Langues z’étrangères moches, moche française aussi
Malaise avec la linguistique

par Seu Mé, 02/11/2020
Introduction scolaire
Pourquoi tant de langues au lieu d’une ?
La langue française mauvaise candidate
La langue anglaise à peine mieux
Idéal destructeur

Introduction scolaire
   Parmi mes passions, je citais les maquettes et dessins d’avions, les rédactions philosophiques et romances sentimentales, les mathématiques inventives, pas du tout la biologie/chimie qui est devenue mon métier (purement alimentaire, sans intérêt aucun), ni le sport/la musique (jamais pratiqués après l’obligation scolaire), mais il y a un autre domaine auquel la scolarité m’a formé : les langues étrangères, qu’est-ce que j’en pense ?
   Je suis né francophone en France, mais de 1 an à 5 ans, j’habitais en Tunisie, et je ne parlais que quelques mots de langue arabe orale (« sak el bab » pour « ferme la porte », et quelques gros mots dont j’ignorais le sens : zaboromouk, nahdinomouk), j’ai rapidement oublié, une fois revenu en France. A 7 ans et demi, j’ai découvert une langue inconnue : le français littéraire, avec toute une complexité bizarre de conjugaisons sans intérêt (quoique prétendues obligatoire par la maîtresse) : imparfait du subjonctif mais aussi subjonctif présent, passé simple. A 8 ans et demi, j’ai mis minable l’instituteur Monsieur Barbier qui avait clamé que l’orthographe française est logique, mais je n’ai pas insisté pour proposer mieux (j’aurais dû). Puis à 10 ans et demi à l’entrée en sixième, j’ai découvert l’anglais, avec des bons côtés mais il était fastidieux de devoir apprendre à nouveau des milliers de mots, pour parler ou écrire (un peu comme les récitations prétendues poétiques, que je n’aimais pas du tout). Je n’aimais pas cette matière « langue vivante », préférant la logique mathématiques ou la créativité des rédactions en français ou de la matière « travail manuel ».
   A 12 ans et demi, j’ai choisi Russe comme seconde langue vivante (en choisir une étant obligatoire), parce que j’avais reçu des timbres d'Union Soviétique et j’étais intéressé de voir comment ça fonctionnait, cet alphabet différent, cyrillique (grec, hébreu, arabe écrit, coréen, népalais, japonais kana, etc. m’auraient autant intéressé, sur le principe). Mais le prof « spécial » a fait que j’ai été nul en cette langue, comme le reste de la classe. Mais ce choix de langue russe allait conditionner toute mon existence, car il m’a placé pour trois ans dans la classe de deux jolies filles, une asiatique (TVB) et une polonaise (SM), qui allaient marquer ma vie à jamais (j’ai épousé une double de la première, et ma copine imaginaire reste une double de la seconde).
   J’ai aussi pris (accepté de prendre) l’option « langue morte latin » voulue par mes parents, « pour être dans une bonne classe » disaient-ils (je ne savais pas ce que ça voulait dire). Cette langue ne m’a jamais intéressé. Enfin, un prof de français en classe de troisième, Monsieur Caillard, nous a fait un exposé plaisant, « Le Français vient du Latin », expliquant les mécanismes de transformation et les versions intermédiaires, mais la traduction brute ensuite des textes latins d’auteurs célèbres étaient très rébarbative (pour moi, même si ma mère lisait le latin couramment, en ayant étudié les langues mortes latin-grec autrefois).
   Mon père m’a payé des cours particuliers de russe, vu l’échec des cours en classe de cette matière. L’étudiant qui nous formait (moi et quelques camarades) était passionné, et doué pour transmettre son enthousiasme : il m’a conduit à apprendre un peu de japonais, de finnois, de serbo-croate. Et puis je l’ai perdu de vue, après le Bac, et cet intérêt-là a disparu en moi.
   Mais 12 ans plus tard, en reprenant contact avec la polonaise qui m’avait séduit/détruit, j’ai appris qu’elle était devenue traductrice d’anglais, professionnelle, multi-publiée. Ce n’était pas rien pour moi, donc, ce sujet des langues étrangères, mais presque le plus important du monde.

Pourquoi tant de langues au lieu d’une ?
   Avec le recul, je me dis que la scolarité ne m’a appris/imposé presque que des choses contestables : des théories temporaires (en voie d’être déclarées fausses), des mathématiques secondaires à des choix arbitraires d’axiomes de départ, du bla-bla prétentieux, il n’y a guère que les langues vivantes étrangères qui semblaient avoir constitué un vrai savoir, mais… à quoi ça sert ? Oui, évidemment, ça sert à dialoguer en pays étranger, mais pourquoi tout le monde ne parle-t-il pas une seule et même langue au lieu d’avoir ces barrières très difficiles à apprivoiser ?
   Je sais la réponse classique : c’est la tradition (héritée du passé local), mais je ne compte pas ça comme argument valide : l’esclavage et la guerre intertribale étaient des traditions, et les avoir supprimés (ou presque ?) est cependant une bonne chose, on pourrait faire pareil avec la diversité des langues.
   En lisant la Bible pour la première fois, à l’âge adulte, j’ai découvert l’explication pour les religions du Livre (judaïsme, christianisme, Islam) : l’épisode de la Tour de Babel raconte que les humains unis ensemble étaient si performants que Dieu, jaloux, a semé la discorde entre eux, les éparpillant en mille langues pour qu’ils ne se parlent plu’. N’étant pas croyant, je n’en déduis pas que c’est donc bien, voulu par les instances supérieures. Ça me semble une saleté d’un prétendu Dieu narcissique caractériel et pas bon du tout : un père généreux voudrait que ses enfants soient au moins aussi brillants que lui, et ne leur apprendrait pas à parler dans des langues diverses pour qu’ils ne puissent pas communiquer entre eux ni s’unir en préférant que règne entre eux l’exclusion, la haine et la guerre… C’est une des différences entre un père diabolique et un bon père aimant ses enfants. La multiplicité des langues me parait donc une calamité a priori injustifiable. (Je suis universaliste, pas nationaliste du tout, selon moi : tant pis si l’Occident perdrait sa richesse en devenant honnête, moral, altruiste).
   J’ai entendu par ailleurs des sociologues affirmer que chaque microgroupe humain choisit de se constituer comme différent avec un argot particulier qui tend à générer une langue distincte de la base source. C’est comme ça que l’anglais américain s’est différencié de l’anglais britannique, et le français métropolitain du québécois et du créole. Je l’entends, mais ça n’en fait pas une bonne chose selon moi : je préférerais un monde uni, une langue unique.
   Les anthropologues préhistoriens prétendaient autrefois que l’origine humaine était pourtant unique (l’Eve africaine), mais les récentes découvertes ont invalidé cette légende, avec Cro-Magnon/Neandertal/Denisova peut-être nés séparément et plus ou moins mélangés ensuite, différemment ici ou là. Cela peut aussi « expliquer » l’origine des diversités. (Je l’entends, même si je ne crois pas du tout aux sciences humaines, explicatives a posteriori n’importe comment sans valeur prédictive testable/falsifiable).
   Quoi qu’il en soit, je ne suis pas d’avis de laisser perdurer cet archaïsme de langues très diverses faisant rejeter les étrangers, je préférerais une langue unie sur Terre. Et, point majeur, je ne suis pas écraseur dominateur : je n’exigerais nullement a priori que ce soit ma langue, le Français, qui devienne le standard universel (pour m’éviter à moi tout effort, non). Il convient d’aborder sans a priori la question.

La langue française mauvaise candidate
   Comme des générations entières d’enfants francophones, j’ai souffert des années à ingurgiter l’usine à gaz qu’est la langue française, et avec le recul maintenant, je juge que c’est une perte de temps totale, inutile et contre-productive. Le principe des exceptions ruine la logique, obligeant au par cœur stupide (soumis à l’autorité arbitraire, c’est peut-être un calcul politique voulu), c’est une calamité selon moi. Les conjugaisons génèrent une complexité énorme pour rigoureusement aucun apport en signification. Les genres ne servent à rien qu’à se moquer des étrangers ne maitrisant pas bien chaque mot. L’orthographe est une usine à faire des prétendues « fautes » (mot culpabilisateur pour « erreurs »). Les lettres qkc ne servent à rien pour exprimer le son k pareillement, et le son « ch » n’a au contraire pas de lettre (unique) pour lui (de même que an/in/on/ou etc.), c’est très très mal conçu. Les accords sont inutiles, redondants, sans apporter de signification. A mon avis, il faudrait réformer tout ça, ou abandonner cette langue pourrie.
   Certes, pour faciliter la compréhension avec les anciens, il a été préféré adopter leur mauvais système pour les jeunes (soumis à la torture aussi), plutôt qu’inventer mieux, très simplifié pour le juste nécessaire à la compréhension des choses et idées. Je désapprouve ce choix et serais partisan que les prochains jeunes soient formés à la nouvelle langue mondiale « bien », les anciens devant s’y former à leur tour, et ce n’est pas un énorme effort puisque ce serait une langue très simple (même s’ils perdraient leur autorité de « supériorité en maîtrise » par rapport aux jeunes, mais à mon avis, ce système écraseur doit cesser).
   Une langue française très modifiée pourrait être candidate, mais en abandonnant les conjugaisons, les genres, les accords, les homonymes et homophones, la grammaire et l’orthographe, avec une écriture phonétique en lettres standard de clavier. Ça ne s’appellerait peut-être plu’ langue française (« lâg frâsèz » écrit mon amie imaginaire Patricia/Patrisya). Tant pis, je ne suis pas nationaliste, je désapprouve les frontières et l’opulence héritée criminelle avant rétention jalouse. (Je suis immensément minoritaire en cela, les gens préférant la logique de guerre et d’écrasement haineux, hélas – mais je réfléchis tout seul, tant pis).

La langue anglaise à peine mieux
   Le mouvement des dernières décennies a parait-il été une chute vertigineuse du rayonnement de la langue française, au grand dam des ultra-nationalistes colonialistes, et la tendance a été le choix mondial de l’anglais comme langue internationale. Et certes, cette langue sous sa forme moderne élimine 99% des conjugaisons (avec « I will go, we would go », pour « je futur aller, nous conditionnel aller »), les genres (et nos aberrations de supériorité du masculin ou écriture inclusive sans rapport avec l’oral), les déclinaisons (de latin/allemand/russe), mais il reste quelques pièges pour raison de tradition comme les verbes irréguliers, les pluriels irréguliers, 2 présents et 2 passés pour presque rien, c’est très regrettable, et mériterait une simplification aussi – même si étasuniens et britanniques refuseraient en préférant imposer inchangée leur langue au monde entier (j’en ai discuté avec des correspondants anglophones sur Internet et cette amélioration ne les intéresse en rien de rien hélas).
   Enfin, j’admets que l’anglais est un peu mieux que le français en rapport utilité/complexité, et personnellement j’ai préféré lire les ouvrages de Fredric Brown en anglais qu’en traduction française avec plein de passés simples empêchant de s’immerger dans l’histoire mais rappelant que c’est livresque artificiel, pas comme on parle. J’ai pareillement été choqué en achetant 3 livres traduits par SM, dont un était pour enfants ne sachant pas lire (à lire par les parents au coucher, par exemple), avec plein de passées simples incompréhensibles pour le jeune (« nous fûmes », « vous parlâtes », etc.).
   Le plus grave défaut de la langue anglaise me semble ses voyelles presque anti-phonétiques… Ainsi quand on rencontre une lettre « i » écrite, bien difficile de savoir si elle se prononce « i » ou « aï », sans par cœur ayant mémorisé des dizaines de milliers de mots, pour rien. Un professeur d’anglais nous avait prétendu au lycée que tout était basé sur l’accent tonique, avec des règles méconnues mais claires selon le nombre de syllabes, mais j’ai plus tard découvert des exceptions ruinant tout à cela (le « e » et le « i » de « recipe » ne sont absolument pas prononcés comme ceux de « define » : réssipi et difaïn’). Alors qu’une autre convention (davantage phonétique) éviterait totalement ce piège. Certains en rient avec adoration, comme la présentatrice télévisée franco-brésilienne ayant inventé le mot français « magnifaïque », mais moi ça ne me plait pas du tout.
   Je parle presque couramment anglais, surtout en pays tiers comme les Philippines de mon épouse, sans l’accent très marqué du middle-west étasunien etc. Mais à mon avis il faut chercher ailleurs la langue mondiale unique, de mes rêves.

Idéal destructeur
   J’ai entendu parler de l’espéranto comme projet de langue mondiale simplifiée, mais il me semble avoir entendu dire que cette invention était basée sur un choix de racines indo-européennes (base commune à français, anglais, allemand, russe, arabe, etc.) sans prendre du tout en compte les langues asiatiques. Cela date des siècles passés où l’Occident écrasait militairement le monde, je trouve ça injuste, pas à choisir comme idéal.
   J’ai découvert que le finnois n’a pas d’orthographe et pas de grammaire, car on l’écrit comme on le parle, très simplement, et c’est excellent. D’ailleurs, les enfants finlandais sont régulièrement les premiers d’Europe en intelligence, puisque focalisés sur la compréhension des choses sans obstacle complexe artificiel (les stupides enseignants français dénoncent cela comme « concurrence déloyale » au lieu de faire pareil chez nous…). Mais ça reste une langue européenne, et de toute petite population, il semble étrange de l’étendre au monde entier.
   J’ai aussi entendu dire qu’en turc, 1 son = 1 lettre, très simplement, ce qui est une perfection phonétique excellente. Mais là encore, la Turquie est un assez petit pays ne me paraissant pas mériter de dominer le monde.
   Démocratiquement, démographiquement, la langue numéro 1 du monde serait le chinois, mandarin ou cantonais, mais le système des idéogrammes me semble affreux : impossible d’écrire un mot inconnu seulement entendu, impossible de lire à haute voix un caractère inconnu, je préfère immensément une langue alphabétique, comme claire « transparente ».
   Heureusement, j’ai entendu dire que le vietnamien est une sorte de chinois alphabétisé, ce qui pourrait être un excellent candidat, mais il y a parait-il une trentaine de voyelles dans cette langue, et c’est d’une complexité inutile.
   Je serais donc d’avis de réinventer une langue mondiale, simple et basée sur les mots chinois. Il n’y aurait pas d’homonymes, pièges ne servant à rien qu’à embrouiller (et faire ricaner les humoristes, certes – « le train pour Caen, quelle heure ? »), pas de conjugaison ni déclinaison ni genre ni orthographe ni grammaire. Avec au total une vingtaine de sons/lettres. Il n’y aurait pas les vilains « r » russes/français/japonais ni les « kh » russes/arabes/espagnols/écossais, seulement des jolis sons, et le chinois/vietnamien me semble donc la meilleure base, à discuter. Il n’y aurait pas de mot à double-sens prêtant à amalgame (comme je le regrette tant en Anglais/Français : Moi, Juif, Racisme, Démocratie, ou en Français seul : Plus, Jamais pour more/no-more, ever/never).
   Ce projet d’amélioration objective ferait tressauter de honte nos prétendus lettrés, mais je les trouve moches, auto-satisfaits avec leur usine à gaz inutile et s’émerveillant d’absurdités. J’entendais l’autre jour Charles Aznavour se croyant poète à clamer Shakespeareu… (dans sa chanson franglaise « For me formidable ») et tout n’est qu’artifices prétentieux, à mon avis, dans ces spécificités tarabiscotées, plaisant aux auto-satisfaits dénués d’intelligence critique, auto-critique.
   Mon système mettrait au chômage les interprètes (dont SM) certes, mais il tendrait à éviter les guerres, les haines, les dépenses militaires, les inégalités. Paradis sur Terre ? J’en rêve en tout cas.