Sport pour la Santé : attention aux fausses preuves
23/10/2021 par Hallizép Rèsk

   « Le sport c’est bon pour la santé », « pour aller mieux, il faut faire du sport, c’est prouvé par la médecine moderne, scientifique, mathématique ! ». On a je pense tous entendu ça, du moins en France (et aux Philippines, pays de ma belle-famille). OR j’envisage une erreur logique à ce propos. Je vais m’expliquer avec un modèle fictif, illustrant le problème.

Point de départ
   Depuis l’âge de 36 ans, sortant polytraumatisé de 2 ans d’hôpital, j’étais officiellement « travailleur handicapé à 50% » (décrété une fois à la préfecture par la Cotorep à l’époque, puis confirmé périodiquement 2 fois par mes médecins traitants successifs).
   Puis, après mon premier cancer à 54 ans, j’ai été déclaré travailleur invalide (selon le critère officiel : > 67%), avec arrêt de travail éternel et pension d’invalidité. Mon deuxième cancer n’a rien changé.
   Avec mes 3e et 4e cancers, je suis toutefois très diminué physiquement, ne pouvant presque plu’ rien faire, et retournant sur fauteuil roulant comme à 34-36 ans. Pour les adaptations nécessaires du logement, nous envisageons des aides réservées aux handicapés à au moins 80%, et je vais entamer les procédures en ce sens (auprès de la mdph ex-cotorep).
   Ma femme me dit maintenant (sans rire ni se moquer) : « il faut faire du sport » (vélo d’appartement). « Ça améliore la santé ».
   J’envisage un biais dans ce qui a prétendu prouver ceci : les incapables physiquement de faire du sport se trouvent uniquement dans le groupe témoin « sans sport » de la comparaison, donc ce groupe a automatiquement sa santé évaluée : moindre.

Exemple imaginaire
   Une population est composée de 90% Forts et 10% Faibles.
   On extrait deux échantillons de 100 individus, et il se trouve qu’ils respectent pile les chiffres généraux :
   Groupe SanS (qui sera sans sport) : moyenne santé 7,4
   Groupe AveS (qui sera avec sport) : il faut remplacer les 10 individus incapables de suivre le protocole de ce groupe, puis il n’en reste qu’un à remplacer et il est remplacé aussi, avant de commencer l’essai Sport.
   Après le sport prévu pour le groupe concerné, on re-mesure les santés de tous. Et, magique : le groupe avec Sport montre une différence significative allant dans le sens indubitable d’une meilleure santé !

   Conclusion classique : il est scientifiquement/mathématiquement prouvé que le Sport améliore la Santé.
   Conclusion logique : rien n’a été prouvé car un biais de sélection a faussé le groupe AvecSport.

Contrépreuve
   Prenons un sport ultra-violent qui abime la santé de 1% sans aucun bénéfice en santé.
   Eh bien… la même approche (classique) « prouve » que ce sport améliore la santé, ce qui est faux, contraire du vrai.

   Conclusion logique : rien n’a été prouvé car un biais de sélection a faussé le groupe AvecSport.

Bilan
   Bref, une prétendue preuve expérimentale peut être fausse, la logique est du côté sceptique.
   (Enfin, un tel biais pourrait être évité en mesurant « avant sport » la santé, à comparer aux valeurs après, mais le problème reste un peu le même : ne sera pas testé l’effet du sport sur les inaptes au sport, et une conclusion universelle serait fausse).