Un rêve étrange : d’autres évidences sur la matière
Sans transparence ni miroir
par Ray Véyé, 26/12/2019

lumière seule

  Cette nuit, j’ai fait un rêve étonnant – du moins il est étonnant vu avec le recul propre au monde présent, après que je sois réveillé (et à supposer qu’ici ne soit pas un autre rêve). J’étais au lycée, et la prof de sciences physiques expliquait les atomes de la matière solide, les photons de la lumière arrivant dessus ne pouvant bien sûr pas passer à travers l’épaisseur multi-atomes sans être brinquebalés en tous sens, c’est ce qui donne les surfaces lumineuses, comme nos fenêtres. Et… quand je me suis retourné pour suivre son geste du doigt, j’ai eu la surprise que les fenêtres étaient blanches opaques « éclairées », mais sans voir dehors, sans « vitres transparentes ». Enfin, je l’ai laissée achever son cours, j’ai tout noté, sans déranger, mais à la fin de l’heure, je me suis permis d’aller lui demander :
– madame Blanchard, si la lumière ne passait jamais à travers la matière, comment vous expliquez les vitres transparentes, en verre, ou en plastique même.
– Hein ?! De quoi tu parles ?
– ben ; des vitres solides, qui gardent à l’intérieur le chaud en hiver, le frais en été, mais qui laissent voir dehors parfaitement…
– Impossible ! Ah-ah-ah ! On n’a jamais vu ça nulle part !
– ben si, mdame, euh pas dans cette salle, mais… toutes les autres salles, et chez moi…
– Dans tes rêves !
– euh, je crois pas…
– Non, réfléchis, simplement : pour que la chaleur ne passe pas, ni l’eau de pluie ou quoi, il faut un entrelacs d’atomes très serrés, c’est ce qui rend solide, donc le gaz ne passe pas, la lumière ne passe pas, simplement !
– euh, je sais pas comment ça marche, mais c’est ce qu’il y a partout. Je constate, avant les explications de cours, éventuelles.
– Non, soyons sérieux. C’est totalement impossible : toute lumière frappant de la matière est diffusée dans toutes les directions, même si une toute petite partie peut passer, toute réduite et diffusée en tous sens, impossible de voir à travers un solide, les détails DE L’AUTRE CÔTÉ, enfin, réfléchis, quoi ! Tu étais très brillant jusqu’ici, mais là tu as comme « une absence », qu’est-ce qui se passe dans ton cerveau ?
– euh, attendez, vous dites la lumière « en tous sens », au contact de solide, mais… euh, deux choses : l’eau est transparente… et le miroir…
– Non, le mot n’est pas « transpa-je-sais pas quoi » mais « translucide », c’est comme ça que sont nos fenêtres, en pays tempérés, à la place des trous dans les murs en zones tropicales. Et Miro et Renoir employaient des peintures formant un solide, renvoyant la lumière : rien de spécial !
– les mots « transparence » et « miroir », ça existe pas, ici ?
– Oh-là-là, tu as l’air souffrant. Tu devrais aller à l’infirmerie, t’allonger ou quoi, tu manques de sommeil ? tu fais du somnambulisme ?
– attendez, je veux dire : quand on se verse de l’eau dans les mains, on continue bien à voir les mains…
– Va aux toilettes, et tu verras bien ! L’eau est bleue ! On voit le bleu de l’eau et pas ce qui est derrière cette matière, même liquide !
– de l’eau bleue opaque ?
– Evidemment ! L’air est un gaz peu dense, avec plein de vide entre les atomes, donc la lumière passe et on voit, presque comme dans le vide, mais s’il y a bien plus d’atomes, genre fumée épaisse, on ne voit plu’ rien ! Encore pire avec un liquide, et encore bien pire avec un solide !
– pffh… je… comprends plu’… ça semble un rêve tordu ici…
– Tu m’inquiètes, tu sais, tu devrais aller te reposer, dormir ou quoi, recâbler tout ça, là c’est comme si… au dernier réveil chez toi, tu avais raté un truc, en restant dans un vieux rêve, de science-fiction, tu as vu un film comme ça, avec des effets spéciaux ? Il y a des mimes qui font comme ça semblant de se cogner à une porte, et oui on voit à travers, mais c’est du théâtre, il n’y a PAS de matière (si on voit à travers) !
– attendez, pour le miroir alors : que ça soit reflet dans l’eau, ou une vitre, ou un miroir parfait… Si ça existe pas ici, comment vous savez votre propre apparence physique, de visage ?
– Un peintre amateur a peint mon visage…
– hein ? non, je veux dire : le matin, en vous brossant les dents, vous voyez pas votre image en face ?
– En face il y a le mur !
– hein ? Oulah…
– Oui, tu as l’air « parti », tu… euh, ça me regarde pas, mais… tu « bois » des trucs, ou fumer des trucs pas très légaux ?
– pas du tout, non, euh… Mais, bon, admettons, hein, un monde sans vitre en verre, sans miroir, mais… pourquoi se faire peindre le portrait, ça existe pas ici les appareils photo ?
– Les appareils mobiles qui s’appellent motos, veux-tu dire !
– non, la « photographie »…
– Mm ? Motomobile ?
– c’est… un petit boîtier, on vise, et ça stocke l’image, qu’on peut imprimer après… Et pas besoin de peinture, ni talent réaliste ou quoi, c’est automatique…
– C’est surtout proche de la démence ! Eh, comment cela fonctionnerait-il ?
– ben euh… oui, c’est vrai… ça passe par des lentilles, solides laissant passer la lumière, courbée, il faut ça…
– Tu veux t’allonger ici ? Et que j’appelle l’infirmière ? Tu te sens pas capable d’aller jusque là-bas ? Il y a deux étages à descendre et la cour 4 à traverser.
– je suis sérieux, euh… c’est ici qui est un rêve bizarre, mais euh… de là où je viens…
– L’infirmière va te faire une petite piqûre, et des meussieus très gentils vont venir te chercher, t’emmener te reposer, via une camionnette blanche jolie, tu seras peut-être un peu attaché pour pas tomber dans les virages, il y a pas de problème, d’accord ?
– je suis pas fou, non, c’est que vous existez pas, et vos marionnettes racontent n’importe quoi, d’ailleurs vous êtes un peu flous, enfin, j’ai pas mes lunettes aujourd’hui je sais pas pourquoi…
– Tu veux aller sur la lunette des WC ? Vomir ? Tu te sens mal ?
– non, je veux dire : une paire de lunettes, dans le monde dont je viens, ça… rend net ce que les myopes voient flou (comme moi). C’est des verres ou plastiques solides, qui laissent passer la lumière, redressée bien comme il faut pour chacun. Posées sur le nez.
– Comme les aveugles ?
– oui, comment vous appelez ça pour vos aveugles, c’est pas le mot « lunettes » ?
– Non : obturateurs, masques.
– pff…
– Voilà, et après la petite piqûre de l’infirmière, après un grand repos dans le centre là-bas, peut-être que tu pourras revenir un jour, au lycée.
– c’est ce monde qui est fou.
– Bien sûr que ça te semble tel, c’est pas de ta faute, ça fait partie des symptômes…
– et pourtant je disais vrai…
– Non. Désolée.
– ah bon.

L’ALU MIÈR EN QUESTION
Pas trompé par la récitation scolaire
par Cèpe Tique, écrit le 13/10/2021, mis en ligne le 23/02/2022

Le déclic
   A l’école, de la maternelle à l’université, il y avait de la lumière partout, comme faisant partie du monde (même yeux fermés, rêvant ou rêvassant), mais on n’en a vraiment parlé qu’au lycée, vers mes 16 ans je crois. On nous disait que la lumière est à la fois une onde (provoquant des franges d’interférences quand multi-source) et des particules, les photos, qui sont discontinus, prouvés dans d’autres expériences (parait-il). On récitait ça, on résolvait les problèmes que j’ai oubliés, avec des trucs comme cosinus oméga phi, et on avait des bonnes notes, diplômes.
   Mais, même si j’ai su réciter et jongler comme demandé, je n’ai pas été spécialement convaincu. Que c’est « le vrai » disent les scientistes, ou « le meilleur modèle apparemment jusqu’à preuve du contraire » disent les scientifiques honnêtes, si ça existe.
   Or cette preuve, je viens de la rencontrer, en rêve/rêverie, mais c’est pas grave. Dans le feuilleton imaginaire où « je » suis client ultra-fidèle d’une pâtisserie, amoureux secret de la petite pâtissière naine (amoureuse de moi aussi, en secret, mais je ne le « sais » pas…), un noir total s’est fait soudain, dans le magasin, pendant que j’y étais. Sans même lumière dans la rue ou le ciel, rien. Et elle, petite pâtissière, m‘a expliqué qu’elle avait des pouvoirs et venait d’arrêter le temps, pour me parler longuement, éventuellement. Elle disait que la poussière de lumière de la seconde avant était passée, et la poussière de la prochaine seconde : pas encore arrivée. Je me suis dit que ça contredisait le caractère ondulatoire de la lumière et elle méritait le Prix Nobel. Non, sérieusement, la machine à lumière colorée où on tourne une molette graduée en Hertz ondulatoires, passant de l’infra-rouge, rouge au jaune, bleu, violet, ultra-violet, n’existerait pas en vrai, ah bon. Enfin, l’histoire se centrait sur notre discussion personnelle, pas du tout sur cette affaire de lumière, mais – quant à celle-ci – je développe un peu ici.
   Je reprends ma machine à Hertz progressifs, donnant tout l’arc en ciel, ou blanc si tout mélangé, ou noir si tout éteint. Où est le marron ? Où est le gris ? Le tableau qui m’était raconté en Sciences Physiques n’était pas convainquant.
   Enfin, le bleu foncé pouvait être un bleu à très faible intensité et le bleu pâle un bleu à forte intensité, ou mélangé à du blanc qui serait tout le monde avec simple supplément de bleu. Mouais. Mai le gris n’est pas un blanc faible, je n’y crois pas : il peut y avoir une forte lumière grise et une faible lumière blanche. M’aurait-on raconté des sornettes ? Possible… Tout reprendre, avec l’autre source, le dessin
   Vers 14 ans je crois, en discipline dessin, on nous disait tout autre chose des couleurs : mélanger jaune et bleu donne vert, mélanger rouge et jaune donne orange, jusque-là c’est comme les niveaux intermédiaires de l’arc en ciel. Et… mélanger bleu et rouge (non jointifs sur l’arc en ciel) donne violet, oui, en pratique. Et puis, tout mélanger (côté pigments, pas lumière pure) ne donne pas blanc mais marron. Et dans le cercle des couleurs rouge-orange-jaune-vert-bleu-violet et retour à rouge, mélanger un peu d’une couleur et celle en face donne gris aussi, et s’il y a prédominance de l’une des deux couleurs, c’est un gris coloré.
   Ça parait effectivement très loin de la machine lumineuse à bouton gradué en Hertz, linéaire à une dimension (de 0 à + l’infini), il y a comme un panneau carré à deux dimensions, avec l’ajout d’autre couleur, et c’est même une combinaison à infinité de dimensions, les ajouts pouvant être innombrables et tous à couleur variable sur leur dimension d’axe.
   Ceci dit, ça semble envisageable. Est-ce que ça enterre l’idée de lumière corpusculaire de ma copine imaginaire ? On pourrait le penser : un photon est soit bleu soit gris, il n’y a pas de photon gris bleuté. Quoique… on nous raconte que ce sont des milliards de photons qui frappent l’œil en chaque point, le cerveau comme le cinéma ne faisant le compte que 8 fois pas seconde ou quoi, cumulant éventuellement des photons divers pour en tirer une impression commune. Moui. Ça n’invalide rien, donc, en fait.

Rêver quand même
   Est-on prisonnier du roman des sciences physiques concernant la lumière ? je ne crois pas :
1/ Intérieur-Extérieur
   En demandant à Internet « arc en ciel », on obtient plein de dessins et de photos. Sur les photos naturelles, le rouge est toujours à l’extérieur, tandis que sur les dessins enfantins ou fantaisistes, des fois c’est inversé et le rouge est à l’intérieur, par exemple si la source des couleurs a été prise sur un rectangle dégradé sans notion de rayon. Or, si je ferme les yeux, je peux « voir » un arc-en-ciel à rouge intérieur, sur un paysage comme vrai. Et comme il n’y a aucun critère pour départager le prétendu Réel des cauchemars éventuels, la notion de « rouge extérieur » n’est pas une loi inviolable. Le rêveur (moi ?) qui crée peut-être ce monde peut changer d’avis (ou Dieu tout puissant disent les croyants).
2/ Entre deux huitièmes de seconde
   Une caméra ultra-rapide peut prendre des images 1000 fois par seconde, et il n’y a pas ImageNormale-Noir-Noir-…-Noir-Noir-ImageNormale, mais tout en image normale plus sombre.
   Mais si l’on allait plus vite que la distance temporelle entre deux photons, arriverait-on au noir envisagé ? Il semblerait que oui en mode particulaire, non en mode ondulatoire, qui a raison ? Pourquoi nous dit-on que les deux ont raison à la fois ? Ce n’est pas crédible. Ce n’est pas « on sait que c’est les deux », c’est « on ne sait pas ».
   Enfin, autrefois avec les premières imprimantes informatiques (ne déposant que du noir, exclusivement), il était possible d’avoir des nuances de gris : à une résolution plus fine que l’œil humain beaucoup de points noirs et quelques points blancs était vu gris foncé, et l’inverse : gris clair. Mais si on mélange les gouaches noire et blanche, on obtient une soupe grise homogène qui couvrira tous les pixels, ce que fait une imprimante couleur je crois.
3/ L’intensité en question
   Avec le modèle ondulatoire, l’intensité lumineuse était simple : c’était l’amplitude de la courbe sinusoïdale (sa hauteur), tandis que la fréquence de changement de signe déterminait la couleur (longueur d’onde). Mais avec le modèle corpusculaire, c’est moins clair.
   Enfin, ça pourrait être un artefact humain : ce ne serait pas le rayon de photons qui aurait une intensité basse ou forte, mais le nombre de rayons arrivant par unité de vision rétinienne. Par exemple, gris moyen = 1 récepteur sur 2 de blanc ? ou bien : blanc faible peu aveuglant ? Ce n’est pas clair.
   On peut aussi considérer le train de photons par analogie avec la force électrique ou le débit d’une rivière. Pour l’électricité, les deux paramètres sont le voltage (qui produit choc sur l’humain) et l’intensité (qui brûle l’humain), mais pour les photons on voit mal l’équivalence : un des paramètres serait la couleur, et l’autre une forme d’intensité, mais est-ce vibratoire comme la température ? ou une vitesse ? (non, puisque Einstein a convaincu en disant que la vitesse de la lumière était une constante, c’est différent du débit d’une rivière où ça se calcule en multipliant la section d’eau par la vitesse de cette eau. J’imagine, en mode corpusculaire, que le train de photons pourrait avoir ces photons éloignés (peu intense) ou très rapprochés (très intense), et ça ramène à l’idée de noir entre photons, comme dans mon rêve…
   Je demande à Internet/Google « taille photon », et ça me répond qu’il n’a pas de taille, il est ponctuel (comme il est sans masse, pareillement). A mon avis ce n’est pas une particule du tout, c’est simplement que le modèle particulaire explique certains phénomènes (pas d’autres) mal couverts par le modèle ondulatoire.
   Bref, ça ne semble pas du tout une connaissance, mais un grand mystère, en répétant des choses contradictoires comme si telle était la vérité satisfaisante. Hum, non, je ne suis pas satisfait.