Suis-je un InCel ?
(ou l’étais-je ?)
par Prosse Kri, 22/05/2018

Problème entendu
  L’autre jour à la télévision, il était dit que le récent attentat de Toronto 2018 n’était curieusement pas dû à un islamiste (ce qui est l’habitude) mais à un cas d’InCel, et ils expliquaient ce que c’était. Des hommes « célibataires involontaires » haïssant les femmes, qui leur préfèrent les « chads » (beaux mecs musclés ?), et se pavanent en se refusant à eux normalement moches – ce qui peut aller jusqu’au viol ou au meurtre, par eux légitimés.
  Personnellement, je n’ai en rien tué autrui, je n’ai jamais violé, mais je partage un petit point commun avec ces gens : refuser la pensée unique qui, actuellement en Occident, encourage les femmes à se pavaner sexy et se refuser à la majorité des hommes, classés déments ou idiots s’ils ne sourient pas de ce « jeu » de la séduction. Je ne suis pas d’accord avec cela, du tout, et je considère qu’il s’agit de violence féminine, cachée, entérinée à tort. Mais je vais me renseigner un peu plus sur la question InCel.

Premières réflexions
  Tout d’abord, confirmation Internet de la nouvelle télé : http://www.nicematin.com/faits-divers/attaque-a-la-voiture-belier-a-toronto-au-canada-la-misogynie-au-coeur-de-lenquete-les-victimes-identifiees-226712   L’article parle de « haine des femmes », misogynie, sous-culture Incel, masculiniste et sexiste (en réaction au féminisme du mouvement MeToo actuel), voulant châtiment aux femmes rejetantes (comme expliqué par le futur suicidé de l’attentat Isla Vista en Californie 2014).
  Je suis gêné : je désapprouve le meurtre et le viol, mais je suis d’accord que séduire pour rejeter est un crime, valant crime de sang (via le fait de pousser au suicide les rejetés). Le problème est que, par amalgame, la sensibilité qui est la mienne sera classée criminelle ! C’est comme en matière d’antisémitisme : le fait d’être choqué par le racisme pro-juif n’est plu’ permis, étant amalgamé (sous le terme « antisémitisme », « nouvel antisémitisme ») à l’horreur massacreuse (« grâce à » Hitler et Ben Laden, idiots ou agents doubles œuvrant pour la domination judaïque, en retour).
  La violence impunie, encouragée légalement, entraîne des réactions excessives, au titre duquel la condamnation de toute opposition – même pacifique non violente – est prononcée, c’est immensément moche. C’est un triomphe de la violence ordinaire. Je le désapprouve, même si je n’ai pas le droit.

Approfondissement
  L’article de fond que j’ai trouvé sur le phénomène Incel est https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9libat_involontaire . Cela dit qu’il s’agit de « suprémacisme masculin », et je ne vois pas pourquoi. En quoi appeler les jeunes filles à la pudeur serait-il un moyen de les écraser ? On peut parfaitement envisager une réciprocité interdisant aux beaux mecs musclés de sa pavaner torse nu, par exemple. Il semble s’agir d’amalgame là encore, comme rédigé par des « suprémacistes féminines » classant violence toute résistance, jusqu’à ce que ça pète en violence, évidemment, hélas.
  Il est cité aussi le classement en « groupe animé par la haine », et je ne suis pas d’accord : à mon avis, il y a colère légitime, mais face à un phénomène impuni, encouragé même, en ne brimant que les opposants, cela dérape hélas ; ce n’est pas cette prétendue haine qu’il convient d’abattre mais les ressorts de l’injustice, protégée à tort. Il vaut mieux guérir les causes que les conséquences, c’est plus efficace, plus juste aussi.
  Il est mentionné le principe de « rebellion incel », et le terme de rebellion me parait adéquat : il s’agit de révolte en retour, soumis à oppression dite ordinaire, « normale ».
  « Beaucoup d'incels masculins croient aussi que la société moderne est gynocentrique et que les femmes sont prédisposées à l'hypergamie. » Cela me parait effectivement en partie juste : l’abstinent est raillé, classé malade et je trouve ça affreux. Quant à l’échangisme de jolies filles, il est encouragé très mochement (mais je ne pense pas que les femmes laides soient concernées, ça ne justifie aucune misogynie).
  Je suis moins convaincu par la notion de « pillule noire », disant que la pilule bleue c’est rester dans le monde des illusions et la pillule rouge choisir le monde tel qu’il est, dominé par les femmes. Je préfère la pilule bleue, personnellement.

PS. Qui suis-je ? Je suis un ex-suicidé à l’âge de 15 ans, rejeté par une fille qui faisait des grands efforts d’habillement pour plaire (et rejeter les indésirables séduits), ex-suicidé à 34 ans, fidèle à la même fille (se maquillant maintenant pour plaire, échangiste, mais refusant de me revoir et voulant me faire interner psychiatriquement), finalement marié à l’étranger (à 38 ans), à une petite asiatique immensément loin des standards occidentaux de séduction féminine débridée. Je ne suis donc plu’ célibataire, je ne hais pas du tout la totalité de la gent féminine, je trouve seulement très affreuse la domination ici des séductrices activistes, dressant les jeunes filles innocentes à les suivre.

Précision (23/05/2018)   L’article wikipedia signalait « Un article paru en 2001 (…) définit le terme "célibataire involontaire" ("involuntary celibate") comme une personne qui souhaite avoir des relations sexuelles mais qui n'a pas été capable de trouver un partenaire consentant au cours des six derniers mois (…) Les chercheurs qui utilisent ce terme ont distingué le célibat involontaire de l'asexualité et de l'abstinence sexuelle volontaire. » Hum, à la réflexion, la situation InCel est très différente du cas que j’étais : il s’agit d’assoiffés de sexe ne trouvant pas de proie et non d’abstinents romantiques tristes, fidèles sans retour, comme je l’étais. Ça répond donc négativement à la question du titre/sous-titre.
  Néanmoins, avant de diaboliser globalement tous les déçus par les valeurs féminines apparentes, il convient de très finement cerner les différentes modalités – ce que font sans doute mieux les "chercheurs" que les journalistes ou le grand public, simplistes.
  A titre secondaire, cette confusion assez générale explique peut-être pourquoi la fille que j'aimais refusait de me revoir, me classant "violeur probable" ? Cette imbécilité commune ferait donc des morts multiples, par suicide. C'est affreux, même si personne (de vivant) ne le dit habituellement.

Le cas des rejetés dits « ex » (16/05/2019)   Je lis à https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/violences-conjugales-belloubet-appelle-les-parquets-%C3%A0-mieux-prot%C3%A9ger-les-victimes/ar-AABrm5g?ocid=spartanntp que le gouvernement entend protéger les femmes victimes de "Féminicides par compagnons ou ex", parlant de « sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon », et ça me fait penser à un truc dérangeant : celle qui m’a séduit et laissé tomber, en me tuant deux fois de chagrin, a peut-être refusé de me revoir en m’imaginant ainsi violent, ce que je ne suis pas mais elle l’ignorait peut-être. En tout cas, le gouvernement invoque là une liberté féminine que je trouve atroce : le droit de séduire, d’abandonner et de refuser de revoir le mec victime, et si celui-là pète les plombs il sera déclaré intégralement coupable, en lavant de toute accusation l’abandonneuse. Je trouve ça injuste. A mon avis, la séduction temporaire est un acte de violence terrible, mortelle, et cela peut parfois (= avec certains) susciter des retours de bâton, mais ne frappant pas du tout des innocentes, non : des criminelles. (C’est entièrement similaire pour les abandonneurs de filles enceintes ou quoi, criminels à mon avis – l’accusation n’est en rien misogyne, c’est l’innocence prétendue des seules femmes parmi les abandonneurs qui est sexisme triomphant, féministe).