Logicomix : bande dessinée logiquement antilogique
par David Malcor, 29/12/2013


  J’ai reçu la bande dessinée Logicomix (« an epic search for truth », #1 New York Times bestseller, 2009), que j’avais demandée après l’avoir vue recommandée par le magazine Science et Vie, dans un article sur la théorie mathématique des types tendant à remplacer les Maths modernes et leur théorie des ensembles.
  Sa lecture m’a dérouté, et j’attendais la fin du volume pour me faire un jugement, tant cela paraissait incohérent. La lecture maintenant terminée, je conclus : c’est un ouvrage de propagande politique antilogique.
  Les quatre fautes que je vois sont le dogme réaliste, l’absence d’esprit auto-critique (absence d’intelligence critique), le racisme judéophile, l’anticommunisme primaire.

1/ Dogme réaliste
  Page 57, le nouveau professeur du héros enfant affirme (sans être nullement contredit par la suite) : « Reliable knowledge about the world can ONLY be given to us by SCIENCE. And PHYSICAL SCIENCE derives its power from MATHEMATICS. » C’est là "oublier" totalement (bêtement, antilogiquement) que la science d’ici est contredite dans bon nombre de rêves (visite de personnes décédées etc.), et il n’y a aucun critère pour démentir l’hypothèse du rêve, fallacieusement (antilogiquement) évacuée par René Descartes.
  Page 112, le héros devenu professeur de logique déclare « my profound underlying aim had never changed : to acquire certain knowledge about the world… knowledge which could only come from science. » C’est du scientisme déterministe, ignorant l’évidence faillibiliste de Karl Popper : les théories scientifiques sont par principe en instance de réfutation, les faits futurs pouvant démentir ce que l’on a pris pour lois – le scepticisme (refusant l’induction, l’abduction) avait logiquement raison de douter. Cet ouvrage est exempt de logique, fonçant dans le parti-pris usuel, obéissant au dogme universitaire actuel sans envisager ses alternatives (donc le statut indécidable qui est la conclusion logique). Enfin, je dis ça vu de France, mais aux USA il y a paraît-il domination des intégristes chrétiens (faisant interdire l’enseignement du darwinisme etc.). Il se pourrait donc que le but du présent ouvrage soit d’attirer les athées et agnostiques vers une voie indéterminée – que j’espérais être la logique, mais ce n’est pas du tout le cas : ce sera la guerre (contre l’islamisme ? pour Israël ?).

2/ Absence d’esprit critique
  Pages 100 et 123, présentation de principe du syllogisme à conclusion imparable (« inescapable ») : « Tous les hommes sont mortels. Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel. » C’est là oublier de questionner logiquement les affirmations sources, a priori douteuses. Jésus Christ est-il mortel ? Suis-je mortel ? Socrate est-il un homme ou un personnage imaginaire ?
  Page 295 est célébrée la liberté occidentale. Eh, les soldats fraternisant avec les Allemands n’étaient-ils pas fusillés en 1914-18 ? et les refuseurs de guerre du Vietnam n’étaient-ils pas emprisonnés dans les années 1960-1970 ? depuis 1990, la loi Gayssot (d’auteur communiste mais votée avec très large majorité « libérale ») contre le scepticisme n’invalide-t-elle pas les prétentions occidentales à la liberté d'opinion même en temps de paix ? Les auteurs ne sont pas logiques, ils déclinent la propagande occidentale en cachant sa réfutation.
  Pages 296-297, faisant penser (sans le dire) au moderne président George Bush Jr, le héros célèbre professeur britannique de logique, face aux isolationnistes américains de 1939, conclut qu’il faut oublier la logique pure pour que le bien combatte le mal (en abandonnant le pacifisme). Le bien ?? Eh, les Occidentaux de 1939-45 étaient des racistes (indigénat dans l’empire français, ségrégation raciale dans l’empire britannique et aux USA) conquérants, pas du tout des antiracistes respectant les autres peuples. Les Allemands les jalousaient et voulaient faire pareil, c’était une guerre du Mal contre le Mal (antialtruistes contre antialtruistes). Comme l’illustre le Terror Bombing de civils par les Anglais, ou les exterminations américaines de civils à Tokyo, Hiroshima, Nagazaki. Le héros ne pèse pas logiquement le pour et le contre, il récite la propagande unilatérale. Sans contradiction de la part des personnages modernes se référant à lui dans ce livre. C’est très nul. Mais ce n’est pas n’importe quoi : les Occidentaux en 1939-45 combattaient l’antisémitisme, là semble le seul racisme intolérable pour les auteurs du livre, sous les applauddisements New-Yorkais, New-York étant la première ville juive du monde après le génocide total des Mohicans (totalement passé sous silence ici).

3/ Racisme judéophile
  Page 15, première image du sujet passé traité par cette bande dessinée de ton historique : l’invasion nazie de la Pologne. C’est totalement incompréhensible pendant les chapitres suivants : on annonce que le pacifisme sera mis en question par le logicien-vedette, mais rien ne laisse entrevoir l’argumentaire pour cela.
  Page 275, épisode sur le logicien fou, haineux, qui parle sans argument du péril juif. Page 289, passage sur le fanatique nazi brutal, sans autre motif de haine que le mot Jew. Sans envisager que la simple lecture de la Thora, célébrant le racisme projuif (et préfigurant l’expulsion 1948 des Palestiniens, sans retour et sous peine de mort), suffit à comprendre le problème social posé par les Israélites : le favoritisme indu. La logique voudrait que l’on condamne équitablement tous les racismes, le racisme pro-juif compris (jusqu’aux Evangiles, où Jésus se montre sur ce point Israélite orthodoxe, traitant les non-Juifs de chiens parce que non-Juifs). Et que l’on dissocie le mot juif entre origine innocente (juifa) et communautarisme politico-religieux (juifo). Pour séparer les innocents des coupables. Avec ce livre comme avec la pensée médiatique unanime, les coupables se cachent derrière des innocents, au risque de les faire exterminer, c’est très grave, et logiquement très contestable. Le dénoncer au contraire constitue à mon avis le regard logique sur le sujet, nullement envisagé dans ce livre manichéiste. Peut-être stratégiquement pour ne pas déranger, ne pas déplaire (la logique comme l’équité font mal aux dominants).

4/ Anticommunisme primaire
  Page 294, le héros classe comme extrêmes semblables le nazisme et le communisme. Sans envisager que la république occidentale et le nazisme sont des capitalismes anti-partage, sans envisager que Staline a perverti la belle utopie communiste, sans pointer le problème logique inhérent au communisme (le travail au ralenti en attendant le partage automatique). Sans envisager une culpabilité dans la domination de l’héritier sur le travailleur, sans envisager le tort de la civilisation capitaliste asservissant maintenant les Asiatiques à monnaies faibles. Le scénariste semble un américain (la 3e page de couverture le confirme : 2 américains, d’origine grecque) au cerveau vide d’auto-critique, n’envisageant même pas que cela fasse logiquement débat.

Bilan
  C’est tellement bête que ça ne semble pas une entreprise de lavage de cerveau, c’est peut-être une naïve tentative pour être publié (sur un sujet a priori peu vendeur) coûte que coûte, en choyant les valeurs judéo-américaines des décideurs et financiers. Avec copieux étalage de culture classique, poétique ancienne (pages 84-85) et théâtrale antique (pages 204, 307-312), sans aucun intérêt pour les sujets politiques intemporels soulevés, relatifs à la condamnation du pacifisme et au classement des Juifs en martyrs éternels. L’accueil chaleureux de ce livre (4e page de couverture) confirme la bêtise de l’intelligentsia roucoulant d'érudition, adoratrice de célébrités passées, en usurpant son titre et oubliant de réfléchir de manière contradictoire. D’où la guerre bloc à bloc avec l’Islamisme comparable, sans envisager le moins du monde une autocritique, rendant Israël aux Hébreux convertis (au Christianisme et à l’Islam) ou l’Amérique aux Amérindiens. Non : (selon ce livre) le cerveau n’est pas fait pour cela, la logique doit être condamnée (et le verrou éditorial filtre les analyses permises).
  Affligeant. Mais très instructif, je suis content d’avoir lu ce livre malhonnête.

Résumé : ouvrage prétentieux et militariste judéophile, esquivant racistement tous les débats gênants, à l’opposé total d’un passage au crible logique.
    Signé : David Malcor, juif renégat

--- Ajout 04/01/2014 ---
  J’ai reçu aussi la version française, et c’est l’occasion d’une relecture :

1/ Page 57, le logicien célèbre, avant de citer son ancien professeur, dit « La géométrie m’a montré la seule voie d’accès à la réalité : la Raison. J’y ai fait pour la première fois la délicieuse expérience de savoir quelque chose avec une certitude totale. La preuve est ainsi devenue ma voie royale d’accès à la vérité ! ». Cet amalgame entre vérité et réalité est logiquement une faute lourde (voir le livre « Contre la Réalité » invalidant Descartes à ce sujet), et cette faute discrédite le prétendu logicien en question. Mais c’est du roman, j’espère que le vrai Russell était moins stupide (sinon, il volait son titre de logicien, et les salaires correspondants).
  Certes, cet ouvrage rappelle que beaucoup de logiciens sont devenus fous (pages 24, 77-78, 142, etc), Russell étant un de ceux faisant exception, mais… la confusion rêve/réalité étant malhonnêtement prise pour critère de folie (« schizophrénie »), ça expliquerait (que les vrais logiciens aient été classés fous, et le logicien antilogique Russell : classé saint d’esprit). En ne pointant pas ce principe majeur, les auteurs passent à côté de leur sujet – sous les applaudissements de la presse (française et scientifique aussi, voir page 2 de couverture française)… Ça confirme la pourriture du système, totale.
  Page 217 est confirmée la « parfaite définition de la folie », en fait malhonnête, sans aucun critère de réalité à ce jour. Lamentable, et engagé contre la logique, encore une fois. D’où le triomphe du mensonge, qui continue à faire la fortune de l’Occident (et l’existence d’Israël-Etat-Juif sous axiome antiraciste prétendu). Page 242, Russel dit que le langage est mensonge, contrairement à la logique, mais il oublie de déboulonner ses mots « réalité » et « folie ». Nullardissime. Page 256, citant Wittgenstein : « la réalité du monde… Le monde est la totalité des faits. » : encore une occasion de manquée pour apercevoir qu’il n’y a aucun critère pour différencier les faits imaginaires des autres (si autres il y a – « hors Shoah » dois-je ajouter avec le sioniste couteau Gayssot sous la gorge…). Page 281, le mot schizophrénie est lâché, médicalement, sans l’ombre d’une analyse logique sur le concept de Réel. Comme en Union Soviétique, où l’individualisme était classé maladie mentale. Ce livre se situe, très engagé, sur cette ligne malhonnête tout en prétendant page 316 n’avoir pris aucune liberté avec les combats philosophiques (c’est un jeu de mot : la liberté de réfléchir logiquement, interdite, n’a certes pas été prise).

2/ Page 275, un point qui m’avait échappé en anglais : le logicien antisémite dit que les Juifs sapent les fondements de la nation. Cela a trait à la diaspora internationale qui ne rentrait pas dans le moule de la frénésie nationaliste des années 1930. Mais le mouvement sioniste, victorieux depuis 1948, est lui-même un nationalisme, haïssant pareillement les « arabes » (et goyim en général) – il aurait été juste de le signaler, au lieu de prêcher une guerre unilatérale contre l’antisémitisme (en respectant tous les autres racismes)… et en 2009-2014, cela n’est pas innocent : la condamnation du pacifisme constitue un appel à la guerre contre l’islamisme, antisioniste. De même, l’axiome (démocratique antiraciste) « un être humain = une voix » devrait logiquement aboutir à dissoudre les frontières (celles d’Israël comprises), ou au moins à donner le droit de veto britannique à l’Inde mais non : tout est antilogiquement organisé pour la suprématie des nations occidentales. Pas un mot sur ce sujet dans le livre bien sûr, il vaut mieux classer en fous les esprits logiques, et définir le Mal comme les opposants à l’Occident… Les applaudisseurs à ce livre, dont les revues scientifiques dominantes, ne valent pas mieux que lui. Ce n’est pas une surprise, mais c’est une (bien triste) confirmation satisfaisante : il y a moins folie qu'hérésie en la matière. D'où victoire du dogme aveugle et sourd, antilogique (ne suivant même pas honnêtement les conséquences de ses axiomes). Merci.

--- Intéressante objection (25/10/2014)
  J’ai reçu sur Amazon l’objection que ce livre "parle de logique formelle pas de la question israelo-palestinienne ! Russel n'était pas juif et il était pacifiste. (...) Parmi ces mathématiciens il n'y a ni juifs, ni américains, ni militaristes...". J’ai répondu "Merci de cette objection, ne comprenant rien à rien, et qui m’aidera à reformuler mon analyse, ailleurs." Je détaille ci-dessous :
  Justement non, le livre Logicomix ne parle pas du tout de logique formelle, et le découvrir m’a totalement dérouté (il m’avait précisément été présenté, dans la revue Science & Vie, comme un texte de vulgarisation sur la logique formelle). Au lieu de se centrer sur la logique pure, il se centre sur le nazisme et l’antisémitisme (???), et le personnage principal dit que là, la logique étasunienne de 1939 (automatiquement isolationniste) ne tient plus, qu’il faut se battre avant tout, sans réfléchir. C’est le total opposé du pacifisme, ça prend fait et cause pour le militarisme, "car tout est secondaire au fait que l’antisémitisme est absolument insupportable", telle est la leçon du livre (au-delà des détails de personnalités annexes). Et il ne me parait nullement anodin, pas du tout une coïncidence, que ce livre Logicomix ait été écrit, publié, applaudi, à une époque de guerre entre l’Occident sioniste et l’Islamisme anti-sioniste, dépeint par notre propagande comme antisémitisme islamo-fasciste. L’Occident farouchement anti-antisémite est le même aujourd’hui qu’à l’époque de Russel, et cela balaye la logique nous dit-on. Le dénommé Russel est à mon sens un minable et/ou un malhonnête homme : bien avant le nazisme, les logiciens auraient eu immensément à dire hors de leur discipline formelle, et précisément : la logique casse l’horreur, sans avoir à crier que la logique doit s’effacer pour le combat. Quand le prétendu Dieu de l’Amour exterminait tous les bébés de la Terre (par le Déluge), ça ne posait pas le moindre problème aux logiciens ? (Chut… dire du mal de Yahvé est classé antisémite). Quand les « nouvelles tribus d’Israël » exterminaient et spoliaient les Amérindiens pour devenir, au nom du respect de chacun, la première puissance du monde, ça ne gênait pas les logiciens ? (Chut… vouloir rendre New York, plus grande ville juive du monde, aux cousins des Mohicans exterminés, serait classable antisémite). Quand au 19e siècle est aboli l’esclavage, pourquoi ne pas avoir interdit les religions bibliques qui sont esclavagistes ? (Chut… c’est là un crime d’antisémitisme caractérisé !). Quand en 1918 était démontrée l’horreur du nationalisme, pourquoi ne pas avoir aboli les frontières ? (chut, cela ruine le grand projet de domination étasunio-sioniste – ce qui est classé antisémite aujourd'hui en faisant taire les rares rabbins antisionistes, racistes d'une autre façon, en voulant rester diaspora de sang pur). Et pourquoi ne pas avoir aboli les frontières et ségrégations en 1946, quand était démontrée l’horreur du racisme (chut, même raison : la priorité était d’expulser les indigènes palestiniens, pas de réfléchir équitablement, surtout pas !). Quand en 1948 sont signés les Droits de l’Homme Universels affirmant l’égalité de tous à la naissance, tout en autorisant à vénérer la Bible disant que la race juive est l’élue du Dieu universel, ça ne posait pas de problème de cohérence ? (Chut, la question est passible de prison pour antisémitisme). Alors en 2009, quand est écrit Logicomix, n’apparait nullement l’idée que les logiciens d’aujourd’hui auraient fort à dire, sur le fait d’avoir rendu Israël aux Hébreux mais pas les USA aux Amérindiens (chut, le dire est classé antisémite). C’est totalement le sujet de ce livre, qui est raté, formant soutien à la propagande américano-sioniste contre la logique, je le maintiens. Selon ce mauvais livre politiquement très engagé, il faut tout centrer sur l’antisémitisme (ou tout ce qui y ressemble, de près ou de loin) et se battre contre, partout et toujours, donc aujourd’hui pour Israël (certes le livre ne le dit pas en clair, mais il est totalement insensé sans cela, sinon l’épisode nazi ne mérite en rien d’être le centre de tout sujet intemporel sur la logique). Effectivement, c’est la pensée unique en Occident (luttant pour Israël grâce à l’épouvantail Hitler), et elle domine tout spécialement les médias, notamment à New York, il est donc possible que ce soit pour ces auteurs-là un calcul (pour être auréolé, enrichi) plutôt qu’un acte de foi. C’est très mauvais en tout cas, c’est un détournement du sujet, une offense à la logique digne de ce nom (formelle ou étendue au politico-militaire).