18/04/2022, par Antt Aise
J’avais complètement oublié, mais durant mon adolescence j’avais lu le livre « E = mc² mon amour », et vu le film de même titre, qui m’avait profondément remué. Depuis, j’ai presque changé totalement d’avis sentimental et pseudo-intellectuel. Je vais m’expliquer, pour moi-même, et c’est en un sens d’intérêt général.
Point de départ (honteux, de mon point de vue actuel)
A 14 ans, j’étais premier de la classe, et… j’avais un gros gros penchant pour la 2e de la classe, la meilleure des filles scolairement, sans me dire que c’était pour ses bonnes notes mais c’était comme ça, et secondairement je la jugeais la pluss jolie du monde, mais conscient que j’étais aveugle en cela. Avec le livre « E=mc² mon amour », cela pouvait être lu comme « le pluss intelligent va s’unir à la pluss intelligente et, adultes, ils auront les enfants les pluss intelligents du monde ».
Cela suit le principe célèbre « qui se ressemble s’assemble », les catholiques fanatiques se mariant entre eux, et les islamistes, les israélites orthodoxes, les communistes athées, les anticapitalistes anarchistes, les anti-vax-covid, etc. Ce principe est repris par les agences matrimoniales dont un slogan est « rencontrez des personnes partageant vos centres d’intérêt ». Pour une forme d’harmonie et bonne entente, pour éviter les discordes dans le couple, pouvant aller jusqu’au divorce. Ce n’est pas totalement idiot.
Mise en doute
Personnellement, je n’ai pas réfléchi pour évoluer après ce stade, mais je peux réfléchir a posteriori, armé d’intelligence critique adulte.
S’unir à une quasi-double de soi, ça ressemble à s’aimer soi-même en rejetant l’autre, le différent. C’est du côté d’égoïsme, racisme, xénophobie, nationalisme, régionalisme, continentalisme, séparatisme, communautarisme, indépendantisme ; et opposé à altruisme, humanisme, tolérance, ouverture d'esprit. Clairement, le second côté me parait moralement pluss honorable que le premier.
Le point-clé pour choisir sa voie pourrait être l’orientation sexuelle : ceux qui veulent aimer comme eux seraient plutôt homosexuels (et endogames, incestueux ou consanguins), ceux qui veulent aimer quelqu’un de différent seraient plutôt hétérosexuels (et adeptes des mariages « mixtes » au sens culturel ou ethnique, type mulâtre et autre).
La contradiction était évidente en ceci que cette 2e de la classe était vietnamienne (d’origine) à yeux bridés (et prénom pas du tout francophone), et je me renseignais sur les « mariages mixtes » prétendus difficiles mais n’étant pas désespérés, espérais-je.
Nouveau point de vue
A 15 ans, j’ai été immensément déçu par cette fille, en chasse au beau mec danseur (pas moi du tout). Et j’ai été séduit par sa camarade, dernière de la classe mais me souriant, timide réservée elle aussi. Et l’aider à éviter le redoublement devenait ma raison de vivre, cette générosité de ma part donnant soudain un sens à ma vie, me rendant estimable (donneur de soi pour aider autrui) à mes propres yeux.
Qu’elle soit insultée comme débile mentale la rendait d’autant pluss adorable à mes yeux. Je n’y croyais pas mais, même si elle avait été telle, je n’aurais pas changé d’avis : que je l’adore malgré son handicap mental me rendant exceptionnel en cela, donc aimable, adorable selon elle peut-être, méritant sa tendresse. Je ne me voyais pas comme prince charmant sauvant la princesse endormie ou prisonnière du dragon, mais sauvant la toute petite bergère humble ou misérable, simplement jolie adorable dans son caractère écrasée injustement par les prétentieux dominants (professeurs méprisants etc.).
J’ai demandé conseil à une amie de mes parents enseignants, qui était autrefois leur femme de ménage (jeune fille au pair ?) quand j’étais bébé, et n’était pas du tout comme la majorité des amis de mes parents, tous professeurs ou cadres supérieurs. Je préférais les humbles écrasés à la prétendue Elite, écraseuse.
Enfin, cette dernière de la classe m’a rejeté, m’a tué, pour coucher avec des Israéliens parce qu’elle était juive (d’origine polonaise), et elle est devenue échangiste, moi je devenais mort, ou mort-vivant. Je ne voulais plu’ être ingénieur en dessin aéronautique mais balayeur de crottes de chiens, humble zéro, plus estimable (à mon nouvel avis) que les prétendus intelligents, moches de cœur. J’ai obtenu sans faire exprès un Bac Maths avec mention très bien (très très exceptionnel en 1981) et je suis devenu simplement technicien, en biologie (sujet ne m’intéressant pas). Diplômé techinicien supérieur mais choisissant un emploi de technicien pas supérieur.
Point d’arrivée
Après deux tentatives de suicide et 20 ans de tristesse profonde (classée dépression maladive par les psychiatres idiots, pléonasme ?), je suis tombé amoureux une nouvelle fois, en position de faiblesse (avec 28 médicaments par jour, liquéfiant le cerveau) et recevant une publicité d’agence matrimoniale asiatique. Des petites vietnamiennes humbles disant espérer un protecteur occidental les sortant de la misère. Et je me suis marié à une Philippine femme de ménage.
En un sens, c’est une synthèse entre asiatique n°1 et humble n°2, donnant asiatique-humble n°3. Et la cohérence est enfin trouvée : mariage mixte blanc-jaune rejetant moins l’autre que la normale, brillant choisissant une humble, c’est aussi un amour du non-comme-soi.
Par ailleurs, pour en revenir à "E=mc² mon amour", j'ai cassé la prétendue supériorité des réciteurs scientifiques diplômés, non inventifs et sans recul épistémologique remplaçant le scientisme autocontradictoire (scientifiquement invalidé) par un sage scepticisme. Non, réciter E=mc² ou autres formules n'est pas du tout intelligent, il est bien plus lucide de comprendre que le signe = est un abus pour dire "environ égal, apparemment, jusqu'à preuve du contraire, et en interdisant arbitrairement l'hypothèse du rêve".
Mais en ce moment, avec l'élection présidentielle 2022, je n’aime pas les propos de Macron pour riche choisissant les riches, de Le Pen pour franchouillard choisissant les franchouillards, de Mélenchon pour insoumis racialiste choisissant les insoumis racialistes, je suis ailleurs, anormal, et ça me va bien. Mieux que normal, à mon avis. (J'essaye, tout au moins, sans échouer lamentablement, me semble-t-il).