Je désapprouve le dicton « si on réfléchissait, on ne ferait plu’ rien ! »
Une discussion géante/gênante, pas tout à fait avortée
(par Un Férieur, 26/01/2020)

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  Vendredi passé, j’étais en tant qu’invalide à la réunion hebdomadaire amicale de retraités de l’entreprise où je travaillais (et dont je tairai le nom, notamment au cas où le secret professionnel s’applique encore), et j’ai eu une discussion marquante avec un ami, Raymond M, autrefois chef de service dans un autre service que celui où j’étais petit technicien exécutant. Nous étions en franc désaccord (argumentaire, amical), mais nous avons été interrompus par d'ex-collègues féminines préférant qu’on parle tranquillement de petits enfants ou douleurs liées à l’âge, je ne me souviens plu’ exactement, et j’ai oublié ce sujet abordé. Il m’est revenu à l’esprit cette nuit, et je voudrais ici compléter mon argumentation, immensément sérieuse et grave, j’en suis persuadé.
  Je désapprouvais que dans les entreprises, réfléchir (oser réfléchir) est condamné, combattu, et on me répondait « en entreprise, si on réfléchissait (si chaque personne réfléchissait), on ne s’en sortirait plu’, on ne ferait plu’ rien ! ». Et l’exemple donné était celui de la conduite automobile à droite, qu’en réfléchissant on pourrait contester, mais il ne faut pas réfléchir, il faut tous suivre et c’est bien mieux, pour tout le monde finalement. J’objectais que ça c’est une convention de standardisation, c’est très différent, très particulier, pas à généraliser. (C’est là qu’on a été interrompus).
  A la réflexion, je vois plein d’autres aspects à discuter :

1/ Le cas de fraude
  Dans la fameuse usine de viande Spanghero, on emballait de la viande de cheval étiqueté 100% pur bœuf, or un ex-boucher devenu ouvrier aurait pu exprimer être choqué : « mais, aussi foncée, cette viande est du cheval, pas du bœuf ! », et au nom de l’interdiction de réfléchir, au nom du suivisme « mieux pour l’entreprise et pour tous », on l’aurait fait taire. Jusqu’à ce que le scandale éclate et ruine l’entreprise, en faillite ultra-rapide et salissant à jamais le nom du créateur même. J’affirme qu’écouter cette réflexion venue de la base, vérifier son à-propos, et corriger s’il y a lieu, aurait été immensément plus profitable, tant à l’entreprise qu’à ses clients, et aux inspecteurs officiels discrédités pour leur incompétence passée, crasse.
  Ce n’est pas un cas immensément particulier jamais reproduit ailleurs. J’ai été mis en invalidité « psychiatrique » pour ne pas m’immoler par le feu sur mon lieu de travail en dénonçant les malhonnêtetés pratiquées par mon employeur, étouffées par la hiérarchie. Le seul argument un peu solide entendu étant « il n’y a pas que nous, nos concurrents font pareil, tout le monde fait comme ça ! ». La malhonnêteté semble générale, oui. C’est presque inhérent au monde capitaliste, ou monde marchand antérieurement, fondé sur le mensonge : à la question « pourquoi est-ce si cher ? », la réponse classique est « parce que ça coûte cher à fabriquer », cachant « pour amasser un maximum de fric dans notre poche, surtout celle de nos dirigeants/financeurs ».

2/ La prévention des audits casseurs
  Avec la vogue Qualité (« ISO 9001 ») des années 1990, certaines des mauvaises habitudes ont pu disparaître, mais pas toutes, même pas la moitié je pense. On a simplement érigé une montagne de paperasses investiguée régulièrement par des auditeurs administratifs, techniquement incompétents. Pour le cas Spanghero, il y aurait eu des sanctions si un protocole n’avait pas été en triple signature comme exigé par ailleurs, ou si sa date de mise en application était démentie par tel autre document – par contre ces auditeurs ignorent comment reconnaître viandes de bœuf et de cheval, ce n’est en rien leur problème, leur « compétence » (si compétence Qualité il y a, au sens courant du mot). Mais, je sais par expérience que quand un auditeur officiel pointe un problème (d’où risque d’interdiction de commercer), c’est dans l’entreprise un colossal branlebas-de-combat, pour résolution immédiate, et convaincante, et tracée, du problème signalé. Or… pourquoi ne pas appliquer cela quand un petit employé non-auditeur signalait le même problème ? Cela signifie que l’on se contrefiche des problèmes, que ce n’est que de la fausse qualité pour faire illusion, à de mauvais auditeurs, que l’on escompte incompétents comme d’habitude.
  Je trouve cela très contestable, et le fait qu’un petit employé – en réfléchissant (osant réfléchir) – ait détecté un problème me parait à investiguer très sérieusement, pour le bien de tous, surtout pas à faire taire au nom du bien général.

3/ La faute d’induction
  Il y a de très multiples fautes, diverses et variées, et je ne suis guère compétent qu’en mathématiques, chimie et logique, mais – à propos de logique – un drame absolu, méritant de ruiner la société occidentale, est l’erreur d’induction (généralisation abusive). En effet, il semble qu’autrefois, un produit ou une formulation de produit était validé par simple test : « ça marche ! ». Et, au nom de la rigueur « scientifique », l’usage dans les années 1990-2010 est devenu « tester sur 3 lots pour valider ». Mais, en matière logique, cela ne prouve absolument pas « ça marche indubitablement (dans 100% des cas, futurs notamment) ». Le futur est totalement inconnu logiquement (même si la croyance scientiste imagine avoir raison objectivement), et il pourrait y avoir 0% de réussite dans le futur, comme on l’a vu quand un fournisseur d’un des 50 ingrédients a délocalisé son usine sans nous le dire, produisant un élément défectueux (dont il était source unique mondialement), totalement dégradé alors qu’il était essentiel. A supposer même que l’échantillon des 3 lots soit représentatif du futur (ce que rien ne garantit, pas même le hasard cher aux statisticiens escrocs), il n’établit en rien un succès de 100,00% mais >66,67%, avec possiblement un quart d’incorrect, et il n’est pas sûr que le prétendu « contrôle qualité » le détecte, sur un test réduit (pour raison de coût) à conclusion généralisée par induction encore.
  Oui, oser réfléchir pourrait casser cela, casser les dates de péremption et plages de température validées, casser les normes Qualité internationales, casser les prétentions occidentales à la qualité rigoureuse. Alors « ne pas réfléchir » est mieux pour les escrocs que sont nos entreprises et nos officiels, certes, mais c’est affreusement coupable, stupide et faussement supérieur, indigne, menteur.

4/ Le principe militariste
  Une des raisons pour laquelle ce chef de service « était dans son rôle » en me rabrouant moi, petit technicien sans grade (ayant refusé toutes les promotions), c’est qu’au nom de l’efficacité, le chef commande et les exécutants n’ont pour rôle que d’exécuter. Cela vient du principe militariste : les petits soldats obéissent, seuls les officiers (ou les généraux) sont habilités à penser, réfléchir. On retrouve ce principe dans les sociétés basées sur la discipline (Allemagne, Japon, notamment), au contraire de l’anarchie rebelle latine ou autre.
  Certes, c’est un mode d’organisation, mais ce choix est contestable. Allemagne et Japon ont, en 1939-45, accompli des horreurs sur ordre, avec sanction terroriste atroce (massacres de civils et bébés à Dresde, Hiroshima, etc.), et affirmer que ce principe d’obéissance sans se poser de question garantit le bien pour tous s’avère immensément contestable. Un devoir de conscience, une légitimité de la critique individuelle, me paraissent préférables au suivisme abruti.

5/ La question de l’invention
  Un autre aspect de la question « objections réfléchies » porte sur les points critiques assortis de solutions innovantes, pouvant apporter un avantage sur la concurrence. Alors que les robots et machines-outils font plutôt mieux que les humains pour les tâches répétitives stupides, l’intelligence critique apporte un avantage colossal aux opérateurs capables de déceler les problèmes avant qu’ils éclatent en catastrophe, trouvant ici ou là le moyen de corriger ce problème – ce qu’a pu manquer de faire le concurrent fonctionnant stupidement de matière militariste. Notamment dans un service Recherche et Développement (où j’ai « fini mes jours » professionnels), cette attention inventive constante peut être immensément bénéfique, « ne pas réfléchir » ressemblant davantage à un mode paresseux (« fonctionnaire » ?) qui à terme conduit à l’extinction, dépassé par les firmes innovantes (ou firmes étrangères moins chères, à produit inchangé).
  En ce sens aussi, oser réfléchir est bénéfique, pas déplorable.

---------------- Ajout 01/02/2020 : 6/ Côté politique
   Raymond M était absent au café des anciens hier, mais je réfléchis encore un peu, tout seul. Il me vient à l’esprit une autre réflexion, pas envisagée au premier abord : le principe militariste est explicitement le monde idéal des dictateurs (le chef pense et commande, la population obéit sans se poser de questions). Tant Hitler-Mussolini à droite que Staline-Mao à gauche. Mais on nous prétend que l’idéal appliqué ici est la démocratie, respectant tout autant l’avis de chaque petit électeur (chaque homme avant le vote des femmes vers 1945, chaque adulte avant le vote des enfants peut-être en 2045, chaque compatriote avant l’abolition des frontières peut-être en 2145), il y a contradiction.
  Enfin, je comprends la pseudo-logique à l’œuvre, et ça me semble un mensonge presque explicite, déniant l’intelligence des prétendus supérieurs : en diabolisant les populistes, la prétendue Elite méprise le peuple (« bas-peuple ») et appelle à choisir quel dominant pensera à sa place (ce qu’une affiche Gilets Jaunes avait bien résumé en « voter c’est choisir qui t’enculera »), et en appelant ça démocratie (avec interdiction du référendum d’initiative populaire, et parlement faisant le contraire des réponses populaires éventuelles en référendum), hop la pilule passe, malhonnêtement, le bla-bla dit supérieur étant la seule parole dite sensée, responsable (« pas démagogique »). Avec complicité journalistique pour propagande quotidienne dite « informations/débats ». J’appelle pseudo-démocratie cette aristocratie déguisée, fautive (si l’Elite prétendue était effectivement ce qu’il y a de meilleur, nos dirigeants et prétendus « intellectuels » ne seraient pas si nuls et inefficaces, menteurs).

---------------- Ajout 02/02/2020 : 7/ Côté géopolitique et policier
  Je tiens peut-être une explication au contexte secrètement militariste de notre société. Depuis des années, j’étais effaré que deux réflexions majeures soient absentes du paysage « intellectuel » français (et même mondial), la prétendue Elite semblant très stupide, mais je viens de trouver l’explication presque démonstrative. Je m’explique :
   1/ Je trouvais imbécile/incroyable que personne ne signale que : si on rendait violemment la Palestine 1948 aux Hébreux (ou cousins prétendus), il fallait équitablement faire pareil avec l’Amérique, à commencer par les USA parquant leurs Amérindiens dévalisés, cette casse des USA étant impossible sans guerre nucléaire totale exterminant l’humanité, donc la recréation favorisatrice d’Israël est un favoritisme racial ayant valeur d’anti-humanisme tueur, donc crime contre l’humanité. Crime redoublé par l’actuel projet macronien de classer légalement (sans autorisation de référendum d’initiative populaire) l’antisionisme en acte de haine antisémite (d’où crime sioniste non dénonçable).
   2/ Je trouvais imbécile/incroyable que personne en France ne signale que : si on ne croit pas qu’ait existé sur Terre l’anthropophagie, cela n’implique en rien de rien qu’on a soi-même un projet de manger de l’humain, donc classer le doute envers la Shoah en dangereux acte de haine antisémite est insensé.
   Tout s‘explique avec le parallèle que je viens d’imaginer :
   3/ En 1945 sur le front de l’Est, les soldats affamés ont massacré et mangé les villageois d’ethnie voldame. En réparation 1948 de cette horreur, les survivants voldames (et leurs cousins dans le monde) se sont vu accorder le privilège exceptionnel d’un droit à avoir des esclaves (ce qui est interdit à tout le monde sur Terre, sinon). Alors oui, jusqu’en 2020 inclus, il devient interdit de contester que l’anthropophagie ait existé, cette contestation étant classée « dangereux acte de haine anti-voldame » (puisque contestant leur privilège raciste affirmé « réparation juste » – le terme « privilège raciste » à ce sujet étant d’ailleurs puni par la loi, de ce pays appelant fièrement à faire couler « le sang impur » des étrangers…).
  3bis/ Conséquence de 3/ : tant pis pour les humains locaux asservis par ces voldames, est-il sous-entendu par notre camp dominant/décideur… Et, solidaires avec les esclaves-de-voldames, des coreligionnaires slamifistes nous font exploser un par un (sans pouvoir militairement affronter nos armes nucléaires, que nous leur interdisons furieusement et nous autorisons, illégalement mais il ne faut pas le dire), alors on les appelle « terroristes » = criminels diaboliques totalement injustifiables. Quand nous appelons « héros prodigieux » nos ex-soldats ayant fait pareil vis-à-vis du camp adverse, en massacrant racistement ses bébés par le feu aérien…
   Oui, ce conte fictif (« 3 », « 3 bis ») colle à la malhonnêteté totale du monde présent, nous prétendant « camp du Bien » au nom de prétendues valeurs grandioses, en fait atroce petit calcul imbécile, interdit d’objection, menacée de prison, ruine et infamie... (C'est un peu loin du monde des entreprises, mais un emprisonné perd son travail, tout se tient).
  Oh, comme il est triste d’être lucide (réfléchir pourrait éviter l’horreur malhonnête, donc les dominants se prétendant l’Elite interdisent aux quidams lucides de réfléchir)… Je ne me révolte pas, je soupire profondément, c’est tout. Dominance (« élitiste ») ne vaut pas intelligence, au contraire… Cela relativise immensément le bien-fondé (prétendu) de la maxime "ne réfléchissez pas, sinon on ne ferait plu' rien !".

---------------- Ajout 07/02/2020 : 8/ Positif un peu
  On me fait remonter la remarque que je ne dis rien de positif, comme si je ne croyais pas en l’homme, en la bonté, etc. Euh, c’est un peu plus complexe que cela :
– Je développe ma vision idyllique du monde dans mes ouvrages romantiques (« Ma Copine Tortue », 25 tomes à ce jour, plus de 6000 pages), ce n’est pas que je nie totalement cette dimension. Enfin, c’est un peu spécial : il s’agit d’un personnage charmant (Patrycja N.) dans un monde entier de mocheté l’insultant, sauf le héros-moi qui l’aime mais ne s’aime pas lui-même.
– J’ai le profond sentiment que 100% des politiciens et des journalistes sont malhonnêtes (« tous pourris »), mais cela ne concerne que les gens dominants, il est très possible que 51% ou 80% des dominés soient des gens bien. Enfin, quand je dis « dominants », ça ne veut pas dire que je ne parle que des gens au pouvoir : les leaders d’opposition, qui faisaient pareil avant ou briguent la place pour faire pareil dans le futur, ne me semblent pas mieux. Mais ça ne signifie pas que je suis misanthrope détestant toute l’humanité, non. Je constate simplement que le peuple (mondial) est dominé par des gens moches (parlant à tort en son nom, en république prétendue « démocratie »).
  Bref, je pense que des choses adorables sont très possibles, même s’il y a énormément de mocheté dans les grandes choses organisées.