CASSER EN S'AMUSANT
Casser en s'amusant ?
Réponse à "La grammaire en s'amusant"
par kristof menyé, 27-30/01/2008

    Pour Noël, il m'a été offert le livre "La grammaire en s'amusant" de Patrick Rambaud (Prix Goncourt et Grand Prix du Roman de l'Académie Française, éditions Grasset), me disant que c'était une autre façon non scolaire d'aborder en souriant la langue française (autre que mon site "L'orthographe de Patricia").

    Après l'avoir lu, après m'être senti aggressé par ce texte page après page, j'ai mis un sévère avis de lecteur sur Fnac.com (avec, par expérience… une bonne note pour ne pas être censuré), mais c'était limité à 130 caractères:
A lire au second ou troisième degré
1/ un traditionaliste s'amuse à réciter ses dogmes, en insultant lourdement autrui
2/ un lecteur critique peut s'amuser à mettre minable le fier professeur
3/ sachant impubliable une offense au dogme, mieux vaut en rire qu'en pleurer…
Livre intéressant, disqualifiant la verbeuse intelligentsia.


    Je peux ici (le Web contournant le blocage 3) développer le point 2, expliquant une façon de casser cet odieux et fanatique traditionaliste, en retournant ses insultes contre lui. Pour cela, je relis rapidement le livre, en notant les commentaires qui me sont venus.

* "Présentation : La grammaire n'est pas une punition mais une nécessité, un droit, une chance et un jeu." --> Je doute, je reste à convaincre, c'est possible mais nullement acquis a priori. Mon expérience personnelle : la grammaire était explicitement une punition, une menace d'enfer – quand nous avions 10 ans, notre instituteur antillais nous disait "Attention, si vous ne vous calmez pas immédiatement, j'arrête la géographie des îles du Paradis, et on fera une leçon de grammaire à la place ! Vu ?!". Bon, mais il faut reconnaître qu'on peut craindre le sport ou aimer le sport, on peut changer d'avis devant une nouvelle présentation conciliante, plaisante et ludique. A voir. Le sommaire de ce livre parle d'histoires de satellites et de moteurs, c'est moins rébarbatif que les conjonctions de subordination et passé composé du mode indicatif, certes, mais méfiance : des propagandistes peuvent nous présenter comme délicieux des catalogues nauséabonds (le Mein Kampf de Hitler ou Le Capital de Karl Marx, La Genèse dictatoriale/infanticide/raciste/génocidaire/mysogyne, etc).

* "1e leçon : Pourquoi la grammaire nous distingue du chimpanzé"
(…) "Etudiants, ils écrivent comme ils parlent, c'est à dire mal" --> Je ne suis pas d'accord. Qui définit le bien et le mal ? L'autorité, assurément, mais comment cette autorité a-t-elle été acquise ? Sur le mode militaire, par la soumission servile à l'autorité précédente avec l'ambition de prendre la place de dominant. Personnellement, je n'appelle pas ça une autorité méritée, mais une servilité se muant en dictature pour exiger pareille servilité. Moralement, j'estime plutôt que c'est à cette autorité qu'incombe le mal, et à certains des esprits libres et tolérants qu'incombe le bien. Mais, loin des affaires de principe : il me paraît très pertinent que l'écriture soit une transcription simple de la parole, alors qu'exiger une pompeuse langue spéciale obligatoire à l'écrit, c'est gêner l'accès à l'écrit, en réserver le bénéfice à certains, c'est extrêmement contestable – et ce n'est même pas un compréhensible choix élitiste car les meilleurs en soumission à l'arbitraire ne sont a priori pas les meilleurs en inventivité, logique ou autre.
(…) "Des patrons se paient des leçons d'orthographe en cachette" --> Cela prouve seulement que l'enseignement a inculqué la culpabilité à ceux réussissant bien dans d'autres domaines que l'orthographe. Si c'est considéré comme une preuve que l'orthographe est très nécessaire, le même mécanisme prouvait qu'il était très nécessaire d'être stalinien sous Staline. Peut-être, pour éviter les coups de bâton, mais le bien fondé sur le fond se discute ailleurs que dans ce rapport de force. Il n'y a bien sûr pas meurtre pour défaut d'orthographe, mais il y a bannissement social, enfermement (via l'étiquetage "débile"), insulte dévalorisant autrui (jusqu'à suicide éventuel – pauvre Patricia...), c'est extrêmement grave. Se ranger fièrement du côté de tels bourreaux disqualifie quelqu'un, directement. Les mots de présentation "la grammaire est une nécessité" seraient moralement invalidés, ou corrigés : "la grammaire est une dictature, donc subie comme nécessité".
(…) "Sans les mots, tes images n'existent pas" --> Au sens propre, c'est irrecevable. Certes, via la notion d'enrichissement ou autre… peut-être. Une langue symbolique et opératoire, une verbalité, peut aider, effectivement, mais cela ne justifie en rien les complexités spécifiques de la langue française actuelle. La langue pourrait se simplifier au maximum jusqu'au strict nécessaire. Le reste (dont presque toute la grammaire) n'est que traditions inutiles, et les imposer en lot obligatoire avec la verbalité relève de l'erreur stupide ou de la tromperie malhonnête. Comme si, sous prétexte que mesurer les longueurs est utile, les anglo-saxons nous imposaient leur schéma de comptage 12/12/3/5,5/40/8 (line/inch/foot/yard/pole/furlong/mile) à la place du système décimal (métrique), c'est idiot.
(…) "Si on ne t'explique pas que les alignements de colonnes tronquées par Buren représentent une œuvre d'art, tu pourrais croire qu'il s'agit de sièges" --> On m'explique, j'entends, et je conteste très fermement. Si la prétendue œuvre d'art a besoin de mots pour être appréciée (et presque tout l'art moderne fonctionne ainsi), je juge personnellement que c'est de la merde verbeuse, indigne du titre d'œuvre d'art. Que des snobs se délectent comme ils veulent de verbiages, mais – objectivement – ils ne sont aucunement supérieurs. La démonstration est claire avec la musique : de prétendus artistes, hauts diplômés du conservatoire et professionnalisés par les subventions publiques (sans référendum ouvrant débat !), peuvent taper sur des casseroles en beuglant à 7 voix (de manière chaloupée à 4 temps puis 3 puis 6), justifiant par des pages entières le profond message symbolisé par cette voie novatrice, je donne raison aux humbles trouvant que, sans aucun caractère plaisant avant explication, ce n'est pas de la musique, et le titre artistique est très contestable, peut-être même volé.
(…) "Tu vas apprendre à te servir des mots, toi aussi, à t'exprimer avec le maximum de précision et de clarté --> Non, la langue française n'est en rien un summum de clarté, contenant de nombreux double-sens (je, humain, racisme, juif, etc. voir mon livre "Un autre testament de Dieu") gênant la pensée, prêtant à manipulation, amalgame, conduisant potentiellement à l'enfermement psychiatrique ou au génocide, au terrorisme. Le tableau est grave, nullement enchanteur, convainquant.
(…) "Tu verras, l'exercice est plutôt amusant." --> Jouer avec les règles grammaticales inutiles ? D'accord comme matière optionnelle, jongler ainsi peut amuser certains, mais cela n'autorise en rien (moralement) à en faire une obligation, un outil d'exclusion et de mépris. Certains s'amusent à apprendre l'annuaire téléphonique local, pourquoi pas, mais cela devrait rester un loisir personnel. Il n'y a plus d'amusement sous la contrainte punitive. Des Maoistes passionnés peuvent réciter avec jubilation le Petit Livre Rouge, avec brio pour citer par cœur un passage illustrant chacun des quinze mille mots employés, tant mieux si ça les amuse, mais quand ils deviennent dictatoriaux en prétendant faire partager leur amusement, je fronce les sourcils en retour. Ce n'est pas honnête, c'est de la propagande prétendant à la générosité.
(…) "bougre de mulet" --> Dans le dictionnaire, je ne vois pas de sens figuré à "mulet", mais c'est un hybride d'âne, qui au figuré désigne quelqu'un d'ignorant ou entêté. Je retourne le compliment à son auteur, mais arguments à l'appui, autres que l'autorité et la domination : tu mérites plus que tout autre le titre d'âne, ignorant les alternatives à tes dogmes grammaticaux, t'entêtant à imposer ta voie en insultant les esprits libres.
(…) "La grammaire, mon coco, c'est ce qui nous distingue du chimpanzé" --> C'est irrecevable sans argument : il est dit pareillement que le point clé nous séparant du chimpanzé est le rire, la conscience de soi, l'enterrement des morts, la religiosité, etc. Cent points se prétendant le seul, ce n'est pas crédible. Ceci dit, peut-être que la grammaire utile est un puissant outil, effectivement, mais les complexités inutiles (accord au complément d'objet direct si et seulement s'il est placé avant le verbe, etc.) seraient abrogeables après discussion et amélioration, humainement. La récitation servile des conventions parentales relève du suivisme animal, façon mouton. La contrainte éducative arbitraire au nom de l'autorité relève de la domination animale, façon loup. Je juge ainsi que Patricia a inventé une grammaire vraiment humaine, et elle a été cassée par des êtres immondes, stupides moutons à griffes de loups. Tu me sembles davantage chimpanzé qu'elle, Rambaud, tout auréolé de récompenses que tu es, sale bête. On n'est pas responsable de son patronyme, mais tu m'évoques Rambo, soldat patriote, discipliné et meurtrier, avec une cervelle de pigeon. Il combattait les cocos (-munistes), lui aussi, au profit des héritiers oisifs, exploiteurs des travailleurs pauvres, sans comprendre que c'était l'enjeu. Il y a des singes astucieux, isolément, toi tu ressembles à un singe hurleur, groupiste oppresseur des faibles, victimes.
(…) "La grammaire t'explique l'art de lire et d'écrire, elle te donne l'ensemble des règles qui décrivent les meilleures manières de se servir des sons, des lettres, des mots et des phrases" --> Non, la grammaire française n'est pas le catalogue des meilleures solutions humainement possibles, seulement un ramassis de règles locales un jour sacralisées. On peut faire beaucoup mieux (peut-être l'esperanto – je ne connais pas), et si tu faisais l'effort de réapprendre, tu faciliterais l'expression des générations suivantes, et dirigerais leur énergie vers bien plus utile intellectuellement. Tu es fier de ton art, là encore, mais ce n'est pas convainquant : pour un esprit libre, ce que tu glorifies est de la merde.
(…) "chenapan" --> Selon le dictionnaire, ça veut dire "vaurien", et je conteste. Un esprit libre et inventif vaut davantage que toi, dictateur obtus écrasant autrui sous la tradition.

* "2e leçon : Comment la bande dessinée a précédé l'alphabet"
(…) "Nos lointains ancêtres des cavernes ne parlaient pas autrement, ils ressemblaient aux rats (…) Les hommes des cavernes n'étaient pas très futés (…) ils vont mettre des siècles à devenir moins sots (…) des dizaines de milliers d'années" --> C'est là déclarer "Vérité" le roman de certains, contesté par d'autres. Des croyants religieux ont d'autres scénarios (perte de la perfection initiale, inexistence du passé lointain, etc.) aussi respectables, sachant que rigoureusement aucune "loi" scientifique n'est prouvée inviolable, et l'expérience montrant que des scénarios approuvés par consensus des prétendus experts peuvent être ridiculisés ultérieurement. Là encore, c'est l'autorité institutionnelle qui parle, se prétendant incontestable (sans débat autorisé), détentrice du Bien et du Vrai. La pensée respectable me semble ailleurs, loin de ces fanatismes prétentieux, dans un scepticisme prudent.
(…) "Ils transmettent ces mots de génération en génération pour simplifier la vie de leurs enfants" --> A supposer que cela ait été vrai, cela a bien changé. Le but des parents actuels ne semble aucunement de faciliter la vie de leurs enfants, sinon ils feraient l'effort d'adopter une langue simplifiée, leur seul but semble de dominer avec ce qu'ils maîtrisent, en escomptant que leurs enfants feront à leur tour pareil (tant pis pour ceux échappant à cette programmation, exclus). On peut remonter à rebours le temps, et imaginer qu'il en a toujours été ainsi, ce n'est pas moins plausible en tout cas.
(…) "petit misérable (…) im-bé-cile" --> Je préfère l'humble innocent au prétentieux imbécile qui le domine fièrement. Patricia a été insultée de la sorte, et c'est un scandale absolu. En subissant cette violence sans en tirer de haine, elle a clos la démonstration de son absolue supériorité (morale en plus d'intellectuelle). Je suis moins bien qu'elle, et je cherche à la défendre (elle ou sa "mémoire", ses consoeurs anonymes), quitte à être méchant avec les salauds.
(…) "les voyelles rendent des sons purs qui se suffisent à eux-mêmes (…) A l'inverse, les consonnes ont besoin des voyelles, qu'elles font sonner pour exister (…) P" --> Ce raisonnement est invalide pour le yod et pour bien des consonnes (F, J, L, M, N, R, S, V, Z), et pourquoi n'y a-t-il pas 1 voyelle pour OU, pour AN, pour ON, pour UN, 1 consonne pour CH, 2 consonnes pour X, à quoi sert le Q et l'ambivalence des C et S ? La leçon est complètement pourrie, nullement convaincante. En termes de logique, Patricia a fait infiniment mieux, honnêtement, sans mentir, elle.
(…) "Indispensables, les accents !" --> Aucunement. La langue anglaise ou russe n'a pas d'accent, et est aussi riche que le Français. Patricia a des accents pour s'éviter l'apprentissage des lettres phonétiques, et je la suis pour utiliser les claviers standards. Tout se discute, se soupèse, sans qu'il y ait à invoquer d'absolue nécessité. Peut-être que ce prof s'amuse à claironner ses dogmes, mais il semble inculte (hors anecdotes frivoles) et stupide, il mérite qu'on lui mette le nez dans le caca. Un adulte étranger (ou renégat comme moi) pourrait le faire, c'est plus difficile pour un enfant soumis à l'autorité adulte – garante de sa survie matérielle. Choisir pour interlocuteur une victime enfantine a été pour l'auteur une approche intellectuellement déloyale.
(…) "Ainsi é se lit et, è se lit haies ; les lettres s'apparentent à des notes et l'alphabet à une gamme sur laquelle tu vas jouer" --> La dernière proposition est vraie pour l'orthographe de Patricia, aucunement pour le français actuel, et les exemples donnés le démontreraient si l'auteur avait un soupçon de lucidité auto-critique : dans "et" on n'entend pas la note t, dans "haies" on n'entend pas les notes a-i-e-s, et le h français ne correspond à aucun son… Pan, ça mérite un zéro pointé. Avec un peu de recul, j'aurais refusé l'apprentissage subi au Cours Préparatoire (récusé par Patricia, avec le scandale des ai-ei-ou-oi-on-an-un-in-ain-oin etc.), j'ai maintenant le recul pour le démolir. Et il n'y a nulle fatalité à la complexité anti-phonétique : on pourrait basculer vers une écriture phonétique, et Patricia a inventé une solution pour le faire via les lettres standards. Après consultation de diverses autres solutions, l'une pourrait être choisie et enseignée aux nouvelles générations (une base commune permettant de communiquer mieux que des conventions personnelles, certes). Pourquoi pas ? (la réponse à ce pourquoi semble la fainéantise des anciennes générations, mal formées et refusant de réapprendre, de perdre leur aisance dans un système idiot et inutile – jaloux du confort de leur train-train, elles ignorent et méprisent la situation de migrant devant assimiler de nouvelles bases, cas de mon épouse asiatique, admirable victime de cette grammaire pourrie qui est hélas la mienne).
(…) "Mais se dit mè; si tu poses un tréma sur le i, pour le souligner, pour l'isoler, tu obtiens maïs qui se dit mahisse." --> Les complexités inutiles ont conduit à d'autres complexités surajoutées : c'est ce qu'on appelle une "usine à gaz". Certes, certains peuvent trouver rigolo de maîtriser le plan archi complexe d'une usine à gaz ne servant à rien, mais cela devrait être facultatif, comme l'apprentissage de l'astrologie. Dans le monde de Patricia, "mais le maïs" s'écrirait "mè le mais", tout étant lisible à haute voix par un enfant de 4 ans et un étranger ayant reçu une demi-heure de cours, tandis qu'un dictionnaire étymologique suffirait à expliquer aux passionnés d'histoire que mè vient de mais qui vient de, etc.
(…) "Je t'expliquerai la vie des mots, parce qu'au cours des âges ils se modifient. Autrefois, on disait hostel, le s a disparu de nos prononciations, remplacé illico par l'accent circonflexe : hôtel." --> Non, si les mots étaient autorisés à changer, on pourrait remplacer aujourd'hui hôtel par otèl, un dictionnaire étymologique gardant trace de la lignée. On ne serait pas tenu de se cramponner à l'orthographe hôtel, dictées et blâmes à la clé. Inversement, si toute dérive est une faute, pourquoi ne pas avoir gardé hostel ? Réponse : le fait du prince, des avis dictatoriaux ont décrété un jour l'arrêt de l'évolution, punissant comme faute toute simplification (et tout archaïsme déclaré tel). Ce n'est pas convaincant, c'est une loi du plus fort, très moche. Et ce n'était pas une fatalité : les Russes ont banni la moitié de leurs lettres avant de décréter l'école obligatoire pour tous, et les érudits contrariés ont disparu, le brio littéraire se limitant aux idées et aux histoires. Ici, les érudits triomphent et s'entre-congratulent, se priment, insultent autrui, c'est ignoble.
(…) "L'alphabet est cette gamme de sons qui nous permet de tout dire" --> Non, l'alphabet français ne permet pas de transcrire les noms propres de visiteurs étrangers : spécificité des r anglais, russe, japonais transcrit, du ch écossais ou j espagnol ou kh russe transcrit ou h arabe transcrit, des h et th anglais, des clics boshiman, etc. Et il est résolument anti-phonétique puisque par exemple notre son è peut s'écrire avec plus de 25 combinaisons de lettres différentes, toutes déclarées obligatoires dans tel ou tel cas. Il manque à cet auteur toute la réflexion sur les idéogrammes, qui n'étaient pas des archaïsmes primitifs (je suis choqué par le racisme atroce de la présentation linéaire : rat/homme-singe/chinois/greco-français) mais avaient un avantage sur la voie phonétique : le caractère commun de l'écrit pour de multiples langues parlées. Il manque l'argument que les écritures phonétiques ont l'avantage de permettre la lecture/écriture des mots inconnus. Il manque la référence à la "lecture globale" ayant admis que le français actuel est anti-phonétique, à moitié. Cette leçon sur la phonétique du couronné P. Rambaud est imbécile : faible d'esprit, sotte, stupide. Lui et sa caste ont le monopole de l'édition, certes, ça prouve simplement que tout est pourri dans l'édifice. Qu'il pérore au sommet de la tour, inutile d'en scier les montants, espérons seulement qu'il sera puni d'enfer éternel pour cette vie odieuse où il crut triompher. Le Bien est ailleurs, incarné par la victime Patricia, couverte de crachats ici-bas et récompensée post-mortem espérons-le. "Heureux les pauvres, les faibles, les 'simples d'esprit' " a dit un type gentil, un jour, paraît-il… Le naïf l'a payé cher, dit-on, et rien n'a vraiment changé.

* "3e leçon : Les mots sont des gens comme vous et moi"
(…) "le vilain est le contraire du noble seigneur (…) vilain signifie affreux, sale et méchant, et par la suite malhonnête, immoral" --> Je lis exactement le roman historique de manière contraire : alors qu'une écriture phonétique simple était accessible à tous, sans même d'école, l'écriture est restée sciemment pleine de pièges inutiles, décrétés obligatoires, pour rester la propriété spécifique d'une caste oisive se prétendant noble, supérieure. La malhonnêteté et l'immoralité sont à mes yeux le fait de ces prétendus nobles, et aucunement de leurs besogneux serviteurs exploités. Certes, sans angélisme, il faut convenir qu'après la Révolution, les exploités libérés se sont avérés des exploiteurs méprisants, non moins cruels (esclavagistes et colonisateurs), mais en tout cas, il manque encore une fois la critique des fiers lettrés dans l'analyse Rambaudienne, partisane et non contradictoire, donc nulle. Il s'amuse, se fait plaisir en cachant ou ignorant les objections, pauvre type. Que la réponse n'ait elle pas accès à la publication prouve la perversion du système.
(…) "les mots anglais (…) Pourquoi chercher dans une autre langue des mots que nous possédons déjà (…) Par snobisme (…) Y sert à rien, ton latin (…) Gravissime erreur. Le latin a bâti les fondations de notre langue, et il reste bougrement vivace. Le monde des affaires l'estime international et pratique." --> C'est très clair, il s'agit d'un manifeste traditionaliste : il est bon de revenir inutilement aux vieux noms latins (connus des fiers lettrés parachutés en haut des entreprises), il est mal de passer au nouveau standard international qu'est l'anglais (plus connu des jeunes vulgaires que des anciens, maîtrisé par nos techniciens et méprisé par nos littéraires). Et si le latin est une grande langue, si le français est une grande langue donc, c'est grâce aux conquêtes militaires ayant broyé les cultures locales. Affligeant de bêtise et d'immoralité.

* "4e leçon : Les noms aussi ont une vie de famille"
(…) "C'est ce qu'on appelle un nom propre (…) des noms qui désignent une personne, un animal ou un lieu : pour les repérer, on les écrit toujours avec une majuscule" --> Ce n'est pas convainquant du tout. Patricia n'emploie pas de majuscule, en quoi cela fait-il d'elle un chimpanzé ??? C'est du snobisme que d'employer une écriture emphatique dans certains cas, en marque de respect conventionnel, c'est inutile. Sinon, on pourrait exiger que la langue orale marque pareillement l'emphase par un "Whaô" précédant chaque nom propre. Tradition débile, de mon point de vue. Les Allemands mettent je crois une majuscule à tous les mots, n'exemptant que les adjectifs et verbes, en quoi est-ce encore mieux ? et si on le refuse, les mêmes arguments pourraient casser nos conventions à nous, aussi contestables.
(…) "Le Mont Blanc il est masculin (…) et que montagne elle est au féminin (…) A cause de l'usage. Eh oui, il n'y a pas de logique ni de règles implacables dans la grammaire" --> "Il n'y a pas de logique dans la grammaire (française, officielle, 1900-2008)" est un aveu bienvenu. Mais c'est un conglomérat de diktats implacables, et la règle implacable est que le dictionnaire officiel vaut Loi ("une mont" ou "un montagne" étant implacablement sanctionné). Et si c'était "l'usage" qui faisait Loi, pourquoi un nouvel usage n'autorise-t-il pas la génération SMS a écrire otel à la place de hôtel ? Ce n'est pas honnête : des archaïsmes injustifiables ont été approuvés au nom de l'usage, avant de condamner tout nouvel usage, au nom de la faute, punie scolairement. Il y a bien une logique : les dominants ont imposé leurs conventions mauvaises, et refusent de plier devant d'autres conventions émergentes. Loi du plus fort. Abjecte. Moi ça ne m'amuse pas du tout.
(…) "Pour ne pas te tromper, il va falloir que tu parles, que tu écrives, que tu lises surtout, que tu lises, que tu t'imprègnes des mots et des phrases qui sonnent juste, et tu verras : les lois et les exceptions multiples de notre langue te deviendront familières, tu les auras assimilées" --> Ce n'est pas honnête : pareille démarche aurait maintenu au latin éternel sans jamais déboucher sur un français, initialement jugé vulgaire sans ses (inutiles) déclinaisons grammaticales (dont ne reste que je/me/moi etc.). Pourquoi arrêter maintenant la simplification, la démarche tendant au "juste nécessaire" ? Au nom de l'autorité jalouse, se clamant détentrice du Bien, sans argument aucun (au vu de ce livre en tout cas). Evidemment, l'instruction numéro Un est de lire, passivement, d'admirer et suivre, non que chacun écrive ses idées éventuellement novatrices, en langue aussi transparente que possible. C'est le triomphe des érudits sur les logiciens, des admirateurs en chef sur les humbles inventeurs. C'est de la basse politique, et je suis d'avis que les dominants actuels, ne méritant pas leur place, sont moralement le camp du mal.
(…) "Naguère, devant un barbouillage enfantin, les parents intellectuellement faibles s'extasiaient : 'le dessin de Fredo, regardez, c'est mieux que du Picasso'. Verte idiotie : avant de se forger un style personnel, Picasso a étudié" --> Monsieur Rambaud, votre snobisme fanatique (affirmant géniales des merdes dessinées avec des tonnes de mots justificatifs) ne vous autorise pas à traiter d'intellectuellement faibles ceux qui ont d'autres goûts et requièrent un caractère plaisant pour parler d'art. Idiotie = absence d'intelligence, dit le dictionnaire. Dans l'affaire, je juge que ce sont les snobs qui sont les plus idiots, inaptes au relativisme, à la tolérance. C'est être intellectuellement nul, pire que faible, que de ne pas percevoir le choix. La certitude dogmatique (protégée du douloureux sens auto-critique) est la consolation des faibles d'esprit paraît-il, et cela me paraît sensé.
(…) "Les noms sont variables, ils se soumettent à la loi du genre et du nombre. L'article est le petit mot bref qui souligne ces variations." --> En terme d'usage, peut-être, mais c'est en principe très contestable : la langue anglaise n'a pratiquement pas de genre (à quoi sert de classer souris/fourmi avec femme et rat/moustique avec homme ?). D'autres langues n'ont peut-être pas de nombre, en tout cas il n'y a pas de raison logique à dupliquer l'information "pluriel" dans l'article et le nom. Patricia ne marque pas les pluriels, et je la comprends très bien quand elle parle de trois cheval. Le reste n'est que tradition inutile, imposée par des fanatiques semant d'embûches la route des enfants vers l'intégration, et rejetant des êtres capables, simplement non convaincus par le système, injustifié.

* "5e leçon : A l'image des planètes, les noms ont leurs satellites"
(…) "Accorder, c'est mettre en accord, associer, unir le qualificatif au nom qu'il sert. Les qualificatifs s'accordent donc comme les noms, en genre et en nombre" --> Non, l'Anglais n'est pas une langue de chimpanzés, et les adjectifs y sont invariables, sans aucune perte en clarté ou signification. Requérir (au nom de la tradition) des usages évoque le "savoir-vivre" des hautes familles : il est malséant, fautif, de servir l'eau dans le verre de droite au lieu du verre de gauche, ou pire : dans un verre unique ! Choquant ! Il est de bon goût, harmonieux, d'unir les couleurs de cravate et boutons de manchette, décalés d'un quart de ton pour éviter l'uniformité : grandeur ! Bon, que ces snobs se claquemurent dans leur auto-satisfaction, totalement imméritée vue de l'extérieur. Si la maîtrise subtile et parfaite des montagnes de règles et exceptions les amuse, ça ne fait de mal à personne, mais quand ils insultent autrui, je réponds "Stop, bande de connards à la con, c'est vous les fautifs, moralement".
(…) "Stupidissime !" --> Toi-même.

* "6e leçon : Il faut soigner nos verbes comme des moteurs"
(…) "Conjuguer un verbe consiste à l'employer sous toutes les formes : le présent, le passé, l'avenir, le masculin, le féminin, le singulier, le pluriel (…) Chaque verbe peut emprunter une centaine de costumes différents (…) Les verbes du troisième groupe sont plus farceurs, ils se contorsionnent chacun dans leur coin (…) mais rassure-toi, ces tracassiers sont à peine cent cinquante" --> Ce n'est pas convainquant. Pourquoi dupliquer l'information comprise déjà dans le pronom ? Les anglais disent "je aller, nous aller" (I go, we go). Et de même pour les temps ou modes : "je futur aller, je conditionnel aller" (I will go, I would go), et c'est tout à fait compréhensible, pas un langage de singe… Bien sûr, cette langue anglaise a son lot de fanatiques traditionalistes, donc son lot d'exceptions ("he goes" au lieu de "he go", "he went" au lieu de "he goed"), mais en principe, tout pourrait être dit en moins de dix costumes avec zéro exception. A contrario, dans telle langue, peut-être qu'on ne dit pas "je vais" mais: "je vaiso" pour un garçon et "je vaisa" pour une fille, est-ce que ce surcroît de complexité rend plus riche donc plus admirable ? Non, à mon avis, la langue française actuelle n'est qu'un sale usage pourri, inutilement complexe, qui nous est inculqué à la dure, génération après génération, puisque aucune ne fait l'effort de se sacrifier pour passer au juste nécessaire en laissant tomber les automatismes péniblement acquis.
(…) "Tu vas te contenter de retenir les temps qui te serviront dans la vie, tu vas délaisser le guindé et le malsonnant de certaines formes verbales désuètes. Il y a un demi-siècle, Raymond Queneau (…) saluait la progressive disparition de l'imparfait du subjonctif." --> Bien, mais on pourrait (et devrait, selon moi) aller très au-delà : supprimer le subjonctif, les lettres doublées pour rien, etc. Là, non, seules les autorités ont le droit d'envisager l'évolution du dogme, les humbles n'ont droit qu'à obéir ou être punis/insultés. C'est ce que dit l'autorité professorale en tout cas, mais je suis d'avis que cette dictature mérite davantage insulte que ses victimes.
(…) "Raymond Queneau voulait adapter Le Discours de la méthode dans la langue de tous les jours." --> Ce Discours de la méthode est un très pertinent exemple : c'est un vénéré texte de merde, où l'intérêt objectif se limite à une phrase (le point de départ, doute sceptique "tout pourrait être un rêve", peut-être mieux exprimé par le Bouddha des millénaires plus tôt), le reste pompeux et prétentieux n'étant que jeux de mots, fautes logiques et dogmatisme aveugle. Mais l'édition est aux mains des adorateurs de "grands hommes", des serviles célébrateurs de la tradition, en interdisant aux analystes logiques de tout casser. C'est cohérent avec la sacralité de la grammaire française, certes. C'est abject.
(…) "Au masculin ou au féminin, un mot peut avoir un sens très différent. La mode (…) Le mode, pour un verbe, c'est" --> Toute homonymie est remplaçable. Il n'y a qu'à adopter l'anglais fashion pour la mode (ou le latin modus pour le mode), et la nécessité de genre disparaît. Les pièges d'une vieille langue pourrie n'ont aucune raison d'être vénérés éternellement, en principe. En pratique, c'est totalement différent, l'institution scolaire se chargeant d'inculquer le dogme intouchable, sacré, et de punir comme faute toute amélioration. C'est lamentable, pas du tout amusant, non. Même si la victime insultée peut sourire de voir son bourreau se montrer un immonde salaud, jouissant fièrement, temporairement, sans aucunement voir l'évidente punition à venir (révolution ou envahissement étranger ou punition divine).

* "7e leçon : La syntaxe est éternelle"
(…) "Du courage, que diable !" --> Je ne trouve pas que le manque de courage soit principalement la faute de ceux qui peinent à ingurgiter les millions d'exceptions et règles tordues de la langue française, le manque de courage le plus grave incombe à ceux qui refusent de perdre leur supériorité dans le système actuel pour apprendre un nouveau système simplifié, avec le risque de peiner et d'y être raillé comme débutant maladroit. Moi-même, je n'ai pas le courage et la cohérence d'écrire ceci en orthographe de Patricia, je choisis la facilité, la fainéantise de m'exprimer dans le système qui m'est devenu automatique. Là encore, insulter autrui ne signifie pas que l'on soit exempt de faute, intellectuelle et morale.
(…) "Mais ce complément est placé avant, donc le participe s'accorde (…) Applique bêtement la règle et tu ne te tromperas jamais… (…) pour bien l'appliquer, il suffit d'en apprendre par cœur la règle." --> La règle d'accord relève du pur arbitraire, aucunement de la clarté ou de l'intelligence. Et elle n'est pas claire – comment comprendre les verbes pronominaux : "elle s'est mise à pleurer car elle s'est mis le doigt dans l'œil" ? En quoi cela apporte-t-il quelque chose à quelqu'un, si ce n'est la jouissance de punir des fautes, sans aucun enjeu en terme de compréhension ? Cela amuse peut-être les professeurs sadiques, certes. Monstres.
(…) "à cause des mauvais présentateurs de journaux télévisés" --> Il aurait été honnête que l'auteur écrive "des présentateurs que je juge mauvais selon mes critères". Selon mes critères à moi, c'est toi, Rambaud, qui est un très très mauvais (professeur ou analyste), un faux "intellectuel", un romancier exécrable. Et si je juge les journalistes mauvais, c'est parce que leur présentation de l'information est partisane, soufflant dans le sens dominant sans signaler les alternatives et questions graves, très graves, qui préviendraient des horreurs (terrorisme, violence conjugale, guerre, etc.) si la population était incitée à réfléchir. Balance tes jugements péremptoires comme tu veux, mais tu peux en prendre tout autant dans les dents, avec la différence que tu es du côté des puissants, ayant la parole, certes. Salaud.
(…) "Charles Aznavour (…) Une virgule déplacée, et vous inversez le sens d'une phrase" --> Oui, mais ce n'est pas simple, et la langue française manque gravement de clarté. Le problème lié qui me gène le plus est celui des relatives avec ou sans virgule d'introduction. Quand on dit "les chauves-souris qui sont noires sentent" ou bien "les chauves-souris, qui sont noires, sentent", j'aurais tendance à dire que la première formulation parle de celles qui sont noires parmi les chauves-souris (peut-être majoritairement brunes), tandis que la seconde prétend que toutes les chauves-souris sont noires (sauf peut-être exception rare), mais ce n'est pas clairement établi – et un éditeur me l'a contesté. En tout cas, dans un procès où s'éclatent les adorateurs du verbe, le procureur et les avocats peuvent hurler que l'écrit "les bourreaux qui étaient généreux" insulte toutes les victimes de bourreaux (en prétendant que tous les bourreaux étaient généreux) alors que l'auteur a pu vouloir parler des rares anormaux qui étaient généreux parmi les bourreaux, l'absence de virgule n'empêchant pas la condamnation au bénéfice du doute, ou au regard du principe de précaution (nom pompeux de la présomption de culpabilité). Ce n'est pas clair du tout, il faudrait deux mots séparés : comme "quit" valant "qui tous" et "quis" valant "qui certains", mais non, la clarification n'est pas du tout le but, il s'agit de préserver la "richesse" (ludique, tant pis pour l'injustice) des double-sens et amalgames traditionnels. Hélas. Cela dément simplement l'argumentaire initial, qui prétendait que la langue était l'indispensable outil de la clarté. Contradiction, illogisme. Peu importe : l'auteur s'amuse, il est très content de lui. Il n'y a pas de quoi l'être. Enfin, à titre d'essai personnel, auto-thérapeutique, admettons, mais cela n'a pas à être publié, applaudi, en privant de parole ceux qui ont beaucoup plus à dire.
(…) "La lecture est nécessaire pour ne pas se transformer en légume (…) Maupassant. Tu le liras. (…) grâce à ta propre imagination. Tu peux y arriver si tu acceptes de tourner des pages, puis en ayant envie de les tourner pour connaître la suite du voyage. Moi j'ai de la chance, j'appartiens à la dernière génération qui a eu une enfance sans télévision" --> Je conteste formellement. Je prends l'exemple de Patricia, riche imagination sentimentale n'ayant rien d'un légume. Effectivement, elle n'aime guère ingurgiter passivement la télé (n'y trouvant qu'une source d'idées et d'images ensemençant ses créations), mais elle fait beaucoup mieux que lire : elle rêve, invente des scénarios, les répète en les changeant, les fait dériver ou bifurquer en mille variantes. A côté d'elle, celle qui lit passivement (ce qui est marqué) est un légume. Et que l'hyper-logique Patricia ait acquis, grâce à son orthographe simplifiée, la capacité d'écrire, se relire et améliorer, s'avère merveilleux, enrichissant, pour elle-même et pour nous (son ami Gérard et moi, collègue). Au nom de la richesse anti-légume, de la richesse accessible au maximum de talents inventifs, ce n'est pas du tout la grammaire traditionnelle et l'orthographe rébarbative (avec culpabilité des esprits logiques puis dégoût) qui est à élire, ni la dévotion envers les vieux auteurs pistonnés. Pour le livre ici discuté, au lieu de le lire avec envie, et de lire ensuite tous les autres ouvrages du même auteur (comme il le suggère – visant gloire et fortune ?), il est infiniment plus riche de contester ce qu'il a écrit, de formuler et ordonner une réponse (en se relisant et se corrigeant), de refuser la lecture passive de ces merdes infâmes.
(…) "Indécrottable paresseux !" --> Toi-même… Pourquoi n'as-tu jamais fait l'effort de te mettre à l'espéranto, en perdant ta facilité spontanée à manier ta langue maternelle ? L'effort d'accepter un rude ré-apprentissage facilitant infiniment la vie des générations futures ? Indécrottable paresseux, fier de ta nullité… Ou un apprentissage du japonais, te faisant découvrir l'horreur (dite amusante par les érudits là-bas) des écritures non phonétiques (trente mille signes à apprendre au lieu de trente), complexités inutiles et mépris envers la non-perfection. En Japonais, chaque terme s'écrit et se prononce de deux manières paraît-il : façon vulgaire et façon poétique, quelle mine de "splendeurs" et de "fautes"… mais à quoi ça sert, là encore ? Au contraire, aux Philippines, les enfants apprennent à parler dans le maternel dialecte local (ilongo par exemple), puis apprennent à lire et écrire dans la langue nationale (tagalog), et l'école secondaire se fait en langue internationale (anglais)… à côté nos franco-français franchouillards s'escriment plus d'une décennie à maîtriser une seule et unique langue, inutilement complexe, mais leur évitant l'effort du réapprentissage. S'ils doivent consacrer des dizaines (ou centaines) de milliers d'heures à la lecture de cette langue pour la domestiquer, ils excluent évidemment de le faire pour d'autres langues ensuite, et parmi les instruits, les français sont réputés les plus nuls du monde en langue étrangère. Certes, ils pourraient être séduits par la relative facilité de langues étrangères, mais ils semblent totalement inhibés par la peur de la faute, fruit du matraquage scolaire en Français, et n'imaginent pas que le Bien puisse consister à se débrouiller grosso modo tant bien que mal. On leur apprend à se gausser du parler "petit nègre", alors que je pense qu'il aurait fallu raisonner de manière exactement inverse : les colonisés n'étaient pas débiles de simplifier notre langue pour réussir à la manipuler simplement, ils ont été inventifs, et ont proposé un nouvel usage que nous aurions gagné à adopter, imiter. Bien sûr, il aurait convenu de déceler les cas sources de confusion, les adapter ou corriger, mais cet effort d'amélioration aurait été infiniment bénéfique pour les générations suivantes – limitant le mérite aux idées et aux histoires, en abandonnant le fatras de complexités de forme. Non, pas du tout, les dominants entendaient continuer à dominer, sans grand effort, indécrottables paresseux (traitant de paresseux les dominés, évidemment, la meilleure défense étant l'attaque)…

* "8e leçon : Lecture, mon beau souci"
(…) "tes jeux vidéo (…) Tu entres dans un programme déjà fixé par d'autres, tu n'as que l'impression de guider les événements et ça te flatte. Le plus interactif des médias, peut-être le seul, c'est le roman (…) c'est au lecteur d'effectuer la moitié de ce chemin, car son imagination seule va animer le livre" --> C'est là un comble de mauvaise foi. L'optimum n'est en rien la lecture de roman, mais l'invention personnelle, l'écriture de roman, ou la réécriture de la fin d'un roman dont on n'aime pas la chute, l'écriture de réponse démolissant une thèse. Ne même pas y songer, par respect sacro-saint envers les auteurs publiés, c'est du dressage animal à la bétise.
(…) "le courrier électronique (…) Des milliards de messages tombent en averse (…) Ces pauvres gens vissés à leurs écrans, après avoir épluché les mails reçus à leur travail, consultent leurs mails personnels quand ils rentrent chez eux le soir (…) les victimes de l'électronique doivent se désintoxiquer avant de devenir fous" --> Cette accusation est parfaitement malhonnête, car elle pourrait être pareillement appliquée à l'écriture papier : les boîtes aux lettres croulent sous les publicités et les courriers non sollicités, les employés qui consultent leur courrier professionnel au travail font pareil chez eux, etc. Ce Rambaud est d'une stupidité sévère, il n'a pas l'ombre d'une amorce d'auto-critique ou d'analyse contradictoire, se contentant d'affirmer ses vérités et ses condamnations arbitraires. Lamentable, et bien sûr publié, contrairement aux esprits dérangeants ayant des choses profondes à dire (et classés "fous" pour cela, ou criminels, au mieux incorrects). Si ce Rambaud incarne la perfection d'un esprit sain, il vaut mieux être fou. Je suis sous traitement anti-psychotique, oui, pour moins réfléchir, moins déceler les aberrations au quotidien.
(…) "ma bibliothèque (…) Ça sert à quoi ? A comprendre, à ne pas te laisser berner, à te méfier des ignorants" --> Je conteste, fermement. La plupart des livres (publiés) que j'ai lus, dont celui-ci, étaient des entreprises de lavage de cerveau, présentant comme vérités incontestables des éléments en fait excessivement contestables. La plupart des livres semblent écrits par des idiots, ou machialéviquement écrits pour berner, sans aucun droit de réponse. Et je me méfie moins des humbles que des prétendus connaisseurs dont j'ai cassé l'intégralité du savoir. En Occident, "je sais que" signifie généralement "je me souviens que l'autorité a dit que". Les bouddhistes indiens ou taoistes sont peut-être plus lucides et prudents, mais leurs ouvrages ne sont pas du tout ce qu'on nous commande ici de lire…
(…) "Savoir écrire et savoir cuisiner vont de pair. – Chic ! J'aurai pas de grammaire à apprendre. – Si." --> Je ne vois pas le rapport entre grammaire et cuisine, désolé. Tandis que des enseignants punissent (et des docteurs soignent) les rebelles à la grammaire, condamnés jusque dans leurs écrits personnels pour eux-mêmes, chacun est libre de se cuisiner ce qu'il veut, et apprécier le résultat culinaire est libre, aucunement dicté par une autorité institutionnelle. Il y a certes aussi des traditions et des recettes, en cuisine, évoquant la construction grammaticale, mais la différence est colossale : quand on n'aime pas une recette de cuisine, on l'oublie pour en chercher (ou reprendre) une davantage plaisante. Patricia l'a fait pour l'orthographe, et elle a été cassée, par des ordures comme cet auteur affreux.

    BILAN. Bien sûr qu'on peut ingurgiter et réciter la grammaire en s'amusant, comme compter les étoiles ou exterminer les mouches en s'amusant, et alors ? Ce qui est extrêmement grave, c'est que pour ceux n'aimant pas ce jeu-là, ou préférant le réinventer en mieux, il y ait sanction, insulte, mépris. L'accès à la langue, l'accès à l'écrit, est verrouillé par de fiers gardiens de traditions follement compliquées, totalement inutiles, c'est affligeant. La nécessité de cette grammaire n'est pas réfléchie mais imposée, bestialement, avec bâton et carotte. Ce livre a totalement raté son but : faire adhérer à l'apprentissage de la grammaire, ne faisant qu'illustrer le contexte détestable où intervient cet endoctrinement débile. On peut en sourire, certes, tant il est absurde que la bêtise prétende incarner l'intelligence et la beauté.