Contestations en vrac de semi-niaiseries douteuses
Lecture personnelle de “Pensées en vrac et autres niaiseries”, livre de Drareg Notrac

– par Christophe M, Décembre 2010 à Février 2011, mis en ligne le 24-25/02/2011 –

   Je présente et commente de minuscules morceaux de ce livre (méritant d'être lu en entier, par page il y a souvent une douzaine de pensées séparées). J'y ai trouvé quelques mots délicieux à mon goût, au milieu d'innombrables points choquant ma sensibilité. Il ne s'agit nullement d'appeler sévèrement ici à une correction du texte, mais d'expliquer à son auteur qu'il m'a plu (fort quoique un tout petit peu) et surtout déplu (très fort et souvent), en tout cas nullement laissé indifférent. C'est à ça que servent les livres, peut-être. Merci, semi amer mais merci quand même, oui, voire merci beaucoup (à l'auteur et à mon père, son ex-professeur d'Histoire, qui me l'a offert).
   J'ai mis sur un site Internet grand-public, où ce livre est en vente, l'avis suivant : « C'est un recueil de pensées très diverses, souvent très énervantes mais parfois lumineuses, fabuleuses. A lire sans se fâcher, pour argumenter, contrer, avant d'être touché, éventuellement. Ça fait réfléchir, en tout cas, merci. » (http://www.priceminister.com/s/drareg+notrac). Ici, je m'explique plus en détail, concevant ainsi la lecture en général : non pas « manger des livres » en méprisant (façon Notrac ?) ceux qui ne lisent pas, mais prendre les livres comme source de réflexion personnelle, de contestation argumentée ou enrichissante mise en perspective. Je vais essayer de gommer le malentendu évident si Notrac lisait lui-même l'avis ci-dessus – j'imagine : « en riant avec moi des politiciens et autres cons, ce lecteur syndiqué ou fonctionnaire en a pris lui aussi plein les dents, et l'a accepté en souriant jaune, c'est super ! ». Eh bien non, ce n'est pas ça du tout. J'explique, ma lecture, en reprenant le livre dont j'ai corné plein plein de pages, avec des phrases à débattre.

Classement des pensées relevées (signe avant le numéro de page où elles sont), du mieux au moins bien à mon goût :
+ : Sincèrement amusant ou intéressant (sommet : citation de la page 41)
- : Pas d'accord
?! : Choquant (sommet : citation de page 160-163)

CHAPITRE « Observations et réflexions »

- p7 « Les vrais athées ne savent pas que Dieu existe. Les gens de foi quant à eux ne savent pas qu'Il n'existe pas. »
Euh, ce pourrait être un sujet de devoir-philo, précédé de « Drareg Notrac dit que » et suivi de « commentez ». Je pourrais remplir trois feuilles doubles sur le sujet, mais je vais ici faire court, avec les premières idées qui me viennent spontanément. Pas reclassées : brut de brut. 1/ C'est une déclaration a priori contradictoire, donc... ça semble une boutade affirmant vrai n'importe quoi et son contraire total, illogiquement, bof (genre « le monde entier est tout noir, parce que le monde entier est tout blanc »). Le principe de non-contradiction n'a rien de sacré supérieur, mais il me paraît nécessaire à une pensée audible, en écartant le piège de l'auto-référence (caractère indécidable de « cette phrase est fausse »). 2/ Ça peut aussi être un jeu de mot sur « savoir », car dans cette langue française de merde, le « savoir » est revendicable par n'importe qui sans cohérence ni pertinence. Le terme « savoir » (genre « l'Élite est la gardienne du Savoir ») appelle au respect comme « connaissance de La Vérité », selon l'éducation classique et moderne, mais désigne en fait simplement une « connaissance de théorie ». Au lieu d'en jouer avec délice, moi je dirais que ça me dégoûte : le faux savoir (avec la complicité active des prétendus philosophes et prétendus penseurs) est un drame, qui a fait semble-t-il des millions de morts (les Amérindiens exterminés) et fait encore des victimes (via la psychiatrie « scientifique », équivalent occidental de son volet stalinien). Ce n'est pas drôle, c'est grave. Au lieu de rire des intolérantes affirmations en contradiction, je dirais que c'est affligeant et qu'au lieu de prendre parti pour les uns ou/et les autres, il conviendrait de douter. 3/ Enfin, c'est peut-être le doute systématique, indirectement, que suggère cette phrase, mais si peu clairement que les fanatiques de tout bord peuvent en rire, en trouvant ridiculement amusante la portion de phrase s'appliquant « en face »... Plaire ou faire réfléchir, je n'aurais pas fait le même choix que Notrac. 4/ Reprenons pas à pas les possibilités : le croyant dira que la partie 1 est très juste, la partie 2 est absurde (soit « ah-ah-ah, très drôle ! », soit « c'est insultant inadmissible ») ; l'athée dira que la partie 2 est très juste, la partie 1 est absurde (soit « ah-ah-ah, très drôle ! », soit « c'est insultant inadmissible ») ; l'agnostique ou sceptique dira que la partie 1 est peut-être vraie ou fausse, que la partie 2 est peut-être fausse ou vraie (soit « affirmer vraies les deux à la fois est rigolo », soit « c'est idiot », soit « à quoi ça sert de dire ça ? ») ; l'indifférent dira « qu'est-ce qu'il raconte ce type ? C'est nul : ça ne parle pas de football/spectacle/jardinage »... Ça fait (au moins) sept lectures différentes, ayant toute leur logique, le tout forme une cacophonie qui ne m'enthousiasme pas. 5/ Donner raison à l'affirmation intolérante sans preuve, ce n'est pas je crois motif à sourire. Jésus a déclaré (ce qu'on ne répète jamais aujourd'hui mais que j'ai découvert avec horreur en lisant l'Évangile l'an passé) que le mieux à faire vis à vis des parents détournant les enfants de Dieu, c'est de les conduire en mer avec une lourde pierre nouée au cou, indétachable, puis les jeter par dessus bord. (Il ne dit pas « tuez les », mais la mission des Chrétiens étant de faire le Bien, le Mieux, il est logique qu'ils aient exterminé les Amérindiens refusant conversion forcée). Cela, ce n'est pas du ressort du débat d'opinion, c'est du crime contre l'Humanité. En face, les anticléricaux ont aussi massacré les croyants pour délit d'opinion (l'espoir de vie éternelle), en Russie puis Espagne et ailleurs - quoique ce soit différent : un communiste réformateur peut dire « Staline était un monstre salissant le communisme », un chrétien ne peut (par principe sacré) absolument pas dire « Jésus était un monstre salissant le christianisme ». Enfin, se faire applaudir par la moitié des approbateurs de tueurs ne me plaît pas, non. Il aurait mieux valu un mot exprimant en clair l'horreur de l'intolérance d'opinion, intolérance qui a aujourd'hui force de loi en France (loi Fabius-Gayssot, communisto-israélite, punissant de prison et ruine le scepticisme, philosophique ou spontané). Les « intellectuels » occidentaux des années 1990-2010 sont farouchement judéo-chrétiens (ou alliés à ceux-ci, aux bombes étasuniennes et israéliennes), ne dénonçant que les musulmans faisant pareil, c'est le niveau zéro de la pensée. 6/ A ne pas parler clairement, ce que fait Notrac, on risque le malentendu grave. Si la prochaine génération voit en Notrac le prophète divin ayant donné La Lumière expliquant le monde, les interpréteurs divergents pourront s'entre-massacrer (façon Catholiques/Cathares/Protestants) au nom de La Juste Interprétation... Pourquoi ne pas plutôt parler clairement ? 7/ « Eh, Msieur, votre sujet de devoir, il était pas correct, il fallait dire de quel livre ça vient, quelle date, tout ça. » Oui, car le titre « Pensées en vrac et autres niaiseries » suggère que (toutes ?) les pensées présentées sont niaises, sottes, ce qui change beaucoup. Quoi que le titre de chapitre paraisse sérieux (Observations et réflexions) et que Notrac consacre un chapitre aux « cons » qu'il méprise, et s'amuse ailleurs à étaler sa Culture livresque gage de « supériorité intellectuelle » dans notre société. Où commence et où finit l'autodérision ? Sincère ou feinte ? Le jeu semble de laisser planer le mystère, pour faire sourire. Ici, dans ce « devoir-philo », réfléchir sérieusement à une phrase qui ne l'était pas forcément... a conduit à manier des idées pas inintéressantes. Ce n'est pas une complète perte de temps et d'énergie, mais pour susciter cet exercice de pensée, il était possible de faire autrement, « mieux ».

- p8 « Les régressions ne sont lentes qu'en apparence. A l'échelle universelle, elles sont instantanées. »
Non. Il manque « apparemment », « à en croire les leaders d'opinion (ou dictateurs scolaires) actuels ». A l'échelle universelle, incluant mon opinion argumentée (certes totalement hérétique en Occident), tout cela est nul. Les croyants croient ce qu'ils veulent, mais qu'ils affirment détenir La Vérité Universelle est lamentable. La maxime bouddhiste « tout est illusion » reste infalsifiable, semble-t-il. Un minimum de recul serait bienvenu, et la morgue scientiste me répugne, me semble relever du mépris injustifié, disqualifiant intellectuellement ses fiers adeptes. « De l'intérieur » (avec formation scientifique), on peut dégommer l'illogisme (l'invalidité en termes logiques) des généralisations fondant la cosmologie (même s'il faut se soumettre servilement au contrôle scolaire puis universitaire, de soumission à l'endoctrinement, diplômé), mais certes un littéraire peut méconnaître le sujet, idolâtrer les dominants qui actuellement prétendent dire le Vrai « Universel ». Affligeant. Là encore, Notrac peut se moquer de lui-même, ce n'est pas totalement impossible, mais le regard sceptique est tellement inusuel ici qu'il semble plutôt se moquer des affirmations « sans recul scientifique » (en fait scientiste, oubliant assez naïvement que la science n'énonce pas de Vérité mais uniquement des théories en instance de réfutation).

- p8 « Mais pourquoi les sans-abris ne vont-ils pas s'installer au Ritz ? »
Cela ressemble au mot de la reine Marie-Antoinette (disant à peu près ceci) : « Mais pourquoi le peuple crie-t-il qu'il n'a plus de pain ? S'il n'a plus de pain, qu'il prenne donc de la brioche ! ». La réponse était une énorme évidence : le peuple avait encore moins de brioche que de pain, et était menacé de famine – soit la reine pratiquait l'humour noir, méprisant immensément la détresse du peuple assurant sa vie luxueuse, soit elle était stupide, ne comprenant pas du tout la situation. Elle a eu la tête coupée (sous les applaudissements et hourras) par les révolutionnaires ne pardonnant pas le mépris immense ou/et la domination armée imméritée. Ici, ce mot de Notrac semble un peu pareil : cela peut être une absurdité tellement énorme qu'il s'agit de faire rire, mais c'est de l'humour noir, riant de la détresse et misère, ce qui peut engendrer la colère voire la violence. Bien évidemment, les sans-abris sans cravate ni Ferrari ou taxi sont refusés dans les palaces, et s'ils s'imposent, ils sont délogés par les forces de « l'ordre » et emprisonnés par la « Justice ». Le système français moderne me semble allié des possédants vivant dans le luxe en repoussant les humbles, protégeant le « vol légal » (commercial bourgeois surfacturant le client) en pourchassant le semi-vol (prise de possession en donnant le prix coûtant). Toutefois, si les gens ont dansé dans les rues de France en 1981, c'est qu'ils ont pensé que les choses allaient changer avec la gauche au pouvoir. Erreur : les socialo-communistes ont surtout favorisé les fonctionnaires, les syndicalistes, les refuseurs de travail, les nationaux, tandis que les humbles étrangers et petits employés du privé restent les victimes de ce système d'oppression, qui a seulement changé de privilégiés. Le « ah-ah-ah ! Rigolo ! » que suscite Notrac me déplaît, je préférerais qu'il fasse vraiment réfléchir à la toile de fond que m'évoque la question, avec mon regard anormal. J'ai entendu parler de militants engagés pour le Droit Au Logement, comptant réquisitionner pour des squatters les appartements inoccupés (bloqués par des spéculateurs), mais leur combat ne m'inspire guère non plus : ils exigent le logement à Paris intra-muros pour leurs poulains, alors que des millions de banlieusards vivent courageusement en banlieue (moins chère, abordable) avec de très longs et pénibles trajets pour se rendre au travail ; c'est se tromper de victimes, chercher d'autres privilégiés. Et je n'aime pas la mendicité des refuseurs de travail, exploiteurs d'autrui (ou indirectement menaçants).

- p8 « Pourquoi y a-t-il si peu d'immigrés en Suisse ? C'est pourtant un beau pays. »
Comme pour le Ritz : bien évidemment, les candidats à l'immigration en Suisse (qui n'attendraient pas le rarissime feu vert) sont repoussés par la police, emprisonnés, chassés, et la population locale approuve cette oppression, lui assurant de garder jalousement ses privilèges. Comme Marie-Antoinette aurait dit « pourtant la brioche est encore meilleure que le pain. », c'est aveugle ou insultant, ou absurde amusant, si on veut, mouais. Que des gens en rient me paraît compréhensible, mais personnellement, je n'en ris pas. Ce ne serait pas grave si les gens réfléchissaient lucidement, mais l'endoctrinement médiatique lave les cerveaux : « on est généreux pas égoïstes si on donne un peu au Téléthon pour nos malades, on a bien raison de chasser les étrangers-tous-des-voleurs, il est totalement incompréhensible injuste que les terroristes-fanatiques (autrefois les sales Rouskofs ennemis de la Liberté) voient en nous le Mal. » Que les Français pauvres soient autrefois partis faire fortune en Amérique ou dans l'Empire Colonial est oublié : « les leçons d'Histoire, ça sert seulement à répondre aux questions-jeux de Culture Générale, à justifier la Grandeur de la France (1/5 des droits de veto ONU pour 1/115 de la population mondiale), et à justifier le soutien à Israël (en paiement de dette éternelle) ». J'en pleure, je n'en ris pas, moi. (Je n'ai pas eu mes parents comme profs d'Histoire, ils étaient peut-être différents).

- p9 « Peu de banquiers et d'assureurs pratiquent l'aviation comme loisir. Un des principes de base, en aviation, c'est qu'il faut de temps en temps s'arrêter de voler. »
Cela se veut clairement humoristique, se délectant de la pourriture de cette langue employant le même mot pour arnaquer et se promener en avion. Quand un « comique » zoulou fait hurler de rire son auditoire parce que le même mot de son dialecte veut dire sexe et arbre, moi ça ne me fait pas rire, désolé. Il y a tant d'idées majeures privées de publication qu'il me paraît triste de consacrer un livre au vide des pièges inutiles, à correction clarifiante refusée dictatorialement par les dominants, très fiers totalement à tort. (Par ailleurs, le vol aérien sempiternel n'est nullement exclu par principe, les modèles solaires électriques sont en train de le montrer).

+ p10 « Si Dieu n'existait pas, quelqu'un l'inventerait. »
C'est une formulation plaisante sur un sujet philosophique pertinent. La pseudo-démonstration cartésienne de l'existence de Dieu est une supercherie : le fait qu'existe l'idée de Dieu ne prouve nullement que Dieu existe (sinon existent pareillement les licornes antiques et les schtroumpfs modernes). Hélas, l'école apprend à admirer Descartes, à le citer lui et autres célébrités, punit les élèves rebelles, au lieu de réfléchir, et inciter à réfléchir, c'est très triste.

- p11 « Quatre fois sur cinq, les grèves sont absurdes. Une fois sur cinq, elles sont dévastatrices. C'est comme les guerres. »
Le chiffrage péremptoire me semble ici ridicule, mais pas rigolo (« sept fois sur onze » aurait été davantage caustique, se moquant de la crédibilité erronée des chiffres super-précis quoique totalement contestables). Sur le fond, il serait plus approprié de dire « souvent » et « parfois », en précisant « je juge personnellement que », mais le message me déplaît : ce jugement sans appel, dans une civilisation condamnant (assez généralement) la guerre, fait condamner la grève, ce qui devrait se discuter, sans évacuer le sujet par ces affirmations balancées à la face du lecteur. Il serait bien plus intelligent de critiquer la grève (je suis effectivement contre, mais avec vingt arguments à l'appui, sans rejet parachuté), ET de critiquer aussi le système que combat la grève, alors de chercher des solutions non-violentes alternatives. Certes, le titre de ce livre parle de « niaiseries » et non de prétention à l'intelligence, mais j'entends presque ricaner les chefs d'entreprise (dont Notrac lui-même ?) : « c'est délicieux de dire de manière rieuse ce que nous pensons et que personne n'ose dire habituellement ». Il s'agit je crois (par expérience, documentée) d'un grave manque de sens autocritique, de la part de menteurs-en-chef sous-doués en logique.

?! p11 « L'envie génère plus de colère que l'injustice. »
Notrac me balance sa vérité à la figure. Je ne suis pas d'accord, et je pourrais lui renvoyer à la face l'affirmation contraire, si je n'avais pas le minimum de recul qui semble lui manquer (ici). Le dogme gouvernant (bibliquement) les médias occidentaux est que l'antisémitisme provient de la jalousie des non-Juifs envers les préférés du Dieu universel, et je suis choqué par cette prétendue Vérité : le judaïsme rabbinique me paraît au contraire un racisme immonde, condamnant les mariages mixtes « salissant le sang supérieur », traitant les non-Juifs de chiens (même le rabbin Jésus l'a dit, avant d'échouer à être reconnu Messie judaïque), ayant conduit à l'horreur de la Nakba (expulsion 1948 de la majorité palestinienne pour cause de « sale race », avec plein appui occidental et français depuis lors – pas un média ou « intellectuel » ne semble envisager que le terrorisme a des raisons autres que démoniaques fanatiques), alors ce bla-bla sur l'envie (décodée dans chaque « prétendue injustice ») me dégoûte. Certes les révolutionnaires n'étaient pas des anges d'altruisme et sont devenus esclavagistes à leur tour, comme ceux qu'ils avaient combattu au nom de la Justice, mais c'est du roman historique, nullement une question de principe présentement imparable. Bien sûr, Notrac s'amuse peut-être à dire des bêtises absurdes auxquelles il ne croirait pas lui-même, mais sachant que ce sera accueilli entre autres par des « Ah-ah-ah ! C'est bien vrai ! », je réponds « C'est pas drôle et c'est faux en ce qui me concerne, l'accusation est injuste ».

- p12 « L'enfer est une invention à destination des frustrés qui jouissent à l'idée que leurs ennemis iront y rôtir. »
Il manque les mots « peut-être aussi ». Dans Les Évangiles officiels, comme dans le Coran, l'enfer (la « géhenne » dans le texte) est une menace terroriste appelant à soumission et crédulité sous la menace de torture éternelle (post-mortem donc invérifiable ici-bas).

- p14 « Je me demande ce que je pourrais faire pour que le monde aille mieux ? Objectivement, rien. »
Il manque au minimum le mot « entier » (« le monde entier »). Il est clair que chacun (notamment parmi les riches occidentaux) peut faire quelque chose pour que un petit bout du monde aille mieux : au lieu de s'acheter loisirs et surconsommation en produits inutiles (costumes-cravates, apéritifs, etc.), plutôt aider des miséreux travailleurs étrangers, etc. (je ne dis pas « les pauvres des pays pauvres » puisque s'ils refusent le travail, il ne méritent pas d'aide matérielle selon moi – la mendicité est ce que je n'aime pas dans le bouddhisme, par ailleurs plus intelligent je crois que les contes bibliques terroristes).

- p15 « Ce n'est pas la fierté nationale qui fait défaut, mais les motifs de fierté. »
Où, chez qui ? Personnellement, je suis hostile au sentiment de fierté : je suis un ex-premier de la classe renégat (ayant préféré la dernière de la classe à moi-même), je juge la fierté « insultante » pour autrui méprisé (si on est content de soi, on est content, c'est agréable, mais il n'y a pas légitimement de quoi bomber le torse en se faisant dominant, détestable à mes yeux). Je suis par ailleurs hostile à la notion de nationalité, ne voyant aucun groupisme (anti-humaniste) qui soit légitime, sauf l'amour entre deux personnes. Si on me dit que tel ou tel fait (événement ou création) procure le « motif de fierté nationale » qui manquait, je suis choqué, et je le conteste. Je n'ai pas regardé le football 1998 ou autre, alors que des gens ont hurlé en agitant le drapeau. Chacun son truc, il n'y a pas lieu de généraliser aveuglément. Et ce mécanisme d'affirmation généralisante est tellement usuel (et applaudi) que ça ne me fait pas rire, encore une fois. De mon point de vue, la fierté nationale est un sentiment relevant de la saleté morale, si elle était absente ce serait bien, ce n'est pas le cas (compte tenu de la propagande médiatique peut-être, si elle ne flatte pas un fond déjà acquis à cette idée de "grandeur nationale").

- p15 « Il faut bien reconnaître que, depuis Aristote, les sciences exactes ont beaucoup plus progressé que la philosophie. »
Non, il ne faut le reconnaître que si l'on croit les contes assénés comme Vérité par les enseignants. Logiquement, le doute démolit toutes les certitudes, et il n'y a rien de factuel qu'il « faut bien reconnaître » (si ce n'est sous la menace, comme le veut la loi française approuvée par tous les prétendus « intellectuels » idiots ou/et malhonnêtes). A ma connaissance, Aristote n'a pas existé, c'est un personnage peut-être imaginaire comme Mickey Mouse, le reste est affaire de croyances. Qui plus est, « les sciences exactes » désignent je crois les mathématiques (la Science au sens moderne étant « les sciences expérimentales » – sauf pour les incultes croyant que celles-ci se prétendant justes elles sont "exactes"), et je ne suis guère convaincu que les mathématiques modernes soient infiniment plus avancées que celles d'autrefois,le principe mathématique est la génération « gratuite » de bulles de cohérence en aval d'axiomes – et créer des bulles supplémentaires ne relève pas objectivement du « progrès » mais du loisir. La révolution matérielle moderne, elle, avec (assez franche) amélioration du confort, est venue du remplacement des dogmes religieux par la pratique de l'expérimentation (avec généralisation au futur, ce qui est mathématiquement invalide en amont d'axiome "Lois Éternelles" facultatif, et souvent contredit, en antibiogramme par exemple), l'outil de modélisation mathématique restant peut-être mineur (voir ses ratés célèbres en météo, économie, épidémiologie, marketing, etc.).

CHAPITRE « Politique »

- p17 « Je préférerais une France juste à une France forte, une France douce à une France énervée, une France humaniste à une France démagogue. »
Les termes « démagogue » et « énervé » constituant des mots explicitement critiques, il ne peut pas s'agir là d'une pensée ridicule pour faire rire, mais ça semble une opinion sincère de Notrac – du genre « aveu courageux bousculant les idées courantes » ; je ne retiens donc que la partie polémique : « je préférerais une France juste à une France forte », et je trouve ce verbiage malhonnête. En effet, cela prête aux applaudissements des nombreux lecteurs communs qui condamnent l'empire colonial passé et adorent l'État Français (socio-démocrate ou socialiste) présent – alors que je dirais au contraire : assumons vraiment nos paroles, et condamnons cette France « championne de la démocratie et du respect égal de chacun » qui accapare en fait un cinquième des droits de véto ONU et s'abstient de céder ce droit privilégié aux Indiens vingt fois plus nombreux. Faire réfléchir, ce devrait être ça : mettre le nez dans le caca s'il y a lieu, et non pas susciter les applaudissements par la flatterie. Le mot « France humaniste » me paraît une auto-contradiction : le nationalisme, rejetant l'étranger (par opposition au mondialisme, certes pas au régionalisme encore pire), est une forme d'anti-humanisme. Au lieu d'asséner des prétendues pensées lumineuses, tel un semi-prophète anonyme faisant sourire, il serait davantage judicieux de faire preuve d'esprit critique, au risque de ne plus être « politiquement correct » (en dévoilant les horreurs officiellement passées sous silence). La « France championne des Droits de l'Homme universels » a maintenant des ministres es-Droits de l'Homme, maintenant un enseignement scolaire des Droits de l'Homme, « tous les hommes naissent égaux », et personne nulle part ne demande pourquoi les Français sont privilégiés à l'ONU (sauf peut-être des élèves très mal notés en classe). Je me doute de la réponse : « pour raison historique, étudier l'Histoire est très important », et je dis que c'est idiot : le même argument aurait pu valider l'esclavage, la dictature aristocratique ou religieuse, etc. il n'y a pas d'argument là, seulement une sacralisation décrétée valide là où l'autorité le décide, c'est nul. Ça ne me fait pas rire, je trouve que c'est une honte, et ma lecture est tellement anormale que je ne crois pas que c'est celle suggérée par l'auteur, qui aurait dit les choses très différemment s'il avait voulu éveiller à cette prise de conscience.

- p18 « L'indifférence est souvent prise pour de l'arrogance, et le dédain pour du mépris. C'est sans doute pourquoi la monarchie a été renversée en France. »
Une fois encore, ça semble un jeu de mot de cette langue pourrie, l'expression « sans doute » voulant dire le contraire de ce qu'elle dit, ou non : « (absolument) sans (l'ombre d'un) doute » veut dire « il n'y a aucun doute à ce sujet », et « ( bof, mouais) sans doute » veut dire « oui, enfin je le crois, plus ou moins, mais quelqu'un peut en douter c'est vrai ») ­ expression à sens équivoque discuté à http://www.languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=4693. Quoi qu'il en soit, je suis ici plutôt en désaccord avec le contenu au sens d'opinion « peut-être » et considère faux le contenu au sens d'affirmation « assurément ». L'injustice monarchique, encore clairement illustrée en Grande-Bretagne, est qu'une richissime famille oisive saigne le peuple sans aucune justification que la violence policière et l'endoctrinement éducatif ou médiatique (la « tradition » est aussi un argument employé, mais il justifierait l'esclavage, le droit de cuissage, etc). Cet écrasement accapareur n'a rien à voir avec l'apparence faussement supérieure de leurs moues envers le « bas-peuple ». Quand les étudiants britanniques, menacés de perdre leur accès à l'Université pour cause de renchérissement aigu des inscriptions, ont chahuté la Rolls-Royce dorée du prince Charles allant à un dîner de gala, le problème ne me semble pas avoir été la morgue de son regard, plutôt une impudeur de principe, anti-humaniste (crachant sur « les enfants naissent égaux »).

- p19 « La limite d'âge pour exercer en politique devrait être fixée à trente ans. Les politiques ne feraient alors plus que des erreurs de jeunesse, qui sont, comme chacun le sait, toujours pardonnables et parfois sympathiques. »
Non, je ne le sais pas, et je le conteste, très fermement. En Afrique, l'immense majorité des (dizaines de milliers de) fillettes violées-engrossées le sont par des hommes jeunes, certes pas des vieux sages, en quoi est-ce pardonnable ou sympathique ? Une erreur peut être criminelle. Sans sexisme féministe, je dirais la même chose pour les jeunes salopes qui s'amusent à séduire des garçons, avant de les envoyer chier, quitte à les tuer de chagrin, et qui comprendront le problème bien plus tard, devenues mères, quand leur fils sera menacé de mort par ce mécanisme insouciant.

+ p19 « L'opinion publique est un mythe de par sa volatilité et sa subordination à l'information. »
Cela me paraît juste, pertinent (et pas rigolo), mais j'aurais ajouté des guillemets à « l'information ». Je suis très souvent choqué que l'information médiatique est une propagande outrancière, dirigeant les auditeurs dans la direction convenue (dans les milieux de pouvoir). C'est très clairement le cas au sujet de la question pro-israélienne, bannissant les mots d'expulsion/expulsés (Palestiniens ne rimant qu'avec « terroristes », ou bien « pacifiques » au sens en fait d'acceptant l'interdiction de retour des expulsés), ou au sujet des « Droits de l'Homme ('Universels') » en oubliant de signaler le caractère dictatorial de cette loi anti-bouddhiste et sacralisant des religions racistes exterminatrices (vénérant le sadique auteur du Déluge, tout puissant qui n'a même pas songé à euthanasier les méchants éventuels dans leur sommeil). C'est aussi le cas pour le mythe anticommuniste (ou antichinois) de la Liberté, sans dire qu'il s'agit essentiellement de la Liberté d'asservir les travailleurs de peine par la domination financière, et la Liberté de vénérer le terroriste auteur du Déluge. Oh oui, il y a des choses à dire, que ne fait qu'effleurer ce catalogue de mots d'esprit, chatouillant le dogme sans trop y toucher.

- p20 « Les hommes politiques se rangent en deux catégories : les bons et les élus. »
C'est encore une expression inappropriée. Il me semble clair que cela invite le lecteur à conclure : « je décode : donc ça revient à dire (sans le dire) que les élus ne sont pas bons, ah-ah-ah ! Excellent, j'approuve ce clin d'œil ! ». Eh bien non, moi je ne suis pas d'accord. Si on voulait dire que les élus ne sont pas des êtres diaphanes exprimant fidèlement la volonté des masses qu'ils représentent, il suffisait de le dire, et c'est grave, invalidant la république (démocratie « représentative »), pas drôle du tout. Mais ce que dit cette phrase est autre, est faux : un homme politique serait soit bon et non-élu, soit mauvais et élu, sans autre possibilité. Non, la preuve : il y a des non-élus mauvais (chacun peut ranger qui il veut dans ce jugement subjectif : fascistes/communistes/capitalistes, indépendantistes/mondialistes, écolo-terroristes/pollueurs).

- p21 « Compte tenu du nombre impressionnant de personnes de qualité en France, on ferait peut-être mieux de tirer au sort pour le poste de président et pour la représentation nationale. Statistiquement, on aurait une chance sur trois de tomber sur les bons, alors qu'avec le système électoral, on en est loin... »
Le mot « statistiquement » semble la clé du malentendu, ici. La mathématique du tirage au sort n'est pas la statistique mais la probabilité. La statistique a deux branches : la statistique descriptive et la statistique inductive ; la première est un simple comptage, et c'est ici inapproprié, le recensement en la matière n'étant pas venu sonner à ma porte pour me juger, d'où prétention fausse au savoir (en amont du calcul de probabilité), encore une fois ; quant à la statistique inductive, c'est une faute logique relevant de la généralisation abusive et autres âneries tenant du jeu de mot (autour du mot « risque », confusions que j'ai dégommées mathématiquement, mais c'est difficilement explicable ici en deux phrases). Ah, ça fait savant de dire « il est statistiquement démontré que », mais il se trouve que cette expression hélas usuelle est un abus de pouvoir éhonté, cautionné par une Université stupide ou/et malhonnête. Comprendre cet abus et le dénoncer serait un peu plus grave qu'un jeu de mot se croyant fin et pertinent dans l'irrévérence, superficielle. [Au passage, je pourrais signaler que la mathématique (binomiale) comme la logique (simple) démentent totalement le propos ici tenu : si on a 1 chance sur 3 de tirer au sort un bon président, ça implique qu'il y a dans la population 1/3 de personnes « bonnes » (disons 3 sous-groupes équiprobables : Bons B, Mauvais M, Mauvais-bis M'), mais quand on passe à une assemblée de 2 personnes, les cas équiprobables sont BB, BM, BM', MM, MM', M'M' soit 6 cas, or « que des B » ne sort que 1 fois sur 6, et « au moins 1 B »: 3 fois sur 6 c'est-à-dire 1 fois sur 2. Avant d'affirmer des chiffres, il suffisait de prendre un papier et un crayon... Ne pas percevoir les principes de dénombrement est un aveu d'incompétence, ne dissuadant pas le discours affirmatif, hélas (et ce n'est pas rigolo, puisque la plupart des lecteurs ne verront pas l'erreur). La lucidité est pourtant de niveau enfantin en la matière, j'en étais capable à 10 ans.] Autre aspect, potentiellement à discuter, il me semble intéressant d'avoir noté que le système d'élections a par principe le tort de favoriser les ambitieux plutôt que les bons (souvent discrets), toutefois c'est loin d'être le seul domaine en la matière.

CHAPITRE « Société »

- p24 « En France, toutes les catégories sont d'accord pour que les autres fassent des efforts. »
Même s'il me semble y avoir une part de vérité dans l'idée que l'égoïsme (personnel ou groupiste) est le fondement de la nature humaine (ou animale en général), je ne suis pas d'accord sur la simplification ici opérée. Je pense à la polémique française des années 1993-95 (j'avais oublié la date exacte, mais Internet aide) : les employés du privé se sont vus imposer un allongement de cotisation pour payer les retraites, et en soupirant ils l'ont accepté puisqu'il faut bien payer les anciens (ne serait-ce que parce qu'on en fera partie un jour, vraisemblablement), les fonctionnaires étant dispensés de ceci par simple privilège (au nom d'un contrat de travail de nature différente), c'était très moche, abject ; puis quand le gouvernement a voulu étendre la mesure aux fonctionnaires, ce fut la grève générale et les hurlements à l'inadmissible. Dans cette affaire, les « faibles » (risquant la ruine en cas d'arrêt de travail et prise du marché par la concurrence) avaient été d'accord pour faire des efforts, ce sont exclusivement les « forts » (protégés de tout risque de ruine par l'impôt policier bouchant tous les trous, et avec la puissance de blocage total grâce à l'interdiction de concurrence) qui ont refusé les efforts. Il ne faut pas généraliser.

- p25 « On entend souvent dire que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé. C'est faux. C'est la consommation d'alcool qui est dangereuse pour la santé. »
Non, c'est ce propos qui paraît faux. Avec la plupart des substances, or plutonium paraît-il, une petite dose a un effet stimulant plutôt bénéfique à la santé (ou aucun effet, avec élimination facile par le corps) alors qu'une dose abusive a des conséquences délétères. Au nom de quoi clamer qu'est fausse cette observation expérimentale ? Je ne prétends pas qu'elle est incontestable, via la philosophie notamment (doute cartésien, doute bouddhiste, scepticisme, etc.), mais claironner que c'est faux sans argument est simplement irrecevable. Il semble y avoir dans ce livre autant de « pensée » qu'au bar du Café du coin, avec force affirmations péremptoires avinées. Pourquoi pas, mais quel intérêt ? Surtout sans contestation en face qui inciterait à réfléchir, à creuser les sujets, débattre. Bourvil ou Coluche faisaient rire en mimant l'argumentaire absurde de personnes saoules se justifiant longuement, mais ici je ne vois pas le comique du puritain interdisant toute goutte d'alcool, sans argument religieux de principe ni rien, rien qu'un mensonge médical pouvant être gobé par le grand public sans sourire.

- p25 « En France, la réussite est aussi suspecte que l'échec. Cela ne laisse pas une grande marge de manœuvre. »
Le fait de tout suspecter porte un nom que j'apprécie : l'intelligence critique. Je ne conçois personnellement pas la vie comme une manœuvre visant à échapper à toute objection. Je crois que ce que Notrac (que je sais avoir été chef d'entreprise) appelle réussite semble sa réussite sociale, sa capacité à s'enrichir (« produire de la richesse » en langue de droite), ce qui se fait presque toujours aux dépens d'autrui, en ruinant les concurrents et asservissant les employés ou menaçant les contribuables, ou grâce au mensonge commercial et/ou scientifique – ce que je trouve moralement moche. Oui, ce que les capitalistes (et leaders communistes) appellent réussite me paraît suspect (d'immoralité), et je le confirme pleinement, ce que semblait contester cette phrase. Non ? quelle était le contenu de l'idée « l'échec est suspect »? Je ne comprends pas : un échec est regrettable par principe, mais en quoi est-il « suspect » ? Le propos semblait vouloir dire : « on condamne évidemment l'échec mais on a le toupet de condamner aussi la réussite ! Ça ne laisse pas beaucoup de place entre les deux ». Eh bien si, je confirme : ce que Notrac appelle réussite me paraît suspect d'immoralité, je préfère la frugalité partageuse humaniste entre travailleurs (et ce n'est pas un « échec à réussir » si la volonté individuelle de s'enrichir aux dépens d'autrui est jugée condamnable).

- p26 « Il est tout de même plus fréquent d'entendre des interviews de sportifs et de gazouilleurs que d'académiciens. Pas étonnant que plein de gens se trouvent intelligents en comparaison de ce qui est dit. »
Cela présuppose que les académiciens incarnent l'intelligence, je trouve cela idiot. L'académie française est (selon moi, comme tout ce que je dis, sans prétendre à la Vérité incontestable) un ramassis d'auteurs publiés et distribués c'est à dire de pistonnés. Pour ce que j'en connais, il s'agit de verbeux ampoulés ayant un très grave manque d'intelligence autocritique. Quant à l'Académie des sciences, il s'agit d'un ramassis de scientistes intolérants aveugles, philosophiquement benêts (et moralement odieux pour ce qui concerne les membres de « comité d'éthique » méprisant le peuple jugé inapte à percevoir le Bien moral). Ne pas envisager ces objections ne semble pas non plus un signe d'intelligence. Je ne suis pas Einstein, mais je n'ai pas le moindre respect pour les prétentieux parvenus sans mérite. « Des Prix Nobel ! » hurleront leurs supporters, et je répondrai : « oui, comme les Prix Nobel de la Paix qui ont renforcé la guerre d'Afghanistan, organisé l'interdiction de retour des Palestiniens civils expulsés, ''sale race''... ». Domination ne veut pas dire intelligence ni honnêteté.

- p28 « Si l'on ne croyait que ce que l'on a vérifié, on passerait son temps entre deux parallèles pour s'assurer qu'elles ne se rejoignent pas quelque part. »
Je suis doublement en désaccord avec cette phrase. D'abord, les mathématiques sont fondées sur la virtualité : on manipule des infinis qu'on n'a jamais rencontré, c'est une pure affaire de principe, il n'y a rien à « croire », c'est une démarche hypothético-déductive : on pose des définitions virtuelles, et on suit leur logique voir où cela mène avec parfaite rigueur démonstrative. Confondre avec la croyance en l'existence « réelle » de quelque chose, c'est une faute philosophique complète. Je ne prétends nullement qu'il faut croire le « Réel », au contraire, mais la réfutation n'emploie pas des arguments par amalgame confus.

CHAPITRE « Les cons »

- p31 « J'appelle un con un gars qui sait que deux et deux font quatre mais ne peut s'empêcher de vouloir qu'ils fassent cinq quand ça l'arrange. »
Avec la précision « je », l'auteur est ici couvert, moins absurde que quand il prétend énoncer des vérités universelles, OK. Simplement, cette opinion n'est absolument pas la mienne, et je jugerais même qu'elle est émise par un aveugle ou ignare (certes pas forcément Notrac, mais celui qu'il fait ici parler). L'addition (vocable « et » dans "deux et deux") recouvre une multitude de modes (simple ou synergie ou antagonisme, standard ou favorisation ou pénalisation) qui relève du choix, il n'y a pas de savoir en la matière. Si vous achetez deux croissants et deux croissants, peut-être qu'une promotion ne vous fera payer que trois croissants, ou qu'une pénurie vous condamnera à payer cinq croissants. Je n'emploie personnellement pas l'insulte « con », mais je dirais que le mépris injustifié me semble une forme de bêtise disqualifiant la pertinence de son auteur.

- p32 « Le con est au bon sens ce que le bigorneau perceur est aux huitres. »
Je n'ai pas les connaissances zoologiques nécessaires pour apprécier cette boutade, mais je crois comprendre que le bigorneau est un tueur d'huitres. Et je ne suis pas d'accord encore une fois : pourquoi insulter les intelligences inusuelles ? qui décèlent les aberrations dans le prétendu « bon sens » usuel, hérité des enfantillages sous pression parentale. Ce fameux bon sens fait adorer le Coran en pays islamiste, adorer la Bible sous l'Inquisition, adorer le leader en pays dictatorial, et alors ? Traiter de cons les intelligences hérétiques me paraît odieux (vive l'intelligence critique, encore une fois). Enfin... « odieux »... encore une fois, c'est peut-être une caricature pour s'auto-tourner en dérision, et tous les approbateurs rigolards n'auraient rien compris – mais je n'aime pas ce principe de communication. J'ai certes appris à l'école que le texte « Mais comment Dieu, qui est un Être bon et sage, aurait-il pu mettre une âme dans un corps tout noir ? » était en fait un ridicule absolu, se voulant donc anti-raciste, mais quand cela devient le texte de référence des apartheidiens ou esclavagistes, il y a comme un problème. Parler clairement est tellement plus simple, sans escompter une lecture au second degré disant tout le contraire de la citation mot à mot – surtout que Notrac ne dit pas dans ce livre tout le contraire de ce qu'il pense (je suis certain qu'il préfère sincèrement les académiciens aux footballers-vedette, par exemple).

- p33 « Il est des moments où l'on se demande si la majorité des cons ne constitue pas la majorité tout court. »
Là encore, la périphrase sous forme de question est moins choquante qu'une affirmation brutale, d'accord. Il faut simplement prendre conscience que c'est le principe de l'aristocratie, une minorité se prétendant noble méprisant (donc écrasant) la majorité, je n'aime pas ça. Ceci se retrouve en république, les candidats à élection comptant être choisis (en tolérant un vote populaire les départageant) pour faire ce qu'ils veulent faire eux, en méprisant hautainement ce que veut ce peuple ­ voir les propos médiatiques constants contre le populisme, voir l'idéologie prétendue « de gauche » (en fait franc-maçonne ?) qui a fait abolir la peine de mort contre l'avis populaire, etc. Les insultes (« cons ») annihilent hélas le débat, mais la moralité démocratique (l'altruisme du respect envers chacun) est en pratique cassée par un système de mépris habituellement caché. La saveur de la phrase est incertaine : plaisante si elle dénonce une forme de pensée usuelle quoique menteusement camouflée (avec complicité des dominants idiots prétendus « intellectuels »), déplaisante si elle se range résolument derrière cette forme de mépris envers la majorité. La boutade populaire « on est toujours le con de quelqu'un » permet de relativiser utilement : ceux qui s'arrogent le droit de condamner autrui comme « cons » sont eux-mêmes des cons selon autrui, ni plus ni moins. Il n'y a aucune grandeur ni supériorité là-dedans. Cela vaut je crois auto-réfutation. (Par ailleurs, je contesterais au passage le principe nationaliste-démocratique, qui sous-entend pareillement « la majorité du monde est constituée de sales étrangers c'est à dire de cons ». Horreur. Ma position n'existe pas sur l'échiquier politique, mais je dénie à la prétendue « Élite » l'intelligence et l'honnêteté).

- p35 « Les cons trouvent la sagesse idiote. »
Il aurait été plus lucide de dire « Ceux que jugent cons trouve idiot ce que j'appelle sagesse ». Ça change tout : le relativisme est une forme de respect d'autrui, l'insulte brute est le contraire (et on détesterait en être victime). S'attribuer la sagesse est dans ce cas auto-réfuté, à mon avis.

CHAPITRE « Philo de comptoir »

- p38 « Il y a deux sortes de gens modestes. Ceux qui ont toutes les raisons de l'être, et ceux qui auraient des raisons de se prévaloir d'un talent ou d'une réussite, mais qui en font grâce, sans quoi ils seraient taxés d'arrogance. »
Je ne suis pas d'accord avec la vision que je crois déceler dans cette phrase. La société serait faite de nuls exécutants (dont de sages modestes et de ridicules contestataires) et de brillants dirigeants « ayant réussi » (dont des arrogants antipathiques et des modestes admirables). Au contraire, je trouve que les humbles travailleurs de peine sont plus méritoires que les cols blancs commandeurs, dont la prétendue « réussite » accaparant (l'essentiel de) l'argent est une forme d'immoralité – la discrétion en la matière vaut mieux que l'arrogance, mais le mal moral reste le même, à mes yeux.

- p39 « Le mensonge est la forme la plus banale de la schizophrénie. »
Faux, gravement : le mensonge est un acte volontaire en situation de choix, la maladie mentale (si elle existe – et j'écris ça sous antipsychotique, sans en être convaincu) est une déformation privant du choix argumenté soupesant inconvénients et avantages. Ce mélange des genres (sous-entendant : « les candidats à élections étant tous des menteurs, ils sont un peu fous en un sens ») est odieux : en Union Soviétique, les contestataires anti-communistes étaient ainsi classés schizophrènes, en Occident moderne les sceptiques sont ainsi classés schizophrènes (non « compréhension » de la différence Cauchemar/Réalité alors qu'il n'y a pas un seul argument honnête en la matière). Regretter cette horreur me paraît sage, l'approuver en rajoutant une couche me déplaît (du moins sans l'ajout indispensable, clarificateur : « c'est idiot ce que je dis ? Oui, la psychiatrie est une idiotie armée ! »).

- p40 « La vocation de l'art est de déranger, mais tout ce qui dérange n'est pas de l'art. »
Je ne comprends pas. L'art payé par les mécènes aristocrates, comme l'art public communiste, n'avait nulle vocation à déranger, mais à répandre « avec beauté » la propagande autosatisfaite des puissants. Qu'une partie de l'art ait été novatrice, inventive, est possible, mais ça n'a rien de fondamental, intrinsèque. Et souvent, le culte auto-satisfait de la « nouveauté » fait proclamer comme « art » des immondices : se clament musiciens des individus tapant en hurlant sur des casseroles et bouteilles, payés par les impôts (réquisitionnés sous menace policière et carcérale) au nom de la liberté de « création dérangeant les standards », même si tous les auditeurs trouvent ça moche ou atroce (sauf quelques snobs ravis, dominants). Je comprends que la vocation de l'art soit la recherche de beauté (difficile car subjective), mais le dérangement n'a rien à voir. Jésus, Luther, Marx, Freud, Hitler, Mao... ont dérangé, ça ne fait pas du tout d'eux des artistes, c'est ce que dit la fin de la phrase, mais son début est incompréhensible. Ce n'est pas une relation asymétrique, c'est que les deux sujets n'ont presque rien à voir.

+ p41 « Certains n'existent que dans leur imagination. »
Cette phrase, immensément belle à mes yeux, comble de joie l'auteur de « Contre la Réalité » que je suis. C'est virtuel, bien sûr, faute de l'égocentrisme obligatoire sous hypothèse du rêve (autrui n'existe peut-être pas), mais c'est un peu mon idéal. En tout cas, cela s'applique pleinement à mon héroïne imaginaire, introvertie amoureuse en secret silencieuse. Je pense citer cette phrase, avec crédit à Drareg Notrac, en début de mon prochain livre de nouvelles romantiques ­ comme j'avais marqué « L'imagination est la seule arme dans la guerre contre la Réalité (Jules de Gaultier) » sur celui en cours, inachevé. Mille mercis, ça efface instantanément la (relative) pénibilité des pages précédentes (et surtout suivantes puisque je relis en diagonale ici). [Ajout a posteriori : cette phrase sera je pense en en-tête de mon 13e tome de nouvelles romantiques tendres, « Ma copine tortue », la première nouvelle de ce tome expliquant la lecture que je fais de cette phrase, sa pertinence extrême quoique classée pathologique.]

- p42 « Quand on me dit que j'ai de la chance d'avoir ce que j'ai, d'être ce que je suis et de faire ce que je fais, cela me donne envie de rire. La chance est une excuse pour relativiser la réussite de ceux que l'on envie. »
Je ne fais pas partie de ceux enviant l'auteur de cette phrase (auteur du livre ou personnage entendu au comptoir), mais je n'approuve pas non plus son rire à lui. Un gagnant de gros lot au Loto fait ce qui lui plaît, possède beaucoup, et c'est bien la chance qui est en cause – sauf lecture religieuse en faisant un « élu de Dieu, Dieu gouvernant les boules de loterie ». Pour s'enrichir sans Loto, une part vient du travail assidu, du risque pertinemment calculé, mais une part vient aussi de la chance, des impondérables externes ruinant certains méritants et couvrant de fortune quelques autres, peut-être chanceux, ça se discute. L'enrichissement est en général associé au mensonge, commercial ou équivalent (« ce prix élevé est nécessaire à ma survie ! »), et je ne suis pas d'accord que la performance en mensonge efficace soit une réussite moralement digne. J'y vois personnellement de la culpabilité – même si j'ai conscience que sans la soif égoïste, l'utopie marxiste d'effort désintéressé s'est écroulée dans le je-m'en-foutisme et refus de travail, même avec menace politico-policière omniprésente, dans une phase théoriquement temporaire mais qui n'a jamais pu être dépassée. La réussite égoïste est-elle une réussite ? ça se discute. Oh, certes, elle est un peu partagée, mais ni plus ni moins que les esclavagistes se vantaient moralement de nourrir leurs esclaves et les soigner (certes pas de partager altruistement le bien-être possédant), ça se discute...

- p43 « Un jeune sans enthousiasme est un spectacle aussi affligeant qu'un vieux beau. »
Pas d'accord : le vieillissement étant ce qu'il est, mieux vaut un vieux beau qu'un vieux laid, à moins que ce soit un vocable désignant telle dérive obsédée sexuelle de la démence sénile. Quand à un jeune sans enthousiasme, je revendique que là est la beauté comportementale : dans la réserve ou la tristesse, romantique, et je déteste les jeunes envahissants rieurs infidèles, « jouisseurs de la vie » en se moquant des âmes blessées. L'introversion me paraît belle quand l'extraversion me déplait, chacun ses goûts en la matière, ça ne prête pas à affirmations universelles.

- p44 « L'inconscience de l'inexorabilité de la mort fait que souvent la jeunesse est pressée. »
Ceci présuppose comme Vérité « la mort est inexorable », et je ne suis pas d'accord. Il y a le spectacle de la mort d'autrui, mais la généralisation à une possible mort du moi est arbitraire, fruit d'endoctrinement ou simple hypothèse. L'endormissement et le réveil sont des formes de mort et de ressuscitation, le fait qu'il y ait une telle mort sans ressuscitation ultérieure est possible, ni plus ni moins. L'endoctrinement (unanime en Occident) affirme le contraire, simplement sans l'ombre d'un argument. Ceux qui oublient de douter sont des croyants, grand bien leur fasse, mais quand ils décrètent la folie requérant « soins » obligatoires, ils deviennent dictateurs, au lieu de réfléchir, c'est moche. (Merci à mon père, d'avoir demandé que je ne sois pas interné il y a 12 ans).

+ p46 « A la question que faites vous dans la vie, je réponds "Je respire". »
Excellent, merci. Quoique... cela dépend ce que l'on entend par le « moi » : la respiration, la crampe, le hoquet, me font douter de la version matérialiste de l'humanité (unité corps-esprit), qui domine présentement dans ce pays (peut-être pas aux USA fanatiques religieux). J'ai la claire impression d'être une âme, tombée dans un corps, prisonnière. Je regarde ce corps (compliqué et semi-automatique) avec surprise, pas avec émerveillement quoi qu'en disent les religieux. Si j'avais été Dieu (aimant et tout puissant), j'aurais fait un corps moins mal fichu. A quoi sert-il que les pieds puent ? Ceci dit, on peut être amené à vouloir tuer l'âme aussi, en mélangeant un peu tout, surtout quand les neuroleptiques cassent la pensée réfléchie.

- p47 « L'éclair de la foi souvent touche l'homme au plus près de la tombe. »
Ça ne me paraît pas un éclair mais une simple conséquence programmée de l'endoctrinement ambiant. Il nous est en Occident rabâché la fable (terroriste) de la mort éternelle sauf vie éternelle pour les croyants (même fautifs ou exterminateurs, c'est dans l'Évangile, pas seulement dans le Coran), alors ceux qui se sentent près du Jugement sont tentés par prudence de mettre toutes les chances de leur côté. Ça ne me paraît ni grand ni sincère (au delà de la méthode Coué, consistant à répéter avec force ce à quoi l'on voudrait croire, en espérant que cela accroîtra les chances de survenue). En fait, c'est peut-être ce que disait cette phrase, si elle est ironique, mais il serait alors judicieux de mettre des guillemets autour de « l'éclair de la foi ». Mon père me dira sans doute que je ne sais pas lire le second degré, mais je conteste : celui-ci n'est pas clairement affiché, et il se trouve que j'ai trouvé sur Internet l'équivalent au premier degré (un croyant américain, se moquant des athées qui prétendent ne pas croire en Dieu mais en viennent, quand ils sont sans défense attaqués par un ours, à dire eux aussi « Seigneur, pitié, Sauvez-moi », ce croyant oubliant simplement que ça marche aussi avec les fées païennes et tout conte prétendant au miracle possible – et l'expression « oh mon Dieu » peut être employé par un athée poli pour ne pas dire le vulgaire « oh putain, merde »).

- p48 « Beaucoup est toujours trop. »
Je ne comprends pas : beaucoup de bonheur (ou, selon les valeurs de chacun : beaucoup de partage, d'équité, de mérite, de frugalité, de perfection, de performance, etc.) en quoi est-ce trop ? Abordons les choses autrement, avec la courbe effet-dose des pharmacologues : peu manque d'effet, plus atteint l'optimum, encore plus a des effets néfastes – rien ne garantit que ce soit une loi universelle, mais imaginons, OK ; mais en quoi l'optimum (« pas trop ») ne pourrait jamais être qualifié de « beaucoup » ? Qui plus est, la notion de « beaucoup » est subjective, temporaire, relative : un gros dormeur dira que dormir beaucoup c'est quinze heures par nuit (et 20 c'est trop), un autre dira que dormir beaucoup c'est six heures par nuit (et 9 c'est trop). D'où sort le « toujours » dans ce contexte ? Par ailleurs, la phrase est auto-contradictoire avec ce mot « toujours » : beaucoup de généralisation est toujours trop de généralisation... Et penser aussi que la sphère et le cercle, qui ont beaucoup de régularité, ont « trop » de régularité, et il aurait donc fallu condamner l'invention de la roue, mais sans elle, cela fait fait beaucoup d'effort de portage pour rien, « trop » d'effort de portage... mais beaucoup de condamnation fait trop de condamnation, et il ne fallait pas interdire... quoique beaucoup de logique fait trop de logique, et il ne faut pas raisonner... Certes, le titre du chapitre était « Philo de comptoir », pouvant sous-entendre que tout ce qui est dit ici est idiot, mais je ne suis pas d'accord non plus avec ça, puisque j'ai approuvé avec joie une « pensée », page 41. Bon, c'était peut-être dit pour sourire, comme l'affirmation « la calvitie est incontestablement la pire catastrophe de l'Univers inter-galactique ! », renvoyant aux « niaiseries » du titre. Mais quand le fier chef d'entreprise a condamné les ravages de la grève, je ne crois pas qu'il se voulait absurde idiot, il semble y avoir au moins une part de « ''vérités'' dérangeantes » cachées derrière les outrancières incitations à éclat de rire. Je m'applique donc à renier ces éventuelles affirmations indirectes, là où je ne suis pas d'accord.

- p48 « La bêtise ne m'émeut plus, elle me consterne. »
Avec le « me » employé, c'est une simple opinion permise, d'accord. Elle ne me plaît simplement pas beaucoup. Un adulte ayant cinq ans d'âge mental est dit « bête », or une mère est émue par son enfant de cinq ans, de même niveau intellectuel, c'est compréhensible – et s'il reste bloqué à ce stade par un virus ou poison, la générosité consiste à garder le même regard protecteur je pense. Quant à la consternation (« stupeur douloureuse » selon Larousse), je la comprends mal : le système éducatif échoue très logiquement à rendre intelligent, puisqu'il inculque et récompense la crédulité et la vénération, exclusivement ou presque (hors mathématiques peut-être – et ce n'est pas un plaidoyer pro domo : j'étais hélas numéro 1 en sciences physiques crédules et seulement numéro 2 ou 3 en mathématiques pures davantage honnêtes). Quant à la « douleur » face au manque d'intelligence, c'est une forme de sensibilité, mais je suis davantage blessé par la fausse supériorité de dominants malhonnêtes, comme les politiciens « ayant réussi » Mitterrand et Sarkozy, méprisant le peuple tout en se prétendant démocrates, et criminels (« contre l'Humanité ») approuvant l'expulsion raciste des Palestiniens 1948 (armes nucléaires anti-civiles à l'appui). Je trouve ça bien plus consternant que le métro-boulot-football d'un décérébré gentil (ou métro-boulot-disco d'une décérébrée gentille). En seconde lecture, je suis encore plus choqué, sachant que la bêtise selon cet auteur inclut la géniale orthographe simplifiée, mais on en reparlera plus loin. L'intolérance faussement supérieure (en jugement objectif avantages/inconvénients) me consterne davantage que la prétendue bêtise, moi, pardon.

+ p51 « Les fous ont une indépendance que les sociétés y compris les plus avancées ne peuvent leur pardonner. »
Effectivement, les sociétés tiennent debout par un système de menaces habituellement suffisantes, et si l'on ne partage pas les conventions usuelles, on est « libre » en un sens, et qualifié de fou ou débile ou terroriste. Mais je ne crois pas en l'idée de « progrès » et j'aurais ajouté des guillemets à « avancées ». L'avancement matériel en surconsommation égoïste n'est pas forcément un point positif, même s'il semble presque universellement tentateur (d'où effondrement de l'utopie marxiste et suspicion psychotique des rares ermites choisissant la frugalité).

- p52 « Les pessimistes voient des mensonges là où les optimistes voient des rêves. »
Je ne comprends pas cette phrase au sens général : il manque un « parfois ». Certes, ici ou là, tel politicien au pouvoir peut dire des contre-vérités attaquées (par les opposants) comme mensonges , et applaudis (par les supporters) comme rêves bientôt accomplis. Mais il y a des cas de fausses déclarations, de la part de coupables avérés, pour lesquels croire le mensonge n'a rien d'optimiste (vis à vis des victimes sauvables).

- p53 « C'est toujours la jeunesse qui se drogue, parce que les drogués ne vivent pas vieux. Faut le savoir. »
Non, ce n'est pertinent qu'avec la scission arbitraire entre « (nouvelles) drogues illégales » et « (anciennes) drogues légales, même pas appelées drogues ». Il y a des alcooliques âgés, il y a des fumeurs âgés (si le cancer du poumon en tue 90%, ça laisse 10% de survivants), etc. Loin d'ici et maintenant, il était célèbre que les vieux notables asiatiques se droguaient en fumeries d'opium, inaccessibles aux jeunes n'ayant pas les moyens de se l'offrir. Alors l'affirmation « toujours », et le mot « savoir », sont impropres. Les anciens appellent « drogues » les substances psycho-actives qu'ils ne consomment pas eux-mêmes, alors ce sont automatiquement les jeunes qui consomment celles-ci, c'est une autre explication plausible. Qui plus est, je ne crois pas que le cannabis soit intrinsèquement létal (si on ne prend pas le volant en étant shooté). Les drogues, y compris alcool et tabac, ne me tentent pas, mais ça ne justifie pas à mes yeux les arguments erronés à leur encontre.

- p53 « Un ''bosseur'' est un gars que son travail passionne, un ''emmerdeur'' est un gars que sa passion travaille. »
Là encore, je ne comprends rien, à part l'insulte à cible vague. Cela semble plutôt un mauvais jeu de mot - que j'aurais accepté sous la forme « il y a des gens que leur travail passionne, il y en a que leur passion travaille », sans même d'exclusion car rien n'interdit l'appartenance conjointe aux deux groupes. Quant aux bosseurs, je ne suis pas d'accord : me soûlant de travail à l'âge de quinze ans, sentimentalement blessé à mort, ma devise était une phrase trouvée dans le dictionnaire des citations (Baudelaire ?) « il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir » - c'est possible sans passion aucune pour le travail. Quant aux emmerdeurs, un employé de poste ou de banque pourra témoigner que des usagers/clients insupportables ne semblent en rien motivés par une passion, jouissant seulement d'écraser autrui avec de faux problèmes - on peut certes appeler ça la « passion de faire chier le monde », mais ça semble hors sujet : un amateur passionné par les livres consacrés aux moineaux nains arboricoles de Tasmanie orientale, ou aéronefs bipoutres asymétriques des années 1963-67, n'emmerde souvent personne par sa passion (s'il est ouvrier célibataire solitaire, sans rendre invivable le quotidien de conjoint ou subalternes ou bibliothécaires).

CHAPITRE « Les hommes »

CHAPITRE « Humour ? »
Le titre de ce chapitre me fait penser au personnage « fou du roi » dans une série télévisée de mon enfance (« La dame de Montsoreau »?) : se faisant passer pour comique, un libre penseur énonçait de manière choquante ce qui allait devenir les évidences morales des générations suivantes. L'écriture dubitative « Humour ? » semble annoncer cela : « je le dirai crument et libre à vous d'en rire, mais réfléchissez-y quand même, ce pourrait être une forme outrancière de sagesse présentement inhabituelle mais visionnaire pour le futur ». Si ce n'était que des niaiseries idiotes, assumées telles, il n'y aurait pas le point d'interrogation je crois, mais un point d'exclamation : « Humour ! » (ma belle-sœur américaine dit ainsi « Joke ! » après des énormités déstabilisantes).

- p62 « Je croirai en la pertinence du syndicalisme lorsqu'il y aura des élections professionnelles dans les ruches. »
Contrairement à mes parents, je n'ai jamais été syndiqué, donc ma désapprobation de cette phrase n'est pas celle d'un syndiqué outré. Seulement d'un philosophe amateur. Selon le paradigme dominant, et hormis la fable de Maya l'Abeille, les insectes sociaux sont décérébrés, obéissant comme des esclaves (zélés) à l'autorité dominante. Je n'aime pas le vœu que les usines humaines s'inspirent de ce mode de travail et de relation, oh non. Ceci dit, le syndicalisme combat à juste titre le mensonge et l'injustice d'un système pourri (à dirigeants surpayés, dispensés du travail de peine réservé aux sous-payés), mais le syndicalisme proteste alors qu'il pratique lui-même le mensonge et l'injustice selon moi (du fait de la concurrence entre centrales, des hiérarchies dans chaque mouvement, du goût envers les privilèges, etc.). Oui, il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, cette phrase n'aborde nullement le pour et le contre, passant à côté. Bof, il ne faudrait pas parler de pertinence, là. Enfin, ici encore, j'ai peut-être un peu mal lu le texte : celui-ci ne dit pas explicitement « je voudrais que nos usines soient comme des ruches, aussi efficaces, alors seulement se posera la question du besoin quant à un contre-pouvoir syndical », non, ce texte semble dire « puisque les ruches marchent bien sans syndicat, il n'est pas pertinent chez nous ». Mais je comprends encore moins ce second volet : si l'esclavage des Egyptiens antiques fonctionnait efficacement, cela rendrait non-pertinent sa contestation ? Tous les dictateurs souhaitent dominer une ruche servile et besogneuse, est-il donc condamnable de détester la dictature ? (dictature qui ne plait qu'au dictateur et ses relais, pas à autrui écrasé, c'est immoral, au sens d'anti-altruiste). Bref, il s'agissait d'une phrase illisible sauf à vouloir l'efficacité au prix de la dictature et/ou esclavage. Ce que je n'aime pas, je le confirme. Par ailleurs, la discipline de type militaire n'est pas toujours le plus efficace, et la spécificité humaine est que l'invention (de nouveautés et solutions) s'avère plus efficace souvent que la répétition suiviste ; des moutons décérébrés sont rapidement dépassés par de vrais humains, et il ne suffit pas d'un « efficace commandement » d'exécutants animaux : l'expérience professionnelle m'a prouvé que la situation est un commandement par des ambitieux beaux-parleurs techniquement aveugles, et les petits techniciens lucides (détectant les problèmes, inventant les solutions) sont méprisés, amers. Ils ne se syndiquent pas forcément, mais la situation est clairement injuste, frustrante. Il y a, dans le monde du travail humain, un problème qui n'a rien à voir avec les ruches.

- p63 « La différence apparente entre la chasse et la guerre est qu'à la chasse on ne fait pas de prisonniers et qu'à la guerre les lapins ont des fusils. »
Ça ne me fait pas rire, doublement : quand des Africains chassent des bébés singes pour les vendre aux zoos occidentaux (« enchantant nos bambins »), ils font des prisonniers ; quand nos bombardiers ont brûlé Dresde ou vitrifié Hiroshima, les bébés lapins n'avaient pas de fusil. Et ce n'est pas drôle, même si la propagande occulte totalement cet aspect, pour ne servir que de la frivolité superficielle. Rire de la guerre tend certes à la désacraliser, mais une critique morale de la guerre (et de l'endoctrinement va-t-en-guerre qui nous est malhonnêtement servi à son sujet  – "Aux armes, citoyens !") me paraîtrait davantage pertinente.

- p63 « Ma femme est ''boudiste''. Elle fait la gueule tout le temps. »
C'est un peu plaisant au sens d'inusuel « à la Raymond Devos » (« le train pour Caen, quelle heure ? »), et j'ai failli mettre un +, mais ça rejoint ce que je disais sur le banquier qui vole sans avion : dans un livre de « pensées » (faisant réfléchir, a priori), je crois qu'il n'y a pas lieu d'applaudir une langue de merde qui est pleine de confusion (ici « bouder » ressemble à « Buddha », OK), alors qu'il y aurait tant à dire en idées claires, sans que ce soit jamais dit dans les livres (car « politiquement incorrect », « dangereux » pour l'autorité imméritée). Je préfère l'antisioniste Dieudonné qui escompte faire rire en présentant avec sarcasme le dogme sioniste qui nous rend (nous électeurs) tous complices de crimes contre l'Humanité, sans que ce soit jamais dit à la télé.

CHAPITRE « Dialogues de ''potes'' »

+ p65 « - Les immigrés nous font chier / - C'est vrai ça, à les écouter et les voir bosser on se demande si l'on n'est pas feignants... / - Feignant, c'est le privilège de la nationalité... c'est comme les anciens privilèges de la noblesse... »
Conclusion très juste, je trouve. Simplement, la première phrase me paraît peu crédible vue la suite : des observateurs ainsi lucides devraient se sentir coupables, pas en colère. C'est peut-être une tactique comique : susciter chez le lecteur raciste l'approbation de la première phrase « c'est vrai : tous des feignants », pour mieux lui mettre le nez dans le caca en faisant référence aux cadences chinoises (certes rarement importées). Bref, j'aurai adoré ce passage avec pour première phrase : « beaucoup de travailleurs étrangers me mettent mal à l'aise », mais les deux dernières phrases me plaisent tant que je ne peux pas désapprouver l'ensemble.

CHAPITRE « Rencontres »

CHAPITRE « Correspondance »

- p85 « Mon père (…) m'a appris le respect des enseignants, en les respectant lui-même et en leur faisant confiance.  (…) »
Je ne vois rien d'admirable là-dedans, que de la complicité d'endoctrinement malhonnête. J'ai pour ma part le sentiment d'avoir eu le cerveau lavé par des enseignants stupides ou malhonnêtes, ne faisant que faire réciter ce qu'ils avaient été diplômés pour avoir bien récité, sans éveiller l'intelligence critique, qu'ils ne semblaient pas posséder eux-mêmes et qui les aurait conduits à se voir contestés eux. J'essaye avec Internet de retrouver mes ex-instituteurs et ex-professeurs pour leur dire, avec le recul, qu'ils m'ont trompés, mal aiguillés (à être un soldat servile méprisant à tort les esprits libres). Mes démonstrations philosophiques et mathématiques semblant imparables, ils ne répondent pas, c'est simplement triste. Toute l'échelle des valeurs vacille. Ne pas en avoir eu conscience (pour le Papa de Drareg Notrac) n'est pas coupable, c'est simplement une brave attitude d'humble, gentil, dominé par de faux supérieurs, infects ou trop aveugles pour le comprendre. (Mes parents sont enseignants, mais ils ne m'ont jamais fait réciter la prétendue « Vérité », m'éveillant sagement à l'agnosticisme, voisin de mon présent scepticisme. Ils ne sont pas de formation scientifique et ne perçoivent guère je crois les détails complexes prouvant les abus de pouvoir pratiqués au nom de la Science, de la Santé, de la Qualité, etc).

- p86 «  (…) Il m'a appris à aimer les arts et les artistes (...) »
J'ai reçu la même formation, mais avec infiniment plus d'à propos : mes parents m'ont appris à visiter des musées, et à être heureux quand j'apprécie une œuvre d'art. Attention : c'est extrêmement différent, il ne s'agit nullement de se prosterner devant tout ce qui prétend être de l'art, devant ceux qui se disent artistes. On m'a appris à aimer parfois des arts et certains artistes à certains moments, pas du tout « l'intégralité des arts et des gens catalogués artistes par la haute société ». En visitant le Musée d'art moderne Maeght, j'ai été ému aux larmes par un tableau non-figuratif de Zao-Wou-Ki, et j'ai jugé néanmoins que 99% des gribouillis et sculptures présentés sont de la merde, indigne d'un enfant de 7 ans, et lamentablement applaudie par des snobs en tirant un sentiment erroné de supériorité. Avec les logiciels informatiques, la technique de création est devenue facilitée, et avec Internet, il n'y a plus besoin de piston bourgeois (ou communiste) pour donner à voir ce qu'on crée, cela a révélé que les esprits créateurs se comptent par millions, immensément au delà du sérail des fils de famille « faisant dans l'art ». La supercherie bourgeoise a éclaté au grand jour.

- p86 « (…) Il m'a appris à honorer les anciens et révérer les grands esprits (...) »
Les anciens étaient des esclavagistes racistes et xénophobes, ils ne me plaisent pas à moi. Si on me rétorque que je leur dois la vie, je réponds que ce n'est pas un cadeau et que je n'ai pas demandé à vivre, moi (sauf peut-être involontairement, à titre d'embryon-légume donnant automatiquement des coups de pied pour sortir du ventre maternel – m'a-t-on raconté, mais ça n'a rien à voir avec la personne que je suis). Quant aux « grands esprits », c'est un scandale d'endoctrinement malhonnête, je trouve. J'ai démoli, argument par argument, la démonstration du vénéré René Descartes, fondateur de l'esprit cartésien mais en fait illogique idiot ou malhonnête, et c'est simplement interdit, puni à l'école, interdit de publication car « dangereux », etc. Que Notrac ait appris à pisser dans le sens du vent dominant, c'est compréhensible, mais le contexte est ici une répression injuste de la logique pure, pour soumission à des dominants ne méritant pas leur position. Sans faire la révolution, qui semble toujours débordée vers un autre Mal, on peut quand même garder son libre arbitre et faire la moue devant la situation – plutôt que de s'enthousiasmer et remercier. Je crois. C'est du moins ma conception de la sagesse, au risque de la tristesse pessimiste. (Je ne blâme pas mes parents, qui m'ont donné à lire et le font encore : faire réfléchir, sans devoir d'honneur et de révérence, me paraît louable).

- p87 « (…) Il m'a appris l'autorité, la vraie, celle que l'on possède lorsque les gens ont envie de vous faire plaisir. (…) »
Je ne connais pas cette autorité, pas du tout, et je doute de sa possibilité. Pour moi, autorité signifie domination de la force arbitraire (ou, certes, interdiction « temporairement incompréhensible » pour un enfant ne percevant pas a priori les dangers de ses bêtises avec les allumettes ou autres), mais je prends le dictionnaire pour comprendre le malentendu éventuel. Larousse de poche : « Autorité = puissance légitime ; influence morale ; auteur ou opinion dont on s'autorise ». Le premier sens est ambigu : si le dictateur écrit la loi, sa domination est légale, prétendue légitime, moralement à tort. Le second sens est ambigu : en France, la morale imposée était parait-il initialement religieuse, édictée par des vénérateurs du génocidaire Yahvé et du raciste esclavagiste tortionnaire Jésus, je trouve ça immonde, et la morale imposée serait ensuite devenue laïque, édictée par des enseignants vénérateurs des scientistes et célébrités littéraires, avec principes nationalistes et guerriers. Je ne suis pas d'accord. J'ai envie de faire plaisir aux gens amicaux envers moi, et à mes parents en particulier, dont l'amour parental me trouble et me touche. Je perçois aujourd'hui que leurs actes d'autorité autrefois (quant à la nourriture obligatoire) n'étaient pas de la méchanceté mais une forme d'aide que je ne pouvais pas comprendre (grandir pour ne pas être un jour rejeté comme « trop petit, ridicule » par celle dont j'allais tomber amoureux). Mais si j'ai envie de leur faire plaisir aujourd'hui, c'est parce qu'eux-mêmes cherchent à me faire plaisir, c'est de l'amitié réciproque, nullement du respect (ou amour chien-maître) vis à vis de « l'autorité » dominante.

CHAPITRE « Lettre d'un Matin »

?! p89 « (…) Il y a des choses qui me dérangent profondément Par exemple... La manie psychodépressive concernant la cigarette : j'ai plus d'amis et de connaissances morts par l'alcool que par la cigarette, mais dans les restaurants on boit tout son saoul et l'on ne peut plus fumer. (...) »
Si cela avait été une nouvelle « philo de comptoir », j'aurais pensé qu'il s'agit peut-être d'une pensée absurde entendue et rapportée, mais apparemment pas ici : cela semble un coup de gueule de Notrac fumeur contrarié. Et je ne suis pas d'accord. Certes, le discours officiel est idiot, les dominants en blouse blanche clamant comme Vérité incontestable ce que bon leur semble, sans logique (la corrélation partielle entre cancer du poumon et tabagisme n'implique pas forcément le caractère causal du tabac, je l'ai démontré ailleurs, mais mon sujet n'est pas ici de donner partiellement raison à Notrac mais de lui donner partiellement tort). Le vrai problème du tabac dans les lieux publics est que le plaisir des uns incommode les autres. Personnellement, je trouve horrible la puanteur des atmosphères enfumées de cigarette (ma mère et mon frère, asthmatiques, étouffent eux littéralement dans ce cas, c'est encore pire), et si je le dis au fumeur, qu'il me répond « j't'emmerde, connard, tel est mon bon plaisir », je le déteste (et je voterai « pour » la loi lui imposant interdiction policière de fumer dans les lieux publics fermés). Les buveurs solitaires me gênent moins, a priori (ou moins systématiquement, même si ceux basculant dans la violence ou les hurlements enivrés me déplaisent aussi, certes). Bref, Notrac se dit dérangé qu'on lui interdise de fumer dans les restaurants, c'est à dire dérangé qu'on lui interdise de déranger autrui. C'est le principe « faites ce que je dis, pas ce que je fais » (laissez-moi vous déranger, ne me dérangez pas). Cet anti-altruisme s'appelle immoralité dans mon langage. J'ai l'espoir que Notrac, sensé et pas immoral, ne répondrait pas à cette objection « oui, je confirme » mais « oups, j'avais oublié ce côté, pardon, euh... disons que je parlais comme ça pour rire ». Au passage, je note que cette "pensée" semble démentir l'hypothèse "tout est au second degré" ; en effet, ici Notrac ne fait rigoureusement rien pour ridiculiser le fumeur en colère, il ne fait que consolider son point de vue, sans voir (ou donner à voir) l'objection principale.

+ p92 (choses qui me dérangent) « (…) Toutes les lois idiotes que je n'ai pas votées. Et me déclare anarchiste. »
Moi aussi, je suis scandalisé sous la pression des lois anti-populaires votées soi-disant par des démocrates, en fait tous républicains, c'est-à-dire exigeant délégation de pouvoir pour faire ce qu'ils veulent, même en désaccord complet avec le vœu populaire (dit populiste, c'est à dire « mal »). Et c'est très majeur : ça explique le lobbyisme étasunien, la domination maçonnique et israélite en France, avec sionisme actif de nos dirigeants, et révolte terroriste en retour à l'encontre des électeurs n'ayant pas eu le choix, non consultés au sujet de l'expulsion palestinienne 1948 confirmée depuis. La république s'avère un système intrinsèquement pourri. Mais les horreurs des alternatives fascistes ou stalinienne/maoiste incitent au pessimisme. L'anarchisme, je ne sais pas ce que c'est, seize ans d'éducation publique m'ont « formé » à approuver le système en place, nullement à percevoir les alternatives envisageables. Pour ce que j'en sais, l'anarchisme est le principe « aucune autorité », et ça me déplait car ça semble conduire naturellement à la loi du plus fort, à la violence inter-individuelle (type fratrie quand « l'autorité parentale » se dispense de protéger le faible, et le dominé que j'ai été n'a pas aimé cela, non). Bref, je ne peux pas suivre le propos de Notrac jusqu'au dernier mot, mais je suis content qu'il ait énoncé le scandale des parodies de démocratie. Pour conclure sur une note positive, je dois dire ce que je suis, moi, politiquement (« la critique est facile mais... »). Euh... je crois que je suis surtout sceptique pessimiste, pensant que l'Humanité est intrinsèquement mauvaise (l'animal « social égoïste » qu'est l'humain serait instable), mais je serais d'avis de donner sa chance à l'utopie démocrate sincère : démocratie directe (sans pseudo-représentants privilégiés) et mondialiste (sans nations privilégiées) – cela n'est nullement proposé à nos élections. Il resterait le volet économique à débattre (je serais contre l'héritage, contre le refus de travail, pour la récompense du travail individuel, surtout le travail de peine et l'invention utile, pas le commandement), mais ce n'est pas ici un livre d'économie.

CHAPITRE « Cher Père Noël »

+ p95 « J'aimerais que l'argent perde son attrait et sa puissance pendant une fraction de seconde, le temps de restaurer la santé mentale de tous les fous qui lui dédient leur vie sans même se rendre compte. »
A une petite maladresse près (je n'aime pas le label « fou » et la notion de « santé mentale »), cette phrase me fait plaisir, comme sans doute à feu l'Abbé Pierre. Toutefois, il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce sujet, en fait complexe : 1/ l'argent n'est pas un mal en soi, mais un simple outil d'échange ; le problème est l'échange injuste, pas le support monétaire ou autre ; qu'un dirigeant peinard gagne mille fois davantage qu'un mineur de fond effectuant un travail pénible et dangereux, c'est injuste, même sans argent (le mineur recevrait un bol de riz par jour et une paillasse par terre en dortoir au pied du terril, le dirigeant : des ventrées de caviar toutes les deux heures, douze Ferrari en diamant et une luxueuse villa champêtre avec domestiques et harem). 2/ La focalisation financière étant devenue une tradition judaïque, ce propos anti-financier serait attaquable comme antisémite, attention. De même, il serait attaquable comme antichrétien puisque le rabbin Jésus a dit vouloir prendre toujours plus aux pauvres pour donner toujours plus aux riches, c'est peu cité chez nous mais fonde la logique étasunienne (ou protestante en général, je ne connais pas bien, mais c'est dans les Évangiles officiels de Saint-Matthieu et Saint-Luc, que j'ai lus l'an passé intégralement). 3/ Dans ma famille, le principe éducatif a été l'ambition visant à profiter au maximum de l'ascenseur social : par le mérite scolaire devenir riche tout en étant arrière-petit-enfant d'ouvrier agricole. Moi j'ai disjoncté à quinze ans (préférant soudain la dernière de la classe au brillant que j'étais), mais je ne suis pas fier de ce retournement de valeurs : c'est à ce moment là que j'ai été classé fou par les psychiatres (et la voie de l'ambition normale aurait été vraisemblablement moins déchirante/dangereuse/létale, étant simplement aveugle tranquille). Dire que les fous sont les ambitieux, à l'inverse total, semble aussi injuste, tenter de comprendre chacun en pesant avantages et inconvénients me paraît plus approprié. 4/ Mon épouse venue d'un pays du Tiers-Monde est extrêmement focalisée sur l'argent, sur l'achat de choses chères faisant la jalousie de l'entourage, et je ne la qualifierais pas de folle pour ça, non. Plutôt victime de la publicité excitant la convoitise des pauvres (et je ne prétends pas tout comprendre, la mentalité féminine a bien des ressorts qui m'échappent). 5/ Ma femme m'a raconté que dans son pays, le gouvernement passé à donné la propriété de terres agricoles aux pauvres qui avaient été semi-esclaves, la plupart ont aussitôt vendu ces terres pour - devenus riches d'argent - s'acheter des motos, alcools, loisirs, avant de redevenir pauvres et misérables, payés misérablement par les grands propriétaires. Il n'y a pas que les riches cupides que l'argent rend malades, les humbles touchant de l'argent en quantité se montrent aussi bizarres, à l'opposé des idées d'équilibre frugal et de travail/rétribution équitable.

CHAPITRE « Quelques vers »

- p103 « Ségolène / Poème maladroit / (…) / Gardez le cap ! Vous êtes en bonne voie / On ne critique tant que les auteurs d'exploits. / L'avenir de la France dépend de votre force / (…) / Une femme de tête par le peuple appelée / (...) »
Mon père m'a signalé le décodage majuscule de ce poème qui me paraissait sans intérêt (pardon), et ce texte codé traite donc discrètement Ségolène Royal de « cruche ». Je ne suis pas d'accord avec cette condamnation insultante sans argument ni réflexion : la candidate-présidente Royale était pour moi surtout choquante en tant que personnalité « socialiste » aimant à entonner le chant patriotique « Aux Armes Citoyens ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! », clameur (officielle...) de xénophobie meurtrière, tueuse de bébés innocents (culpabilité du sang). Entre ça et le nouveau candidat Strauss-Kahn, qui a autrefois avoué (en fait : confirmé à une tribune juive) vouloir avant tout servir Israël, l'utopie sociale humaniste est raide morte, c'est ce qu'il aurait fallu signaler, je crois, au lieu de rabaisser par le mépris injustifié les fières individualités. Les idées comptent davantage pour moi que le star-system des célébrités.

?! p104 « La ''cheap philosophy'' (…) / Voilà un nom barbare à mettre à la mode / Tant il est évident que beaucoup s'accommodent / De prendre leurs idées pour des réalités / Sans faire la différence entre rêves et faits / (…) »
Je ne suis pas d'accord sur ce dénigrement de l'hypothèse du rêve/cauchemar, qui s'avère cassée exclusivement par des arguments malhonnêtes ; au lieu de condamner sans réfléchir (le jugement populaire occidental rejoignant la psychiatrie occidentale – la sagesse sceptique semblant rare hors d'Inde), il serait plus judicieux d'examiner honnêtement la question. Mon livre « Contre la Réalité », rejeté par les éditeurs français méprisants (et classé « trop logique, effrayant » à l'étranger francophone), contenait davantage de philosophie que mille ouvrages publiés ou étudiés à l'école (à mon avis, certes). Sa version complétée « Échapper à la dictature réaliste » en fait le triste constat. La réflexion philosophique digne de ce nom (mettant en question la crédibilité de la Science et de l'Histoire, nouveaux dogmes) me paraît ailleurs que dans les verbiages classiques auto-satisfaits, et elle est rare, l'amalgame avec les opinions diverses sur n'importe quoi (mot « beaucoup » de gens) tient de la confusion.

- p115 « Le roi de la savane (…) Il leur tint un discours de grande sagesse : / Depuis bien trop longtemps les inégalités / Divisent la savane et c'est insanité. / Les plus forts mangent bien, les premiers sont servis / Ne contribuent en rien, excitent jalousies. / Les faibles sont chassés, harcelés, dévorés, / Et ne peuvent survivre, on ne peut l'ignorer. / J'ai donc pour vous pensé équitable système / Qui vous rendra heureux en réglant ce problème / (…) / Liberté, Egalité et Fraternité / (…) »
Je n'aime pas la mise en vers, personnellement, qui rendent peu claire et ampoulée la réflexion, que j'aurais préférée exprimée le plus clairement possible, sans l'artifice des rimes. Sur le principe, je comprends qu'il s'agit de faire réfléchir à la situation humaine, via un faux conte prétendant parler d'animaux (type fable de La Fontaine ou son inspirateur grec antique). Mais cela embrouille pour rien – je ne dis pas qu'un lion ne parle pas, ce n'est pas le problème, c'est que le déplacement de sujet prête à confusion, absurdités inutiles, défauts de pensée. « Liberté, Egalité, Fraternité » a un sens extrêmement particulier : celui d'une devise nationale, refusant les prétentions étrangères à l'égalité, avec violence armée à l'appui faute d'arguments moraux (« la France n'a pas vocation à partager la misère du monde », parole socialiste de Rocard, étant une définition de l'égoïsme groupiste anti-altruiste, comme les vicomtes en 1788 auraient pu avouer « l'aristocratie n'a pas vocation à partager la misère des inférieurs »...). Certes, une savane peut être isolée par des falaises ou quoi, la situation serait différente, mais cela fait rater une occasion de réfléchir à nos problèmes. Essayons quand même de voir si cette fable animalière, avec sa logique propre, en situation simplifiée, est instructive. A priori, je ne vois aucune sagesse dans ce discours animalier : le principe animal est que les carnivores mangent les herbivores, qui mangent les plantes, et l'égalité n'est nullement le principe crédible. Ceux qui échouent dans cette épreuve de force meurent, et ça n'a rien d'un scandale. Le lion boiteux qui meurt de faim n'a pas été dévoré, il a échoué à dévorer suffisamment. Par ailleurs, les faibles gazelles survivent parfaitement en se multipliant plus vite qu'elles ne sont mangées, le concept de respect de l'individu est absent. Aucun rapport a priori avec Égalité Fraternité. Par ailleurs, la problématique de la Liberté va clairement éclater ici comme chez nous : si on respectait la liberté de tuer, ce serait invivable, si on respecte la liberté de ne pas partager (idéologie étasunienne ou chez nous « de droite »), ça va contredire la fraternité et l'égalité, etc. Voyons où mène ce conte faussement animalier, mais ça paraît mal parti, et la prétention initiale à la sagesse paraît infondée, parachutée (certes comme à l'école publique française, mais un auteur adulte publiant pour tous devrait avoir davantage de recul).

- p115-116 « (…) / Le Roi n'est point sujet à ces chambardements / Ni son gouvernement qui se sacrifie / Pour le bonheur de chacun et d'autrui. / Il nous faut conserver nos minces privilèges / Décider autrement serait sacrilège. / Devant l'autorité tout le monde acquiesça / (...) »
Le mot « acquiesça » me blesse. A mon sens, la situation invalide la prétention initiale à la sagesse, et révèle un égoïsme caché moralement sale. Il aurait fallu dire : « Sous la menace autoritaire, tout le monde se soumit » (et je me contrefous des rimes, qui ne devraient pas empêcher de raisonner, sinon le choix d'employer des vers n'est que néfaste – ou « tout le monde obtempéra »). Le principe d'égalité a été violé par cet acte d'autorité asymétrique, refusant à autrui ce qu'on s'accorde (et c'est un jeu de mots sur « la fraternité » avec situation de domination par l'aîné et non amitié respectant chacun). Les dictateurs Staline (célèbre) et Ceausescu ("il est anticommuniste, donc puni de prison, de chauffer sa maison l'hiver à plus de 12°C, et si le leader chauffe à 23°C son palais c'est pour mieux réfléchir au bien de tous" ai-je entendu dire) ont incarné cette dépravation de l'autorité prétendue altruiste, et dans la démocratie indirecte : le même mécanisme est évident (interdit de dénonciation, le principe républicain étant chez nous sacralisé), avec la corruption, les « avantages » et « régimes spéciaux » de parlementaires. La suite ne sera pas crédible en aval de ce passage sans contestation.

+ p116 « (…) / Pendant les premiers temps, la paix s'insinua / (…) / Chacun en profitait se servant au buffet. / Mais après quelques temps, les ramasseurs de graines / Sentirent en eux monter un sentiment de haine. / Nous sommes producteurs des richesses d'ici / Et d'autres sans rien faire sont aussi bien nourris. / (...) »
Là, ça n'a clairement rien à voir avec la logique animalière mais clairement une transcription de l'humain, avec producteurs et assistés. Cette remarque sur la démotivation des producteurs obligés de donner aux feignants est l'évidence qui a tué l'utopie communiste : si le salaire est automatique, le maximum de ratio réconfort/effort consiste à ne rien faire (un sur zéro tend vers plus l'infini, disent les matheux), d'où colère de ceux qui produisent quand même en comprenant que si personne ne fait rien, tous mourront de faim y compris eux-mêmes (d'où situation d'exploiteurs et exploités, même avec partage des productions). Les communistes, confrontés au problème, ont tenté d'écraser par la sévérité policière, mais le rendement est resté extrêmement médiocre, avec survie mais relative misère (sagesse populaire en URSS : « ils font semblant de nous payer, alors on fait semblant de travailler »). J'étais arrivé à cette conclusion avant de lire ce livre, mais il est rare de le voir dit par autrui, et je suis donc content. Toutefois, je ne suis pas anti-communiste primaire, presque au contraire : je suis pour l'interdiction de la domination financière et des héritages, fondements du capitalisme, je préférerais une simple rétribution inégalitaire au mérite (en récompensant davantage le travail pénible que la gestion de col blanc, et en récompensant l'invention qui évite le travail pénible inutile). Toutefois, en relisant les vers ci-dessus, je perçois un malentendu très possible : dans notre société occidentale, on appelle « créateurs de richesse » les entrepreneurs, non les employés producteurs, et ça change presque tout. En effet, ces entrepreneurs cherchent à ruiner la concurrence, à surfacturer les clients, la richesse produite se fait aux dépens d'autrui, c'est tout le contraire des partageurs actifs de la fable. Attention à bien mesurer les limites du parallèle. Autre réserve : l'invention en France du RMI a instauré le salaire d'existence (refusant le travail), et cette voie socialiste (distincte du communisme à travail obligatoire, en pratique travail au ralenti traînant des pieds en râlant, façon fonctionnaire « normal ») est une horreur : les employés au salaire minimum ne gagnent en fait que la différence avec ce salaire sans travail, en ayant en plus les frais de transport, garde d'enfants, etc. Les victimes d'injustice sont alors ces petits employés courageux, dans un contexte semi-égalitaire semi-inégalitaire dont ils sont les grands perdants (en ratio réconfort/effort, toujours).

- p116 « (…) / Mais c'était sans compter avec les nouveaux droits / Que s'étaient arrogés les faibles et ayant droit. / Comment ? L'on veut ici revenir aux ténèbres / Et recréer un monde à l'avenir funèbre ? / Les faibles plus nombreux sot bien la preuve que / Les forts sont au fond tous, antipatriotiques. / Certains ont même fui la belle égalité / Se sont expatriés vers la bestialité. / (…) »
Là je ne suis pas d'accord du tout, et mon approbation du passage précédent semble avoir reposé sur un malentendu. En effet, si les riches entrepreneurs qui se disent les créateurs de richesse sont effectivement une minorité, la majorité ici n'est nullement faite de RMIstes refusant le travail, mais de petits employés du privé sous payés par les riches dirigeants. Ceux qui profitent de droits indus ne sont pas la majorité, mais les chefs d'entreprise méprisent la majorité (surtout des petits travailleurs), ça change absolument tout au tableau, ici faux par amalgame injuste au nom de la faiblesse. Entre la droite en faveur des dominants exploitant les travailleurs de peine... et la gauche en faveur de l'assistanat des refuseurs de travail (et tranquilles fonctionnaires) exploitant les travailleurs de peine... il n'y a rien (le « centre » cumule les deux horreurs au lieu de les résoudre). Ceci dit, le texte oblique soudain vers tout autre chose, le patriotisme et la délocalisation, et si on prend effectivement du recul (d'accord), la majorité du monde est faite de travailleurs pauvres injustement sous-payés, et les Occidentaux sont (actuellement) en position de profiteurs exploiteurs, qu'ils méprisent le monde étranger qualifié de bestial (quand eux incarneraient l'Humanité) est simplement odieux de suffisance injuste – la moralité n'est pas du côté patriote, je crois. C'est ce qui me choque jusque dans l'extrême-gauche française : le souhait d'être des privilégiés à ratio réconfort/effort très supérieur au reste du monde (la popularité électorale est certes à ce prix, mais je trouve ça immoral). Si une révolution mondiale genre 1789 vient couper la tête des privilégiés jaloux, ce sera hélas funeste, tel est l'avenir funèbre que je vois ; ça n'a rien à voir avec l'ouvrier exhortant ses dirigeants à davantage partager au lieu d'insulter le travail de peine par l'inégalité de salaire à leur profit éclatant – cet ouvrier oubliant seulement qu'il gagne lui-même dix fois plus qu'un chinois en travaillant deux fois moins, et entend bien faire perdurer cette injustice-là. Avec complicité des médias, et des livres (dont celui-ci semble écrit par un chef d'entreprise). D'accord pour la rémunération au mérite plutôt que de profiter de droits en partage acquis sans effort, mais cela n'élit nullement nos fiers gens en cravate (cadres « supérieurs »), mais les ouvriers chinois. Inversement, je confirme mon sentiment que les socialistes et socio-démocrates mentent en se prétendant généreux par des gestes locaux tout en repoussant par les armes les étrangers (à la place de qui ils voudraient venir ici, comme nos ancêtres sont allés conquérir l'Amérique annonçant fortune éventuelle). « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », c'est l'immoralité - au sens altruiste de moralité, je ne suis pas sûr d'en connaître d'autres. Certes, « chacun chez soi » est une maxime envisageable, mais les Français sans pétrole ni droit de veto ONU (attirant faveurs et contrats des leaders étrangers) vivraient peu confortablement, et la situation voulue par nos nationalistes n'est nullement celle-ci mais une position jalouse de domination privilégiée, avec la force financière mal acquise par nos ancêtres. Dernier point : la délocalisation ; je suis d'accord pour que la richesse quitte l'Occident faignant pour apaiser la misère de la laborieuse Asie ; le problème est que les Chinois restent très sous-payés, quasi esclaves, et l'immense majorité de la plus-value fruit de leur labeur est conservée par les marchands et industriels délocalisateurs. Bref, la mondialisation me paraît juste en terme de mouvement (récompense au mérite sans privilège de naissance), mais les modalités de sa survenue sauvage sont calamiteuses, car fondées sur l'exploitation sans vergogne méprisant le travail. Les Chinois sont certes considérés par nos « penseurs » comme des idiots maladroits ne faisant que de la sous-qualité, mais c'est injuste : quand un produit est vendu dix Euros, l'ouvrier français le produit bien pour un Euro (la richesse allant surtout aux exploiteurs prenant les neuf Euros de différence), made in China il est vendu trois Euros avec immense succès, d'où délocalisation et ruine des usines françaises, mais ce qu'on ne nous dit pas c'est que l'ouvrier chinois l'a produit pour un demi-centime (avec fortune immense des délocalisateurs), et que si on lui avait donné les moyens (en cadence et éducation technique) de le produire pour trente centimes, il aurait fait aussi bien que l'ouvrier français, pour trois fois moins cher (deux fois moins cher avec le transport). Il s'agit là de chiffres virtuels, de principe, je ne prétends pas que c'est la vérité chiffrée. Bref, la délocalisation me paraît une bonne action effectuée par de très grands salauds, ruinant de petits salauds (ou aveugles, ou endoctrinés).

- p117 « (…) Les graineurs, fatigués, ramassaient beaucoup moins / Et les faibles, invités, se plaignaient néanmoins. / (…) / Jamais il ne fut dit qu'à ouvrir un buffet / Et à raser gratis l'on aurait pour effet / Une contradiction dans l'inégalité / Et une privation de toute égalité. (…) »
Je ne suis qu'à moitié d'accord : il est clair que l'attente oisive du partage est injuste, égalité sans contrainte implique inéquité, d'accord, mais les hauts-salaires, principaux bénéficiaires de l'inégalité, ne sont nullement les seuls travailleurs, au contraire leur métier est moins pénible que celui des sous-payés qu'ils méprisent : le riche, c'est le marchand qui a les poches pleines, pas l'ouvrier agricole, et si tous rechignent à payer pour le RMI, le sentiment d'injustice n'a pas le même goût pour le travailleur et pour l'exploiteur de travailleurs (rentier actionnaire ou travailleur dirigeant - on reviendra sur le sujet, abordé plus loin dans ce livre).

- p118 « (…) / Les graineurs devenus malgré eux essentiels / Sont pris au petit jeu devenu démentiel. / Le roi a bien compris qu'ils sont la vache à lait / Qu'il suffit de flatter, assis en son palais, / Pour qu'ils donnent leurs graines en solidarité. / Donner est aujourd'hui un énorme avantage / Il serait malvenu d'en concevoir outrage / La chance de pouvoir partager tous ses gains / Incontestablement fait de nous des humains. / Pour ceux qui soutenus se gavent d'avantages / Louons leurs qualités et leur très grand courage / De quotidiennement au buffet invités / Nous donner des leçons de fraternité. »
J'ai du mal à comprendre ce que dit cette conclusion. Apparemment, il s'agit de constater avec regret que les RMIstes refuseurs de travail (« soutenus ») ont gagné, que les travailleurs (« graineurs ») sont asservis, par impôts et taxes ? Au passage le mot de « humains » ici contredit la fable animalière complètement, et masque mal que c'était un propos politique. Je pense que Notrac n'a simplement pas compris le problème économique français : des richissimes « forts »exploitent des courageux « faibles » et « s'achètent une conscience », se disant généreux car ils subventionnent les handicapés inaptes au travail et autres gens sans emploi (dont les refuseurs de travail pénible), c'est je crois pour cela que la droite n'a pas révoqué le RMI socialiste en revenant au pouvoir : l'important c'est la course aux bénéfices (« gains ») sur le dos des masses laborieuses, et puisque ça fonctionne, on peut acheter la paix en payant un peu les inactifs qui risqueraient de prendre avec violence ce que les travailleurs sont condamnés à cher payer. Triomphe du système marchand (et des refuseurs de travail) aux dépens des travailleurs. Mais je répète que je ne suis pas gauchiste (ni CGTiste) : à mon avis, les travailleurs chinois ont plus de mérite que nous, injustement privilégiés (certes un peu moins que nos dirigeants, en entreprise comme politiciens). J'ai aussi conscience, en seconde lecture rapide ici, que Notrac répond partiellement à mes objections plus loin, pages 146-151.

CHAPITRE « Quelques lettres apocryphes »

- p123-124 « (…) / Ces chemins partent du cœur mais aussi de l'esprit. / Sur ces chemins-là, la vie est meilleure, car l'on n'y rencontre pas l'ironie, le cynisme, l'égoïsme, la mauvaise foi, les calculs d'intérêts, la solitude... / Sur ces chemins-là, la critique systématique, les dogmes, la volonté de nuire, la méfiance, la défiance, le corporatisme, l'irrespect sont absents. / Le plus triste aujourd'hui est que nombre d'entre vous trouveront ce qui précède ridicule. / (...) Henri Grouès, / dit l'Abbé Pierre »
Est-ce que l'auteur apocryphe de ce texte a lu l'Évangile ? J'en doute, car ce texte sacré infâme suscite l'irrespect le plus cru : Jésus, vénéré par les chrétiens, était un esclavagiste raciste dogmatique, appelant au meurtre des infidèles, à la punition des employés faisant moins fructifier l'argent que les banques, à la torture éternelle des hérétiques même s'ils ont avoué et regrettent, approuvant l'esclavage héréditaire des sur-endettés et admirant les esclavagistes autoritaires croyants, etc. Les monstres de l'Inquisition et de l'extermination Amérindienne ne trahissaient nullement la parole de Jésus : ils la suivaient à la lettre. Je pense sincèrement que feu l'Abbé Pierre était un homme bon, préférant la frugalité et le travail à la domination et au profit pécuniaire, mais il a visiblement occulté une partie atroce du message chrétien, sans le dire, pour préserver la soumission à l'autorité et l'appât égoïste (très populaire) du Paradis post-mortem. C'est là se montrer champion en calcul d'intérêt, manœuvrier. Ce texte épistolaire n'est donc pour lui pas crédible, puisque j'espère cet Abbé Pierre : intellectuellement honnête (je ne dis pas que Notrac ne l'est pas, je pense qu'il n'a simplement pas lu l'Évangile, seulement connu par ouïe dire).

- p134 « Montesquieu (…) J'ai, comme vous le savez, beaucoup écrit sur la démocratie qui repose sur le principe de vertu (le dévouement, le patriotisme, les comportements moraux et l'austérité traditionaliste, la liberté, l'amour des lois et de l'égalité) (...) »
Avant de dire que je suis choqué, il me faut envisager un malentendu possible, avec cette langue française de merde : le mot « qui » a deux sens totalement contraires, et ne pas préciser conduit droit au malentendu. Je n'aurais pas de critique à formuler si ce mot signifiait ici : (la démocratie,) « pas en général mais uniquement celle qui » ; je suis par contre fâché s'il signifie ici : (la démocratie,) « qui, automatiquement, par définition ». Exemple du sens 1 : "écraser l'être humain qui m'a piqué ma place de parking ?" ; exemple du sens 2 : "écraser l'être humain qui est mortel évidemment ?". Fin de la parenthèse, enfin le sens 1 parlerait ici d'une démocratie virtuelle plus ou moins idéalisée ou imparfaite, qui est un sujet comme un autre, effectivement libre pour affirmations partisanes. Par contre si c'est le sens 2 où ces propos seraient des affirmations catégoriques sur la démocratie : non ! Pas d'accord ! En pratique, la démocratie moderne ne repose nullement sur la vertu (« disposition à faire le bien ; qualité morale particulière » selon Larousse), mais sur le mensonge efficace, la publicité habile, l'alliance aux lobbies influents, pour favoriser des minorités (héritiers, fonctionnaires, concitoyens, franc-maçons, israélites) contre des majorités méprisées (travailleurs de bas d'échelle, employés du privé, étrangers, goyim). Associer ça à la « moralité », et la moralité au « patriotisme » (xénophobe anti-altruiste par principe, puisque fondé sur le rejet de l'autre) me paraît odieux. Ce Montesquieu serait un célèbre connard de plus, pistonné pour être édité et aujourd'hui « étudié » par tous (pour être admiré, cité) à l'école publique - école d'endoctrinement, ça se confirme. Tout est pourri. Et qu'on ne me réponde pas (façon « intellectuelle ») que ce « tous pourris » fait le jeu de l'extrême-droite ou de l'extrême-gauche : je déteste particulièrement l'extrême-droite pour son patriotisme (xénophobe) et l'extrême-gauche pour son corporatisme fonctionnaire (escomptant niveau de vie occidental quand même). Mais j'ai l'habitude de l'amalgame, c'est la technique usuelle dans cette république pourrie, avec de faux « intellectuels » carpettes.

CHAPITRE « Textes divers »

- p146 « Aveux d'un truand à la jeunesse / Je suis un truand, sans foi ni loi. / Je suis un voyou, profiteur et sans scrupules. / Je suis un tortionnaire, belliqueux et vicieux. / Je suis un capitaliste irresponsable et cupide. / Je méprise les salariés, l'Administration et les pauvres. (…) Je suis l'indigne descendant des seigneurs du moyen âge. / N'ayons pas peur des mots, je suis un 'employeur'. (…) »
(J'ai tronqué pour faire court et ne pas dissuader la lecture intégrale, mais chaque mot sonne juste, enfin : admirablement faux, dans le pseudo-argumentaire complet, bravo). Je comprends que cette parodie outrancière de mea-culpa (je ne me souviens plus le terme maoiste en la matière, auto-condamnation ?) exprime le ridicule de l'accusation à laquelle elle répond. Moi-même quand je parlais plus haut (ou pensais plus haut, en première lecture) de « patrons exploiteurs », j'en prends là plein les dents. Alors, sans mettre un + admiratif au passage cité, je me défends maintenant, et je signale l'injuste procès qui est fait là aux critiques, indirectement. Parler de « riches employeurs (s'enrichissant par le sous-paiement des plus petits employés et la surfacturation des clients) » n'a rien à voir avec les « employeurs » en général, par principe. Quand une famille d'ouvriers pauvres embauche une nounou pour la garde de ses enfants les jours de congé enseignant (fort nombreux en France...), ils sont en position d'employeurs, légalement, payant un service rendu répété (comme on achète des légumes ou une révision de chaudière), et ceci n'a rigoureusement aucun rapport avec une situation de profiteurs. Petit employé, je n'aimais pas consacrer les temps de repos au ménage, et, sur la pression de ma famille, j'ai « embauché » à 36 ans une femme de ménage, 2 heures par semaine (1 heure aurait suffi à mon avis, mais elle exigeait 2 heures ou refusait la proposition d'embauche), et avec les lois de cet état pourri, je devais payer 4 heures de mon salaire pour payer ses 2 heures à elle, plus les charges « sociales », en quoi étais-je alors en situation de profiteur ? C'est simplement malhonnête de l'affirmer. Ceci dit, le principe du commerce est « Revenu = Prix de vente – Prix de revient », et pour vivre (et a fortiri s'enrichir) avec ce principe (plutôt qu'avec un salaire où on se présente comme « machine » en location), il faut maximiser le prix de vente et minimiser le prix de revient, donc faire payer davantage les clients et rémunérer moins les employés, c'est quasi automatique, et moralement moche (réserve : un objet produit au coût de un euro fait gagner davantage s'il est vendu deux euros à mille clients que cent euros à neuf clients, OK, mais s'il est prévu onze (ou quinze) clients au prix super-élevé, c'est celui-ci qui sera normalement choisi, quitte à donner vingt Euros au secours Chrétien aidant les infirmes, en gage de « générosité » à l'américaine, « preuve » de foi altruiste... ce n'est pas du délire imaginaire mais de l'expérience professionnelle). Je confirme mon objection morale, et ça n'a rien à voir avec la position d'employeur. Ceci dit, je conviens que les employeurs font vivre leurs employés, qui seraient misérables s'il n'y avait plus d'employeurs (directement en régime capitaliste, ou indirectement via le transfert communiste de tout à l'état puis oisiveté-râleuse fonctionnaire possible pour tous). Quand on est parachuté dans le monde du travail (pour un métier sans guère de fonction publique), on quémande donc du travail à ces employeurs, normalement (sauf à préférer le RMI et la vente de drogue). On est donc complice, dominé acceptant la domination, c'est un fait. Mais je ne nous juge pas simplement complices : si je ne suis pas né chasseur-cueilleur ou cultivateur, c'est qu'il y a tout un système organisé autour, et s'y insérer discrètement n'est pas de l'approbation, mais une recherche de paix. Les révolutionnaires ont fait tant de dégâts, pour instaurer finalement d'autres privilèges, que la voie violente ou hurleuse ne fait pas envie. Voilà. Je ne crache pas sur la position d'employeur (façon CGT communiste souhaitant la ruine de tous les employeurs), j'ai seulement préféré la position de petit employé brimé à celle de cadre écraseur menteur surpayé, ce que mes facilités scolaires m'auraient aisément permis d'obtenir (de même que les « promotions » que j'ai refusées). Ceci dit, j'ai conscience de m'acheter une conscience un peu artificiellement : en acceptant mon salaire, provenant indirectement du mensonge commercial des vendeurs, je suis complice et c'est de l'argent sale, quelque part. Tout comme mon salaire occidental est une insulte au mérite des ouvriers chinois tellement plus travailleurs. Oui, je suis moche, pardon. Pas un monstre actif, juste un complice culpabilisé, vis à vis de ce système pourri. Je sais être excessivement anormal en cela, et le système démocratique ne me permet pas de traduire mon opinion en action par le simple vote de choix (abolition des frontières et des héritages, etc), puisque cette position est tellement anormale qu'elle ferait moins de 0,01% des voix je crois, et n'est donc même pas proposée pour être choisie. Pour la même raison, je ne prétends pas être un lecteur représentatif vis à vis de ce livre, simplement un avis parmi d'autres, avec argumentation à l'appui (davantage d'argumentation que dans ce livre, paradoxalement – mais le principe des livres visant une forme de succès est de plaire, pas du tout de présenter des arguments gênants, embarrassant la plupart des lecteurs, certes). Je ne dis pas que la majorité (locale) a raison, ni que mon avis doit écraser celui d'autrui, je ne fais qu'écrire ce que je pense. Si j'ai oublié un argument majeur à l'encontre de ma position, je serais ravi de le recevoir et de corriger, honnêtement (c'est super-facile avec un site Internet, quasi impossible avec un livre papier, sauf succès immense et réédition). (Dernière réserve, peut-être importante : l'idée marxiste de patron exploiteur me paraît partiellement stupide et démodée pour une autre raison : un financier pur aurait tout intérêt à remplacer les ouvriers par des machines modernes aussi efficaces et sans maladie ni grève, les pannes étant gérables par quelques techniciens... L'employeur qui restreint l'automatisation pour dispenser du salaire aux gens n'est pas du tout un pur salaud, et il prend des risques, il est seulement regrettable qu'il donne des fortunes aux cadres supérieurs ou traders et un salaire misérable aux travailleurs de peine dont il détesterait devoir faire le travail – ce thème de l'automatisation me touche pour une autre raison, relative à mon statut de complice pardon : quand le travail consiste à fabriquer des machines remplaçant les gens, avec mensonge commercial « l'automatisation, c'est davantage de qualité assurée », ce n'est pas facile à digérer. Quoique, idéalement, le travail pénible serait remplacé par l'automatisme, et il y aurait mille fois moins besoin de main d'œuvre, mais comment gérer l'explosion démographique ? Le désir d'enfant, ce n'est pas mon truc, je suis un peu spectateur d'un monde bizarre, je n'ai pas les solutions pour combler les vœux qui ne sont pas miens).

?! p160-163 « Parlé françé. (…) Il est certain qu'aujourd'hui écrire dans le respect de la syntaxe engage à s'exposer aux critiques goulues du modernisme. (…) ''Où te trouves-tu ?'' se dit à présent « T'es où ?'' (…) alors qu'il eut été inconvenant de terminer une phrase par un adverbe ou un pronom, c'est aujourd'hui un principe établi, faute de quoi l'on parle ''ringard''. / Ainsi, ''que faites-vous ?'' devient nécessairement le beaucoup plus gracieux ''tu fais quoi ?'' (…) il est possible que d'ici quelques années le français courant soit une sorte de patois, et que le français académique n'intéresse que quelques érudits, comme aujourd'hui le latin, le grec ou l'araméen... / Orthographe simplifiée, phrases normées par la facilité, grammaire expurgée de ses règles idiotes et vieillottes, syntaxe dialectisée, permettront aux Français futurs de se réjouir d'avoir enfin une langue à la portée de tous. / Les sportifs ne paraîtront plus ridicules, les Zanimateurs télé passeront pour des académiciens ''qui causent bien'', et les enseignants n'auront plus à corriger de fautes. / La poésie remplacée par le rap, le slam, et autres formes d'éructations verbales aura vécu. / (…) / Après tout, lorsque les danses tribales ont remplacé le tango, la valse et le boléro, se secouer au rythme saccageur de sonorisations surpuissantes peut s'appeler danser. / Alors au lieu d'aimer l'on pourra niquer à son aise, et faire des concours de pets au lieu de se torturer au scrabble, jeu fondamentalement élitiste et par là même inique. / KeSss-Ki-dit-çuilà, forme ultime de l'interrogation avancée, pourra prendre tout son sens dans la source splendide de l'inspiration populaire, et n'appellera pour seul écho que les ricanements aussi grassouillets qu'enjoués du peuple enfin libéré du joug outrageux des vieillards (...) »
Ce passage est, en ce qui me concerne, le drame de ce livre : sans lui, j'aurai classé le livre globalement « plutôt plaisant », avec lui j'hésite à préférer « carrément odieux ». Inversement, j'ai failli ne rédiger (à la place de cette lecture du livre entier, pour et contre) que la dénonciation de ce crachat envers mon site d'orthographe simplifiée, mille fois plus argumenté que ce dégueulis hautain de mépris injustifié. Allons-y point par point. 1/ Le titre est idiot : en orthographe simplifiée, on mettrait à la poubelle le particularisme du ç pour employer s, en pure logique alphabétique : « on n'entend s, on écrit s », sans punir ceux qui n'ont pas appris par cœur les exceptions, effectivement idiotes (et pas élitistes dans la mesure où ça élit les moutons serviles et pas les inventeurs du mieux). Mais effectivement, en présentant malhonnêtement l'orthographe simplifiée comme tout à la fois sacrilège et pleine d'autres exceptions injustifiables, on en cache la logique et attire la réprobation. Procédé infect. Ce n'est pas drôle de gagner en combat truqué. 2/ Les traditionalistes incarneraient le respect et les modernistes seraient goulus indécents... Eh, pas plus aujourd'hui qu'hier ! Quand on a étudié le moyenâgeux Rabelais à l'école, c'était (en pages vis-à-vis) traduit en Français « parfait » d'aujourd'hui, sachant qu'il y a eu des milliers d'évolutions depuis le 16e siècle, chacune étant insultée par les conservateurs, cramponnés aux difficultés qu'ils maîtrisaient mieux que le peuple (tirant de cela leur seule supériorité, faute de pensée logique et d'inventivité). 3/ « T'es où ? » est naturel pour ma génération, adolescente vers 1980, même si « à donf, la meuf elle est trop » est arrivé après. Mais je ne vais pas me battre contre Notrac, de la génération précédente, en faisant comme lui, pour dire « Non, ''t'es où'' c'est bien, c'est ''à donf'' qui ne l'est pas ! ». Cela me paraît une immense évidence. Considérer plaisantes et naturelles les expressions inventées par les jeunes de 1930 (sous condamnation de leurs parents, mais devenues usuelles en 1950) pour condamner spécifiquement les inventions des jeunes de 2010, que l'on ne maîtrise pas soi, c'est se montrer un « vieux con » ni plus ni moins que les parents de 1930. Ne même pas en avoir conscience traduit un grave manque de sens auto-critique. Personnellement, j'ai aussi du mal à comprendre les nouveautés du parler d'jeun's 2010, mais j'essaye de me renseigner, j'ai conscience que le parler jeune 1980 qui m'est naturel fâchait aussi mes grands-parents, au parler jugé alors effectivement « ringard », « ampoulé », « pas naturel » à mes yeux. Un minimum de relativisme conduirait à ne pas dire « j'avais raison d'imposer mes expressions, les nouveaux jeunes ont tort de m'imposer les leurs » mais « chaque génération se forge des conventions, je n'en avais pas conscience quand j'étais jeune, avec le recul je demande partiellement pardon à mes grands-parents, et inversement je vais essayer de me montrer plus tolérant qu'eux : traiter autrui comme on voudrait être traité si on était à sa place », principe de la morale (altruiste). 4/ Le mot « inconvenance » est effectivement majeur : la situation me rappelle celle de bourgeoise snob super-fière s'offusquant que telle personne commette l'outrage « aux bonnes mœurs convenues dans le milieu respectable » de placer la fourchette du mauvais côté « sous le prétexte futile que cet invité est gaucher, comme si les usages respectables ne valaient pas pour tous ! ». Fiers artifices, nuls à mes yeux, fausses supériorités insultantes. 5/ Le mot « nécessairement » est malhonnête. Une fois de plus, c'est « faites ce que je dis, pas ce que je fais » : il est présenté comme choquant l'éventuelle intolérance d'autrui, alors que cette parodie insultante exprime l'intolérance envers autrui. Il serait si simple de permettre les différentes formules sans condamner, et de laisser les jeunes générations choisir la langue de demain. Mais non : les anciens entendent continuer à dominer, sans le moindre effort d'adaptation. C'est simplement moche. Comme chez les lions, les jeunes en devenant adultes bousculent les vieux dominants jaloux qui refusent, ce n'est pas grand, c'est simplement bestial, avec immense fierté se prétendant la quintessence de l'Humanité. 6/ La prétention au « gracieux », à la « beauté » de la langue est partisane injuste. Quand on a été endoctriné, avec bâton et carotte (mauvaises et bonnes notes), on est guidé à apprécier ou détester, mais ça relève de la dictature laveuse de cerveau, non du pur esthétisme : sous Staline, les penseurs trouvaient magnifique le Héros Suprême (l'évidence était telle que « le premier à arrêter de l'applaudir mourrait mystérieusement le lendemain, très souvent – torturé de remords, sa dépouille en témoignait »). Là encore, un minimum de relativisme éviterait le mépris injustifié. Le français avec son moche son R est mille fois moins beau que le chinois ou le vietnamien, à mon goût. Le boshiman (claquements de langue sans vocalisation), que peuvent parler les muets et les singes, me paraît a priori une meilleure langue que le Français, à débattre. Et, objectivement, ce n'est pas aux endoctrinés d'en juger mais aux étrangers d'avis extérieur. Moi qui ai dû apprendre la langue française à mon épouse, je juge cette langue détestable, fourmillant de complexités inutiles, d'exceptions par millions « à apprendre par cœur », et nullement belle pour un esprit neuf. La découverte de l'Anglais m'a tout au contraire enthousiasmé, quand j'ai découvert que la pensée claire n'avait nul besoin de conjugaison ni d'accord des adjectifs (même s'il reste hélas des irrégularités, et une orthographe anti-phonétique encore pire que le Français). 7/ Le Français du seizième siècle n'intéresse que quelques passionnés l'ayant choisi pour loisir, et alors ? En quoi est-ce une honte d'avoir basculé vers ce statut ? Je ne percevrais pas du tout l'argument si le mot « académique » ne renvoyait à un autre passage de ce livre suggérant que les académiciens sont les plus grandes intelligences de la nation. Je le conteste : l'Académie Française est un ramassis de traditionalistes pistonnés conservateurs, entendant dominer par la maîtrise de complexités (totalement inutiles), faute d'idées ou d'inventions plaisantes. Au lieu de chercher à accueillir au mieux les enfants et les étrangers, en limitant le mérite aux idées et aux performances objectives, il s'agit d'endoctriner au respect des dominants locaux. C'est nul et anti-altruiste, encore une fois. La mention du latin, au passage, m'évoque un souvenir : j'ai étudié durant cinq ans la langue latine, pour une seule raison (outre ma note au Bac donnant des « points supplémentaires »), c'est que mes parents disaient que les « bonnes classes » étaient celles étudiant le latin ; autrement dit : pour « réussir », devenir socialement dominant, il est utile d'apprendre ces masses de déclinaisons et particularités totalement inutiles (l'anormal « supin en U » etc – qu'est-ce que j'en avais à foutre ? Qu'y jouent ceux qui adorent ça, pas moi...). Le traditionalisme cramponné au prestige du passé, plutôt qu'au mérite objectif, me semble ainsi clairement lié à la domination injustifiée. Je le regrette, Notrac lui l'approuve farouchement, semble-t-il. Une évolution timide a autorisé à dire « les z'haricots » sans plus de sacralisation du h là où il était exigé « aspiré », éh bien je suis sûr que dans deux cents ans, les gens trouveront Notrac (sans doute choqué par cet outrage au « bien parler ») simplement nul, se trompant de combat. Ou risible, oui, si c'est le but recherché, mais je n'ai vraiment pas le sentiment que ce texte soit un encouragement indirect au parlé anglicisé tronqué, au contraire. 8/ L'orthographe « simplifiée » et la « facilité » semblent ici citées comme des insultes. Je ne suis pas d'accord : les « intellectuels » français, nos plus grands littéraires, paraissant nuls à chier, inaptes à contester la propagande raciste américano-sioniste (approuvant l'extermination des Amérindiens et l'expulsion de la majorité palestinienne), je juge que ces connards ampoulés volent leur place, et que chacun devrait être incité à très simplement manipuler les idées, chercher les incohérences. Les écoliers français, obnubilés par les fautes artificielles, s'avèrent nuls au niveau européen, là où brillent les écoliers finlandais, se concentrant sur les idées sans orthographe ni grammaire orthographique (leur langue « régulière et transparente » s'écrit directement comme elle se parle). Notrac se trompe effectivement de combat, et c'est normal puisqu'il évite soigneusement de bousculer les dogmes des dominants, dont il fait partie j'ai l'impression. Un jeune de banlieue moitié illettré peut avoir à mes yeux davantage de sagesse que cet auteur, il suffit qu'il perçoive la honte de nos gouvernants de gauche et droite, ne voulant surtout pas rendre New York aux Mohicans mais voulant absolument rendre Haïfa aux Hébreux. Cinq fautes par mot, c'est moins grave que de dominer par des phrases ampoulées cachant les problèmes horribles, qui feraient comprendre le danger évitable de ce Monde : les Islamistes combattent effectivement des monstres, il n'y a pas besoin d'être fanatique aveugle pour en juger ainsi. Et si Mahomet était un tortionnaire esclavagiste, il copiait en cela Jésus ce que personne n'ose dire. Notre école ne semble avoir pour but que de casser l'intelligence critique pour former des soldats aveugles, érudits en particularismes difficiles, c'est très lamentable. Et pas drôle, non, pas du tout. 9/ Le mépris des sportifs est du même ordre : les littéraires sont offensés de ne pas être l'objet de toutes les admirations, et rappellent leur « supériorité » pour ce qu'ils déclarent seul compter (avec complicité des relais enseignants), le verbe – et surtout pas le fond qui pourrait déranger mais la forme seulement. Affligeant. 10/ Contrairement à ce que dit Notrac malhonnêtement par amalgame entre tout ce qu'il déteste, la poésie peut parfaitement exister, être appréciée, en orthographe simplifiée. C'est pour ça que je mettais un vers que j'adore (de Paul Eluard) en sous-titre de mon site sur l'orthographe simplifiée (phonétique en lettres standards). 11/ Le passage sur niquer et aimer me paraît foncièrement malhonnête (les classiques seraient tendres et les modernes seraient vulgaires bestiaux) : tout au contraire, ma pudique copine imaginaire, inventrice de l'orthographe simplifiée (l'ayant classiquement faite classer « débile mentale »), n'est en rien une obsédée sexuelle mais au contraire un ange de pudeur, choquée que les classiques aient détourné le mot « aimer », celui de la pure tendresse, pour désigner la fornication bestiale. L'indécence était peut-être moins dans les étables ou usines que dans les salons bourgeois libertins. 12/ Le fait de sous-entendre (en disant le contraire de manière caricaturale choquante) que le disco est tribal-nègre-singe quand le tango est artistique-cultivé-émouvant, c'est chez Notrac oublier que ses grands-parents puritains (et les catholiques intégristes ultra-minoritaires aujourd'hui) jugent (plus ou moins comme moi) atrocement obscène le tango (que deux amoureux le pratiquent en privé, d'accord, mais des échangistes en public : beuh...). Donc, une nouvelle fois, le propos de Notrac revient à dire « j'ai raison de condamner ce que je n'aime pas, on a tort de condamner ce que j'aime ». Et « Pourquoi ? Parce que ma génération est la seule à avoir su trouver le juste milieu entre guinderie et bestialité ! ». Certes, c'est tellement stupide que ça pourrait être une auto-parodie, mais je ne crois pas que c'est ici écrit au 3e degré [1er degré : le disco c'est génial, le tango c'est NUL !!! ; 2e degré : je criais bien sûr ça trop fort, pour faire réagir en sens inverse et conclure que le dico c'est nul, le tango c'est génial ; 3e degré : les esprits fins auront décelé que c'était en fait une parodie de parodie (de condamnation du tango), en fait le disco choque les nouveaux vieux comme le tango a choqué les anciens vieux.] Pour éviter l'objection « vieux con », je crois qu'il fallait écrire autrement. Là encore, ça rappelle la mauvaise stratégie de Jésus (qu'il ait existé ou pas) : parler en paraboles pas claires et dire « seuls les bons lecteurs comprendront » ­ d'où exterminations croisées entre interpréteurs divergents combattant « le Mal lire odieux ». Ce n'est pas drôle, je préfère l'expression claire. Sinon, c'est comme applaudir le ridicule « mort aux cons » (bien sûr au second degré selon les dominants) et punir arbitrairement de prison le similaire « mort aux juifs » au second degré (suspect d'inadmissible premier degré selon les dominants). Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? Hum... j'imagine le procureur hurler « n'avez-vous pas écrit... » ­ c'est comme le prof qui menace : « Celui qui osera dire ''mort au prof'' sera impitoyablement puni, renvoyé ! » ; réponse d'un élève logique : « Adieu msieur, vous êtes renvoyé: fallait pas l'dire ! » ; hurlement du Maître : « Pour interdire exclusivement ! » ; ricanement de l'élève : « Ouais ! Génial ! (il est interdit de dire) MORT AU PROF ! MORT AU PROF : YEAH ! (c'est interdit de le dire) AH-AH-AH ! » ; rappel à l'ordre immédiat : « Stop ! Seule l'Autorité légitime (moi) a le droit d'interdire ! » ; sourire de l'élève : « La leçon d'aujourd'hui, c'est ''faites ce que je dis, pas ce que je fais''? » ; grognement de l'autorité professorale : « Bande de jeunes idiots immatures, hop : interrogation écrite ! Ceux qui n'ont pas appris par cœur le dernier cours vont en prendre plein la gueule ! Paf ! Vous l'aurez cherché ! Vous finirez balayeurs de crottes canines et changeuses de couches gériatriques ! C'est moi la brillante et injuste victime de l'oppression minisérielle et administrative, pas vous. Le plus grand respect m'est dû, imbéciles ! ». Second degré pour susciter l'opinion contraire, relativiste ? Je ne crois pas. 13/ Le scrabble n'a rien de particulièrement élitiste : il s'adresse exclusivement aux francophones maîtrisant l'orthographe, même s'ils sont archi-nuls en Maths et en logique, en sensibilité créative, etc. Que ces « forts en orthographe » se disent constituer l'Élite est un abus de pouvoir, une domination imméritée. Les forts en jeux de chiffres ou autres pourraient pareillement prétendre dominer objectivement s'ils étaient intolérants et imbus de leur personne. C'est nul en logique et en morale, c'est tout le contraire d'une supériorité objective. 14/ Compte tenu de la pression scolaire quotidienne sévère, dictée par les vieux académiciens, je trouve que le terme de « joug » n'a rien de parodie ridicule mais exprime l'injustice de cette dictature. Toutefois, les adultes sont très majoritairement complices, refusant de faire l'effort de réapprendre un système ultra-simple qui faciliterait la vie de leurs jeunes enfants. L'égoïsme domine majoritairement, c'est pour ça que Notrac sera applaudi à tort (moralement) sur ce sujet orthographique. J'ai été un « excellent élève » dans cette école scandaleuse, parce que j'ai baissé mon froc pour obtenir des bonnes notes et compliments parentaux, mais je juge que ma copine imaginaire, classée handicapée mentale, a fait bien mieux que moi (et à fortiori que Notrac) en refusant les exceptions orthographiques et artifices grammaticaux, en inventant la langue française sans faute. Mais la domination sociale se contrefiche du mieux objectif. Hélas. La vague industrielle des années 1990 (« produisons moins cher en supprimant les traditions injustifiées et ne gardant que l'essentiel prouvé utile ») n'y a rien changé – il s'agissait d'asservir les producteurs au maximum de productivité/rentabilité, pendant que les dominants continuent à roucouler leur langue totalement contraire... Certes, les "amoureux de la langue" sont peu intéressés par son emploi utilitaire limité à exprimer des idées ou histoires, ils préfèrent leur langue truffée de particularismes qu'ils jugent jouissifsla, ils clament l'immense "beauté" de la langue par elle-même. Je ne suis pas d'accord du tout : on m'a fait répéter à l'école qu'était admirable l'asonance "quels sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes" - non, c'est très inférieur au proverbe populaire "sosé say sisou notésso" en swahili oriental, dont la charme est pour le moins obscur. Ce sont les guerres qui ont déterminé les langues "supérieures" et les langues "inférieures", ne pas y songer une seconde est regrettable. (Cela m'a fait terminer la lecture de ce livre sur une note de colère, argumentée).

- p170 « (…) / Le Vicomte / (…) / Cyrano / (…) / Moi, Monsieur, au point de cette année (…) Que cette année vous soit, nonobstant / Sa durée (…) Que paternellement vous vous préoccupâtes / De tendre votre front en souffrant leurs stigmates ? (...) »
Avec indulgence, je pourrais dire que cette page, ridicule de pédanterie traditionaliste, est de l'auto-dérision. Mais je ne suis pas sûr. Au lycée, les littéraires, fiers lettrés espérant devenir « intellectuels », nous méprisaient, nous les matheux-scienteux, dits ignares en « belles lettres » et à cœur vide de beauté, misérables matérialistes cherchant à ce que « l'outil marche ». Voilà, c'est l'auto-admiration littéraire, des passionnés de parler ancien, mots rares et imparfaits du subjonctif (disparus du langage courant), méconnus du plus grand nombre d'où admiration de soi et sentiment de supériorité. Affligeant. Ça finit donc mal, mais je n'oublie pas les quelques mots plaisants du livre, d'accord – voire merci, oui, merci. Le point magnifique que j'ai noté en page 41 rachète à mes yeux tout le reste, et même ce que je conteste m'a aidé à ré-exprimer mon point de vue (certes anormal, et ici titillé, mis à l'épreuve).