« Pourquoi quelque chose ? » dit-on…
Clarification philosophique sceptique
20-21/03/2021 par A.Cétamol (Tophe7 sur le forum)

Ajout

  Via un parcours Internet désordonné (cherchant des caricatures d’avions, me conduisant à un forum de points divers jugés intéressants), j’ai trouvé rappel d’une question déstabilisante entendue autrefois au lycée, et je me la repose aujourd’hui. (C’est un thème de réflexion donc aperçu à https://www.chassimages.com/forum/index.php/topic,311736.0.html :) une question que posait le philosophe Leibniz est :
« pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ».
(Sur le forum, il y avait plusieurs pseudo-réponses scientifiques et religieuses ou humoristiques.)
Ma réponse de base
  Mon avis : les questions « pourquoi » ne sont pas toutes sensées. Usuellement, l’enfant qui demande « pourquoi » veut une explication par un antérieur et un mécanisme générant conséquence. Schématiquement : « Ante-X + loi a donné X automatiquement forcément, alors : si on demande ʺpourquoi X ? ʺ la réponse est ʺParce que Ante-X et loiʺ ». Mais qu’il y ait un Ante-X n’est pas toujours certain, quel est le premier moment avant le tout premier ? comme quel est le plus petit nombre encore plus petit que moins l’infini inatteignable ? Concernant l’autre pan : les lois (scientifiques) sont une interprétation généralisante risquant l’erreur, il n’y a pas de loi certaine absolue depuis l’origine de tout ou avant l’origine, dans un rien avant le quelque chose. C’est du verbiage, pas du solide, donc la question n’a pas forcément de sens, de légitimité, pouvant n’être que du bla-bla ayant oublié de se demander le domaine d’application (et la pertinence) du mot pourquoi, extensible à l’infini ? ou bien particulier à un système explicatif donné.
Objection
  Invoquer « moins l’infini » comme plus petit est contestable, car relatif à une définition facultative de nombres négatifs. Mais en restant même aux nombres positifs, partant du zéro intuitif, quel est le plus petit nombre ? C’est 1 (ou moins si on définit les nombres décimaux) divisé par l’infini, ce qui ramène bien à la notion d’infini, contradictoire si on demande de la chiffrer en pratique (n’étant qu’une direction où chercher sans jamais trouver de réponse, impossible précisément). D’ailleurs j’ai lu (dans un livre sur David Hilbert) qu’était spécifique aux systèmes avec infini le théorème de Gödel sur l’incomplétude : avec infini, il est impossible de prouver logico-mathématiquement qu’on est cohérent avec tout démontrable. L’infini serait un piège artificiel, tout le contraire d’une évidence. Donc le commencement, l’origine de tous les pourquoi. Appeler « Dieu » éventuellement ce paradoxe ne lui donne pas de consistance en forme de réponse.
Extension
  Le problème me semble être qu’autrefois, les religieux prétendaient répondre « Dieu l’a voulu » à tout « pourquoi ? » quel qu’il soit. Exemple : pourquoi ce gel tardif ayant ruiné les cultures vivrières ? Et la réponse « divine » était assortie de n’importe quoi affirmatif, comme « donc il y a des sorcières parmi nous à brûler etc. ». Plutôt que cette affirmation de n’importe quoi au nom de l’autorité menaçante (terroriste, avec Dieu exterminateur), le mieux me semble de dire « on ne sait pas, la question de pourquoi n’a pas forcément de sens ». Certes, pour le gel tardif, les météorologues matérialistes peuvent dire que tel inhabituel gradient de pression donc tel vent a fait bouger telle masse d’air polaire selon tel chemin à tel moment, mais ça ne répond pas à la question « pourquoi Dieu a-t-Il fait cela » (supposant que tout vient de Dieu). Ce n’est pas qu’une question moyen-âgeuse : le prétendu réchauffement climatique qui détermine actuellement quantité d’actions (et lois et investissements) est prétendu « expliqué » par la combustion des énergies fossiles, mais ce n’est nulle part prouvé, à ma connaissance. Un mécanisme vaguement explicatif ne prouve pas que c’est la réponse au pourquoi. Il peut y avoir coïncidence avec un phénomène inconnu qui serait bien plus important, il peut y avoir action divine par un Tout-Puissant se fichant éperdument du CO2 humain, etc. Toutes les réponses semblent facultatives, prétendant abusivement au monopole de la raison. Le scepticisme « on ne sait pas » me parait plus sage. Certes, si un phénomène dangereux est enclenché, il semble utile d’écouter son énoncé alarmiste, mais avec examen dubitatif incrédule, pas du tout foi fanatique. La maxime « tout a une raison » est un acte de foi religieux ou matérialiste, pas une exigence de la raison. Ce n’est en rien prouvable (à un sceptique). Il se passe ce qui se passe, et qu’il y ait parfois comme des mécanismes pas à pas n’implique en rien que cela est universel absolu. Les adolescents manifestant en hurlant « pour le climat » semblent simplement immatures, nuls en philosophie, certes comme notre président Macron, haut diplômé en philosophie – blablateuse érudite, pas en épistémologie, visiblement, puisqu’il est scientiste obtus (fanatique), traitant de paranoïaques ceux qui ne croient pas « les scientifiques » (leaders d’opinion, écrasant les lucidités sceptiques sans ambition, même scientifiques aussi, comme moi).
Plus fondamentalement
  Poser la question « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » présuppose une affirmation implicite : « il y a quelque chose », et celle-ci ne me parait pas si évidente que cela, le doute pouvant s’y appliquer. Le premier sens possible pour « il y a quelque chose » est matériel : « voici un caillou solide, il existe, incontestablement ». Mais cette incontestabilité est fausse, abusive. En effet, l’éducation parentale a expliqué le mécanisme du rêve : une portion (au moins) de l’expérience est (dit-on) « imaginaire », vécue comme véridique et matérielle mais « en fait » délirante dans mes pensées. Or il est possible que tout ce qui est (apparemment) matériel soit ainsi mon rêve (ou cauchemar si je me casse les dents en mordant le caillou "pour voir"). Que quelque chose soit matériellement, vraiment, n’est pas sûr du tout. On peut l’imaginer mais ce n’est pas incontestable, plutôt douteux. Inversement, on pourrait dire que des idées sont, existent, même s’il n’y avait rien de matériel. Effectivement, c’est ce que je constate, mais ces idées sont de l’ordre de « n’importe quoi », sans que s’y définisse une causalité universelle. D’après mes souvenirs (eux-mêmes douteux), des idées viennent, s’éteignent, viennent, n’importe comment, et la notion causale (notion de « pourquoi ? ») n’y est pas pertinente (quoiqu’affirment sans preuve les blablateux psychanalystes et autres). On peut éventuellement imaginer des chaînes causales mais rien ne garantit qu’elles soient véridiques, nécessaires.
Mon bilan
  Bref, « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », la réponse me semble « je ne sais pas, je doute que ʺtous les pourquoi ont une réponse forcémentʺ, ce n’est pas sûr qu’une réponse soit sensée à toutes les questions, la causalité n’est qu’une hypothèse pas une loi universelle certaine ». (Si la réponse choisie est « Dieu ! », ça n’y change rien car se pose la question « pourquoi y a-t-il Dieu ? » et refuser de répondre à cela revient à n’avoir pas défini Dieu et simplement refusé de répondre au pourquoi ultime.)

---------- Ajout 21/03/2021 : Précision sur l’automatisme relatif
  Quand je disais, dans « ma réponse de base », que le « pourquoi ? » renvoie à une cause donnant automatiquement forcément le résultat, j’aurais dû préciser qu’il s’agit de la version enfantine de la causalité. Pour les adultes formés aux sciences modernes (notamment biologiques et médicales comme moi), ce déterminisme rigide n’est pas obligatoire, il y a des raisons partielles, des tendances, des « risques », participant à la causalité de manière floue, mais c’est un domaine peu clair, incitant encore davantage au doute que la causalité déterministe stricte. Quand on nous dit « fumer des cigarettes cause le cancer du poumon chez le fumeur », cela ne signifie pas que 100,0000% des fumeurs ont (ou auront) un cancer du poumon, mais peut-être 80%±10% (contre 8%±2% chez les non-fumeurs). Pourquoi tel individu a-t-il un cancer du poumon ? Il ne convient pas de dire « à cause de son tabagisme » puisque certains non-fumeurs l’ont et certains fumeurs ne l’ont pas, c’est simplement une « cause possible » dans un vaste flou sans stricte relation de cause à effet.
  Les fautes de raisonnement sont courantes à ce sujet. Il est maintenant notoire que les milliers de personnes âgées « tuées par la canicule de 2003 » sont mortes finalement d’intoxication médicamenteuse, la canicule ne faisant qu’entraîner leur déshydratation (comme chez les bébés) ce qui, couplé à la surmédicalisation des personnes âgées, a entraîné des niveaux toxiques dans leur sang d'où décès en série. Le pourquoi prétendu répondu par corrélation cache ainsi peut-être une erreur d'interprétation.
  C’est pareil pour l’actuelle crise covid19 : pour les cas de vaccinés morts de diverses choses, des tonnes de vérifications sont effectuées pour prouver (éventuellement, en espérant que non) une relation de cause à effet entre vaccination et décès, mais… si pareille attitude (louable logiquement) avait été pratiquée pour chaque cas de décès prétendu « dû à covid19 », le chiffre des « tués par covid19 » aurait pu être beaucoup plus bas, voire nul. La politique (avec les stars en blouse blanche) décide et affirme, en chassant les logiciens (et citoyens lucides).
  Attention aux « pourquoi » à réponse simpliste, ou gobée au nom du savoir des prétendus « sachants » (exprimant leurs croyances, ou exprimant n’importe quoi prétendu admirable du fait de leurs diplômes en récitation autrefois).