Psycho-Sociorribles ou Psycho-Socionteux
par Tèrton Bésurléfès, nuit blanche du 06 au 07/09/2018

  Dans la compagnie qui m’emploie, dont je me dois de taire le nom et le secteur d’activité (secret professionnel oblige), nous employés avons été informés d’une nouvelle démarche voulue par la direction : l’Evaluation des Risques Psycho-Sociaux. Faisant participer tout le personnel, guidé par un cabinet expert (en psycho-sociologie). Or il s’avère que c’est une supercherie, stupide et malhonnête, mais on nous dit qu’il ne faut pas le dire, au travail, alors je le jette ici comme une bouteille à la mer.
  Je prendrais un exemple fictif, la marque bouchère Spanguéshtroumpf, dont tout le monde sait aujourd’hui qu’avant faillite elle vendait cher étiqueté « 100% pur bœuf, garanti ! » de la viande de cheval à bas coût. Dans cette entreprise, un ex-boucher reconverti ouvrier voyait clairement la supercherie mensongère, mais on l’a fait taire, sa hiérarchie haussant le ton, le condamnant s’il protestait, et déclarant « inadmissibles » ses mails multiples osant signaler par écrit le gros problème. Il s’est adressé à « l’officier de conformité », chargé de résoudre les problèmes de fraude et celui-ci l’a dirigé vers le service médical, secteur psychiatrique… La Responsable des Ressources Humaines l’a aussi désapprouvé, disant bien compréhensible que personne ne se plie à son « opinion » (sur la nature de la viande), en rien plus valide que l’opinion des autres gens, elle disait « aucunement crédible » son hypothèse que les (sévères) auditeurs soient achetés pour couvrir une escroquerie ici généralisée. Pendant ce temps la direction (surpayée) clamait des grands discours la main sur le cœur, et avec moultes citations lyriques en gage de supériorité, prétendant que leur compagnie incarnait le top niveau en Qualité, en Ethique, en Science ! Le pauvre ex-boucher déprimant fort, le service médical a demandé à son psychiatre de décupler les doses mais celui-ci a répondu que c’était un problème de la compagnie, pas un problème médical, du tout. Le triste employé a été arrêté trois fois pour le mettre à l’abri, puisque songeant à s’immoler par le feu sur son lieu de travail, avec lettre à la presse signalant l’escroquerie aux clients, au public. Puis vint la grande démarche psycho-sociale par l’entreprise : la direction s’engageait à mener une Evaluation des Risques Psycho-Sociaux avec l’aide dite incontestable d’un grand (cher) cabinet d’experts en psycho-sociologie. On a prétendu interroger tous les membres du personnel, et en fait il s’agissait d’un échantillon de 1%, écartant l’ex-boucher, classé « fragile », non-représentatif. Et il est apparu après lourde et chère enquête que les problèmes numéro 1 étaient les gens arrivant en retard en réunion, et la charge de travail un peu excessive sur chaine de production. L’ex-boucher a encore protesté que ce n’était pas du tout ça le problème, du tout. Ses chefs ont haussé le ton, encore. Et puis, diagnostiqué cancéreux à fin proche de toute façon, il est parti "plus utilement" en s'immolant par le feu sur son lieu de travail, comme il l’avait envisagé, avec lettre à la presse qui a révélé le scandale qu’il avait voulu résoudre en interne par la simple honnêteté, la compagnie a fait faillite, avec ruine de mille familles et impossibilité de marquer cette expérience (honteuse) sur les CV pour retrouver un emploi. Drame multiple, oui il y avait un risque énorme, à gérer, mais la prétendue Evaluation des Risques Psycho-Sociaux était un pan de l’escroquerie.
  Je ne travaille pas dans l’industrie bouchère non. Mais les outils de mesure que nous vendons sont faux, absurdes, idiots, pouvant être ruinés par n’importe quel enfant de 13 ans (notre proposition dite « haut de gamme donc chère » valant note zéro sur vingt en maths au brevet des collèges), alors que nos grands chefs sont Bac +12 auréolés de gloire dite scientifique, et couverts de diplômes (en récitation) – quand moi je prouvais les erreurs mathématiques des profs à l’université… Et depuis l’âge de 8 ans, je prouve ainsi les erreurs des enseignants, en trouvant affligeante la fierté des moutons primés en récitation servile. Le problème remonte loin. Le compliance-officer m’a donc adressé au Service Médical, qui a demandé au psychiatre (traitant mes tendances suicidaires) de décupler les doses, mais celui-ci a refusé, arguments à l’appui. On se dirige donc vers une immolation par le feu et banqueroute de la compagnie. On me met en demeure de dire si Oui ou Non, j’accepte de participer au Vrai Travail, de savoir si le Problème Psycho-Social numéro 1, validé par experts, est constitué par les retards aux réunions ou la charge de travail trop élevée (agaçant certains employés). Pas un mot (interdit !) sur les mensonges pratiqués pour ne pas jeter les produits, quand les locaux sortent des tolérances en température, pas un mot sur les instructions de dire n’importe quoi pour appuyer « ça n’a pas eu d’impact » quand un outil sort des tolérances vérifiées tous les 6 mois, pas un mot sur les démonstrations absurdes de nos mathématiciens validant les process, avec un argument idiot qui ferait prouver avec risque nul (ou inférieur à dix puissance moins un milliard de milliards de milliards) que les 70 000 civils morts à Hiroshima le 6 Août 1945 à 8h15 sont tous morts de décès naturel, pas un mot sur les instructions débiles du service dit Qualité appelant à clore les non-conformités en moins de 3 jours quand l’impact des déviations est totalement inconnu et requiert des mois et des fortunes d’investigation. Non, la malhonnêteté qui sévit partout n’est nullement dénoncée comme un grave problème pour les quelques individus lucides (cassés par la hiérarchie désapprobatrice, et par les collègues en colère aussi, ne voulant pas en entendre parler). Alors oui, si le scandale survient, les chefs et les prétendus experts auront tué, et coulé la boîte (et ruiné l’œuvre de toute une vie pour le patron fondateur), c’est immensément lamentable.
  J’ai détruit par A+B la méthodologie des sciences humaines, fausses sciences de blabla autosatisfait, mais la prétendue Elite y croit dur comme fer. Elite en stupidité, hélas, coupable et irresponsable. Oh, ce n’est que mon opinion personnelle, très évidemment, mais si le débat était honnête, on m’autoriserait à révéler sur la place publique les malhonnêtetés que je dénonce, que je peux prouver à un auditeur honnête. Non, le but est que la hiérarchie écrase, avec complicité des sociologues pourris (pléonasme, pardon).
-------- Ajout 07/09/2018 vers 19h --------
  Le risque psycho-social premier, finalement, est peut-être que le subalterne honnête, grondé injustement, se mue en lanceur d’alerte pour dénoncer l’escroquerie, d’où mort de la compagnie. Certes, c’est aussi aux dépens de lui-même, suicidairement (mais guérissant sa douleur de complicité, acheté par le salaire). C’est pour ça que les dominants malhonnêtes clament « lanceur d’alerte = malade mental ».
  Autre solution alternative, sans me tuer : écrire un livre, titré « la QQualité selon [la compagnie X] : mentir et cacher les fautes », sous-titré « + blabla jurant le contraire ». Refusé évidemment par les éditeurs, menacés par les lois au service des puissants, il serait envisagé comme pdf gratuit en ligne, mais je serais assassiné avant de finir de l’écrire. Ça revient un peu au même – en moins joli parce que les méchants malhonnêtes triompheraient richement, crime vainqueur.