Le mérite en question, gravement
par May Ritan Hounon, 01/06/2020

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Introduction
  Autrefois, comme la plupart des ados français des années 1975-1985¸ j’avais une vague utopie égalitaire, anti-privilèges. Mais (étudiant la langue russe) j’ai depuis entendu des nouvelles d’Union Soviétique où la population refusait l’effort en exigeant le partage, et j’ai constaté que bien des fonctionnaires français fonctionnent pareil : payer le statut, même refusant l’effort, et puis exigeant le maintien éternel des privilèges interdits aux gens du secteur privé (assurant pourtant leur riche salaire de type occidental au lieu du miséreux salaire communiste) ; enfin, je suis frappé par les refuseurs de travail (jamais appelés ainsi) faisant que notre pays croule sous le chômage tandis que les agriculteurs doivent embaucher de la main d’œuvre étrangère daignant accepter le travail qu’ils offrent (certes travail peu plaisant et peu payé mais c’est le dur monde du travail, hors du monde des bizounours/bourgeois). Bref, ma position est devenue « humbiliste », anti-riches exploiteurs très privilégiés et anti-planqués un peu privilégiés. Donc sans égalité communiste (même trotskiste sans apparatchiks staliniens privilégiés), le but politique juste me semblait l’équité, rétribuant le « mérite » (fort pour les travailleurs de peine, faible pour les cols blancs). Mais un ami fonctionnaire me contestait en me demandant d’aller jusqu’à définir le mérite, allez ! J’ai dit que c’était difficile quoique envisageable, comment le définirait-il lui ? Il m’a répondu qu’en régime capitaliste (comme il m’accuse de le vouloir, se trompant en me jugeant indifférent aux privilèges des hyper-riches), on appelle méritant celui qui amasse plein de fric (pour lui-même voire pour son employeur). Non, ce n’est pas du tout ma conception du mérite. Il convient donc finalement que je tente de définir celle-ci.

Définitions
Mérite (Larousse de poche 1979) : ce qui rend digne de récompense, d’estime.
Mérite (Google 2020) : (idem pour « une personne », et pour « une conduite » :) ce qui rend digne d’éloges.
et..
Digne (Larousse de poche 1979) : qui mérite.
Digne (Google 2020, sens 1) : qui mérite [sens 2 : qui est en accord, en conformité avec (exemple : ce roman est digne d'un grand écrivain).].
  C’est donc une définition circulaire (qui mérite = qui est digne = qui mérite), invalide en logique (comme « j’ai raison car j’ai raison » ne prouve pas que j’ai raison). Et la définition capitaliste est en plein là-dedans : l’employé qui rapporte beaucoup beaucoup de fric à son employeur est affirmé mériter beaucoup de fric, mais… mérite-t-il ce fric ? (je pense aux traders jonglant dans un fauteuil avec les milliards issus du travail de peine payé misérablement).

Elaboration personnelle
  Je ne suis pas du tout d’accord (avec la définition capitaliste [et autre ?] du mérite) : rapporter du fric est généralement basé sur le mensonge commercial, le bénéfice s’acquiert aux dépens des clients/fournisseurs/employés, donc aux dépens d’autrui, et je n’estime pas cet égoïsme comme "digne d’éloges et récompense en bien-être", non. C’est aussi du mensonge actif, car au client demandant pourquoi c’est si cher, la réponse classique n’est pas « pour que nous on se mette ton fric dans la poche », mais : « c’est très couteux à produire et distribuer » (pareil vis-à-vis du fournisseur demandant pourquoi c’est acheté à prix si bas : la réponse classique n’est pas « pour que nous on se mette un maximum de différence dans notre poche » mais : « si on payait davantage on n’arriverait pas à le vendre »), or récompenser le mensonge financièrement intéressé (ce que j’appelle « vol légal ») n’est pas juste (oui, la loi n’est pas juste, votée par des faux représentants avec qui je ne suis pas d’accord). Cela invalide donc la définition marchande et capitaliste (et christiano-démocrate, libérale, socio-démocrate).
  Quelle autre chose me parait digne de récompense ? A mon avis, prévenant l’erreur communiste (ou socialiste au sens salaire universel), il faut abandonner l’égalitarisme disant qu’exister c’est mériter, sinon le travail est refusé par la plupart des gens et c’est la misère ; donc le mérite serait le travail « sans faire semblant », l’effort. Un dicton français dit « effort mérite réconfort » et je suis assez d’accord.
  Certes, il y a deux types d’efforts pour lesquels cela s’applique mal : l’effort inefficace et l’effort inutile.
- L’effort inefficace, clairement, mérite moins de récompense que l’effort efficace. Et s’il faut définir « mérite » en clair : il est injuste que l’effort inefficace soit autant récompensé que l’effort efficace, il est juste que l’effort efficace soit davantage récompensé que l’effort inefficace. Illustration non pécuniaire : si, en dépensant un litre de sueur en deux heures, l’ouvrier A creuse 10 trous parfaits et l’ouvrier B un demi-trou imparfait, le mérite de A est plus grand que celui de B, et il mérite récompense accrue (sinon, il « lèvera le pied » et pareil : ne creusera plu’ qu’un demi-trou imparfait la prochaine fois, performance effondrée, alignée au plus bas – comme voulue par nos fonctionnaires anti « rétribution au mérite » et pro « avancement à l’ancienneté »). J’ai connu ça en matière scolaire, où j’avais des « facilités », pardon : fallait-il me donner une mauvaise note car je n’avais pas besoin d’apprendre pour me souvenir ? fallait-il donner une note excellente à celui s’échinant à retenir quoique sans y parvenir ? La performance compte aussi, pas seulement l’effort à la dure… Pareil en matière de rétribution de métier final : l'élève brillant pourrait gagner comme récompense le fait d'être dispensé de travail de peine harassante, sans nullement gagner bien davantage (système capitaliste) mais en ayant comme seul avantage un effort moins physique et davantage intellectuel (au sens propre, pas au sens des blablateux prétentieux s'affirmant "intellectuels").
- L’effort inutile, moins simplement, mérite moins de récompense que l’effort utile voire que la pensée sans effort physique évitant le recours à cet effort, par invention par exemple. L’ouvrier C qui dépense dix litres de sueur pour creuser 100 trous ne mérite pas beaucoup plus de récompense que l’inventeur évitant de creuser des trous pour faire aussi utile sans aucun effort. Simplement, je serais d’avis de donner une petite récompense à l’inventeur ainsi utile sans le professionnaliser en le dispensant à jamais d’effort. (De même, j’applaudis un musicien plaisant qui joue le soir après ses heures de travail, d’usine ou quoi, je le trouve bien plus méritant qu’un professionnel, même talentueux, refusant le travail de peine pour s’adonner constamment à son plaisir, qu’il fait cher payer à autrui – c’est injuste selon moi).

Perspectives
  Bref, même si ce n’est pas le pur effort qui mérite récompense à mon idée, il convient de pondérer, juger, mais cela n’a aucun rapport avec le fait d’exploiter l’effort des faibles en empochant la récompense dont on les prive eux en grande partie. Et le mensonge reste condamnable, même admis ou encouragé par la loi (pourrie selon moi). J’ai entendu un jour une objection « moderniste » : à terme, le travail humain n’existera plu’, remplacé intégralement par des machines, simplement à inventer actuellement et dans un futur proche, donc il serait absurde de définir le mérite par l’effort. Je ne suis pas d’accord : 1/ les machines (à piloter, souvent) ont encore besoin d’être programmées avec pensée humaine, réparées avec diagnostic humain, 2/ le machinisme agricole n’a pas supprimé le besoin en travailleurs agricoles (il est seulement très anticipé, injuste, que les Occidentaux préfèrent l’absence de travail, avec colère réclamante, au travail agricole), 3/ il reste de grands besoins non automatisables, notamment dans l’aide aux personnes âgées, ce que refusent aussi les prétendus « demandeurs d’emploi » sans que des machines acceptables paraissent possibles (pour changement de couches-culottes gériatriques etc.).
  Autre objection : mes parents fonctionnaires enseignants étaient opposés à la « rétribution au mérite » (même si eux ont été promus « au mérite » en fin de carrière) car leurs syndicats clamaient que c’était la porte ouverte à la rétribution « à la côte d’amour », avec promotion-canapé et équivalent, les chefs surpayant qui ils voulaient sans critère objectif. A mon avis, ce n’est pas un argument en soi, car je suis opposé à la position de chef décidant les promotions à son bon vouloir, ça n’a aucun rapport avec la non-prise en compte de la performance. Certes, dans un domaine aussi flou que l’éducation, avec en plus le dogme de la « liberté pédagogique » interdisant de juger si un prof s’y prend mal, la rétribution au mérite s’appliquait difficilement, mais sur le principe, ça peut quand même s’avérer une bonne chose, en inventant les indicateurs adéquats. Comme je le disais pour le nombre de trous, 10 trous parfaits est mieux qu’un demi trou imparfait, mais entre deux trous parfaits et six trous imparfaits, il n’est pas aisé de juger, c’est assez subjectif – surtout quand la loi dit que la perfection absolue n’existe pas (donc ne peut être requise avant de compter). Ce n’est pas simple, pas évident, mais la « rétribution au mérite (objectif) » me semble demeurer une idée intéressante, pas à refuser a priori.
  Encore une objection : des protestants, notamment aux USA, estiment parait-il que si on s’enrichit, c’est qu’on est prédestiné comme méritant aux yeux de Dieu. (Et qu’un mensonge à succès est un succès avant d’être un mensonge). A une loterie ou autre jeu d’argent fondé sur le hasard (comme la Bourse d’actions peut-être), si mille tentent leurs chances et un seul s’enrichit fabuleusement, la morale étasunienne dit que c’est mérité (aux yeux de Dieu et de leur société à eux), moi je trouve que c’est injuste, profondément injuste. Certes, il semble que c’est une tare humaine, d’espérer cette fortune sans mérite, opposée au partage (beaucoup donnent un peu pour créer un fortuné, au lieu qu’un fortuné partage en un peu à chacun). En Union Soviétique, un loto secret était pratiqué par la population, malgré l’interdiction officielle (comme le marché noir contournait/provoquait les pénuries officielles, tout ratait, et ça n’a évidemment pas tenu, même avec régime très autoritaire). Donc, clairement, mon espoir d’équité, de justice, est une utopie également peu crédible (différemment : sans fonctionnaires), non populaire.
  La plupart des gens hurlent contre les sales riches ayant plus qu’eux, et clament cela immensément injuste, mais s’abstiennent de noter qu’ils sont plus riches que la plupart (étrangers notamment, pour les Occidentaux), et n’y voient pas d’injustice, là. C’est simplement triste, alors je ne suis pas un « maitre à penser » (appelé à devenir leader populaire), non, seulement un « naïf rêveur ». Simplement, ça explique que je vote blanc aux élections, où divers menteurs disent n’importe quoi pour ensuite faire à leur guise, très injustement à mon sens (mais ils s’en fichent, ils ont le fromage).

Réserve personnelle
  Je ne suis clairement pas en position de donner des leçons, étant à 56 ans en invalidité pour cause dite psychiatrique, donc payé sans effort, ce n’est pas juste à mon avis. Toutefois, j’ai été éliminé pour éviter la guerre mortelle avec la compagnie m’ayant employé, dont les hauts cadres s’enrichissaient par le mensonge (faussement scientifique/« qualité ») sciemment, dans presque tous les domaines où se posait mon regard de matheux amateur, gêneur...
  Quand j’étais technicien en activité, je travaillais plutôt davantage que les collègues, pressés de rentrer chez eux en abandonnant le travail et les besoins urgents (pour aller voir les feuilletons télé sans rater aucun épisode). Surtout, je détectais les mensonges des chefs et prétendus experts, très embarrassés car ayant le statut usurpé de sachants et le faux statut de responsables, sans devoir assumer les horreurs cachées aux clients – alors le logicien gêneur est éliminé, injustement en matière de mérite intellectuel ou honnête mais victorieusement en matière de tactique en domination richement payée, contraire du mérite à mon sens.
  Pas besoin d’un grand procès contradictoire où j’informerais les clients pour prouver mon mérite et casser les escrocs, j’abandonne, je ne cherche pas à prouver mon mérite, les médicaments dits antipsychotiques tendent à m’endormir et je me laisse aller sans révolution. Tant pis. Mais je rêve un peu, à mieux, simplement. Quand j’étais enfant, petit frère d’un grand écraseur, je me laissais écraser en étant persuadé de mériter mieux que le dominant injuste, ça ne justifie pas révolte forcenée, je dis « tant pis » et puis voilà. Paix dans une forme de défaite et/ou de sagesse non violente.

---------- Ajout 04/06/2020 : Premières auto-objections
1/ Ce que j’ai écrit contre l’effort inefficace ou l’effort inutile peut faire penser que j’estime que le mérite est la performance avant l’effort. Mais c’est un malentendu : d’abord je désapprouve la performance financière obtenue aux dépens d’autrui (commerce, spéculation, etc.), ensuite j’estime que l’inventivité/efficacité ne justifie qu’une prime/récompense, en rien un salaire immensément accru plaçant en situation d’exploiteur par le capital ensuite. Non.
2/ Quand je disais que mes qualités scolaires étaient de bien me souvenir, je parlais de l’école primaire, pas du secondaire : en classe de troisième à 14 ans, le professeur de maths m’a identifié comme un des deux seuls de la classe à être un vrai matheux, ne faisant pas qu’appliquer les théorèmes appris par cœur (comme plusieurs), mais exceptionnellement apte à élaborer des cheminements logiques, inventifs, démonstratifs (les deux élèves en question nous sommes avérés, trois ans plus tard, les deux seules mention très bien au Bac C du lycée). Et en seconde C, à l’époque, les questions n’étaient plus jamais « calculez » primant le bon résultat (en croyant les théorèmes avec crédulité) mais « démontrez que », appelant à prouver imparablement un résultat déjà énoncé. Ce n’était pas qu’un apprentissage par-cœur, moins performant qu’une machine informatique, mais une élaboration logique complexe, supérieure en pouvoir démonstratif et inventivité. Ceci dit, cette supériorité « intellectuelle » ne me parait pas « mériter » supériorité en salaire mais petite récompense en dispense de dur travail physique, ça suffit. Ce n’est pas un mérite très supérieur mais une simple spécialisation utile s’il y a partage des tâches. Et je ne suis pas d’accord avec le salaire supérieur des réciteurs (médecins, pharmaciens, apparatchiks), des ambitieux (dominateurs cupides, candidats managers ou chefs ou cadres), qui me semblent moins mériter que les courageux travailleurs de peine. Mon point de vue est un des contraires du système humain actuel, tant capitaliste que communiste.

---------- Ajout 26/07/2020 : Objection externe et réponse
  Un ami contradicteur me répond : « J’avoue que je suis plus d’accord avec tes parents qu’avec toi. Dans le privé il serait suicidaire, à moins d’être totalement incompétent, de mal rétribuer un élément qui fait gagner de l’argent à l’entreprise. Dans le public, comme en effet il n’y a pas de mérite clair puisque l’administration ne vend pas ses services, le ʺmériteʺ est la porte ouverte à la magouille et au copinage le plus éhonté. Et on le voit jusque dans la politique. Dire le contraire comme tu le fais est tout simplement insoutenable. Pour le reste notre désaccord reste bien sûr total. ».
  Je dois relire le site pour essayer de comprendre ce qu’il veut dire : en première lecture, je ne comprends pas le moindre argument. Puis je contre-réponds :
– Dans le privé, tout le monde fait gagner de l’argent à l’entreprise, les brebis galeuses étant éliminées sèchement. Sans les petits ouvriers performants, contribuant à fabriquer le bon produit pas cher, l’entreprise ferait banqueroute. Le chef de très multiples employés ne fait pas davantage gagner mais la (mauvaise) tradition consiste à le surpayer, insultant le mérite des petits employés. L’argument implicite semble que la faute du chef coûte davantage à l’entreprise que la faute du petit employé (si rattrapée par le service contrôle sans partir dégoûter les clients), donc l’entreprise offre pour ce poste-là un gros salaire pour susciter la candidature de tous, y compris les meilleurs. Mais je refusais ce principe, en n’étant pas cupide candidat à toujours + de fric, et je refusais les promotions dites « au mérite » (en efficacité au profit de l’entreprise). Le monde marchand/capitaliste se base lui sur l’avidité financière, et ça me semble l’exact contraire d’un mérite : encourager un mauvais penchant égoïste. De même, les forts salaires sont attribués aux chefs commandeurs, et je ne suis pas d’accord : ces gens sont des dominateurs méchants, écrasant les petits même plus compétents qu’eux, c’est encore le contraire d’un mérite (intellectuel et moral). Bref, payer beaucoup est le contraire du mérite et n’a généralement aucun rapport avec l’argent gagné pour l’entreprise (au contraire même, puisque ça coûte beaucoup à l'entreprise). Que je dise ça ne fait pas précisément de moi un communiste anticapitaliste, le communisme surpayait aussi le leader et ses relais apparatchiks, je suis plutôt triste devant les tares intrinsèques aux sociétés humaines (dont j’ai entendu parler). J'ai inventé un système raisonné frugal (humbilisme) mais il serait sans doute bien moins tentateur pour la majorité des gens, cupides égoïstes hélas.
– Dans le public que je ne connais pas de l’intérieur (quoique mes 2 parents, 4 grands parents,, mon frère unique, aient été fonctionnaires), je dénie que rien ne puisse être imaginé pour noter le mérite. Durant mes études en établissements publics, il était très célèbre que notre prof de russe était archi-nul (en classe d’orientation, des professeurs avaient même essayé de me dissuader de demander cette langue étrangère – pour que : restant zéro élèves demandeurs, les classes de russe soient ici fermées et l’enseignant muté ailleurs, sans perte d’emploi car privilège d’emploi à vie). Mais il s’est effectivement confirmé que c’était une catastrophe, et nous étions tous nullissimes en langue russe, les années suivantes. Un simple examen de niveau, par instance indépendante ou examen, l’aurait prouvé et conduit à noter le professeur comme ayant un « mérite nul » (du moins : examen auprès des élèves ne prenant pas des cours particuliers de russe en dehors, avec autre professeur, bien). Aucun besoin de vendre des trucs pour s’en apercevoir. De même les chercheurs à vie ne trouvant jamais rien (ou publiant des papiers frauduleux), les quelques fonctionnaires se mettant en congé maladie de complaisance (sans guère de retenue de salaire grâce au privilège en faible nombre de jours de carence), tout cela peut être noté, chiffré. Inversement, des professeurs peuvent éblouir des élèves en créant des vocations durables, une simple enquête l’établirait, sans besoin de valeur marchande. De même, des chercheurs peuvent faire des découvertes primées par utilisateurs, etc. (pour le grand mérite, côté positif). Et des pompiers ou policiers peuvent sauver (c’est bien) sans mépriser les gens (qui exprimeraient leur colère), etc. Ça me parait logique : le fric (ou le cul pour la promotion-canapé) ne représente nullement la totalité du monde professionnel. Qui a une position insoutenable, moi ou mon contradicteur ?

---------- Ajout 28/09/2020 : « Aujourd’hui »
  Mon ami contradicteur me répond : « Je ne crois que le problème soit de savoir si le mérite est moral. C’est qu’aujourd’hui, il est défini par la capacité de s’enrichir. C’est à peu près ce que croient les protestants extrémistes en disant que Dieu récompense les vertueux. Les protestants extrémistes et d’autres. »
--> Je réponds : oui, c’est un des cinq ou six avis possibles, mais ce n’est absolument pas le mien. Je ne considère nullement cette pensée « aujourd’hui dominante » mais très imbécile pour des protestants (se prétendant Chrétiens très proches des textes sacrés), puisque contestant explicitement Jésus-Christ, qui a dit dans l’Evangile de Luc que, pour gagner la vie éternelle (être vraiment méritant ?), il fallait se ruiner à aider, tout le contraire d’amasser une fortune (aux dépens d’autrui sans partager).

---------- Ajout 04/10/2020 : Expérience personnelle
  J’ai connu une « rémunération au mérite » dans le travail que j’ai effectué 34 ans, bien que ça n’existait pas les premières années avec management « à l’ancienne ». Cette « valorisation du mérite » (qui est refusée par les fonctionnaires) était une prime conditionnelle : remplir les tâches additionnelles demandées cette année, ou accroitre les rendements ou réduire les délais ou trouver fournisseurs moins chers, en plus de la routine habituelle jusque-là. Bref, il s’agissait de faire toujours mieux pour toujours moins cher, au nom de « On n’est pas fonctionnaires » : si on ne s’améliore pas constamment, on sera dépassé par la concurrence, qui s’améliore elle, en rapport qualité/prix.
  J’ai aussi été « promu au mérite », ce que j’ai refusé systématiquement : en étant le + sérieux/rigoureux/assidu et + inventif technicien, j’ai en un sens gagné la satisfaction de mes chefs, qui ont voulu me donner davantage d’argent en me nommant chef, mais je n’étais pas d’accord avec la forte rétribution des chefs et n’aspirais pas à commander, donc j’ai refusé (et menacé de démissionner la fois où mon refus a été lui-même refusé). A mon avis, le mérite n’est nullement aux chefs principalement, mais au personnel de base minutieux et performant. Demander toujours davantage en ce sens est une triste conséquence de la logique privée, mais tout le système est pourri dans la mesure où la récompense va principalement aux chefs blablateurs n’effectuant pas les tâches indispensables à la base, et aux actionnaires oisifs (profiteurs semi-esclavagistes).