« Ne participe pas assez à la classe », une mise à jour
Pour discuter avec mon fils de 13 ans et demi ?
par Tophe2023, 21-22/05/2023

Mon livre source, complet, philosophie de scepticisme irréaliste introverti
Annexe source, 1993, extrait concernant la participation en classe
dernier ajout ici
Introduction (pour lecteurs adultes)
  Mon fils unique, qui a souvent les félicitations officielles de l’équipe enseignante, ne les a pas obtenues ce trimestre. Si on lui demande pourquoi (appelant une réponse comme : telle matière est difficile cette année), sa réponse est qu’il ne parle pas assez, disent les profs. C’est effectivement ce que disaient tous ses bulletins trimestriels même en cas de félicitations : « résultats parfaits à l’écrit mais ne participe pas assez à l’oral. » Toutefois, à la question, « pourquoi tu ne participes pas à l’oral ? », il répond un truc incroyable : « parce que vous ne me parlez pas ». Or si nous parlons peu avec lui, c’est pour respecter son attitude de repli/refus systématique, l’air colérique, ce n’est nullement de notre part parentale par désintérêt pour ce qu’il vit. L’accusation est mensongère. Quand il rentre du collège chaque soir, je l’invite toujours à parler par des mots comme « ça s’est bien passé aujourd’hui ? » et il pourrait disserter des heures, je répondrais présent, posant mille questions pour le valoriser, mais il tourne la tête de l’autre côté, en signe de fuite, et il dit un minuscule oui, généralement inaudible, à peine devinable. A table, il ne nous regarde pas en face, mais tourne la tête vers là où il y a personne. Non, je ne dis pas que c’est mal, pas du tout, j’étais pareil à son âge, d’adolescence inconfortable, mais accuser ses parents (en l’occurrence : moi) est totalement injuste. Je l’ai menacé de, dorénavant, à chaque retour d’école, nous parlerions sans discontinuer quarante minutes, comme ça il ne pourrait plu’ dire que ses silences sont de notre faute de parents ne le faisant pas parler.
  (Je précise un détail : bien qu’il soit mon fils, il n’y a pas eu de transmission héréditaire car il est adopté, et mon épouse parle assez mal le Français, s’en remettant à moi pour cette partie de l’éducation, elle gérant plutôt alimentation et hygiène, sports et danse – mais notre fils tend à tout refuser, visant un 100% de son temps sur ordinateur, sans manger ni dormir même.
  Toutefois, si je donnais suite à cette conversation forcée de 40mn par jour, quel sujet aborder ? (sans empiéter sur son intimité, premiers amours ou équivalents). Cela pourrait être ultra-scolaire, demandant ce qu’il vient d’apprendre à l’école, mais je désapprouve ce bachotage, qui m’a plus ou moins détruit durant mon adolescence. Finalement, je pense plutôt avoir une grande conversation une fois avec lui, en lui expliquant que je suis le spécialiste mondial de la lutte contre la condamnation « ne participe pas à la classe », le contraire de son ennemi à lui sur ce thême, mais l’expert en son sens, avec cent arguments qu’il n’a pas imaginés. J’en avais fait une annexe du premier livre que j’ai écrit, à l’âge de 28-30 ans. Mais je ne lui ferai pas lire ce livre, qui n’est pas du tout de son âge – ce n’est pas cochon, mais dangereux, parlant d’éventualité suicidaire presque à chaque page.

Qui dit « ne participe pas à la classe » ?
  Ce ne sont pas tous les adultes qui condamnent un ado ne participant pas oralement en classe, non, moi je ne l’ai jamais condamné à ce sujet, j’ai avoué devant mon fils avoir été ainsi à son âge, simplement je lui demandais ses raisons à lui, sans désapprobation méchante, seulement pour essayer de comprendre, d’aider.
  En fait, cette réprobation vient des professeurs dominants, qui parlent énormément et prétendent que cela est le bien, différent d’eux étant mal, selon eux. On peut froncer les sourcils vis-à-vis de pareille attitude, apparemment injuste écraseuse sans raison (autre que narcissique de la part de mauvaises gens).
  Enfin, attention : je ne dis pas qu’il ne faut jamais croire les enseignants, que ce sont toujours des mauvaises gens. Ce n’est pas vrai, d’une part, et il ne faut pas le penser, d’autre part. Pour le premier côté, je peux témoigner que certains profs (en maths, français, travail manuel, dessin) ont été merveilleux de respect envers ma scolarité brillante silencieuse. Pour le second côté, c’est une question de prudence : si on attaque les enseignants, il ne faut pas oublier qu’ils ont un colossal pouvoir de nuisance, et peuvent ruiner un projet professionnel comme celui de mon fils, voulant devenir pilote d’avion de ligne – il convient donc bien mieux de les laisser dominer à tort, affirmer des choses partiellement fausses, on pourra en reparler une fois la scolarité finie, mais pour l’instant il vaut mieux se soumettre en étouffant un soupir.
  Pourquoi tant d’enseignants veulent-ils des élèves « participant à la classe » ? Je pense que c’est une raison partiellement historique. Autrefois, vers l’an 1920 je crois, un professeur avait 50 à 100 élèves par classe, et pour ne pas qu’il y ait de chahut, mais bien une écoute attentive de tous, le « bon élève » requis était l’élève silencieux, discret, ne participant pas oralement au cours, ingurgitant simplement du savoir à son propre profit. Mon fils et moi (et mon grand frère et ma petite sœur) on aurait eu plein de compliments à cette époque. Mais, vu qu’enseigner à 50 élèves est bien moins efficace que d’enseigner à 5 ou 2 élèves, l’effectif par classe a été réduit, grandement. 30 à 40 par classe à mon époque vers 1980, 15 à 20 peut-être maintenant vers 2020. Il n’y a plu’ à craindre de brouhaha pagaille si les élèves parlent, au contraire ça meuble le temps de cours sans exiger que le prof apporte du contenu pour meubler chaque seconde. Les profs ultra-modernes adorent donc que des élèves disent ne pas avoir compris*, ou racontent des anecdotes hors-sujet, ça n’apporte rien positivement au cours mais c’est autant de moins de requis en cours magistral à apporter (le niveau des professeurs ayant grandement baissé, parait-il, une génération après celui des élèves, suite à la décision du premier ministre Jospin « 80% d’une classe d’âge au Bac (quitte à écrouler le niveau d’exigence) »… A mon travail, j’avais rencontré un fier étudiant Bac+5 qui… aurait été exclu de la scolarité avant Bac moins 5 de mon temps, pour incapacité totale en orthographe – il a pu devenir enseignant, je n’ai pas su la suite de son parcours.
(* : savoir s'il faut interrompre le cours en cas d'incompréhension ponctuelle, ce n'est pas évident ; je me souviens simplement de notre professeur de Maths en 2eC, Mr Trille, à l'ancienne, qui avait été choqué par une telle interruption et qui avait crié "Mais vous comprendrez à la maison en relisant ! Taisez-vous et écrivez !". Cela avait un sens, mais j'aurais préféré qu'il y ait des polycopiés ou livres avec toutes les démonstrations déjà marquées, le temps de cours étant consacré à la lecture-compréhension.)

Le second côté : psychologie et « 68 »
  Si les enseignants désapprouvent les élèves silencieux, ce n’est pas que par fainéantise et nullité, cela peut être « généreusement » pour le bien (escompté) des élèves eux-mêmes. En effet, une génération de psychologues (vers 1950-70 ?) a prétendu repenser l’école, accusée de dresser des moutons sans cervelle obéissant à un pouvoir dictatorial, symbolisé par le Général De Gaulle (aux environs de l’an 1968 et sa révolution étudiante « pour la liberté »). Au lieu des élèves sages studieux, l’idéal est devenu une libre assemblée adepte de la parlote en toutes directions, blablas infinis. Les rebelles devenaient les meilleurs, les bavards incarnaient la nouvelle excellence, et il était affirmé que cela préparait une excellence à venir en milieu professionnel. (C’était au temps soixante-huitard/hippie d’un idéal « coopérative ouvrière autogérée », l’anarchie bavarde étant applaudie en maudissant l’ordre silencieux ancien.)
  Mais… il se trouve que j’ai connu le monde professionnel alors, dans le sous-domaine des fabrications d’outils scientifiques. Et, effectivement, les blablateurs étaient utiles pour vendre, mais ils étaient archinuls pour inventer, pour fabriquer, pour tester. On a besoin de divers profils psycho-comportementaux dans la société, et il est totalement faux que la propension au blabla soit une très bonne chose, au contraire.
  Enfin, j’ai été moi aussi victime des nouveaux guides, et j’ai démontré faux plusieurs de nos outils, plusieurs normes internationales dites Qualité. Non, personne ne vérifiait, posément, mathématiquement, tout n’était qu’esbroufe et prestige des titres universitaires. Peut-être que les profs poussant en ce sens ont bien fait pour le succès (plein de fric) des ambitieux mauvais, mais ils ont travaillé à saper la simple idée de conscience professionnelle (honnêteté intellectuelle). Je ne leur dis pas bravo. (En pratique, tout ça m’a fait exclure en invalide pour troubles psychiatriques, tandis que devenait « nouveau milliardaire » le grand menteur en chef, blablateur escroc, grand profiteur de la crise covid19. Je mérite six Prix Nobel et lui six décennies de prison (sauf alibi psy d’enfance malheureuse ou autre), mais les jeux de puissance où triomphent les pourris ont abouti au contraire, presque.
  On nous clame que l’être humain, à la différence de l’aigle, est un animal social, ne vivant que par sa relation à autrui de son espèce. Et les extravertis sont champions en cela, tout ce qui compte pour eux étant la parlote superficielle. En Asie (Inde notamment), l’idéal est je crois différent avec le grand sage Bouddha, solitaire et choisissant de ne plu’ vouloir pour ne plu’ souffrir de ne pas avoir… Se replier sur ses pensées intérieures ou rêveries constitue l’idéal introverti, et personnellement je considère que c’est la plus haute humanité, perdant la bestialité bavarde caquetante, ou bêlements de troupeaux. Notre cerveau hypertrophié semble juste taillé pour l’invention rêveuse.
  Autrefois, l’enseignant délivrait un savoir pour que l’élève l’acquière. Puis des psychologues ont affirmé que cela ne respectait pas l’enfant, qu’il fallait aider l’enfant à acquérir tout ce qui est déjà en lui. Pour cela, il faut qu’il exprime cela avant de le conforter ou corriger, c’est compréhensible mais ce n’est qu’une vision partisane (idéologique) de l’éducation, immensément contestable. Quand on aborde un domaine que l’on ne connait pas du tout, il n’y a qu’à acquérir, on n’a pas en soi le prétendu savoir. Le pire est qu’au niveau d’une classe de multiples enfants avec participation spontanée, ce ne sont pas les cerveaux les pluss connaissants qui participent mais les tempéraments les plus bavards. Avoir réservé à ceux-ci l’enseignement, en condamnant les autres, me parait une honte.

Bilan
  « En vrai », « ne pas participer à la classe » (quand on n’est pas en difficulté ayant besoin d’aide) peut être révélateur d’un tempérament estimable, efficace professionnellement. Cela est condamné à tort, hélas, pas des dominants ayant oublié de réfléchir, manquant d’intelligence critique vis-à-vis de leurs nouveaux dogmes. Hélas, il faut faire avec, compte tenu des pouvoirs détenus. C’est après la scolarité et l’entrée dans le monde du travail qu’on peut/pourra en discuter sereinement. D’ici là, il faut soit renoncer à ses rêves soit se faire violence en acceptant les valeurs dominantes. En revanche, condamner des proches en les affirmant responsables (de causer une attitude de refus défensif) constitue une réponse très incorrecte, souvent ou toujours.
  Pour ne pas qu’il y ait de malentendu, je suis quand même allé lire le bulletin scolaire (que nous avait caché notre fils). Je cite : « Français (…) En revanche, l'absence chronique de participation peut être un frein dans l'assimilation de notions nouvelles. Il le sait : il doit faire un effort sur ce point. Maths (…) Dommage qu’il ne participe pas. Histoire-Géo. (…) mais il faut absolument qu'il prenne la parole en cours. Tu en es capable ! Anglais. (…) Je note quelques timides efforts de participation. Ils sont à poursuivre et à intensifier. Sciences vie et terre. (…) il faut à présent qu'il fasse un effort dans la participation. Technologie. (…) il faut à présent qu'il fasse un effort dans la participation. Appréciation globale : (…) En revanche, les conseils du trimestre précédent sur la participation orale n'ont pas été entendus. Même si cela est difficile pour lui, nous l'invitons fortement à faire un effort sur ce point, afin de développer d'importantes compétences en argumentation en vue de l'année prochaine. (…). » Je ne comprends pas, non, la légitimité du truc, et j’en doute même fortement. Il ne s’agit nullement de réponse orale à question orale, il s’agit de « participation orale », autrement dit l’élève sanguin qui interrompt le cours pour faire part d’anecdote hors sujet est félicité, celui qui comprend que ça n’a aucun intérêt est puni, pourquoi ??? Prendre la parole pour dire n’importe quoi ne garantit en rien de rien une assimilation de notions nouvelles. Quant à la capacité d’argumentation, cela me parait totalement contre-productif : les gens sérieux peuvent réfuter par écrit, crayon en main, avec un argumentaire impeccable, alors que l’oral est le domaine trompeur de la rhétorique, de la tromperie, obtenant un assentiment indu ou rejet non lucide. Et ce n’est pas que les injonctions n’ont pas été entendues, c’est qu’elles sont stupides, imposées par abus de pouvoir ! Quelle honte ! Enfin, je laissais faire, sans dire explicitement à mon fils que ces profs sont idiots et dictatoriaux, mais je lis ce jour, au sujet des résultats de conseil de classe : « Les mentions doivent acquérir un statut formatif en incitant les élèves et leur famille à persévérer dans le sens de la qualité ou à modifier ce qui pose problème. » Paf, les familles sont soumises aux mêmes injonctions sinon les enseignants taperont sur le crâne de leur enfant. Quelle honte. Imparable par abus de pouvoir. (Et je signale aux incompétents que le terme "qualité" a perdu son sens courant dans les années 1990, "années ISO-9000", pour devenir synonyme de parfection administrative, même pour vendre de la merde). Ce qui pose problème, c'est cette voie de nouvel enseignement pour seuls bavards, à mon avis, argumenté...
  Finalement, non, ce nouvel essai d’argumentation n’est pas davantage montrable que l’initial à mon fils, hélas. Non qu’il n’y ait rien à dire, non qu’il n’y ait aucun scandale contre lequel lancer alerte, mais ces salauds de très moches profs ont le pouvoir de casser les enfants, et entendent bien s’en servir, c’est atroce. Et pour mon fils ambitieux, voulant faire un métier précis, mieux vaut se laisser punir sans protester. Soupirs…

- - - - - - - - - - - Réponse maternelle (Ajout 03/06/2023)
   J’ai envoyé le bulletin scolaire de mon fils à ses grands-parents paternels (mes parents) et j’ai joint les deux versions de ma désapprobation (concernant « ne participe pas assez à la classe »), 1993 et 2023. Ma mère me répond de manière critique et c’est immensément intéressant. Je cite et commente, avant une synthèse :
* « (…) tes envois sur le "bavardage obligatoire". (…) Une incompréhension toutefois : un cours en "méthodes actives n’est pas une anarchie bavarde" (…) ».
--> Cela signifierait qu’entre la méthode active digne de ce nom (peut-être : bien) et les cours quotidiens (peut-être : mal), il y aurait un grand fossé. En effet, les cours auxquels je refusais de participer oralement de mon temps était un grand n’importe quoi bavard, auquel j’étais plutôt fier de ne pas m’associer, en dépit des mauvaises notes reçues en « participation orale ».
* « elles demandent beaucoup d’engagement : être au milieu des élèves, guider leurs découvertes, construire ensuite le cours à partir de leurs observations (…) ».
--> Peut-être, oui. Mea culpa si je n’ai envisagé que la fainéantise ou nullité en explications, du côté professoral. A expliquer.
* « Exemple (vécu). (…) un petit pays animé par des bourgeois actifs et savants, enrichis par l’industrie textile et le commerce international (…) »
--> Peut-être que j’ai reçu un cours d’Histoire comme ça, de manière magistrale ou active, mais ça me semble gravement oublier deux points incompris, jamais compris : pourquoi le partage des richesses se fait au profit des intermédiaires et pas des fournisseurs, ouvriers, acheteurs ? qu’est-ce qui fait la richesse internationale quand un autre taux de change ferait la misère ? Je n’y vois pas un cours mais un mystère, faisant gober l’horreur injuste comme quelque chose de normal faisant partie du paysage.
* « Ces expériences ont été tellement convaincantes qu’elles sont devenues la norme dans la plupart des disciplines. (…) »
--> Ce n’est pas clair : est-ce que chaque professeur essayant se convainquait lui-même ? ou bien est-ce que les inspecteurs voyant cela ici ou là décidaient de l’appliquer partout ?
* « Obstacle : il n’y a pas 1 prof sur 2 capable de gérer intelligemment cette démarche… D’où l’idée tordue : il faut que les élèves parlent, sinon il n’y a pas de cours ! D’où le formatage obligatoire des élèves à la parole. »
--> Je comprends le principe à moitié mais pas complètement : en effet, si les élèves ne parlent pas, même un prof intelligent expert ne pourra pas dérouler son cours comme il l’avait prévu.
* « Et pour les élèves, même rodés à l’observation, ce n’est pas facile de parler en direct sur un sujet qu’ils découvrent. (…) »
--> Ce n’est pas du tout qu’une question de facilité mais de caractère plaisant ou non, surtout, pour ce que j’en ai connu.
   Il me faut revenir sur ma scolarité, entre école primaire (CM1-CM2) où je participais beaucoup pour avoir de bonnes notes et préadolescence (4e) où je refusais de parler. Au CM1, je me souviens, l’enseignant adepte de la méthode Freyney avait dû revoir ses standards, car j’avais la réponse à toutes ses questions et mes camarades ne faisaient aucun effort, me laissant répondre, donc ses question étaient devenues « questions à tous sauf lui/moi »… Puis, en 6e, le relatif traumatisme de passer au collège, en n’ayant plu’ un enseignant proche mais plein d’enseignants méconnus, vus quelques heures seulement. Puis entre 6e et 5e nous avons déménagé, et j’ai perdu mon meilleur ami Xavier P, que j’ai idéalisé en souvenir : je me le décrivais comme silencieux, ne s’imposant en rien, discret, effacé, réservé, « quelqu’un de super estimable », mille fois mieux que moi petit con prétentieux pardon. J’aspirais à devenir un quasi-muet comme lui. Alors, ce n’était pas que parler était difficile mais déplaisant, comme ruinant ma respectabilité potentielle, mais je tenais bon, en refusant de parler. Du moins je voyais ça ainsi.
   C’est dans ces années-là aussi que j’ai découvert les concepts d’introverti/extraverti (vivant essentiellement de pensées intérieures ou bien intégralement dans la relation à autrui). Je voulais être introverti, je n’aimais que les introvertis, les profs exigeant des extravertis me semblaient scandaleux choquants. Pire : qu’ils mettent des mauvaises notes pour punir les introvertis me paraissait totalement scandaleux. Embrigadement, endoctrinement, salissure (fragilisant gravement à une période sans confiance en soi)...
   Qui plus est, avec ce qu’explique aujourd’hui ma mère, je trouve ça encore pire. Que tous les élèves parlent n’était en rien une nécessité : il suffisait que quelques bavards parlent. Entre « pas tous-silencieux » et « tous pas-silencieux », il y a un abîme…
   Et puis, si le but n’était que de faire un cours selon telle méthode, davantage novatrice que traditionnaliste, il n’y avait pas à punir pour cela des enfants innocents. Cela me semble avoir été un grave abus de pouvoir, et constituer encore aujourd’hui une grave faute professionnelle. Je renverse complètement la table : aux profs accusateurs de mauvais comportement, j’adresse la seule accusation de mauvais comportement ! (en ce domaine).