l’esclavage du fils de Noé, parce qu’il avait vu son père tout nu (Noé s’était dénudé dans sa tente, après s’être saoulé la gueule)… Je ne dis pas du tout que l’esclavage est juste, que la terrible condamnation de cet aperçu sans faire exprès est juste, mais en tout cas la sacralité de garder cachée sa nudité se trouve autant dans le judaïsme, le christianisme, l’islam (religions du Livre se basant sur la même légende initiale). L’accusation orientée spécialement anti-Musulmans parait très suspecte (d’islamophobie oubliant d’accuser les autres religions, ou de xénophobie oubliant de nous accuser nous-mêmes, majoritairement judéo-chrétiens).
  Contrairement à la loi française et même aux droits de l’homme prétendus universels, je ne condamne pas l’islamophobie au nom de l’entière liberté de religion : à mon avis, l’interdiction de l’esclavage et du meurtre pour motif religieux devrait automatiquement (honnêtement, équitablement) faire interdire ces vieux livres périmés. Et faire condamner les atrocités effectuées en leur nom (conquête de l’Amérique/Australie etc. contre inconnus au Proche-Orient, Shoah contre les prétendus « tueurs du Christ », Nakba conte les prétendus « goys = chiens », Djihad contre les prétendus infidèles). Je ne suis pas du tout un anti-religieux fanatique, je n’ai rien contre le bouddhisme ou contre des religions israélote, chrostienne, musolmane, qui emploieraient chacune un texte réécrit proprement sans horreur maintenant inadmissible, pour promettre le Paradis post mortem ou n’importe quoi dans les nuages : liberté de rêver (et de croire en ses rêves, en condamnant la psychiatrie qui classe cela « maladie mentale ») mais pas liberté de tuer pour divergence d’opinion, de faire esclave, de classer inférieur de naissance. (Ça ne se fera sans doute jamais car la même logique/honnêteté/équité morale ferait condamner le nationalisme/continentalisme anti-humaniste de tous les leaders politiques occidentaux, voire toutes les majorités d’électeurs occidentaux – oui je juge l’Occident coupable sauf anormaux comme moi, même si les révoltés islamistes ne sont pas plus jolis).

5/ Entre naturisme et puritanisme
  L’affaire du burkini rappelle que la pudeur (dite excessive) est assez spécifique au monde musulman immigré en Occident, et peut-être aux théocraties islamistes (avec voile féminin etc.). Mais ça ne semble pas si simple : le triomphe du féminisme fait maintenant classer agression sexuelle inadmissible (presque viol) tout regard mâle dans un décolleté profond. Par ailleurs la mode monokini féminin sur les plages françaises des années 1980 a parait-il disparu, à cause (est-il dit) du très sale regard concupiscent des hommes. Et l’Europe tend à adopter les standards puritains qui s’appliquent aux Etats-Unis : un homme seul ne peut pas monter dans un ascenseur avec une femme seule, puisqu’il y a suspicion automatique d’agression sexuelle machiste, effective ou tout juste contenue. Donc les choses évoluent apparemment vers un peu davantage de pudeur tout en vomissant sur l’excès (prétendu) musulman en la matière. Ça semble davantage géopolitique écraseur qu’argumenté objectivement.
  L’origine du puritanisme étasunien est peut-être l’intégrisme de certaines sectes protestantes (les Amish ont leurs femmes voilées), et la Bible est totalement incompréhensible à ce sujet. Il est dit qu’Adam et Eve vivaient nus au jardin d’Eden sans en avoir honte mais, après avoir goûté le fruit interdit de la connaissance du Bien et du Mal, ils ont eu honte d’être nus. Est-ce à dire qu’il est mal d’être nu ? Si oui, pourquoi Dieu les a-t-Il mis nus dans le jardin d’Eden ? Dieu serait le Mal ? Si non (si ce n’est pas mal), en quoi avoir la connaissance du Bien et du Mal ferait-il juger que c’est mal ? ce serait une fausse connaissance ? mais alors il n’y aurait eu aucun crime à cette connaissance (réservée à Dieu est-il dit) donc condamnation à mort punitive par abus de pouvoir (Dieu serait un salaud pourri tortionnaire massacreur d’innocents, ça ne doit vraisemblablement pas être le message qui Le fait vénérer, pas même terroristement avec menace de Déluge n°2 puisqu’il est dit que c’est un Bon Dieu). Bref, c’est totalement tordu, incompréhensible, et c’est sur base nullissime de roman cru « à la lettre » (selon une certaine interprétation ?) que les missionnaires chrétiens ont fait habiller les tribus « barbares » vivant nues. Très longtemps après, l’effondrement de la dominance rigoriste des églises (conduisant au mea culpa du concile Vatican II) a fait qu’est apparu le naturisme de libres penseurs provocateurs prétendant à la pureté, mais ça reste en France caché en plages spéciales, la nudité dans l’espace public restant condamnée comme « attentat à la pudeur », de manière pas claire. Qu’il y ait des lieux (douches sportives ? auberges de la jeunesse ? bains militaires ?) où "abandonner cette pudeur" est demandé, c'est possible, mais sans claire idée que là est le bien (et que le mal choquant est de ne pas obéir : refuser la douche nue ou mettre un maillot de bain).

6/ Non-hygiène
  Je pense qu’il est faux que la douche après sport soit un impératif d’hygiène : la sueur n’est pas un poison contaminé à enlever d’urgence, ce n’est qu’un liquide un peu malodorant et faisant des auréoles sous les bras. Bref, les gens ayant sué sans se doucher ne sont pas « sales » au sens « dangereux contaminants », mais « imparfaits ne respectant pas les standards bourgeois d’un monde sans effort physique (sans travail de peine) ». Il s’agit d’inconvenance (sociale) chez les snobs coincés méprisant le corps, pas d’un impératif de santé objectif.
  Pour la douche domestique, c’est totalement différent : ne pas mettre de maillot de bain là permet de laver le pubis sans garder la saleté (mucus, poussières, flore bactérienne commensale, etc.) à l’intérieur du slip. Mais ceux qui vont faire du sport sont propres, la douche après sport n’est pas lavante de saleté insalubre.

Bilan
  Derrière la tradition disparaissante de « tous nus sous la douche ensemble » se cachent des injustices et des violences, à conséquence gigantesque (pouvant ruiner la civilisation occidentale, antimusulmane anti-amérindienne, au faux nom du Bien). Hélas, dans les prétendus débats, celui qui crie le plus fort monopolise la parole, et ne sont pas invités les avis se situant hors de la classe dominante (qui n’est absolument pas l’élite qu’elle prétend mais apparemment un ramassis d’ambitieux plus ou moins idiots ou menteurs).

--------- Ajout 22/09/2019 : Travaux et régions à sueurs
  A la réflexion, je me demandais si je n’avais pas un peu exagéré en disant que la douche en cas de suée était une convenance bourgeoise, mais… ça ne me parait pas complètement idiot, et je tends à le confirmer a posteriori :
- Un employé de hauts fourneaux sidérurgiques (emploi ouvrier typique des années 1970), travaillant peut-être à 45°C, est normalement dégoulinant de sueur, or je ne pense pas qu’il était prévu qu’il se douche toutes les heures, ou même en fin de travail avant de repartir en bus (et il serait incroyable incompréhensible qu’il soit exigé de lui une douche tout nu ensemble avec ses collègues ! au nom de quoi cet attentat à la pudeur ?). Quand, loin de là, le patron ou chef à l’abri de l’effort quotidien dans son bureau, se sent « sale » à être suant quand il fait du sport, donc à purifier par douche immédiate pour recouvrer sa peau sèche de socialement dominant, « supérieur ».
- Une employée de pressing, faisant des heures de repassage même en été et sans climatisation, est normalement dégoulinante de sueur, or je ne pense pas que ce petit magasin soit équipé de douche, donc elle repart chez elle sans douche, à pied par exemple. Quand la commerçante ou cliente huppée se sent, elle, sale (comme moins estimable) si elle est en sueur.
- Un travailleur de pays tropical (genre manutentionnaire sénégalais ou charpentier philippin), du fait de la température ambiante très supérieure à 37°C, est normalement dégoulinant de sueur. Ce n’est en rien considéré « sale » mais très normal usuel là-bas. Une douche peut soulager, rafraichir, mais je ne pense pas que ce soit requis toutes les deux heures (et tout nu en groupe !) sous peine de colère de l’entourage. Mais pour le financier occidental exploiteur, voyant ça de son pays tempéré dans son bureau, le jugement peut être, affreusement, que « les bougnouls sont sales »… (Injuste) mépris de classe en version géostratégique, ex-colonialiste…
- Aux USA (que notre pays essaie d’imiter), le climat est tropical au Sud et continental à l’Est (glacé en hiver, bouillant en été), et les climatiseurs y sont un équipement domestique quasi traditionnel, seuls les pauvres (descendants d’esclaves et autres) n’en ont pas, donc être suant c’est être le contraire d’un riche winner social (équivalent moderne du prince charmant/princesse enviée), cela se mélange peut-être aussi avec la sueur de sport, classé Mal à éviter/mépriser.