mea culpa maquettiste?

Maquettisme-aéro et violence
Petit déchirement intérieur pas simple
par Tophe, 14/09/2019

Contexte
  Je construis des maquettes d’avions depuis l’âge d’environ 9 ans (1973 ?), je dessine des avions sur ordinateur depuis l’âge d’environ 28 ans (1992 ? les ordinateurs graphiques n’étaient pas domestiques avant), et depuis tout ce temps, je vis cette aérophilie comme partiellement coupable, « complice », car les plus jolis avions sont des tueurs.
  Même en les transformant en versions imaginaires n’ayant tué personne, je suis mal à l’aise : sur les sites Internet d’aérophiles rêveurs partageant leurs créations, je suis ultra-minoritaire, entouré de patriotes militaristes très fiers de vouloir tuer les méchants prétendus (avec interdiction d’en discuter : leur militarisme nationaliste est permis, classé évidence naturelle, mais le pacifisme humaniste en face est proscrit car classé « politique » donc agressivement polémique, complètement hors-sujet maquettiste). Alors je rumine tout seul.
  Toutefois, j’ai le souvenir d’un précédent célèbre, vers les années 1980 : un projet de loi française (imitant une loi suédoise ?) visait à interdire les maquettes d’avions militaires, dits « jouets guerriers », accusés comme les mitraillettes en caoutchouc rose d’éduquer les enfants à la violence tueuse. Et le magazine « Le Fanatique de l’Aviation », auquel j’étais abonné à l’époque, avait hurlé qu’au contraire, le maquettisme est une activité pacifique gardant fort le souvenir des horreurs guerrières (répondant à ce qu’on appelle de nos jours le prétendu « devoir de mémoire » – mémoire sélective pour ne pas embarrasser nos alliés riches massacreurs d’Amérindiens). A l’époque, je n’écrivais pas mon opinion, mais maintenant je mets par écrit ce à quoi ça me fait penser, pour faire un peu le ménage dans ma tête, dans mon cœur.

Diabolisation primaire
  Depuis des décennies je construis des maquettes d’avions militaires (que je désarme paisiblement, sans respecter les instructions réalistes marquées) et je n’ai jamais tué ni violenté autrui, pourquoi le législateur me condamnait-il ? Le principe me semble l’amalgame injuste, la généralisation abusive, dite maintenant « principe de précaution », c’est-à-dire condamnation au bénéfice du doute (exclusivement là où le décident les dominants, sans inquiéter l’électricité 220 Volts, la voiture de loisir, le feu de cheminée, la possession d’animaux domestiques, la baignade, etc. aucun rapport avec l’existence d’un risque avéré, documenté).
  Je me propose d’imaginer un argumentaire avec des chiffres tous imaginaires, pour envisager la faisabilité de la pseudo-démonstration dite justificative, voire « preuve de dangerosité incontestable ».
  L’enfant Alex A, colérique violent, s’est jeté avec frénésie dans le montage d’avions nazis à échelle 1/72, puis à 18 ans il a fait exploser une bombe dans une synagogue faisant 73 morts. Au nom du devoir de précaution, il est donc interdit dorénavant de monter des avions miniatures à couleurs nazies. Puis l’enfant Bernard B, méprisant ses voisins de couleur pour se sentir supérieur malgré sa très petite taille, a fièrement construit des dizaines de chasseurs-bombardiers sud-africains du temps de l’apartheid, avant qu’à 18 ans, il égorge 7 bébés noirs. Au nom du devoir de précaution, l’interdiction de maquettisme est donc étendue à tous les avions militaires. Puis l’enfant Charles C, fils de gauchistes activistes, a bâti toute une collection d’avions de ligne communistes, avant qu’à 18 ans, il éventre à mort la fille du patron local. Au nom du devoir de précaution, l’interdiction du maquettisme est donc étendue aux avions civils.
  Les associations maquettistes protestant que leurs membres sont inoffensifs non violents, le législateur procureur fait appel aux « experts » des « sciences » humaines, crus dire La Vérité (le scientisme étant devenu dominant). Ceux-ci ont rendu la preuve attendue : le taux de tueurs est de 0,97%±0,09% parmi les maquettistes et 0,64%±0,11% parmi les non-maquettistes, ceci étant clamé constituer la preuve irréfutable que le maquettisme est un incontestable facteur de risque meurtrier.
  Selon le principe moderne pour recaser les pléthores de diplômés psychologues inutiles, il a été temporairement préconisé un « soutien psychologique » des maquettistes, pour garantir leur non-passage à l’acte tueur, garanti « scientifiquement » (en faisant taire les épistémologues expliquant que les dites sciences humaines ne sont pas des sciences prédictives mais du bla-bla vaguement explicatif a posteriori, de tout et son contraire). Toutefois, le taux de tueurs parmi les maquettistes suivis psychologiquement s’avérant 0,98%±0,06%, nullement diminué, l’interdiction du maquettisme a été votée. Sans attendre le complément d’enquêtes multi-décennal requis par les blouses blanches exigeant davantage de moyens. Si même la « Science » n’arrive pas à contenir la monstruosité maquettiste, seule la sanction sévère est appropriée.

Réponse primaire
  Le taux de tueurs parmi les sportifs de compétition s’avérant 1,35%±0,17%, très supérieur au 0,97% maquettiste, les maquettistes se sont dits injustement persécutés : non seulement ils comptent 99% d’innocents punis injustement mais d’autres facteurs bien plus aggravants que le maquettisme sont socialement approuvés, exemptés de sanction. (L’addiction aux jeux vidéo massacreurs d’extra-terrestres ou de « terroristes » a aussi donné 1,93%±0,08%, mais c’était en voie de bannissement également).
  Plus embarrassant encore : dans un pays voisin n’ayant pas notre interdiction des statistiques ethniques ou religieuses, un chiffrage a estimé à 2,04%±0,37% le nombre de tueurs parmi les Musulmans, et cela ferait interdire l’Islam, ce qui est en infraction avec la Déclaration dite Universelle des Droits de l’Homme dont nos gouvernants se prétendent superchampions (en oubliant la liberté d’opinion, l’autorisation du voile etc. hum, formalités de bla-bla sans difficulté). Heureusement, les « experts » ont défalqué le tiers-facteur Pauvreté, touchant surtout les immigrés arabes, et la part Islam proprement dite est devenue non significative, ouf.
  Mais… l’élément-clé a été, toujours en pays étranger, que le taux de tueurs parmi les Juifs ait été chiffré à 2,08%±0,13% ce qui devrait faire interdire le judaïsme. Or cela est totalement interdit, non seulement de condamnation mais d’énoncé même, classé raciste antisémite, génocidaire criminel inadmissible. La diabolisation des « intolérables » maquettistes n’était alors plu’ guère présentable, toutefois.
  Alors, au lieu de condamner par groupisme affirmé prédestinateur, à la manière du racisme, il est apparu plus sage de ne condamner que les coupables, sans prétention blablaesque à la précaution active par condamnation préventive.

Défouloir
  En raisonnant par amalgame diabolisateur, il aurait été possible d’arriver aux conclusions exactement inverses de l’interdiction maquettiste : l’enfant Daniel D, qui fabriquait paisiblement des petites maquettes, a complètement changé quand ses parents lui ont interdit le maquettisme à commencer par celui des avions nazis (les méchants qu’il opposait aux gentils Spitfires). Se rebellant violemment, délirant sur la provenance de la persécution qu’il ressentait : à 18 ans, il a mis le feu à une synagogue, faisant 73 morts. Au nom du principe de précaution, l’interdiction familiale du maquettisme est donc devenue illégale, punie par la loi. Le maquettisme est même devenu obligatoire, pour raison de salubrité mentale et sociale.
  Les « sciences » humaines l’ont encore prouvé : parmi les 5,0%±1,17% de semi-violents-aigus (selon test officiel de Pasteurang) le taux de tueurs s’avérait accru significativement (de 7,12%±0,25% à 8.23%±0.44%) par l’interdiction de pratiquer le maquettisme, le jeu vidéo, le sport de combat. C’était expliqué par le fait que ces défouloirs virtuels avaient un effet pratique apaisant.

Bilan
  Il semble que tout le monde puisse affirmer n’importe quoi avec des pseudo-preuves chiffrées, il suffit d’interdire le débat contradictoire et se réserver le droit à la généralisation abusive. Je ne crois rien de rien à ces prétendus argumentaires indéniables.
  Personnellement, je trouve totalement honteux qu’on cherche des noises à des colleurs de plastique pacifistes comme moi, quand les décorations officielles vont aux tueurs professionnels (militaires), même massacreurs de bébés (comme les bombardiers français embauchés dans la RAF en 1944-45). Dans ce contexte de propagande idiote, de diabolisation unilatérale éhontée, je vois bien davantage de culpabilité chez les dominants faisant la loi qu’en moi.
  De plus, s’il fallait condamner équitablement la violence, il faudrait rendre les USA aux Amérindiens survivants (leurs familles ayant été massacrées pour avoir refusé les migrants comme le font maintenant les Européens et Etasuniens) et ce n’est pas possible car ce serait la guerre nucléaire, alors notre pays est allié aux monstres s’autorisant ce qu’ils refusent à autrui (et sans prescription pour le passé lointain car ils font chasser les Palestiniens 2000 ans après une prétendue invasion). De même l’honnêteté prévenant la violence révolutionnaire consisterait à partager sans garder jalousement nos richesses par frontières armées, mais au contraire notre camp est terroriste atomique (illégalement en « oubliant » le chapitre désarmement du traité de non-prolifération) pour éviter le partage humaniste. Puisque personne (que moi) n’en parle, tout ne me semble que bla-bla de faux innocents, faux vertueux, cherchant des boucs-émissaires. Je proteste : non, le problème (de violence immorale) n’était pas du tout le caractère armé des avions dessinés sur les boîtes que je cherchais à transformer en jolis objets. Comme presque tout le monde je suis imparfait, mais j’essaie plutôt d’aller dans le bon sens, oser le faire malgré les interdictions dominantes.