Scepticisme et respect du vivant

Réponse biosceptique à « Peut-on tuer des êtres vivants ? »
par A.Tonèr (16/08/2015)

  Comme chaque année, les informations télévisées se sont amusées à citer le jour du Bac de philo les sujets proposés, et l’un d’eux (confirmé par Internet à www.leparisien.fr/bac-decouvrez-les-sujets-de-philosophie-17-06-2015) était :
Série L : Littéraire (coefficient 7)
Sujet 1 – « Respecter tout vivant est-ce un devoir moral?
  Enfin, avant cette vérification informatique, le souvenir que j’en gardais était « Peut-on (a-t-on le droit éthique de) tuer des êtres vivants ? ». Et les philosophes professionnels (dits "intellectuels") interviewés par les journalistes (dits "objectifs") citaient La Bible, Platon/Socrate, Descartes, Rousseau, les scientifiques modernes (travaillant sur l’intelligence animale éventuelle au-delà du classique instinct de quasi-machine bestiale), la question de l’avortement. Par ailleurs, une belle célébrité dénudée (la franco-tunisienne Zahia, un nom comme ça) condamnait à nouveau notre caractère carnivore cruel, disant cela sous les flashes et avec tous les micros.
  Cela ne me semble pas épuiser le débat, et profond débat il y a, en la matière. J’y ajoute deux éléments majeurs changeant l'approche du sujet :
– mon scepticisme (auteur du livre non publié "Contre la Réalité"), considérant Mickey Mouse comme un alter ego, envisageant que le maire de ma ville est une marionnette stupide n’existant pas, envisageant d’être condamné par mes arrières petis-enfants pour crime d’avoir été carnivore (comme je condamne mes arrières-grands-parents pour avoir été esclavagistes),
– mon expérience d’anormal technicien biochimiste et microbiologiste, considéré brillant par les professeurs mais osant douter des dogmes enseignés (les contenus mais aussi les principes de la prétendue vérité scientifique).
  Car cela change tout. J’essaie ci-dessous de parcourir les contradictions que je trouve en moi-même, sans clair principe moral d’altruisme appliqué à des « non-moi si différents de moi » que je n’arrive pas à les considérer comme « autres-moi potentiels » :
(Famille) JE TUE JE SUIS COMPLICE DE TUER JE REFUSE DE TUER
Humains - Je me tue périodiquement. Vu d'ici, je me suis tué deux fois dans des mondes étiquetés Réel, les morts dites rêvées ne comptant pas.
- J’aurais tué les chefs militaires (ou essayé) si j’avais été embrigadé de force, en dehors de ma tête. Heureusement, cela est étiqueté "trouble psychiatrique" et j'ai été à ce titre dispensé/écarté du Service Militaire Nationaliste Obligatoire en 1984.
- En rêverie, je me considère avoir été un héros en ayant assommé (peut-être tué) un violent agresseur (voleur dévaliseur, potentiellement violeur ou assassin) de celle que j'aime, durant l'agression.
- Si je rêve, c'est le Moi qui rêve (= Dieu, en un sens) qui décide tous les meurtres et guerres assassines, pardon (moi ici, je désapprouve, mais le moi-rêveur fait un peu n'importe quoi, sans écouter mes préférences ressenties).
- Je suis réservé quant à l'interdiction (anti-populiste) de la peine de mort pour violeur/tueur de bébé (guillotine terroriste ou injection américaine d'euthanasie).
- Je me méfie des discours tueurs au nom du combat contre le Mal incarné (Hiroshima après Pearl Harbour après conquête US exterminatrice, Hiroshima et Dresde exterminateurs de bébés innocents, nazis anti-Juifs et anti-Tsiganes, apartheidiens anti-Noirs, Européens anti-Amérindiens, Israélites dont Jésus-Christ anti-Cananéens et anti-goys, Israéliens anti-Arabes, Occidentaux anti-Asiatiques et anti-Africains, Franchouillards anti-enfants de "sang impur" cf. La Marseillaise, Musulmans et Grecs antiques anti-peuples esclaves, croyants fanatiques anti-mécréants, etc.), mais inversement je ne suis pas en guerre sanglante ouverte contre ceux que je désapprouve, de l'intérieur en partie, tant je suis pessimiste, convaincu que toutes les révolutions sont doublées par de nouveaux méchants.
- Sous l'identité qui est la mienne dans ce monde-ci, je n’ai jamais tué quelqu’un (d'autre que moi).
- Je refusais et refuserai le service militaire ou mobilisation pour tuer sur ordre (les Soviétiques, les Iraniens, etc.), au risque d'être condamné à mort pour cela (façon déserteurs fraternisant avec l'ennemi désigné en 1915).
Animaux mammifères - J’achetais des rissolettes de veau tué (ou de porc tué, moins cher), j’achète du poulet tué et pané... parce que c’est bon et que les docteurs disent qu’il faut manger des protéines, pour ne pas être malade désagréablement et en pillant injustement les caisses de solidarité sociale. Sans tuer moi-même, c'est quand même choisir de payer les tueurs, en les encourageant à recommencer, ce qui est peut-être pire en terme de responsabilité. - Je pourrais être ami avec quelqu’un travaillant en abattoir, à l’hôpital j’ai côtoyé un employé en abattoir accidenté de la route en étant soûl et je lui ai souri en souhaitant guérison sans froncer les sourcils en injonction à changer.
- Je trouve "injuste mais tant pis hélas" que le commerce boucher ou grande surface massacre quantité d'animaux pour faire baisser les prix et proposer plein des meilleures portions (sans aucun lien avec un besoin en protéines animales ou acides aminés essentiels), avec une grande partie du stock passant à la poubelle sans faire baisser les prix pour écouler (afin de ne pas pénaliser les prix le lendemain – les gens attendraient la presque expiration sanitaire pour acheter). Ça revient à tuer pour faire un maximum de fric, l'alimentation n'étant qu'un alibi (mais la médecine, la pharmacie, etc. fonctionnent aussi comme ça, avec mensonge ordinaire, et il est plus simple de "laisser faire" que de partir en croisade contre la majorité des gens, ordinaires et pas spécialement méchants).
- Je ne suis pas en révolution contre l’expérimentation animale en industrie pharmaceutique et recherche biologique, même quand ce n’est pas pour sauver de la mort des humains. Ni contre la chasse ou la corrida, le combat de coqs organisé (je n’aime pas ça mais je me dis « chacun ses goûts », avec chacun au sens d’humain…).
- Etant né en France je mange de la vache (sacrée en Inde), du cheval (sacré en Grande-Bretagne), si j'étais né en Corée je mangerais du chien (sacré en Occident). J'ai conscience que tout est relatif, je fais comme autour de moi sans voir en la matière de juste croisade évidente en un sens ou en son contraire.
- Je suis dubitatif quant aux cris d'alarme sur les "espèces en voie de disparition", sachant par ma formation que la notion d'espèce est très floue (hors de la lecture religieuse Créationniste) : en analysant autrement, une espèce peut en devenir 2 puis 20 puis 200 (la preuve officielle de cela est quasi quotidienne en microbiologie).
- Je refuse de travailler en abattoir (jusqu’ici, quoique si j’étais au chômage menacé de divorce et suicide…).
- Je préfère les tests de toxicité/biologie sur cultures cellulaires que sur souris/lapins/chiens/singes, je voterais en ce sens s’il y avait un référendum.
- Je refuse de chasser, de pêcher, d’aller à la corrida ou aux combats de coq.
Animaux non mammifères - Je mange du poisson pané et du calamar pané comme du poulet pané, et puis surtout je tue les moustiques en pays à malaria, et partout parce que leur agression sur moi gratte inconfortablement, je tue les fourmis souhaitant coloniser ma maison, je tue les araignées parce qu'une m’a piqué très douloureusement autrefois.
- Quand j’écrase un moustique, je ne vérifie pas du tout qu’il est bien mort sans souffrir durablement de blessure mortelle : peu m’importe, je le classe "sale bête" méritant "punition" sévère.
- J’accepte les exterminations massives (génocides) d’insectes par insecticides (anti-malaria ou pour confort ou pour rendement agricole) ou de méduses (urticantes ou suspectes)
- Je préfère les insecticides repousseurs que tueurs, mais je ne m'interdis en rien l'usage de ces derniers.
- Je ne tue pas les coccinelles (dites gentilles mangeuses de méchants moustiques) et je peux dire avec empathie « oh, la pauvre... » si quelqu’un en écrase une.
- J’ai le souvenir (rêvé ?) d’avoir à 10 ans environ arraché des ailes de mouche et coupé des antennes d’escargot, « pour voir (pré-scientifiquement, avec un camarade) comment ils se comportent alors » et je condamne cette pratique, que je ne ferai plus jamais.
- J’ai entendu dire que l’alimentation humaine est tributaire de la vie en grand nombre des vers de terre aérant le sol pour le rendre fertile, et alors je conviens que massacrer toutes les « bestioles » du monde pourrait tuer des humains (ou toute l'humanité) indirectement.
- Je n’aime pas la pratique culinaire de jeter un crabe vivant dans l’eau bouillante « car le goût est meilleur » qu’avec un crabe euthanasié préalablement (les Coréens battent les chiens paraît-il avant de les tuer pour les manger, car les hormones de stress adoucissent la viande – je n’aime pas ce principe, et pas seulement pour les toutous).
Végétaux - Si ma famille me demande parfois d’aller chercher des carottes dans son potager ou d’enlever les mauvaises herbes gênant la vue sur ses fleurs, j’obéis sans me sentir coupable. - Je mange des pommes de terre et carottes souvent, sans les avoir tuées moi-même.
- Je ne fais pas interdire de peler (écorcher vif) les carottes, ni de les ébouillanter ou les exterminer en chambre à gaz « cocotte-minute ».
- Je n’aime pas qu’on déracine et scie des arbres pour faire du fric et gaspiller toujours plus (fabrique de papier pour publicités à jeter, etc.). J'ai d'ailleurs la courageuse spécificité de refuser le dogme concernant le "besoin de croissance toujours" et je préférerais une décroissance, avec réinvention économique d'une prospérité ou quiétude dans ce contexte.
- J’ai lu un long article de vulgarisation scientifique sur l’intelligence des plantes, la communication entre plantes, et je n’y ai rien vu de choquant heurtant mes convictions.
- Je n’aime pas le concept biblique d’humanité écrabouillant la Nature esclave de ses moindres désirs, en broyant pareillement cailloux, plantes, chimpanzés (et je ne donne pas spécialement tort aux animistes certains que beaucoup de pierres ont une âme – je me contrefiche que cela ne soit pas dans la tradition Grèce-Rome-Europe Médiévale-Occident Etasunien).
- Si la loi civile mondiale interdisait de tuer/manger viande et végétaux, je l'admettrais sans difficulté, sans cri scandalisé, j'espère simplement que le remplacement chimique aurait bon goût. Mais s'il n'y avait plus du tout besoin de manger, par miracle, Paradis sur Terre, ce serait encore mieux. Toutefois, quand je suis Dieu rêveur, je préfère des gâteaux à la crème poussant tout seuls ainsi (sans tuer de blé, de pré-poussins, de betteraves sucrières, etc.), la toute puissance rêveuse/divine le permet facilement.
Bactéries - Je me lave pour ne pas sentir mauvais et tant pis si ça massacre des bactéries (dont des pas dangereuses et même « amicales », commensales).
- Je désinfecte ma peau ou mes mains avant d’être opéré ou de toucher un bébé humain (peu m’importe que ça tue des microbes, plus ou moins vus comme « sales bêtes » au moins potentielles). C’est peut-être le seul cas où j’applique l’injuste principe de précaution (condamnation au bénéfice du doute, amalgame).
- J’approuve l’autoclavage des cultures bactériennes après analyse (médicale ou para-médicale ou industrielle pro-laboratoires), pour ne pas disséminer dangereusement des milliards de germes partout (en déséquilibre naturel, pour ce qui est des non-pathogènes).
- J’accepte l’éradication génocidaire de la bactérie tétanique. Si je ne suis pas pour la surpopulation humaine infinie, je préfèrerais que ce soit par abstinence (moins de bébés) que soit apportée la solution préventive, plutôt que la "solution" curative de maladie tueuse dans la souffrance (ou guerre inter-humaine à résultat similaire).
- Je ne suis nullement moteur voulant tuer des microbes. Je suis relativiste comprenant qu’une souffrance bactérienne est envisageable. [Et ce n'est pas parce que je considère que les "gentilles bactéries nous aidant à digérer et combattre leurs cousines méchantes" sont quasi-humaines. J’émets des doutes sur le propos biologiste affirmant qu’un être humain adulte ou enfant contient davantage de bactéries (dont 99% non cultivables) que de cellules humaines, et ce n’est pas par principe anthropocentrique mais techniquement parce que je travaille dans l’analyse ADN et que je sais que les analyses de mélanges bactériens informatiquement interprétées en addition de diverses espèces sont très suspectes d’erreur. L'enseignement claironne des vérités prétendues sans tolérer objection de l'intelligence critique].
Virus - Je tue à l'eau de Javel les "semi-vivants" virus (et spores de moisissures ou bactéries) qui peuvent rendre dangereux les toilettes ou autre. - J'approuve la désinfection généralisée des hôpitaux ou laboratoires à l'eau de Javel, et le génocide (passé ou futur) des virus tueurs d'humains Polyo, Ebola, etc. - Je reconnais possible qu'une partie de notre ADN (y compris d'éventuelles portions très bénéfiques pour notre santé) ait été greffée par transfert horizontal inter-espèce au moyen de transporteurs viraux (par la Nature ou par Dieu/rêveur) et que les Virus n'incarnent donc pas le Mal parasitaire absolu.
- Je pourrais utiliser de bien-aimés virus bactériophages "gentils" contre des bactéries infectieuses "méchantes" (façon soviétique, si j'étais né là-bas à l'époque).
Pré-humains Quand je m'endors, je rêvasse par exemple à une possible histoire de Annie et Denis, personnages pas finalisés dans ma tête, et puis non, je préfère les hanituels Patricia et Gérard, au risque d'avoir tué Annie et Denis, en un sens. C'est de l'iréel, oui, mais j'ai démoli tous les critères de Réalité, et peut-être donc que tout est irréel. - Je ne condamne pas les mères avortant, les femmes prenant la pilule tuant des ovules fécondés en gênant leur nidification utérine. Je ne suis pas pour l’explosion démographique exponentielle, pillant la nature et aboutissant aux guerres d’envahissement.
- Je ne condamne pas la congélation éternelle (ou élimination tueuse) d’ovules fécondés en surnombre dans les manipulations de fécondation humaine in vitro.
- Je ne condamne pas la voie bouddhiste d'extinction paradisiaque (avec non nourriture aboutissant réalistement à la mort par inanition), même si elle se généralisait en faisant disparaître l'espèce humaine (± génocidairement, sans violence). Et cela revient, indirectement, à tuer tous les futurs humains avant qu'ils naissent. Je trouve que le mot de Schoppenhauer "s'il n'y avait plus du tout d'humains, il n'y aurait plus du tout d'humains malheureux" assez sage, compréhensible tristement, non monstrueux ou absurde ou hérétique intolérable.
- Je préfère l’abstinence à la copulation généralisée. Mon épouse ne prend pas la pillule, et je n’ai pas d’enfant « biologique ». C'est normalement considéré comme une tare et je n'aime pas cette humanité bestiale, je préfère les anges et angelles de mes rêveries. Je me contrefiche que tous les prétendus "philosophes" aient décrété que l'humain est partiellement animal (forcément), je désapprouve les scientifiques qui envisagent de classer "non vivants" d'éventuels extra-terrestres qui seraient immortels (confondant "description de ce qu'on a déjà vu, classé normal" et "exigence pour être respecté, non torturé").
Cellules humaines - Si j’ai une verrue (très laide boursoufflure sur ma peau et dont la destruction ne me procure aucune douleur, même sans anesthésie), je me contrefiche qu’il s’agisse de cellules humaines : je les fais brûler ou disparaître par pommade. Que des biologistes les dénomment "non-moi" car "mutantes" ou "cancéreuses" n'intervient pas dans mon jugement. - Je tolère avec totale indifférence l’autoclavage de millions de cellules humaines en culture dans les laboratoires (pour essais pharmaceutiques ou cosmétiques ou autres). Idem pour les globules (notamment blancs avec noyau et ADN parait-il ?) qui sont détruits après analyse de sang pour simple surveillance, non critique. Si un scientifique publie la thèse selon laquelle les cheveux et ongles (les miens et ceux d'autrui) souffrent le martyr quand on les coupe, je ne m'alarme pas spécialement car je ne ressens pas cette hypothèse, je ne vis pas ce film, qui m'indiffère donc : sans massacrer les cheveux, je ne fais pas attention au sujet, simplement (et si on me dit que les Romains traitaient ainsi les esclaves, je ne ressens pas ce rapprochement comme pertinent).
- Je ne comprends pas bien pourquoi couper un cheveu est bénin et tuer un globule blanc serait un meurtre, les discours des savants étant récusables par la philosophie détruisant la crédibilité scientifique (hypothèse du rêve, bouddhisme indien, etc.).
- Je ne m’amuse pas à tuer des cellules humaines, à ma connaissance (piercing, auto-injection de drogue, etc.).
Choses - Puisque Mickey Mouse me paraît plus estimable qu'Adolf Hitler, puisque j'envisage effectivement qu'un livre ait une "âme", je tue peut-être des milliards de choses chaque jour (pores de papier toilettes, etc.), et ça ne m'intéresse pas de tout envisager, en matière de possibles. Comme si je n'avais pas la tête assez grande, la pensée assez rapide, pour tout envisager et décider tout après cet examen seulement. - Tandis que j'envisage des idées dérangeantes, au risque de me culpabiliser, je n'impose pas à autrui de faire de même, le laissant vivre avec ses certitudes usuelles, en matière d'inanimé prétendu. - Si dans un monde particulier, les cailloux parlent et souffrent, ou quelque chose de se genre, à mon avis, il ne faut leur faire aucun mal, sauf à titre de légitime défense s'ils attaquent.
(Vertige sceptique) - Quand je suis en train de cauchemarder, il m’arrive de souhaiter changer de monde, donc d’exterminer les créatures (y compris humaines) du monde présent. Idem pour mes suicides passés en Réel cru, compte tenu de mon non-rejet du solipsisme (« autrui n’existe pas » semble infalsifiable, donc potentiellement juste). - Chaque fois que je me réveille involontairement, j’extermine en un sens les créatures du monde rêvé, et je ne m’en sens nullement coupable. - Le concept d’âme éternelle au-delà de la mort est un possible aussi, et donc l’annihilation d’individus ou de mondes ne serait en rien une annihilation totale, simplement un changement possible de monde. Et peut-être qu’il y a infinité de mondes parallèles, peut-être que chaque carotte ou bactérie pense et rêve des mondes, absolument tout est possible, quoiqu’affirment les scientistes, appelant « certitudes » leurs « croyances », comme les autres dogmatiques.
(Bilan) - Vraisemblablement, je continuerai à manger des carottes et du poulet pané, à me laver, à écraser les moustiques, chasser les fourmis avec de l’insecticide, sans m’en sentir coupable. - Je ne prendrai pas l’initiative d’exiger une loi interdisant corrida, chasse, pêche, ébouillantage de crabes vivants et carottes, avortement (thérapeutique ou de confort), pillule contraceptive, expérimentation pharmaceutique et prélèvements sanguins, même si tout ça je ne l'aime pas. Je n’ai pas les idées claires, puisque moitié-coupable moi aussi autrement. Je préfère éviter les conflits entre humains que sauver des « innocents » potentiels très différents, et pourtant j’ai conscience que la frontière est mince entre altruisme et anti-altruisme (nos ancêtres ayant été ainsi complices de brimades affreuses envers les prétendus "sous-humains" classés esclaves ou indigènes). - Je ne cherche pas à faire souffrir, à tuer pour le plaisir de tuer. Chaque fois que ma conscience est alertée (et vis cette alerte comme fondée, juste), j’essaye de l’apaiser, au détriment du confort éventuellement.

Réserve
   La formulation "respecter tout être vivant" n'est pas exactement synonyme de "ne pas tuer d'être vivant", si j'en crois la tradition bushman illustrée dans le film comique sud-africain "les dieux sont tombés sur la tête" : le bushman éleveur de gazelles explique gentiment à la gazelle choisie qu'il a besoin de manger de la viande, et va donc devoir la tuer, désolé, puis il la tue, désolé, et la mange, dans un sentiment de paix et de respect (pas du tout biblique, et les Amérindiens traitaient peut-être ainsi les Bisons, qu'a exterminé le colon euro-étasunien Buffalo Bill en rigolant et les laissant pourir, sous les applaudissements des colons européens).
   J'ai signalé cette réserve mais elle ne me parait pas majeure personnellement : je me contrefiche que le moustique exprime des regrets dans sa langue avant de me piquer (pas létalement qui plus est), je lui dénie le droit de me piquer et l'écrabouille dans un sentiment de légitime défense – et pas seulement les femelles gravides piquantes mais, sans me poser de question, toute l'espèce y compris mâles (engrosseurs) et enfants (futurs piqueuses et engrosseurs), voire mouchelettes cousines vibrant pareil sans piquer. Je n'aimerais pas ça si j'étais moustique ou mouchelette innocente, effectivement, mais je ne suis pas insecte, présentement. L'altruisme a des limites.
   Ce sujet est tellement touffu qu'il me semble dépasser le cadre d'une copie de philo au Bac, enfin... j'ai écrit ça en moins des 4 heures maximales, mais la perversion de cette discipline scolaire conduit à inclure obligatoirement plein de citations de célébrités prétendues philosophes, au lieu de réfléchir par soi-même (ce qui est pourtant plaisant, merci). Euh, dans le cadre d'une copie de Bac, ça ne serait pas un clair tableau à 3 colonnes mais du bla-bla au kilomètre, en 3 phases classiques : thèse/antithèse/synthèse, comme par exemple : je refuse de tuer, quoique je tue, et finalement j'oscille entre les deux à mi-chemin.

« Corrigé »
  Pour voir, je suis allé voir les corrigés sur Internet : www.europe1.fr/bac-2015-les-corriges-des-sujets-de-philosophie-en-l. Et je suis affligé, non de m’être "trompé" mais de l’aveuglement des profs de philo ayant le pouvoir de noter. Il est dit qu’il fallait nécessairement citer Kant « le respect ne s’adresse qu’à des personnes » et Descartes établissant la différence fondamentale entre l’humain doué de conscience et l’animal. Et lier droit et devoir, en se demandant si tout vivant est un sujet de droit. Tout en mentionnant l'actualité, les députés français venant de reconnaître les animaux comme "êtres vivants doués de sensibilité".
  Je ne suis absolument pas d’accord. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a aucune différence entre humains dits réels et humains dit rêvés, animaux rêvés pensants, moustiques (vrais ou imaginaires) suivant leur logique propre, etc. Il y a le moi d’un côté, obéissant aux commandements de mouvements et ressentant la douleur, tout le reste est de l’imagination ou crédulité. La spécificité/supériorité humaine n'est aucunement démontrée. Les Martiens de Wells pouvaient débarquer en nous exterminant comme animaux nuisibles, dénués de tout droit par principe, ce n’est guère différent de ce que nous faisons aux animaux dont nous ne maîtrisons pas la langue. Ce qu’en pensait Descartes dans son bureau (éclairé presqu'exclusivement par la Bible commandant l’esclavage de la Nature) m’indiffère, les éthologues animaliers montrent au contraire de la vie sociale avec dominations, luttes de pouvoir, communication, rebellions, fidélités ou trahisons, comme chez nous humains. Et rien n’interdit d’envisager que c’est pareil chez les amibes ou bactéries, passant par un autre canal que notre système nerveux et parole/écriture scripturale. Le misérabilisme des députés pensant aux chiens-chiens des électeurs français en oubliant les avis anglais et indiens concernant chevaux et vaches, oubliant de songer à nos meurtres de moustiques, ne présente guère d'intérêt en terme de pensée (même si, hélas, des décérébrés écrivent les lois de la République, comme le couplet autocontradictoire "contre le racisme et l'antisémitisme", punissant le racisme des sales goys et interdisant d'envisager le racisme des Israélites...). L’avis des experts scientifiques éventuels n'éclaire que faiblement, n’étant qu’un avis de dominants actuels, susceptible d’être montré complètement erroné dans le futur (ou le rêve d’après). Les philosophes ne s’honorent pas, encore une fois, et puniront les « mauvais élèves », moins érudits mais plus intelligents qu’eux.