Scepticisme nutritionnel
par Reub El Andézakor, 30/07/2019

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  Il y a quelques années, dans l’entreprise où je travaillais, avait lieu une réunion d’information (facultative hors temps de travail) avec un titre comme « bien manger pour sa santé ». Je n’ai nullement été convaincu par cette conférence, et il me parait utile de tracer mes idées en désaccord aujourd’hui.

1/ Quantitatif contestable
  Le diététicien professionnel qui faisait l’exposé affirmait qu’il faut s’efforcer de manger des choses de très bon goût (même si c’est un peu cher), ainsi on ne mange pas trop (on ne grossit pas trop) et sinon on compense le manque de satisfaction qualitative par une satisfaction quantitative en mangeant énormément (ce qui fait grossir). Or mon expérience est totalement opposée à cette affirmation prétendue experte incontestable : ce qui est très délicieux, j’en reprends, encore et encore (l’envie pouvant aller au-delà de la satiété), alors que ce qui est mauvais, je n’en mange pas ou presque pas (m’arrêtant dégoûté avant satiété), escomptant que je mangerai mieux la prochaine fois. C’est une évidence que je crois universelle ou presque, et pas une particularité personnelle : si on vous sert à manger (au travail par exemple) du caca immonde en grande bassine, vous n’allez absolument pas « en dévorer des tonnes parce que c’est mauvais ». Le modèle « compenser le manque qualitatif par du quantitatif accru » n’est pas totalement idiot, mais ça ne s’applique pas à l’alimentaire humain je crois ; un agriculteur peut lui dire : pour produire 100 unités, j’ai besoin de 1 hectare excellent ou bien 10 hectares médiocres, mais ça ne s’applique nullement partout. Ici, pour le diététicien, je soupçonne un mensonge stratégique : il aura grand succès (auprès de ses clients payeurs) en remplaçant l’idée de régime dur/sévère/privatif par un régime annoncé délicieux (même si ça ne marchera pas, en fait, imposant séances de consultation encore et encore, payantes…).

2/ Scientisme aberrant
  Juste avant d’aller à cette conférence, j’avais lu un article vulgarisateur dans Science & Vie disant quelque chose comme « les instructions internationales en matière (d'apport alimentaire journalier recommandé) lipidique ont complètement changé récemment : l’idéal faisant consensus n’est plu’ 95% d’acides gras insaturés et 5% saturés mais après les dernières observations : 40% insaturés et 60% saturés ». J’ai donc posé une question dérangeante, après l’exposé magistral : « vous dites que la Science commande telle proportion mais j’ai lu que la Science vient de changer d’avis complètement, et donc risque de changer encore demain, où est la crédibilité là-dedans ? ». Le conférencier, connaissant le sujet en question, a répondu que ce qu’il nous présentait ne prétendait pas constituer « la vérité absolue éternelle » mais formait simplement « la vérité scientifique du moment ». J’ai souri, sans objecter publiquement, mais le mot « vérité » est abusif dans ces conditions, le mot approprié est « croyance ». Et une croyance est facultative théoriquement, récusable, réservée aux croyants et crédules, sans intelligence critique.

3/ Mon expérience
A/ A mon âge je suis en surpoids, après avoir été un enfant anorexique : le plus petit et le plus maigre de la classe durant toute ma jeune enfance. Le basculement entre les deux n’est pas survenu par boulimie névrotique adolescente, mais s’avère la conséquence de surdose médicamenteuse à 35 ans en sortant de l’hôpital (avec 23 cachets par jour imposés « médicalement »). Ça ne semble pas très « logique » mais c’est un vécu comme un autre.
B/ Concernant ma petite enfance, j’ai le souvenir clair que j’avais une horreur terrifiée devant le « pas bon » obligatoire, et cela concernait la plupart des aliments. J’avais une aversion totale pour ce qui est affiné (fromage, vins/cidres/bières, saucisson et jambon cru, olives, raisins secs, etc.) ainsi que la famille tomate/poivron/piment et banane/jacquier – il y a peut-être une molécule en commun, qui me dégoûte personnellement (le test à la phenyl-thio-urée m’a démontré en classe scolaire que nous n’avons pas tous le même goût). Mais je n’aurais pas été famélique si j’avais pu choisir la composition des repas, façon Restau-U en self-service à 18 ans ou célibataire seul à 34 ans ; je comprends que les nécessités en famille « nombreuse » ne permettent pas cette personnification des menus, mais c’était à mon avis une fausse anorexie. Et, quand ma femme a voulu que nous adoptions un enfant, il est injuste que la psychologue (délivrant l’agrément) m’ait envoyé en consultation à l’hôpital psychiatrique pour « inquiétante anorexie autrefois non prise en charge par psychiatre »… Abus faussement scientifique/médical.
C/ A la réflexion, j’ai pu regretter mon partiel refus de manger étant enfant (et le « pas très bon tolérable sans vomir » aurait pu/dû être accepté) : plus tard à 15 ans, à la naissance de mon cœur, j’aurais voulu être un grand gars athlétique, qu’aurait (peut-être) aimé l’élue de mon cœur. Mais c’était trop tard. A posteriori maintenant, je relative ce sentiment : je désapprouve la bestiale tendance féminine à préférer le fort (ou le riche). Je préfère la féminité imaginaire qui choisit « le plus gentil ». Aucun lien avec l’alimentation, là. Mais cette lucidité mienne intervient trop tard : je suis mort à 15 ans et demi – confirmé à 34 ans après décennies de tristesse fidèle, « no life ».
D/ Je comprends le souci maternel de donner aux enfants une alimentation équilibrée garante de bonne santé, mais je pense pouvoir objecter maintenant. C'est toute une histoire. Quand j’ai commencé à travailler (à temps complet), à l’âge de 20 ans, il fallait amener à midi son repas, réchauffable en faisant très longuement la queue pour le seul four disponible. Alors chaque midi je mangeais sans chauffer : un petit pot de fromage blanc sucré et une pomme, seulement et ça me suffisait. Et le soir chez moi : omelette aux pommes de terre ou œufs sur le plat, ou parfois une conserve de lentilles ou de petit pois-carottes, avec un yaourt sucré (ou crème lactée sucrée, je ne me souviens plu’ si ça existait déjà). Je n’ai jamais acheté ni viande ni légumes frais, durant deux décennies (avant mariage). Sans problème de santé quoique clament les nutritionnistes avec leurs dogmes sur la variété obligatoire des menus, sans examiner mon cas donc par induction (généralisation abusive, prétendant faussement à la vérité indéniable).
E/ Lors de ma première visite devant le médecin du travail, le vieux docteur proche de la retraite s’est montré inquiet que je sois un jeune homme seul se faisant lui-même à manger. Il a demandé ce que je cuisinais et j’ai répondu : « euh, par exemple des œufs… ». Il a alors paru paniqué : « COMBIEN d’œufs par semaine ??! ». A l’époque j’achetais (et mangeais) 18 œufs par semaine mais j’ai pensé qu’il allait crier si je le disais, alors j’ai un peu menti : « je sais pas : environ 12… », et il a hurlé « Non ! C’est mal ! PAS PLUS DE 2 œufs par semaine ! Obligé ! C’est du cholestérol presque pur ! Du bouchon pour les artères ! ». Il m’a prescrit aussitôt une quinzaine d’analyses sanguines, pour un bilan lipidique devant prouver que je devais immédiatement changer d’alimentation, avant infarctus imminent (s’il n’était pas déjà trop tard) ! Mais mes analyses au labo de la ville voisine se sont avérées toutes normales, sans aucune alarme. A mon avis, les publications « scientifiques » anti-œufs portent sur des gens gros surconsommant et en plus mangeant beaucoup d’œufs, c’est immensément différent du cas d’un mince jeune homme mangeant peu et presque que des œufs, la généralisation des cris anti-œufs est abusive (je ne sais pas si avait cours à l’époque le dogme du « devoir de précaution » ou le « parapluie » médical pour se couvrir en condamnant tout risque même non avéré). J’ai aussi entendu dire que les diététiciens français ordonnent 2 œufs maximum par semaine, alors que ce chiffre monte à 14 pour leurs collègues étasuniens : il s’agit de consensus/dogmes locaux et pas de preuve objective, donc.
F/ Personnellement, je ne sais pas ce que signifie le terme « avoir faim », et je ne suis pas un nanti n’ayant jamais eu le ventre vide pour dire ça : pendant les vacances d’été 1998, j’ai arrêté de manger durant un mois (peut-être comme le Bouddha, Jésus, Mahomet), car je voulais baisser mon poids pour atteindre la dose létale d’un produit que j’avais trouvé pour m’euthanasier (dose létale exprimée en mg par kg de masse corporelle). Je buvais de l’eau car la soif aiguë est insupportable mais ne pas manger ne donne que mal de tête (et avec un cachet d’aspirine par jour c’était supportable), enfin j’avais des envies de « mille-feuille » ou autre sucrerie (que je m’imposais de ne pas acheter), mais je n’aurais jamais exprimé le souhait de manger n’importe quoi même mauvais (fromage, caca, etc.). En pratique courante, sans période suicidaire active, je ne mange pas par « faim », mais par habitude ou par envie de quelque chose. Je ne sais pas si c’est anormal humainement (pour la partie bestiale en nous). Quand j’ai été hospitalisé deux ans (1998-2000), j’étais devenu très maigre « faisant peur » aux visiteurs, simplement parce que je ne mangeais pas tout aux repas hospitaliers : une diététicienne calculait certainement les rations pile pour couvrir les besoins quotidiens ni plus ni moins mais à supposer qu’on mange tout ce qui est proposé, or je ne mangeais ni choses au fromage ni à la tomate etc. sans ressentir de manque (j’étais frustré de ne pas avoir assez de « sucré », mais ça ne m’aurait en rien fait manger du fromage, horreur).
G/ Dans les années 2000, une docteure nutritionniste avait commencé à me donner un régime, puis elle a dit qu’elle ne pourrait rien faire contre mon surpoids tant que je prendrais ces médicaments. Mais dans ces quelques semaines d’essai, j’ai été frappé par le mécanisme appliqué : condamner/culpabiliser tout ce qui est bon, quelles que soient les quantités. Je n’y crois pas, à mon avis le nombre de calories est une combinaison linéaire Somme(Masses*Indices), les indices forts n’étant pas graves en soi si les quantités correspondantes sont faibles, mais ce n’était pas pris en compte, le principe étant la diabolisation du sucré, du gras, du salé. De même, je soupçonne une aberration dans la condamnation des « sucres », certains carbohydrates dits sucres n’étant pas nécessaires à ma satisfaction (glucose, fructose, lactose, maltose, etc.) tandis que je n’ai besoin ressenti que du plaisant à goût sucré (saccharose).
H/ Cette année 2019, j’ai vu la publicité télévisée multi-quotidienne pour un régime amaigrissant fournissant les repas à domicile et garantissant qu’on perdra du poids en mangeant nos plats préférés, mais je n’y crois pas. A mon avis, c’est un jeu de mots pour « préféré dans la liste fournie », et s’il n’y a rien que j’aime, je ne mangerai pas, donc maigrirai effectivement, mais il est faux de croire que j’aurai mangé ce que j’aime. Ça me rappelle une arnaque marketing au sujet d’un CD d’exercices de code de la route, acheté d’après son slogan « faites les tests à votre rythme ». Mon but était d’interrompre les questions une fois posées, pour discuter/expliquer posément à la néo-francophone apprenante, mais en fait il s’agissait d’exercices « à la vitesse de l’examen », non modifiable (sans interruption possible avant de répondre), tandis que l’acheteur pouvait « à son rythme » faire un examen par mois ou dix par jour, on ne parlait pas de la même chose, mais ils avaient vendu le truc en profitant de la confusion manquant de clarté. Je pense que c’est pareil pour les régimes amaigrissants « mangez comme vous aimez ». Arnaque (ne marchant que pour les gens aimant tout ou mangeant sans difficulté le mauvais goût).

4/ Bilan
  La nutrition semble finalement un domaine où interviennent plusieurs illogismes pseudo-scientifiques pour affirmer comme vérités indéniables ce qui s’avère finalement n’être que des opinions contestables.

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Ajout 07/12/2019 : Torture
   Je lis ce jour une nouvelle MSN effarante, pas vue à la télévision ( https://www.msn.com/fr-fr/actualite/faits-divers/un-enfant-ne-mange-pas-de-viande-il-est-exclu-de-la-cantine/ar-BBXSjYx?MSCC=1575692955&ocid=spartandhp ) : un enfant aurait été exclu de la cantine scolaire car il ne mangeait pas de viande, même en ne demandant rien à la place. Ce qui signifie que si les parents ne peuvent pas se libérer à midi pour le recevoir, non seulement il ne serait pas nourri, mais laissé à l’abandon dans les rues… Cela aurait pu m’arriver au CM1, au CM2, en sixième, années où j’étais demi-pensionnaire et plu’ externe.
   Il est dit que le règlement intérieur de la cantine stipule que les enfants doivent goûter à tout. J’assimile cela à une forme de dictature, de viol, écrabouillant le droit de refus-sans-violence. Pour moi, de tous temps, le fromage et les autres produits affinés (saucisson, vin, olives, etc.) ont toujours été une abomination vomitive, pourquoi la « loi » me forcerait-elle à cette souffrance vécue comme abomination ? Enfin, si c’était organisé comme l’œnologie avec récipients pour recracher, ce serait envisageable : mettre un micro-bout dans la bouche, berk, et recracher tout de suite (en vomissant éventuellement, en plus), mais non, il faut avaler, obligatoire. C’est pour moi de la torture explicite, atroce.
   Je suis entièrement solidaire du petit garçon et je serais d’avis de poursuivre en justice les commandeurs monstrueux. Hélas la justice est toute pourrie (je le sais par expérience), et ce n’est donc pas la peine, les monstres se donneraient raison entre eux, pour me condamner aussi, encore.

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Ajout 02/03/2020 : Les même publicités encore et toujours
  H’/ La publicité en question (sous diverses variantes) continue à très haute dose en 2020, rencontrant visiblement un immense succès la finançant. Ce que je disais au paragraphe H me parait rester entièrement valable, j’ajouterai seulement deux points :
a) J’envisage que le principe soit sur le mode hospitalier (fin de paragraphe F) : j’imagine que l’acheteur doit s’engager à ne rien manger d’autre que ce qui est fourni (sinon il ne maigrira pas et ne pourra en accuser le fournisseur de régime amaigrissant) et doit s’engager à tout manger (sinon il sera carencé en mauvaise santé, ce que les médecins pourront faire condamner). Bref, j’imagine qu’il s’agirait de remplacer l’alimentation aimée (sans perte de poids) par une alimentation perçue comme mauvaise (avec perte de poids mais insatisfaction chronique, le label “comme j’aime” étant une revendication marketing mensongère, un label clamé et non un sentiment du client exprimé par chacun – même si 1% ou 10% peuvent témoigner ainsi sans mentir, choisis pour les publicités). Une des variantes de cette publicité, avec une célébrité médiatique, disait que c’est bon et pas privatif, par exemple il avait mangé des lasagnes, fournis et très délicieux, or moi je n’aime pas les lasagnes et n’en aurais pas mangé, ce qui fait maigrir certes mais n’est pas comme j’aime du tout. Et s’il y avait ce jour-là “choix” personnel (au nom du “comme j’aime” revendiqué) avec de la choucroute, je n’aurai mangé ni de l’un ni de l’autre (je n’aime ni fromage ni vin). Enfin, je ne garantis pas que c’est ainsi que ça se passe, mais en tant que “gavé par la publicité” j’exprime mes doutes très forts (qui seraient à confirmer pour un jugement finalisé si c’était autre chose que des idées brutes émises comme ça en réaction).
b) Un autre élément-clé de cette publicité est la “satisfaction garantie”, qui me fait penser à une alliance entre nutritionnistes commandeurs et jeunes loups du marketing agressif. J’envisage (ou ai entendu, je ne me souviens plu’) un mécanisme comme ceci : “si vous n’êtes pas satisfait, nous vous remboursons à 100% ! c’est ça la satisfaction garantie !”. Mais ça ne me convint pas du tout : un usager mécontent reste mécontent ; si en plus il a perdu de l’argent il sera très mécontent, s’il est remboursé il ne sera qu’un peu mécontent, mais en rien satisfait, toutefois cette pratique argumentaire erronée doit passer entre les mailles des poursuites pour publicité mensongère, les textes de loi étant souvent aberrants, voire idiots, profondément (en interdisant de le dire, contester une chose jugée étant classé crime…). Pourriture totale.

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Ajout 28/07/2020 : Mise à jour vulgarisatrice
  J’ai aperçu dans un Science & Vie, lu en voyage, que les connaissances en matière d’obésité progressent, une étude d’imagerie cérébrale venant de montrer que manger trop ne venait pas d’un manque de sensation « satiété » (en mangeant n’importe quoi), comme cela était professé jusqu’à présent (au nom de la Science), mais d’une hyperactivation du circuit de plaisir/récompense (en mangeant telle chose, trop). Cela rejoint l’évidence que j’énonçais au début de ce site en contestant le prétendu expert : ce qu’on dévore n’est pas le très mauvais mais le très bon.
  En re-parcourant des Science & Vie lus cet été à la recherche de la référence précise du micro-article en question (pas retrouvé, hélas, peut-être dans un numéro laissé sur place), j’ai aperçu un autre petit article intéressant : dans le n°1186 de Juillet 2016 page 132 « Pourquoi n’aime-t-on pas certains aliments ? », et je suis encore en désaccord avec la prétendue Science (de l’époque). En effet, les « experts » répondaient que c’est « la faute à l’évolution ! » : nos ancêtres fuyaient les saveurs amères et acides, associées à l’époque au toxique et à l’avarié donc au dangereux/mortel, ce dont nous garderions la trace universelle ; pour les cas moins universels, c’est attribué à l’éducation, l’adulte n’aimant pas ce que ses parents ne lui ont pas fait goûter entre les âges de 4 mois et 3 ans. Non, c’est faux, j’ai découvert en allant aux Philippines plein de fruits inconnus à goût surprenant et très délicieux, et un autre infect (pour moi seul), ça n’a rien à voir avec la nouveauté. A mon avis, ça peut être lié à la présence de récepteurs particuliers à chacun au niveau des papilles gustatives, aléa génétique par exemple. Ainsi, tandis que mes parents ont fait goûter les mêmes aliments au même âge à moi-même, mon frère ainé, ma petite sœur, je suis le seul à avoir horreur de l’affiné, et mon frère : du poisson. Une autre explication personnifiante me vient de ma mère : elle dit que, si j’ai horreur de la banane, c’est que – quand j’étais très petit enfant – j’ai dû ingurgiter un antibiotique infect qui était édulcoré très fortement à la banane, me faisant associer pour toujours les deux sensations « goût de banane » et « goût abominable ». Peut-être est-ce vrai (pour banane et peut-être jaquier vaguement voisin ?), quoique ça n’explique apparemment pas mon aversion envers deux autres classes d’aliments : fromage/vin/bière/saucisson/olives (affiné), tomate/poivron/piment. Ce n'est pas universel darwinien, non, mais ce n’est pas social propre à mon milieu ou ma famille, non plu’. C’est ultra-personnel, comme apparu aléatoirement au sein d’un groupe. Autre démenti de l’affirmation « 4 mois à 3 ans » : la plupart des parents ne donnent pas aux petits enfants de café ni d’alcool, or ça n’empêche pas la plupart de ceux-ci de devenir des adultes aimant beaucoup cela.
   Plus anecdotique, je noterai une variante Hʺ de la publicité que je décriais en H/H’ : maintenant, elle dit comme un des points géniaux « on n’a surtout plu’ besoin de réfléchir à ce qu'on doit manger (tout est livré) », mais… évidemment que ça me ferait maigrir puisque je refuse le pas-bon affreux et serait donc en carence alimentaire ne mangeant pas tout (comme à l’hôpital, voir F). Ces privations (interdisant le bon, même en petite quantité) seraient pour moi une torture, pas un idéal, et je condamne donc cette réclame comme mensongère (en satisfaction-client). A mon avis, manger ce qu’on me commande de manger est un cauchemar me rappelant l’enfance, c’est l’exact contraire de ce que j’aime (comme une prostituée peut-être dégoûtée de coucher avec qui on lui dit, c’est l’exact contraire de l’amour – de cœur/sentiment – c’est militariste bestial méprisant la respectabilité de goût individuel).

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Ajout 12/08/2020 : Paradoxe complexe
  J’ai souvent entendu le dicton « la gourmandise est un vilain défaut » mais, à la réflexion, je pense que la gourmandise m’a « sauvé la vie », involontairement. Je vais essayer d’expliquer, pas à pas, la réflexion étrange qui me conduit à cette conclusion.
A/ De l’âge de 15 ans à 36 ans, j’étais considéré « en dépression » par les docteurs, généralistes et psychiatres. Cassé par celle que j’aimais, et infiniment fidèle, je ne vivais pas, je n’étais plu’ qu’un légume. Je songeais chaque jour au suicide, quoique ce soit interdit pour ne pas culpabiliser l’aimée (à supposer qu’elle soit informée de ma mort et ne s’en fiche pas éperdument). Je ne sortais pas, je n’avais pas de vie amoureuse, rien. « No life » m’a-t-on dit que s’appelait cet état, en psychiatrie.
B/ J’ai entendu dire qu’aux USA, les Amérindiens trainés en esclavage mourraient en masse, par désintérêt total envers cette vie-là. De même, avec la crise Covid19 cette année, il a été signalé qu’un grand nombre de personnes âgées françaises, privées de visites par le confinement ordonné, sont mortes de chagrin, ne trouvant plu’ de raison de vivre. Je signalerai aussi qu’il parait envisageable (quoiqu’il soit interdit légalement de l’affirmer voire de l’envisager sérieusement) que la Shoah a consisté à ce que les Juifs trainés en esclavage se soient laissé mourir en masse (d’où des dizaines de milliers de survivants des camps prétendus d’extermination, même après plusieurs années de présence, ayant simplement trouvé la force de vivre peut-être, eux anormalement). Pareil au Cambodge Khmer Rouge, où trainer en esclavage les « bourgeois » (et porteurs de lunettes) les a conduits à mourir en masse (avec quelques milliers d’exécution par arme mais immensément davantage de morts : un million). Bref, il semblerait que quand on ne trouve pas de raison de vivre, on meurt.
C/ Pourquoi ne suis-je donc pas mort de désintérêt total pour la vie, moi ? (entre 15 et 36 ans – ou bien en tant qu’adulte libéré des pressions familiales : 20 à 36 ans). Il se trouve que j’aimais bien le sucré, et quelques petits trucs agréables à manger. Ainsi je me faisais une omelette aux pommes de terre tous les soirs, un gâteau au yaourt mi-cuit (ou un flan-coco) chaque week-end, je mangeais un yaourt nature très sucré chaque midi, je me faisais parfois des coquillettes au sucre ou bien du riz au beurre salé. Par gourmandise, sans aucune volonté de vivre absolument, mas la survie physique semble avoir été un effet secondaire de cette gourmandise bénigne, vécue comme anodine sans grand intérêt (et sans culpabilité).
  C’est différent maintenant : après ma seconde tentative de suicide, à 34 ans et demi après 15 ans et demi, j’ai passé deux ans en hôpital, réanimation puis réapprendre à marcher, et j’étais très très maigre à l’hôpital à ne pas manger le pas-bon, mais gavé de médicaments en sortant finalement [avec 28 pilules par jour] je suis devenu obèse. Et maintenant, ma gourmandise est culpabilisée, comme m’empêchant de revenir à un poids normal. Entretemps, en situation de faiblesse, je me suis inscrit à une agence matrimoniale, je me suis marié, je ne suis plu’ dépressif, seulement très gros, gourmand, et mon épouse me dit que cette gourmandise, qui fait partie de moi depuis toujours, c’est mal. Voilà le tableau de mon point de vue personnel, sans l’ombre d’un rapport avec les diktats des nutritionnistes se prétendant savants et incontestables – si je les avais écoutés, je serais mort, simplement.

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Ajout 01/11/2020 : Semi-philosophie du bien manger
  J’ai repensé à un point, en dactylographiant les souvenirs de ma mère datant de quand j’étais petit enfant : au moins deux de mes ex-collègues-femmes, discutant récemment lors de pause déjeuner, ont parlé de leur instinct maternel « nutricier » : elles ressentent comme un devoir très majeur de nourrir leur famille et leurs enfants, les nourrir « bien » (même si ça fait parfois sourire ou ronchonner leurs maris et enfants). Et on retombe sur la notion définissant la philosophie (selon mon prof de philo Mr Urvoy en terminale) : le « bien » a 3 modalités indépendantes, le bon/le vrai/le beau, sauf qu’ici le sens de ces mots est différent. Je mange parce que c’est bon de goût, pas bon moralement en philosophie politique, finalement ça se rapprochait du beau au sens de plaisant (en mettant à la poubelle les délires prétentieux sur l’objectivité du beau). Le côté politique serait l’écrasement des caprices refuseurs, éduquant à obéir à l’autorité, et je confirme que je n’aime pas cette dictature. Enfin, le coté vrai, avec la théorie de la connaissance, serait impliqué en ceci que les docteurs affirment que La Vérité est dans la diététique décrivant ce qui est équilibré (en disant un peu n’importe quoi, de manière changeante – comme les instructions sur zéro lipide avant retour en arrière, ou hyper-protéine avant admission d’effets secondaires, ou deux litres d’eau par jour avant d’annuler cela du fait de maladies rénales induites, etc.). Bref, je comprends que ma mère a essayé de bien faire, dans un contexte où le bien n’était pas clair et simple, et ma conception du bien était différente, d’où désaccord profond (hostile et désagréable, au quotidien) avant que je puisse prendre du recul avec l’âge…

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Ajout 02/11/2020 : Supplices de Tantale avant 5 ans
  Toujours au sujet des souvenirs maternels « à tel endroit » (avant que j’aie 5 ans et demi), il m’est revenu en tête deux souvenirs alimentaires tenant aussi de la « torture » :
  Une fois, j’ai été mis à la diète, avec interdiction de manger pendant 2 jours. (Mes parents pensaient que j’allais un jour ou l’autre mourir de faim, de mon anorexie, et avaient demandé quoi faire à un docteur, qui avait commandé « mettez-le à la diète deux jours entiers, avec de l’eau s’il a soif mais interdit de manger, vous verrez que c’est lui qui demandera à manger, ça va le décoincer ! »). Mais moi, j’étais très content de ce nouveau mode d’existence sans la douleur systématique des repas conflictuels, autoritaires, et je ne demandais pas du tout à manger. Toutefois mon grand frère, qui adorait me brimer, me taquiner, m’embêter, s’est finalement amusé à me tenter avec du pain, puisque cela m’était interdit (à ce moment) : « Hmmm, c’est le meilleur pain que j’ai goûté de toute ma vie, génial, sublime, fabuleux ! Et pour toi interdit, ah-ah-ah ! Hmmm qu’il est bon, tellement ! »… Et moi, j’ai eu envie d’y goûter, demandant à en avoir, auprès de mes parents puisque mon frère appliquait l'interdiction commandée (et finalement j'ai été très déçu, évidemment, sous les ricanements vainqueurs de mon frère). Mes parents, naïfs (n’imaginant pas les tortures fratricides), ont conclu que c’était une grande victoire, que j’avais exprimé de la faim, enfin. Or c’était une totale erreur de conclusion : je n’avais exprimé que de la gourmandise, de l’envie d’un truc bien particulier, sans ressentir en rien le sentiment « faim » (de n’importe quoi comestible).
  Une autre fois (avant ou après, je ne sais plu’), mes parents m’avaient placé chez une dame (Mme Rozenvalon ?) pour une après-midi, allant faire des courses ou emmener mon frère au docteur, et il y avait un goûter avec des crêpes au sucre, pur régal pour moi, j’en salivais d’avance. MAIS, pour avoir droit aux crêpes, elle (enseignante ou autre éducatrice professionnelle ?) exigeait de manger avant un morceau de fromage Roquefort, le goûter au moins. Or moi j’étais révulsé par ce fromage puant (selon moi tout seul, les autres enfants adorant), d’odeur peut-être supportable mais comment mettre ça dans la bouche voire avaler ?? Pourtant j’avais tellement tellement envie d’une crêpe bien sucrée… J’ai craqué, et mis un morceau de fromage dans ma bouche, immonde je m’en souviens encore 50 ans après… Et j’ai vomi je crois, révulsé dégoûté choqué (comme "violé" ?), et je n’étais pas en état de manger des crêpes après, mes parents sont passés me reprendre. Cette torture là encore a été pratiquée au nom du Bien généreux, du mieux-être, et je ne suis en rien d’accord. Les divergences de goût devraient être respectées, au lieu de broyées. Peut-être est-ce le déclic mental, cette expérience précise, qui m’a rendu pour toujours hostile à l’abus d’autorité, voire à l’autorité en général (d'où anti-législateurs, anti-juges, anti-enseignants, etc.). C'est peut-être ce micro-détail qui a déterminé toute ma vie, me faisant refuser l'idée de devenir enseignant (métier de mes 2 parents, 4 grands parents, frère unique...).

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Ajout 07/02/2021 : « Trouble »
   J’ai aperçu l’autre jour dans la salle d’attente du médecin généraliste : une affiche alertait les parents sur le besoin de consulter un médecin si leur petit enfant refusait la nourriture. Ça s’appelait « troubles de l’oralité alimentaire » (problème physiologique ?) et non « anorexie » (prétendu autrefois problème psychiatrique ?).
   Je vais voir si je trouve sur Internet des compléments d’explication.
   Google confirme : « Trouble de l'oralité (ʺdysoralitéʺ) : trouble développemental des fonctions orales alimentaires. Il peut s'agir de troubles par absence de comportement spontané d'alimentation, ou par refus d'alimentation avec pour résultante que manger n'est pas ou plus un plaisir. ». C’est exactement ce que j’ai connu, oui (quoique dans mon souvenir : le déplaisir concernait 98% des aliments mais pas les crêpes beurre-sucre).
  Je lis aussi : https://www.allo-ortho.com/anorexie-trouble-alimentaire-pediatrique-trouble-de-loralite-neophobie-alimentaire-caprice-comment-sy-retrouvernbsp/
  Il est expliqué que « anorexie » signifie de manière générale un trouble du comportement alimentaire, et c’est « anorexie mentale » qui est spécifiquement un trouble dit psychiatrique, notamment décrit chez les filles à l’adolescence (volonté excessive d’être mince ?) – ça ne me concernait en rien, la psychologue (fonctionnaire pour adoption d’enfant) qui m’a envoyé à l’hôpital psychiatrique pour examen à cause d’anorexie enfantine pas prise en charge psychiatriquement a commis une faute professionnelle à mon avis. La néophobie alimentaire est un refus des aliments nouveaux, oui j’ai connu ça très clairement, c’est à mon avis une simple généralisation inductive (faute logique), ou prudence (sagesse) après expérience répétée de nouveau = mauvais affreux, donc crainte au bénéfice du doute, sorte de principe de précaution pour parler de manière moderne ; l’article dit que la réponse médicale est l’orthophonie, je ne comprends pas pourquoi. Le trouble de l’oralité alimentaire (ou trouble alimentaire pédiatrique) est aussi dirigé vers l’orthophonie, étonnamment. Le caprice est dit un autre élément, pas expliqué (je crois comprendre que c’est une colère dominatrice voulant imposer ses choix à l’adulte nourrisseur).
   Je demanderai à ma tante, orthophoniste retraitée, si elle a des explications à ce qui me semble très mystérieux, concernant le lien entre orthophonie et refus de manger le pas-bon.

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Ajout 09/02/2021 : Réponse orthophoniste
   Ma tante spécialiste me répond que les orthophonistes prennent en charge les troubles de déglutition, ce qui explique partiellement la question.
  Toutefois, en ce qui me concerne, ce n’était absolument pas ça, et les médecins se seraient totalement trompés en prenant cette direction.
  J’ai entendu le récit familial que mon prétendu blocage était intervenu quand j’avais environ 1 an et que mes parents sont partis deux semaines en vacances en nous laissant mon frère et moi à une nounou sévère, je ne sais pas, je n’en garde aucun souvenir. Je me souviens par contre précisément de l’horreur des repas vers 2-3-5-10 ans, et je ne pense pas que c’était de l’anorexie, simplement j’étais dégoûté par plusieurs familles d’aliments, qui étaient mis systématiquement dans la nourriture hélas, mais j’ai toujours dévoré les crêpes au sucre et la bouille lactée biscuitée (d’après mes souvenirs). Erreur de diagnostic de tous les professionnels je pense. En biologie à l’IUT, on a fait le test phényl-thio-urée, révélant de manière criante que nous n’avons pas du tout le même goût les uns les autres (pour cette molécule : environ 25% des goûteurs trouvant ça immonde insupportable, 50% un peu désagréable, 25% sans aucun goût, crois-je me souvenir, et j'étais dans la denière catégorie, ayant pensé au goût que c'était de la farine ou du talc simplement). Je pouvais ainsi avoir une intolérance à trois molécules, dans les classes aliments affinés/caca-microbien, famille de tomate/piment, famille de banane/jaquier, ça suffirait à tout expliquer (pour la période 2-3-5-10 ans). Pour le blocage à 1 an, c’est peut-être (avec erreur des psys freudiens voulant culpabiliser les parents) la découverte de l’aliment fromage qui a déclenché le blocage, contredisant le principe aliment = agréable, bloquant tout par méfiance ou terreur devant l’inconnu suspect, dès lors.
   Comment cela s’est-il décoincé ? Ce n’est pas par disparition de l’intolérance en question, ces familles d’aliments me font toujours horreur et, maintenant adulte choisissant mes repas je n’en mange jamais. Simplement, à l’adolescence vers 13 ans, j’ai compris qu’il fallait être moins « petit et maigre » pour plaire aux filles, et j’ai toléré de manger un petit peu des trucs horribles (sous-groupe « tolérable »), pour devenir presque normal, d’apparence extérieure (sans rester le plus petit et plus maigre de la classe, les filles se pâmant hélas devant les grands costauds champions bestiaux).

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Ajout 11-14/02/2021 : Fausse malbouffe
   Mon épouse m’a signalé avoir vu sur Internet le compte-rendu d’une expérience ruinant la crédibilité des restaurants MacDo : un nouvel employé MacDo s’est vu offrir gratuitement 3 repas MacDo par jour pendant 3 mois, ce dont il a profité, puis des analyses ont montré (à la fin) de graves excès et carences dans son sang. (Sans préciser si, à titre témoin, avaient été effectuées les mêmes analyses avant début de l’expérience). Elle en concluait « attention à la nourriture MacDo » et je pense que la pensée unique française doit clamer ça sous forme « c’est la preuve que MacDo c’est de la malbouffe, ça devrait être interdit ».
   Cela me semble totalement faux, biaisé dans un but prédéterminé, malhonnête. En effet les émissions culinaires télévisées montrent au quotidien que les grands chefs français étoilés mettent une quantité phénoménale de beurre dans leurs plats, vraisemblablement pour que ça ait bon goût (ou pour la texture ou autre), or si on mangeait 3 repas par jour (gratuitement) dans un de ces « grands restaurants », on aurait pareillement des excès de gras très graves. Et manque de vitamines si on a choisi de manger toujours des fritures sans légumes frais ni fruits frais (MacDo propose des salades mais ce n’est pas du tout le meilleur donc très peu choisi). L’excès de gras et manque de vitamines n’est en rien spécifique de MacDo mais propre au protocole suivi. La conclusion clamée est donc erronée.
   A mon avis, pour un repas par mois voire par semaine, MacDo est « très bien », pas « mal » du tout, tandis que les restaus franchouillards mettant du fromage et du vin partout sont pire que mal à mon goût, ils vendent de la merde (selon moi) ! Mais j’ai l’honnêteté de penser « chacun ses goûts », tout au contraire des affirmatifs de « malbouffe » clamant avoir raison objectivement, scientifiquement. Non, c’est entièrement faux, cela, faux et usage de faux, escroquerie.
   Cela dit, un grand restaurant est très cher, rendant peu faisable d’y aller en grande routine comme c’est possible pour MacDo, qui a réduit les prix par un mangement dur façon étasunienne (contraire de fonctionnaire). Du moins en France (aux Philippines, MacDo est considéré comme restaurant de luxe, cher). En tout cas, il suffirait de dire comme pour le vin, le sucre, le gras, le salé : « à consommer avec modération » – ceci s’appliquant aux restaurants en général et pas spécifiquement MacDo, ruinant le concept de « malbouffe » américaine.
   Certes, c’est la restauration « rapide » qui est décriée, même l’enseigne française concurrente du MacDo étasunien, et un employé n’a pas le temps de faire 3 très longs repas par jour en grand restaurant. Mais ce n’est pas complètement un argument, car un retraité ou millionnaire rentier aurait ce temps, et donc les grands restaurants n’ont pas être exempts du même avertissement. (Si c’était géré honnêtement, ce qui ne semble pas le cas).

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Ajout 21/02/2021 : Vu de l’autre côté
   L’autre midi, je mangeais avec mon fils en vacances, tandis que mon épouse était au travail, devant rentrer bien plus tard. J’ai fait deux choses que mon fils aime, d’habitude, mais après en avoir mangé une petite moitié, il m’a dit « j’ai plu’ faim, tu peux finir ? » ; Oui, d’accord, d’autant que le médecin généraliste l’avait jugé un peu trop gros, incitant sa mère à moins le forcer à manger. Et puis je suis allé faire autre chose à un autre étage, ma femme est arrivée, et quand j’ai réapparu dans la salle à manger, mon fils dévorait, et ma femme m’a dit « il avait très très faim, pourquoi tu ne lui as pas donné assez à manger ? ». Je me suis senti trahi, par le mensonge sur la non-faim qui m’avait été asséné. Et pourtant je l’ai pratiqué étant petit : je disais « j’ai plu’ faim », parce que je ne voulais plu’ me forcer à manger du pas bon, mais si apparaissait un gâteau délicieux, j’en demandais, avouant mon mensonge, désolé (« mon ventre était tout plein ici, mais il me reste une petite place là… »).
   Mais, à la réflexion, c’est une ambiguïté de la pourrie langue française, pas claire (la langue anglaise ne l’est pas davantage je crois) :
1/ Avoir faim signifie avoir envie de manger n’importe quoi dit comestible (je n’ai jamais connu la faim, je ne mentais pas en disant que je n’avais pas faim, sauf que l’expression « plu’ faim », mot à mot, présuppose que j’avais faim avant, ce qui n’est pas vrai, mais tout le monde parlait comme ça et je laissais dire, simplement, ayant enregistré que l’expression « j’ai plu’ faim » me dispensait de finir, parfois ou souvent).
2/ Avoir envie d’un plat ou d’un gâteau est tout à fait autre chose. On peut avoir envie d’un plat même si on n’a pas faim. Les millions de choses que j’ai mangées ont été ingérées comme ça – hors contrainte parentale horrible quand j’étais enfant. Enfin, à partir de 13-14 ans, j’ai commencé à accepter le « tolérable quoique pas plaisant » pour cesser d’être le plus petit de la classe, les filles admirant bestialement les grands (les forts, dominants).
   Bref, le premier « j’ai plu’ faim » était mal exprimé, trompé par l’éducation verbale, le vrai mot étant « j’ai pas envie (de me forcer à continuer à manger ceci) ». Et le second moment, voulant du gâteau, n’était pas une contradiction malhonnête « si, finalement j’ai faim », mais « ça c’est différent, j’en ai envie ». C’est moche d’éduquer les enfants à se contredire, à cause d’une langue pas claire piégeuse. Ce n’est pas la faute de mes parents ou de moi-même devenu parent, mais je désapprouve totalement les faux penseurs déclamant que la langue française est une splendeur de clarté et d’intelligence. Non, pas d’accord.

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Ajout 23/02/2021 : Tradition atroce
   Aujourd’hui à la télévision, dans l’émission Morandini Live se penchant sur les menus sans viande dans les cantines de Lyon (à maire écologiste décideur) pendant la crise sanitaire, un intervenant a prononcé des mots qui m’ont choqué. J’ai pris des notes après coup : il s’agit de Rudolph Granier, élu Les Républicains à Paris, âgé de 41 ans me dit Internet, il a dit quelque chose comme « L’éducation des enfants, de mon temps, c’était ʺmanger de tout, finir son assiette, se taireʺ, c’était clair, c’était bien ».
   Je ne suis absolument pas d’accord. Ce traitement pour un enfant, obligeant à manger l’immonde (vécu tel) et finir intégralement la portion commandée par l’adulte (en remangeant les vomissements éventuels ?), sans droit à protester ni refuser, je considère que c’est de la tyrannie, de la torture, de l’abus de pouvoir, un acte de cruauté, sadique ou apparenté. Ça me semble une forme non sexuelle de viol pédophile, un adulte imposant à un enfant (contre sa volonté exprimée en clair quoique contrainte de se taire) un acte vécu comme une horreur. Oui, viol, tout à fait, et bien davantage que les attouchements sexuels des libertaires soixante-huitards voulant donner du plaisir avant la date d’autorisation officielle.

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Ajout 01/03/2021 : Lettre reçue
  On me répond : « Horreur devant les méthodes coercitives qu’une mauvaise psychologie nous poussait à t’infliger, pour te ʺcorrigerʺ, pour ton ʺbienʺ. Revu sous cet angle, c’est limite de la torture. On te doit des excuses. »
  Euh, je ne demande pas des excuses personnelles, ce qui est fait est fait (et ça m’a forgé à l’idée de lutter contre l’abus d’autorité, ce qui est peut-être utile au monde) et mon idée n’est pas de chercher des individus coupables, mais des erreurs de principe, à ne pas réitérer pour les générations suivantes. La source me semble être d’avoir cru les psychologues prétendus scientifiques et avec scientisme affirmant « la Science dit le vrai ». Les deux sont faux : la science ne dit que des théories en instance d’invalidation, et les sciences humaines sont du baratin (bla-bla) même pas scientifique (théories non testables, non soumises à réfutation expérimentale). Opprimer en ce nom est atroce. Cela en tout cas est à ne jamais répéter. Ça ne garantit pas que le n’importe quoi intuitif serait mieux, mais j’ai l’utopie d’espérer que ce serait au moins « un peu mieux » sans diktat sévère affirmatif pour récuser les réserves spontanées intuitives.