danger des stats lucides

Mon intuition bouleversait le monde entier…
Sagesse du scepticisme, hélas condamné, psychiatrisé
(par Lucidd Élass, 29-30/04/2023)

Contexte
   Quand j’ai fait mes études secondaires, à une époque survalorisant les maths et avec choix ministériel de maths dites modernes, le programme en mathématiques était immensément rébarbatif, artificiel sans intérêt. Je me souviens du transfert de la structure anneau commutatif par endomorphisme bijectif… éh, kèsten’nanafoutre ? Bien qu’ayant eu 18/20 en Maths au Bac filière Maths (C en 1981), exceptionnel à l’époque, j’ai fui les Maths et rejoint la voie biologie, mais… c’était tout stupide à apprendre par cœur et réciter, sauf… les maths appliquées à la biologie, passionnantes, hum, étonnamment, d’où je venais.
   Enfin, ce n’était pas facteur d’enthousiasme énorme et tous les soirs encore, je songeais à me suicider, jeté par celle que j’aimais. Mais, à titre de loisir, j’aimais bien ces maths, pas modernes mais à l’ancienne. En vacances, j’ai passé 48 heures sans dormir ni manger à résoudre une famille de questions géométriques que je me posais sur les dessins en 2 dimensions d’icosaèdre. C’était bien, même si ça s’apparente peut-être à se saouler la gueule de mathématiques, hum.
   Mais, en 1e année de médecine, j’avais été contester le prof de maths, après une heure de cours, lui montrant qu’il s’était trompé (sans lui foutre la honte devant tout l’amphi pendant le cours). Il s’était offusqué : « mais vous vous êtes trompé d’études ! Ici, vous n’êtes pas là pour réfléchir mais pour réciter ! ». Hein ? Les docteurs sont tous des réciteurs stupides ? ah bon. J’ai fui ce truc prétentieux et idiot, très méchant en plus (les redoublants chahutant les cours pour que les profs excédés s’en aillent et que les arrivants n’aient pas les cours sur lesquels porteraient des questions au concours). Je suis devenu simple et humble technicien en biologie, enfin « technicien supérieur » ça s’appelait, car Bac+2, au lieu de technicien niveau Bac-technique (presque sans maths), bof, admettons. Et là, dans le cours de Monsieur Alin Cerf, physicien assurant le cours de mathématique pour biologistes, un truc m’a plaisamment frappé (parmi d’autres, merci Monsieur) : le piège des validations par non-significativité. Apparemment aucun des autres étudiants n’a compris l’énormité du truc, mais j’en voyais l’horrible logique, menteuse, piège. Les stats prouvent qu’une anomalie semble survenue, elles ne prouvent jamais qu’aucune anomalie ne surviendra. L’hypothèse par défaut, à « rejeter » si possible (selon les résultats des calculs) est la normalité, mais on ne « prouve » jamais une normalité. La plupart haussaient les épaules, ne voyant même pas le problème : « il n’est pas prouvé qu’il y a un problème » et « il est prouvé qu’il n’y a pas de problème », c’était pour eux bonnet blanc et blanc bonnet, « éh, faut pas couper les cheveux en quatre ! ». Mais, intellectuellement, logiquement, je voyais là une énorme faute, et j’étais très content de la percevoir. (Toutefois, j’ignorais totalement à l’époque les conséquences possibles, en pratique).

Le contrôle qualité douteux
   Comme je l’avais toujours fait depuis l’âge de 15 ans, je répétais les cours comme cela m’était demandé quoique sans y croire du tout (par exemple, je savais répondre que le microbe Escherichia coli se différentiait par son ortho-nitro-phenyl-galactosidase positive avec indole positif, mais à la question « est-ce que les microbes existent ? », j’aurais répondu « je ne sais pas » si sincère – les colonies sur boîte de Pétri pouvant être un rêve de ma part). Et cela m’a diplômé technicien. Puis j’ai été embauché technicien, dans une entreprise vendant des produits de laboratoire (rachetée par une entreprise plus grosse peu après, sans éliminer la moitié du personnel, ouf). Et j’étais dans un service Contrôle Qualité, visant à rejeter les lots de produit qui étaient incorrects, avec une batterie de tests (que je réalisais, lisais, une cadre vérifiant que c’était conforme, ou à recontrôler, ou à jeter). Toujours assommé par ma douleur sentimentale semi-suicidaire, je n’ai pas réalisé que le principe de ce test était suspect : le non-conforme était bien un rejet au titre d’anomalie statistique, comme vu en maths, mais… pourquoi dire « prouvé conforme, validé » ce qui n’était pas jeté ? Statistiquement, la réponse aurait dû être « aucune conclusion, on ne sait pas si c’est bon ». Autrement dit : si ça semble tout bon, c’est peut-être parce que l’échantillon est trop petit tandis que le problème serait peut-être prouvable sur échantillon plus grand. Mais moi mort-vivant, je laissais faire. Enfin, j’ai contesté le principe bayésien de calcul de nos produits, et le formateur s’est dit incompétent pour comprendre de quoi je parlais. Mais j’ai obtenu une entrevue avec le chef du département mathématiques (JMB) qui a haussé les sourcils devant ma contestation tellement inusuelle, et mathématiquement juste (si l’indépendance des caractères n’est pas prouvée, certains calculs multiplicatifs simples sont abusifs, oubliant des probabilités conditionnelles), mais il a dit que puisque ça marchait, donnant satisfaction aux clients, il ne fallait pas être excessivement théorique. Bref, j’en ai conclu que notre produit était mathématiquement faux, et tirait son aura du prestige des mathématiques (difficiles, peu comprises, vues comme boîte noire à ne jamais investiguer soi-même), mais tant pis, c’est la vie, rien n’est parfait (sauf les maths mais qui ne font pas partie de la vraie vie).

Les fausses améliorations
   Plus tard, en plus de la routine contrôleuse, j’ai eu à effectuer des mesures pour un projet de réunion de sous-lots en lots. Notre travail de technicien n’était pas de comprendre le principe mais de fournir les données qu’exploiteraient les biomathématiciens pour nos chefs, pour répondre à leur demande. Toutefois, là, j’ai tiqué, j’ai signalé que les statistiques ne validaient que des différences, pas des égalités ou environ-égalités. On m’a fait taire, me disant sous forme polie ce qui revenait à : « occupe-toi de tes oignons, fais les mesures, laisse les supérieurs interpréter ! ».
   Mais, trente ans après, j’ai expliqué ce scandale sur un site Internet, avec preuve mathématique de l’erreur commise et… le chef mathématicien (JMB) de notre entreprise, maintenant à la retraite, a reconnu qu’une erreur professionnelle avait été commise dans son service (sans qu’il en soit lui directement l’approbateur), il disait qu’on aurait dû m’écouter davantage, que c’était moi et non eux qui était dorénavant spécialiste de cette question.
   Ça m’a fait plaisir, ça m’a soulagé, sans que je continue à passer des nuits blanches à tenter d’expliquer l’erreur lourde commise. C’était des décennies après, et tant pis pour les clients ayant reçu les produits indument validés. « Petit tant pis » car ce n’est pas prouvé mauvais. Je le disais : « "pas prouvé mauvais" est à tort cru "prouvé bon", mais ça n’implique pas non plu’ "prouvé mauvais", simplement "on ne sait pas" », et ce n’est pas très grave, ça correspond seulement à du « pas contrôlé », ou « le prétendu contrôlé a cherché à voir les énormes anomalies, qu’il n’y a pas dans ce cas, mais si des petites anomalies (prouvables sur grand échantillon) étaient présentes, elles ont pu être acceptées », et c’est une petite faute simplement.

Le produit acheté d’ailleurs
   Durant des décennies, mon activité de technicien a été une mesure quantitative (par chromatographie liquide, HPLC) de produit présent rapporté à la quantité annoncée, avec 100% idéal et tolérance 70%-155%. Comme je n’étais pas totalement abruti par le chagrin, je me suis quand même demandé d’où venait cette tolérance. Et personne ne savait, même au service R&D l’ayant autrefois préconisé. Enfin, elle semblait apparentée à une logique « entre 50%-200% et 100%, il y a 75%-150% », étendue avec un ±5% lu à l’avantage du producteur pour ne pas trop jeter. J’ai prouvé fausse cette logique, expliquant qu’il fallait au contraire 71%-141% logarithmique, et éventuellement 76%-136% avec le facteur ±5% lu à l’avantage du client (vraie Qualité, pas mensonge-es-Qualité). Mais ça aurait fait jeter plein de lots, presque tous, rendant le produit très cher, non rentable, d’où fermeture de l’usine. Alors je n’ai pas insisté quand on m’a fait taire (« tant pis, ça marche comme ça, avec des années de recul »).
   Puis j’ai changé de service, tout cassé parce que promu à une place où j’aurais dû travailler avec une sosie de celle que j’aimais depuis des décennies (donc promotion refusée, démission, récupération in extremis pour aller dans un autre service et autre bâtiment même). Et la routine a repris différemment, chimiquement inventive en R&D mais appliquant toujours servilement la règle idiote 70-155%. Et je me suis marié, avec le cœur guéri, ouf. Par ailleurs mon employeur a racheté encore une autre société, en délocalisant ici leur chaine de fabrication (avec grands hourrah des chefs sur la marge bénéficiaire obtenue sur ce « haut de gamme » cher), et… ce produit écrivait en clair (pas seulement dans des tolérances inconnues des clients) la logique aberrante 75%-150%. Pff, tant pis, et c’est approuvé par les plus hautes sommités poly-publiées, tous aberrants, tant pis. On (GB) m’a dit que quand je serais à la retraite, je pourrais m’attaquer aux instances officielles certificatrices de fausseté, mais pour le moment, je devais faire mon job : mesurer. Un autre chef, davantage cassant (DM) avait lui jugé "Hé ! Vous marchez sur la tête !", sans aucunement s'intéresser à mes démonstrations, en refusant le principe a priori. Je ne l'oublierai jamais, ce rejet psychiatrisant des lanceurs d'alerte scientifique.
   Puis j’ai été opéré, d’une bosse de bossu qui m’était arrivé. Et puis elle est revenue et le chirurgien a appelé ça « tumeur récidivante », envoyant un morceau pour analyse de cancer éventuel. Puis, oui, ça a été confirmé cancer, puis des métastases dans le poumon. « Attendre la retraite » (à 62 ans, là à l’époque, dans 7 ans) n’avait plu’ guère de sens, me restait-il ne serait-ce qu’une année à vivre ? [Avec le recul, je peux dire aujourd’hui Oui, quatre ans après… mais je l’ignorais]. J’ai donc profité d’une nouvelle structure mise en place dans ma société pour signaler les fautes commises qui sont étouffées par la hiérarchie. Mais il m’a été répondu qu’un expert indépendant jugeait qu’il n’y avait dans ce cas pas de problème. Sans justifier du tout le 75-150%, non, sans réfuter le 71-141%, non, par acte d’autorité, ce qui est logiquement invalide, et épistémologiquement fautif. J’envisageais donc d’écrire au journal local et journal scientifique national, le scandale expliqué, en m’immolant par le feu sur mon lieu de travail, j’en rêvais toutes les nuits (comme j’avais rêvé toutes les nuits de sauter par la fenêtre de 1979 à 1998 avant de le faire…). Mais on m’a mis en « invalidité pour raison psychiatrique », et j’ai donc quitté cette société, qui achetait mon silence par le salaire, complice d’escroquerie. Je suis toujours là, quatre ans après, simplement en fauteuil roulant car le troisième cancer est invalidant, le quatrième restant lui en latence.
   En France, ou en Occident en général, l’honnêteté mathématique est punie psychiatriquement, seul comptant le fait de faire du fric, par le mensonge ou autre, il faut s’en foutre… Culture « Qualité », ils osent appeler ça…

Les politiciens idiots
   Puisque je suis en retraite, en quelque sorte, je dessine des avions qui n’existent pas, je fabrique des maquettes d’avions transformés, j’écris des nouvelles romantiques plus ou moins suicidaires, et puis, un peu, je regarde la télé, les débats. Et j’ai été frappé par des imbécilités graves dans ce domaine, au nom prétendu de la science…
   Dans l’affaire du nuage inquiétant de l’usine Lubrizol, les autorités ont affirmé « prouvée l’absence de risque », mais en tant que biochimiste j’ai prouvé que la conclusion juste était « on n’a pas prouvé de risque, on ne sait pas s’il y a un risque ».
   Dans l’affaire du réchauffement climatique, les autorités ont affirmé « prouvée la causalité humaine avec ses gaz à effet de serre », mais en tant que logicien amateur j’ai prouvé que la conclusion juste était « si on ne compte que deux des six explications possibles, ça va plutôt dans ce sens, mais sans cet axiome on ne sait pas. »
   Dans l’affaire du vaccin covid19, les autorités ont affirmé « prouvée l’absence de risque », mais en tant que logicien formé à la pharmacodynamique j’ai prouvé que la conclusion juste était « on n’a pas encore prouvé de risque, on ne sait pas s’il y a un risque ».
   Même dans l’étiquetage en péremption des produits alimentaires, les autorités affirment « jusqu’à telle date est prouvée l’absence de risque » mais en tant que technicien ayant travaillé 12 ans en analyses microbio-alimentaires j’ai prouvé que la conclusion juste était « on espère qu’il en sera normalement ainsi avec ce lot mais dans l’absolu, on ne sait pas s’il y a un risque ».
   L’imbécilité ambiante me semble couronnée par le président Emmanuel Macron (« un homme tellement tellement intelligent » selon quelqu’un de ma famille…), claironnant son scientisme fautif : « ne pas croire les scientifiques, c’est être paranoïaque ». Diplômé en philosophie, il semble avoir volé ses titres, ignorant que la grande routine en science est le changement de paradigme, reconnaissant après coup qu’on a enseigné des erreurs, faussement prétendues « vérités indéniablement prouvées par la science, il y a consensus là-dessus ! ». Bref, envoyer à l’hôpital psychiatrique les lucides sceptiques, ça rejoint la dictature soviétique (plaignant et punissant à la fois ceux qui ne croient pas dans le communisme).
   C’est donc partout absurdement qu’intervient l’anomalie qui m’avait frappé, étudiant puis jeune travailleur. C’est comme une loi du monde. Non pas une loi involontaire subie naturellement mais une pourriture active entérinant la domination par des idiots aveugles. Ce n’est pas beau. Si je quitte ce monde, je ne regretterai pas cet aspect, même si le démolir a été un peu plaisant, pour faire des étincelles dans les neurones.

Vaine prise de recul ?
   Dans la mesure où (ne serait-ce qu’avec la péremption des yaourts) je dénie la pertinence de la civilisation technico-scientifique actuelle, pratique, cela signifie-t-il que je démens (ose démentir) toute pertinence à La Science ???
   Désolé, oui. Hors science exacte mathématique (pure mais relativiste), la science expérimentale vise à découvrir des lois prétendues éternelles systématiques, or c’est une erreur logique : ce ne serait qu’une apparence temporaire, en attente de preuve du contraire, or le futur est inconnu, pouvant inclure ladite preuve, on n’en sait rien, on ne sait rien. Les « études » scientifiques peuvent prétendre à connaissance, mais ni plus ni moins que les études catholiques ou sunnites, tout est relatif.
   Certes, ce qui a été systématique un million de fois a "peu de chances" d'être démenti la prochaine fois, peut-on objecter, mais cela présuppose que la fréquence future sera égale à la fréquence passée, ce qui est une croyance, non une connaissance.
   Qui plus est, la Science se réfère strictement à La Réalité sans inclure dans son champ les phénomènes observés en rêve, or aucun critère ne sépare le rêve (ou cauchemar) de la Réalité, prétendue. Il se pourrait même que La Réalité (partagée avec autrui) n’existe pas, l’Univers n’étant que mon passage de rêve en rêve (chacun pouvant avoir sa science, dérisoire et fausse-dans-l’absolu). Là encore, on retombe sur la psychiatrie : le système actuel discrédite le doute universel qualifié de schizophrène paranoïaque. Il y a simplement que c’est une farce (ou horreur) en matière de logique, se ramenant à :
1/ J’ai raison puisque j’ai raison.
2/ Mais ai-je raison ?
3/ Oui, cela a été démontré en 1.
   Cela ne s’applique pas qu’aux théories scientifiques mais autant aux schtroumpfs ou éléphants roses volants. Le doute sembla infiniment plus sage (humble mais sage, les prétentieux détestent ça, évidemment).
   Toutefois, il y a deux points qui me bloquent (sans total équilibre dans le scepticisme) :
a/ La position de juré. Je ne peux pas être nommé juré dans un procès car je douterais des prétendues preuves matérielles de culpabilité. Ma position est problématique en ce sens, ni sage ni parfaite, laissant courir et recommencer des monstres, hélas.
b/ La question animale. Je comprends la sagesse morale altruiste, même si autrui n’était qu’une apparence, mais le fait d’être carnivore est suspect, les poulets autant que les humains pouvant être des autres moi, à langue simplement inconnue. Mais, contrairement aux animalistes, je n’oublie pas que les poux, moustiques et acariens sont des animaux, je ne vois pas de jugement satisfaisant sur tous les plans.