l ôdit köpétâ ki kaserè la fôs-kalité
tèstamâ profèsyonèl
(par maladégûté, 06/10/2017)

[Avant-propos 10/03/2020 :
  Fin 2018, entre deux arrêts maladie de longue durée, avant mise en invalidité éventuelle, j’ai écrit une sorte de testament professionnel, mis en ligne comme livre/fichier-pdf. Simplement, j’ai oublié alors que j’avais déjà écrit quelque chose similaire une quinzaine de mois avant, durant ma période de travail, en faisant de cela un site/fichier-html codé en orthographe non scolaire, pour raison de secret professionnel. En 2019, j’ai été mis en invalidité (jusqu’à la retraite, ou mort prématurée), et en 2020 je relis ce site-ci, que je transcris maintenant en orthographe usuelle, me trouvant moins menacé (implicitement) de renvoi.]

Transcription :
Titre : L’audit compétent qui casserait la fausse-qualité
Sous-titre : Testament professionnel
(par Maladégouté, 06/10/2017)

  Je suis depuis hier en arrêt-ʺmaladieʺ, et j’ai besoin d’écrire pour évacuer la pression, qui me torture. En effet je me sens complice d’escroquerie, acheté par mon salaire, et je souffre. Comme je n’ai pas le droit de l’écrire, je le crypte en orthographe de Patrisya (pour la version testamentaire sur Internet, tellement plus majeure que tant de tonnes d’imbécilités télé ou prétendues « scientifiques »), et je ne dirai pas le nom de l’entreprise en question, ni même son secteur d’activité, et je cacherai même le domaine en parlant de matières à la place du mot adéquat. Sinon, je serais viré, donc ruiné, donc divorcé, donc suicidé, donc mort. J’envisageais certes de m’immoler par le feu sur mon lieu de travail, en laissant à transcrire ce testament, ainsi cette compagnie horrible (secrètement) serait détruite, je serais vengé, les méchants seraient punis. Mais beaucoup d’innocents seraient mis mal en point et c’est ce qui me retient, jusqu’à aujourd’hui.

Plan
Introduction
1/ le scandale d’aujourd’hui : les températures de stockage
2/ le scandale d’hier : le marquage de graduations
3/ le scandale d’avant-hier : la loi du silence
4/ le scandale ailleurs : le mensonge sur les volumes
5/ le scandale officiel : les mensonges statistiques
6/ une autre perle : le cassage discrètement volontaire
7/ pour finir

Introduction
  Quand je suis entré dans cette société en 1984, les techniques et procédures étaient simples, claires, expliquées oralement avec quelques papiers en support. Puis au début des années 1990 est arrivée la prétendue ʺrévolution Qualitéʺ (ISO 9001). Des tonnes de paperasse aberrante se sont ajoutées, et une focalisation démentielle a porté sur cette perfection paperasse, enterrant totalement le côté technique, méprisé (et inaccessible aux auditeurs, techniquement incompétents). Et de grands cris de triomphe ont salué, et saluent encore, notre accréditation et la victoire que constitue chaque audit passé avec succès.
  Or je suis techniquement compétent, je vois ce qui cloche, et je sais le débusquer. De vrais auditeurs (si ça existe) seraient intéressés, par cet argumentaire imparable, cassant notre société prétentieuse à tort, riche frauduleusement, le seul inconvénient est que cela exclurait peut-être du marché 100% des entreprises, en fait similaires en pourriture.

1/ Le scandale d’aujourd’hui : les températures de stockage
  Là tout de suite, le problème qui me tord les boyaux est une gestion frauduleuse d’anomalie en température ambiante dans un lieu de stockage de produits : 1 heure 30 au-delà de 25° officiellement maximum, avec une pointe à 26,5°.
  J’explique d’abord ce que me paraitrait la gestion honnête de la question :
a/ Recenser les produits dans ce local qui sont normés à 2-25°, 15-25°, 18-25°. Les déclarer temporairement « à ne pas employer » jusqu’à la fin de l’investigation. Commander d’urgence un peu de remplacement pour utilisation immédiate, indépendamment du stock à moyen terme.
b/ Pour chaque produit, envisager qu’il soit devenu inacceptable, donc à jeter, à remplacer, même si c’est cher.
c/ Questionner chaque fournisseur pour savoir si la qualité de son produit est impacté ou non par l’anomalie de température constatée. S’il ne répond pas, c’est jeté ; s’il répond que c’est peut-être impactant, c’est jeté ; s’il répond qu’il faut le tester nous-mêmes pour savoir s’il est encore bon, il faut le faire, même si ça prend du temps et coûte de l’argent, enfin, il y a des réserves majeures (A, B, C) mais j’en parlerai plus loin. Tous les produits confirmés bons seraient déclarés bons pour le service, les autres seraient jetés.
  Mais, avec colère, on me dit que je veux tout jeter ce qui est horriblement cher ou que je veux faire mille trucs inutiles ce qui est horriblement cher encore, alors que +1,5° c’est négligeable, surtout pendant quelques heures seulement. Je réponds en disant que ce qui est fait à la place est de l’escroquerie, et j’ai le cœur qui bat la chamade, le souffle coupé, je vais à l’infirmerie, et un docteur m’arrête. Les chefs sont libérés pour émettre leur faux en écriture :
I/ Grande enquête : est-ce que quelqu’un a mis des produits en stabilité dans ce local ?
II/ La réponse étant non, clore la fiche de non-conformité en affirmant, signant, que l’anomalie de température n’a eu aucun impact.
  Que devrait faire l’auditeur épluchant cette gestion de non-conformité ? Non pas vérifier la date de clôture, le délai de clôture par rapport aux instructions de la direction « Qualité » ayant fixé celui-ci à 10 jours (+ 2 jours si remplissage du papier officiel numéro untel, signé par personne habilitée, avec habilitation datant de moins de 12 mois, stricts, archivée en 3 exemplaires dans les classeurs cités), mais demander simplement à aller visiter le local en question, dont la température a fauté, en voyant plein de marquages « 2-25 », poser alors la question : « Pourquoi n’avez-vous nullement envisagé que ces 50 produits soient devenus mauvais ? Paf, sanction ! Faute qualité (au sens propre de qualité, technique certes pas au sens perfection paperasse). Puis inspection poussée creusant pour savoir s’il s’agit d’une étourderie très ponctuelle ou d’une coutume générale, approuvée (voire encouragée, exigée) par les responsables. Puis interdiction de vente, banqueroute, remplacement par les concurrents. Et c’est monstrueusement idiot, aberrant, car peut-être que +1,5° pendant quelques heures n’avait aucun impact, il suffisait de raisonner logiquement et non « frauduleusement pour gagner du temps et du fric ». La qualité, la vraie, a un coût, et ça n’a (théoriquement) rien à voir avec les salaires mirobolants des beaux-parleurs applaudis clamant que la qualité est ici optimale, à telle petite réserve (de paperasse) près.
  Mais attendez, il y a pire : quand on disait que la tolérance sur le produit était 15-25°, d’où est-ce que ça venait ? Paf, audit ! Et pas audit paperasseux mais audit technique, logique (les scientistes nuls en épistémologie diraient « scientifique »). En fait, pour valider 15-25°, 3 lots industriels de produit ont été conservés dans ces conditions jusqu’à la date de péremption (+ marge de sécurité officielle, différente selon les pays où exporté), en vérifiant tout au long de la stabilité que les résultats étaient conformes, avec le kit de « matières de contrôle »(le mot matière sonne mal, mais secret professionnel oblige). Il y a 2 fautes A, B, j’y viens :
A/ Le non-examen des bornes
   Si un local n’est pas sorti de la fourchette 15-25°, il est faux de dire que cela valide cette plage : si le local a été pendant toute l’étude à 15-16°, alors 25° n’a aucunement été examiné, en rien validé. Ou plus exactement : a été prétendu validé de manière mensongère, financièrement intéressée, c’est de l’escroquerie, en bande organisée. Que fallait-il faire logiquement ? Quadrupler l’étude avec du matériel bien plus précis (ce qui est plus cher, plus long, plus cher oui) : tester toute la durée à 15-16° (pour valider le bas de la plage), toute la durée à 24-25° (pour valider le haut de la plage), toute la durée à 19-21° (pour dépister un éventuel phénomène « en cloche » bon aux extrémités mais pas au milieu), toute la durée avec oscillations de 15 à 25° (mini choc thermique répété). Mais non, ça personne ne le fait, un vrai auditeur casserait donc tout le monde. Ça vaut aussi pour vos yaourts, c’est la totalité du monde industriel qui est concerné.
B/ La non-représentativité du kit de contrôle
  J’ai été secoué, scandalisé, quand j’ai découvert comment était décidée la composition des kits de contrôle. Avant, je travaillais au contrôle qualité, persuadé que le kit de contrôle exprimait clairement la qualité du produit : bon (conforme) ou pas bon (non-conforme). Enfin, je voyais bien que la chef du contrôle allait souvent faire « accepter » les lots non-conformes au service recherche ayant fixé les normes, mais je ne comprenais pas bien le principe (d’anomalie bénigne ou non). Mais je fais maintenant partie de ce secteur recherche et développement et je vois l’autre face de la médaille.
  Au départ, le nouveau produit n’a pas de matière de contrôle, on passe donc plein de matières pour décider lesquelles on retient, si possible en incluant de volontaires ratés de fabrication, que certaines matières doivent détecter en rendant un résultat anormal, refusable. Mais, en pratique, il s’avère que plein de matières donnent un résultat parfois incorrect pour une raison indéterminée, on les déclare alors « non reproductibles », ou « trop informatives » (dépendant d’aléas non maîtrisés), et elles ne feront pas partie du kit de contrôle (elles entraineraient trop de recontrôles, économiquement suicidaires, trop de refus abusifs de lots). En ce sens, les matières du kit de contrôle ne sont nullement des matières choisies comme « représentatives » de l’ensemble des matières, mais des matières choisies comme « très répétables » hors raté évident de production, ce sont des « matières en béton ».
  Ça vous parait sensé, judicieux ? Erreur, regardez donc l’exploitation qui est faite de ce kit de contrôle : libération de lot, vérification de produit potentiellement abimé. Ainsi, pour des produits passés malencontreusement à 26,5°, si les matières en béton ne voient aucune anomalie, le produit sera déclaré parfaitement conforme, il sera affirmé prouvé que le décalage léger en température n’a eu aucun impact. Erreur ! Les matières en béton ne sont pas représentatives, peut-être que les matières quelconques passeraient elles de 3% inacceptables (toléré) à 93% inacceptable (horreur qualité, au sens propre). Mais on est passé à côté du sujet, sciemment, pour s’éviter des recontrôles pour rien voire des rejets abusifs de lot, bref on a menti pour faire du fric, c’est de l’escroquerie. (Pour les libérations de lot, c’est un petit peu moins critique, car n’est pas employée l’expression « absence prouvée d’impact » : rien ne garantit que le changement de lot n’aie pas d’impact sur les performances complètes du produit, c’est juste qu’il a été arbitrairement décidé de se centrer sur ce qui ne montre que les gros problèmes, pour refuser le « très mauvais » en acceptant le « un peu mauvais », affirmé « prouvé bon » à tort). Toutes les signatures de chefs incompétents requises sont bien marquées, dans la bonne case, il n’y a que ça qui intéresse les auditeurs-paperasse. Je souffre…
  J’ajoute un troisième piège faussant les analyses :
C/ La question de la décroissance en stabilité si le produit est fabriqué avec un composant majeur mais fragile, à taux 105%-115%, devenant 95%-105% après fabrication, et décroissant jusqu’à 70%-80% à péremption 12 mois, alors le contrôle (sur matières, sans dosages) après anomalie de température est biaisé. En effet, le choc thermique peut avoir, sans entrainer de non-conformité immédiate (apparence conforme) généré un vieillissement accéléré comme de 11 mois normaux, faisant par exemple passer de 97% à 72%, restant conforme mais allant devenir non-conforme dans un proche avenir sans que s’applique la date d’expiration prévue. Comme on ne recontrôlera pas à l’avenir, ce ne sera pas vu. Il y a bien erreur. Choisir d’oublier cette objection est une fraude.

2/ Le scandale d’hier : les marquages de graduation
  Le mois passé, j’ai ressorti des oubliettes un vieux dossier mental datant d’une vingtaine d’années en arrière : une tolérance de contrôle qui était appliquée à nos produits était mathématiquement aberrante, et cela impacte maintenant nos nouveaux produits, rachetés à une société dont mes employeurs ont fermé l’usine à l’étranger (ça ne scandalise nos médias que quand ça ferme chez nous…). Je démontrais maintenant que le marquage de graduation sur ces produits est faux, absurde, ridicule. Et on continue à étouffer la question. J’ai donc demandé si c’était cela la qualité dans notre entreprise : étouffer les problèmes, cacher les fautes, pour que les clients et auditeurs ne le voient pas.
  Le silence étouffoir m’a répondu, on verra si ma relance reste lettre morte pareillement ou amènera les grands chefs (incompétents) à hausser le ton, voire me sanctionner. Certes, incroyablement, aucun client n’a vu le problème évident que je soulève, simplement ils nous font confiance (et/ou sont incompétents eux-mêmes). Et il est clair qu’avouer notre faute lourde ruinerait cette confiance abusive, nuirait à notre image de marque (surestimée). Alors silence, étouffement des fautes commises, avérées. Je classe cela en escroquerie frauduleuse, variant « mensonge par omission ».

3/ Le scandale d’avant-hier : la loi du silence
  Autre point qui m’a révolté par le passé : on nous a fait signer une charte informatique (ou un règlement intérieur, je ne me souviens plu’) où il était marqué noir sur blanc que nous n’écririons jamais un mail disant des choses défavorables à notre société (pouvant être intercepté par des pirates informatiques et employé à nos dépens. On devait signer qu’on avait lu et compris, qu’on jurait d’appliquer cette règle, toute violation valant faute professionnelle lourde, motif à licenciement sec et pire (casse téléphonique auprès des nouveaux employeurs potentiels interrogeant sur la fiabilité du candidat à nouvelle embauche).
  Tout ce que j’écris, signalant des fautes commises, me rend donc passible de sanction lourde, prévue à l’avance, c’est la loi du silence. Il ne faut rien écrire, quant aux faits constatés, aux escroqueries en usage, il ne faut que le dire par oral, et le chef fera acte d’autorité pour faire taire le faible trublion, pas de trace. Et le service médical prendra en charge les individus déchirés, ni vu ni connu, bingo, c’est dans la poche !
  Je confirme que c’est une immense escroquerie en bande organisée. Avec persécution des renégats et lanceurs d’alerte (ne s’exprimant qu’en interne), c’est immensément horrible. Et une commission « risques psycho-sociaux » bla-blatera pour dire que les petits employés sont fragiles, pauvres chéris. S’ils craquent parfois, c’est qu’il faut leur amener à l’occasion des croissants, leur faire des sourires. Voilà, tout est réglé, vu de l’extérieur. Les bandits en costume-cravate triomphent, et se versent fors émoluments pour célébrer ce succès, pécunier.

4/ Le scandale ailleurs : le mensonge sur les volumes
   Dans mon précédent poste, j’ai été amené à travailler avec une autre société, prestataire d’analyses, et notre chef en visite a gratifié ses petits employés (dont je faisais partie) de cette visite-promenade. Nous avons discuté avec les chefs là-bas, et j’ai posé une question embarrassante : « quand un de vos outils volumétriques s’avère non-conforme, en vérification périodique, qu’est-ce que vous faites ? » La dame a pâli et lancé un mensonge énorme : « ça n’arrive jamais ! » (quand notre routine à nous, année après année, c’est 1% à 5% de non-conformité). Mon chef a immédiatement changé de sujet, pour ne pas qu’elle se fâche ou nous expulse. Mais l’auditeur, compétent si ça existe, peut casser cette société comme nous et plein d’autres ou toutes les autres.
   En effet, si votre contrôle semestriel ou annuel d’outil volumétrique est non-conforme, vous ne savez pas depuis combien de temps cela est ainsi. Donc toutes les analyses depuis la vérification précédente sont suspectes, invalidées en théorie, sauf démonstration que ça n’a pas eu d’impact. Et on retombe sur l’erreur B : la validation frauduleuse par matières béton. Mais le résultat (de prestataire) étant déjà parti chez les clients, pas question de se flinguer en leur avouant longtemps après qu’on a rendu des résultats invalides (avec besoin pour eux de rapatrier le produit vendu etc.). L’honnêteté est économiquement calamiteuse, alors le mensonge est largement préféré, avec une telle unanimité que seul un petit anormal peut y trouver à redire. (S’il est viré, cet empêcheur de tourner en rond, il faudra absolument empêcher qu’il devienne auditeur, ou sinon il faudra le faire tuer avant cela, hum, en toute discrétion bien sûr).
   (Je sais que la télévision nous informe que le rappel de lot, ça existe, sans être empêché systématiquement, mais je parle d’un phénomène qui pourrait décupler ces rappels de lots, et qui est lui étouffé).
   Je précise un autre point : la vérification par kit de contrôle conforme est biaisée, car elle mesure l’ensemble global des éléments. Avec tel produit suspect, « ça a marché » ce jour-là, mais peut-être est-ce une fausse conformité (il n’y a pas que les fausses non-conformités qui sont à craindre). Peut-être qu’on avait ce jour-là dans l’eau diluante un inhibiteur, qu’aurait dû montrer un résultat non-conforme du kit de contrôle, mais grâce à la surestimation volumique (fautive), on a eu globalement une apparente conformité sur le kit de contrôle en béton, là où les autres matières étaient, elles, encore plus inhibées, à réponse fausse (le sur-apport volumique ne suffisant pas à compenser).

5/ Le scandale officiel : les mensonges statistiques
   La qualité, au sens propre (et non la farce de ce nom) est un problème bien plus vaste qu’une pratique secrète dans chaque société : des tests officiels, référence qualité internationale, comportent des bourdes invraisemblables, mais bonnes pour les affaires (tant pis pour les clients ou la santé publique, il suffit de blablater très fort qu’on se se préoccupe avant tout de qualité et ça passe, incroyablement).
   L’aberration essentielle est la « validation par non-significativité », erreur lourde qui ferait valider avec risque nul (prétendu) le curare ou le plutonium comme inoffensif. En appliquant ces techniques imbéciles, j’ai « prouvé » avec risque nul que les morts d’Hiroshima le jour de la bombe atomique étaient tous décédés de mort naturelle ! En fait, cette objection immensément évidente est bloquée grâce à la sacralisation du risque 5%, qui interdit de prouver qu’on parle de tout autre chose que du risque de se tromper avec la conclusion que l’on retient. Ainsi, pour démontrer qu’il y a moins de 1% de pièces mauvaises dans la population d’un lot de produit, la norme officielle préconise d’en tester 100, et refuser à partir de 3 mauvaises, donc… obtenir 2 prouve « moins que 1 », et c’est signé des plus hautes autorités, appliqué par des mathématiciens professionnels, je crois rêver, cauchemarder plus exactement. Ce n’est pas n’importe quoi : 2/100 mauvais sur l’échantillon ne prouve pas que « moins de 1% » est impossible sur la population entière. Mais on déclare « prouvé bon » le « constaté un peu mauvais ». Et en jouant sur le risque, on ferait exploser tout : « vous raisonnez à risque 5% confiance 95%, dites-vous, pour accepter ces 2 mauvais/100, mais avez-vous remarqué qu’en passant à risque 0,01% confiance 99,99%, vous accepteriez jusqu’à 13 mauvais/100 ? Vous augmentez le risque de vous tromper (en acceptant bon) quand vous prétendez qu’il diminue, vous parlez du risque en rejet d’hypothèse bon-lot, alors que votre conclusion n’est pas ce rejet mais une acceptation, dont vous n’envisagez en rien le risque d’erreur, faute d’hypothèse alternative exprimée ». Aïe, houlà, il faut faire taire ce sale petit matheux gênant : interdiction d’écrire, seulement parler et on le fera taire, imbécile ! (même pas « imbécile heureux » mais imbécile torturé par l’escroquerie commise…).
   La même aberration touche un nombre immense de normes qualité, sur le continent le plus célèbre, oui. Les validations de normalité sont ainsi conçues à tort. Et puis je signalerais aussi des erreurs majeures : la formule de l’écart-type estimé, apprise à l’université, est fausse (seulement valable avec population d’effectif infini), je l’ai prouvé, ruinant la base élémentaire des statistiques, et la pseudo loi « 95% des valeurs à ± 2 écart-types (1,96 ultra-précisément) » est fausse quand l’écart-type n’est qu’estimé d’après l’échantillon, la valeur gaussienne 1,960 étant à remplacer par un t de Student, beaucoup plus grand quand la source est un petit échantillon, mais non, les textes faisant loi disent crotte aux mathématiques, l’autorité prime sur la logique élémentaire. Et c’est bon pour le business (chut, il ne faut pas le dire) : sous-estimer la variabilité cache les incertitudes inavouables, se tromper dans l’écart-type rend encore plus faciles les frauduleuses validations par non-significativité. Ça ne parait pas tant imbécile qu’œuvre d’escroquerie à grande échelle. Cachée bien sûr, un immense mur d’équations effrayant presque tous (pas moi – ex-matheux premier de la classe option Maths, m’étant enterré en bas de l’échelle après être tombé amoureux de la dernière de la classe, m’ayant rejeté, cassé).

6/ Une autre perle : le cassage discrètement volontaire
   Avant de clore ce triste tableau, je voudrais signaler un autre scandale : alors que pour valider un appareil de mesure, il faut qu’il soit bon au contrôle qui suit comme au contrôle précédent, notre société se dispense de cette règle quand l’appreil est hors d’état (incontrôlable en l’état). Dans ce cas, au lieu de tout invalider (au bénéfice du doute cassant la prétendue légitimité), on valide tout (au bénéfice du porte-monnaie, yeah !). Les auditeurs étant aveugles, personne ne remarque cette escroquerie.
   Si vous venez de faire une analyse super-majeure et qu’il faut la valider, sans craindre qu’elle soit remise en question au prochain contrôle : cassez l’appareil ! Ainsi c’est validé, automatiquement, peut-être à tort mais le but est atteint ! Certifié Qualité, en fraude.

7/ Pour finir
   Avant de clore cette rédaction à charge, je voudrais citer deux derniers points : les fausses études de robustesse et l’aberration de la pression pour vite clore les non-conformités.
i) Les fausses robustesses
  Je reviens à la situation recherche où l’on va définir un produit et son kit de contrôle (choix des matières de contrôle). Au départ, on ne sait rien, on ne fait que constater que certaines matières sont reproductibles quand d’autres ne le sont pas, or… il est possible que cela tienne aux conditions d’emploi. Je n’ai pas le droit de citer le vrai chiffre, signant le domaine, mais je dirais sur le principe qu’il s’agit de produits à employer avec un four à 60°. Il se trouve que la tradition (parachutée) est une tolérance ± 2° sur ces 60°, mais… certaines matières sont indifférentes à une température 58-62°, quand d’autres ne marchent qu’à 60-62° (ce qu’on ne sait pas, ne faisant que juger quotidiennement la conformité de la tolérance à ± 2°). Bref, on va choisir pour le kit de contrôle les matières robustes en température (entre autres paramètres), et, après cette étape choix de matières, vient une grande étude de robustesse multiparamétrique, avec ce kit de contrôle, et – évidemment – il montrera que l’on est robuste en température, indifférent à une valeur 58 ou 62°, ce qui est faux sur la plupart des matières mais on s’est trompé de méthodologie, pour faire vite, pour plus facilement « valider », pour faire du fric, au dépens du client de notre produit, qui lui aura des matières quelconques, et pas en béton seulement. Et en cas de réclamation, on exhibera nos résultats « qualité » de contrôle parfait, qui sont en fait biaisés par principe, hors sujet.
   Idem pour les études de reproductibilité, quand elles sont effectuées sur kit de contrôle seulement.
ii) La pression pour vite clore les non-conformités
  Je l’ai dit, la direction a fixé à 10 jours le délai maximum entre le constat de non-conformité et la clôture de la fiche y répondant : impact, actions correctives et préventives. Mais cela ne s’effectue pas bien à cette vitesse et la direction gronde : « la Qualité exige que nous tenions les délais que nous avons officiellement fixés ». C’est un malentendu colossal, un triomphe de l’incompétence active, dominatrice. Certes, parfois, il peut arriver que des opérateurs préfèrent continuer leur routine (intéressée quantitativement, pécuniairement, par « management by objectives ») plutôt que se tourner vers cette tâche annexe, imprévue. Mais il y a aussi un tout autre côté : clore rapidement une fiche de non-conformité consiste actuellement à mentir « il n’y a aucun impact », et le personnel compétent rechigne à émettre ce mensonge, ou bien procède à de longues vérifications pour minimiser le déchirement (viol de conscience professionnelle ou viol de l’éthique personnelle). Comme je le disais plus haut, les tolérances appliquées sur les conditions tiennent souvent de la tradition, ou de « quelque chose qu’on s’est fixé arbitrairement, et qu’on a ensuite respecté ». On n’a rigoureusement aucune idée de ce qui se passe si ces tolérances ne sont pas tout à fait respectées, un jour ou un moment, clamer « il n’y a pas d’impact (je l’affirme en tant qu’expert) » est un mensonge. Dans le cas d’un four par exemple, il faudrait vérifier l’impact effectif du décalage constaté, en le reproduisant (en parallèle d’une référence), et cela sur toute les gammes de produits potentiellement concernés (et si c’est une machine à contrôle annuel, la liste de produits concernés est très longue). Cela prend un temps fou. Ceux qui ont fixé un très court délai de réponse sont simplement incompétents, ne comprenant pas le problème. Pire : sachant que le passage du kit de contrôle de chaque produit est biaisé, puisque ce sont des matières en béton résistant aux aléas, il y a de toute façon faute logique générale, et il faudrait une immense étude de grand échantillon de matières quelconques pour valider l’anomalie, ce qui est presque aussi long que développer le produit initialement, et non réutilisable pour une autre anomalie future, un peu différente. Mais on fait taire les avis compétents, pour aller vite, pour faire moins cher, et super-propre superpositif (« jamais d’impact ! ») à montrer aux auditeurs, pareillement incompétents.
   Ce n’est pas spécifique à mon entreprise. C’est toute l’industrie qui semble fautive, avec complicité massive des autorités, aisément achetables tant il y a des milliards d’euros/dollars dans la balance. Le petit lucide sera lui broyé, ou interné psychiatriquement s’il se débat.
   Je pense à l’employé, ouvrier ex-boucher, de l’usine Spanghero, qui vendait du cheval bon marché étiqueté bœuf : il a dû signaler son malaise à sa hiérarchie qui parlait de qualité grandiose certaine (et autres valeurs éthiques) en se versant des fortunes, et on a dû le faire taire, lui interdire de mettre ça par écrit, le diriger vers le service médical ou l’asile s’il souffrait. Simplement, là-bas ça a fuité, mais secrètement ça semble partout ainsi.
   Adieu, hélas (achevé d’écrire le 07/10/2017, quelques heures avant rendez-vous psychiatrique « d’urgence » demandé par la médecin du travail de l’entreprise qui m’emploie…).