Ébauche d'introspection politico-familiale

Par Tophe B., 16-21 Avril 2011

      La phrase
      Notre tradition familiale
      La "réussite" dans le privé
      La position dans le secteur public
      Le principe de travail
      Maintenant...
      Mea culpa
      (ajout 2012)

    Je suis en train de dactylographier le futur opuscule écrit par ma mère au sujet de sa propre mère, et une phrase m’a « secoué », choqué, m’incitant à réfléchir, pour digérer, essayer de digérer... Mon analyse (délirante) est toutefois trop longue pour être incluse en annexe du petit livre maternel (et trop négative pour un livre-hommage), par ailleurs il sera plus aisé de réfléchir sans me focaliser sur ma grand-mère, mal connue. D'où ce site extérieur. En tout cas, je saisis VITE cette opportunité de faire le point en tant qu’adulte relativement « libre », avant de voir très prochainement chamboulées mes valeurs par une adoption m’amenant à la position de parent, qui peut effectivement tout changer (en mieux paraît-il, j’en doute).

La phrase
   C’est un témoignage de ma cousine L--, citant notre autoritaire grand-mère : « le commentaire des études qu'entreprenaient ses petites filles : ’’Dire qu'il y en a une qui a les mains dans la terre, l'autre qui les a dans la merde et la dernière qui sert les gens... ’’ ». Cela fait je crois référence à L-- paysagiste, S-- ingénieure en environnement, J-- diplômée en restauration. J’ignorais totalement que ma grand-mère avait eu ce jugement cassant, mais le découvrir – avec regret – m’est précieux (merci cousine), expliquant ou confirmant beaucoup de choses.
   Mon opinion spontanée est exactement inverse : à mon avis ces trois professions méritent bien davantage salaire que le métier d’institutrice (française) de ma trop fière grand-mère. Je vais expliquer, pas à pas.

Notre tradition familiale
   Mes deux parents (nés dans les années 1930), comme mes quatre grands-parents (nés dans les années 1900), étaient enseignants de l’école publique, leur but familial à tous semblait être la « réussite » de leurs enfants et petits-enfants (nés dans les années 1960-70), pour faire fonctionner au maximum « l’ascenseur social » via le mérite scolaire. J’étais extrêmement « bien parti » en ce sens : toujours premier de la classe, classé « surdoué », et cela même à l’âge de quinze ans, adolescent, abordant les difficiles mathématiques de l'époque (« démontrez que » et non plus du tout « appliquez bien ce qu’on vous a fait apprendre par cœur »).
   J’ai toutefois « disjoncté » au cours de cette année 1979, en tombant amoureux fou de la dernière de la classe, en détresse et insultée par les profs, pauvre petite que je préférais infiniment à moi-même et aux prétentieuses briguant ma place de premier. Enfin… la déconnexion de la tradition était amorcée, mais pas encore irréversible : si la jeune fille en question avait accepté mon aide scolaire, pour remonter et ne pas redoubler, pour briller à son tour, ç’aurait été un contretemps souriant (me détournant de la focalisation sur des performances personnelles maximales mais) ne m’éloignant guère du chemin prévu. Toutefois, elle a refusé mon aide en me faisant la gueule, ce que j’ai cru être un refus vis à vis d’une sorte de condescendance méprisante (involontaire), et là je me suis donné tort à 100%, ou 1000%... C’était un malentendu, je l’ai appris 14 ans plus tard (d’elle, en fait ambitieuse méprisant les humbles, ayant seulement eu une année de déprime passagère), mais mes valeurs s’étaient cristallisées entre-temps, autour du principe d’injustice, de culpabilité en haut de l’échelle.
   J’ai voulu devenir « balayeur de crottes de chien » – après un Bac C mention Très Bien obtenu involontairement après 2 ans et demi de dépression, sous antipsychotiques pour ne pas (re-)sauter par la fenêtre – je souhaitais devenir socialement zéro (à défaut d’être mort, ce qui aurait effectivement culpabilisé mon adorée, je n’en avais amoureusement pas le droit), mais cela faisait une peine immense à ma famille, et j’ai donc accepté de faire de courtes études de technicien supérieur, avant de préférer un poste de simple technicien (non supérieur).
   Je suis donc sorti vivant, de justesse, de cette adolescence, mais pas du tout dans la ligne prévue. Maintenant, je regarde « d’en bas » cette société approuvée par mon ambitieuse famille, et je suis simplement amer : sans regret aucun quant à ma position (voulue et assumée), mais simplement dégoûté par la situation que je vois (je vais expliquer pourquoi). J’ai finalement accepté que mon diplôme soit reconnu et payé, mais j’ai refusé la promotion au poste de cadre (à mes yeux : complice actif du système de domination injuste).

La « réussite » dans le privé
   N’étant par hasard pas devenu balayeur fonctionnaire, ni laborantin hospitalier, je me retrouve employé du secteur privé. « Au dessus de moi », je vois « faire carrière » des menteurs et des ambitieux, techniquement incompétents, mathématiquement erronés, flattant les puissants et manœuvrant pour monter toujours plus haut à la place d'autrui – les Etasuniens appellent cela « la course de rats », c’est l'idéal commun là-bas. Le secret de la réussite est clairement le mensonge : mentir sur les performances du produit (avec un enrobage mathématique que je suis apparemment le seul à démonter) est ce qui fait vendre, ce qui assure le succès, la promotion personnelle. Plus les managers sont haut-placés dans la hiérarchie, plus ils mentent ouvertement, et si je suis en désaccord, la seule réponse reçue (faute d’argument sur le contenu) est que je suis libre de démissionner. Certes, c’est en cela que les employés ne sont pas esclaves. Mais dire (comme ma grand-mère ?) que les serviteurs sont inférieurs en respectabilité me paraît odieux : mes « petits » collègues voient « au-dessus » d’eux les mensonges (ou certains mensonges évidents, hors questions mathématiques), et sourient ou soupirent, subissent, préfèrent penser à autre chose – être indifférents à ce cirque nul assure notre salaire, permettant de faire vivre (et assurer l’avenir de) leurs enfants.
   Je ne suis pas révolutionnaire, je ne souhaite pas que la classe d’en-bas massacre ou écrase la classe d’en-haut (elle ferait sans doute pareil à sa place, comme les générations anti-aristocrates sont paraît-il devenues esclavagistes), je juge simplement que cette domination sociale présente n’est en rien une domination intellectuelle, au contraire. (Et j’écris des livres le soir après le travail, des nouvelles romantiques surtout mais aussi les éléments de réfutation de la crédibilité scientifique, de la statistique pharmaceutique, de la moralité chrétienne, thèses que je crois mille fois plus majeures que le pompeux dégueulis verbal de nos érudits professionnels – j’ai peut-être davantage produit « intellectuellement » que mes grands-mères « à métier intellectuel »). La position sociale n’a visiblement aucun rapport avec le mérite personnel objectif (en honnêteté, en logique, en inventivité, en performance productive, en effort pour servir autrui). De très fiers « beaux-parleurs » (beaux selon eux) dominent injustement, cela me paraît très évident – certes ici comme ailleurs, c’est peut-être l’Humanité qui est intrinsèquement malade, préférant le mensonge égoïste à la cohérence altruiste : on n'aime pas être victime de mensonge, mais on le pratique pour en tirer profit. (Je ne généralise pas démentiellement à partir d’un cas d’entreprise anormalement malhonnête, les mathématiciens professionnels m’ont répondu « tout le monde fait comme ça, c'est pareil chez les concurrents : il faut un peu oublier le théorique, pour répondre au besoin demandé » ; effectivement, les aberrations sont explicitement dans les textes réglementaires officiels, écrits par des commissions d'industriels… j’ai tout cassé, et reconstruit – à la maison – mais les tests seraient alors beaucoup plus chers, avec des conclusions assorties de colossales réserves que détesterait le marketing et qui embarrasseraient les vendeurs, et ça « validerait » infiniment moins de produits, alors… chut, il faut pas le dire… il faut « être positif », « se montrer responsable », « piloter sa carrière »…).
   En tout cas, avec ou sans la moderne dérive en blouse blanche (détournant l’honnêteté mathématique), le système marchand me paraît pourri par principe : au lieu de distribuer la production utile, il s’agit de mentir sur le coût pour en fait s’enrichir personnellement aux dépens d’autrui (producteurs sous-payés, clients sur-facturés, concurrents ruinés), appâter pour l’inutile (quitte à générer violence ou ruine), gaspiller en offre pléthorique (mais chère pour finalement encombrer les poubelles futures en ayant épuisé les ressources). L’enrichissement choquant de spéculateurs sans aucun mérite et de traders bradeurs d’usines est célèbre, mais le mal me paraît bien plus profond – il y a deux mille ans, si les 4 Evangiles officiels ne sont pas des contes anachroniques, l’esclavagiste Jésus-Christ (approuvait l'extermination volontaire d'enfants par le Déluge, voulait faire assassiner les parents incroyants mais aussi) punissait d’enfer les serviteurs ne rapportant pas plus que les intérêts bancaires. Les malhonnêtes exploiteurs laïcs ont remplacé leurs équivalents religieux, sans faire moralement mieux. J’aurais dû être ermite, si les ermites ne sont pas délogés des montagnes (enfermés en asile ?) par les « possesseurs » du monde. Je mange, sans produire la nourriture, ça me paraît déjà injuste, j’aurais dû être ouvrier agricole peut-être (comme le Gésus-Trist dont j'ai inventé l'histoire). En maudissant des employeurs oisifs richissimes, « ayant réussi » injustement…
   Mon frère fonctionnaire, professeur, m’a dit un jour que « le Mal, c’est le fric », ce qui me semble partiellement vrai. Et en théorie, je pourrais passer des concours pour entrer dans le secteur public, non lucratif, si ne sont pas automatiquement refusés les « réformés du Service Militaire pour troubles psychiatriques ». Mais…

La position dans le secteur public
   Vue du monde privé, la fonction publique s'avère choquante, allant de l'inefficacité bougonne des répondeuses téléphoniques Sécu à la tranquillité énervante des chercheurs CNRS (en linguistique romane ou autre) explorant ce qu'ils veulent sans aucun souci de retour sur investissement justifiant leur paye, cette logique étant couronnée par les privilèges des sénateurs (luxueuses indemnités et retraites auto-attribuées) s'affirmant élus représentants sans s'être soumis au choix populaire. Mais bon, il convient de dépasser ce vernis et creuser un peu.
   [Comme ma famille, j’aurais pu devenir enseignant, par exemple en Maths puisque c’est là où j’ai le plus de facilité. Mais… je suis renégat, pardon. Pour prendre un souvenir scolaire, je peux citer le théorème h²=a²+b² en triangle rectangle, qu’on apprenait pour la diagonale des champs de blé à l’école (primaire je crois), en récitant qu’il était l’œuvre du philosophe athénien Pythagore (je ne me souviens plu' s’il fallait citer que ce mathématicien était daté « 5 siècles avant Jésus-Christ »). Les élèves-moutons bien notés (comme moi à l’époque) extrayaient l’une des mesures de l’énoncé des deux autres, même avec présentation compliquée embrouillant les choses, mais je le regrette. J’aurais dû dire : « m’dame, j’y crois pas à votre loi, et Pythagore comme Jésus-Christ ils ont peut-être pas existé ». Si je n’avais pas été enfermé (pour révisionnisme illégal), j’aurais été classé « débile », à tort. Le drame est que l’instit’ était en fait inapte à prouver ce qu’elle affirmait : ses énoncés « on sait que » comme « il est démontré que » cachaient chez elle en fait « les autorités m’ont affirmé que… et je les crois ». Si elle m’avait fait vérifier ses dires au double décimètre, j’aurais dû répondre : « oui, ça semble pas-absurde, mais pas forcément plus exact que circonférence/diamètre = 3,1 ou 355/113, que vous déclarez faux, et la vérification est toute brouillée par l’incertitude de mesure, et ça prouve pas que ça marche dans l’hémisphère Sud ou que ça marchait hier, que ça marchera demain ». 30 ans après, à titre de loisir, j’ai trouvé (pas dans les livres mais dans ma tête) comment démontrer le théorème de Pythagore, et quelles sont les prémices obligatoires pour y arriver ; c’est très facile, à la portée de tout élève de 9 ou 12 ans, mais ça prouve aussi que c’est invalide pour les découpes triangulaires de sphère, donc pour les champs terrestres (si « la Terre est ronde »)… Les institutrices ne méritaient pas l’autorité à laquelle elles prétendaient, je le percevais (quant à la « logique » prétendue de l’orthographe française) mais je me suis écrasé pour être numéro Un. J’en ai honte aujourd’hui, et je ne veux pas devenir l’oppresseur dans ce système laveur de cerveau. Mais il y a d’autres métiers publics que l’enseignement. Il faut continuer à réfléchir.]
   En pays communiste, tout le monde est fonctionnaire, donc – comme pour nos fonctionnaires ici – le salaire est automatique, déconnecté de la performance (« ils font semblant de nous payer, alors on fait semblant de travailler », proverbe populaire en URSS). Résultat : misère crasse, famine même (il est moins fatigant de laisser pourrir que de récolter, c’est en ce sens préférable si le salaire est le même), d’où endoctrinement sévère, police politique omniprésente et oppression – l’utopie marxiste n’était pas crédible (avec des humains très majoritairement égoïstes, à titre individuel ou familial).
   Le fonctionnariat en France capitaliste est différent : les salaires publics y sont élevés (à l’échelle mondiale, et souvent supérieurs aux salaires privés locaux – hors encadrement, sauf certains hauts fonctionnaires "alignés sur le privé" – surtout avec augmentation automatique à l'ancienneté), cela provient de la réquisition fiscale sous la menace, appliquée sur le riche système privé occidental. Bref, il s’agit d’encourager l’enrichissement privé, et – via la force policière/légale (loi du plus fort) – d’en profiter pour créer une bulle privilégiée, déconnectée du constant forcing en rentabilité (et avec grève chronique, sans risque, en disant crotte aux usagers démunis, faute de concurrence permise).
   A l’école publique française, j’ai ainsi appris comment vivre légalement en achetant bas et vendant haut, sans rien faire, protégé par les services publics de police (et « Justice ») contre « le vol » qui refuserait de payer le prix arbitrairement exigé au dessus du prix coûtant. J’ai eu de très très bonnes notes, sachant calculer l’enrichissement, mais jamais (avant 16 ans, en cours de philo) on ne m’a mentionné la contestation possible de ce système. (Je comprends qu'il est utile d'avoir "entendu parler de" avant de pouvoir peser le pour et le contre, mais « faire ingurgiter comme "bases essentielles" tels et tels détails parachutés sans objection » ressemble au lavage de cerveau que pratiquaient les religieux. Ces religieux baptisaient les nouveaux-nés puis forgeaient les bases du sacré dans les esprits immatures avant émergence de l'esprit critique, souvent inapte alors à remettre en cause ces bases – et ma grand-mère a évidemment été désarmée quand son fils le plus brillant scolairement, au lieu de suivre sa voie anticléricale, s'est converti au catholicisme, en se plaignant de l'intolérance de sa mère : effectivement, sa logique professorale à elle ne semble pas avoir envisagé de réfuter, discuter, ne semblant concevoir le monde qu'en actes d'autorité, décrétant le bon et le mauvais, sans voir que si autrui fait pareil cela peut conduire ailleurs... au lieu de réfléchir de manière contradictoire et reconnaître les lacunes de chacun). Tout « l’enseignement » était conçu sur ce principe d'affirmation indiscutable – ainsi « l’instruction civique » faisait réciter le nombre de sénateurs et le découpage des cantons, surtout pas réfléchir au principe de démocratie indirecte méprisant le peuple (taxé de « populisme immonde » s’il refuse de se soumettre aux politiciens) pour élire des dominants décidant à leur guise – imparablement si gauche et droite sont d’accord ; ça aurait simplement fait comprendre les ressorts cachés de notre société dite libre, et la logique des adversaires (diabolisés par la propagande : fascistes, maoïstes, islamistes, etc.) ; pire exemple de collusion politicienne injuste : le sionisme, approuvant l’interdiction de retour des expulsés palestiniens, sans aucune expulsion parallèle des puissants états-uniens (les USA ayant été amérindiens aux temps bibliques), d’où haine terroriste en face, il serait néfaste pour les dominants que le peuple comprenne cette grave injustice dans leur sionisme, outrancièrement raciste (comme telle religion légale excluant conversions vers elle de mal-nés et condamnant les mariages mixtes salissant le sang "pur"), alors il est logique de former des veaux, des approbateurs choisissant parmi les dominants autorisés, gobant la propagande télé, en ne hurlant que des exigences consuméristes ou des chants de guerre sportifs/xénophobes tueurs de sang "impur". Même en cours de philo, il ne s’agissait pas du tout de réfléchir personnellement, au risque de démolir les idoles : le seul principe était de discourir savamment en citant des personnalités célèbres (devenir « champion » en Culture Générale). Dans toute cette scolarité, rien ne forgeait des intelligences critiques, tout valorisait les moutons adorateurs des traditions, devenant réciteurs-conteurs diplômés (avec « au sommet » : de futurs nouveaux-enseignants, propageant la « bonne parole », très brillamment pour les agrégés de l’Université – hors matières d’éveil, je pense à mon frère et concède que c’est différent).
   Non, je ne peux plu’ réussir (par concours) dans ce contexte, même si je me suis laissé « acheter » par les bonnes notes à 6-14 ans : je conteste et doute arguments à l’appui, au lieu de réciter et manipuler. La loi française (Fabius-Gayssot et jurisprudence contre le scepticisme) me frappe maintenant d’interdiction et me menace de prison (pour délit d’opinion, sans le dire bien sûr), et si je n’étais pas classé malade mental, je serais jugé criminel, emprisonné (prisonnier politique sans l’avouer). Signaler que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (prétendument chérie par nos dirigeants, menteurs) impose la Liberté de pensée (sans violence) ne m’est guère possible, car j’ai aussi invalidé cette déclaration (faussement universelle) en la prouvant contradictoire sur des points majeurs (ruinant la crédibilité intellectuelle et morale de l’Occident). Pas un mot de ces réserves à la télé ou à l'école, c'est trop dangereux (pour les dominants, diplômés et/ou élus)... Alors… « réussir », dans ce système, je trouve ça simplement… moche… (c’est-à-dire qu’il me semblerait égoïste que je cherche à positiver en « C’est pourri : OK. Si j’en profite : tant mieux ! »).
   Bref, bien que je n’aime pas la logique mercantile, je n’aime pas davantage la logique fonctionnaire ou publique. Il faut travailler pour vivre (et aider ma belle-famille travaillant en pays pauvre) alors je travaille, mais sans enthousiasme et en rejetant par dessus tout l’ambition (de domination hiérarchique ou professorale).

Le principe de travail
   A mon avis, le plus grand mérite est propre aux serviteurs, rendant péniblement service à autrui, méritant donc indéniablement salaire (côté moral atruiste : si je devais faire quelque chose de pénible, je serais un peu soulagé de recevoir confort en remerciement, alors je remercie ainsi les travailleurs de peine)... et certains d’entre eux peuvent être « libres penseurs » ou « inventeurs » le soir après le travail, contestant par la logique (côté intellectuel) les divers dogmes de leurs employeurs idiots ou menteurs – ce n’est pas d’employer qui pose problème, mais les dirigeants se jugeant supérieurs aux soumis me paraissent dans l‘erreur. Selon moi, la valeur personnelle n’est ni dans la richesse non partagée ni dans le statut privilégié, ni dans le nombre d’années passées à écouter des professeurs (en fait très contestables) et réciter (ou jongler), ni dans les « victoires » écrasant autrui.
   C’est totalement à l’opposé d’une autre phrase, de ma mère au sujet de ma grand-mère : (elle était) « toujours sensible à la fréquentation des élites : J-- a réussi les difficiles concours de l’Ecole Normale Supérieure puis de l’Agrégation. P-- et lui côtoient les chercheurs les plus célèbres, et même des Prix Nobel ! ». … des Prix Nobel comme Begin pour la paix, après avoir (fait perpétrer l’extermination raciste de Der Yassin puis) organisé la « paix » par interdiction de retour des expulsés palestiniens (expulsés pour cause de « sale race » – et nos « intellectuels » unanimes, lettrés « si brillants », claironnent que le terrorisme en retour est « incompréhensible, fanatique »)… La réussite sans intelligence critique me paraît simplement imméritée. C’est hélas la loi de ce Monde, moderne (comme avant paraît-il). Tout au sommet de la « réussite », le Président Sarkozy a publiquement affirmé que l’intelligence est dans le camp du Mal, et l’autorité doit primer... (la citation exacte, datée, est dans le livre de P.E.Blanrue sur le sionisme sarkozyen). Misère des enseignants, petits officiers endoctrineurs pour ce système. Certes, c’est peut-être un peu moins pire que les enseignants d’autrefois, excitant le nationalisme pour conduire les masses aux boucheries de 1914-18, mais l’évolution (qu’ils appellent Progrès) n’a pas résolu le problème de fond.
   Par ailleurs, dans la phrase de ma grand mère, le mépris du service et le mépris de la terre ne sont pas les seuls points qui m’ont choqué : le terme de « merde » est encore plus troublant. Il ne s’agit pas de s’offusquer d’un mot classé grossier par les pédants ampoulés mais d’une question de principe : ma grand-mère aurait détesté être « changeuse de couches-culottes gériatriques » ou « pelleteuse de purin porcin », commandée par de petits chefs aboyeurs d’ordres (et menaçant constamment de licenciement/misère) pour hausser les cadences, alors que bien des personnes effectuant ces durs métiers adorent les enfants et auraient aimé être institutrices. Avec le principe d’offre et demande, les hauts salaires devraient donc aller aux métiers pénibles n'attirant personne, et la quasi absence de salaire aux activités que seraient heureux d’effectuer une pléthore de bénévoles passionnés. Or… c’est l’exact contraire en pratique. Pourquoi ? A mon avis, parce que les meilleurs au plan scolaire choisissent les métiers les moins pénibles, dont ceux de législateurs et décideurs des salaires, en sous-payant les métiers exécrables auxquels sont condamnés les faibles immigrés et les esprits non scolaires n’étant pas en position de choix. On me répondra évidemment qu’il s’agit d’attirer les tout meilleurs vers les postes responsables, mais je trouve très moche que cette attraction soit fondée sur le fric inégalitaire (abaissant la rétribution d'autrui pour s'attribuer une grosse part de la masse salariale) et déconnecté du mérite à mon sens. Les hauts salaires attirent donc les choix égoïstes non partageurs (« le plus possible pour moi et ma famille, aux dépens des humbles qui triment super-dur, on s’en fout »), tandis que le rebut de la société fait le travail le plus méritoire (au sens de « l’effort mérite réconfort »). C’est là une autre définition de l’injustice selon moi. (Sans être angéliste, j'observe que les humbles d'ici entendent pareillement, injustement, mieux vivre que les ouvriers chinois travaillant bien davantage...). (Autre réserve : le succès scolaire, avec cette école abrutissante, va en un sens aux "bosseurs", mais il s'agit d'apprendre par coeur des montagnes d'affirmations parachutées, c'est très nul en performance intellectuelle [un ordinateur mécanique fait mieux], et ça ne devrait pas exempter de l'effort futur). On ne paye pas la peine, on paye la dominance, hélas (idée qu'ont d'ailleurs reprise les staliniens en faveur de leurs aparatchiks). Je ne suis pas d'accord : selon moi la peine mérite salaire pour être acceptée, le travail plaisant relève du loisir bénévole, avec simples applaudissements en cas de création plaisante. [L'invention d'automatisme diminuant la peine serait toutefois bénéfique... si le monde n'était pas en surpopulation chronique avec foules de chômeurs criant famine (ou refusant le travail en France RMIsée)... A discuter.]
   Quelques expériences personnelles m’ont éveillé, au sujet de la regrettable professionalisation des loisirs :
– j’ai écrit un livre aéronautique (gratuit sur Internet) au sujet d'une période historique précise, essayant de fouiller le sujet pour m’amuser, mais je me suis heurté à la haine de certains historiens professionnels (français), cramponnés sur une rétention d’information pour obtenir gain financier du scoop qu’ils révéleraient, alors qu’ils le tenaient de don obtenu de retraités partageant leurs archives… (l’argent et la gloire ne vont évidemment pas aux partageurs effacés mais aux égoïstes exploiteurs, jaloux de leurs statuts privilégiés, de leurs réseaux de contacts) ;
– avec l’émergence d’Internet, je me suis aperçu que des milliers de dessinateurs amateurs dessinaient comme moi des avions imaginaires, pour le plaisir, alors que cette tâche semblait réservée à des « artistes » professionnels (c’est en cachant les travaux amateurs que les professionnels brillent, souvent, tandis que les copies partageant gratuitement le plaisant sont interdites par les Copyrights, transmissibles aux "ayant-droit" bien-nés, et donc punies par la "Justice") ;
– aérophile, j'estime que l'exercice de la mémoire est un loisir : beaucoup de passionnés collectionnent les souvenirs de "données" au sujet des dinosaures, des avions, des footballers, des timbres, des fleurs ou cactus, sans aucun salaire lié ; pourquoi apprendre les catalogues scolaires serait-il au contraire payé de domination sociale ? l'argument d'utilité (décrété par les autorités) ne me semble pas crédible : des années après, je me souviens encore que "1515 = victoire de Marignan" et "l'image d'un anneau commutatif par un endomorphisme bijectif est aussi un anneau commutatif", ou que Corneille a écrit "Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?", sans que cela m'ait jamais servi à rien (qu'à avoir des bonnes notes dans un contexte visant à exclure les "mauvais élèves" des voies "intellectuelles") ; on pourrait payer le travail de peine, tandis qu'à titre de loisir, certains collectionneraient les descriptions de lois, théorêmes, maladies, médicaments, chacun son truc, le mérite n'est pas là ;
– puisque j’ai inventé des outils mathématiques d’analyse, corrigeant des imbécilités appliquées par des dizaines de milliers de professionnels se prétendant supérieurs, je pourrais en escompter fortune ou gloire, mais la beauté morale me semble exactement contraire : juger que n’importe qui pensant correctement aurait pu le découvrir, et (si autrui existe) c’est un hasard que j’aie été le premier (ou le premier à le révéler sans être "étouffé, façon pré-Internet"), ça ne mérite rien qu’un sourire de satisfaction, et moins d’argent que le dur travail d’une heure de ménage ou autre.
   En conséquence, j’estime que l’aura des « métiers nobles » est usurpée, totalement, et la position des humbles (non révoltés) me parait bien plus estimable.
   Réserve ou complément : pour la génération de ma grand-mère (jusqu’au président Pompidou ?), « l’élite » était littéraire, les ingénieurs étant vus comme de vils matérialistes les mains dans le cambouis. Je trouve ça injuste, élisant de verbeux parasites inutiles. Mais le renversement des valeurs qui a amené la domination scientiste (pour ma génération, les « mauvais élèves » ne pouvant pas faire Sciences C, allaient en Lettres A pour les quartiers riches ou Technique T pour les quartiers pauvres) n’a élu que d’autres aveugles, avec d’autres idoles adulées sans oser formuler (voire penser) de contestation argumentée. Dans mon idéal, les meilleurs esprits seraient les matheux et logiciens honnêtes cassant les démonstrations fausses, dénonçant les propagandes, tandis que – sur un tout autre plan – les hauts salaires seraient réservés aux éboueurs, aux travailleurs sur marteau-piqueur, aux femmes de ménage astiqueuses entre deux tendinites (ma femme mérite plus que moi, à mon sens).

Maintenant…
   Je ne suis pas (complètement) idiot, et l’analyse destructrice ne me paraît pas saine sans autocritique pour équilibrer, aveu d’auto-contradiction :
– je suis employé du privé, bénéficiaire coupable indirect du mensonge commercial et para-scientifique pseudo-statistique, être employé du secteur public (occidental) me paraîtrait simplement pire car profiteur (être communiste me paraîtrait aveugle idiot, je ne sais pas ce qu’est l’anarchisme mais je crains que ce soit une autre loi du plus fort, toutefois je ne suis nullement capitaliste en ce sens que je trouve que la première injustice est l’héritage familial ou national, dérivé du système aristocratique ou tribal) ;
– si je travaillais dans une entreprise vivant de l’automatisation, remplaçant le travail manuel (non pénible) par des machines moins chères (sans le dire ainsi bien sûr), quitte à générer de la misère dans un monde en surpopulation, je plaiderais coupable, mais si je démissionnais je serais facilement remplacé sans rien changer au problème… je me considère professionnellement comme une "machine en location", performante et irresponsable, c’est réconfortant mais effectivement contestable (ce n'est pas seulement mécanique, j'invente parfois des outils de calcul utiles aux clients et au monde entier, mais je laisserais mes supérieurs hiérarchiques s'en attribuer le mérite, s'ils comprenaient de quoi il est question sans enterrer le sujet) ;
– je suis marié à une fille du tiers-monde m’ayant choisi comme (occidental donc) riche, alors que je considère la richesse occidentale comme coupable, tout en m’ayant profité – pour ma défense, je n’ai qu’une excuse médiocre : sous psychotropes à haute dose (en sortant de l'hôpital), je n’étais plu’ lucide quand j’ai contacté cette agence matrimoniale, et j’étais très persuadé que personne ne m’accepterait, terme ultime à une vie affective ratée ;
– je parle français (et j'ai été présenté à 16 ans au Concours Général de Français, leader du lycée en rédaction, involontairement) alors que je déteste cette langue inutilement compliquée, et intouchable sous l’autorité abusive des traditionalistes, alliés aux fainéants ultra-majoritaires refusant de ré-apprendre mieux (le refusant quitte à emmerder les enfants et dégoûter les étrangers) ; une langue simplifiée limiterait le mérite aux idées [ça n’intéresse personne hélas, la vogue SMS faisant fausse route avec d’autres montagnes de codages illisibles par le profane, alors qu’avec ma réforme de l'orthographe (peut-être inspirée du finnois, régulier et transparent), on pourrait facilement – nul besoin d'institutrices Bac+5 – apprendre aux enfants à lire/écrire à 4 ans, ou en quinze minutes pour un étranger, sans plus aucune faute d’écriture de toute la vie] ;
– mon avis est sans espoir car ultra-minoritaire, même pas présent aux élections, et je suis non-violent, aucunement enclin à l’imposer par la force ; l’intelligence critique ne plaît pas, dérange, la flatterie mensongère et le ritualisme réciteur (« culturel ») ont infiniment plus de succès ; la science et sa branche zététique prétendent certes incarner le doute humble mais c’est une supercherie interdisant de douter de leur axiome réaliste et d’envisager l’hypothèse du rêve, malhonnêtement écartée par les cartésiens, nuls en logique (et faisant pratiquer condamnation/abrutissement par la branche psychiatrique, en s'inspirant discrètement de la persécution stalinienne de la "démence" individualiste) ;
– je n’aime pas l’autorité (qu’adorait ma grand-mère, pratiquant cela à outrance), mais j’ai vu la série télé Super-Nanny montrant les caractériels enfants-tyrans que génère une éducation sans autorité ni sanction ; effectivement c’est un risque plausible, mais je regrette que les enfants soient (ou « doivent être ») élevés bestialement avec bâton et carotte plutôt qu’en les éveillant au sens de la cohérence altruiste, de la gentillesse paisible ; j’étais clairement un petit enfant anormal, un garçon doux, mais certes je ne devrais pas généraliser sur mon cas ;
– je ne suis pas vraiment en position de donner des leçons d'altruisme, puisque j'ai au contraire inventé (ou redécouvert) une légitimation philosophique/cosmologique de l'égocentrisme ; toutefois, même si autrui n'est peut-être qu'une marionnette, pas forcément un alter ego, je préfère les personnages gentils et souhaite en être un ; ceci conduit à un comportement de type altruiste quoique anormal (donner pour faire sourire, plutôt que prendre en engendrant la colère), dans mes rêveries comme dans mes cauchemars (dont le monde présent peut-être).
   Ceci dit, si je deviens papa (adoptif), il me faudra faire en sorte que mon fils s’insère sans dommage dans cette société, voire en atteigne les « hautes » sphères luxueuses comme voulu par la famille donatrice et ma femme. Il ne faudra jamais contester (à haute voix) l’autorité stupide des institutrices, des savants, sans quoi mon fils connaîtrait la misère matérielle, puis affective – les filles non-imaginaires choisissant semble-t-il les dominants (champions musclés, riches puissants, princes et professeurs, danseurs fumeurs multi-séducteurs chefs de harem, tous leaders bestiaux se présentant comme futurs pères d’enfants dominants à leur tour…). Alors… il faudra que je taise ma gueule, je l’ouvre ici une dernière fois peut-être, avant d’endosser la casquette (ou le carcan) « père de famille ».
   En tout cas, je juge que ma grand-mère (voire ma famille en général) se trompait complètement sur ce qui constitue l’élite intellectuelle, la misère intellectuelle. C’est dramatique en un sens, c’est stratégiquement pertinent en un autre sens. C’était simplement bancal, et l’avoir très mal vécu m’a fait chuter, lourdement, presque fatalement. J’en parlerai peut-être à mon fils un jour, mais pas avant qu’il ait vingt-cinq ou trente ans, pour ne pas lui nuire (et je lui souhaite de n'être ni intelligent ni lucide – au cas où ce soit mon problème – c'est dangereux). Tout cela est bien triste, simplement.
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Mea culpa 25/04/2011
   On m’a répondu que la citation de ma grand-mère était un faux, totalement contraire à ses pensées, et que « C'est trop facile de construire un individu à partir de ses propres fantasmes et ensuite de les démolir à boulets rouges. »
   --> Effectivement, si cette phrase majeure était inventée (quelque part dans la famille), l'analyse que j'en faisais était erronée ; il se trouve simplement que cela bouclait la boucle et rendait entièrement compréhensible le contexte de ma chute.
   Je trouve profondément injuste de me présenter en massacreur méchant adepte de la facilité. Ecraser autrui et prendre le fric (comme tout le monde ici) serait infiniment plus facile, au sens de plus normal, et j'avais les "facilités" scolaires pour ce faire, mais je suis naïf et torturé, et j'invente une réflexion politique « pour le faible contre le fort » (en dénonçant christianisme, communisme, "libéralisme"), m'avouant inapte à susciter l'approbation d'autrui, en quoi est-ce de la facilité ?
   "Tirer à boulets rouges : Attaquer (quelqu'un ou quelque chose) en termes violents. Faire tomber (sur quelqu'un) une pluie d'injures ou de reproches." Ce n'était pas de la violence gratuite mais un désaccord strictement argumenté, je me considère dans le texte ci-dessus comme "victime" de piège, et alors que j'avais l'habitude de me punir (peine de mort même), je cherche ici à comprendre, et je suis effrayé par les mécanismes que j'identifie, ressemblant à la mocheté vue dans le monde professionel et à la télé. Me donner encore tort sur toute la ligne, condamner mes reproches, mes valeurs distinctes... c'est désarmant (mes seules armes étaient ma logique et mon sens moral, casser ça sans argument... il ne reste rien). Piégé j'étais, piégé je reste, sans espoir de comprendre ce qui m'arrive ?
   Si ma grand-mère pensait tout le contraire de la phrase de départ, cela semblerait impliquer que son admiration (citée) envers les agrégés et Prix Nobel serait aussi un faux, son autoritarisme une invention de mes souvenirs, sa non-lecture des Evangiles pour comprendre son fils : le pur hasard d’un manque de temps, retraite et voyages d'agrément compris. Hum, non, je n’y crois pas du tout.
   Je peux me tromper. Je disais explicitement qu’il s’agissait de réflexion délirante, et je confirme cela. Cela expliquait cependant tout, et me condamner sans rien m’expliquer à la place… me laisse perplexe.
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Autre objection, 28/04/2011
   On m'a aussi répondu par une explication : la génération de ma grand-mère a pu être enthousiasmée par la possibilité d'ascension sociale (1920-1970?). En concurrence loyale, avec égalité des chances, les enfants de familles pauvres pouvaient devenir des adultes riches ou professoraux respectés, grâce au système scolaire français. D'accord, ça m'aide à comprendre. Toutefois, je ferais la même remarque que pour les révoltés anti-aristocrates devenus esclavagistes : avec intelligence critique, le but ne serait pas de s'approprier les meilleures places même injustes, mais de condamner l'injustice. Les enrichis aux dépens d'autrui, les professeurs ne comprenant pas les objections à ce qu'on leur fait réciter, je maintiens que ce n'est pas joli (à mon goût), et je dis personnellement « non merci ».
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Ajout 2012, côté paternel (01/01/2012)
Lettre à Drareg Notrac, écrite de 4 à 7 heures du matin le 29/12/2011 :
   J'ai ramené avec moi de vacances familiales un exemplaire du grand poème "Mon prof à moi" que vous avez écrit au sujet de mon père. Votre dernier mot est "il va être furieux de cet article". Si vous le pensiez, je vous informe avec le sourire que c'est tout le contraire : il a été ému aux larmes par ce vibrant hommage à ce qu'il a toujours essayé de transmettre. Je vous dis donc merci d'avoir su trouver les mots qui l'ont tant touché.
        signé : Tophe B. M.
[« Post scriptum », parenthèse :
   Toutefois, mon esprit tordu/torturé (encore un instant lucide tandis que je reprends mon traitement antipsychotique puisque c'est la fin des vacances) interprète aussi la situation autrement, moins confortablement vis à vis de mon père : il peut sembler très ingrat que ses propres enfants, dont moi-même, n'aient pas su dire à mon père ces mots là. Evidemment, une des hypothèses serait que ses enfants soient des gros lourds stupides inaptes à trouver les mots adéquats. Si vous le pensez, libre à vous. Je vous informe simplement que je le vis autrement.
   Si cela vous intéresse, je vous signale les vers de votre poème qui (peuvent enchanter mon père mais) me choquent profondément :
1/ « Il savait. (...) Il nous a fait (...) nous investir pour "transmettre un savoir" (...) les combes Jurassiennes, Le climat saharien, Les préfectures de France et le Blocus Continental N'étaient pas nécessairement des sujets passionnants, Mais il savait placer les enjeux au-delà de ces connaissances, Au cœur même de ce qui nous préoccupait, Notre capacité à apprendre à apprendre (...) ce qu'il m'a appris Est à être toujours, Fier d'être ce que je suis, Si je m'en suis donné la peine. »
2/ « un tel prof (...) élève les esprits, les âmes et les cœurs »
3/ « Il savait. Il savait que dans la jeunesse Le choix des routes est vite fait, Et que parfois l'on prend la mauvaise. Sans savoir. »
4/ « Il voulait qu'on réussisse. Et il était juste. (...) il était un modèle de bienveillance humaniste. »
5/ « Il avait l'incroyable talent de nous faire vouloir être meilleur que nous-mêmes. Et de ne pas le décevoir. Ne le décevant pas nous ne décevrions personne. »
--> Je m'explique (pour vous, c’est finalement inutile de le lire, mais j'ai besoin de l'écrire pour moi-même, pour digérer ce sentiment d'ingratitude que vous avez généré) :
1/ En école catholique inquisitrice ou athée maoïste (ou coranique), le professeur "savait" (ou "sait" ou "saura") pareillement, mais je n'appelle nullement cela des connaissances, j’appelle plutôt cela : de l'endoctrinement à la prétendue vérité, les "contrôles de connaissances" valant "vérification de soumission à l'autorité" (autorité que je qualifie presque toujours d’arbitraire ou d’injuste). Si ce que je dis vous paraît très absurde en matière d’Histoire-Géo, lisez mon ouvrage « contre la Réalité » (ou sa version complétée « Echapper à la dictature réaliste »), cassant en petits morceaux le prétendu argumentaire cartésien, incohérent en termes logiques (quoique politiquement bétonné par la définition « psychiatrique » de rationalité maladive, faisant taire les objecteurs en pays stalinien comme chez nous). Il est lamentable (à mes yeux) que le jonglage avec les prétendues Vérités soit affirmé valeur intrinsèque (« fondement de l’Elite »), dans cette société que je juge pourrie jusqu'à l'os, soumis que je suis à des dominants hiérarchiques (bardés de diplômes) ne comprenant pas les problèmes, les fautes de contradiction mathématique (et m’accusant de mentir quand je prouve mes dires par la logique pure), ne comprenant pas les enjeux ni les solutions que je leur expose, refusées/enterrées. Le prétendu "savoir", hérité de l’autorité, est l'arme des moutons réciteurs dominants, écrasant l'analyse logique, l'intelligence critique (par acte d’autorité à leur tour). En ceci, je tiens peut-être davantage de mon grand-père (ou arrière grand-père) mathématicien que de mon père historien-géographe. Vous savez réciter/employer le théorème de Pythagore, moi j’en doute jusqu’à ce que je l’ai redémontré, et je vois alors ses failles, invalidant l’exemple donné par l’enseignant. Une affirmation parachutée ne vaut strictement rien et "l'apprendre" constitue un travail benêt, mieux valant (je crois, et logiquement) contester arguments à l'appui, en débusquant les axiomes facultatifs en jeu. En ce sens, j'ai récemment contesté de A à Z un cours de sciences humaines, en refusant les prétendus "contrôles de connaissances" qui oubliaient la contestabilité des leçons. Les "bons élèves" de ces professeurs-là ont – en matière d’Histoire – pondu les lois mémorielles au Pays de la Liberté, obligeant à approuver le dogme des prétendus experts, sous peine de prison et immense amende (deux ans de mon salaire net, peut-être dix ans de mon salaire avec impôts et loyer déduits), et si les Historiens se sont offusqués de cette loi (avant que leurs leaders demandent qu'elle soit réservée aux génocides juif et arménien, surtout pas appliquée aux génocides amérindiens et palestinien…), c'est parce qu'ils exigent que leur expertise domine le pouvoir du législateur, aucunement parce que cela opprime la liberté individuelle de "penser arguments à l'appui" – très « normalement » bannie, comme à l’école (« il faut jongler en aval des dogmes, les objecteurs sont exclus »). C'est dans le même esprit que la philosophie et le statut d’intellectuels sont confisqués par les érudits jongleurs, en empêchant la publication des penseurs iconoclastes faisant exploser le système de domination. Je trouve cette confusion entre savoir et croyance (entre Vérité et choix) une faute lourde, tant intellectuelle que morale. Je suis en ce sens un renégat torturé, et vous me semblez un très fier mouton, Drareg. Soyez heureux avec votre costume-cravate, mais ne me traitez pas d'ingrat (vous ne le faites certes pas, mais c'est mon interprétation, pardon). Je n’aime pas les gens fiers, je peux leur pardonner mais à contrecœur, car je préfère le
faible-humble au fort-dominant, surtout au socialement-fort en fait intellectuellement-faible (en intelligence critique). Mon idéal est une petite « handicapée mentale » anémique et complexée, ayant refusé l’orthographe française des instituteurs (que je juge eux comme « semi débiles suivistes, contremaîtres apôtres de l’inutile usine à gaz ancienne, au temps de la langue écrite "outil de domination" artificiel »), elle ayant inventé infiniment mieux (objectivement en clarté, performance gain/coût, altruisme envers enfants/étrangers) – vous pouvez rouler en Ferrari ou Rolls mais je la préfère elle, à pied. Si vous la méprisez, je ne vous juge pas du tout « homme de cœur », même si (ou surtout si) vous vous sentez « élevé » de ce côté là.
2/ Je ne suis pas d'accord que "faire apprendre" élève esprit, âme et cœur – je juge qu’il s’agit d’ « abrutir ». Cela conduit à pédaler le nez dans le guidon, avant de se rétamer la figure s'il y a un tournant imprévu. Je n'ai jamais passé l'adolescence, et me considère ici post mortem – l'éducation que j'ai reçue ne m'a en rien préparé à ce qui allait me tomber sur la figure à quinze ans, avec une tonne de désillusions me laissant hébété, puis mort. J'étais le meilleur élève de mes classes, mais j'ai explosé, ou implosé, détruit. Les profs, dont mes parents, n'ont rien vu venir, rien compris, rien su de ce qui se passait et ce qui l’aurait évité. En se focalisant sur la « réussite » sociale, ils ont en un sens tué leur plus prometteur élève/enfant. L'usine à crétins scolaire m'avait ahuri, et je me suis crashé. C'est une chute terrible, pas une élévation – même si les "troisième à sixième de la classe" de ce lycée de quartier bourgeois sont tous devenus (comme vous ?) des patrons (ou cadres « supérieurs ») très riches, très fiers, aujourd'hui.
3/ Mon père juge sans doute que j'ai pris la mauvaise voie en m'étant enterré socialement, comme un prêtre ouvrier issu de la bourgeoisie. Mais ce n'est pas mon avis : en 1788, le fils d'aristocrates qui aurait sabordé ses privilèges pour devenir ouvrier agricole m'aurait semblé admirable. Il aurait peut-être eu la tête coupée quand même tant la colère couvait au bas de l'échelle sociale, mais il serait mort (injustement) dans un beau rôle, à mon avis. En un sens, j’ai longtemps essayé de laisser le choix à mes parents, me concernant : légume socialement mort ou cercueil physiquement mort. Ce n’était pas prévu dans leur logique, pas concevable. C’est là un des contraires du savoir.
4/ La réussite sociale est un but pour les inégalitaristes à l'américaine entendant écraser, dominer, par esclavage ou semi esclavage. Je considère que c'est un des contraires de l'humanisme, une forme d’injustice – sans l’égalitarisme qui élit un paresseux refus du travail (faillite communiste), l’équité rétribuerait effort/peine/invention, pas du tout commandement/mensonge/héritage. Or mon père est favorable à ce qu’une minorité (« d’excellents élèves ambitieux », de menteurs à succès électifs, de très riches investisseurs) domine la majorité dite bouchée et conservatrice. Certes, l'humanisme semble une utopie, et la bestiale soif de domination semble très majoritaire dans l'humanité, mais j'appartiens à la rare portion de renégats préférant le faible (ou mieux : la faible) au fort, le non-joueur au sportif, la frugalité au luxe – même si je dois combattre la contradiction hélas inhérente en pratique à ce choix naïf : sous médicaments abrutissants, je me suis marié à une argentophile du Tiers-Monde m'ayant vu comme prince charmant en tant qu'occidental, donc « automatiquement » dominant – même si je trouve cela atrocement injuste. Heureusement que cette auto-contradiction n'est qu'un cauchemar : en pratique, je suis mort à 15 ans, et enterré je sais pas où (mon Bac C Maths mention très bien, « ultérieur », en est peut-être une confirmation : c’était bizarrement trop facile, me couvrant de louanges – sauf en Histoire-Géo mais surtout en Maths/Philosophie/Latin – alors que j’avais pas appris les leçons).
5/ Vous ne décevez pas mon père mais vous me décevez (en tant que louable soutien de mon père mais s'avérant pétri d'ambitions, allié aux écraseurs), cela ruine votre maxime affirmant ne décevoir personne (quoique… si vous me classez fou, vous vous en sortez par une pirouette, stalinienne). Ou bien il s’agissait implicitement de ne décevoir personne parmi les dominants, votre classe sociale, en disant crotte aux subalternes amers que vous jugez (à tort) inférieurs intellectuellement. A l’usine, pendant que nos chefs pérorent avec leurs mensonges outranciers, la plupart des humbles comprennent l’abus de pouvoir, les lourdes fautes techniques (camouflées par la hiérarchie), le vol discrètement pratiqué à l’encontre des clients (en affirmant un coût de production inévitablement élevé, pour en fait verser des fortunes immenses aux dirigeants, du genre "un chef vaut 400 ouvriers"). En tout cas, je juge comme erreur lourde le fait de croire que la brillance scolaire vaut valeur reconnue par tous. Etant tête de classe, j'ai été rejeté par la dernière de la classe dont j'étais tombé fou amoureux et que je croyais sauver du redoublement. Cette désillusion m'a tué, on m'avait fait foncer tête baissée dans un mur. L'usine à crétins scolaire est une calamité, à mon sens. Certes, c'est infiniment plus compliqué que je ne veux le voir naïvement, et il se trouve que les jeunes filles « vraies » semblent préférer les mâles dominants, champions sportifs musclés et riches hommes mûrs, mais je n'étais nullement préparé à me rétamer la gueule vu que je réussissais tout scolairement (sauf handicap musical). C'est un drame immense. Maintenant que je deviens père, je ne sais pas comment je vais gérer ça, je pense que je ne ferai qu'aider mon fils scolairement (s'il a des difficultés lui bouchant des horizons souhaités), sans jamais lui mettre la pression pour devenir numéro Un, devenir le « meilleur » selon vos termes, même si sa mère le pousse en ce sens (au risque de le tuer – j’espère que non : j’espère qu’il ne me ressemble pas, j’espère qu’il survivra à l’éveil adolescent éventuel).
    Bref, si mon père vous a aidé à être heureux, c'est bien… mais ces lignes n'étaient en rien universelles, il y a des contre-exemples (n’aimant pas la domination) et il se trouve que j'en suis un. J'arrête là cette écriture, je commence à me sentir tout vaseux, le cachet « antipsychotique » (abrutissant) commence à faire effet, je suis prêt à retourner au travail soumis aux gagneurs comme vous Drareg, sans plu' chercher à leur faire comprendre. Je ne prétends pas avoir dépassé le professeur que vous admirez et avez rejoint, je suis juste « à côté », sur une voie plus dangereuse, mais plus saine à mes yeux logiciens, défaitistes.
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Complément, 13/01/2012
Digestion pour moi (du mail envoyé par Drareg Notrac, ayant répondu « contrairement à ses principes », d’ignorer les objections ?) :
- Drareg me qualifie de « désagréable par choix ou par plaisir ». Je lui retourne le compliment d’être désagréable, puisque ses mots à lui ne m’enchantent pas et me paraissent pareillement injustes. Et son diagnostic est faux, à mon avis : je ne suis pas un pervers aimant blesser autrui innocent (au contraire, je me sens du côté de l’innocent), et ce n’est pas un « jouissif goût du paradoxe gratuit » qui me pousserait à titiller les dogmes pour rien : je trouve grave que des patrons et commerçants volent des travailleurs de peine sous-payés (chez nous ou à l’étranger), des faux-supérieurs (comme lui, fier d'avoir appris à l'école) méprisent des faux-inférieurs, et cela me choque. Si Drareg n’aime pas que je le dise, je l’explique quand même.
– Moi, personnage Tophe (même si je suis peut-être une marionnette comme autrui ici autour), je ne prétends pas du tout incarner L’Intelligence. Ce mot glorifié ne veut rien dire de précis, et concerne généralement la capacité à réciter (sans oser d’objection), que je trouve intellectuellement nulle. Par goût personnel, j’espère être logique, c’est tout, et je n’en tire aucune fierté puisque je n’aime pas les gens fiers. Je suis seulement choqué de voir des gens dogmatiques prétendre au savoir sans pouvoir de persuasion (autre que bâton et carotte), en ayant confondu « apprendre » et « réciter » (ou certes "jongler avec objets récités"). Des camarades de classe étaient plus forts que moi en Maths (avec moins de délai de réponse en tout cas), je ne prétends nullement être le numéro Un parmi les personnages de ce monde, mais… mes camarades forts en Maths sont (presque tous) devenus socialement chefs : ils ont approuvé le système faisant la fortune commerciale (et haute-fonctionnaire) en méprisant le travail de peine (ouvrier avec Troubles Musculo-Squelettiques, femme de ménage entre deux tendinites) ; s’alliant aux dominants, ils se sont rangés derrière les lois pour Israël, contre le retour de la « sale race » expulsée (il est interdit de parler de déportation ou de spoliation à ce sujet là), et « contre le racisme » (en fait presque seulement le racisme antisémite, décelé dans toute objection, philosophique ou autre). Ils ne se sont pas offusqués des dogmatiques lois mémorielles condamnant mon scepticisme de prison (parce qu’il menace la domination américano-sioniste, chut il faut pas le dire, d’ailleurs personne ne le dit), ils vénèrent les Droits de l’Homme qui classent inhumaines des sagesses indiennes osant contester les dogmes bibliques. Non, il n’y a pas que les Maths, même si les non-Matheux sont clairement chefs de l’oppression illogique, oratoire rhétorique diabolisatrice.
– Le mot dialectique ne fait pas partie de mon vocabulaire, il vient des lettres classiques semble-t-il, chéries par les érudits monopolisant le monde publié pour roucouler leur pensée vide de contestation (du système de domination en place). J’essaye de respecter la logique, l’opinion argumentée, c’est tout, sans prétendre aucunement tirer gloire de rejoindre telle lignée de « Grands Anciens ». Internet me dit que la Dialectique est incarnée par Platon, Marx, Sartre, et je ne connais pas Platon, je juge Marx et Sartre comme penseurs merdeux, illogiques affirmateurs manquant d’esprit autocritique.
– Je n’ai pas « vérifié » mes hypothèses concernant Drareg Notrac en personne, mais j’ai entendu de lui bien plus que zéro, et j’ai lu de sa plume un livre faisant peut-être deux cents pages. Devenu patron d’entreprise (de publipostage, ce qui ne requiert semble-t-il aucune compétence intrinsèque, aucune invention personnelle) puis attaqué (avant non-lieu) comme « patron-voyou », puis ayant arrêté cette entreprise par manque de soutien bancaire et déçu par le manque d’implication des cadres intermédiaires, puis devenu « conseil » aux cadres et chefs d’entreprise. Certes, ce n’est pas « faire fortune », mais c’est avoir tenté de se ranger dans ce camp des socialement-forts, des chefs, des reconnus donneurs de leçons utiles (pour « créer de la richesse », surtout pour les encadrants, même si les semi-esclaves y gagnent en étant nourris)… profitant du rendement quasi nul des fonctionnaires postaux pour se ménager des marges en faveur de la hiérarchie en poussant les petits employés privés au rendement, avant de se prétendre encore supérieur à ces encadrants. Drareg accordait des chapitres entiers à ceux qu’il méprise et appelle « les cons », et dans ce poème à son professeur il semblait donner la clé en disant que devenir « meilleur » c’est « apprendre »… ce que racontent les profs. Pas un mot sur les fautes logiques ou morales anti-altruistes (ce que je classe malhonnête ou stupide ou immoral, en argumentant, pas insulté comme « con » sans argument), non, seulement le mépris des dominants envers les dominés, c’est tout ce à quoi j’avais accès, et cet accès semblait documenté. Voilà le tableau que j’avais en tête, je ne le prétends nullement véridique, il s’agit simplement du personnage Notrac dont j’avais entendu parler (lu à ma façon, peu sensible à la « réussite » au sens de mon père, qui applaudit le schéma patronal poussant au rendement les subalternes, qu’il aurait pleinement approuvé chez Drareg s’il avait abouti au statut de milliardaire ou rentier multimillionnaire).
– Je n’ai jamais pris personne pour un « fou », pas davantage un patron ruiné comme Notrac qu’un pauvre bougre. Je considère que le métier de psychiatre est du vol. Si quelqu’un fait quelque chose de violent envers autrui, il est punissable et c’est tout, à mon avis. Ceci dit, je suis sous traitement « antipsychotique » (remboursé par la sécurité sociale), ce qui me classe officiellement psychotique (le terme « médical » voulant dire « fou »), et la médecine du travail l’a noté tel dans ses dossiers. Cela ne me semble nullement un sujet de plaisanteries croisées. Je ne prétends même pas être opposant « intouchable car fou », ce sont les lois qui me paraissent pourries, malades, davantage que moi (et peu m’importe le bla-bla affirmant que le névrotique se sait malade quand le psychotique croit que ce sont les autres qui sont malades – ici comme dans l’Union Soviétique qui classait l’individualisme en maladie mentale, ici comme en théocratie ou l’incroyance serait classée maladie mentale). Les lois des apprenants fiers, détenant l’autorité, punissent de prison et ruine la vraie philosophie osant douter des dogmes, cela me paraît immensément grave, alors quand ces très fiers apprenants deviennent instructeurs à leur tour (et pour parfaire la stabilité du système hiérarchique récompensant le commandement en exploitant l’effort physique des humbles – avec mensonge de pseudo-démocratie anti-populiste faisant semblant de respecter les humbles majoritaires), cela me rend malade, oui. Malade d’inconfort moral et logique, pas malade des neurotransmetteurs Machin.
– Drareg Notrac, contemplant avec satisfaction sa vie passée, ne m’insulte pas directement, mais je lis ça comme un crachat sur mes pieds (ou sur ma tombe) : « voilà ma vie, une vie réussie, toi tu es un perdant, un nul, ta copine a eu raison de te jeter, et que tu te soies tué a nettoyé la planète ».
– (Si j’existe,) je ne m’attends nullement à devenir un père heureux. Je deviendrais un père torturé, obligé (dans l’intérêt du fiston innocent) de taire mon hostilité aux enseignants commandeurs traditionalistes, aux riches exploiteurs sous-payant le travail de peine, aux menteurs commerciaux surfacturant le client activement appâté. Je ne suis nullement un modèle d’équilibre, mais ce monde autour me paraît affreux. Que Drareg Notrac y vive heureux, lui, oui, là est la « normalité » (l’alliance aux puissants, sans dénoncer leurs fautes éventuelles). Dans l'entreprise où je suis employé travailleur manuel, une chef que je qualifierais de matcha (féminin de macho ?) m’a un jour fait taire (ma question démolissant son dogme statistique) par « les gens intelligents ne se posent pas la question ! »… euh, je remplacerais « intelligents » par « ambitieux », au sens de « saine ambition » voulu par mon père.
– Accorder une haute estime à mon père est possible, bien sûr. Moi je lui accorderais plutôt du pardon, pour (ce que j'estime être) ses erreurs morales. Par ambition socio-professionelle, il a déménagé très loin en torturant de douleur son fils aîné croyant perdre sa petite amie… par ambition par interim, il m’a poussé à vouloir être premier de la classe, super-brillant, jusqu’à ce que j’explose de culpabilité et impuissance, incapable de songer à demander le redoublement en étant premier de la classe. Fautes lourdes. Il suivait une logique familiale (« l’ascenseur social ») qui n’était pas méchante, il a essayé de réparer généreusement, je le pardonne.
– En conclusion (temporaire) : je confirme ne m’inscrire nullement dans la tradition familiale d’enseignants sacralisant le « savoir ». Je préfère la logique critique dénonçant les dogmes, contestant l’autorité. Hélas, pour maîtriser un petit enfant, menaçant de devenir monstre caractériel en l’absence de guidage autoritaire, je vais m’écrouler de contradiction, voilà. La vie n’est pas belle, non. Heureusement que je suis mort, que tout ça n’est qu’un cauchemar de plus, seulement un soubresaut de malaise.