Bonjour Tonton Claude, bonjour « docteur »,
Bien que tu sois mon oncle, aujourd’hui décédé, nous n’avons jamais été proches, toi et moi. Je ne t’ai vu presque « longuement » qu’une seule fois je crois, à l’occasion d’un repas au restaurant dans la ville d’Annecy, avec mon père ton petit frère, il y a une trentaine d’années. A ton habitude, tu parlais de toi toi toi et tes découvertes géniales prétendues dans le domaine spirituo-médical et, non contrariant, je te laissais dire sans être convaincu du tout. Mais je me souviens que tu as lancé une pique vers moi, et je n’ai pas réagi, à l’époque : je vais peut-être le faire maintenant, à retardement, une trentaine d’années après.
La pique en question était « Christophe, TU TRAVAILLES CHEZ M, les vaccins, TU ES DANS LE CAMP DU MAL ! », ce à quoi j’avais répondu quelque chose comme « peut-être, oui, je sais pas, je m’en fous un peu ». C’était finalement la version 1 de ma réponse et je propose une version 2 ci-après – posément par écrit, pouvant bien tout poser sans devoir improviser en conversation du tac au tac.
1/ Ce qui a changé - A l’époque (du repas annécien vers 1995 ?) j’étais classé psychiatriquement « en dépression profonde », je me fichais de tout, je pensais au suicide chaque soir. Ma profession n’était nullement un choix engagé. Je ne dirais pas que c’était un choix professionnel « purement alimentaire » dans la mesure où je ne bataillais même pas pour une alimentation me maintenant en vie, mon salaire était essentiellement pour me payer la location de petit appartement où me replier le soir (et week-end) loin du monde, dans mes rêves (à 99%, essentiel) et mes petits avions (à 1%, loisir). Et pour cela, je me louais comme technicien à un employeur totalement quelconque. Mais finalement je me suis effectivement suicidé (1998), celle que j’aimais ayant voulu me faire interner psychiatriquement. Et, après 2 ans d’hospitalisation (physique), intoxiqué de médicaments (28 par jour), j’ai été victime d’abus de faiblesse de la part d’une agence matrimoniale internationale, et je me suis marié. Mon épouse, austronésienne de pays pauvre, admire les « herbal-doctors » comme toi : de toute son enfance entière, elle n’a jamais consulté un « médecin chimique », ses parents préférant exclusivement la voie « herboriste » (et les 9 frères et sœurs ont survécu, même si un cancer généralisé a tué récemment l’un d’eux). En tout cas, je me suis un peu tourné vers le monde extérieur, devant expliquer les bizarreries françaises, comme le fait qu’un employé touche seulement la moitié de la somme dépensée pour lui par l’employeur.
- Professionnellement, j’ai changé plusieurs fois de sous-service, selon les décisions stratégiques de l’encadrement, d’arrêter ou délocaliser telle activité. Partout, j’ai émis des objections, des démonstrations d’erreur dans ce qu’on faisait, mais on me faisait taire, me disant d’attendre la retraite (2024 à 60 ans ou 2026 à 62 ans ou 2028 à 64 ans) pour philosopher. Mais en 2018 m’a été diagnostiqué un cancer (puis un 2e en 2019, 2 autres en 2021, 4 autres en 2023) et j’ai compris que je n’atteindrais pas ainsi tranquillement l’âge de la retraite, j’ai protesté officiellement dans mon entreprise contre un produit faux faisant notre fortune, et on m’a fait taire. Le service médical m’a suggéré une mise en invalidité avant que la guerre n’éclate méchamment. Et j’ai accepté. La mise à pied. Puis en fauteuil roulant, le 3e cancer étant très invalidant, enrobant le nerf sciatique. Actuellement, je suis dans cet état semi-libre, attendant la fin, tâchant de faire le point sur ce qu’a été ma vie.
- Une ex-collègue, devenue amie, a pour des raisons différentes démissionné de cette société (« horrible » en plusieurs sens), pour devenir soignante reflexologue, une des médecines douces. Et j’ai reçu une première séance de réflexologie, soulageant un peu mes douleurs cancéreuses. C’est peut-être « un petit rien » mais en un sens c’est en même temps un grand pas vers toi, mon tonton adepte des médecines douces (révoqué par l’Ordre des Médecins pour hérésie inadmissible, si j’ai bien compris les propos familiaux à ton sujet).
- Tout récemment, la crise covid19 a popularisé les horreurs mensongères commises par l’industrie médicamenteuse et apparentée. Enfin, le dogme officiel affirme tout parfait mais les voix discordantes maintenant publiées sont très persuasives.
- Compte tenu de tout cela, je peux répondre à retardement à la pique reçue, m’accusant d’être (avoir été jusqu’en 2018) « dans le camp du Mal », empoisonneur ou apparenté.
2/ Un semi mea culpa - Même si j’ai été employé par des gens très suspects de malhonnêteté (ou plus exactement : malhonnêtes je l’ai démontré en interne, mais ce n’est pas du tout reconnu officiellement, ils m’ont cassé avant), cela n’a pas été « mon choix ». En fait, j’ai été mal orienté, enfin bien et mal, c’est compliqué. Ma vocation était de devenir ingénieur en dessin aéronautique et mon loisir préféré est effectivement de dessiner (et construire en maquettes d’étagères) des avions qui n’existent pas, mais après mon premier suicide, un professeur m’a dit que ma seule chance de reconquérir l’aimée était de devenir un grand médecin. Exit la voie aéronautique. Puis j’ai revu cette fille, qui a ensuite écrit ne plu’ vouloir me revoir jamais, docteur ou pas, alors j’ai abandonné les études de médecine, voulant devenir (mort ou) balayeur de crottes. En compromis familial, j’ai accepté de faire de courtes études de technicien, OK. Et il s’est avéré que cela (la voie technicien bio proche de la voie médecine entamée) débouchait sur 3 voies : diététique (impossible pour moi, classant non-comestibles les aliments « affinés »), industries alimentaires (idem), analyses biologiques et biochimiques (d’accord, mais j’ai découvert qu’était là très puissante en petit labo de ville l’injonction à devenir polyvalent en pratiquant les prises de sang sur autrui – horreur pour moi…). Avant de postuler à ces petits labos, j’ai simplement effectué 3 demandes : l’hôpital local (à Montpellier) ayant bien sûr des personnels différents pour analyses et prélèvements, et deux entreprises industrielles (en région lyonnaise) vendeuses de kits de diagnostic (services de production sans lien direct avec les patients). Ces entreprises étaient A et B. B était de nom affilié aux vaccins M mais cela était totalement distinct. Le premier entretien que j’ai eu était avec A, qui a accepté ma demande, ouf ! Sans chômage à la sortie des études. J’avais beaucoup moins apprécié B, où le chef m’ayant interviewé m’avait sévèrement reproché de vouloir prendre un emploi de base alors que j’étais intellectuellement supérieur d’après mon Bac Maths 1981 mention Très Bien (moins de 0,1% au top de la population) et mon QI (répondu oralement sans que je l’ai marqué sur le Curriculum Vitae). Ayant accepté A, j’ai informé B que je retirais ma candidature chez eux. (Et quand je commençais chez A, un coup de fil étrange m’a informé que j’avais été aussi accepté comme fonctionnaire par l’hôpital, mais j’ai répondu que désolé, j’avais accepté ailleurs entretemps). Deux ans plus tard, le vieux possesseur de A (dont les héritiers préféraient le fric à l’aventure industrielle) finalement a vendu son entreprise à B, et je me suis retrouvé ainsi « automatiquement » membre du personnel de B. Cela n’avait pas été mon choix direct, mais les circonstances indépendantes de ma volonté m’amenaient là.
- Dans mon travail, j’étais simple exécutant, travailleur manuel, mais je signalais aux encadrants (irrités) leurs fautes mathématiques, selon moi. Ils préféraient « évidemment » l’avis expert des biomathématiciens professionnels. Mais l’an passé, le chef de ce service biomathématiques (devenu retraité), lisant ma réfutation argumentée, a reconnu que j’avais mathématiquement raison et que son service avait commis des fautes professionnelles, qu’il aurait mieux fallu m’écouter moi. Docilement, j’étais rentré dans le rang, laissant les fautifs triompher, mais ils ne se rendaient pas compte de leurs erreurs, et ne les comprendront peut-être jamais.
- Ce que j’aurais pu faire, c’est démissionner, ne plu’ être « complice acheté par le salaire ». Et quand j’ai été promu à un poste supérieur, en 1993, j’ai effectivement écrit et donné ma lettre de démission mais, finalement, j’ai été « récupéré » par un autre service, acceptant que je reste simple technicien. Au fond du trou, je n’étais guère lucide, faisant n’importe quoi au jour le jour, et cela a continué, cahin-caha. Non, je n’étais pas un employé modèle de B vantant nos produits, mais je fournissais en simple location neutre ma force de travail et d’analyses, laissant les chefs gérer les niveaux « supérieurs » (en mocheté, en organisation, en finances).
3/ Réserves - Durant toute ma carrière professionnelle (1984-2018, 35 années), je n’ai travaillé qu’en analyse microbiologique et biochimique, jamais dans les départements vaccins (ou médicaments) ou virologie. Dans mon coin, je n’étais donc nullement associé à ce qui a pu être fait de pluss condamnable par cette société B ou ses cousines M.
- J’étais en position de machine décérébrée : si j’avais démissionné, exactement le même travail aurait été accompli par d’autres employés en remplacement, ne changeant rien au résultat vu de l’extérieur. J’ai inventé plusieurs choses (en biomathématiques) dont j’ai fait don à cette entreprise, mais ça n’a pas été compris, et aucune suite n’a été donnée. Sinon, ça aurait amélioré des points de détail, mais les gros problèmes seraient restés inchangés.
- Vu de loin, ça n’a pas une importance énorme, la principale leçon est que le label Qualité (ISO-9000 etc.) est une totale escroquerie, pour une paperasse parfaite concernant des produits pouvant être mauvais, vendus très chers « et c’est comme ça ».
- Même si je peux refaire le monde aisément, dans mon esprit, ce serait inadmissible en vrai, et je serais assassiné bien avant d’avoir fait reconnaitre le bon droit. En un sens, cela fait de moi un ex-complice sous la contrainte, un peu comme un soldat allemand de 17 ans en 1944, certes pas dans un camp de Bien mais qui aurait été fusillé s’il avait déserté (en justifiant l'objectivité de son choix), ça explique ma position intermédiaire inconfortable semi-coupable semi-innocente.
Ajout 17/07/2023 Réponse reçue Ma mère a lu le texte qui précède à mon père, frère du médecin en question, et m’a écrit une réponse. Il y a des points conciliants sans problème mais deux points me semblent mériter discussion :
1/ « La recherche se heurte à trois forteresses aux intérêts divergents : la fabrication, la vente… et la morale ! »
2/ « faire le point sur le passé. Je ne crois pas utile de faire appel à la Morale ! »
Je réponds posément :
1/ La recherche à laquelle j’ai participé n’était absolument pas de la recherche fondamentale immensément loin de la fabrication. Le non-fabricable était un critère de rejet naturel, la recherche appliquée était alliée de la fabrication. Ceci dit, la vente est un autre monde, effectivement, enfin la recherche devait participer à la maîtrise des coûts du produit développé mais les principes menteurs du marketing n’ont rien à voir (et m’ont choqué quand ils m’ont été exposés, oui : le but est de vendre le pluss cher possible accepté, la seule limite étant la concurrence éventuelle).
2/ Je ne crois pas avoir fait référence à La Morale, au sens des conventions comportementales ici et maintenant. Mon sujet est plutôt que la réflexion (ou la philosophie) se scinde en deux champs indépendants : la vérité et la morale (± universelle). Est choquant le faux mais aussi le mauvais envers autrui innocent, c’est ainsi que je vois les choses. Je ne cherche absolument pas à suivre à la lettre les « cours de morale » que recevait la génération de mes parents à l’école, mais tout n’est pas qu’affaire de pure vérité et fausseté, le mensonge (surtout financièrement intéressé) me parait répréhensible, par exemple.
1 + 2/ Le second point traitait de morale mais n’épuise pas la mention de morale dans le premier point. En effet, il y a des limites à la Recherche absolue qui sont imposées au nom des lois sur la bioéthique, ce qui est une franche limite, un vrai sujet, mais qui n’a jamais concerné mon travail. Le seul point que j’ai rencontré, non polémique, était la contrainte d’anonymiser les dossiers de patients en essais cliniques de produits. Je pense abusif que des prétendus experts décident ce qui est éthique ou non, personnellement je considère l’avortement non éthique (alors qu'il est pleinement approuvé par ces donneurs de leçons faisant lois en dictateurs), etc. Mais ce n’était pas du tout mon sujet.