Discuter (et améliorer ?) la chanson « Imagine » de Lennon
Essai timide, pour voir
(par Djonn Lay Nonne 2 ? 02/09/2021)

(ajout)
Base
Discussion personnelle
Ma version envisagée

   Une des plus jolies chansons du monde me semble « Imagine » de John Lennon, dans sa période après Beatles. La musique surtout mais aussi les paroles, quoique… ce n’est pas tout à fait mon idéal. Et comme je ne suis pas d’accord avec l’école française, apprenant à vénérer les grands hommes sans les contester, je vais ici discuter ce qui me plait incomplètement, et comment je l’améliorerais, à mon idée (côté texte et message, pas sonorité, car j’étais classé « handicapé musical »).
   Même si le Britannique John Lennon a été assassiné par un étasunien fanatisé, je ne pense pas que ce soit à cause de cette chanson (osant dire un « blasphème » comme « imaginez qu’il n’y ait pas de religion ») ; j’ai entendu dire que le plus grand crime de John Lennon aux yeux des fanatiques chrétiens est d’avoir dit antérieurement « les Beatles sont plus importants que Jésus-Christ ». Discuter cette chanson ne semble donc pas spécialement dangereux.

Base
#La sourceTraduction Internet [+ moi]Pieds en anglais
1Imagine there's no heavenImagine qu'il n'y ait pas de paradis7
2It's easy if you tryC'est facile si vous essayez6
3No hell below usPas d'enfer en dessous de nous5
4Above us, only skyAu-dessus de nous, seul le ciel6
5Imagine all the peopleImaginez tous les gens7
6Livin' for todayVivre pour aujourd'hui5
-AhAh1
7Imagine there's no countriesImagine qu'il n'y ait pas de pays7
8It isn't hard to doCe n'est pas difficile à faire6
9Nothing to kill or die forRien d'intéressant [Rien pour lequel tuer ou mourir]7
10And no religion, tooEt pas de religion non plus6
11Imagine all the peopleImaginez tous les gens7
12Livin' life in peaceVivre la vie en paix5
-YouTu1
13You may say I'm a dreamerTu peux dire que je suis un rêveur7
14But I'm not the only oneMais je ne suis pas le seul7
15I hope someday you'll join usJ'espère qu'un jour vous vous joindrez à nous7
16And the world will be as oneEt le monde sera comme un7
17Imagine no possessionsImaginez pas de possessions7
18I wonder if you canje me demande si tu peux6
19No need for greed or hungerPas besoin d'avidité ou de faim7
20A brotherhood of manUne confrérie de l'homme [Une fraternité humaine]6
21Imagine all the peopleImaginez tous les gens5
22Sharing all the worldPartage tout le monde8
-YouTu1
-You may say I'm a dreamerTu peux dire que je suis un rêveur7
-But I'm not the only oneMais je ne suis pas le seul7
-I hope someday you'll join usJ'espère qu'un jour vous vous joindrez à nous7
-And the world will be as oneEt le monde sera comme un7

Source : LyricFind                           Source : https://www.lacoccinelle.net
Parolier : John Winston Lennon

Discussion personnelle
1-2/ Imaginer qu’il n’y ait pas de Paradis n’est pas pour moi une nouvelle idée ou une instruction hypothétique : mes parents étaient athées, et a priori je n’étais pas informé qu’il y ait un Paradis. En entendre parler ne m’a ni paru fabuleux enchanteur, ni faisant perdre un équilibre parfait.
  Ensuite, j’ai appris que certains croyants en ce Paradis étaient horribles. Selon certains catholiques, on est autorisé à faire le mal encore et encore, puis si on se confesse avant de mourir, hop, le Paradis est garanti, cela encourage à mal faire (justifiant un peu que Lennon veuille stopper ça). Selon certains croyants protestants (aux USA notamment ?), on est autorisé à faire le mal encore et encore, du moment qu’on s’agenouille avec vénération devant Jésus, ce qui garantit accès au Paradis, cela encourage aussi à mal faire.
  Ensuite, j’ai lu les Evangiles chrétiens, et la parole de Jésus dément totalement tout cela : dans la Parabole du Bon Samaritain, il réserve le Paradis à ceux qui se sont ruinés à aider, quelle que soit la religion. Enfin, comme il dit tout et son contraire, ce n’est pas clair et univoque, et apparemment chaque croyant (ou religieux dirigeant des croyants) pioche ce qui l’arrange égoïstement ou généreusement. C’est nul. En tout cas, le problème n’est pas du tout qu’il y ait un Paradis post mortem ou pas, mais les modalités d’accès prétendues, à supposer qu’elles soient claires (ce qui n’est pas du tout le cas).
  Enfin, j’ai une copine imaginaire qui est polonaise plus ou moins chrétienne à sa façon. Insultée de partout (sauf par moi) comme « naine, débile, bougnoule, crevure, tortue » et elle trouve dans ce rêve paradisiaque de consolation future « magique » un grand réconfort et je l’approuve tout à fait. Condamner cela me parait très moche. A mon avis, Lennon se trompe de colère, de cible, de sujet.
3-4/ Fuir l’Enfer promis au mal, gagner le Paradis promis au bien, c’était le guidage type moyenâgeux, mais le remplacer par rien n’est pas forcément magnifique.
  Certes, un grand mal a été commis, prétendu « bien » validé religieusement : soumission paysanne miséreuse sans révolte contre aristocratie-clergé exploiteurs, et dans les guerres entre chrétiens, les religieux des deux camps encourageaient à tuer, assurant du soutien de Dieu pour la victoire (ou accès privilégié au Paradis si on est tué), cela a généré des boucheries atroces. Mon oncle Raymond, pilote de chasseur-bombardier dans la guerre d’Indochine, m’avait dit qu’il était allé là-bas pour sauver Jésus-Christ mais, quand il lâchait les bombes sur les villages, il n’était plu’ sûr de faire le Bien… Puis la guerre du Viêt-Nam a suivi, avec bombardiers massacreurs étasuniens et prêtres des armées…
  Mais en sens inverse, mon épouse catholique était très étonnée que je sois gentil sans croire en Dieu : elle avait été élevée à la gentillesse par crainte de Dieu voyant tout et punissant d’enfer les contrevenants même sans témoins humains. La voie que j’ai connue était beaucoup plus difficile : faire le bien parce que c’est bien, c’est tout, sans récompense ni punition (si ce n’est qu’on peut s’attendre à relative réciprocité : être gentil envers autrui l’incite à être gentil envers soi, être méchant envers autrui l’incite à être méchant envers soi – mais cette logique naïve est parfois ou souvent déçue par des profiteurs méchants anti-réciproques). Ce n’est pas simple du tout, mais il n’y a pas harmonie automatique sans Enfer-Paradis d’un côté, et violence automatique avec Enfer-Paradis de l’autre côté. Ce n’est pas le contraire non plu’, lancer des grandes phrases simplistes sur le sujet semble un oubli de réfléchir avec intelligence critique, débat contradictoire. Lennon se trompe à mon avis.
5-6/ Se focaliser exclusivement sur le bonheur présent immédiat, ça semble le choix de l’épicurisme, qui n’est pas à imaginer génialement mais constitue une tradition d’avant Jésus-Christ en Grèce antique.
  Par ailleurs, il est très critiquable de ne penser qu’au présent, au risque d’amorcer des phénomènes en chaine qui aboutiront à des catastrophes futures. C’est un peu la critique parentale contre l’enfant casse-cou qui s’amuse mais va se faire mal si un moindre imprévu change la donne (dans le futur proche). C’est aussi la critique écologiste contre le consumérisme, qui jouit des produits sans percevoir que la perpétuation de cette production va causer d’énormes problèmes environnementaux puis humains. Je donne tort à Lennon. (Certes, son argument touche juste un seul public : celui qui fait le mal en ce moment en ne voyant que l’accès futur au Paradis garanti par ailleurs).
  Je pense aussi à la justice paysanne : il ne faut pas manger maintenant toutes les graines, sinon on en aura zéro à replanter, et on mourra de faim l’an prochain. Ne penser qu’au présent n’est pas la sagesse, non.
  D’autres avis hurleraient peut-être aussi que le « devoir de mémoire » est très obligatoire, ne penser qu’au présent étant criminel. Ce n’est pas mon avis, personnellement, mais ça interviendrait dans des débats, si débat il y avait.
7-8/ Je suis comme John-Lennon un « no-border », préférant un monde uni à un tribalisme xénophobe (sacralisé mochement par l’épisode biblique de la Tour de Babel insultant Dieu), mais… je lui donne tort de dire que c’est très facile. On me répond toujours que supprimer les frontières serait la guerre généralisée, les locaux refusant l’invasion par migrants. Si je reste anti-frontière malgré cela, c’est que je trouve immorale anti-altruiste la xénophobie (qui n’est pas d’extrême-droite comme le clame la télévision mais recoupe presque tous les partis politiques, en France, chantant « qu’un sang impur abreuve nos sillons », xénophobie tueuse, et avec police des frontières et refus de visas pour rejeter les dits indésirables).
  Par ailleurs, depuis 1948 et le triomphe du sionisme, condamner le nationalisme est classé antisémite monstrueux, raciste. C’est faux, injuste, mais c’est ce qui est pratiqué, et domine en France, les cercles politiques et médiatiques. Bloquant ici le rêve de Lennon, diabolisé à tort.
  Enfin, je rencontre deux problèmes pas vus par Lennon :
- (USA) Les migrants européens ayant envahi l’Amérique (pays Dakota, Iroquois, etc.) ont exterminé les Amérindiens, et si on leur donne raison de ne pas avoir respecté les pays, équitablement il faut à notre tour (nous Occidentaux) être envahis et massacrés par les migrants du Sud et de l’Est. Je l’envisage coupablement (héritage coupable de crime contre l’humanité) et j’espère que cette acceptation serait récompensée par non-massacre, mais je suis immensément minoritaire, et les Etasuniens sont prêts à exploser la planète pour l’empêcher. Comme je ne veux pas ce génocide apocalyptique, et pas l’iniquité dominatrice (honte de l’Occident), je suis coincé.
- (Amazonie) Refuser aux tribus amazoniennes auto-suffisantes une vie d’équilibre avec la nature environnante, pour laisser les migrants envahisseurs prendre leurs territoires, ce n’est pas illogique mais pas idyllique non plu’. Pourquoi vouloir toujours davantage de milliards d’humains envahissant tout, plutôt qu’une population réduite, avec petits groupes stables et harmonieux ? Ce n’est pas simple. Il n’y a pas illégitimité morale dans le rêve de petite tribu auto-suffisante isolée.
  Quoi qu’il en soit, je considère criminel contre l’humanité (racisme actif ou fanatisme religieux) d’avoir rendu Israël aux Juifos et pas les USA aux Amérindiens, Lennon n’en parle pas mais l’honnêteté équitable (monde imposé comme uni ou/et acceptation obligatoire de tous migrants) ferait exploser la planète, milliards de tués.
9-10/ Effectivement, les principaux sujets de guerre sont les nationalismes et les religions, mais je ne suis pas d’accord que s’il n’y avait pas cela, il n’y aurait plu’ de motif de guerre. En France 1789, la révolution était une guerre civile tueuse contre les privilèges injustes. En Russie 1917 ou Chine 1949, ce sont les inégalités qui ont entrainé révolte tueuse des humbles contre les installés dans le confort peu laborieux (qui est l’idéal de beaucoup de gens, et des ex-humbles eux-mêmes). C’est l’indécrottable opposition entre Liberté et Egalité : avec liberté (qui est bien) se créent des riches non partageurs exploitant les faibles, avec égalité (qui est bien) plu’ personne ne fait d’effort, et cela capote, comme l’a montré l’effondrement de l’URSS, pauvre jalousant la richesse des capitalistes mêmes inégalitaires. C’est un équilibre immensément délicat, pas simple, et Lennon parait simpliste en prétendant définir un idéal très simple à imaginer, type Yaka Fauqon.
11-12/ Lennon me parait là en faute : plein d’utopistes ont prétendu apporter la paix au monde entier, sauf que face aux résistances contre les modalités imposées, cela a débouché sur la guerre. Les Inquisiteurs, les dictateurs, les communistes, les anarchistes, les djihadistes, tous prétendent pouvoir créer l’harmonie paisible, une fois écrasée la résistance, mais en pratique, on en reste à la violence contre cette résistance, qui est une guerre perpétuelle (jusqu'à être vaincu ou renoncer au projet universel).
13-16/ Là je fronce les sourcils. Personnellement, je suis aussi un rêveur, et le monde que j’imagine (démocronde côté géopolitique, humbiliste côté économique) me parait idéal selon mes valeurs, mais… si on s’allie à d’autres, pour générer une force ensemble, il semble qu’automatiquement on sera doublé par des violents dominateurs, et toutes les révolutions justicières ont ainsi débouché sur des atrocités (contre des minorités, puis parfois contre les majorités même, une fois le mécanisme de violence lancé). J’en ai conscience et suis pessimiste, défaitiste. Au contraire Lennon prétend que son groupe à lui sera le premier de l’Histoire de l’Humanité à réaliser le miracle. J’en doute.
17-18/ Le principe de supprimer la propriété est la base du communisme : ne plu’ avoir propriété individuelle (ou familiale) jalouse, mais propriété au bénéfice de tous donc disparition de la propriété. Cela n’a absolument pas débouché sur le paradis mais sur la misère : si le travailleur n’a pas possession des fruits de son travail, prenables par le fainéant refuseur de travail, stop il cesse le travail et devient prédateur à son tour (d’où violence terrible de la part des autorités, devenant dictatoriales, et l’idéal est cassé). Je pense aussi au roman Malville, une micro-communauté reconstruisant un peu le monde après un holocauste nucléaire : ils cultivent des champs, les entretiennent, et avant la récolte (de « ce qui leur appartient » selon eux) des groupes humains errants débarquent et dévorent leurs cultures (sans avoir rien fait pour les faire pousser), alors ils sortent les armes et c’est la guerre, contre l’injustice de dépossession des fruits du travail. Cela m’a marqué, ce n’est pas simple du tout, il ne suffit pas de dire « supprimons le fric » ou « supprimons la propriété » et ce sera le bonheur de tous sur Terre. Non, un problème de justice se pose, entre travailleurs et profiteurs. Les communistes ont pensé qu’en gouvernant l’éducation de tous, ils allaient forger des humains nouveaux ne pensant qu’au collectif en oubliant les égoïsmes. Ça a raté lamentablement. En URSS, les gens jouaient secrètement au Loto interdit, pour devenir individus super-riches ce qui était condamné. Il n’y a apparemment pas, humainement, d’équilibre facile. Quelques tribus autarciques en Amazonie sont peut-être dénuées de cette violence, c’est vrai, mais quand l’Albanie a voulu se construire comme autarcique (1946-1991), elle est devenue le pays le plus pauvre d’Europe, avec fuite de sa population émigrant en zone plus riche. Lennon ne parait pas crédible quand il annonce un idéal par ce biais.
19-20/ La faim et l’avidité ne sont pas des besoins auxquels il faudrait renoncer, Lennon semble dire n’importe quoi, là. La faim est une conséquence des problèmes politiques d’inégalité (non-partage avec faméliques) et de natalité (enfants générés sans qu’on ait de quoi les nourrir), elle n’est pas souhaitée généralement, sauf peut-être par quelques stratèges affreux voulant affamer tel groupe pour obtenir telle conséquence (soumission, migration, disparition, etc.). Si tout le monde avait le « salaire universel » (à la Benoit Hamon) garantissant de manger sans travailler, plu’ personne ne travaillerait, et ce serait la famine générale, ça ne tient pas debout. Quant à l’avidité, ce n’est pas à ma connaissance un truc voulu et encouragé, mais un défaut immoral aux dépens d’autrui. En sens inverse toutefois, ce qui permet de sortir du refus de travail généralisé est la volonté d’obtenir davantage, et personnellement (ou familialement) car si c’est aussitôt hyper-dilué (par partage avec tous), ça reste quasiment zéro. Quant à la fraternité, c’est une notion que je refuse, ayant été un petit frère brimé écrabouillé, l’amitié choisie vaut immensément mieux que la fraternité subie. Lennon a tort encore, à mon avis.
21-22/ Le partage général est la définition du communisme, qui a échoué lamentablement avec l’expérience soviétique, les résistances naturelles conduisant à une oppression dictatoriale. Oui, hélas, l’égoïsme individuel ou groupiste semble le moteur de l’humanité, on peut rêver beaucoup mieux mais le réaliser en pratique débouche sur la guerre, la violence. L’enfer sur Terre et non le paradis sur Terre.

Ma version envisagée (pessimiste défaitiste)
PiedsTexte envisagé (sans rimes)
7Imaginez un bonheur
6Pour toute l’humanité
5Sur Terre ici-bas
7C’est facile mais pas en vrai
7Imaginez en rêvant
5Sans se battre ni rien
7Imaginez sans frontières
6Et sans rejet de l’autre
7Mais il faudrait être moins
6d’humains sur notre Terre
7Imaginer une vraie paix
5Donc irréelle certes
7Oui je suis un vrai rêveur
7Seul à ma façon à moi
7Attention aux alliés durs
7Et dérives autoritaires
7Le fond humain semble très moche
6Rendre Israël USA
7Bestiaux ils se battent dominent
6Ecrasant les faibles doux
7C’est affreux mieux vaut rêver
5Là tout est possible

----- Aout 08/09/2021 : Propriété encore
   Il me revient une double-pensée, à propos de l’idée « qu’il n’y ait plu’ de propriété » :
– Chez les animaux, pour ce que l’on en sait sans parler leur langue, il n’y a pas de propriété mais qu’est-ce qui se passe ? le fort prend tout ce qu’il veut, et le faible ne peut pas objecter « non, c’est ma propriété à moi », même si c’est lui qui a entièrement bâti le bien que va prendre le fort. C’est le règne de la violence, la loi sauvage du plus fort, anti-justice. C’est humainement choquant, moralement au sens altruiste.
– De manière un peu voisine, on dit humainement « chacun a la propriété de son propre corps », et si (dans le monde de John Lennon) cela était supprimé, une très jolie fille serait systématiquement violée par tous les salauds violents, puisqu’il n’y a plu’ de propriété individuelle à respecter. C’est tout le contraire du Paradis à mon idée.
  Lennon imagine mais sans se poser assez de questions, il imagine mal, de manière simpliste n’envisageant pas les très graves problèmes inhérents à ses choix pratiques. Il s’agit d’imagination très naïve, très médiocre, irresponsable, grave si envisagée en pratique voire imposée.