Lecture du livre de Shlomo Sand 2008
par David Malcor, 23-29/03/2009

ajout post-lecture

    J’ai offert le livre « Comment le peuple juif fut inventé » à une parente historienne, qui n’y a pas décelé de faute (contenu ou méthode) et me l’a prêté pour que je le lise aussi. Etant non-historien et sceptique, je suis beaucoup plus méfiant, critique. Je présente ci-après ce que j’en retiens [], et mes sentiments (personnels) ressentis au fur et à mesure [-->].

Avant propos. Titre : Face à l’amas des mémoires.
--> Je ne suis pas d’accord avec le titre : pour ce que je connais de la question juive (y compris la Shoah ou mon statut partiellement juif), il ne s’agit pas d’amas de mémoire personnelle, mais de récits entendus ou imposés au nom de l’autorité (éducative ou dite experte), cela change tout et m’incite à la méfiance, en passant au crible du libre arbitre individuel.
• Citation de Karl Deutsch : Une nation est un groupe de personnes unies par une erreur commune sur leurs ancêtres et une aversion commune envers leurs voisins.
--> Cet avis sévère tend à confirmer mon sentiment que le nationalisme (dit patriotisme par ses partisans, et tout comme le régionalisme, communautarisme, continentalisme, groupisme) relève de l’esprit de famille étendu, en étant une attitude de rejet résolument anti-humaniste donc anti-chrétienne sans le dire (avec complicité des instances religieuses au pouvoir). Mon approche en la matière est opposée : (je ne suis nullement amoureux de moi-même ni homosexuel et) je n’ai pas épousé ma sœur mais une étrangère asiatique de culture très différente, j’ai détesté mon frère dominateur pendant des années en lui préférant le reste du monde. Il manque toutefois un avis contradictoire, présentant le bon côté du nationalisme s’il y en a un. Le rêve de France blanc-black-beur dément totalement l’affirmation sur les ancêtres communs, mais n’explique pas du tout la légitimité de l’aversion envers les équivalents non français, dont je ne comprends absolument pas la légitimité morale éventuelle.
• Les juifs ne constituent pas un ethnos porteur d’une même origine mais sont des communautés religieuses apparues dans diverses régions du monde.
--> Cette affirmation semble la thèse principale du livre, mais il ne suffit pas d’affirmer pour convaincre et la suite devra justifier. Si c’était vrai, la création d’Israël-1948 en tuant et expulsant des Palestiniens serait un pur crime de guerre, et puisque l’ONU l’a approuvé (puis l’Occident seul compte tenu des cris musulmans et communistes, puis les USA seuls face aux doutes européens ménageant les pays pétroliers), ces instances méritent peut-être de se voir poursuivies a posteriori pour complicité criminelle – elles le doivent déjà à mon avis de toute façon, pour violence discriminatoire, rendant Israël aux Juifs sans aucunement rendre les USA aux Amérindiens. Que cette violence ait été raciste ou non, ce livre pourra orienter le réquisitoire (imaginaire, dans ma tête).

I. Fabriquer des nations. Souveraineté et égalité. Après les monarchies écrasant les peuples agraires, le capitalisme a conduit à générer des peuples souverains (via leurs représentants), se rassemblant en nations, à idéologie unifiante. Le communisme a aussi été nationalisé pour être plus mobilisateur.
--> Je n’ai lu, dans les pages ici résumées, aucun élément me convainquant que le capitalisme a été la cause générant la pulsion nationaliste des peuples, plutôt qu’une apparition conjointe. A mon avis, ce nationalisme populaire a pu être généré par lavage de cerveau (comme font les médias actuellement, éduquant très assidûment les jeunes au chauvinisme). Cela me semble venir des dominants – qu’ils soient élus (méprisant le point de vue de leurs électeurs, comme Mitterand et le PS abrogeant la peine de mort en dépit de l’opinion très majoritaire) ou des leaders communistes (méprisant le point de vue populaire pour imposer les choix du parti). Ils ont apparemment voulu dominer des territoires vastes mais pas trop : contre le régionalisme indépendantiste (sans, à ma connaissance, argumentaire qui ne s’appliquerait pas tout autant au nationalisme), avec colonialisme (prétendument généreux), mais en partageant le gâteau avec des équivalents étrangers sans escompter dominer le monde entier. Sand n’examine pas mon avis (basé sur l’expérience) et affirme le sien sans me convaincre aucunement, ne faisant que citer des auteurs historiens dont je n’ai aucune raison de croire qu’ils ont exprimé autre chose que leur opinion.
• Ce n’est que dans le cadre de l’état national que le pouvoir du peuple peut être mis en œuvre.
--> En théorie, c’est irrecevable : qu’est-ce qui empêche en principe les référendums municipaux d’initiative populaire ? Qu’est-ce qui empêche une démocratie mondiale unique, à strates régionales ? Le cadre forcément étatique n’a de sens que si toute forme non étatique est interdite, menacée par les puissances dominantes. Le nationalisme serait donc un projet dirigé, non un mouvement spontané, ce qui contredit le point précédent, disant que les dominants ont surfé sur la soif populaire de nationalisme. Sand oublie de noter la contradiction, comme s’il juxtaposait des vérités troublantes sans envisager que certaines affirmations sont erronées ou menteuses.
• L’idéologie nationale a pris naissance au cœur de la civilisation chrétienne, et en a repris des éléments : exigence d’adoration, condamnation pour traîtrise ou hérésie, etc.
--> Ce parallèle entre christianisme et nationalisme me semble presque une farce : c’est précisément tous les travers cléricaux, prétendument chrétiens mais trahissant outrageusement la parole de Jésus, qui ont été repris par les nationalistes. Ne pas signaler le mensonge, c’est faire perdurer le malentendu, c’est une faute dans un ouvrage d’analyse je crois. Même si c’est ici un ouvrage d’histoire et pas de discussion, il aurait été judicieux d’émettre un doute via des guillemets à « christianisme ».
• Toute idéologie nationale s’est référée à un groupe culturel dominant (Noirs exclus aux USA, Gallois exclus en Grande Bretagne, etc.)
--> C’est effectivement une idée de domination plus que de sang commun qui semble expliquer les nationalismes colonisateurs européens, mais cela me paraît rendre moralement abject le nationalisme, cela ressemble à une mauvaise caricature insultante. Il manque la réponse des accusés (si réponse il y a, certes, autre que la colère…).
• La conception d’un peuple-race élu n’est pas surgi de nulle part mais vient des maîtres de la mémoire érudits. Les agents principaux de l’élaboration des entités nationales et peut-être les plus grands bénéficiaires furent tout d’abord les intellectuels.
--> Peut-être que les érudits sont ceux qui ont généré la dérive nationaliste, inspirés par l’atrocité raciste de l’Ancien Testament biblique, mais leur conférer le titre d’intellectuels me paraît une faute lourde relevant de la complicité criminelle : avoir œuvré (à son propre profit) au nationalisme qui fit des dizaines de millions de tués est une faute morale très lourde, ne pas l’avoir entrevu indique un grave manque d’intelligence et de clairvoyance élémentaire – l’évidence de logique morale me semble être : aimer l’individu inconnu rend aimable à ses yeux, détester l’individu inconnu rend détestable à ses yeux (même si on tend à détester les criminels pour protéger les innocents, mais prétendre que « tous les étrangers sont criminels de naissance » me paraît un mensonge criminel). Le fait qu’ait été masqué l’humanisme anti-nationaliste de Jésus relève par ailleurs du mensonge outrancier méprisant le principe logique élémentaire de non-contadiction. L’intellect de ces gens semble avoir été archi nul, aucunement supérieur. Ils ont peut-être brillé dans l’art de la tromperie rhétorique, mais si nos ancêtres n’étaient pas stupides, ils ont dû objecter même si ce fut étouffé déloyalement par la force publique (comme l’illustre actuellement la loi Gayssot, interdisant officiellement le scepticisme sous peine de prison et ruine) ; cela ne relève aucunement de l’intelligence, seulement de l’épreuve de force, avec la faute morale de mépriser des non-érudits dont certains éventuellement lucides et honnêtes, eux. Certes, Monsieur Sand est un érudit, et donc il se classe lui-même en intellectuel, en intelligence supérieure, c’est simplement abject, parachuté comme vérité ce que je conteste totalement. Il faudrait des guillemets partout autour de ce terme intellectuel, pour dire « ceux qui se disaient intelligents, vraisemblablement à tort, faute d’esprit critique pertinent ou inventif utile ». Approuver et profiter des conventions abjectes est une faute, non un acte d’objectivité sans parti pris. Il aurait fallu émettre un simple doute, ouvrant débat contradictoire – non traité ici car ce n’est pas le sujet central. Quoique. Si le doute intelligent avait été la règle à l’époque, d’énormes cataclysmes auraient pu être évité, y compris Nazisme/Shoah/Nakba/Terrorisme, ce n’est pas bénin, et ça reste de brûlante actualité.
• Selon Aron, le racisme est le snobisme des pauvres.
--> Intéressante expression, je suis d’accord, c’est une forme d’anti-humanisme méprisant autrui pour se placer au-dessus. Je lierai les quatre concepts judaïsme-aristocratie-snobisme-racisme, tous exprimant la supériorité familiale décrétée sans mérite objectif.
• Le professeur d’école obligatoire (surtout le professeur d’Histoire) est le pilier essentiel de la nation.
--> Je ne sais pas si c’est une généralité, mais cela correspond à mon éducation primaire dans l ‘école publique française : en cours d’Histoire, il était enseigné comme révoltant que des étrangers envahissent la France, mais quand la France envahissait des pays étrangers c’était pour leur bien. Education à la déloyauté nationaliste, avec interrogation écrite punissant l’insoumission au dogme (contestation ou oubli de la leçon) et récompensant la récitation servile. J’ai été premier de la classe, j’en ai honte aujourd’hui (idem pour la soumission à une orthographe archaïque stupidissime, imposée par loi du plus fort, déclarant débile et irrespectueuse l’invention d’un système infiniment meilleur : phonétique en lettres standard). Ces professeurs ne faisaient nullement preuve d’intelligence, ils inculquaient la soumission en ne faisant réfléchir qu’en aval du dogme, jongler à partir de prétendues vérités. Entreprise d’abrutissement pour une servilité ludique, non une lucidité critique. Certes, après cette éducation j’ai eu les armes pour douter solidement, mais je ne sais pas si c’est une maturation plutôt freinée par les enseignants ou au contraire permise par les outils fournis (en les détournant ou retournant).
• L’idéologie nationale tient son succès de son optimisme : la souffrance du passé justifie le prix exigé au présent, et l’héroïsme du passé promet un avenir rayonnant.
--> Je ne vois pas l’ombre d’un argument convainquant dans ce discours, peut-être qu’il fait applaudir à tout rompre les foules, mais cela ressemble à de la manipulation mentale réussie, comme celle opérée par les religions certes avec succès aussi – c’est à désespérer de l’intelligence populaire, et j’attribue cela non à une bêtise générale mais à un endoctrinement efficace, propagande machiavélique.
• Bilan de I/
--> Certes un historien n’a peut-être pas à critiquer les idées qu’il rapporte, mais sa contribution me paraît alors voisine de la nullité. Rien (d’autre que la soumission au dogme éducatif et à la supériorité prétendue des érudits) ne me conduit à croire le roman qu’il raconte. Continuons quand même, pour voir si – à l’intérieur de la logique historienne – se dissout aussi la légitimité de la recréation d’Israël.

II. Mythistoire. Au commencement, Dieu créa le peuple. Citation de la Déclaration d’indépendance de l’état d’Israël en 1948 : La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là qu’il créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle et fit don de la Bible éternelle au Monde entier.
--> Je conteste totalement que la culture juive soit un Bien universel pour l’Humanité, l’Ancien Testament de la Bible (seule partie reconnue par « le peuple juif ») est une abomination éduquant à la misogynie, à l’extermination des enfants (et fœtus), à l’esclavage, au racisme, au ritualisme pardonnant les horreurs commises, etc. – immoralités heureusement en voie d’extinction et pas du tout éternelles, je l’espère. Si Dieu existe, c’était peut-être pour corriger ce roman atrocement insultant (envers Lui) qu’Il a envoyé là-bas sa forme humaine Jésus (s’il a existé), ça ne veut absolument pas dire que les corrections approuvent les atrocités initiales (même si Jésus ne pouvait pas le dire ainsi sans être aussitôt massacré). Oui, l’humanisme de Jésus a une portée positive universelle (proche du Grand Véhicule bouddhiste antérieur, de la postérieure utopie marxiste, etc.), mais pas la prétendue supériorité judaïque antihumaniste (dont la réinvention ou copie par d’autres a donné l’oppression féodale, le colonialisme, l’esclavage des Noirs, l’extermination des Amérindiens, la Shoah, la Nakba, le terrorisme islamiste, etc.). Oui, la Bible dans son ensemble contient bien des atrocités et beautés potentielles, mais ça ne justifie en rien les atrocités inclues (sauf dogme interdisant de réfléchir et contester, bien sûr, ce qui est d’ailleurs la leçon première de ce Livre abominable, punissant de mort la recherche personnelle discernant le bien du mal au lieu d’obéir yeux fermés à l’autorité religieuse).
• Du 1er siècle après Jésus-Christ jusqu’au seizième siècle, les israélites s’intéressaient à la venue prochaine du Messie, non au passé des Juifs. Puis les protestants valorisèrent l’Ancien Testament, les « fils d’Israël » étant devenus selon eux les Chrétiens, tandis que les Juifs persécutés par les Catholiques étaient sympathiquement invités par ces Protestants à devenir chrétiens (protestants).
--> Oui, j’ai lu par ailleurs que les protestants pourchassés en Europe avaient conquis l’Amérique du Nord comme pays donné par Dieu à leur peuple nouvel élu, exterminant les Amérindiens et asservissant les Noirs, non cités dans l’Ancien Testament (en cachant totalement l’humanisme du Nouveau Testament de Jésus). Et le côté pro-Juif se retrouve dans le fait qu’il y a davantage d’Israélites aux USA qu’en Israël, que les USA sont le premier soutien du sionisme, entraînant par leur puissance l’Occident et même l’ONU. Certes, c’est devenu un sionisme modéré, et la restitution des conquêtes de 1967 est demandée, mais c’est pour consolider et pérenniser les conquêtes de 1948, absoudre ce crime de guerre, il n’est nullement question de rapatrier les envahisseurs israéliens façon Pieds Noirs… ni de recréer l’Amérinde en cédant la moitié des USA comme les Palestiniens sont tenus de rendre la moitié de leur pays. Fanatisme criminel à mes yeux, sans aucune cohérence historique ou humaniste. Peut-être que c’est hors sujet ici, mais puisque personne ne le dit nulle part en Occident, un ouvrage prétendant faire réfléchir se devrait d’oser l’honnêteté, signalant les mensonges et crimes moraux. Non, Sand est a priori complice, à confirmer.
• L’idée que les communautés religieuses juives venaient d’un même peuple ancêtre est datée du XIXe siècle, reprenant le mythe chrétien d’une punition par l’exil du peuple n’ayant pas su reconnaître Jésus-Christ. Une religion de l’Histoire a remplacé la religion de la foi.
--> Cette religion de l’Histoire triomphe actuellement, la loi en France punissant les hérétiques sceptiques vis à vis de l’Histoire, pour faute d’insulte au dogme, indépendamment de tout acte répréhensible. Et si cela entraîne de la colère, c’est tout bénéfice : ça justifie de classer les contrevenants en méchants, le devoir de précaution faisant le reste pour condamner au bénéfice du doute. Les « intellectuels » n’y ont rien vu, n’en ont rien dit en tout cas, tout occupés à déverser leurs torrents d’érudition, vénérer le système de valeurs les ayant porté au sommet, sans réfléchir (et en étouffant les voix argumentées).
• Sans forcément remonter jusqu’à Abraham, la naissance du peuple juif a été datée de la conquête du pays de Canaan, où leurs aïeux étaient présents.
--> Sans l’interdiction du blasphème contestant la volonté (prétendue) de Dieu, il serait possible de nier la légitimité à cette conquête comme à toute conquête, dominant ou chassant autrui. Cette communauté agressive d’autrefois me paraît (humanistement, moralement) criminelle, nullement admirable. Je ne dis pas que je suis humaniste (j’ai quelque culpabilité à manger de la viande pour mon plaisir, j’essaye d’être gentil avec les gentils de toute origine même si je ne suis pas sûr qu’ils soient davantage que des marionnettes oniriques), mais cette vision historico-religieuse relève bien de l’atrocité nationaliste ou raciste. Et la Nakba du sionisme militaire (meurtres et expulsions de Palestiniens en 1948) rend inappropriée la liberté religieuse arguant que peu importent les convictions sur l’invérifiable puisqu’elles n’engendrent aucun acte de violence. Comme le catholicisme inquisitorial ou l’islamisme terroriste, le judaïsme sioniste est une religion qui a tué (et brimé jusqu’à l’explosion de haine en retour), cela ne mérite aucune exemption de condamnation à mes yeux. Il faudrait dire que c’est une dérive fanatique de judaïsme d’extrème-droite, salissant à tort la version honorable du judaïsme qui est… (j’ignore totalement la suite de la phrase, ce livre ne donne pas les éléments pour réfléchir, à ce stade).
• Les mariages mixtes sont vus comme un péché horrible, souillant la race sainte.
--> Je trouve ces mots monstrueux, certes ni plus ni moins que l’atroce Marseillaise (« qu’un sang impur abreuve nos sillons »). S’ils ont été admis par la diaspora, la Shoah n’aurait aucunement exterminé des innocents mais des monstres (et futurs monstres), certes en fait victimes d’intoxication, pas des personnes mauvaises par nature je pense. Cette atrocité morale, et retour de bâton atroce, justifierait pleinement de commander (sous peine d’interdiction) une réforme drastique du judaïsme, éliminant sa forme outrancièrement raciste – à supposer qu’une autre ne soit pas impossible par principe. Avoir recréé Israël constitue l’exact contraire : un triomphe de ce racisme (et Sarkozy, Bush, grands amis et soutiens d’Israël, sont donc coupables de racisme actif, à mes yeux). Mais certes, il peut s’agir de racisme virtuel, si le livre démontre que « le peuple juif pur » constitue un récit faux, et que les membres de cette religion ne constituent en rien une race distincte. La discrimination de mal-nés prétendus (façon aristocratique) ne vaut cependant pas mieux que le racisme effectif, brimant pareillement des bébés innocents (prétendre que le racisme est plus grave constitue… du racisme, paradoxalement, se disant férocement antiraciste).
• La nation juive constituerait le peuple-Messie qui sauvera un jour l’Humanité entière.
--> Je ne comprends pas comment de telles affirmations peuvent être crues ou même considérées crédibles. Si le Dieu de l’Ancien Testament existait, Il serait tout puissant et sauverait par Lui-même l’Humanité, les religieux racontent n’importe quoi, et avec carotte et bâton, ça marche… Incroyable. Le Coran fonctionne sur le même principe (en maudissant les Juifs et Chrétiens pour élire ceux qui suivent Mahomet). D’après mes souvenirs, je ne pouvais gober un dressage aussi simpliste qu’avant dix ans d’âge mental. Affligeant.
• L’insolent auteur juif allemand Graetz a écrit au 19e siècle qu’il est une loi naturelle : une race inférieure (comme la race germanique) ne peut pas détruire une race qui lui est supérieure (comme la race juive).
--> Cela ressemble à une provocation à la haine exterminatrice, Hitler étant tombé dans le piège (et il en a résulté la recréation d’Israël, c’était peut-être calculé, atrocement). Il s’agit de provocation insoutenable, conduisant à vouloir punir cette insulte d’arrogance et mépris inouïs – et il ne s’agit nullement d’invention personnelle délirante mais d’un jugement cohérent avec le texte de l’Ancien Testament judaïque. Certes, de telles valeurs étaient peut-être usuelles à l’époque, le « Christianisme » qui dominait intégrant l’Ancien Testament, les Amérindiens et Noirs étaient vus comme des demi-singes, mais je ne comprends pas que ces affirmations atroces ne soient pas aujourd’hui interdites, dans les pays ayant des lois contre le racisme. L’explication me paraît simple : il suffit d’interdire « le racisme et l’antisémitisme » en hurlant la lecture « le racisme constitue un crime et le plus haineux de tous est l’antisémitisme », en cachant la lecture « le racisme est ignoble, sauf le racisme judaïque qui est intouchable », toute contestation étant aussitôt taxée d’antisémitisme donc racisme nazi génocidaire – tour de passe-passe rhétorique, nul mais admis par tous les « intellectuels », bouche cousue ou approuvant avec surenchère. Je ne suis pas d’accord : selon moi, tout mépris raciste ostentatoire est ignoble, judaïque ou autre, générant automatiquement colère en retour – si on veut lutter contre le racisme, il faut équitablement commencer par lutter contre ce judaïsme là. Ceci dit, sans égalitarisme dogmatique, je reconnais que des hérédités (gênes) peuvent théoriquement favoriser certains traits brillants, mais les individus brilleraient par leurs qualités en situation d’égalité des chances, sans justifier d’élire les quelques frères ratés et mépriser les quelques étrangers brillants (individualisme comme humanisme s’opposent à la déloyauté groupiste de naissance). Citer ces phrases sans dire qu’elles sont atroces me paraît difficile à supporter, mais bon, j’admets que c’est peut-être une méthodologie historienne.
• La réponse de l’historien allemand Trietschke fut le sionisme anti-juif : volonté d’expulser les Juifs allemands vers un état à eux.
--> La situation actuelle est bien différente de ce sionisme antijuif : le sionisme juif (allié des nazis, en préférant la haine à l’intégration-dissolution) a gagné en expulsant et brimant les Palestiniens, le sionisme antijuif (pré-nazi) a perdu car la plupart des Juifs n’ont nullement migré vers Israël. Pourquoi restent-ils ? Peut-être afficher leur morgue, obtenir les lois faisant taire les objections automatiquement classées nazies, contrôler le soutien militaire à Israël des grandes puissances, et s’enrichir (pour eux-mêmes ou pour financer Israël)… non, j’espère que c’est une autre explication, comme l’orthodoxie judaïque attendant la venue du Messie sans action de guerre humaine – mais j’ai entendu dire que les juifs orthodoxes étaient les plus virulents opposants aux mariages mixtes, donc les pires racistes (selon la logique des éleveurs animaliers pratiquant les croisements dirigés). J’espère trouver une réponse honorable quelque part (concernant la religion judaïque, je répète que le sang juif me paraît innocent, à supposer qu’il y ait un sang juif distinct, ce que va discuter ce livre).
• L’historien juif russe Doubnov, laïc de culture yiddish, se prononça pour la préservation de la religion judaïque, instrument de définition de la nation juive (il prenait la Bible pour source historique partiellement fiable et souhaitait laïquement l’isolement reproductif, garantissant la pureté de la race juive).
--> Ceci introduit le fait que Ben Gourion, le leader sioniste, était paraît-il athée. Il n’y a alors même plus le commandement religieux d’obéir sans réfléchir, cela devient un racisme sans excuse (ou rejet de l’autre, si le communautarisme social remplace parenté et religion communes). Je suis choqué qu’une religion raciste ait ainsi été choisie par calcul, sans la circonstance atténuante qu’aurait été la foi aveugle. Pire : si l’on omet le racisme divin préférant les Juifs à tous les autres humains, le sionisme n’a plus la moindre légitimité historique, la Terre d’Israël appartenant aux Cananéens ayant précédé les Hébreux. Ne reste que l’immoralité égoïste brute du « Je prends ce que je veux », en version groupiste, communautariste. Abject.
• Les chercheurs chrétiens se gardaient bien de contredire l’Ancien Testament, sans lequel le Nouveau Testament n’aurait pas de support.
--> Je ne suis pas d’accord : le Nouveau Testament est intéressant par lui-même, même si Jésus était peut-être un personnage imaginaire. Son exposé de la morale altruiste, sa préférence pour le faible, sont touchants, même pour un athée, voyant la récompense post-mortem comme un rêve cohérent avec l’hypothèse où Dieu existerait. Ce n’est pas le Nouveau Testament qui s’éteint sans l’Ancien, mais un certain discours prétendant que l’Ancien Testament décrit la vérité terrestre et annonce la vérité sacrée du Nouveau Testament. La pensée honnête est ailleurs, que dans ses calculs de possibles mensonges soutenus stratégiquement (qui plus est pour obtenir des pouvoirs dominants contraires à la philosophie de Jésus).
• Selon l’historien juif new-yorkais Baron, le fondement de l’identité judaïque est l’amour du passé hébreu.
--> L’amour de l’Histoire comme fondement du rejet de l’autre : c’est à mon sens, au contraire, un argument contre l’Histoire, apparaissant dangereuse voire criminelle pour présent et futur. Enfant, j’ai été transporté de Touraine en Région Parisienne, puis en Région Toulousaine. Arrivé à Toulouse, j’ai été rejeté : « Parisien, tête de chien, Parigo, tête de veau ! » parce que les ancêtres parisiens avaient exterminé les ancêtres occitans (« tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens »). Cette Histoire voulant des rejets éternels, à la place de la réconciliation-fusion des nouvelles générations, me paraît criminelle. La rhétorique sur le devoir de mémoire (par « intellectuels », politiciens et médias unanimes) serait cassée facilement si le débat était permis sans diabolisation malhonnête se prétendant antinazie.
• Les ancêtres ayant interdit les mariages mixtes ont sauvé l’éthnicité de leur peuple apportant par là indirectement une contribution énorme à l’humanité toute entière.
--> Je ne vois pas du tout laquelle. Les Juifs n’ont nullement sauvé les humains à ce jour, et même pour les Chrétiens affirmant que Jésus juif a sauvé l’Humanité, son père Tout Puissant aurait pu faire naître Son fils rédempteur comme Chinois ou Lapon ou Pygmée ou Maya ou métis apatride, sans aucun besoin de peuple juif consanguin. Quant à dire que les purs Juifs sont les plus intelligents des humains, ce qui profite à tous, cela me paraît en contradiction totale avec mon expérience : j’ai côtoyé cinq ou six « purs juifs » dans mes études, médiocres peu logiques et peu inventifs, hautains, peut-être parvenus en haut de l’échelle sociale plus tard par piston communautariste (et ambition dominatrice forcenée). Faire durablement cadeau de cette déloyauté antique à l’Humanité est une tare bestiale, version meute tribale, c’est uniquement mal selon mes valeurs.
• Selon l’historien « juif palestinien » (avant 1948) Baer, Dieu a prescrit à chaque nation sa place en attribuant au peuple juif son lieu naturel en Israël. La Bible constitue la preuve ultime de l’identité israélienne des juifs.
--> Effectivement, l’Ancien Testament est nationaliste, anti-humaniste, l’épisode de la Tour de Babel exprimant le refus divin de la coopération humaniste spontanée. Et les Chrétiens gobent ça en oubliant la logique opposée de Jésus. Et les Chrétiens nazis ont cru servir ce Dieu là en éliminant les Juifs « pas à leur place » en Europe. Atroce, à la source et le retour de bâton n’est pas moins atroce, il aurait fallu y réfléchir au départ, cela aurait été fait si les « intellectuels » étaient l’élite en intelligence plutôt qu’en érudition passéiste vénérant les textes dits grands, de crédibilité nullement démontrée.
• L’historien juif israélien Dinur (référence majeure pour les universités israéliennes) a créé la première « vérité » scientifique de l’Histoire d’Israël, mêlant Bible (en considérant exact chaque détail non divin relaté), autres sources (historiens grecs et romains) et observations archéologiques (documents épigraphiques). Il fonda l’historiographie sioniste, légitimant les droits historiques des juifs sur la terre qui n’était destinée qu’à eux.
--> Non, la science ne fournit jamais des vérités, mais seulement des théories, éventuellement acceptées (par les collègues chercheurs habilités) mais en instance de réfutation éventuelle. Peut-être que les guillemets expriment cela, d’accord. Quant à dire que la Bible est intégralement vraie car elle contient quelques éléments corroborés, c’est une idiotie : les aventures fantaisie de Superman contiennent des vérités (automobiles, bombes atomiques), cela ne garantit absolument en rien que tout soit vrai hors passages extra-terrestres. Par ailleurs, si les sources (autrefois non citées) des historiens grecs et romains étaient des croyances syriennes ou égyptiennes rapportant des croyances juives rapportant leur légende locale, il ne s’agit nullement de confirmations indépendantes mais de transcriptions indirectes de la légende source, n’en confirmant nullement la véracité. Je pense aussi que les traces archéologiques sont à prendre avec réserve : trouver en l’an 3000 des bandes dessinées Superman de l’an 1950 ne prouvera en rien que ce qui est écrit est vrai. Même les sources officielles peuvent être de la propagande mensongère. Par ailleurs, les traces textuelles d’époque sont généralement illisibles sans s’en remettre aux traducteurs experts des langues anciennes, en les espérant honnêtes et non engagés pour faire triompher à tout prix leurs idées (des polémiques sont apparues récemment sur la traduction de la Bible, les témoins de Jéhovah et les autres se condamnant mutuellement, et cela aurait été étouffé autrefois). Même les cailloux matériels archéologiques semblent peu probants : j’ai participé à un club archéologique, à l’âge de 12 ans, j’ai trouvé sur une plage un « pic asturien », qui ne prouvait rien de rien par lui-même, mais qui était pris comme preuve par le professeur qui y voyait la confirmation de son catalogue de « vérités » apprises dans les livres – je ne suis pas d’accord, son interprétation était cohérente mais n’était nullement la seule, rien ne me prouvait qu’il s’agissait de pierre taillée par des hommes préhistoriques plutôt que d’un caillou effrité par les chocs sur les rochers. Les témoins de Jéhovah affirment que la Bible dit vrai notamment car elle annonce la ruine totalement imprévue de la florissante Babylone (prouvée par les ruines trouvées aujourd’hui sous le sable) – non, le texte en question a peut-être été écrit après l’effondrement de Babylone, et pourquoi ce texte dit universel ignore-t-il totalement l’existence et l’effondrement de Macchu Picchu au Pérou ? C’est énervant cette démarche d’historien qui ne cite que des idées d’époque, et les contestations d’époque de ces idées, sans aucunement émettre de jugement avec le recul. Peut-être au chapitre suivant.
• Le laïc Ben Gourion, avec son intelligence de fin stratège politique, se référait explicitement à la Bible pour légitimer les conquêtes sionistes. Il encouragea l’engouement pour les fouilles archéologiques, bien qu’il eût tendance à faire abstraction des découvertes imprévues.
--> Je ne suis pas d’accord que la tromperie rhétorique et l’étouffement des objections traduisent de l’intelligence. Le mensonge efficace serait cassé par la logique honnête si l’intelligence avait le dessus. Mais l’intelligence morale conduit (je crois) à la soumission en soupirant, non à la violence dominatrice envers les méchants malhonnêtes se disqualifiant eux-mêmes. Résultats : les menteurs prétendent incarner l’intelligence, à tort, et s’attribuent le monopole de la parole, hélas (avant Internet, quoique la publication de ce livre dérangeant soit peut-être un « miracle »).
• Dans les premières années de l’Etat d’Israël, le culte de la sainte trinité « Livre-Peuple-Terre » fut développé par les élites intellectuelles.
--> D’après le dictionnaire Larousse, « élite » signifie ce qu’il y a de meilleur. La croyance aveugle et le mensonge affirmatif ne me semble absolument pas le meilleur en matière d’intelligence. Sans guillemets à « élites intellectuelles », Sand est encore une fois complice, je trouve ça très grave, disqualifiant l’auteur, presque. Certes, aux temps antiques, il y avait paraît-il les producteurs arriérés d’un côté, de l’autre : les dominants se payant des études, et faute d’initiation à la logique, les non-instruits ne faisaient peut-être guère preuve d’intelligence abstraite… mais, de nos jours, tout le monde étant éduqué, les producteurs (comme moi, travailleur manuel) ont autant sinon plus de pertinence logique que les improductifs payés pour endoctriner ou distraire – le terme sociologique d’élites intellectuelles, sans guillemets, est un archaïsme aveugle ou partisan, à tort.
• Quand des contradictions apparaissaient entre matériaux archéologiques découverts et texte sacré, une argumentation sophistiquée faisait parler les vestiges dissidents pour les accorder au texte sacré faisant référence. L’archéologue israélien Aharoni fit une carte détaillée et signa en 1967 la pétition nationaliste enjoignant les gouvernants à ne jamais renoncer au moindre pouce de l’antique patrie. Après 1967, les fouilles dans les nouveaux territoires conquis confirmèrent toutefois des contradictions nettes au dogme historique biblique, et cela commença à se dire à partir de 1987.
--> Affligeant. Mais il manque la réponse adverse, en débat contradictoire.
• Le peuple d’Israël (après quarante ans d’errance, suite à la sortie d’Egypte – non tracée dans les archives égyptiennes…) arriva devant le pays de Canaan et en fit la conquête fulgurante. Sur ordre divin, il extermina la plus grande partie de la population et fit de ceux qui restèrent des bûcherons et des puisatiers. Par bonheur, cette colonisation féroce, l’un des premiers génocides, n’a jamais eu lieu, étant l’un des premiers mythes réfutés par la nouvelle archéologie (basée sur étude fine des poteries et Carbone 14).
--> Je classe ce Dieu (imaginaire ?) en criminel contre l’Humanité, je le confirme. La vénération de la Bible et l’amitié envers Israël me paraissent complices de crimes contre l’Humanité, donc.
• Les antiques habitants d’Israël et de Judée étaient, d’après les traces archéologiques, de fervents païens, le plus populaire de leurs dieux étant Jéhovah (comme Zeus ou Jupiter chez les Grecs ou les Romains). Le grand royaume unifié de Salomon, et autres mythes d’un peuple prodigieux, auquel se référaient les premiers vainqueurs sionistes, semble une invention, mais qui fut utilisée pour justifier en permanence la colonisation moderne.
--> Affligeant. Et dire qu’il suffisait de douter au départ pour arriver d’emblée à la même conclusion…
• Les détails de la Bible semblent des inventions littéraires a posteriori, employant quelques bases historiques d’alors. Comme la pièce Jules César de Shakespeare renseigne sur l’Angleterre du 18e siècle davantage que sur la Rome antique, la Bible n’exprime pas le vrai antique (texte dicté par Dieu prouvant sa révélation et sa suprématie) mais le contexte de sa période d’écriture.
--> Oui, c’est une lecture possible. Si les seules réponses sont la croyance fervente, la condamnation pour blasphème, l’autoréférence (la Bible a raison puisque la Bible le dit), ce serait même une réfutation très convainquante de la vérité biblique. Je ne sais pas, il faudrait entendre le point de vue adverse.
• L’Ancien Testament a été utilisé laïquement comme vérité historique rassemblant les enfants des communautés juives du monde en une « nation » antique dont l’existence remontait presque à la création du monde.
--> D’accord, ce contexte de tromperie me ramène à mon point de départ : en ne croyant pas un mot de l’Ancien Testament biblique, je ne commets pas de faute historique majeure. Et les Historiens se contredisant mutuellement, chacun rangeant les choses à sa sauce pour appuyer son opinion personnelle, je me méfie de toute façon des accusations de faute historique.

III. L’invention de l’Exil. Prosélytisme et conversion. Les Israéliens sont convaincus (par l’éducation et les discours officiels) d’avoir été exilés en l’an 70 par les Romains, et avoir erré pendant presque deux mille ans en espérant redevenir un peuple libre dans son ancienne patrie. Même l’Ancien Testament se décrit comme une suite d’exils, déracinements et retours, c’est une tradition de la sensibilité juive-religieuse.
--> Effectivement, je ne l’avais pas noté sous cet angle en lisant l’Ancien Testament mais je le reconnais.
• Il convient de rappeler que les Romains n’ont jamais pratiqué l’expulsion systématique d’aucun « peuple ». Il n’était pas rentable d’expulser les producteurs sur lesquels était prélevé l’impôt.
--> Ce mot de « rappel » me gêne, comme s’il faisait référence à une vérité indiscutable. Non, je doute de cette affirmation comme du reste en sens inverse. Et Staline a déraciné des populations pour des raisons à lui, même si ça peut nous sembler illogique (et monstrueux).
• Les Romains ont repoussé certaines populations agricoles pour mettre des soldats à leur place mais pas en Orient. Et ils n’avaient pas les moyens de transport pour déplacer des populations entières. Les chiffres de massacres antiques sont (selon la plupart des chercheurs modernes) systématiquement exagérés par les chroniqueurs de l’époque. L’abondante documentation romaine ne contient pas cet exil, et il n’y a aucune trace de grands centres de réfugiés partis à cette époque, comme il y en aurait eu si la population avait d’elle-même fui en masse. Après l’an 70, les villes locales ont continué à prospérer et se révolter, avec massacres et oppression religieuse des populations, mais sans exil massif, le nom de province étant simplement changé en Palestine, aboutissant à un « âge d’or » vers l’an 220. Le terme d’exil signifiait alors soumission politique et non déracinement physique – ce sont les premiers chrétiens qui ont généré le mythe antijuif d’un exil physique en punition divine pour les refuseurs du Christ, prouvant leur pêché. Au 4e siècle, ce fut récupéré et intégré à la tradition juive, par la communauté israélite de Babylone, implantée là depuis 8 siècles sans aspirer à en bouger. Cela fournissait la rationalisation religieuse permettant de continuer à pleurer et se lamenter. Les juifs d’autres régions acceptèrent cette idée d’exil punitif et d’errance (en un sens surtout métaphysique, sans lien direct avec la patrie physique, et valable tout autant en terre sainte, dans l’attente du vrai Messie, du Jugement Dernier avec résurrection des morts). Des commandements rabbiniques interdirent toute tentative pour précipiter la venue de la Rédemption par retour massif sur Jérusalem, l’acceptation de l’exil étant un commandement divin. Avec l’invasion arabe au 7e siècle, les juifs perdent le pouvoir local, sans aucunement être expulsés. Mais même aux temps romains, des communautés juives s’étaient implantées partout, en position partiellement dominante. L’expansion grecque favorisa les arts et sciences, l’expansion romaine ordonna l’état légaliste, l’expansion juive fit reculer le paganisme [selon Larousse : polythéisme ou absence de religion].
--> Là, j’arrête : si la contribution juive à l’Humanité est d’avoir vaincu l’absence de religion, j’estime que c’est une contribution très mauvaise. La philosophie déiste et l’espoir en un paradis invérifiable peuvent conforter des masses de gens, d’accord, mais la professionnalisation religieuse (avec obéissance et intolérance sans discussion) est une calamité. Très grave, pouvant expliquer presque tous les malheurs de l’Histoire. Bouddha, Jésus, Marx, sont intéressants, mais les instruments de pouvoir utilisant leurs noms ont été immoraux.
• L’émigration juive volontaire se faisait vers les centres de prospérité du monde antique, et le prosélytisme prit son essor au 1er siècle. Les nombres et patronymes de Juifs dispersés du monde antique (avant l’invasion arabe) ne s’expliquent cependant pas bien par ces quelques migrants, mais par des conversions massives, décrites à l’époque, mais cachées ensuite (totalement en ce qui concerne les manuels scolaires israéliens) car discordant avec le discours « ethnique ». Des partisans du judaïsme souhaitaient que la loi de Moïse devienne universelle, quand d’autres voulaient préserver la pureté du « peuple juif », le texte sacré contenant lui-même les deux approches contradictoires. Tous les polythéismes sont missionnaires, interdisant la cohabitation de dieux étrangers et voyant une preuve de puissance infinie dans la soumission des autres pensées devenue vénération.
--> Non, je ne suis pas d’accord. Jésus a préconisé une toute autre voie, aucunement suivie par l’Eglise catholique (jusqu’à Vatican II peut-être), mais superbement illustrée par « l’illuminée » (ou « allumée ») Mère Théresa, jouissant de se dévouer pour les incroyants sans leur demander de se convertir, espérant seulement les faire réfléchir à ce qui peut expliquer cette grandeur d’âme (et ignorant les explications psychobiologiques par endorphines d’autosatisfaction). C’est uniquement l’Ancien Testament qui encense les guerres de religion bénies par les prêtres, ce qu’a repris le Dernier Testament Coranique, mais le Nouveau Testament dit tout le contraire : aimez vos ennemis, etc. Mais comme Jésus n’a pas eu l’audace de dire que l’Ancien Testament était un faux, le détournement était prévisible, hélas. Peu lucide, ce personnage de Jésus – brave gars mais naïf.
• Les prophètes juifs engrossaient des non-juives au mépris des phrases contraires de la Bible, et il n’y avait pas encore le dogme affirmant que l’identité religieuse est donnée par la mère. L’apparition de prénoms hébraïques à la seconde génération de convertis est tracée historiquement. La Bible dit elle-même « Et beaucoup des gens d’entre les peuples du pays se firent juifs, car la crainte des juifs les avait saisis. » Les croyances tribales refermées sur elles-mêmes se sont atténuées sous influence grecque, quoique celle-ci ait été combattue, pour finalement donner un monothéisme à universalisme anti-tribal. Il y eut des conquêtes juives armées suivies de conversion forcée au judaïsme, faisant des « Juifs véritables », la dévotion religieuse important davantage que la filiation. Plus tard, la judaïsation par contrainte fut condamnée par les rabbins, après 300 ans de prosélytisme (avant et après le début de l’ère chrétienne). Les convertis au judaïsme formèrent environ 7 à 8% de l’empire romain vers l’an 300, ce n’était pas une ethnie mais un choix de mode de vie, son prosélytisme intolérant (à l’égard des autres dieux) et dominateur menaçant finalement l’ordre politique romain, d’où quelques expulsions des cités – mais peut-être avec une partielle confusion entre christianisme et judaïsme (quoique la circoncision et le sabbat soient exclusivement judaïques). L’espoir transcendant en la résurrection des morts avait une grande force de persuasion, encourageant la conversion. Le sentiment d’appartenance communautaire avait aussi un certain attrait, surtout d’appartenance au peuple élu et sacré, au prix d’effort modéré. Les femmes (non astreintes à l’effrayante circoncision) se firent le fer de lance de ce vaste mouvement de conversion.
--> Stop. Là, il y a manifestement eu tromperie, ou exposé partiel des textes sacrés, certains passages de ceux-ci maudissant pour l’éternité la gent féminine. Mais ce n’est pas étonnant : au Moyen-Age, il ne fallait surtout pas faire lire la Bible au peuple, il fallait le diriger par des morceaux choisis affirmés Vérité incontestable, sans accès aux incohérences. Avec des siècles d’absolu succès, jusqu’à la révolte anticléricale, aussi aveugle que ses ennemis, sans discussion aucune. L’intelligence et la morale humaine (au-delà du dressage animal) sont totalement ailleurs.
• Le christianisme, plus « amical », se construisit dans le flou entre convertis totaux et partiels au judaïsme (les craignant-Dieu), explicitement cités dans le Nouveau-Testament. Le Talmud judaïque contient à la fois la condamnation et l’instruction de conversion, selon la sensibilité des rédacteurs, certains étant eux-mêmes vraisemblablement des convertis. Mais le triomphe du christianisme au 4e siècle conduisit à un repli, et même à une volonté juive d’effacer la période prosélyte du judaïsme, et l’origine étrangère des convertis. De très nombreux juifs se convertirent ensuite au christianisme. L’empereur romain chrétien Constantin 1er interdit aux Juifs leur coutume de convertir leurs esclaves, et il dut renoncer lui-même à l’idée d’esclaves chrétiens.
--> L’Ancien Testament sacralise l’esclavage (inventé par Noé, béni de Dieu), et je ne suis pas étonné que des juifs aient pratiqué longtemps cette coutume atroce (d’un point de vue moral : aime autrui comme toi-même), il est quand même dur de croire qu’ils ne libéraient pas les convertis juifs parmi leurs esclaves (la morale juive étant aussi l’amour du prochain je crois, sous réserve que celui-ci soit juif). Quant au point de vue chrétien, ça confirme que les calculs politiciens primaient totalement sur le point de vue de Jésus préférant le faible au fort. Non, ces religions institutionnelles ne sont pas de fières grandeurs pour l’Humanité mais des atrocités.
• Alors que le monde païen tolérait le judaïsme, le monde chrétien romain l’oppressa, ne voulant pas l’annihiler mais le conserver comme reliquat honteux et coupable. La population juive diminua et les historiens sionistes en concluent que les convertis partirent, ne laissant que les vrais juifs d’origine. On peut aussi penser que les convertis dans la douleur s’accrochèrent quand les juifs de naissance s’intéressaient moins au sujet et continuèrent à suivre le chemin facile donc la chrétienté maintenant dominante. On n’en sait rien en fait. Mais les rabbins romains réorientèrent leurs principes, pour un repli, acceptant l’oppression et rejetant toute nouvelle conversion. En Palestine, les juifs étaient devenus majoritairement chrétiens, et l’invasion militaire arabe implanta quelques étrangers, tout en perturbant l’économie, d’où déclin démographique. L’Islam encouragea la conversion des juifs et chrétiens, qui l'accueillirent favorablement face à la menace byzantine beaucoup plus sévère. Les juifs appréciaient aussi que Mahomet, se disant héritier des prophètes juifs, ne se prétende pas le fils de Dieu, hérésie absolue de Jésus. Les juifs purent revenir à Jérusalem dont les avaient chassés les byzantins. Des incitations fiscales à la conversion musulmane eurent aussi un fort impact (jusqu’à leur abolition, les conversions en masse vidant les caisses des califes). Les sionistes traitent ces conversions de trahison envers la « nation », sujet tabou. Il y eut ainsi « disparition » de la majorité juive locale. L’historien israélien Polak (après le précurseur juif Belkind) a estimé que les « Arabes » autochtones étaient des juifs convertis, mélangés à diverses populations de passage, seules quelques citadins ayant quitté le pays. Les fellahs, musulmans Palestiniens, parlaient une langue mêlant l’arabe et l’araméen, et qualifiaient d’Arabes les Bédoins, différents d’eux, ils pourraient être plus hébreux de sang que les Juifs ashkénazes et séfarades. Borokhov, sioniste de gauche qui inspira Ben Gourion, pensait que ces Palestiniens, descendants des Juifs paysans, redeviendraient Juifs amicalement auprès des colons israélites, issus des citadins émigrés. Mais les fellahs résistèrent violemment à l’assimilation les considérant inférieurs, dès l’émeute de 1936, et l’idée dominante devint des masses d’arabes récents envahisseurs d’un pays pratiquement vide, après l’expulsion antique par d’autres arabes. Le mythe devait légitimer moralement la colonisation, en occultant à l’opposé les conversions faisant perdre le prestige de l’appartenance héréditaire au peuple élu. Il s’ensuivit une remarquable réussite.
--> Remarquable réussite… c’est comme lire que les performances d’Auschwitz dans la combustion instantanée des bébés furent une remarquable réussite, je crois que des guillemets auraient été indispensables. L’efficacité à tuer des innocents ne me paraît pas mériter ces mots là. Atteindre un but immoral avec des moyens immoraux est plutôt un diabolique succès ou inhumain succès, quelque chose comme ça.
• Bilan de III
--> D’accord, le discours sioniste standard paraît extrêmement fragile historiquement, et devrait prêter à débat contradictoire serré. Je ne suis pas convaincu que Sand énonce davantage de vérités que ses opposants : il dit ce que les autres ont caché, maintenant à eux de dire si lui n‘a pas aussi caché ou déformé quelque chose. En tout cas, dans le doute, l’invasion d’Israël est un scandale. Qui plus est, je suis en désaccord sur le fond de l’histoire, qui est la propriété éternelle par les descendants des envahisseurs ayant conquis le pays de Canaan. J’explique en transposant : le riche Duc Bidule a fait construire le Château de Chose en l’an 1500 ; il a été tué en 1550 par les envoyés du pape combattant l’hérésie biduliste, son château revenant au glorieux Baron De Machin, béni de l’Eglise dominante ; en 1789, le peuple a tué le curé local, le descendant De Machin et expulsé sa famille, le château a été transformé en gîte d’accueil public, mais devant les difficultés financières, il a été vendu au riche bourgeois Jean Truc, puis entretenu par la famille Truc, difficilement, presque ruinée par une grève suicidaire d’esclaves du coton ; en 1948, la famille Demachin attaque le château les armes à la main, en expulse les occupants et tue les récalcitrants ; les Historiens Machinistes et l’ONU officiellement expliquent que ce n’est pas un crime mais une juste reprise de possession, avec l’approbation du législateur élu et réélu jusqu’en 2009 ; les enfants de famille Truc, haineux, tuent des électeurs ; les Historiens antiMachinistes expliquent que les Trucs anciens étaient parmi les semi-esclaves ayant construit le château sous la domination Biduliste, légitimant encore davantage la possession par les descendants Truc. Je ne suis pas d’accord avec ces démarches : les tueurs doivent être condamnés, tous, et la propriété ne me paraît méritée que si elle paye un travail utile, et le sang n’a aucune espèce de mérite à mes yeux mêlant Jésus-Bouddha-Marx (et quoi qu’affirment la « logique » judaïque ou nazie ou aristocrate ou indienne pro-caste, sans argument autre que l’autorité ou tradition). Les agriculteurs labourant les terres du château, les ouvriers entretenant ses murs, en méritent la possession, seuls (et pas les apparatchiks qui le disent), et à condition qu’ils n’aient pas tué pour cela. Au Moyen-Orient, pareil : l’accueil de migrants de religion juive, même s’ils ne sont pas d’origine hébraïque, m’aurait paru une bonne chose dans le désert Palestinien où ils voulaient faire pousser des fleurs, vendables et enrichissantes, mais l’expulsion des agriculteurs et citadins Palestiniens, avec interdiction de retour pendant plus de 60 ans, est un crime injustifiable à mes yeux. Avoir validé cette conquête de 1948 est un crime, qui que soient les descendants des anciens Hébreux. Sinon, que le monde attaque les USA (volés aux Amérindiens) et c’est l’Apocalypse nucléaire, non : mieux vaut réfléchir et soupeser, pour trancher équitablement le sujet à l’échelle mondiale, humanistement. L’affaire d’Israël est tout le contraire, que Sand ait tort ou raison, que la Cisjordanie (envahie ensuite) soit transformée en pays ou non.

IV. Lieux de silence. A la recherche du temps (juif) perdu. Avant l’avènement de l’islam, de nombreux arabes se sont convertis du paganisme au judaïsme, devenant intolérants et posant les bases spirituelles qui permirent l’épanouissement de l’islam. La chrétienté lui a fait concurrence avec succès, ainsi que de nombreuses sectes. Un royaume au sud de l’Arabie, Himyar correspondant au moderne Yemen, fut tout entier converti au judaïsme, et resta partiellement juif jusqu’à nos jours. Il exécuta (pour faire exemple) un missionnaire chrétien, coupable d’avoir élevé un lieu de prière décoré d’une croix, et refusant de renoncer à sa foi en Jésus.
--> Oui, voilà apparemment ce que le judaïsme légua à l’humanité : la mise à mort publique de la pensée différente, principe repris avec ferveur par les catholiques et les musulmans. Il ne faut bien sûr pas le dire puisque les israélites sont de pures victimes – discours officiel et « intellectuel », en France comme en Israël, avant le livre de Sand…
• Himyar s’étendit partiellement en Ethiopie concurrente, fut temporairement remplacé par une domination chrétienne puis le judaïsme revint au pouvoir, et fut finalement vaincu par les chrétiens, eux-mêmes vaincus par les Perses, puis par les musulmans, laissant subsister une communauté judaïsante. Les manuels scolaires israéliens censurent cette partie historique gênante du judaïsme, que les historiens sionistes attribuent toute entière à la descendance d’exilés de sang correct. En Afrique du Nord, un Roi juif conquit une partie de la Lybie et de l’Egypte avant d’être vaincu par les Romains. Les Puniques, Phéniciens d’Afrique du Nord, se seraient convertis au judaïsme, autorisé par les Romains contrairement au christianisme. Au 6e siècle, la conquête byzantine les chassa du littoral vers l’intérieur des terres. Des tribus berbères se convertirent au judaïsme, avec une célèbre reine juive berbère : la Kahina, mariée à trois non-juifs. Après la conquête arabe, il y eut des conversions massives à l’islam, mais des communautés juives subsistèrent jusqu’à nos jours, quelques arabes se convertissant d’ailleurs au judaïsme. Ce mouvement gagna l’Espagne, où les berbères judaïsants formèrent la très importante communauté séfarade. Plus tard, au 10e siècle, leur langue se rapprocha de l’hébreu. Pourchassés par les Wizigoths au 7e siècle, ils retournèrent en Afrique du Nord, avant de revenir alliés à la conquête arabe musulmane, à sa tête même souvent, contre les chrétiens. A partir du 9e siècle, les conversions locales au judaïsme devinrent plus difficiles, l’islam s’imposant, mais la société restait multireligieuse tolérante. La rumeur d’un royaume juif à l’Est enfla, et les juifs espagnols s’inquiétèrent de savoir s’il s’agissait bien de monarchies de père en fils comme de coutume dans la Bible. En pays khazar, des migrants juifs ont combattu divers peuples plus puissants et, avec l’aide de Dieu, les ont expulsés en prenant leurs terres.
--> Ça me rappelle quelque chose, 1948… Bien sûr, les « Chrétiens » ont fait pire en Australie et Amérique etc, mais la moralité judaïque est pour le moins discutable, la religion conférant au sang une « supériorité » autorisant toutes les violences et injustices à l’égard des inférieurs. Le fait que les Chrétiens n’aient pas jeté aux orties l’Ancien Testament me semble expliquer tous leurs crimes.
• Des khazars se convertirent et eurent des rois convertis. Mais la mémoire officielle israélienne effaça la Khazarie juive. Cet empire d’ascendance turque et bulgare naquit au 4e siècle dans le Nord-Caucase, s’étendit jusqu’à la Hongrie et le Kurdistan, combattit les musulmans, et disparut au 12e siècle, balayé par l’invasion mongole. Seuls les juifs avaient le droit au titre de Khagan, et nul n’a le droit de fixer les yeux sur le Khagan excepté les membres des familles nobles.
--> Oui, l’aristocratie « chrétienne » semble effectivement tirée des principes judaïques de l’Ancien Testament. Ça confirme ma conclusion personnelle.
• La capitale Itil a été ensevelie par une montée des eaux de la Mer Caspienne, et n’a pas été retrouvée, ni ses archives. Des sources majeures de revenus étaient les lourdes taxes sur les tribus dominées et le commerce d’esclaves, l’armée khazare semait la terreur en Russie et Ukraine, la langue sacrée était l’hébreu. Selon un écrivain arabe, le roi de Khazarie se convertit au judaïsme à la suite d’une discussion théologique agitée, le sage juif loua les services d’un tueur à gages qui assassina l’érudit musulman avant l’engagement du débat décisif, et le juif fit ainsi pencher le roi vers sa foi et il adopta la religion juive.
--> C’est plausible au vu de la « morale » de l’Ancien Testament (et l’assassinat contraire aurait été plausible au vu de la « morale » du Coran) : l’adoration du bon Dieu sous peine de mort. Atroce. Et je ne crois pas au terme « débat » sur un tel sujet, ces 2 testaments n’ayant aucun argument discutable, étant entièrement basés sur l’obligation de les croire mot à mot (incohérences internes comprises, gérées par les religieux professionnels décryptant les ordres pratiques), avec carotte et bâton.
• Des émigrés juifs d’Arménie et Irak, ne parvenant pas à imposer leurs religions là-bas contre la concurrence chrétienne et islamique, se seraient tournés vers les zones polythéistes, avec succès. Le prosélytisme des juifs Hamonéens (2e siècle avant J.C.) fut ainsi poursuivi et atteignit son apogée au 8e siècle en Khazarie. Le choix du judaïsme a pu éviter de se soumettre aux empires musulman et chrétien. Un historien russe falsifia des documents pour appuyer sa thèse disant que le judaïsme khazar n’était pas le standard rabbinique, mais ces tromperies furent mises à jour.
--> Non seulement des historiens interprètent en prétendant à la vérité, mais leurs sources peuvent être mensongères… Dur. Comme en sciences, ce n’est pas le discours « expert » qui mérite de convaincre, mais la vérification personnelle. Mais par le biais de la loi Gayssot, le doute est officiellement interdit, l’Inquisition (inspirée par l’Ancien Testament judaïque) n’est pas disparue…
• Une certaine tolérance en Khazarie faisait cohabiter les trois monothéismes mais la solidarité juive l’emporta : quand Bizance chrétien pourchassa ses propres juifs, le roi khazar réagit en pourchassant ses propres chrétiens.
--> Ce principe de solidarité religieuse est je crois le drame qui a conduit à l’antijudaïsme (en France au moins) : la déloyauté favorisant les coreligionnaires était un crime dans un pays fondant sa morale sociale sur l’égalité des chances. Cela s’applique encore aujourd’hui, pour la rancœur envers les « solidaires » Francs-Maçons et Israélites, méprisant et dominant autrui, indépendamment du mérite individuel.
• Les Juifs khazars se considéraient comme descendants des Hébreux, ayant simplement perdu trace de la filiation exacte.
--> On retombe à la situation actuelle selon Sand je crois : le dogme du sang sacré étant le fondement du judaïsme, il faut oublier coûte que coûte les conversions, pour se sentir supérieur de plein « droit » (c’est moi qui ajoute les guillemets, n’étant pas israélite raciste du tout, Sand l’étant peut-être, théologiquement, je ne sais pas encore – quoique, d’après le dos de couverture, il est Israélien professeur universitaire, donc peut-être forcément israélite).
• Une spécificité du judaïsme local consistait à donner à quelques individus des noms de fêtes juives, cette tradition migra vers la Russie, la Pologne, l‘Allemagne.
--> Les Juifs Ashkénazes viennent peut-être de là, intéressant.
• Si les élites khazars étaient clairement converties au judaïsme, la conversion des masses n’est pas certaine, les témoignages discordant à ce sujet. Mais, même dans l’empire chrétien moyenâgeux, les masses paysannes étaient incomplètement christianisées.
--> Oui, les superstitions populaires se sont maintenues, apparemment, d’origine païenne. Mais je comprends que l’Ancien Testament monarchiste éduquant à la domination… séduisait surtout les dominants, dont il légitimait l’immoralité. Et… il ne fallait pas trop mettre entre les mains des dominés les paroles de Jésus, contestant le principe d’écrasement dominateur. Donc… la situation décrite par Sand n’est pas forcément attribuable au manque de télévision d’alors : ne donner que quelques bribes religieuses menaçantes aux faibles opprimés semble avoir eu une certaine cohérence interne.
• Aux premiers temps des religions monothéistes les esclaves furent presque toujours obligés d’adopter la religion de leurs maîtres.
--> Je le comprends très bien pour les Juifs et les Musulmans, puisque leurs textes sacrés sanctifiaient l’esclavage, et le maître par rapport à l’esclave se comporte en dominant impitoyable, comme Dieu vis à vis de l’humain, et l’esclave ne doit pas le contester sous peine de perdre le Paradis post-mortem… Atrocement logique. Mais, pour les Chrétiens, ç’aurait dû être tout le contraire : Jésus agenouillé lavant les pieds de ses disciples leur a expliqué que le serviteur est plus beau que le dominant – mais puisqu’il n’a pas explicitement dit que l’Ancien Testament était un faux criminel (au moins partiellement), il laissait bêtement la porte ouverte aux esclavagistes se prétendant « chrétiens », et l’atrocité a duré plus d’un millénaire – non, Jésus n’était pas « intelligent » (s’il a existé, et si l’esclavage a existé, je n’en sais rien, en fait, je jongle juste avec ce que disent les historiens, différemment).
• Selon un rabbin, des rois se convertirent au judaïsme en rêvant que « un ange les incita à adopter la loi judaïque, et comme ils n’obtempéraient pas, il commença à détruire le pays », alors ils se convertirent ainsi que leurs sujets.
--> C’est effectivement le principe des Ancien et Dernier Testament, Torah et Coran : faire adhérer par peur panique du bâton, avec en plus la carotte du Paradis post mortem. C’est du dressage infantile, abrutissant. Si c’est ce que la Bible a apporté à l’Humanité, c’est très lamentable à mon avis, méprisant l’intelligence individuelle, théoriquement à même de comprendre le principe moral : essayer d’aimer pour être aimé, de ne pas détester pour ne pas être détesté. Evidemment, à brimer la réflexion, on génère des abrutis, et quand de mauvais guides excitent ces abrutis, ça donne des horreurs : la Shoah, la Nakba, etc. Affligeant. Et les intellectuels n’en disent pas un mot, au nom de la liberté religieuse… Mais l’anti-religion ne résout pas le problème (humain ?), Staline ou Mao ayant fait pareil sans Dieu, c’est très triste. Je n’ai pas la solution car la pensée humaine alentour semble foncièrement fondée sur l’esprit de famille, égoïsme groupiste : il est très bien de prendre à autrui pour donner à ses proches, ce qui casse toutes les utopies naïves.
• Malgré le déclin de la Khazarie (bousculée comme Byzance par les révoltes), la foi juive resta implantée en Russie, Crimée. La vague mongole du 13e siècle changea la donne politique mais aussi détruisit l’irrigation des champs, entraînant misère et vaste mouvement migratoire, vers l’Ukraine et la Pologne. La Khazarie fut oubliée et les historiens juifs rejetèrent le souvenir de ces convertis embarrassant le « peuple élu ». Les chercheurs soviétiques des années 1920 apprécièrent l’épisode khazar, la majorité des chercheurs étant d’origine juive et trouvant bénéfique d’apporter un brin de fierté juive à l’internationalisme prolétarien.
--> Je sais que la « fierté » est une tentation humaine presque universelle, et je n’aime pas ça, je préfère l’humilité. Ce qui me choque est l’idée de « fierté juive », fierté du sang quels que soient les actes personnels accomplis (hormis le ritualisme requis), c’est la logique de l’aristocratie (russe comme française) et ça me paraît totalement opposé à la logique marxiste, valorisant le travail accompli au service de tous. Ces marxistes là me semblent avoir été incohérents, comme les patriotes staliniens ou viêt-cong plus tard.
• Koestler, pionnier sioniste, expliqua que l’antisémitisme n’avait aucun sens, venant d’un malentendu partagé par bourreaux nazis et victimes : en fait, les Juifs Ashkénazes allemands ne descendent pas des Hébreux mais des Caucasiens khazars, farce cruelle de l’Histoire – mais le moderne état d’Israël existe légalement, et n’est pas supprimable sans génocide.
--> Pas d’accord, il est supprimable par rapatriement comme les Pieds Noirs colons d’Algérie. L’accueil ne sera pas confortable pour les pays receveurs, mais c’est le prix de la faute du soutien occidental à Israël (initialement et ensuite), c’est une juste punition. Quant aux « nés-Israéliens » après 1948, ils pourraient choisir le pays d’origine d’un de leur parent, ou les USA qui ont été les soutiens les plus acharnés des Israéliens.
• Pour justifier les conquêtes de 1967, Koestler fut condamné comme antisémite (par haine de soi juive).
--> Je suis passible de la même accusation, si ce n’est que je n’ai jamais été sioniste ni israélite (juste circoncis, et peut-être porteur des gènes intellectuels hébreux). Je répète donc le démenti formel à cette accusation : selon moi, les gênes hébreux sont totalement innocents et chaque individu doit être récompensé ou puni pour ses actes, non pour son sang – c’est hostile au nazisme comme au racisme judaïque (religieux ou laïc) ; mon idéal serait une humanité métissée et diverse, sans plus d’éducation à rejeter les mariages mixtes, et avec la surprise aléatoire d’enfants parfois blonds aux yeux bleus ou noirs très noirs ; s’il n’y a pas sélection consanguine (type canine ou bovine) de brillants super-brillants, ce n’est pas grave, l’humilité me paraît plus belle que le triomphe ; les frontières et héritages seraient abolis et… ces idées obtiendraient environ un milliardième des voix, je le comprends : Mère Thérésa, Jésus-Christ, quelques inconnus en prison peut-être. Les télévisions ont expliqué que le généreux et humble Abbé Pierre était quand même coupable d’antisémitisme, et… je souris, soupire.
• Comme les Juifs Séfarades se considèrent directement venus d’Israël en Espagne, et non de la conversion berbère en Afrique du Nord, les Juifs Ashkénazes se considèrent directement venus d’Israël via Rome et Allemagne, non de la conversion en pays barbare du Caucase, la langue yiddish étant à 80% allemande (et partiellement turque et slave, certes). Mais, jusqu’au 17e siècle, les juifs d’Europe de l’Est parlaient des langues slaves, la colonisation allemande entraînant ensuite son emploi par les intermédiaires entre aristocrates et paysans. Démographiquement, à une époque sans contrôle des naissances, les juifs dominants étaient ceux de Pologne et Russie, non Allemagne, sans corrélation avec la richesse locale. De nombreux autres détails culturels confortent l’origine caucasienne des traditions yiddish. L’histoire officielle israélienne consacre un effort énorme à la mémoire du massacre des Ashkénazes par les Nazis, mais évite résolument la mémoire de leurs origines (arbitrairement placée en Israël antique, en effaçant l’intervalle). Il ne s’agit pas de découvrir les détails (éventuellement gênants) qui ont été oubliés mais de consolider la légitimité du sionisme, fondé sur une « nation » commune errant dans le monde (mythe chrétien punitif repris par les israélites modernes).
--> Oui, les persécutions et mensonges catholiques ont servi le sionisme, la Shoah (en tant qu’extermination atroce et inachevée appelant réparation) a servi le sionisme, c’est assez connu. Mais cela sert aussi le racisme communautariste des Juifs anti-sionistes orthodoxes, jouissant du repli dans la haine alentour de la part des races inférieures ou bâtards impurs... Je le répète : le sang hébreu me paraît innocent, mais le communautarisme juif inculqué par les parents (ou rabbins) me paraît criminel, insultant et générateur de haine. Si on me dit que je suis moi-même, en sens inverse, insultant et mérite d’être haï, je conviens que je suis moins beau que Jésus tendant l’autre joue après une gifle, mais les gifleurs ayant giflé les premiers sont encore moins beaux que moi, quoi qu’ils aient le culot d’affirmer, avec certitude qui plus est. Tout ça ne serait pas très grave si ça n’avait pas débouché sur la Nakba et le terrorisme en retour. Avant de s’offusquer et frapper, à la façon de nos dominants et intellectuels unanimes, pourquoi ne pas réfléchir, avec humble autocritique ? Certes, on n’a pas à faire d’autocritique si l’on est une intelligence supérieure, le cercle est logique… injuste, faux, mais automatique.

V. La distinction. Politique identitaire en Israël. La déclaration d’indépendance d’Israël en 1948 affirme l’égalité des droits pour tous les citoyens sans distinction de croyance ou de race, la liberté de conscience et de cuite. La loi de 1985 interdit de nier l’existence de l’état d’Israël en tant qu’Etat du peuple juif, démocratique et sans racisme.
--> C’est tellement gros, comme contradiction, que ça paraît inventé, méchamment caricatural. A confirmer.
• La laïcisation de l’Europe, avec la montée des nationalismes, fut acceptée par les Juifs, qui combattirent fidèlement dans les rangs nationaux en 1914-18, tuant les juifs d’en face sans hésiter, le courant sioniste étant ultra minoritaire (comme le socialisme internationaliste). Les pogroms antijuifs après 1880 chassèrent de nombreux juifs slaves vers l’Ouest (Allemagne, France, USA) et quelques uns allèrent en Palestine ottomane. La politique de masse démocratique était fondée sur le « dislike the unlike » (condamner le différent) et la nation fut légitimée comme grande famille issue d’ancêtres communs. La culture chrétienne plaçait le juif comme étant le principal « autre », devant doublement faire preuve de soumission fidèle pour être éventuellement intégré. Affaire Dreyfus.
--> Stop. Oui, je comprends ce portrait à charge de l’atrocité nationaliste, mais pourquoi les « intellectuels » français ne sont-ils pas devenus mondialistes ? (humanistes). Les candidats Sarkozy et Royale, à gauche et à droite, et en crachant conjointement sur le nationaliste-affiché Le Pen, entonnaient la Marseillaise appelant à faire couler le sang impur des étrangers, avec retransmission médiatique unanimement enthousiaste de ce chant guerrier dans les stades. Pourquoi cracher sur 1894 ou 1914-18 sans mentionner que presque rien n’a changé ? L’explication que je vois est juive : si on refusait effectivement, comme Jésus, le nationalisme anti-humaniste, on refuserait le sionisme (et le communautarisme juif en général), ce qui serait classé antisémite par les tribuns malhonnêtes. Ils cacheraient que c’est l’exact contraire : il s’agit de bannir toute discrimination y compris pro-juive, en intégrant amicalement les ex-israélites devenus humanistes non-racistes, en condamnant l’Ancien Testament (donc Judaïsme, Catholicisme, Protestantisme, Islam), en réinventant un christianisme (logique de l’amour sans Dieu tueur) et un judaïsme (étude minutieuse des légendes hébraïques). C’est suicidaire. Alors les penseurs lucides baissent leur froc et s’amusent à vénérer Molière et Zidane, superficiellement. Ou ils sont stupides, promus comme meilleurs amuseurs sans conséquence. Quelques non professionnels anormaux, comme moi, comprennent mais ne font rien de plus, trop défaitistes pour avoir le moindre espoir, sachant que les menteurs ont davantage de succès que les culpabilisateurs. Sans l’assurance de Paradis post mortem à la Jésus, sans la carotte de la prospérité économique (conservée aux dépens des « sales Jaunes » exploités), je n’ai aucun argument pour plaire, fondant mes bases sur une utopie de « gentillesse » floue et sans justification exprimable. J’ai juste le sentiment d’avoir moralement raison, dans mon coin. Dans ma tête tout au moins, car en pratique je suis marié et préfère le rester plutôt que donner tort à mon épouse asiatique (qui m’a choisi comme occidental donc privilégié de naissance).
• Le sionisme s’est inspiré de la vague nationaliste (qui rejetait les juifs), en l’associant à la tradition religieuse juive dans son aspect le plus orgueilleux et refermé sur soi-même. Le fait de quitter le « peuple » seul élu était vu comme un pêché irréparable, et « l’assimilation » comme une catastrophe.
--> Je pense que c’est choquant et je préfère moralement l’accueil assimilateur de l’étranger, traité comme on aimerait être traité à sa place. Mais les tribuns français qui se veulent champions de l’intégration généreuse n’expliquent pas leur nationalisme (ou continentalisme pour les européanistes) : si j’étais chinois miséreux, je voudrais tenter ma chance en région prospère, alors pourquoi, moralement, chasser les sans-papiers et ne pas simplement abolir les frontières ? Les communautaristes juifs ne semblent guère pire que les autres groupistes, et cela fait au total 99,9% des gens qui me choquent… Ce qui sera traité de prétentieux et anti-démocratique. Je ne pense pas être meilleur qu’un autre, seulement plus résistant au lavage de cerveau scolaire, médiatique, religieux, et moins apaisé par le mécanisme d’aumône laveuse de conscience.
• Des juifs laïcs ont cherché dans la biologie la preuve de l’origine commune des différents juifs du monde, légitimant sans religion leur revendication d’Israël. Nordau : les maladies mentales sont une détérioration de la race.
--> Bâtard semi-juif et classé psychotique, je suis peut-être un total raté, mais en débat honnête, j’ai le sentiment d’avoir cassé tous les menteurs ou stupides se prétendant supérieurs (et supérieurs de naissance pour les purs-juifs et les nobles). Jusqu’ici, Sand ne m’a pas vraiment bousculé, mais si on débattait (par écrit puisque je suis nul en tac-au-tac verbal), je le brancherais sur son concept d’intellectuel, et sur sa morale religieuse s’il est israélite donc méprisant le non-juif (d’après le texte jugé sacré). A suivre, c’est ce chapitre semble-t-il.
• Pour un peuple pur mais dispersé, la variété des langues parlées s’efface devant la race physique scientifique, comme il est impossible pour un Nègre de cesser d’être nègre. Ruppin (acheteur de terres palestiniennes dans les années 1920) : les Juifs après tant de siècles ne sont plus tout à fait purs, mais les dures épreuves subies ont sélectionné comme survivants (Ashkénazes) les meilleurs intellectuellement, groupe racial inégalable par aucune nation. L’assimilation serait infiniment plus dangereuse que l’antisémitisme, en ce sens.
--> Je découvre que mes conclusions personnelles, désolées, correspondent à un vrai plan écrit, volontariste, caché par les médias et professeurs (et politiciens, bien sûr, mais eux sont connus comme menteurs professionnels).
• Pour Salaman, le sionisme était un beau projet eugéniste pour l’amélioration de la meilleure race : il fallait rejeter les juifs yéménites presque noirs et les séfarades basanés, en rassemblant les clairs Ashkénazes dans un pays sans plus de mélange. Renan expliqua que les juifs français étaient des gaulois convertis, un peu différenciés simplement par repli durable sur eux-mêmes. Kautsky expliqua que le principe de races humaines était une invention pour rendre naturelle la domination coloniale brutale des puissants, les juifs des différentes régions ressemblant davantage aux non-juifs locaux qu’aux juifs des autres régions, la différence peut-être commune étant seulement socio-culturelle liée au traitement particulier des juifs dans l’économie. Ces thèses contredisaient l’antisémitisme comme le sionisme biologique. L’UNESCO en 1950 condamna la notion de race humaine, avec consensus scientifique général, mais les recherches continuèrent en Israël concernant « le gêne juif ».
--> A titre d’hypothèse pourquoi pas ? Je n’y vois aucun scandale, mais à mon avis l'existence éventuelle d'un gêne juif ne justifie ni la condamnation des mariages mixtes (moralement, mieux vaut partager le bon éventuel) ni l’invasion de 1948 (sans rendre les USA aux Amérindiens, et Israël aux porteurs du gêne de Canaan).
• Le scientifique britannique Mourant était persuadé que les Britanniques (juifs ou non) étaient les seuls vrais descendants des Juifs antiques.
--> Ça me rappelle un "penseur" français dont j’ai entendu parler, disant que Jésus-Christ, après sa résurrection avait choisi de venir habiter en France, ce qui explique la supériorité intrinsèque des Français… Il est affligeant que la Bible ait conduit à ces sentiments nationalistes, chacun cherchant la supériorité (de naissance) divinement légitime. Jésus aurait dû dire en clair que c’était le contraire exact de sa pensée respectant l’autre, le faible – il l’a dit mais pas assez clairement, et s’il était l’incarnation humaine du Tout Puissant Tout Connaissant du Futur, il aurait dû trouver les mots adéquats. Non, (sauf censure ayant déformé ses propos) il semble n’avoir été qu’un pauvre type au grand cœur, naïvement, bravement, ignorant tout des problèmes intemporels et des détournements potentiels.
• A partir des années 1980, les scientifiques israéliens, publiant en revues anglo-saxonnes, expliquèrent que la génétique prouvait la proximité des différents juifs et leur différence significative avec les non-juifs. Mais des découvertes ultérieures complexifièrent le tableau, les Palestiniens ressemblant aux Juifs (et certains Juifs ne ressemblant pas aux Juifs). Après la révolte palestinienne de l’intifada, ce fut démenti par d’autres études, tombant bien pour le public israélien.
--> Attention aux erreurs de logique : ce qui serait scientifiquement probant serait de partir des gènes de l’antique Moïse ou autre et de regarder qui les possède, mais la démarche inverse est biaisée. Hypothèse : Moïse a converti au judaïsme son esclave mâle Z. Les enfants de Moïse et de Z ont été des Juifs pieux et des rabbins. Cinq descendants de Z (rejetant le souvenir de leur origine et s’estimant dignes porteurs spirituels du sang de Moïse) sont ensuite partis dans le monde pour le commerce ou faire adorer le Dieu unique, les descendants de Moïse restant agriculteurs en Judée. Par mariages consanguins (rejetant les non-juifs), les descendants de Z sont devenus un groupe différencié de l’Humanité s’accrochant au judaïsme, tandis que les descendants de Moïse se convertissaient au christianisme puis à l’Islam, se mélangeant aux autres peuples. Aujourd’hui, cela ferait dire que le gène juif est celui de Z (originaire du Moyen-Orient mais sans aucun rapport de parenté avec Moïse), alors que les Palesiniens descendants de Moïse, eux, seraient déclarés « prouvés non-juifs » puisque n’étant pas consanguins avec ceux se prétendant juifs de souche. Erreur totale, déclarée preuve positive par des très stupides ou malhonnêtes.
• Mais si le chromosome juif mâle semblait venir du Moyen-Orient, l’ADN juif féminin venait d’ailleurs, diversement. Les Cohen venaient eux, à plus de 50%, d’un même ancêtre mâle… même si des non-juifs portent le même gêne, et si l’échec d’une tentative de confirmation démentait tout ça. Le débat n’est pas biologiquement tranché à ce jour, concernant le gêne juif, mais le discours officiel israélien considère que c’est une certitude, qui sera confirmée.
--> Même si c’est confirmé, donnant tort aux thèses de Sand sur l’origine convertie des colons envahisseurs, ça ne légitime en rien de rendre Israël sans rendre pareillement les USA.
• Jusqu’en 1924, les USA accueillirent quantité de juifs yiddish, puis refusèrent, même après le génocide nazi. Les autres états développés firent de même, et il sembla que pour résoudre le problème juif, le mieux était de leur donner une terre lointaine. L’ONU en 1947 à la majorité scinda la Palestine en Israël et Palestine, le refus arabe avec attaque militaire créa finalement Israël : 640 000 juifs chassèrent 730 000 (des 900 000) Palestiniens, et l’idéologie sioniste leur interdit tout retour. Il y eut un problème pour gérer les conjoints non-juifs et les Palestiniens restants (expropriés de plus de la moitié de leurs terres). Le nom d’Israël fut choisi difficilement plutôt que Judée (rendant « juifs » les Palestiniens restants) ou Sion (les qualifiant de « sionistes » alors qu’ils étaient tout le contraire). Les mariages mixtes furent empêchés en réservant officiellement le mariage aux institutions religieuses. Greenfeld : la religion en Israël n’est plus la vérité mais un symbole de la spécificité collective, le reflet de la race. Dans les années 1950, avec la montée du nationalisme arabe, beaucoup de Juifs d’Afrique du Nord partirent vers le Canada, l’Europe, et Israël. Tout Juif du monde était déclaré bienvenu en Israël par la loi, sans que le critère de judéité soit défini. La traditionnelle transmission par la mère fut officialisée mais ne régla pas tout. Rufeisen, juif converti au christianisme sioniste, fut accepté mais ne reçut pas la nationalité israélienne – la religion primant finalement sur l’ethnocentrisme initial. L’affaire des enfants Shalit, à père héros sioniste et mère non-juive, conduisit à accepter les convertis au judaïsme. En 1972, le titre de « nationalité Israélienne » fut refusé à Tamarin, ne pouvant remplacer sa « nationalité Juive » officielle. Condamnant les mariages mixtes officiellement (Golda Meir 1972: un juif épousant une non-juive rejoint les six millions de victimes du nazisme), Israël accueillit quand même des couples mixtes, après l’effondrement soviétique surtout (en demandant aux USA de ne pas les accueillir). Les territoires conquis en1967 n’ont pas été annexés mais colonisés, pour ne pas accorder la citoyenneté aux autochtones mais seulement à leurs maîtres s’installant là. La demande d’égalité par des nouvelles personnalités palestino-israéliennes fit aussi craindre la perte des privilèges découlant du caractère juif de l’état. La loi de 1985 interdit de contester le caractère juif de l’état. Yehoshua : Israël doit rester l’état du peuple juif dispersé (dont la majorité n’y réside pas) et non devenir l’état de tous ses citoyens (dont 20% de non-juifs, qui n’ont qu’à partir vers le futur état palestinien). Samooha : la suppression de la discrimination envers la minorité ethnique dominée serait une terrible injustice pour la majorité dominante.
--> C’est le principe de la démocratie : dictature de la majorité, la démocratie libérale étant une forme facultative, non obligatoire en principe. Je ne suis pas démocrate en ce sens, même si la non-démocratie semble pire que la démocratie…
• La balance migratoire israélienne devient déficitaire : davantage veulent partir que venir. Les protestants ne constituent pas une nation, de même que les amateurs de chat. Les « démocraties populaires » communistes se sont vues dénier le caractère démocratique (libéral), de même que le totalitarisme autoritaire des révolutionnaires français. L’état d’Israël, démocratie « ethnocratique », circonscrit à ses juifs l’essentiel du bien public par l’intermédiaire de sa législation. Les Palestiniens soumis à un régime d’apartheid sont haineux, et les juifs d’Occident ne toléreraient pas de telles brimades contre eux-mêmes.
--> Oui, ils hurleraient au racisme atroce pour un million de fois moins que cela. Mais il ne faut pas le dire, c’est très étonnant que ce soit écrit ici, et publié, ce sera classé antisémite.
• ‘’Rien ne pourrait être plus nocif pour la force d’Israël que l’immigration globale de tous les groupes de pression prosionistes vers la Terre sainte. Il est de loin préférable pour lui que ces groupes continuent d’exister à proximité des centres de pouvoir et des médias du monde occidental ; eux-mêmes souhaitent d’ailleurs continuer à séjourner dans le riche et confortable « Exil » libéral.’’ L’ « ethnie » résidant outre-mer est toujours prête à financer Israël. Mais les jeunes tendent à s’intégrer et les mariages mixtes croissants inquiètent, pour la pérennité d’Israël. Le néo-colonialisme occidental, avec les guerres d’Afghanistan et d’Irak, rend toutefois optimistes les sionistes. Mais pour éviter les révoltes sanglantes, une égalité de droit entre juifs et non-juifs semble nécessaire. Que les juifs israéliens acceptent de perdre leurs privilèges semble incertain, et plus encore : qu’ils renoncent à leur image de « peuple élu » (se glorifiant et excluant l’autre).
--> Cela résume assez bien le problème. J’ajouterais deux notions élémentaires : la morale (traiter autrui comme on exige d’être traité) et l’équité (traiter les Amérindiens comme les Hébreux). C’est beaucoup plus simple et explosif que ce que dit Sand. Et j’aboutirais à la question-clé : comment le judaïsme religieux (et le communautarisme juif laïc) peuvent-ils échapper aux lois contre le racisme (sans diabolisation malhonnête des objections opérée grâce à Hitler) ? Cela ne menace pas Israël en principe : je ne suis pas opposé à la liberté migratoire et au référendum local d’auto-détermination (qui auraient pu recréer Israël en 1952 sans guerre), mais ça ne légitime aucun meurtre ni expulsion, et cela aboutirait honnêtement à des USA latinos et une Europe africaine en 2015 (avec brimade éventuelle des nouvelles minorités anciennement autochtones, façon israélienne) – ce serait une voie possible, mais cela ne légitime en rien l’iniquité communautariste spécifiquement projuive.

************************************ AJOUT 22/04/2009 : ILLUMINATION
     Repensant à tête reposée à ce livre, "Comment le peuple juif fut inventé", tout s’éclaire peut-être. Au début de ma lecture, je me demandais « un judaïsme honorable est-il possible ? lequel ? » et j’oubliais de revenir sur cette question une fois la lecture du livre achevée. MAIS la réponse me paraît incluse dans ce livre, indirectement, si l’on ne se laisse pas emporter par la problématique de l’auteur, mal à l’aise en Israël actuel. Finalement, je formulerai (pour moi-même) la conclusion suivante :
     Je distingue 2 judaïsmes principaux :
- « Pjudaïsme » (« Proselyte judaïsme ») [± un des judaïsmes antiques] : la base est Yahvép, Créateur unique de l’Univers, sévère et vengeur, exterminateur, au départ révélé aux seuls Hébreux mais exigeant d’être adoré par tous les humains (les craignant-Dieu, pjuifs métis ou non, endoctrinés ou convertis). L’hostilité aux mariages mixtes serait un crime raciste (en mépris de l'autre, et en chance ratée de convertir la famille du conjoint), de même que la domination de certaines familles sur d’autres familles. L’idéal serait un futur monde où tous les humains, variés et a priori égaux (avant expression de talents personnels en contexte loyal), se seraient convertis d’eux-mêmes au pjudaïsme, persuadés de sa logique et son honorabilité humaniste.
- « Rjudaïsme » (« Raciste judaïsme ») [± le judaïsme moderne, et un des judaïsmes antiques] : la base est Yahvér, Créateur unique de l’Univers, ayant élu le peuple hébreu, lui donnant la mission de rester pur sang, en s’entraidant pour écraser les non-rjuifs, les dominer, royalement, rhétoriquement, financièrement. L’idéal serait un monde où les rjuifs domineraient sans risquer la dissolution par mélange, donc en étant haïs pour leur domination (explicite ou masquée).
     Avec des sous-variantes :
- Rjudaïsme sioniste : les rjuifs doivent utiliser leur pouvoir pour que certains d’entre eux envahissent et dominent sévèrement Israël.
- Rjudaïsme antisioniste : les rjuifs doivent attendre le Messie divin pour regagner Israël.
- Rjudaïsme athée : Yahvér n’existe pas, mais il est délicieux d’être en communauté close , dominatrice, s’entre-favorisant (avec variante sioniste possible, pour qu’une partie de la communauté, isolée en Israël, risque moins le mélange amoureux, et pour que la majorité reste contrôler les puissantes richesses en faveur d’Israël, avec déloyauté outrancière entretenant la haine donc évitant le mélange).

     Bilan : Oui, je suis antiraciste rjudéo-phobe (les rjuifs étant racistes par principe) et je suis pjudéo-indifférent – vaguement pjudéo-phile, via la variante jésuesque (hérétique, peut-être marcioniste) niant le Dieu narcissique cruel, remplacé par un virtuel Père bienveillant.
     Grand merci, Monsieur Shlomo Sand, d’avoir inspiré cette réflexion éclairante.


************************************ AJOUT 01/09/2013 : CORRECTION
     J'avais écrit ce qui précède en étant un inculte religieux, ne connaissant du Christianisme que la Parabole du Bon Samaritain. Depuis, j'ai lu l'intégralité des 4 Evangiles officiels, et j'ai été horrifié : Jésus-Christ était un rabbin raciste, traitant les non-Juifs de chiens en affirmant que les tribus d'Israël sont les seuls enfants de Dieu. Le Christianisme est donc un rjudaïsme (détourné quand le statut de Messie a été refusé à Jésus), nullement un humanisme argumenté. Le message de Jésus contient aussi l'approbation de Moïse conquérant au nom de Dieu (avec massacre et esclavage) le pays de Canaan, ce qui a été repris pour l'Amérique. Jésus appelait aussi à tuer les parents éloignant leurs enfants de son Dieu, ce qui en droit moderne (humaniste ?) mériterait la condamnation absolue, non l'adoration (et le respect au nom des Universels Droits de l'Homme). Et le meurtre est pardonné aux croyants, ce qui est impardonnable selon Jésus est l'incroyance... Les protestants ayant conquis/asservi l'Amérique du Nord n'étaient donc pas des idiots criminels détournant "le message sublime de Jésus", ils ont me semble-t-il été (comme les catholiques, à peu de différences près) des suivistes adorant le criminel Jésus. Le sionisme étasunien actuel me paraît dans la droite ligne de cela : un triomphe du racisme armé, de l'intolérance tueuse. Les Islamistes vénérant un autre esclavagiste sont, de manière surprenante, les seuls à critiquer cette situation - il semble que l'intelligence laïque devrait y voir une lutte du Mal contre le Mal, non prendre parti pour l'Occident. Conclusion : l'intelligence n'existe pas ici (hors de nos prisons et asiles ?)...
    Signé : DM, sous anti-psychotiques...