Une chrétienne peut-elle se marier à un athée ? ou fils d’athée ?
(athée ou agnostique ou sceptique ou païen)
par un égaré

---- PREMIER JET (24/07/2010) ----

    Etant un sceptique marié civilement à une catholique pratiquante, je pensais que la réponse (à la question-titre) était évidemment Oui, seuls les Israélites modernes, voire les Musulmans et Catholiques intégristes, refusant les mariages mixtes. [Ces Musulmans et Catholiques intégristes, eux, imposeraient peut-être conversion (obligatoire) du futur-conjoint candidat (ce que j’aurais pu accepter menteusement), les Israélites excluant même cela donc tout mariage « impur »].
   Mais ça paraît beaucoup plus complexe pour les Chrétiens [même en « oubliant » ou réinterprétant l’épisode choquant, « Cananéenne », où Jésus-Christ, Israélite dissident (prosélyte), affirme que les Non-Juifs sont bienvenus seulement s’ils admettent n’être que des chiens devant manger les miettes sous la table des Juifs].

Piste
   Mon épouse n’a pas lu la Bible mais (pour moi qui en ai lu trois bouts) la phrase-clé semble la parole suivante (prétendument de Dieu, révélée par Moïse) : « je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent ». [C’est l’explication du second des dix commandements (« Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, … » – l’obligation de repos un jour sur sept étant le quatrième commandement et l’interdiction d’assassinat : le sixième commandement, selon l’ordre de priorité « divin », hum).]
   Ce sont les Tables de la Loi, fondement très majeur de la religion Israélite, entièrement approuvé par Jésus-Christ (disant de la Loi et des prophètes antérieurs « je ne suis pas venu abolir mais accomplir »), donc c’est un élément essentiel aussi de la religion chrétienne. [Même si les images religieuses chrétiennes se comptent par milliards, datant peut-être d’une époque illettrée où bien peu de gens avaient accès au texte source – et dans les écoles, élémentaires ou médicales, judéo-chrétiennes, il ne me semble pas que les livres illustrés soient interdits, hum).]

« …4e génération », qu’est-ce que ça veut dire ?
   [Objection préliminaire : on pourrait contester la punition héréditaire, en arguant que les Droits de l’Homme affirment que l’enfant naît innocent, mais le texte (de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) a peut-être été écrit par des athées. Cette déclaration, en effet, n’est pas conforme au Premier commandement (intolérance sacrée) qui interdit les autres dieux. Inversement, cette déclaration interdit le scepticisme philosophique et deux sagesses religieuses indiennes anti-réalistes. Cette déclaration n’est donc clairement pas universelle du tout, ne faisant que prétendre l’être, dictatorialement (avec approbation de tous les puissants, relais de cette autre dictature). Ceci dit, je préfère, sur ce point précis, la version Droits de l’Homme à la version biblique, en considérant les enfants : innocents a priori (avant actes coupables éventuels) – mais certes les scientifiques affirment que la faute d’alcoolisme de la mère peut se payer chez l’enfant malformé, par exemple. Les lois naturelles ou divines peuvent enfreindre mon angélisme naïf.]
   (Retour au texte, à la phrase en question : la punition jusqu’à la 4e génération de ceux qui haïssent ce Dieu.) Si ce Dieu hébraïque se sent haï par quiconque ne l’adore pas (« Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » a dit Jésus), alors il punira les enfants d’athées, donc une femme voulant des enfants non-punis (par Dieu) ne devrait pas s’unir à un athée, ni même à un croyant fils d’athée puisque la punition irait jusqu’aux arrière-petits-enfants d’athées.
   Ce serait une nouvelle condamnation divine de la tolérance. C’est possible hélas (avec une bien moindre moralité que l’athéisme pouvant pardonner leurs « doux délires » aux croyants) mais il faut envisager d’autres hypothèses je crois (j’espère, en tout cas).

2e lecture
   Avec le détail de la phrase au complet, il est étrange qu’il y ait cette référence à l’iniquité des pères sur les enfants, entraînant condamnation des enfants... Cela paraît absurde, il semble falloir chercher une autre explication [en regrettant qu’un Dieu immensément intelligent soit incapable de pédagogie et de parler clair… – ça ne prouve pas complétement qu'il est imaginaire, c'est seulement triste].
   Cette phrase voudrait peut-être dire « Seront punis les athées et fils d’athées parmi ceux qui sont injustes envers leurs enfants » (iniquité = injustice à l’excès)…
   Mais c’est incroyable : les croyants auraient eux droit à commettre la même injustice extrême qui est interdite aux autres ? Ça ne paraît pas convainquant du tout en termes moraux [principe moral, anti-égoïste : « il ne faut pas être acteur d’injustice car on n’aime pas être victime d’injustice », point barre]. Ce serait l’iniquité divine, rendant abjecte la condamnation divine de l’iniquité humaine, pas pire [sauf à clamer « faites ce que Je dis, pas ce que Je fais » – ce qui serait certes cohérent et abject pour le grand exterminateur (ayant voulu la mort de vieillesse, le Déluge, le bombardement des enfants de Sodome) interdisant aux humains d’assassiner]. Le caractère plaisant ou convainquant de cette phrase (ou plutôt : de cette lecture) serait nul [même si elle peut être imposée par « loi du plus fort », immoralement].

3e lecture
   Si, autrefois, l'éducation parentale entraînait automatiquement la croyance ou incroyance, alors condamner les pères fautifs et les enfants serait presque synonyme, automatique. Ce serait bien la faute d'incroyance qui serait punie et non la filiation, mais... qu'est-ce qui changerait à la 5e génération ? Et pourquoi Dieu infiniment supérieur, Tout-Connaissant, ignore-t-il la très normale crise adolescente d'opposition à l'autorité parentale ? Et pourquoi un renégat croyant différemment de ses parents serait-il condamné pour son ascendance ? Il aurait fallu (et suffi de) dire que l'incroyance serait punie, sans parler des pères et des enfants, des générations. Cette lecture tombe à l'eau aussi.

4e lecture
   Autre approche : la phrase des 10 commandements aurait été énoncée exclusivement à des Israélites, à un moment où la plupart se détournaient de la religion originelle pour sacraliser un veau d'or ou quoi. Alors Dieu (ou Moïse qui prétend Le rapporter) leur dit : "enseigner ce culte mauvais à vos enfants est très injuste, et Je vous punirai non seulement vous mais vos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants". Peut-être, mais cela n'a aucun sens pour des païens vivant dans une autre croyance depuis plus de 5 générations. Jean-Baptiste puis Jésus-Christ, en s'adressant aux païens, auraient dû tout reformuler, en contestant l'universalité de ce message, nul en dehors de la communauté israélite. (Mais, hum, envisager que Jésus est nul attire des flots d'injures : intolérant, insultant, haineux, incohérent, absurde, obsédé, etc.) Alors ce doit être une autre lecture qui convient.

Retour à la 1e lecture
   Reprenons en sens inverse, que semble-t-il falloir entendre dans cette phrase ?
– Pour celle qui croit : rejeter l’athée, fils d’athée, petit-fils d’athée, d’où endogamie intra-communautaire, rejet des mariages mixtes.
– Pour celui qui ne croit pas : la conversion ne servirait à rien pour échapper au châtiment ou plaire à une qui croit
[et avoir des enfants échappant au châtiment (en fait : pas avant la 5e génération)].
   Donc ceci serait incompatible avec une religion prosélyte. Les Israélites médiévaux et modernes l’auraient compris, éternisant le racisme antigoy, qui allait générer en retour l’antisémitisme (des méprisés-insultés-exploités évidemment mécontents) ; ce serait une instruction monstrueuse, générant l’égoïsme groupiste qu’est le racisme, les racismes croisés.
   Jean-Baptiste, Jésus et ses chrétiens, n’auraient eux rien compris, ou auraient menti pour convertir sans signaler que ça ne sauvait en rien les (3 premières générations de) convertis. Ou, pour le dire autrement, avec respect : ils étaient si intelligents et poursuivaient des buts tellement supérieurs que nous ne pouvons rien y comprendre, nous. "Les voies du Seigneur sont impénétrables" a toujours le mot de la fin, par principe. Enfin, personnellement... j'ai de la chance, je crois, que bien rares sont les chrétiens à avoir lu La Bible, réciter quelques paroles choisies étant mieux pour tout le monde, ouf.
   Non, je me trompe ? Quelle est la lecture officielle ? catholique, protestante, etc.